Congrès unef : ce que vous ne lirez nulle part ailleurs sur le congrès de l'unef
1. Congrès de l’UNEF
Ce que vous ne lirez
nulle part ailleurs...
Du 7 au 10 avril, l’UNEF organise son 82ème congrès national. Nous nous sommes procuré
le dernier volet du journal de l’UNEF, « Etudiants de France », à destination de ses adhérents,
numéro « hors série » portant tout spécialement sur ce fameux congrès. Il est divisé en deux
parties : un rapport d’activité portant d’avril 2009 à février 2011, et les 4 contributions
différentes, de 3 « tendances » et d’une « sensibilité », sur lesquelles les adhérents pourront
voter.
Le rapport et les contributions recèlent de perles qu’il est de notre devoir de dévoiler au
plus grand nombre, notamment à ceux qui n’auraient pas le courage de lire l’ensemble des
textes indigestes. Il faut que cesse de persister cette image d’ « UNEF - syndicat de tous les
étudiants », alors qu’il s’agit d’une organisation clairement de gauche dont la tendance
majoritaire se retrouve dans la gauche du PS pendant que son aile d’extrême-gauche
virulente tente de lui ravir la place. L’unité n’est que de façade et l’association ne regroupe
qu’un très faible nombre d’étudiants.
Outre la récupération du moindre événement politique et universitaire en France par l’UNEF
et l’hypocrisie totale de ce « syndicat » sur des faits concrets, comme la réforme des retraites
du début d’année, le rapport d’activité présente des postures très contestables de l’UNEF
dont le « syndicat » se félicite. Premiers paragraphes et première expression douteuse :
« les premiers cycles universitaires sont synonymes de « boucheries pédagogiques » pour
une majorité d’étudiants ». Le ton est donné.
Création d’associations fictives, point Godwin, « propagation de la vérité », relancement de
« l’internationale étudiante », soutien aux blocages d’université, blocage des conseils
d’université, « renverser la table des négociations plutôt que s’y attarder », lutter « contre le
colonialisme israëlien »... tout ce que vous lirez ici entre guillemets est tiré in extenso de ce
fameux numéro « spécial congrès » du journal interne de l’UNEF.
2. 2009 - 2011 de l’UNEF
« Rappor t d’activité »
En 2009
Septembre : L’UNEF a participé à la Fête de l’Humanité où elle tient régulièrement un stand.
Retour aux sources ?
Octobre : L’UNEF participe à la « votation citoyenne » pour s’opposer à la « privatisation de la Poste ».
Novembre : soutien au mouvement de grève des travailleurs clandestins, notamment en participant à la
manifestation du 29 novembre.
Le même mois l’UNEF demande la régularisation des étudiants « sans-papiers » (clandestins) et nous
apprenons, première perle, que « grâce à son action, l’UNEF a pu régulariser 72 étudiants sans papiers
depuis 2008 ». Il faudra que l’organisation nous explique de quelle manière elle a procédé...
L’UNEF contre « l’occupant israëlien » !
En 2010
15 avril 2010 : l’UNEF organise un « rassemblement »
Janvier : « l’UNEF signe un appel, initié par place de la Sorbonne avec l’UGICT CGT. « L’UNEF a su
SOS Racisme, pour exiger l’arrêt du débat sur intervenir fermement pour soutenir les soulèvement de
l’identité nationale. » la jeunesse dans le monde arabe et au sujet du conflit
israélo-palestinien. Lors de l’assaut meurtrier contre la
Février : l’UNEF est invitée au congrès de la FSU flottille de Gaza, l’UNEF a appelé à participer aux
à Lille du 1er au 5. rassemblements organisés le soir même et était en tête
de cortège lors de la forte mobilisation du 5 juin. Les
Juin : l’UNEF est invitée au congrès de la CFDT liens ont été également renoués avec la GUPS. »
à Tours du 7 au 11.
Rappelons que « l’Union Générale des Etudiants de
Septembre : l’UNEF se félicite de ses actions Palestine » (GUPS) est une association qui considère
illégales et de son irrespect de la démocratie : que « la Palestine est occupée » et dont les revendica-
« l’UNEF bloque [physiquement] dès les tions, retrouvées sur son site, sont claires :
premiers jours de septembre les conseils
d’administration des universités de Nancy et de - L’établissement et la reconnaissance de l’Etat
Metz ». palestinien, viable et souverain avec Jérusalem comme
capitale.
