2. La prophétie d’Isaïe, lumière pour tous les humains I [éd.2000] (pp.1-186)
La prophétie d’Isaïe, lumière pour tous les humains II [éd.2001] (pp.187-366)
Qui était Isaïe ?
SIGNIFICATION DE SON NOM : “ Salut de Jéhovah ”
FAMILLE : marié, au moins deux fils
LIEU DE RÉSIDENCE : Jérusalem
ANNÉES DE SERVICE : au moins 46 ans, d’environ 778 à après 732 avant notre ère
ROIS DE JUDA CONTEMPORAINS : Ouzziya, Yotham, Ahaz, Hizqiya
PROPHÈTES CONTEMPORAINS : Mika, Hoshéa, Oded
*** ip-1 chap. 1 p. 5-10 ***
Un prophète ancien
au message moderne
Isaïe 1:1
Qui aujourd’hui n’aspire pas à la
disparition des fléaux qui ravagent
l’humanité ? Que de fois pourtant nos
espérances sont déçues ! Nous rêvons
de paix, mais nous sommes affligés par
la guerre. Nous sommes attachés à la
loi et à l’ordre, mais nous ne parvenons
pas à endiguer le flot croissant de vols,
de viols et de meurtres. Nous voudrions
faire confiance à notre voisin, mais nous
sommes obligés de nous protéger en
verrouillant nos portes. Nous aimons
nos enfants et nous nous efforçons de
leur inculquer de nobles valeurs, mais
trop souvent nous les voyons céder à
l’influence indésirable de leurs
camarades sans rien pouvoir y changer.
2
Sans doute sommes-nous d’accord
avec Job, qui déclara que la courte vie
de l’homme est ‘ gorgée d’agitation ’.
(Job 14:1.) Ses paroles semblent
particulièrement vraies de nos jours, car
la société se désagrège comme jamais
auparavant. Un sénateur américain a
d’ailleurs fait cette remarque : “ Certes,
la guerre froide est à présent terminée,
mais force est de constater que le
monde est devenu plus propice à la
vengeance et à la sauvagerie que
déclenchent des facteurs ethniques,
tribaux et religieux. [...] Nous avons
abaissé le niveau de nos principes
moraux au point que nombre de nos
jeunes sont perdus, découragés et
profondément perturbés. Nous récoltons
le fruit de la négligence parentale, du
divorce, des agressions d’enfants, des
grossesses d’adolescentes, des
scolarités interrompues, de la drogue et
de la violence présente à chaque coin
de rue. C’est comme si notre maison
avait résisté au grand tremblement de
terre que nous appelons la guerre froide
pour finalement se faire manger par des
termites. ”
3
Cependant, tout n’est pas perdu. Il
y a quelque 2 700 ans, Dieu inspira à un
homme du Proche-Orient des prophéties
qui revêtent à notre époque un sens
particulier. Ces messages sont
rapportés dans le livre de la Bible qui
porte le nom du prophète en question :
Isaïe. Qui était-il, et qu’est-ce qui permet
d’affirmer que sa prophétie, vieille de
presque trois millénaires, constitue
aujourd’hui une lumière pour tous les
humains ?
~
3. Un homme juste
à une époque mouvementée
4
Dans le premier verset de son livre,
Isaïe se présente comme “ le fils
d’Amots ” [Note : Il ne faut pas confondre
Amots, le père d’Isaïe, avec Amos, qui
prophétisa au début du règne d’Ouzziya et qui
écrivit le livre de la Bible qui porte son nom.] et
indique qu’il fut prophète de Dieu “ aux
jours d’Ouzziya, de Yotham, d’Ahaz et
de Hizqiya, rois de Juda ”. (Isaïe 1:1.)
Cela voudrait dire qu’Isaïe demeura
prophète de Dieu pour la nation de Juda
pendant pas moins de 46 ans,
probablement à partir de la fin du règne
d’Ouzziya, vers l’an 778 avant notre ère.
5
En comparaison de ce que nous
connaissons sur d’autres prophètes,
nous connaissons peu de choses de la
vie d’Isaïe. Nous savons qu’il était marié
et qu’il appelait sa femme “ la
prophétesse ”. (Isaïe 8:3.) D’après une
encyclopédie biblique (Cyclopedia of
Biblical, Theological, and Ecclesiastical
Literature, par J. McClintock et
J. Strong), ce terme révèle que la vie
conjugale d’Isaïe “ n’était pas seulement
influencée par sa vocation, mais qu’elle
y était étroitement liée ”. Il se peut très
bien que, comme d’autres femmes
attachées à Dieu dans l’Israël antique, la
femme d’Isaïe ait elle-même reçu une
mission prophétique. — Juges 4:4 ;
2 Rois 22:14.
6
Isaïe et sa femme eurent au moins
deux fils, auxquels ils donnèrent un nom
ayant une signification prophétique. Le
premier-né, Shéar-Yashoub,
accompagna Isaïe quand il porta les
messages de Dieu au méchant roi Ahaz
(Isaïe 7:3). Manifestement, le prophète
et sa femme faisaient du culte de Dieu
une affaire familiale ; c’est un bel
exemple pour les couples d’aujourd’hui.
7
Isaïe et sa famille vécurent à une
époque mouvementée de l’histoire de
Juda. Les troubles politiques étaient
fréquents, les jugements étaient
pervertis par des pots-de-vin, et
l’hypocrisie gangrenait l’ossature
religieuse de la société. Les sommets
des collines étaient couverts d’autels
dédiés à de faux dieux. Même des rois
encouragèrent le culte païen. Par
exemple, non content de tolérer
l’idolâtrie parmi ses sujets, Ahaz la
pratiqua ; il “ fit passer par le feu ” ses
propres descendants, en sacrifice rituel
au dieu cananéen Molek [Note : Certains
prétendent que l’expression ‘ faire passer par le
feu ’ se rapporte simplement à une cérémonie
de purification. Il semble pourtant que dans le
contexte elle ait trait à un sacrifice au sens
propre. Il ne fait aucun doute que les Cananéens
et les Israélites apostats pratiquaient les
sacrifices d’enfants. — Deutéronome 12:31 ;
Psaume 106:37, 38.] (2 Rois 16:3, 4 ;
2 Chroniques 28:3, 4). Quand on pense
que tout cela existait chez un peuple qui
était en relation d’alliance avec
Jéhovah ! — Exode 19:5-8.
8
Heureusement, certains
contemporains d’Isaïe (dont quelques
chefs) s’efforcèrent de soutenir le vrai
culte. Ce fut le cas du roi Ouzziya, qui
faisait “ ce qui est droit aux yeux de
Jéhovah ”. Cela n’empêcha pas le
peuple, sous son règne, ‘ de sacrifier et
de faire de la fumée sacrificielle sur les
hauts lieux ’. (2 Rois 15:3, 4.) Le roi
Yotham aussi “ faisait ce qui est droit
aux yeux de Jéhovah ”. Néanmoins, “ le
peuple agissait encore d’une manière
perverse ”. (2 Chroniques 27:2.) Ainsi,
pendant une grande partie du ministère
prophétique d’Isaïe, le royaume de Juda
fut dans un état spirituel et moral
déplorable. Dans sa majorité, le peuple
ne fut pas sensible à l’influence de ses
bons rois. On comprend dès lors qu’il
n’était pas facile d’être le porteur des
4. messages de Dieu à ce peuple obstiné.
Pourtant, quand Jéhovah demanda :
“ Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? ”
Isaïe n’hésita pas une seconde. Il
s’exclama : “ Me voici ! Envoie-moi. ” —
Isaïe 6:8.
Un message de salut
9
Le nom Isaïe signifie “ Salut de
Jéhovah ” ; on pourrait tout à fait donner
ce thème à son message. Il est vrai que
certaines prophéties d’Isaïe constituent
des jugements. Il n’en demeure pas
moins que le thème du salut ressort
sans équivoque. À maintes reprises,
Isaïe expliqua qu’en temps voulu
Jéhovah libérerait les Israélites de la
captivité à Babylone et permettrait à un
reste d’entre eux de retourner à Sion
afin de rendre au pays sa splendeur
passée. Le privilège d’énoncer et
d’écrire des prophéties concernant la
restauration de sa chère Jérusalem dut
transporter Isaïe de joie.
10
Mais en quoi ces messages de
jugement et de salut nous concernent-
ils ? Il est heureux qu’Isaïe n’ait pas
prophétisé uniquement au profit du
royaume de Juda, composé de deux
tribus. Ses messages ont
incontestablement une signification
particulière pour notre époque. Isaïe
peint un tableau glorieux des grandes
bénédictions que le Royaume de Dieu
procurera sous peu à la terre. À cet
égard, une grande partie des écrits
d’Isaïe ont trait au Messie annoncé, qui
serait le Roi du Royaume de Dieu
(Daniel 9:25 ; Jean 12:41). Ce n’est
certainement pas par hasard que les
noms Jésus et Isaïe évoquent pour ainsi
dire la même pensée, puisque le nom
Jésus signifie “ Jéhovah est salut ”.
11
Bien entendu, Jésus naquit sept
siècles environ après l’époque d’Isaïe.
Pourtant, les prophéties messianiques
renfermées dans le livre d’Isaïe sont si
détaillées et si précises qu’on dirait le
récit d’un témoin oculaire de la vie de
Jésus sur la terre. C’est la raison pour
laquelle, selon un ouvrage, le livre
d’Isaïe est parfois appelé le “ cinquième
Évangile ”. Il n’est donc pas étonnant
que ce livre ait été le plus cité par Jésus
et ses apôtres pour établir clairement
l’identité du Messie.
12
Isaïe dépeint en termes glorieux
“ de nouveaux cieux et une nouvelle
terre ” dans lesquels “ un roi régnera
pour la justice ” et des princes
gouverneront pour le droit (Isaïe 32:1,
2 ; 65:17, 18 ; 2 Pierre 3:13). Par
conséquent, le livre d’Isaïe fait allusion à
l’espérance réconfortante du Royaume
de Dieu, dirigé par le Messie, Jésus
Christ, établi Roi. Quel encouragement
pour nous à vivre chaque jour dans
l’attente joyeuse du “ salut ” de Jéhovah
(Isaïe 25:9 ; 40:28-31) ! Examinons donc
avec intérêt le précieux message que
contient le livre d’Isaïe. Notre confiance
dans les promesses de Dieu s’en
trouvera grandement renforcée. Et nous
serons plus convaincus que jamais que
Jéhovah est le Dieu de notre salut.
*** ip-1 chap. 2 p. 11-21 ***
Un père et ses fils rebelles
Isaïe 1:2-9
Il prit bien soin d’eux, comme tout
père qui aime ses enfants. Pendant des
années, il veilla à ce qu’ils soient
nourris, habillés, à ce qu’ils aient un toit.
Quand c’était nécessaire, il les
5. disciplinait. Mais il ne les punissait
jamais trop sévèrement ; il les
disciplinait toujours “ dans une juste
mesure ”. (Jérémie 30:11.) On peut dès
lors imaginer la peine ressentie par ce
père plein d’amour, contraint de tenir
ces propos : “ J’ai élevé des fils, je les
ai fait grandir, mais eux se sont
révoltés contre moi. ” — Isaïe 1:2b.
2
Les fils rebelles mentionnés ici sont
les habitants de Juda, et le père affligé,
c’est Jéhovah Dieu. N’est-ce pas
navrant ? Jéhovah a nourri les Judéens
et les a élevés au-dessus des autres
nations. “ Je t’ai habillée d’un vêtement
brodé et chaussée de peau de phoque,
je t’ai enveloppée dans du fin lin et
couverte d’étoffes précieuses ”, rappelle-
t-il par la suite à la nation par
l’intermédiaire du prophète Ézékiel
(Ézékiel 16:10). Pourtant, la plupart des
habitants de Juda ne sont pas
reconnaissants de ce que Jéhovah a fait
pour eux. Au contraire, ils se rebellent,
ils se révoltent.
3
À juste titre, Jéhovah commence
les propos qu’il tient au sujet de ses fils
rebelles par cette déclaration :
“ Entendez, ô cieux, et prête l’oreille,
ô terre, car Jéhovah lui-même a
parlé. ” (Isaïe 1:2a). Des siècles plus
tôt, les cieux et la terre avaient entendu,
figurément, les Israélites recevoir des
avertissements explicites sur les
conséquences de la désobéissance.
Moïse avait déclaré : “ Oui je prends
aujourd’hui à témoin contre vous les
cieux et la terre que vous disparaîtrez
bien vite et totalement de dessus le pays
vers lequel vous traversez le Jourdain
pour en prendre possession. ”
(Deutéronome 4:26). À présent, aux
jours d’Isaïe, Jéhovah prend les cieux
invisibles et la terre visible à témoin de
la révolte de Juda.
4
La gravité de la situation exige
qu’on l’aborde directement. Notons
cependant que, même dans ces
circonstances graves, Jéhovah se
présente à Juda comme un père plein
d’amour, et pas simplement comme son
propriétaire qui l’a acheté. N’est-ce pas
réconfortant ? Oui, Jéhovah invite son
peuple à considérer la question du point
de vue d’un père qui s’inquiète de ses
fils rebelles. Peut-être certains parents
judéens sont-ils passés par la même
situation pénible et sont-ils sensibles à
l’analogie. Quoi qu’il en soit, Jéhovah
est sur le point de rendre son verdict
concernant Juda.
