Cette étude présente un état des recherches sur les usages du portfolio numérique. Elle s’intéresse en particulier aux pratiques et processus réflexifs relatifs au portfolio de développement personnel et professionnel numérique (ou e-portfolio).
Dans un premier temps, nous nous attacherons à rechercher les définitions les plus exhaustives du e- portfolio, au regard des usages qui en sont fait. Cette recherche montre qu’il n’existe encore aujourd’hui pas de définition complète, capable de mettre en évidence la diversité des contextes et des pratiques. Ainsi deux définitions sont retenues, et l’analyse mettra en évidence leur complémentarité.
Puis l’étude s’appuie sur la typologie récemment proposée par Josette Layec (2006), qui présente l’avantage d’un certain réalisme au regard de la dynamique des usages. L’exemple du Portfolio Européen des Langues Etrangères illustrera les caractéristiques dominantes des usages du e-portfolio de conception « capitaliste », notamment dans son intentionnalité de traçabilité du patrimoine professionnel tout au long de la vie. Un second exemple de portfolio illustre la conception « existentielle » du portfolio, à travers une démarche d’usage pour la valorisation des ressources et compétences clés par des femmes citoyennes d’Uruguay. Cet exemple présente notamment l’intérêt d’une conscientisation, puis remobilisation des savoirs issus d’apprentissages non formels et informels. Enfin, le troisième exemple -une étude longitudinale- illustrera une conception plus « formative » du e-portfolio, approche bien connue et largement développée en éducation et formation. Ainsi, l’étude interroge les classifications plus anciennes (portfolio d’apprentissage, d’évaluation, de présentation (2000 ?); portfolio adéquationiste, communicationnel, d’orientation (de Rosario, 2005), ou portfolio réflexif (Tartwijk et Driessen (2005)) sur la question de la dynamique des processus d’élaboration d’un e-portfolio.
Dans un troisième temps, l’étude propose donc, à partir d’une synthèse de littérature, la description d’un processus de « production » d’un e-portfolio « personnel », en tentant de mettre en évidence le caractère réflexif de chacune des 5 phases : a) phase de contractualisation, b) phase rétrospective et introspective de « bilan de soi », c) phase analytique et de reformulation des ressources, apprentissages et compétences, d) phase projective d’orientation et de construction du projet, e) phase de réalisation, de validation des acquis ou de publication ou diffusion du projet professionnel. Ce processus réflexif nous permet de mettre en évidence le caractère praxéologique d’une démarche de e-portfolio, et sa ressemblance avec un apprentissage biographique selon Alheit et Dausien (2000).
La dernière partie de notre étude propose une synthèse critique des recherches sur les avantages et inconvénients des e-portfolios, à travers la littérature scientifique de ces dernières années. Cette analyse met en exergue que les principales critiques portent notamment sur le soutien aux processus réflexifs (accompagnement pédagogique, cognitif), sur les conditions juridiques et sécuritaires liées à l’accessibilité et à la disponibilité, mais surtout sur les facilités et contraintes du support technologique des e-portfolios. Elle étudie enfin l’intérêt et les limites de l’apprentissage réflexif. Elle souligne, par les travaux de Crinon et Guigue (2003) et de Morisse (2006) les difficultés d’une écriture réflexive, ainsi que la rupture de paradigme nécessaire chez l’apprenant (Saint Arnaud, 2001) et le nécessaire changement de pratique d’évaluation (Bucheton, 2003).
Au regard de la rareté des études longitudinales, de nombreuses questions (effets à long terme sur l’identité professionnelle numérique, sur la compétence à s’orienter tout au long de l