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Cours O.C.E. de DCEO2
L’éclaircissement des dents
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Le traitement des dyschromies conduit encore trop souvent à des solutions
prothétiques mutilantes. Il existe pourtant des techniques simples pour « blanchir »
une dent, permettant d’écarter des méthodes plus sophistiquées et plus délabrantes.
Nous nous proposons de décrire des techniques qui semblent présenter aujourd’hui
un rapport coût/bénéfice/risque favorable.
A) L’ECLAIRCISSEMENT INTERNE
I) Etiologie des dyschromies
Plusieurs étiologies sont à l’origine des dyschromies acquises des dents dépulpées.
1) Nécroses et hémorragies pulpaires :
Les dyschromies dentaires consécutives à un traumatisme sont les plus fréquentes.
La coloration dentaire survient soit par dégénérescence du parenchyme pulpaire
nécrosé, soit par le fait d’une hémorragie pulpaire qui envahit les tubules dentinaires.
L’hémolyse libère alors de l’hémoglobine qui, en se dégradant, libère à son tours
divers produits responsables de colorations spécifiques. Une hémorragie pulpaire
crée une coloration secondaire toujours plus marquée qu’une dégénérescence
pulpaire. Par ailleurs, le degré de coloration est directement proportionnel au temps
écoulé entre le trauma et le traitement.
2) Traitements endodontiques incomplets :
Les obturations incomplètes du système endocanalaire, les oublis d’un canal ignoré
et les débris de parenchyme pulpaire persistant au niveau de la chambre mal ouverte
sont à l’origine de dyschromies par un mécanisme identique à celui de la nécrose.
3) Pigmentations iatrogéniques :
Les produits de corrosion issus de restaurations métalliques et certains produits
endodontiques (ciments d’obturation canalaire, gutta-percha ) peuvent diffuser dans
les tubules dentinaires et colorer l’organe dentaire.
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4) Etanchéité des restaurations coronaires :
On rencontre très souvent des problèmes de coloration secondaire des dents
dépulpées par suite d’une mauvaise qualité de la restauration en fin de traitement
endodontique. Outre le problème de percolation bactérienne, le passage régulier des
agents chromogènes dans la structure dentinaire a pour effet de colorer l’organe
dentaire plus ou moins rapidement. Il est donc primordial d’effectuer dans les plus
brefs délais une restauration coronaire étanche à la suite d’un traitement
endocanalaire.
II) Conditions nécessaires à l’éclaircissement interne
1) Structure dentaire coronaire
Une épaisseur suffisante des parois coronaires résiduelles est indispensable pour
éviter toute fracture ultérieure éventuelle. Il faudra rechercher toute fêlure ou toute
anomalie dysplasique marquée. Les dents restaurées par d’énormes restaurations
en composite constituent une contre indication au blanchiment interne.
2) Obturation canalaire étanche
L’obturation canalaire, évaluée à l’examen radiographique, doit être parfaite. Un
manque d’étanchéité et de radio-opacité, la présence d’une lésion apicale, un canal
partiellement obturé et la présence d’une symptomatologie sur la dent concernée
sont des signes indiquant une reprise de traitement avant d’envisager une technique
d’éclaircissement.
III) Contre indications de l’éclaircissement interne
La technique d’éclaircissement a pour but de rechercher une fragmentation des
molécules pigmentées par un phénomène d’oxydation. Ce résultat est obtenu par
l’action d’un agent oxydant qui n’agit que sur les pigments organiques. La plupart des
pigments colorés que l’on rencontre sont des pigments organiques. C’est dans un
principe d’action que se trouvent les limites et les contre indications de
l’éclaircissement interne.
IV) Traitement
Le produit recommandé est un mélange de perborate de sodium et d’eau. Le
perborate de sodium se présente sous forme d’une poudre cristallisée, blanche et
anhydre. En présence d’humidité, il se forme un composé de métaborate de sodium
et de peroxyde d’hydrogène qui déclenchera un lent processus d’oxydation. Son
action peut être plus rapide par un apport de peroxyde d’hydrogène à 10 volumes,
mais les résultats obtenus ne montrent pas de différences d’éclaircissement justifiant
un tel apport.
Il est important de noter que les effets secondaires augmentent avec les
concentrations croissantes de peroxyde d’hydrogène. La libération très progressive
de ses composants lui donne une action prolongée dans le temps, favorable aux
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techniques ambulatoires, pour l’éclaircissement des dents dépulpées. L’inconvénient
de la technique perborate de sodium + eau est la longueur du traitement.
- Réalisation d’une cavité corono-radiculaire aux dépens de l’obturation
canalaire avec une fraise boule.
- L’obturation canalaire est étanchéifiée par la mise en place d’un bouchon de
ciment ( CVI ).
- Le mélange perborate de sodium + eau en consistance « crème
fraîche épaisse » est placé dans la cavité, puis tassé à l’aide d’une boulette de
coton.
- La fermeture provisoire de la dent est réalisée à l’aide d’une petite boulette de
coton et d’un bouchon de ciment de verre ionomère, ou d’eugénate à prise
rapide.
- Après éclaircissement (environ 2 semaines), la dent est restaurée à l’aide d’un
composite.