Les bêtes font mieux
5
Jéhovah déclare par l’intermédiaire
d’Isaïe : “ Le taureau connaît bien son
acheteur, et l’âne la mangeoire de
son propriétaire ; Israël, lui, n’a pas
connu, mon peuple ne s’est pas
montré intelligent. ” (Isaïe 1:3). [Note :
Dans ce contexte, “ Israël ” désigne le royaume
de Juda composé de deux tribus.] Le taureau
et l’âne sont des animaux de trait
familiers aux habitants du Proche-
Orient. Les Judéens ne pouvaient nier
que même ces humbles bêtes ont un
certain sens de la fidélité, qu’elles sont
tout à fait conscientes d’appartenir à un
maître. Sous ce rapport, voyez ce qu’un
chercheur dans le domaine biblique a vu
de ses yeux à la fin d’une journée dans
une ville du Proche-Orient : “ Le
troupeau n’était pas plus tôt entré à
l’intérieur des murs qu’il a commencé à
se disperser. Chaque bœuf connaissait
parfaitement son propriétaire et le
chemin de sa maison ; pas un seul
instant il n’était dérouté par le dédale de
ruelles étroites et sinueuses. Quant à
l’âne, il s’est rendu tout droit à la porte et
est monté à ‘ la crèche de son maître ’. ”
6. 6
Étant donné que de telles scènes
sont sans aucun doute courantes aux
jours d’Isaïe, le sens du message divin
est clair : si même une bête reconnaît
son maître et sa mangeoire, quelle
excuse le peuple de Juda peut-il
invoquer pour expliquer son abandon de
Jéhovah ? Franchement, il “ ne s’est pas
montré intelligent ”. On dirait que ce
peuple ne se rend pas compte que sa
prospérité, son existence même,
dépendent de Jéhovah. Jéhovah est
vraiment miséricordieux pour appeler
encore les Judéens “ mon peuple ” !
7
N’ayons jamais l’inintelligence de
manquer de reconnaissance pour tout
ce que Jéhovah fait en notre faveur.
Imitons plutôt le psalmiste David, qui
déclara : “ Je veux te louer, ô Jéhovah,
de tout mon cœur ; je veux proclamer
toutes tes œuvres prodigieuses. ”
(Psaume 9:1). Nous y serons
encouragés si nous approfondissons
sans discontinuer notre connaissance
de Jéhovah ; la Bible ne dit-elle pas que
“ la connaissance du Très-Saint, voilà ce
qu’est l’intelligence ” ? (Proverbes 9:10.)
Méditons quotidiennement sur les
bénédictions que Jéhovah nous
accorde : cela entretiendra notre
gratitude et nous ne ferons pas peu de
cas de notre Père céleste (Colossiens
3:15). “ Celui qui offre pour son sacrifice
l’action de grâces, celui-là me glorifie, dit
Jéhovah ; quant à celui qui suit une voie
fixée, oui je lui ferai voir le salut de
Dieu. ” — Psaume 50:23.
Une insulte choquante
au “ Saint d’Israël ”
8
Isaïe poursuit son message par des
paroles cinglantes à l’adresse de la
nation de Juda : “ Malheur à la nation
pécheresse, au peuple chargé de
fautes, semence qui fait le mal, fils
funestes ! Ils ont quitté Jéhovah, ils
ont traité sans respect le Saint
d’Israël, ils se sont retirés en
arrière. ” (Isaïe 1:4). Les actions
méchantes peuvent s’accumuler au
point de ressembler à un poids écrasant.
Aux jours d’Abraham, Jéhovah qualifia
les péchés de Sodome et Gomorrhe de
‘ très lourds ’. (Genèse 18:20.) Le
peuple de Juda se trouve à présent
dans une situation semblable,
puisqu’Isaïe dit qu’il est “ chargé de
fautes ”. En outre, il taxe les Judéens de
“ semence qui fait le mal, fils funestes ”.
Sans conteste, ceux-ci sont
comparables à des enfants délinquants.
Ils “ se sont retirés en arrière ” ou, pour
reprendre les termes de la Bible du
Semeur, ils ont “ tourné le dos ” à leur
Père.
9
En se rebellant, les habitants de
Juda trahissent un irrespect inqualifiable
envers “ le Saint d’Israël ”. Que signifie
cette expression, qui figure 25 fois dans
le livre d’Isaïe ? Être saint, c’est être pur.
Jéhovah est saint au plus haut degré
(Révélation 4:8). Les Israélites se le
rappellent chaque fois qu’ils voient les
mots gravés sur la plaque brillante en or
qui est attachée au turban du grand
prêtre : “ La sainteté appartient à
Jéhovah. ” (Exode 39:30). Par
conséquent, en appelant Jéhovah “ le
Saint d’Israël ”, Isaïe souligne la gravité
du péché des Judéens. Ces rebelles ne
violent-ils pas directement ce
commandement donné à leurs
ancêtres : “ Vous devez vous sanctifier
et vous devez vous montrer saints, car
je suis saint. ” — Lévitique 11:44.
10
De nos jours, les chrétiens doivent
à tout prix ne pas devenir comme Juda,
irrespectueux envers “ le Saint d’Israël ”.
Ils doivent imiter la sainteté de Jéhovah
(1 Pierre 1:15, 16). Et il leur faut ‘ haïr ce
qui est mauvais ’. (Psaume 97:10.) Des
pratiques impures comme l’immoralité
7. sexuelle, l’idolâtrie, le vol et l’ivrognerie
pourraient corrompre la congrégation
chrétienne. C’est pourquoi ceux qui
refusent de les abandonner sont exclus
de la congrégation. En dernier ressort,
ceux qui vivent dans l’impureté et qui ne
se repentent pas ne bénéficieront pas
des bénédictions qu’apportera le
Royaume de Dieu. Oui, vraiment, toutes
ces œuvres méchantes constituent une
insulte choquante au “ Saint d’Israël ”. —
Romains 1:26, 27 ; 1 Corinthiens 5:6-
11 ; 6:9, 10.
Malades de la tête aux pieds
11
Isaïe essaie ensuite de raisonner
avec les habitants de Juda en attirant
leur attention sur leur état de santé. Il
déclare : “ Où serez-vous frappés
encore, étant donné que vous ajoutez
de nouvelles révoltes ? ” En somme,
Isaïe leur demande : ‘ N’avez-vous pas
assez souffert ? Pourquoi continuer à
attirer le mal sur vous en vous rebellant
encore ? ’ Isaïe poursuit : “ Toute la
tête est dans un état de maladie, et
tout le cœur est défaillant. De la
plante du pied jusqu’à la tête, rien en
lui n’est intact. ” (Isaïe 1:5, 6a). Juda
est mal en point, dans un état
répugnant, malade spirituellement de la
tête aux pieds. Bien sombre diagnostic !
12
Devons-nous plaindre Juda ?
Certainement pas. Des siècles plus tôt,
la nation d’Israël tout entière a été
clairement mise en garde contre la
punition que lui vaudrait la
désobéissance. Il lui a été spécifié
notamment : “ Jéhovah te frappera de
furoncles malins sur les deux genoux et
sur les deux cuisses, dont tu ne pourras
guérir, depuis la plante de ton pied
jusqu’au sommet de ta tête. ”
(Deutéronome 28:35). Au sens figuré,
Juda souffre à présent des
conséquences de son obstination. Or, il
aurait suffi pour les éviter que ses
habitants obéissent à Jéhovah.
13
Isaïe poursuit la description de
l’état pitoyable de Juda : “ Blessures,
meurtrissures et plaies fraîches —
elles n’ont été ni pressées ni
bandées, et on ne les a pas adoucies
avec de l’huile. ” (Isaïe 1:6b). Le
prophète mentionne ici trois sortes de
maux : les blessures (les coupures,
faites par exemple avec une épée ou un
couteau), les meurtrissures (les
contusions dues à des coups) et les
plaies fraîches (les ouvertures récentes
dans les chairs qui semblent
inguérissables). L’image évoquée est
celle d’un homme qui a été sévèrement
puni de toutes les manières
imaginables, dont le corps entier a été
maltraité. Juda est vraiment dans un
triste état.
14
La condition misérable de Juda
l’incite-t-elle à retourner vers Jéhovah ?
Non. Juda ressemble au rebelle décrit
en Proverbes 29:1 : “ Un homme qui a
été repris maintes fois, mais qui durcit
son cou, sera brisé soudain, et cela
sans guérison. ” Oui, la nation paraît
incurable. Comme le dit Isaïe, ses
blessures “ n’ont été ni pressées ni
bandées, et on ne les a pas adoucies
avec de l’huile ”. [Note : Les paroles d’Isaïe
correspondent aux pratiques médicales de
l’époque. Edward Plumptre, spécialiste de la
Bible, fait cette remarque : “ La première
méthode qu’on essayait pour faire sortir l’humeur
d’une plaie purulente consistait à la ‘ presser ’ ;
ensuite, comme dans le cas de Hizqiya (chap.
XXVIII. 21), on la ‘ bandait ’ avec un cataplasme,
puis on y appliquait une huile ou un onguent
fortifiants, probablement, comme en Luc x. 34,
de l’huile et du vin, afin de guérir l’ulcère. ”]
Dans un sens, Juda est comparable à
une plaie ouverte, qu’on ne bande pas,
qui recouvre tout le corps.
~
8. 15
L’histoire de Juda nous enseigne
une leçon : nous devons nous méfier de
la maladie spirituelle. De même que la
maladie physique, elle peut frapper
n’importe qui parmi nous. Lequel d’entre
nous est immunisé contre les désirs de
la chair ? L’avidité et le désir de jouir des
plaisirs à outrance peuvent s’enraciner
dans notre cœur. C’est pourquoi nous
devons prendre l’habitude d’‘ avoir en
aversion ce qui est mauvais ’ et de
‘ nous attacher à ce qui est bon ’.
(Romains 12:9.) Nous devons
également cultiver les fruits de l’esprit de
Dieu dans notre vie quotidienne
(Galates 5:22, 23). Ce faisant, nous ne
connaîtrons pas la même affliction que
Juda : nous ne tomberons pas
spirituellement malades de la tête aux
pieds.
Un pays désolé
16
Isaïe abandonne maintenant sa
comparaison médicale pour passer à la
condition de la terre de Juda. Comme
s’il contemplait une plaine ravagée par
une bataille, il s’exclame : “ Votre pays
est une désolation, vos villes sont
brûlées par le feu ; votre sol —
devant vous des étrangers le
dévorent, et la désolation est comme
un renversement causé par des
étrangers. ” (Isaïe 1:7). Certains
biblistes affirment que, même si elles
figurent au début du livre d’Isaïe, ces
paroles furent probablement énoncées
plus tard au cours de la carrière du
prophète, peut-être sous le règne du
méchant roi Ahaz. Selon eux, le règne
d’Ouzziya fut trop prospère pour justifier
une description aussi lugubre. Il est vrai
qu’on ne peut certifier si le livre d’Isaïe
est rédigé dans l’ordre chronologique.
Toutefois, les paroles du prophète
concernant la désolation sont
probablement prophétiques. Lorsqu’il fait
la déclaration ci-dessus, il emploie
certainement une technique qu’on
retrouve ailleurs dans la Bible, qui
consiste à décrire un événement futur
comme s’il avait déjà eu lieu, ce qui
renforce l’assurance qu’une prophétie
s’accomplira. — Voir Révélation 11:15.
17
En tout état de cause, la
description prophétique de la désolation
de Juda ne devrait pas surprendre ce
peuple obstiné et désobéissant. Des
siècles auparavant, Jéhovah l’a averti en
ces termes de ce qui arriverait s’il se
rebellait : “ Moi, de mon côté, je
désolerai le pays, et vos ennemis qui y
habitent seront absolument stupéfaits en
voyant cela. Et vous, je vous disperserai
parmi les nations ; oui, je dégainerai
l’épée derrière vous ; votre pays devra
devenir une désolation et vos villes
deviendront des ruines désolées. ” —
Lévitique 26:32, 33 ; 1 Rois 9:6-8.
18
Les paroles contenues en Isaïe
1:7, 8 s’accomplissent apparemment
avec les invasions des Assyriens qui
provoquent la destruction d’Israël et, en
Juda, une grande destruction et
beaucoup de souffrances (2 Rois 17:5,
18 ; 18:11, 13 ; 2 Chroniques 29:8, 9).
Cependant, Juda ne disparaît pas
complètement. Isaïe déclare : “ La fille
de Sion est restée comme une hutte
dans une vigne, comme une cabane
de guet dans un champ de
concombres, comme une ville
encerclée. ” — Isaïe 1:8.
19
Au milieu de la dévastation, “ la
fille de Sion ”, Jérusalem, restera
debout. Mais elle semblera très
vulnérable, au même titre qu’une
cabane dans une vigne ou que la hutte
d’un guetteur dans un champ de
concombres. En descendant le Nil au
cours d’un voyage, un bibliste du
XIXe
siècle s’est souvenu des paroles
d’Isaïe à la vue de huttes de ce genre ; il
9. a raconté qu’elles n’étaient “ guère plus
qu’une barrière contre le vent du nord ”.
Quand la moisson était terminée en
Juda, on laissait ces huttes se
désagréger et tomber. Néanmoins, toute
frêle qu’elle paraisse devant l’armée
invincible des Assyriens, Jérusalem
survivra.
20
Isaïe conclut ainsi sa déclaration
prophétique : “ Si Jéhovah des armées
lui-même ne nous avait laissé
quelques survivants, nous serions
devenus comme Sodome, nous
aurions ressemblé à Gomorrhe. ”
(Isaïe 1:9). [Note : On lit dans Commentary on
the Old Testament, par C. Keil et F. Delitzsch :
“ Le discours du prophète marque ici une pause.
Le fait qu’il est divisé à cet endroit en deux
parties distinctes est indiqué dans le texte par
l’espace laissé entre les vers. 9 et 10. Cette
façon de signaler les parties grandes ou petites,
soit en laissant des espaces, soit en
interrompant la ligne, est antérieure aux points-
voyelles et aux accents, et repose sur une
tradition qui remonte à la plus haute Antiquité. ”]
Jéhovah viendra finalement au secours
de Juda contre la puissance assyrienne.
