1. LA PLACE ET LE ROLE DE LA FEMME DANS
L’EXPLOITATION FAMILIALE AGRICOLE ET RURALE
EN AFRIQUE
.
Problématique du financement
Présenté par Wolfgang OSSOA
Directeur du Centre de Ressources et de Formation de MIFED
.
DECEMBRE 2013
2. PLAN DE L’EXPOSE
1. Généralités.
2. La demande en service financier
3. L’offre de service financier.
4. Les propositions de sorties de l’isolement
.
3. 1. Généralités
Le financement de l’agriculture familiale rurale
recouvre des domaines de nature différente.
Ce financement s’adresse spécialement à un public
de manque : manque de capitaux, manque de
formation, manque d’information, manque de
garantie.
Il intervient dans un environnement contraignant.
Les atouts de ce secteur sont non négligeables.
4. La demande en services financiers
L’économie rurale au Cameroun couvre
principalement les domaines de l’agriculture, de
l’élevage, l’exploitation forestière et la pêche. Ce
secteur est un véritable moteur de croissance, il
représente en moyenne 55% des recettes
d’exportation du pays.
5. Pour les seules exploitations agricoles (hors agro-
industries), la réalisation des objectifs de
développement des différentes productions à
l’horizon 2015, génère des besoins de financement de
court terme ou des intrants qui croissent
annuellement pour s’établir à environ 235 milliards
de FCFA par an à partir de 2015, soit probablement
une augmentation de l’ordre de 200 milliards par
rapport à la situation actuelle.
6. Les différents moyens pour les couvrir sont (i)
l’autofinancement constitué par l’épargne des
producteurs, (ii) l’investissement direct des élites
dans le secteur, (iii) les subventions, (iv) le crédit
Dans notre hypothèse de travail, le secteur de
l’agriculture familiale représente environ 30% des
besoins de financement du secteur agropastoral, et
ceux des acteurs économiques de sexe féminin ne
dépassent pas 10% des besoins globaux, soit environ 2
milliards de F CFA de besoin de crédit à court terme
en moyenne par an.
7. L’offre de services financiers
Au Cameroun, on rencontre plusieurs modes
d’intervention et de mécanismes de
financement, et parmi les plus en vue :
Les institutions d’intermédiation
financière,
Les subventions,
Les fonds de crédit et les lignes de crédit,
Les fonds de garantie.
8. Les institutions d’intermédiation financière
Institutions d’intermédiation financière = entités qui
mettent en relation ceux qui ont des capitaux et ceux
qui en ont besoin.
Dans la sous région CEMAC, les Etablissements de
Microfinance (EMF) sont les entités qui peuvent offrir
ce type d’opportunités à la couche de la population
qui nous intéresse
9. • Les institutions d’intermédiation financière: Mode
d’intervention
• Les EMF offrent des services financiers à leurs
clients/membres, individus ou institutions
(organisations professionnelles notamment), selon
des règles définies dans les textes organiques de ces
entités. Ils sont organisés autour des organes de
gouvernance et de gestion qu’ils se donnent en
fonction de leur statut juridique, et sont tenus de
respecter les lois et règlement en vigueur dans le
secteur.
10. Une enquête de la COBAC, gendarme du secteur
financier dans la sous région CEMAC révèle que le
Cameroun comptait au 31 décembre 2010, 488
établissements de microfinance agréés et en activité.
On constate une nette prédominance des structures
de première catégorie (442) contre 42 établissements
de deuxième catégorie et 4 de troisième catégorie. Le
bilan agrégé du secteur montre que les dépôts
collectés par les EMF s’élèvent à 378,9 milliards FCFA
alors que, parallèlement, les crédits accordés se sont
inscrits à 221, 4 milliards FCFA.
11. Les institutions d’intermédiation financière
Atouts et limites:
Le principal atout des EMF est la proximité de ces
institutions avec leur clientèle, aux plans
géographique et socioculturel. Ils proposent par
conséquence des produits et services financiers
adaptés, et sont supposés répondre aux besoins des
populations qui constituent leur cible.
Le principal reproche fait au secteur est sa faible
capacité à financer le développement, il leur est
reproché de financer essentiellement la survie. Leurs
concours sont limités dans le temps et dans les
volumes, ils financent difficilement l’investissement.
12. Autres limites dans le contexte
camerounais
Une inégale répartition géographique (implantation
des EMF),
Des entités très peu professionnelles,
Une clientèle peu crédible,
Un environnement peu favorable.
14. Modes d’intervention
Au Cameroun, les subventions sont
octroyées directement ou à travers des
projets aux Organisations
Professionnelles Agricoles qui en font
la demande, et souvent sur la base d’un
cahier des charges que doit respecter
l’OPA.
15. Atouts et limites
La subvention est très indiquée pour le financement
des investissements directement et non directement
productifs.
Par contre une politique de financement uniquement
par l’octroi direct des subventions de permet pas
d’apporter une réponse à d’autres besoins de
financement, le bailleur de fonds n’aura pas
suffisamment de ressources pour financer tous les
besoins des acteurs économiques du secteur
agropastoral. Spécifiquement, on reproche aux
dispositifs en vigueur au Cameroun une absence
totale de transparence dans leur gestion
16. Les fonds de crédit et les lignes de
crédit
Fonds de crédit = dispositif d’octroi direct de crédit aux
acteurs économiques, et par extension, des ressources
confiées à un intermédiaire financier sous la forme de
subvention, pour accroître sa capacité à poursuivre les
octrois de crédit, ou alors de s’investir dans un secteur
que celui qui apporte la ressource veut promouvoir.