- Le démantèlement de toutes les colonies israéliennes
et du Mur d’annexion.
En 2011 - La fin de la « politique d’apartheid contre le peuple
palestinien ».
Février : l’UNEF soutient le collectif « Jeudi Noir - La libération de tous les prisonniers palestiniens des
» en rejoignant les squatteurs de logements « prisons de l’occupation ».
inoccupés. Encore une action illégale ; le MET - Le suivi de la campagne BDS – Boycott, Désinvestis-
avait réagi sur le scandale « Jeudi Noir ». sement, Sanctions – contre l’Etat d’Israël.
Et l’UNEF est invitée au congrès de Force Encore une fois, nous sommes très loin des préoccupa-
Ouvrière du 14 au 18 février. tions étudiantes !
3. Les « contributions » des 3 « tendances »
Tendance majorité nationale (Majo) : « Syndicalistes acteurs
de la transformation sociale ». Rien que ça !
La « majo », comme elle est communément appelée, actuellement à la tête de l’UNEF, propose un texte très clairement ancré à
gauche de la gauche. En vrac, voici quelques perles pour se mettre en jambe :
- « agir pour changer l’ordre de la société »
- « s’attaquer au mythe hypocrite de la réussite individuelle »
- « la jeunesse ne se résume pas à une étape transitoire par défaut mais définit un rôle social à part entière »
- « nécessaire mise en place d’un statut social pour la jeunesse »
- « la délivrance automatique d’un titre de séjour pour tout détenteur d’une carte d’étudiant »
- « L’UNEF s’oppose à toute forme de salariat étudiant » sans beaucoup plus de précisions.
- « les étudiants doivent jouer leur rôle d’intellectuels responsables [afin de] changer l’université pour changer la société.»
- « l’intégration de modules d’enseignement sur l’étude de genre à l’université »
- L’UNEF s’oppose au droit de propriété en demandant « la réquisition des logements vides ».
La « majo » soutient « l’allocation d’autonomie », proposition de gauche datant de 1936 que le PS a ressorti le week-end
dernier et qui est déjà très critiquée.
Elle la définit ainsi : « plus qu’une simple mesure d’aide sociale, l’allocation d’autonomie est un choix de société ».
Après la tentative de créer « l’homme nouveau » du siècle dernier, l’UNEF soutient l’utopie vide de sens d’une « nouvelle uni-
versité » dans laquelle l’échec d’un seul étudiant sera considéré comme l’échec de l’ensemble du système » et souhaite porter
une « révolution pédagogique [qui] changera le rapport des étudiants à leurs enseignements ».
En ce qui concerne les examens : « La notation des évaluations doit reposer sur un barème préétabli en fonction d’attentes
connues par les étudiants. […] Les étudiants doivent être intégrés dans les jurys d’examens ».
L’UNEF gagne son point Godwin en considérant que certaines actions du gouvernement « rappellent les heures les plus sombres
de notre histoire ».
Enfin, la majorité sortante entend « propager la vérité » et « relancer l’internationale étudiante ». Tout un programme !
La sensibilité DEMOS de la tendance « majorité nationale » choisit tout simplement l’incohérence dans le peu de place qui lui
est laissée : « Lorsque l’urgence climatique se fera encore plus prégnante qu’aujourd’hui, le risque sera grand de voir nos droits
rognés sur l’autel de la responsabilisation individuelle ». Que cherchent à nous dire ces idéologues ? Mystère.
Tendance Refondation Syndicale (TRS)
Analyser, Mobiliser, Dialoguer : Agir en progressiste.
L’aile la moins à gauche, très minoritaire, s’en donne à cœur joie contre l’UNEF actuelle. Cependant, cette tendance défend l’
« égalité réelle », le projet du parti socialiste développé par Benoît Hamon.
Critiques, au hasard, la TRS dans le texte :
- « en décrétant que l’étudiant est « un jeune travailleur intellectuel », l’UNEF a figé son analyse sur deux définitions simplistes
: les étudiants sont tous jeunes et tous semblables. »
- « rester campés sur des positions de principe par peur de l’avenir est contraire au devoir d’un syndicat progressiste à l’écoute
des étudiants ».
- La TRS reconnaît : « nous ne rassemblons qu’un faible nombre d’étudiants ».
- « Il ne sert à rien de créer des dizaines d’associations fictives comme notre syndicat en a pris l’habitude. »
Selon la TRS, pour unifier le milieu étudiant, deux méthodes sont envisageables, et l’UNEF a fait le mauvais choix :
« le choix du sectarisme et de l’écrasement de nos adversaires potentiels ou bien celui de l’ouverture et du dialogue.