À l’inverse de Sodome et Gomorrhe, la
nation de Juda ne sera pas éliminée.
Elle vivra.
21
Plus d’un siècle après, Juda était
de nouveau menacé. Le peuple n’avait
pas tiré leçon de la discipline qu’il avait
reçue par l’intermédiaire de l’Assyrie.
“ Sans cesse ils raillaient les messagers
du vrai Dieu, méprisaient ses paroles et
se moquaient de ses prophètes. ” En
conséquence, ‘ la fureur de Jéhovah
monta contre son peuple, jusqu’à ce
qu’il n’y ait plus de guérison ’.
(2 Chroniques 36:16.) Le monarque
babylonien Neboukadnetsar conquit
Juda et, cette fois, il ne resta rien qui
ressemble à “ une hutte dans une
vigne ”. Même Jérusalem fut détruite
(2 Chroniques 36:17-21). Néanmoins,
Jéhovah ‘ laissa quelques survivants ’.
Bien que Juda ait subi 70 ans d’exil,
Jéhovah veilla à ce que la nation
subsiste, et en particulier la lignée
davidique, qui produirait le Messie
promis.
22
Au Ier
siècle, Israël, le peuple de
l’alliance de Dieu, traversa sa dernière
crise. Quand Jésus se présenta comme
le Messie promis, la nation le rejeta, si
bien que Jéhovah la rejeta à son tour
(Matthieu 21:43 ; 23:37-39 ; Jean 1:11).
Jéhovah n’aurait-il plus pour autant de
nation particulière sur la terre ? Si.
L’apôtre Paul montra qu’Isaïe 1:9 avait
encore un autre accomplissement.
Citant la Septante, il écrivit : “ Comme
Isaïe l’avait dit jadis : ‘ Si Jéhovah des
armées ne nous avait laissé une
semence, nous serions devenus comme
Sodome, et nous aurions été rendus
semblables à Gomorrhe. ’ ” — Romains
9:29.
23
Cette fois, les survivants furent les
chrétiens oints, qui avaient foi en Jésus
Christ. Les premiers de ces chrétiens
furent des Juifs croyants. Par la suite,
des Gentils qui exerçaient la foi
s’associèrent à eux. Ensemble, ils
composèrent un nouvel Israël, “ l’Israël
de Dieu ”. (Galates 6:16 ; Romains
2:29.) Cette “ semence ” survécut à la
destruction du système de choses juif en
70 de notre ère. Incontestablement,
“ l’Israël de Dieu ” est toujours avec
nous aujourd’hui. À lui se sont associés
des millions de croyants issus des
nations qui forment “ une grande foule
que personne ne [peut] compter, de
toutes nations et tribus et peuples et
langues ”. — Révélation 7:9.
24
Bientôt, le monde actuel vivra la
bataille d’Har-Maguédôn (Révélation
16:14, 16). Ce sera un coup plus terrible
que l’invasion de Juda par les Assyriens
ou les Babyloniens, plus terrible même
10. que la dévastation de la Judée par les
Romains en 70 ; pourtant, il y aura des
survivants (Révélation 7:14). Il est dès
lors vital pour tous les humains de
réfléchir aux paroles qu’Isaïe adressa à
Juda. À l’époque, elles valurent aux
fidèles de survivre. Et aujourd’hui, elles
peuvent signifier la survie pour les
croyants.
*** ip-1 chap. 3 p. 22-36 ***
“ Remettons les choses en ordre ”
Isaïe 1:10-31
Après avoir entendu les invectives
rapportées en Isaïe 1:1-9, les habitants
de Jérusalem ont peut-être envie de se
justifier. Ils aimeraient certainement
invoquer fièrement tous les sacrifices
qu’ils offrent à Jéhovah. Mais les
versets 10 à 15 révèlent la réponse
cinglante de Jéhovah devant un tel état
d’esprit. Elle commence ainsi :
“ Entendez la parole de Jéhovah,
dictateurs de Sodome ! Prêtez
l’oreille à la loi de notre Dieu, peuple
de Gomorrhe ! ” — Isaïe 1:10.
2
Les habitants de Sodome et
Gomorrhe furent détruits non seulement
à cause de leurs pratiques sexuelles
perverties, mais aussi en raison de leur
dureté de cœur et de leur orgueil
(Genèse 18:20, 21 ; 19:4, 5, 23-25 ;
Ézékiel 16:49, 50). Les auditeurs d’Isaïe
doivent être outrés de s’entendre
comparer aux habitants de ces villes
maudites. [Note : D’après la tradition juive
antique, le méchant roi Manassé fit exécuter
Isaïe en le sciant en deux (voir Hébreux 11:37).
Un ouvrage précise que, pour qu’Isaïe soit
condamné à mort, un faux prophète porta contre
lui l’accusation suivante : “ Il a appelé Jérusalem
Sodome, et il a dit que les princes de Juda et de
Jérusalem étaient le peuple de Gomorrhe. ”]
Mais Jéhovah voit son peuple tel qu’il
est, et Isaïe n’atténue pas le message
divin pour “ caresser les oreilles ”. —
2 Timothée 4:3.
3
Voyez ce que Jéhovah pense du
culte formaliste de son peuple : “ ‘ À
quoi me sert la multitude de vos
sacrifices ? ’ dit Jéhovah. ‘ Oui, j’en ai
assez des holocaustes de béliers et
de la graisse des animaux bien
nourris ; je ne prends pas plaisir au
sang des jeunes taureaux, des
agneaux et des boucs. ’ ” (Isaïe 1:11).
Les habitants du pays ont oublié que
Jéhovah n’est pas dépendant de leurs
sacrifices (Psaume 50:8-13). Il n’a pas
besoin des offrandes des humains,
quelles qu’elles soient. Si les habitants
de Juda pensent qu’ils font une faveur à
Dieu avec leurs sacrifices présentés à
contrecœur, ils se trompent. Jéhovah
emploie une figure de rhétorique
éloquente. L’expression “ j’en ai assez ”
peut également se traduire par “ je suis
rassasié ” ou “ je suis dégoûté ”. Vous
est-il déjà arrivé d’avoir tant mangé que
la vue même de la nourriture vous
répugnait ? Jéhovah ressentait la même
chose devant ces offrandes : elles lui
répugnaient.
4
Jéhovah poursuit : “ Quand sans
arrêt vous venez pour voir ma face,
qui a réclamé de votre main ceci :
piétiner mes cours ? ” (Isaïe 1:12).
N’est-ce pas la loi même de Jéhovah qui
exige du peuple qu’il ‘ vienne voir sa
face ’, c’est-à-dire qu’il se rende au
temple à Jérusalem (Exode 34:23, 24) ?
Certes, mais les Judéens y viennent par
pur formalisme, uniquement parce qu’ils
pratiquent machinalement le culte pur ;
ils ne sont pas animés de mobiles purs.
Pour Jéhovah, leurs nombreuses visites
dans ses cours revenaient à simplement
11. les “ piétiner ” ; elles n’apportaient pas
plus que s’ils avaient usé le sol.
5
Il n’est pas étonnant que Jéhovah
hausse le ton à présent : “ Cessez
d’apporter encore des offrandes de
grain sans valeur. L’encens — c’est
une chose détestable pour moi.
Nouvelle lune, sabbat, convocation
d’assemblée... je ne puis endurer le
recours aux pouvoirs magiques avec
l’assemblée solennelle. Vos
nouvelles lunes et vos époques de
fêtes, mon âme les hait vraiment.
Pour moi elles sont devenues un
fardeau ; oui, je me suis fatigué de les
supporter. ” (Isaïe 1:13, 14). Les
offrandes de grain, l’encens, les sabbats
et les assemblées solennelles, tout cela
est prévu par la Loi donnée par Dieu à
Israël. Quant aux “ nouvelles lunes ”, la
Loi dit simplement de les observer, mais
des traditions louables se sont peu à
peu implantées autour de cette
observance (Nombres 10:10 ; 28:11). La
nouvelle lune est placée au rang du
sabbat mensuel, où le peuple laisse son
travail de côté et même se rassemble
pour être instruit par les prophètes et les
prêtres (2 Rois 4:23 ; Ézékiel 46:3 ;
Amos 8:5). Ces observances ne sont
pas mauvaises. Le problème réside
dans le fait que les Juifs ne les suivent
que pour la façade. En outre, ils
recourent aux “ pouvoirs magiques ”,
des pratiques spirites, en même temps
qu’ils observent pour la forme la Loi de
Dieu. [Note : Le mot hébreu qui signifie
“ pouvoirs magiques ” est également rendu par
“ méfait ”, “ choses magiques ” et “ erroné ”.
Selon un dictionnaire biblique (Theological
Dictionary of the Old Testament), les prophètes
hébreux utilisaient ce mot pour dénoncer “ le mal
causé par l’abus de pouvoir ”.] C’est pourquoi
leurs actes d’adoration sont “ un
fardeau ” aux yeux de Jéhovah.
6
Mais en quel sens Jéhovah se
sentait-il “ fatigué ” ? Car il possède une
‘ abondance d’énergie vive [...]. Il ne
s’épuise ni ne se lasse ’. (Isaïe 40:26,
28.) Jéhovah utilise une figure de
rhétorique évocatrice afin que nous
saisissions ses sentiments. Avez-vous
déjà porté une charge lourde si
longtemps que vous étiez épuisé et que
vous n’aviez qu’une envie, la jeter ?
Voilà ce que Jéhovah éprouve vis-à-vis
des actes d’adoration hypocrites de ses
serviteurs.
7
Jéhovah s’arrête maintenant sur
l’acte d’adoration le plus intime, le plus
personnel qui soit. “ Quand vous
étendez vos paumes, je cache mes
yeux loin de vous. Quand bien même
vous multipliez les prières, je
n’écoute pas ; vos mains se sont
remplies de meurtres. ” (Isaïe 1:15).
Étendre les paumes, tendre les mains
les paumes en l’air, est un geste de
supplication. Pour Jéhovah, cette
posture a perdu tout sens, car son
peuple a les mains pleines de meurtres.
La violence a envahi le pays. Partout on
opprime les faibles. Il est indécent que
des gens égoïstes, qui maltraitent les
autres, prient Jéhovah et lui demandent
de les bénir. Il n’est pas étonnant que
Jéhovah dise : “ Je n’écoute pas. ”
8
De nos jours, la chrétienté n’a pas
mieux gagné la faveur de Dieu par la
répétition continuelle de vaines prières
et par ses autres “ œuvres ”. (Matthieu
7:21-23.) Il est capital que nous ne
tombions pas dans le même travers. Il
arrive qu’un chrétien se mette à
pratiquer un péché grave, puis se
convainque qu’en cachant sa mauvaise
conduite et en augmentant son activité
dans la congrégation chrétienne ses
bonnes actions compenseront d’une
façon ou d’une autre son péché. Mais
les œuvres formalistes ne plaisent pas à
12. Jéhovah. Il n’existe qu’un moyen de
soigner la maladie spirituelle ; c’est ce
qu’indiquent les versets suivants d’Isaïe.
Le remède à la maladie spirituelle
9
Jéhovah, le Dieu compatissant,
adopte maintenant un ton plus
chaleureux, plus suppliant. “ Lavez-
vous, purifiez-vous ; ôtez de devant
mes yeux la méchanceté de vos
manières d’agir ; cessez de faire le
mal. Apprenez à faire le bien ;
recherchez le droit, redressez
l’oppresseur ; rendez jugement pour
l’orphelin de père, plaidez la cause de
la veuve. ” (Isaïe 1:16, 17). On trouve
ici l’énumération de neuf impératifs, neuf
commandements. Les quatre premiers
sont négatifs, en ce sens qu’ils
impliquent l’élimination du péché ; les
cinq derniers correspondent à des
actions positives, qui amènent à recevoir
la bénédiction de Jéhovah.
10
Depuis toujours, il est essentiel
dans le culte pur de se laver et d’être
propre (Exode 19:10, 11 ; 30:20 ;
2 Corinthiens 7:1). Mais Jéhovah veut
que la purification soit profonde, qu’elle
pénètre jusqu’au cœur de ses
adorateurs. Il tient par-dessus tout à la
pureté morale et spirituelle ; c’est
d’ailleurs ce à quoi il fait allusion. Les
deux premiers commandements du
verset 16 ne constituent pas une simple
répétition. Un grammairien de l’hébreu
explique que le premier, “ lavez-vous ”,
se rapporte à un acte initial de
purification, tandis que le deuxième,
“ purifiez-vous ”, a trait aux efforts que
l’on continue de fournir pour conserver
sa pureté.
11
On ne peut rien cacher à Jéhovah
(Job 34:22 ; Proverbes 15:3 ; Hébreux
4:13). Par conséquent, son
commandement “ ôtez de devant mes
yeux la méchanceté de vos manières
d’agir ” ne peut avoir qu’un sens :
cessez de pratiquer le mal. Cela
implique de ne pas chercher à cacher
des péchés graves, car un tel
comportement est un péché en soi.
Proverbes 28:13 contient en effet cet
avertissement : “ Qui couvre ses
transgressions ne réussira pas, mais qui
les confesse et les quitte, à celui-là il
sera fait miséricorde. ”
12
Il y a beaucoup à apprendre des
actions positives que Jéhovah
commande au verset 17 du chapitre 1.
Remarquez qu’il ne dit pas seulement
“ faites le bien ”, mais “ apprenez à faire
le bien ”. Il faut passer par l’étude
individuelle de la Parole de Dieu pour
comprendre ce qui est bien aux yeux de
Dieu et pour vouloir le faire. Ensuite,
Jéhovah ne dit pas simplement
“ pratiquez le droit ”, mais “ recherchez
le droit ”. Même des anciens
expérimentés ont besoin de fouiller la
Parole de Dieu pour déterminer quelle
est la bonne ligne de conduite dans les
affaires compliquées. Ils ont par ailleurs
la responsabilité de ‘ redresser
l’oppresseur ’, conformément au
commandement suivant de Jéhovah.