B) L’ECLAIRCISSEMENT EXTERNE
La demande des patients pour les traitements d'éclaircissement est encore plus forte
depuis les campagnes médiatiques associées à la mise à disposition en grande
surface de produits grand public. L'éventail de produits à notre disposition étant de
plus en plus large, nous proposons de faire le point sur les techniques et les produits
actuels (à l'exception des produits grand public disponibles au rayon hygiène des
grandes surfaces ).
1) Indications :
La mise en œuvre des traitements d'éclaircissement dentaire par voie externe ne
peut être réalisée qu'après un examen clinique rigoureux de la denture et du
parodonte afin d'éliminer les situations cliniques contre-indiquées. Cet examen
permettra de diagnostiquer l'étiologie de la dyschromie en cause et de décider de la
méthode, du produit utilisé et de sa concentration, ainsi que la durée du traitement
envisagé.
Ces traitements s'adressent à des dents vitales, saines ou restaurées par de petites
obturations, préférentiellement en composite, et présentant une dyschromie, de
nature intrinsèque, légère ou modérée, sans atteinte structurelle pathologique.
2) Contre-indications :
Elles sont pour la plupart relatives :
• Les cas de dyschromies saturées et les atteintes “en bandes colorées“. Les
atteintes les plus colorées, très saturées et peu lumineuses, seront
efficacement résolues par des recouvrements pelliculaires prothétiques.
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• Certaines dyschromies dues essentiellement à la diffusion de sels métalliques
et au pronostic de réussite réservé.
Contre-indications spécifiques à la méthode ambulatoire avec gouttières :
• Les patients présentant des reconstitutions multiples et extensives à
l'amalgame ou avec des obturations temporaires (oxydation et dégradations
accélérées)
• Les patients souffrant de Dysfonctionnements Algo-Maxillaires. (port des
gouttières inadaptées à leur cas)
Contre-indication absolue :
• Les jeunes patients (dents déciduales et dents permanentes)
• Les sujets révélant des dents présentant une hypersensibilité avant tout
traitement
• Les atteintes parodontales profondes
• Les dents porteuses d'obturations non jointives ou cariées
• Les fumeurs invétérés.
3) Traitement
• Pour les cas faiblement atteints, le traitement au fauteuil nécessitera une
seule application, avec un produit à forte concentration (peroxyde d'hydrogène
à 35%) et une lampe à haute énergie, alors que le traitement ambulatoire
durera quelques semaines (10 à 21 jours) mais avec des produits nettement
moins concentrés (peroxyde de carbamide à 10 ou 15%).
• Pour les cas plus atteints, c'est le traitement ambulatoire avec des produits
faiblement concentrés (peroxyde de carbamide à 10%) contenus par une
gouttière rigoureusement adaptée, qui devra généralement être mis en œuvre
pour plusieurs semaines ( 2 à 5 ). L'éclaircissement pratiqué intéressera tout
le secteur antérieur maxillaire et mandibulaire de 1ère molaire à 1ère molaire.
Le traitement au fauteuil dans ces cas ne sera pratiqué que de manière
exceptionnelle, car il nécessiterait de nombreuses séances utilisant du
peroxyde d'hydrogène à forte concentration. Il peut être programmé en
séances intermédiaires lors d'un traitement combiné, pour accélérer
l'obtention du résultat.
Les conseils prodigués aux patients concernant les conséquences des colorants
rencontrés quotidiennement dans l'alimentation ou par une attitude tabagique
influenceront la pérennité du résultat.
Produits utilisés en technique ambulatoire
En méthode ambulatoire le produit choisi par la plupart des marques est le peroxyde
de carbamide utilisé en association avec des gouttières thermoformées
rigoureusement adaptées. La concentration la plus utilisée est à 10% de peroxyde de
carbamide. Les concentrations plus importantes, notamment le 15 %, permettent de
diminuer le temps de contact avec les dents, mais les concentrations encore
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supérieures apportent quelques risques supplémentaires, notamment sur la réaction
de sensibilité dentaire ressentie au cours du traitement.
Le peroxyde de carbamide, se compose de peroxyde d'hydrogène pour 1/3 et d'urée
pour 2/3.
Produits utilisés au fauteuil
Pour une utilisation au fauteuil (avec ou sans lampe dédiée) c'est le peroxyde
d'hydrogène qui est principalement choisi. Son action est plus efficace avec
l'utilisation d'une lampe à haute énergie plutôt qu'une simple lampe à polymériser les
composites. La concentration la plus souvent proposée est 30 ou 35 %. Les
concentrations importantes permettent de diminuer le temps de contact nécessaire
avec les surfaces dentaires, mais occasionnent également quelques risques
supplémentaires notamment sur la réaction de sensibilité post-opératoire ressentie
par les patients.
Les dentifrices « blanchissant »
Pour obtenir un bon nettoyage afin d'optimiser l'effet du traitement, on peut conseiller
de prescrire, pendant la durée effective du traitement d'éclaircissement, un dentifrice
« blanchissant » ou « anti-tâches » Ces dentifrices contiennent un principe quelque
peu abrasif et ne peuvent être conseillés pour une prophylaxie bi- ou tri-quotidienne
au risque, à terme, d'une altération de la couche superficielle de l'émail.
BIBLIOGRAPHIE
Louis JJ, Bonnet E. Techniques d’éclaircissement dentaire et projet esthétique.
Réalités cliniques, 2003 ; 14 : 393-407.
Lehmann N, Bonnet E. Eclaircissement interne des dents dépulpées : les clés du
succès. Clinic, 2005 ; 26 : 375-382.