Malheureusement l’UNEF a fait le premier choix ».
4. Tendance pour une UNEF Unitaire et Démocratique (TUUD)
Face à la crise et aux attaques :
résister au quotidien et préparer la contre-offensive.
C’est l’aile « extrême-gauche », la deuxième tendance de l’UNEF. La plupart de ses partisans sont encartés ou militent pour le Parti de
Gauche, le Parti Communiste ou le NPA. Leurs camarades de la « majo » passent un temps fou à les encadrer et parlent d’eux comme
de « gauchistes ». Leur philosophie ? « Plutôt que de s’y attarder, renverser la table des négociations ». Pas très constructif pour « le »
syndicat étudiant !
Pour commencer, la TUUD nous explique que « la lutte des classes revient sur le devant de la scène à une échelle internationale », que
l’on a affaire à une « stigmatisation perpétuelle de notre génération » dans un « projet global de précarisation de toute une classe d’âge
». Ceci avant de se vanter de proposer un syndicalisme avec une « stratégie qui parte du réel » et qui préfère « plutôt que de s’y attarder,
renverser la table des négociations ». Vive la démocratie et le débat d’idées !
Cette même TUUD en appelle à « rompre avec l’idéalisme militant qui gangrène les grilles d’analyse de l’organisation » tout en expliquant
que « le gouvernement s’applique à casser les droits étudiants », et pratique « l’écrémage social à l’université ». Un peu de vérité dans le
discours de la TUUD qui reconnaît que l’association qui se revendique « syndicat des étudiants [...] ne repose que sur 1% de syndiqués ».
Ensuite, l’aspect « démocratique » de l’UNEF est torpillé : « Les tendances minoritaires du syndicat n’ayant toujours pas accès au fichier
des adhérents, leur droit à s’adresser à l’ensemble du syndicat n’est pas respecté [...] Le fonctionnement du syndicat donne une place
démesurée à la tendance majoritaire [et] le calcul des temps d’intervention est inéquitable ».
Par contre l’idée de démocratie préoccupe beaucoup moins la TUUD quand il s’agit d’autre chose que des intérêts propres de la tendance
: « Le blocage de l’université s’il est le reflet d’un mouvement massif permet de dégager du temps pour instaurer un climat de lutte »,
rien que ça !
Selon cette extrême-gauche, « le fondement du syndicalisme étudiant est de placer les étudiants et les jeunes dans un camp social »
et a vocation à « renverser l’ordre des choses ». De manière très floue, la TUUD souhaite instaurer un « statut social » pour les jeunes.
Explications : « fondée sur le « risque jeune » au même titre que le risque maladie, chômage ou vieillesse, ce statut social doit ouvrir de
nouveaux droits permettant d’échapper à la précarité imposée ».
La TUUD considère que « les jeunes doivent bénéficier d’un droit à la rétribution avant leur premier emploi (…) l’allocation d’autonomie
doit donc être conçue comme un présalaire universel ». Parallèlement à ça, il faudrait qu’ils puissent pouvoir « valider leurs années
d’études comme autant d’annuités comptant pour le calcul de la retraite ».
A contrario de ce qui se fait partout dans le monde, la tendance d’extrême-gauche revendique un « financement 100% public de
l’enseignement supérieur ». Selon la TUUD, « accepter le développement des stages ou de l’apprentissage c’est accepter l’idée des libéraux
que l’université serait responsable du chômage. »
Alors que la « majo » se veut « féministe », la TUUD critique l’application étrange de cette idéologie au sein de l’UNEF actuelle :
« répartition des taches dans le syndicat ? La parité est-elle respectée lors des élections étudiantes ? » et désire « ne pas reproduire de
discriminations à l’interne ».
Pour finir, encore un coup sur Israël : « La question palestinienne, est un enjeu central des questions internationales, nous devons soutenir
les palestiniens qui luttent contre le colonialisme israélien. » C’est effectivement central pour un «syndicat étudiant»....
Vous l’avez compris, loin d’être une simple organisation étudiante, l’UNEF est un
mouvement politique très marqué à gauche. A voir ce qu’ils s’envoient entre eux,
le congrès risque d’être animé ! L’occasion pour tous ceux qui le souhaiteront de
découvrir le vrai visage de cette oganisation.
www.mouvementdesetudiants.fr
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