Ces directives sont capitales pour les
bergers chrétiens d’aujourd’hui, car ils
ont à cœur de protéger le troupeau des
“ loups tyranniques ”. — Actes 20:28-30.
13
Les deux derniers
commandements concernent certains
des serviteurs de Dieu les plus
vulnérables : les orphelins et les veuves.
Le monde n’hésite pas à profiter de
telles personnes ; il ne doit pas en être
de même parmi les serviteurs de Dieu.
Les anciens bienveillants ‘ rendent
jugement ’ pour les orphelins et les
orphelines de père dans la
congrégation : ils les aident à obtenir
justice et protection dans un monde qui
ne pense qu’à abuser de leur situation et
13. à les corrompre. Les anciens ‘ plaident
la cause ’ de la veuve ou, selon un autre
sens du mot hébreu, “ se bagarrent ”
pour ses intérêts. En réalité, tous les
chrétiens veulent être un refuge, un
réconfort, une protection pour les
indigents, parce que ces derniers sont
précieux aux yeux de Jéhovah. — Mika
6:8 ; Jacques 1:27.
14
Quel message ferme et constructif
de la part de Jéhovah dans ces neuf
commandements ! Quelquefois, ceux
qui commettent des péchés se
persuadent qu’il leur est tout bonnement
impossible de faire le bien. De telles
pensées sont décourageantes. Sans
compter qu’elles sont fausses. Jéhovah
sait (et il veut que nous le sachions)
qu’avec son aide n’importe quel pécheur
peut quitter son péché, se retourner et
se mettre à faire le bien.
Une invitation compatissante et juste
15
Le ton de Jéhovah devient à
présent encore plus chaleureux et
compatissant. “ ‘ Venez donc et
remettons les choses en ordre entre
nous ’, dit Jéhovah. ‘ Si vos péchés
sont comme l’écarlate, ils
deviendront blancs comme la neige ;
s’ils sont rouges comme de l’étoffe
cramoisie, ils deviendront comme de
la laine. ’ ” (Isaïe 1:18). L’invitation par
laquelle ce magnifique verset
commence est souvent mal comprise.
On lit par exemple dans la Bible en
français courant : “ Nous allons nous
expliquer ”, comme si les deux parties
devaient faire des concessions pour
parvenir à un accord. Il n’en est rien.
Jéhovah n’a rien à se reprocher, encore
moins dans ses relations avec son
peuple rebelle et hypocrite
(Deutéronome 32:4, 5). Le verset ne
parle pas d’une discussion d’égal à égal
entre personnes qui devraient chacune
en rabattre ; il parle d’une tribune réunie
pour rendre la justice. C’est comme si
Jéhovah intentait un procès à Israël.
16
Évidemment, cette idée pourrait
être inquiétante ; mais Jéhovah est le
Juge le plus miséricordieux et le plus
compatissant qui soit. Sa capacité de
pardonner est sans égale (Psaume
86:5). Lui seul est capable de laver les
péchés d’Israël qui sont “ comme
l’écarlate ”, de les rendre “ blancs
comme la neige ”. Aucun effort humain,
aucune sorte d’œuvres, de sacrifices ou
de prières ne peut enlever la tache
laissée par le péché. Seul le pardon de
Jéhovah peut l’effacer, et ce pardon, il
l’accorde aux conditions qu’il pose, entre
autres une repentance sincère.
17
Cette vérité revêt une telle
importance que Jéhovah la répète sous
une forme poétique : des péchés
‘ cramoisis ’ deviendront comme de la
laine neuve, blanche, qui n’a pas été
teinte. Jéhovah tient à ce que nous
sachions qu’il pardonne vraiment les
péchés, même les plus graves, à
condition de nous trouver sincèrement
repentants. Ceux qui ont du mal à croire
que ce soit possible dans leur cas
devraient considérer des exemples
comme celui de Manassé. Il commit des
péchés abominables, et ce pendant des
années. Pourtant, il se repentit et fut
pardonné (2 Chroniques 33:9-16).
Jéhovah veut que nous sachions tous, y
compris ceux qui ont commis des
péchés graves, qu’il n’est pas trop tard
pour ‘ remettre les choses en ordre ’
avec lui.
18
Jéhovah rappelle à ses serviteurs
qu’ils ont un choix à faire. “ Si vous
témoignez de la bonne volonté et si
vous écoutez, vous mangerez le bon
du pays. Mais si vous refusez et si
vraiment vous êtes rebelles, par
14. l’épée vous serez dévorés ; car la
bouche même de Jéhovah l’a dit. ”
(Isaïe 1:19, 20). Jéhovah souligne ici
l’importance de l’état d’esprit, et il
emploie une autre figure de rhétorique
pour que son message soit bien clair. Le
choix qui se présente à Juda est le
suivant : manger ou être mangé. Si les
Juifs se montrent disposés à écouter
Jéhovah et à lui obéir, ils mangeront le
bon produit du pays. En revanche, s’ils
persistent dans leur rébellion, ils seront
mangés, par l’épée de leurs ennemis. Il
semble presque inimaginable qu’un
peuple préfère l’épée de ses ennemis à
la miséricorde et à la générosité d’un
Dieu qui pardonne. C’est pourtant le
choix de Jérusalem, comme l’indiquent
les versets suivants d’Isaïe.
Chant funèbre sur la ville bien-aimée
19
Isaïe 1:21-23 dévoile l’étendue de
la méchanceté de Jérusalem à l’époque.
Isaïe commence là un poème inspiré
dont le genre est le chant funèbre,
autrement dit la lamentation. “ Ah !
comme elle est devenue une
prostituée, la cité fidèle ! Elle était
pleine d’équité ; la justice y logeait,
mais maintenant, des assassins. ” —
Isaïe 1:21.
20
Comme la ville, Jérusalem, est
tombée bas ! Elle qui était jadis une
épouse fidèle, elle est devenue une
prostituée. Quel terme pourrait rendre
avec plus de force le sentiment de
trahison et de déception que Jéhovah
éprouve ? “ La justice y logeait ”, dans
cette ville. À quelle époque ? Avant
même qu’Israël n’existe, aux jours
d’Abraham, cette ville portait le nom de
Salem. Elle était dirigée par un homme
qui était à la fois roi et prêtre. Son nom,
Melkisédec, signifie “ Roi de justice ”, ce
qui sans doute lui allait bien (Hébreux
7:2 ; Genèse 14:18-20). Environ
1 000 ans après l’époque de
Melkisédec, Jérusalem atteignit son
apogée sous les royautés de David et
de Salomon. “ La justice y logeait ”,
particulièrement quand ses rois
donnaient l’exemple au peuple en
marchant dans les voies de Jéhovah.
Malheureusement, du temps d’Isaïe, ces
époques n’étaient plus que de lointains
souvenirs.
21
Il semble que les chefs parmi le
peuple soient en grande partie
responsables de la situation. Isaïe
poursuit sa lamentation : “ Ton argent
est devenu scories. Ta bière de blé
est coupée d’eau. Tes princes sont
obstinés et ils partagent avec des
voleurs. Chacun d’eux aime le pot-de-
vin et court après les cadeaux. Ils ne
rendent pas jugement pour l’orphelin
de père, et le procès de la veuve ne
parvient pas jusqu’à eux. ” (Isaïe
1:22, 23). Deux images frappantes
énoncées coup sur coup donnent le ton
à la suite qui s’impose. Dans son atelier,
le forgeron écume les scories de l’argent
en fusion et les jette. Les princes et les
juges d’Israël sont comparables aux
scories, pas à l’argent. Il faut les
éliminer. Ils n’ont pas plus d’utilité que
de la bière qu’on a coupée d’eau et qui a
perdu sa saveur. Une telle boisson n’est
bonne qu’à être versée aux égouts.
22
Le verset 23 révèle pourquoi les
chefs méritent une telle description. En
mettant le peuple de Dieu à part des
autres nations, la Loi mosaïque
l’ennoblissait. Elle l’élevait par exemple
en exigeant que soient protégés les
orphelins et les veuves (Exode 22:22-
24). Mais aux jours d’Isaïe, un orphelin
de père a peu de chances d’obtenir un
jugement favorable. Quant à la veuve,
elle ne trouve personne qui accepte ne
serait-ce que d’écouter ses doléances,
encore moins qui ‘ se bagarre ’ pour ses
15. intérêts. Les juges et les chefs sont
décidément trop occupés à rechercher
leurs propres intérêts, à quémander des
pots-de-vin, à courir après des cadeaux
et à s’acoquiner avec des voleurs (sans
doute en protégeant les criminels et en
laissant souffrir leurs victimes). Le pire,
c’est qu’ils sont “ obstinés ”, ils se sont
endurcis dans leur mauvaise voie.
Quelle situation déplorable !
Jéhovah affinera son peuple
23
Jéhovah ne tolérera pas
indéfiniment de tels abus de pouvoir.
Isaïe dit ensuite : “ C’est pourquoi
voici ce que déclare le vrai Seigneur,
Jéhovah des armées, le Puissant
d’Israël : ‘ Ah ah ! je me débarrasserai
de mes adversaires, et je veux me
venger sur mes ennemis. ’ ” (Isaïe
1:24). Dans ce verset, trois titres sont
donnés à Jéhovah ; ils mettent en relief
la légitimité de sa domination et
l’étendue de son pouvoir. L’exclamation
“ Ah ah ! ” indique probablement que la
pitié de Jéhovah est maintenant mêlée à
de la détermination à écouter sa colère.
Il a certainement de bonnes raisons de
le faire.
24
Les propres serviteurs de Jéhovah
se sont faits ses ennemis. Ils méritent
pleinement la vengeance divine.
Jéhovah se ‘ débarrassera ’ d’eux. Est-
ce à dire qu’il éliminera complètement et
définitivement le peuple qui porte son
nom ? Non, car il déclare ensuite : “ Je
veux ramener ma main sur toi, et je
fondrai tes scories comme avec de la
lessive, et je veux ôter tous tes
déchets. ” (Isaïe 1:25). Jéhovah prend
à présent pour image l’affinage du
métal. Dans l’Antiquité, un affineur
prenait souvent de la lessive pour
activer la séparation entre les scories et
un métal précieux. De la même manière,
Jéhovah, qui ne considère pas son
peuple comme radicalement méchant,
‘ le châtiera dans une juste mesure ’. Il
n’ôtera de lui que les “ déchets ”, les
éléments obstinés, indésirables, qui
refusent d’apprendre et d’obéir [Note :
L’expression “ je veux ramener ma main sur toi ”
signifie que Jéhovah cessera de soutenir son
peuple et le punira.] (Jérémie 46:28). Par
ces paroles, Isaïe a le privilège d’écrire
l’Histoire à l’avance.
25
Jéhovah affina effectivement son
peuple : il ôta les scories qu’étaient les
chefs corrompus et autres rebelles. En
607 avant notre ère, bien après l’époque
d’Isaïe, Jérusalem fut détruite et ses
habitants furent emmenés en exil à
Babylone pour 70 ans. Sous certains
rapports, cet événement trouve un
parallèle dans une action menée par
Dieu bien plus tard. La prophétie
contenue en Malaki 3:1-5, rédigée
longtemps après l’Exil, montrait que
Dieu accomplirait de nouveau un
affinage. Elle annonçait le moment où
Jéhovah Dieu viendrait à son temple
spirituel accompagné de son “ messager
de l’alliance ”, Jésus Christ. Cela s’est
de toute évidence produit à la fin de la
Première Guerre mondiale. Jéhovah a
inspecté tous ceux qui se prétendaient
chrétiens et a séparé les vrais des faux.
Avec quel résultat ?
26
Jéhovah répond : “ Je veux
ramener des juges pour toi, comme
au commencement, et des conseillers
pour toi, comme au début. Après
cela, on t’appellera Ville de la Justice,
Cité Fidèle. Sion sera rachetée par le
droit, et ceux des siens qui
reviendront le seront par la justice. ”
(Isaïe 1:26, 27). La Jérusalem antique
connut un premier accomplissement de
cette prophétie. Quand les exilés
retournèrent dans leur chère ville en
537 avant notre ère, il y eut de nouveau
des juges et des conseillers fidèles,
16. comme ceux du passé. Les prophètes
Haggaï et Zekaria, le prêtre Yoshoua, le
scribe Ezra et le gouverneur Zorobabel
guidaient et dirigeaient le reste fidèle,
qui était de retour, de façon qu’il marche
dans les sentiers de Jéhovah. Toutefois,
un accomplissement encore plus
important s’est produit au XXe
siècle.
27
En 1919, le peuple de Jéhovah est
sorti d’une période d’épreuve. Ses
membres ont été délivrés de
l’asservissement spirituel à Babylone la
Grande, l’empire universel de la fausse
religion. La distinction entre le fidèle
reste oint et le clergé apostat de la
chrétienté est devenue évidente. Dieu
bénissait de nouveau ses serviteurs : il
‘ ramenait pour eux des juges et des
conseillers ’, des hommes fidèles qui
leur donnaient des conseils conformes à
sa Parole, et non aux traditions des
hommes. Aujourd’hui, parmi le “ petit
troupeau ” dont le nombre diminue et
ses millions de compagnons, les “ autres
brebis ”, dont le nombre augmente, on
trouve des milliers d’hommes de ce
genre. — Luc 12:32 ; Jean 10:16 ; Isaïe
32:1, 2 ; 60:17 ; 61:3, 4.
28
Les anciens n’oublient pas qu’il
leur arrive de tenir le rôle de “ juges ”
dans la congrégation afin de la garder
pure sur les plans moral et spirituel, et
de reprendre ceux qui ont commis le
mal. Ils se soucient vivement de faire les
choses à la manière de Dieu, en imitant
son sens de la justice, miséricordieux et
équilibré. Mais la plupart du temps, ils
tiennent lieu de “ conseillers ”. Ils sont
bien entendu loin d’être des princes ou
des tyrans, et ils font tout leur possible
pour ne jamais donner ne serait-ce que
l’impression de ‘ commander en maîtres
ceux qui sont l’héritage de Dieu ’. —
1 Pierre 5:3.
29
Que dire des “ scories ”
mentionnées dans la prophétie d’Isaïe ?
Qu’arrive-t-il à ceux qui refusent de
bénéficier de l’affinage suscité par
Dieu ? Isaïe poursuit : “ L’écroulement
des révoltés et celui des pécheurs
auront lieu en même temps, et ceux
qui quittent Jéhovah disparaîtront.
Car ils auront honte des arbres
puissants que vous avez désirés, et
vous serez confus à cause des
jardins que vous avez choisis. ” (Isaïe
1:28, 29). Inévitablement, ceux qui se
révoltent contre Jéhovah et qui pèchent
contre lui en ne tenant aucun compte
des messages d’avertissement de ses
prophètes jusqu’au moment où il est trop
tard, ceux-là ‘ s’écroulent ’ et
‘ disparaissent ’. Cet écroulement se
produit en 607 avant notre ère. Mais que
signifie la mention d’arbres et de
jardins ?
30
Les Judéens ont un problème
chronique d’idolâtrie. Leurs pratiques
abjectes ont fréquemment lieu sous des
arbres, dans des jardins et dans des
bosquets. Par exemple, les adorateurs
de Baal et d’Ashtoreth, sa parèdre,
croient que durant la saison sèche les
deux divinités meurent et sont enterrées.
Pour les inciter à se réveiller et à s’unir,
ce qui est censé rendre le pays fertile,
les idolâtres se rassemblent et se livrent
à des actes sexuels pervertis sous des
arbres “ sacrés ” dans des bosquets ou
des jardins. Quand il pleut sur le pays et
qu’il est fertile, les idolâtres l’attribuent
aux faux dieux ; et ils sont confortés
dans leurs superstitions. Toutefois,
lorsque Jéhovah fait venir l’écroulement
sur les idolâtres rebelles, aucune idole
ne les protège. Les rebelles ont “ honte ”
de leurs arbres et de leurs jardins
dénués de pouvoir.
~
17. 31
Néanmoins, les Judéens idolâtres
vont au-devant de quelque chose de
pire que la honte. Jéhovah transpose
l’image : il compare à présent l’idolâtre
lui-même à un arbre. “ Car vous
deviendrez comme un grand arbre
dont le feuillage se flétrit, et comme
un jardin qui n’a pas d’eau. ” (Isaïe
1:30). Sous le climat chaud et sec du
Proche-Orient, l’image est appropriée.
Aucun arbre, aucun jardin ne prospère
longtemps sans une réserve d’eau
permanente. Une fois sèche, la
végétation est particulièrement
vulnérable au feu. L’image du verset 31
suit donc tout naturellement.
32
“ L’homme vigoureux deviendra
de l’étoupe, et le résultat de son
activité une étincelle ; oui, tous deux
flamberont en même temps, sans
personne pour éteindre. ” (Isaïe 1:31).
Qui est cet “ homme vigoureux ” ? Le
mot hébreu évoque l’idée de force et de
richesse. Il désigne probablement
l’adorateur de faux dieux prospère et sûr
de lui. À l’époque d’Isaïe, les hommes
qui rejettent Jéhovah et son culte pur ne
manquent pas ; il en va du reste toujours
de même aujourd’hui. Et certains
semblent même bien s’en porter.
Cependant, Jéhovah avertit ces
hommes qu’ils deviendront comme de
“ l’étoupe ”, des fibres de lin brutes si
fragiles et si sèches qu’elles s’effilochent
pour ainsi dire rien qu’en sentant le feu
(Juges 16:8, 9). Le résultat de l’activité
de l’idolâtre, qu’il s’agisse de ses idoles,
de sa richesse ou de quoi que ce soit
d’autre qu’il adore à la place de
Jéhovah, sera comme l’“ étincelle ” qui
allume le feu. L’étincelle comme l’étoupe
seront consumées, éliminées dans un
feu que personne ne pourra éteindre.
Aucune puissance dans l’univers n’est
capable de contrecarrer les jugements
parfaits de Jéhovah.
33
Ce dernier message est-il
compatible avec le message de
miséricorde et de pardon du verset 18 ?
Absolument ! C’est parce qu’il est
miséricordieux que Jéhovah fait écrire
ces avertissements et les fait
transmettre par ses serviteurs. Car “ il
ne veut pas que qui que ce soit périsse,
mais il veut que tous parviennent à la
repentance ”. (2 Pierre 3:9.) Aujourd’hui,
chaque vrai chrétien a le privilège de
proclamer les messages
d’avertissement de Dieu aux humains,
afin que ceux qui se repentent
bénéficient de son pardon généreux et
vivent éternellement. Quelle bonté de la
part de Dieu : il offre aux humains la
possibilité de ‘ remettre les choses en
ordre ’ avec lui avant qu’il ne soit trop
tard !
*** ip-1 chap. 4 p. 37-48 ***
L’élévation de la maison de Jéhovah
Isaïe 2:1-5
“ Ils devront forger leurs épées en
socs et leurs lances en cisailles. Une
nation ne lèvera pas l’épée contre une
nation, et ils n’apprendront plus la
guerre. ” Ces paroles sont inscrites sur
un mur de l’esplanade de l’Organisation
des Nations unies, à New York. Pendant
des décennies, l’origine de cette citation
n’a pas été indiquée. Puisque le but de
l’ONU est de favoriser la paix mondiale,
il était facile de conclure que cette
citation avait été inventée par ses
fondateurs, en 1945.
18. 2
Toutefois, en 1975, on a gravé le
nom d’Isaïe sous la citation. Il
apparaissait désormais que les paroles
citées n’étaient pas récentes, mais qu’il
s’agissait d’une prophétie consignée
plus de 2 700 ans auparavant dans ce
qui est à présent le 2e
chapitre du livre
d’Isaïe. Pendant des millénaires, les
amis de la paix se sont demandé
comment et quand la prédiction d’Isaïe
se réaliserait. Il n’est plus nécessaire de
s’interroger. Nous voyons aujourd’hui,
sous nos yeux, l’accomplissement
remarquable de cette prophétie antique.
3
Quelles sont les nations qui forgent
leurs épées en socs ? Manifestement
pas les nations politiques et les
gouvernements actuels. En effet, jusqu’à
ce jour ces nations n’ont cessé de
mettre au point des épées, c’est-à-dire
des armes, pour faire la guerre et pour
maintenir la “ paix ” par la force. À vrai
dire, les nations ont plutôt tendance,
depuis toujours, à forger leurs socs en
épées ! C’est donc chez des
représentants de toutes les nations que
la prophétie d’Isaïe s’accomplit, chez
des personnes qui adorent Jéhovah, “ le
Dieu de paix ”. — Philippiens 4:9.
Les nations
qui affluent vers le culte pur
4
Isaïe chapitre 2 commence par ces
mots : “ La chose qu’Isaïe le fils
d’Amots a vue en vision au sujet de
Juda et de Jérusalem : Et il arrivera
sans faute, dans la période finale des
jours, que la montagne de la maison
de Jéhovah s’établira solidement au-
dessus du sommet des montagnes,
oui elle s’élèvera au-dessus des
collines ; et vers elle devront affluer
toutes les nations. ” — Isaïe 2:1, 2.
5
Remarquez qu’Isaïe n’annonce pas
de simples spéculations. Il lui est dit de
rapporter des événements qui
‘ arriveront sans faute ’. Quoi que
Jéhovah prévoie, cela a du succès “ à
coup sûr ”. (Isaïe 55:11.) Sans doute
dans le but d’attester que sa promesse
est digne de foi, Dieu inspira le prophète
Mika, un contemporain d’Isaïe, pour qu’il
écrivît dans son livre la même prophétie
que celle contenue en Isaïe 2:2-4. —
Mika 4:1-3.
6
Quand la prophétie d’Isaïe doit-elle
s’accomplir ? “ Dans la période finale
des jours. ” On lit dans La Bible de
Lethielleux : “ Dans les derniers jours. ”
Les Écritures grecques chrétiennes ont
prédit des caractéristiques qui rendraient
cette période reconnaissable,
notamment des guerres, des
tremblements de terre, des pestes, des
disettes et “ des temps critiques,
difficiles à supporter ”. (2 Timothée 3:1-
5 ; Luc 21:10, 11.) L’accomplissement
de ce genre de prophéties fournit des
preuves abondantes que nous vivons
“ dans la période finale des jours ”, les
derniers jours de l’actuel système
mondial. Logiquement, par conséquent,
les choses prédites par Isaïe devraient
se réaliser à notre époque.
Une montagne dans laquelle adorer
7
En peu de mots, Isaïe campe une
image prophétique évocatrice. Nous
voyons une haute montagne, couronnée
d’une maison glorieuse, le temple de
Jéhovah. Cette montagne domine les
montagnes et les collines environnantes.
Pour autant, elle n’est ni sinistre ni
effrayante ; elle est attirante. Des gens
de toutes les nations ont envie de
monter à la montagne de la maison de
Jéhovah ; ils affluent vers elle. Il n’est
pas difficile de se représenter la scène,
mais que signifie-t-elle ?
8
Aux jours d’Isaïe, les collines et les
montagnes ont souvent un lien avec le
culte. Par exemple, on y pratique un
19. culte idolâtrique et on y élève des
sanctuaires consacrés aux faux dieux
(Deutéronome 12:2 ; Jérémie 3:6). En
revanche, la maison, ou temple, de
Jéhovah orne le sommet du mont Moria
à Jérusalem. Trois fois par an, les
Israélites fidèles se rendent à Jérusalem
et montent au mont Moria pour y adorer
le vrai Dieu (Deutéronome 16:16). Ainsi,
l’afflux des nations vers “ la montagne
de la maison de Jéhovah ” figure le
rassemblement de nombreuses
personnes vers le vrai culte.
9
Il va de soi qu’aujourd’hui les
serviteurs de Dieu ne se rassemblent
plus dans une montagne surmontée
d’un temple de pierres. Le temple de
Jéhovah à Jérusalem a été détruit par
les armées romaines en 70 de notre ère.
De plus, l’apôtre Paul a expliqué que le
temple de Jérusalem et le tabernacle
avant lui étaient des symboles. Ils
représentaient une réalité plus
grandiose, spirituelle, “ la tente véritable
que Jéhovah a dressée, et non pas
l’homme ”. (Hébreux 8:2.) Cette tente
spirituelle est le moyen d’accéder
auprès de Jéhovah pour l’adorer sur la
base du sacrifice rédempteur de Jésus
Christ (Hébreux 9:2-10, 23). Dans le
même ordre d’idées, “ la montagne de la
maison de Jéhovah ” mentionnée en
Isaïe 2:2 figure le culte pur et élevé de
Jéhovah à notre époque. Ceux qui
embrassent le culte pur ne se
rassemblent pas dans un lieu
géographique quelconque ; ils se
rassemblent dans l’unité de culte.
L’élévation du culte pur
10
Le prophète déclare que “ la
montagne de la maison de Jéhovah ”,
autrement dit le culte pur, “ s’établira
solidement au-dessus du sommet des
montagnes ” et “ s’élèvera au-dessus
des collines ”. Bien avant l’époque
d’Isaïe, le roi David a apporté l’arche de
l’alliance sur le mont Sion à Jérusalem,
mont qui s’élevait à 760 mètres au-
dessus du niveau de la mer. L’Arche y
resta jusqu’à ce qu’on la transfère dans
le temple terminé, sur le mont Moria
(2 Samuel 5:7 ; 6:14-19 ; 2 Chroniques
3:1 ; 5:1-10). Ainsi, aux jours d’Isaïe,
l’arche sacrée a déjà été élevée
physiquement et placée dans le temple,
à une position plus élevée que celle des
nombreuses collines d’alentour sur
lesquelles on pratique le faux culte.
11
Bien entendu, au sens spirituel le
culte de Jéhovah a toujours été
supérieur aux pratiques religieuses de
ceux qui servent de faux dieux.
Cependant, à notre époque, Jéhovah a
élevé son culte jusqu’au ciel, au-dessus
de toutes les formes de culte impur, oui,
bien au-dessus de toutes les “ collines ”
et du “ sommet des montagnes ”.
Comment s’y est-il pris ? En grande
partie en rassemblant ceux qui veulent
l’adorer “ avec l’esprit et la vérité ”. —
Jean 4:23.
12
Christ Jésus expliqua que
“ l’achèvement d’un système de
choses ” serait une époque de moisson
où les anges rassembleraient “ les fils
du royaume ”, ceux qui ont l’espérance
de régner avec Jésus dans la gloire
céleste (Matthieu 13:36-43).
Depuis 1919, Jéhovah charge le “ reste ”
de ces fils de participer avec les anges à
la moisson (Révélation 12:17). Donc,
dans un premier temps, ce sont “ les fils
du royaume ”, les frères oints de Jésus,
qui sont rassemblés. Ensuite, ils
participent à un autre rassemblement.
13
Au cours de la moisson, Jéhovah a
progressivement aidé le reste oint à
comprendre et à appliquer sa Parole, la
Bible, ce qui a également contribué à
l’élévation du culte pur. Bien que ‘ les
20. ténèbres couvrent la terre, et une
obscurité épaisse les communautés
nationales ’, les oints ‘ brillent comme
des foyers de lumière ’ parmi les
humains, car ils ont été purifiés et
affinés par Jéhovah (Isaïe 60:2 ;
Philippiens 2:15). “ Remplis de la
connaissance exacte de sa volonté en
toute sagesse et compréhension
spirituelle ”, ces chrétiens oints de
l’esprit ‘ resplendissent comme le soleil
dans le royaume de leur Père ’. —
Colossiens 1:9 ; Matthieu 13:43.
14
D’autres personnes affluent vers
“ la montagne de la maison de
Jéhovah ”. Appelées par Jésus ses
“ autres brebis ”, elles ont l’espérance de
vivre éternellement sur la terre
transformée en paradis (Jean 10:16 ;
Révélation 21:3, 4). À partir des
années 1930, elles sont apparues par
milliers, puis par centaines de milliers, et
maintenant elles sont des millions. Dans
une vision donnée à l’apôtre Jean, il en
est question comme d’“ une grande
foule que personne ne pouvait compter,
de toutes nations et tribus et peuples et
langues ”. — Révélation 7:9.
15
Le prophète Haggaï prédit
l’apparition de cette grande foule. Il
écrivit : “ Voici ce qu’a dit Jéhovah des
armées : ‘ Encore une fois — c’est un
peu de temps — et j’ébranle les cieux, et
la terre, et la mer, et le sol ferme. Oui,
j’ébranlerai toutes les nations, et les
choses désirables de toutes les nations
[ceux qui embrassent le culte pur aux
côtés des chrétiens oints] devront
arriver ; et vraiment je remplirai de gloire
cette maison ’, a dit Jéhovah des
armées. ” (Haggaï 2:6, 7). L’existence
de cette “ grande foule ” qui continue de
grossir et de ses compagnons oints
élève, glorifie, le culte pur dans la
maison de Jéhovah. Jamais on n’a
compté autant de personnes unies dans
le culte du vrai Dieu, ce qui contribue à
la gloire de Jéhovah et de son Roi
intronisé, Jésus Christ. Le roi Salomon
écrivit en effet : “ Dans la multitude du
peuple il y a l’ornement d’un roi. ” —
Proverbes 14:28.
Le culte élevé dans la vie des gens
16
C’est à Jéhovah que revient tout le
mérite de l’élévation du culte pur à notre
époque. Néanmoins, ceux qui
s’avancent vers lui reçoivent le privilège
de participer à son œuvre. De même
qu’il faut fournir des efforts pour gravir
une montagne, de même il faut faire des
efforts pour apprendre les normes
divines et vivre en accord avec elles.
Comme les chrétiens du Ier
siècle, les
serviteurs de Dieu d’aujourd’hui ont
abandonné des modes de vie et des
pratiques incompatibles avec le vrai
culte. Des fornicateurs, des idolâtres,
des adultères, des voleurs, des gens
avides, des ivrognes et d’autres ont
changé de conduite et ont été “ lavés ”
aux yeux de Dieu. — 1 Corinthiens 6:9-
11.
17
L’histoire suivante, celle d’une
jeune femme, en est un exemple. Elle a
écrit : “ Avant, j’étais perdue, je n’avais
aucune espérance. Je vivais dans
l’immoralité sexuelle et je buvais. Je
souffrais de maladies sexuellement
transmissibles. Je vendais aussi de la
drogue et tout m’indifférait. ” Après avoir
étudié la Bible, elle a procédé à de
grands changements dans le but de se
conformer aux normes de Dieu. Elle
déclare à présent : “ J’ai la paix de
l’esprit, l’estime de moi-même, un espoir
pour l’avenir, une véritable famille et,
surtout, des relations avec notre Père,
Jéhovah. ”
18
Même après avoir obtenu
l’approbation de Jéhovah, tous les
humains doivent continuer d’élever le
21. culte pur en lui donnant une place de
choix dans leur vie. Il y a des milliers
d’années, par l’intermédiaire d’Isaïe,
Jéhovah indiqua qu’il était certain que
de nos jours des multitudes désireraient
faire passer son culte avant toute autre
chose dans leur vie. Êtes-vous de leur
nombre ?
Un peuple à qui est enseignée
la voie de Jéhovah
19
Isaïe nous en apprend davantage
sur ceux qui embrassent le culte pur
aujourd’hui. Il déclare : “ Oui, des
peuples nombreux iront et diront :
‘ Venez et montons à la montagne de
Jéhovah, à la maison du Dieu de
Jacob ; et il nous instruira de ses
voies, et nous voulons marcher dans
ses sentiers. ’ Car de Sion sortira la
loi, et de Jérusalem la parole de
Jéhovah. ” — Isaïe 2:3.
20
Jéhovah ne laisse pas ses
serviteurs errer comme des brebis
perdues. Au moyen de la Bible et de
publications bibliques, il leur transmet sa
“ loi ” et sa “ parole ” afin qu’ils
apprennent ses voies. Cette
connaissance leur permet de “ marcher
dans ses sentiers ”. Le cœur rempli de
gratitude et conformément à la direction
divine, ils se parlent les uns aux autres
des voies de Jéhovah. Ils se réunissent
en de grandes assemblées et en
groupes plus petits, dans des Salles du
Royaume et chez des particuliers, pour
écouter et pour apprendre les voies de
Dieu (Deutéronome 31:12, 13). Ils
suivent ainsi l’exemple des premiers
chrétiens, qui se rassemblaient en vue
de s’encourager et de s’inciter
mutuellement à abonder ‘ en amour et
en belles œuvres ’. — Hébreux
10:24, 25.
~
~
21
Ils invitent autrui à ‘ monter ’ vers
le culte élevé de Jéhovah Dieu. Ils sont
en cela en plein accord avec le
commandement que Jésus donna à ses
disciples juste avant son ascension. Il
leur dit : “ Allez donc et faites des
disciples de gens d’entre toutes les
nations, les baptisant au nom du Père et
du Fils et de l’esprit saint, leur
enseignant à observer tout ce que je
vous ai commandé. ” (Matthieu 28:19,
20). Obéissants et soutenus par Dieu,
les Témoins de Jéhovah parcourent la
terre en enseignant et en faisant des
disciples qu’ils baptisent.
Les épées en socs
22
Nous arrivons au verset suivant,
qui est reproduit en partie sur le mur de
l’esplanade de l’ONU. Isaïe écrit : “ Oui,
il rendra jugement au milieu des
nations et remettra les choses en
ordre concernant des peuples
nombreux. Et ils devront forger leurs
épées en socs et leurs lances en
cisailles. Une nation ne lèvera pas
l’épée contre une nation, et ils
n’apprendront plus la guerre. ” —
Isaïe 2:4.
23
Ce ne serait pas une mince affaire
d’atteindre ce but. Federico Mayor,
directeur général de l’Organisation des
Nations unies pour l’éducation, la
science et la culture, a dit un jour :
“ Toutes les horreurs de la guerre,
pourtant si présentes aujourd’hui grâce
aux progrès de l’audiovisuel, semblent
impuissantes à arrêter la gigantesque
machine de la guerre qui n’a cessé de
se renforcer au cours des siècles. C’est
aux générations actuelles qu’incombe la
tâche quasi impossible demandée dans
la Bible de ‘ forger des charrues avec les
épées ’ et de transformer l’instinct de
guerre — qui remonte à la nuit des
temps — en une conscience de paix. Ce
22. serait l’acte le meilleur et le plus noble
que pourrait réaliser le ‘ village
[planétaire] ’ et le plus beau cadeau à
faire à nos descendants. ”
24
L’ensemble des nations
n’atteindront jamais ce but louable. Il est
tout bonnement hors de leur portée. Les
paroles d’Isaïe sont réalisées par des
membres de nombreuses nations qui
sont unis dans le culte pur. Jéhovah a
‘ remis les choses en ordre ’ parmi eux.
Il a appris à ses serviteurs à vivre en
paix. Au sein d’un monde divisé et
ravagé par les luttes, ils ont réussi,
figurément, à forger “ leurs épées en
socs et leurs lances en cisailles ”. En
quel sens ?
25
D’abord, ils ne prennent pas parti
dans les guerres des nations. Peu avant
la mort de Jésus, des hommes armés
vinrent l’arrêter. Au moment où Pierre
dégaina une épée pour défendre son
Maître, Jésus lui dit : “ Remets ton épée
à sa place, car tous ceux qui prennent
l’épée périront par l’épée. ” (Matthieu
26:52). Depuis lors, les disciples de
Jésus forgent leurs épées en socs et
refusent de prendre les armes pour tuer
leur semblable ou de soutenir un effort
de guerre d’autres manières. Ils
‘ poursuivent la paix avec tous ’. —
Hébreux 12:14.
À la poursuite de la paix
26
La paix des serviteurs de Dieu va
beaucoup plus loin que le refus de
participer aux guerres. Bien qu’ils vivent
dans plus de 230 pays et territoires, et
qu’ils représentent d’innombrables
langues et cultures, ils sont en paix les
uns avec les autres. Chez eux
s’accomplissent aujourd’hui les paroles
suivantes, que Jésus adressa à ses
disciples au Ier
siècle : “ Par là tous
sauront que vous êtes mes disciples, si
vous avez de l’amour entre vous. ” (Jean
13:35). Les chrétiens de notre époque
sont des “ faiseurs de paix ”. (Matthieu
5:9, note.) Ils ‘ cherchent la paix et la
poursuivent ’. (1 Pierre 3:11.) Ils ont le
soutien de Jéhovah, “ le Dieu qui donne
la paix ”. — Romains 15:33.
27
Certains de ceux qui sont devenus
des faiseurs de paix ont un parcours peu
commun. Un jeune homme écrit au sujet
du début de sa vie : “ Les difficultés
m’ont appris à me défendre. Elles m’ont
endurci et m’ont rendu amer. Je finissais
systématiquement par me battre. Tous
les jours, je m’en prenais à un gars
différent du voisinage, parfois avec les
poings, parfois avec des pierres ou des
bouteilles. Je suis devenu très violent. ”
Néanmoins, il a fini par répondre à
l’invitation d’aller à “ la montagne de la
maison de Jéhovah ”. Il a appris les
voies de Dieu et il est devenu un
serviteur pacifique de Dieu.
28
La plupart des serviteurs de
Jéhovah n’ont pas des antécédents
aussi violents. Toutefois, même dans
des choses relativement petites (en
étant bons, en pardonnant et en faisant
preuve de compassion), ils s’attachent à
favoriser la paix avec autrui. En dépit de
leur imperfection, ils s’efforcent
d’appliquer le conseil biblique de
‘ continuer à se supporter les uns les
autres et à se pardonner volontiers les
uns aux autres, si quelqu’un a un sujet
de plainte contre un autre ’. —
Colossiens 3:13.
Un avenir de paix
29
Jéhovah a réalisé une chose
prodigieuse à notre époque, “ la période
finale des jours ”. Il a rassemblé d’entre
toutes les nations des humains qui
veulent le servir. Il leur a appris à
marcher dans ses voies, des voies de
paix. Ces humains sont ceux qui
survivront bientôt à la “ grande
23. tribulation ”, et qui entreront dans un
monde nouveau paisible où la guerre
sera définitivement abolie. — Révélation
7:14.
30
Les épées, c’est-à-dire les armes,
ne seront plus. Le psalmiste écrivit à
propos de cette époque : “ Venez, voyez
les actes de Jéhovah, comment il a mis
des événements stupéfiants sur la terre.
Il fait cesser les guerres jusqu’à
l’extrémité de la terre. L’arc, il le brise,
oui il met en pièces la lance ; il brûle les
chariots au feu. ” (Psaume 46:8, 9). Si
on pense à cette perspective,
l’exhortation suivante lancée par Isaïe
est tout aussi appropriée aujourd’hui
qu’à l’époque où il l’écrivit : “ Ô
hommes de la maison de Jacob,
venez et marchons dans la lumière de
Jéhovah. ” (Isaïe 2:5). Oui, que la
lumière de Jéhovah éclaire notre sentier
dès maintenant, et nous marcherons
dans sa voie pendant toute l’éternité ! —
Mika 4:5.
*** ip-1 chap. 5 p. 49-60 ***
Jéhovah humilie les orgueilleux
Isaïe 2:6–4:1
Dégoûté par l’état dans lequel se
trouvent Jérusalem et Juda, le prophète
Isaïe se tourne à présent vers Jéhovah
Dieu et déclare : “ Tu as abandonné
ton peuple, la maison de Jacob. ”
(Isaïe 2:6a). Pourquoi Dieu a-t-il rejeté
le peuple qu’il a lui-même choisi pour
“ bien particulier ” ? —
Deutéronome 14:2.
2
Les propos par lesquels Isaïe
blâme les Juifs de son époque revêtent
un grand intérêt pour nous. Pour quelles
raisons ? Parce que la situation de la
chrétienté aujourd’hui ressemble fort à
celle du peuple d’Isaïe, de même que le
jugement prononcé par Jéhovah. En
prêtant attention à la proclamation
d’Isaïe, nous comprendrons clairement
ce que Dieu condamne et cela nous
aidera à rejeter les pratiques qu’il
désapprouve. Empressons-nous donc
de considérer la parole prophétique de
Jéhovah rapportée en Isaïe 2:6–4:1.
~
~
Ils se prosternent par orgueil
3
Isaïe confesse en ces termes la
faute de son peuple : “ Ils sont
devenus pleins de ce qui vient de
l’Orient, et ce sont des magiciens
comme les Philistins, et ils regorgent
d’enfants d’étrangers. ” (Isaïe 2:6b).
Quelque 800 ans plus tôt, Jéhovah avait
ordonné au peuple qu’il s’était choisi :
“ Ne vous rendez impurs par aucune de
ces choses, car c’est par toutes ces
choses que se sont rendues impures les
nations que je chasse de devant vous. ”
(Lévitique 18:24). Jéhovah força Balaam
à dire au sujet de ceux dont il avait fait
son bien particulier : “ Du sommet des
rochers je les vois, et des collines je les
aperçois. Là, comme peuple, ils
continuent de camper à l’écart, et ils ne
se rangent pas parmi les nations. ”
(Nombres 23:9, 12). Cependant, aux
jours d’Isaïe, ceux que Jéhovah a
choisis ont adopté les pratiques
abominables des nations qui les
entourent et ils sont “ pleins de ce qui
vient de l’Orient ”. Au lieu d’avoir foi en
Jéhovah et en sa parole, ils sont des
“ magiciens comme les Philistins ”. Ils
sont loin de se tenir séparés des
nations : le pays ‘ regorge d’enfants
d’étrangers ’, sans aucun doute des
24. étrangers qui introduisent des pratiques
impies parmi les serviteurs de Dieu.
4
Isaïe signale la prospérité
économique et la puissance militaire de
Juda sous le roi Ouzziya ; il déclare :
“ Leur pays est rempli d’argent et
d’or, et il n’y a pas de limite à leurs
trésors. Leur pays est rempli de
chevaux, et il n’y a pas de limite à
leurs chars. ” (Isaïe 2:7). Les Juifs
remercient-ils Jéhovah de cette richesse
et de cette puissance militaire
(2 Chroniques 26:1, 6-15) ? Tant s’en
faut ! Au contraire, ils mettent leur
confiance dans cette richesse et se
détournent de sa Source, Jéhovah Dieu.
Avec quelles conséquences ? “ Leur
pays est rempli de dieux sans valeur.
Ils se prosternent devant l’œuvre des
mains de l’homme, devant ce que ses
doigts ont fait. Et l’homme tiré du sol
se courbe, et l’homme est abaissé, et
tu ne saurais leur pardonner. ” (Isaïe
2:8, 9). Ils se détournent du Dieu vivant
pour se prosterner devant des idoles
inertes.
5
On peut se prosterner en signe
d’humilité. Mais il est futile de le faire
devant des objets inertes ; cela
‘ abaisse ’ l’adorateur, cela l’avilit.
Comment Jéhovah peut-il pardonner un
tel péché ? Que feront ce genre
d’idolâtres lorsque Jéhovah leur
demandera des comptes ?
‘ Les yeux fiers seront abaissés ’
6
Isaïe poursuit : “ Entre dans le
rocher et cache-toi dans la poussière,
à cause de la force redoutable de
Jéhovah, et loin de la splendeur de sa
supériorité. ” (Isaïe 2:10). Mais aucun
rocher ne sera assez gros pour abriter
les adorateurs de faux dieux, aucune
protection ne sera assez épaisse pour
les cacher de Jéhovah, le Tout-Puissant.
Quand il viendra exécuter son jugement,
“ oui, les yeux fiers de l’homme tiré
du sol seront abaissés, et la morgue
des hommes devra se courber ; oui,
Jéhovah seul sera élevé en ce jour-
là ”. — Isaïe 2:11.
7
“ Le jour qui appartient à
Jéhovah des armées ” approche. À ce
moment-là, Dieu exprimera sa colère
“ sur tous les cèdres du Liban qui
sont hauts et élevés et sur tous les
gros arbres de Bashân ; sur toutes
les hautes montagnes et sur toutes
les collines qui sont élevées ; sur
chaque tour haute et sur toute
muraille fortifiée ; sur tous les navires
de Tarsis et sur tous les bateaux
désirables ”. (Isaïe 2:12-16.) Ainsi, au
jour de sa colère, Jéhovah s’occupera
de toutes les organisations mises en
place par l’homme en symbole de son
orgueil, ainsi que de tous les impies. En
conséquence, “ la fierté de l’homme
tiré du sol devra se courber, et
vraiment la morgue des hommes sera
abaissée ; oui, Jéhovah seul sera
élevé en ce jour-là ”. — Isaïe 2:17.
8
Le jour de jugement prédit arrive
sur les Juifs en 607 avant notre ère,
quand Neboukadnetsar, roi de
Babylone, détruit Jérusalem. Les
habitants voient leur chère ville en
flammes, ses imposants bâtiments
démolis, sa puissante muraille
renversée. Le temple de Jéhovah n’est
plus qu’un amas de décombres. Ni leurs
trésors ni leurs chars n’ont de valeur au
“ jour qui appartient à Jéhovah des
armées ”. Et leurs idoles ? Il leur advient
exactement ce qu’Isaïe annonce : “ Les
dieux sans valeur eux-mêmes
disparaîtront complètement. ” (Isaïe
2:18). Les Juifs (y compris les princes et
les hommes puissants) sont emmenés
en exil à Babylone. Jérusalem demeure
désolée pendant 70 ans.
25. 9
La situation de la chrétienté
ressemble étrangement à celle de
Jérusalem et de Juda au temps d’Isaïe.
En effet, la chrétienté entretient
incontestablement des relations étroites
avec les nations du monde. Elle soutient
avec enthousiasme les Nations unies, et
elle a rempli sa maison d’idoles et de
pratiques contraires aux Écritures. Ses
membres sont matérialistes et mettent
leur confiance dans la puissance
militaire. Et ne jugent-ils pas le clergé
digne de grandes distinctions ? Ne
comblent-ils pas les ecclésiastiques de
titres et d’honneurs ? L’orgueil de la
chrétienté sera à coup sûr réduit à rien.
Mais quand ?
Le “ jour de Jéhovah ” est imminent
10
Les Écritures annoncent un “ jour
de Jéhovah ” qui aura une incidence
bien plus grande que le jour de
jugement survenu sur Jérusalem et Juda
dans l’Antiquité. Sous inspiration,
l’apôtre Paul associa le “ jour de
Jéhovah ” à venir avec la présence du
Roi intronisé Jésus Christ
(2 Thessaloniciens 2:1, 2). Pierre établit
un lien entre ce jour et l’établissement
‘ de nouveaux cieux et d’une nouvelle
terre, dans lesquels habitera la justice ’.
(2 Pierre 3:10-13.) Il s’agit du jour où
Jéhovah exécutera son jugement sur
tout le système de choses méchant, y
compris sur la chrétienté.
11
“ Hélas pour ce jour ! dit le
prophète Yoël, parce que le jour de
Jéhovah est proche, et comme un
pillage venant du Tout-Puissant, il
arrivera. ” Étant donné l’imminence de
ce “ jour ”, tous les humains ne
devraient-ils pas s’inquiéter de leur
sécurité durant cette époque
redoutable ? “ Qui pourra le
supporter ? ” demande Yoël. Et il
répond : “ Jéhovah sera un refuge pour
son peuple. ” (Yoël 1:15 ; 2:11 ; 3:16).
Jéhovah Dieu sera-t-il un refuge pour les
orgueilleux, pour ceux qui mettent leur
confiance dans la richesse, la puissance
militaire et des dieux fabriqués par
l’homme ? C’est impossible,
évidemment, puisque Dieu a abandonné
même ceux qu’il avait choisis parce
qu’ils avaient agi ainsi. Il est donc capital
que tous les serviteurs de Jéhovah
‘ cherchent la justice, cherchent
l’humilité ’ et réfléchissent sérieusement
à la place que son culte occupe dans
leur vie. — Tsephania 2:2, 3.
“ Aux musaraignes
et aux chauves-souris ”
12
Comment les adorateurs d’idoles
considéreront-ils celles-ci au cours du
grand jour de Jéhovah ? Isaïe répond :
“ On entrera dans les grottes des
rochers et dans les trous de la
poussière, à cause de la force
redoutable de Jéhovah et loin de la
splendeur de sa supériorité, quand il
se lèvera pour que la terre tremble.
En ce jour-là, l’homme tiré du sol
jettera ses dieux d’argent inutiles et
ses dieux d’or sans valeur [...] aux
musaraignes et aux chauves-souris,
afin d’entrer dans les creux des
rochers et dans les crevasses des
rocs, à cause de la force redoutable
de Jéhovah et loin de la splendeur de
sa supériorité, quand il se lèvera pour
que la terre tremble. Par égard pour
vous, tenez-vous à distance de
l’homme tiré du sol, dont le souffle
est dans ses narines ; pour quelle
raison, en effet, tiendrait-on compte
de lui ? ” — Isaïe 2:19-22.
13
Les musaraignes vivent dans des
trous creusés dans le sol, et les
chauves-souris se perchent dans des
grottes sombres et désertes. En outre,
dans les endroits où nichent un grand
26. nombre de chauves-souris règne une
odeur repoussante et leurs déjections
s’accumulent en couches épaisses.
Voilà un cadre tout indiqué pour se
débarrasser d’idoles. Un lieu sombre et
impur est tout ce qu’elles méritent.
Quant aux humains, ils chercheront
refuge dans des grottes et des
crevasses de rochers au jour du
jugement de Jéhovah. Les idoles et
leurs adorateurs connaîtront donc le
même sort. La prophétie d’Isaïe avait dit
vrai : les idoles inertes ne sauvèrent ni
leurs adorateurs ni Jérusalem de la main
de Neboukadnetsar en 607 avant notre
ère.
14
Que feront les gens pendant le jour
du jugement de Jéhovah qui approche,
lorsque le jugement divin s’abattra sur la
chrétienté et sur les autres éléments de
l’empire universel de la fausse religion ?
En voyant la situation se dégrader sur la
terre entière, la plupart se rendront
probablement compte de la futilité de
leurs idoles. Ils chercheront peut-être
refuge et protection, non plus auprès
d’elles, mais dans des organisations
terrestres et profanes, par exemple les
Nations unies, la “ bête sauvage de
couleur écarlate ” de Révélation
chapitre 17. Ce sont “ les dix cornes ” de
cette bête sauvage symbolique qui
détruiront Babylone la Grande, l’empire
universel de la fausse religion, dont la
chrétienté est un élément majeur. —
Révélation 17:3, 8-12, 16, 17.
15
La dévastation et l’incendie de
Babylone la Grande seront sans doute
l’œuvre directe des dix cornes
symboliques, mais en réalité ces actions
correspondront à l’exécution du
jugement de Jéhovah. Révélation 18:8
dit à propos de Babylone la Grande :
“ Voilà pourquoi en un seul jour ses
plaies viendront : mort et deuil et famine,
et elle sera complètement brûlée par le
feu parce que Jéhovah Dieu, qui l’a
jugée, est fort. ” C’est donc à Jéhovah
Dieu, le Tout-Puissant, que reviendra le
mérite d’avoir affranchi l’humanité de la
domination de la fausse religion.
Comme le dit Isaïe, “ Jéhovah seul sera
élevé en ce jour-là. Car c’est le jour qui
appartient à Jéhovah des armées ”. —
Isaïe 2:11b, 12a.
“ Ceux qui te conduisent
te font errer ”
16
Pour qu’une société humaine soit
stable, il lui faut “ soutien et appui ”,
c’est-à-dire des choses nécessaires
comme la nourriture et l’eau, mais,
surtout, des chefs dignes de confiance
capables de guider le peuple et de
maintenir l’ordre social. Or, Isaïe prédit
concernant l’Israël antique : “ Voici que
le vrai Seigneur, Jéhovah des
armées, ôte de Jérusalem et de Juda
soutien et appui, tout soutien de pain
et tout soutien d’eau, homme fort et
guerrier, juge et prophète, devin et
homme d’âge mûr, chef de cinquante,
homme hautement considéré et
conseiller, expert en arts magiques et
habile charmeur. ” (Isaïe 3:1-3). De
simples garçons deviendront princes et
gouverneront au gré de leurs caprices.
Non seulement les dirigeants
opprimeront le peuple, mais encore
“ les gens se tyranniseront l’un
l’autre [...]. Ils se déchaîneront, le
garçon contre le vieillard, l’homme
peu considéré contre celui qu’on doit
honorer ”. (Isaïe 3:4, 5.) Les enfants
“ se déchaîneront ” contre leurs aînés,
sans respect pour eux. Les conditions
de vie seront tombées si bas qu’un
homme dira à un autre qui n’est pas en
mesure de gouverner : “ Tu as un
manteau. Il faut que tu deviennes
pour nous un dictateur ; il faut que
cette masse qu’on a renversée soit
sous ta main. ” (Isaïe 3:6). Mais ceux
27. qui recevront cette invitation la
refuseront ; ils expliqueront qu’ils n’ont ni
la capacité de guérir le pays blessé, ni la
richesse voulue pour assumer pareille
responsabilité. Ils déclareront : “ Je ne
deviendrai pas un homme qui panse
les plaies, et dans ma maison il n’y a
ni pain ni manteau. Non, ne
m’établissez pas comme dictateur sur
le peuple. ” — Isaïe 3:7.
17
Isaïe continue : “ Jérusalem a
trébuché, et Juda est tombé, parce
que leur langue et leurs manières
d’agir sont contre Jéhovah, en se
montrant rebelles aux yeux de sa
gloire. Oui, l’expression de leur
visage témoigne contre eux, et ils
proclament leur péché qui est comme
celui de Sodome. Ils ne l’ont pas
caché. Malheur à leur âme ! Car ils se
sont attiré le malheur. ” (Isaïe 3:8, 9).
Les serviteurs du vrai Dieu se sont
rebellés contre lui en paroles et en
actes. Leur visage n’exprime aucune
honte, aucun repentir ; ce détail, à lui
seul, trahit leurs péchés, des péchés
aussi répugnants que ceux de Sodome.
Ils ont beau avoir contracté une alliance
avec Jéhovah Dieu, lui ne changera pas
ses normes pour eux. “ Tout ira bien
pour le juste, car ils mangeront le
fruit de leurs manières d’agir.
Malheur au méchant ! — Malheur, car
le traitement qu’ont infligé ses mains
lui sera infligé ! Quant à mon peuple,
ses préposés aux corvées sévissent,
oui des femmes dominent sur lui. Ô
mon peuple, ceux qui te conduisent
te font errer, et ils ont embrouillé le
chemin de tes sentiers. ” — Isaïe
3:10-12.
18
Jéhovah ‘ prononce une sentence ’
et ‘ entre en jugement ’ contre les
anciens et les princes de Juda : “ Vous,
vous avez incendié la vigne. Ce qui a
été volé à l’affligé est dans vos
maisons. Qu’avez-vous à écraser
mon peuple et à broyer le visage des
affligés ? ” (Isaïe 3:13-15). Au lieu de
travailler au bien du peuple, les chefs
pratiquent la tromperie. Ils abusent de
leur autorité en s’enrichissant au
détriment des pauvres et des indigents.
Mais ces chefs doivent répondre à
Jéhovah des armées de l’oppression
des affligés. Quelle mise en garde pour
ceux qui ont des responsabilités
aujourd’hui ! Ils doivent toujours veiller à
ne pas abuser de leur autorité.
19
La chrétienté, particulièrement son
clergé et ceux qui sont à sa tête, s’est
emparée frauduleusement de la plupart
des possessions du peuple, qu’elle a
opprimé et continue d’opprimer. En
outre, elle bat, elle persécute, elle
maltraite le peuple de Dieu, et elle
couvre d’opprobre le nom de Jéhovah.
En temps voulu, Jéhovah ne manquera
pas d’entrer en jugement contre elle.
“ Une marque au feu
au lieu de beauté ”
20
Après avoir condamné les méfaits
commis par les chefs, Jéhovah s’en
prend à la femme qu’est Sion, ou
Jérusalem. Apparemment parce que
c’est la mode, “ les filles de Sion ”
portent des “ chaînettes ” aux pieds
(c’est-à-dire attachées aux chevilles) qui
tintent mélodieusement. En mesurant
ainsi leurs enjambées et en marchant
“ à petits pas ”, les femmes se donnent
une allure peut-être considérée comme
distinguée et féminine. Où est le mal,
après tout ? Le mal réside dans la
mentalité de ces femmes. Jéhovah
précise : “ Les filles de Sion se sont
enorgueillies et [...] elles vont le cou
tendu en lançant des œillades. ”
(Isaïe 3:16). Un tel orgueil mérite d’être
puni.
28. 21
C’est la raison pour laquelle,
lorsque le jugement de Jéhovah viendra
sur le pays, ces orgueilleuses “ filles de
Sion ” perdront tout, jusqu’à la beauté
dont elles sont si fières. Jéhovah
prophétise en effet : “ Oui Jéhovah
couvrira alors de dartres le crâne des
filles de Sion, et Jéhovah lui-même
dénudera leur front. En ce jour-là,
Jéhovah ôtera la beauté des anneaux,
et les bandeaux et les ornements en
forme de lune, les pendants
d’oreilles, les bracelets et les voiles,
les coiffures, les chaînettes des pieds
et les ceintures, les ‘ maisons de
l’âme ’ [probablement des récipients
contenant du parfum] et les coquillages
bruissants [ou : amulettes] qui servent
d’ornements, les bagues et les
anneaux de nez, les habits d’apparat,
les larges tuniques, les capes et les
bourses, les miroirs à main, les
vêtements de dessous, les turbans et
les grands voiles. ” (Isaïe 3:17-23 ;
voir les notes). Quel tragique
revirement de situation !
22
Le message prophétique continue
en ces termes : “ Au lieu d’huile de
baumier il y aura une odeur de moisi ;
au lieu de ceinture, une corde ; au
lieu de cheveux arrangés avec art, la
calvitie ; au lieu d’un vêtement
somptueux, une toile de sac qu’on
ceint autour des reins ; une marque
au feu au lieu de beauté. ” (Isaïe
3:24). En 607 avant notre ère, les
orgueilleuses habitantes de Jérusalem
passent de l’opulence à la pauvreté.
Elles perdent leur liberté et reçoivent
“ une marque au feu ” en signe de leur
condition d’esclaves.
“ À coup sûr, elle sera nettoyée ”
23
S’adressant cette fois à la ville de
Jérusalem, Jéhovah proclame : “ Tes
hommes tomberont par l’épée, et ta
force par la guerre. Oui, ses entrées
gémiront et mèneront deuil, et, à
coup sûr, elle sera nettoyée. Elle
s’assiéra à terre. ” (Isaïe 3:25, 26). Les
hommes de Jérusalem, même ses
hommes forts, seront tués à la bataille.
La ville sera rasée. Pour “ ses entrées ”,
ce sera une époque ‘ de gémissement et
de deuil ’. Jérusalem sera “ nettoyée ” et
désolée.
24
La perte des hommes tués par
l’épée aura des conséquences
désastreuses pour les femmes de
Jérusalem. Isaïe conclut cette partie de
son livre prophétique en annonçant :
“ Sept femmes saisiront un seul
homme en ce jour-là, en disant :
‘ Nous mangerons notre propre pain
et nous nous vêtirons de nos propres
manteaux ; puissions-nous
seulement être appelées de ton nom
pour enlever notre opprobre. ’ ” (Isaïe
4:1). Le manque d’hommes à marier se
fera tant sentir que plusieurs femmes
s’attacheront à un seul afin d’être
appelées de son nom, c’est-à-dire d’être
connues publiquement comme ses
épouses ; elles voudront s’épargner
ainsi la honte de ne pas avoir de mari.
La Loi mosaïque exigeait d’un mari qu’il
procure à sa femme nourriture et
vêtement (Exode 21:10). Mais ces
femmes sont prêtes ‘ à manger leur
propre pain et à se vêtir de leurs propres
manteaux ’, autrement dit à dispenser
l’homme des obligations que lui impose
la Loi. Une situation bien critique pour
les “ filles de Sion ” auparavant pétries
d’orgueil !
25
Jéhovah humilie les orgueilleux.
En 607 avant notre ère, il fait
effectivement “ se courber ” la fierté du
peuple qu’il a choisi et ‘ abaisse ’ sa
“ morgue ”. Puissent les vrais chrétiens
29. ne jamais oublier que “ Dieu s’oppose
aux orgueilleux, mais [qu’]aux humbles il
donne la faveur imméritée ” ! —
Jacques 4:6.
*** ip-1 chap. 6 p. 61-72 ***
Jéhovah Dieu a pitié d’un reste
Isaïe 4:2-6
Une violente tempête s’abat sur une
région très peuplée. Des vents
impétueux, des pluies torrentielles et un
flot dévastateur ouvrent une large trouée
d’un bout à l’autre du pays ; ils
entraînent les maisons, détruisent les
récoltes et emportent des vies. Mais
rapidement la tempête passe, et dans
son sillage une période de calme
s’installe. Pour les survivants, c’est le
moment de restaurer et de rebâtir.
2
Le prophète Isaïe annonce quelque
chose de similaire au sujet de Juda et
de Jérusalem. Les nuages du jugement
divin s’amoncellent dangereusement. À
juste titre, du reste, car la culpabilité de
la nation est grande. Tant les chefs que
le peuple ont rempli le pays d’injustice et
de meurtres. C’est pourquoi, par
l’intermédiaire d’Isaïe, Jéhovah dévoile
la culpabilité de Juda et prévient cette
nation fautive qu’il exécutera son
jugement sur elle (Isaïe 3:25). La
tempête laissera le pays de Juda
complètement désolé. Une perspective
qui doit attrister Isaïe.
3
Il y a toutefois une bonne nouvelle !
La tempête, qui représente le jugement
juste de Jéhovah, passera, et un reste
survivra. Le jugement porté par Jéhovah
contre Juda sera en effet tempéré par sa
miséricorde. Le message inspiré
consigné par Isaïe en Isaïe 4:2-6 nous
transporte à cette époque heureuse.
Heureuse parce qu’en quelque sorte le
soleil perce soudain les nuages et la
scène change : après l’exécution du
jugement, terrible à voir et à entendre
(décrit en Isaïe 2:6–4:1), on découvre un
pays et un peuple remarquablement
transformés.
4
La prophétie d’Isaïe concernant le
rétablissement d’un reste et la sécurité
qu’il connaît ensuite a également un
accomplissement à notre époque, dans
“ la période finale des jours ”. (Isaïe 2:2-
4.) Examinons ce message d’actualité,
car il n’a pas seulement une signification
prophétique ; il nous renseigne aussi sur
la miséricorde de Jéhovah et révèle
comment on peut en bénéficier.
‘ La germination de Jéhovah ’
5
Tandis qu’il regarde par-delà la
tempête à venir, vers une époque plus
paisible, le ton d’Isaïe prend un tour
chaleureux. Il écrit : “ En ce jour-là, ce
que Jéhovah fera germer [“ la
germination (le germe) de Jéhovah ”,
note] sera pour la parure et pour la
gloire, et le fruit du pays sera quelque
chose dont on pourra être fier et
quelque chose de magnifique pour
les rescapés d’Israël. ” — Isaïe 4:2.
6
Isaïe parle ici de restauration. Le
nom hébreu rendu par “ germe ” désigne
‘ tout ce qui pousse de la terre, un
rejeton, une branche ’. Il évoque la
prospérité, l’accroissement et des
bénédictions de la part de Jéhovah.
Isaïe dépeint donc un tableau d’espoir :
la désolation qui approche ne durera
pas indéfiniment. Grâce à la bénédiction
de Jéhovah, le pays de Juda autrefois
prospère donnera de nouveau du fruit
en abondance. [Note : Certains biblistes
pensent que l’expression ‘ germe de Jéhovah ’
est une allusion au Messie, qui n’apparaîtrait
30. qu’après la restauration de Jérusalem. Dans les
targoums, on trouve une paraphrase de cette
expression : “ Le Messie (Christ) de Jéhovah. ” Il
est à noter que Jérémie emploiera plus tard le
même nom hébreu (tsèmaḥ) quand il qualifiera
le Messie de “ germe juste ” suscité à David. —
Jérémie 23:5 ; 33:15.] — Lévitique 26:3-5.
7
Isaïe décrit en termes éloquents la
magnificence de la transformation qui
aura lieu. La germination de Jéhovah
“ sera pour la parure et pour la gloire ”.
Le mot “ parure ” rappelle la beauté de
la Terre promise au moment où Jéhovah
la donna à Israël, des siècles plus tôt.
Elle était si belle qu’on la considérait
comme “ la parure [“ le joyau ”, Bible
d’Osty] de tous les pays ”. (Ézékiel
20:6.) Les propos d’Isaïe donnent donc
au peuple l’assurance que le pays de
Juda retrouvera sa gloire et sa beauté
passées. Il aura l’allure d’un joyau qui
embellit la terre.
8
Mais qui sera là pour profiter de la
beauté retrouvée du pays ? “ Les
rescapés d’Israël ”, écrit Isaïe.
Effectivement, certains survivront à la
destruction humiliante prédite
précédemment (Isaïe 3:25, 26). Un reste
des survivants retournera en Juda et
participera à sa restauration. Pour ces
Juifs qui reviendront (“ les rescapés ”), le
produit abondant de leur pays rétabli
deviendra “ quelque chose dont on
pourra être fier et quelque chose de
magnifique ”. (Isaïe 4:2.) L’humiliation
causée par la désolation cédera la place
à un sentiment de fierté renouvelée.
9
Isaïe avait dit vrai : la tempête du
jugement s’abattit en 607 avant notre
ère, lorsque les Babyloniens détruisirent
Jérusalem et que de nombreux Israélites
moururent. Certains survécurent et
furent emmenés en exil à Babylone ;
toutefois, sans la pitié et la miséricorde
divines, il n’y aurait pas eu un seul
survivant (Nehémia 9:31). Finalement,
Juda fut laissé dans une désolation
complète (2 Chroniques 36:17-21). Puis,
en 537, le Dieu de miséricorde permit à
des “ rescapés ” de retourner en Juda
afin de rétablir le vrai culte [Note : Les
“ rescapés ” comprenaient des Israélites nés en
exil. On pouvait les tenir pour tels dans la
mesure où ils ne seraient jamais venus à
l’existence si leurs ancêtres n’avaient pas
survécu à la destruction. — Ezra 9:13-15 ; voir
aussi Hébreux 7:9, 10.] (Ezra 1:1-4 ; 2:1). La
repentance sincère de ces exilés
revenus dans leur pays est
magnifiquement exprimée dans le
Psaume 137, qui fut probablement écrit
pendant la captivité ou peu après. De
retour en Juda, ils labourèrent la terre et
l’ensemencèrent. Imaginez leurs
sentiments en voyant que Jéhovah
bénissait leurs efforts, puisqu’il faisait
germer et rendait la terre fertile comme
“ le jardin d’Éden ”. — Ézékiel 36:34-36.
10
Un rétablissement similaire a eu
lieu de nos jours. Au début du
XXe
siècle, les Étudiants de la Bible
(c’est le nom qu’on donnait alors aux
Témoins de Jéhovah) se sont retrouvés
spirituellement captifs de “ Babylone la
Grande ”, l’empire universel de la fausse
religion (Révélation 17:5). Bien qu’ils
aient rejeté bon nombre
d’enseignements de la fausse religion,
ils étaient toujours souillés par des idées
et des pratiques d’origine babylonienne.
À cause de l’opposition suscitée par le
clergé, certains d’entre eux ont été
emprisonnés au sens propre. Leur pays
spirituel (leur domaine religieux ou
spirituel) était en désolation.
11
Mais au printemps 1919, Jéhovah
a eu pitié de ce reste d’Israélites
spirituels (Galates 6:16). Il a vu leur
repentance et leur désir de l’adorer en
vérité, si bien qu’il a fait en sorte qu’ils
soient libérés de prison et, surtout,
libérés de la captivité spirituelle. Ces