Ligne de crédit = une ressource mise à la disposition
d’un intermédiaire financier à crédit, pour lui
permettre de poursuivre les octrois de crédit, ou alors
de s’investir dans un secteur que celui qui apporte la
ressource veut promouvoir.
17. Mode d’intervention
Règles sur les objets de financement, de produits de
crédit et d’organisation. Fonds de crédit souvent
utilisée pour le financement des filières, il est très à la
mode dans les sociétés agro-industrielles.
Si pour les mécanismes mis en place par les
ministères en charge du développement rural le
modèle « fonds de crédit » a disparu dans les modes
d’intervention, les lignes de crédit sont encore assez
répandues.
18. Atouts et limites
Augmentation de l’offre de service de crédit en
termes de volume et de durée, atout non négligeable
dans un contexte de ressources essentiellement
volatiles.
Une grosse limite : elle freine souvent la mobilisation
de l’épargne dans certains milieux qui développeront
alors une grosse tendance à la consommation du
crédit et à pratiquer l’épargne sous d’autres formes.
Cette tendance peut entrainer des situations de
surconsommation des ressources au niveau individuel
et des EMF.
19. Les fonds de garantie
Mécanisme qui a pour objet de faciliter l’accès au crédit
des acteurs bénéficiaires en apportant à leur place les
garanties financières dont ils ont besoin pour accéder
aux crédits adaptés à leurs besoins. Trois entités en
jeu : l’acteur économique bénéficiaire des services du
Fonds, l’intermédiaire financier et le Fonds lui-même.
20. Mode d’intervention,
Le F de G est pensé pour permettre aux producteurs
agropastoraux d’accroître leur revenu par un accès
pérenne aux sources de financement. Pour se
pérenniser, cet instrument doit intégrer dès sa
conception les germes de durabilité.
La taille minimale du volume des transactions du F
de G et le différentiel d’intérêt nécessaires à son
autonomie seront déterminés pendant l’étude de
faisabilité. Les organes de gouvernance seront conçus
de manière à éviter les conflits d’autorités et de
compétences entre les différents intervenants.
21. Atouts et limites
Le F de G est un dispositif qui rassure tous les
intervenants, mais peut également être un instrument
de déresponsabilisation
22. Comment lever les obstacles
La facilitation de l’accès à la ressource,
2. La crédibilisation de la clientèle à travers des actions
qui ont un effet sur l’environnement de travail des
clients des différents mécanismes/dispositifs, et le
renforcement des capacités techniques et de
management des acteurs du secteur agropastoral.
3. La crédibilisation des mécanismes en les
professionnalisant.
1.
23. Facilitation de l’accès au crédit
dans
un
dispositif
qui
fonctionne: cas du réseau des
CVECA
24. La CVECA (Caisse Villageoise d’Epargne et de Crédit
Autogérée) de NGALA présente les caractéristiques
ci-après:
-.Au 31 décembre 2008, 297 adhérents, dont 109 femmes
(36,7%), 471 593 F CFA.
Au 30 juillet 2011, elle compte 480 membres dont 213
femmes (44%).
Au 31 décembre 2010 elle a réalisé un bénéfice de
872 470 F CFA.
En 2009, les femmes ont 1 005 000 F CFA de crédit et
épargnent.
De janvier à fin juillet 2011, elles 4 100 000 F CFA de
crédit et épargne 3 569 950 F CFA.
25. Cette modification de la configuration de
la caisse est due à la création le 21 juin 2008
d’une association dénommée Association
des Femmes Adhérentes à la CVECA,
dénommée AFAC.
Cette association a pour objet la facilitation
de l’accès des femmes du périmètre de la
CVECA de Ngalla aux services offerts par la
caisse.
26. An niveau du réseau des CVECA, l’Association des
Femmes Adhérentes à la CVECA (AFAC) a été conçue
dans le but de créer un cadre d’expression pour les
femmes, faciliter l’adhésion des femmes aux caisses,
identifier les problèmes liés à l’épanouissement des
femmes, faciliter leur accès aux services offerts par la
caisse et encourager le choix des femmes aux postes
de responsabilité.
27. Les AFAC ont montré leur capacité à favoriser
l’accroissement du volume d’activité d’une caisse. La
mise en place de cet instrument doit s’accompagner
d’une définition claire de la méthodologie, à savoir :
la philosophie et les principes d’action,
les étapes de mise en place,
la définition des services offerts aux membres,
les organes de gestion/gouvernance,
les outils de gestion (procédures, outils comptables et
de gestion),
les contenus de formation,
les mécanismes d’évaluation.
28. La création d’une institution spécialisée :
cas du Crédit Solidaire du Grand Nord.
Certains spécialistes militent pour la création des
institutions spécialisées, ayant pour public cible la
Femme. L’approche crédit solidaire, qui démarre avec
une ressource permettant « d’allumer » le dispositif
avec du crédit est celle qui est souvent utilisée. C’est
le cas du Projet Crédit Solidaire implanté dans les
zones septentrionales du Cameroun, et mise en œuvre
par MIFED, avec l’appui d’un opérateur français, la
Centre International de Développement et de
Recherche (CIDR).
29. Au 31 décembre 2012 le Programme a permis
d’atteindre les résultats cumulés ci-après :
2943 groupes ont été identifiés depuis le démarrage
du Programme dont 510 en 2012.
1256 groupes ont été diagnostiqués avec les activités
de leurs membres dont 378 en 2012.
15 761 clientes ont été formées sur l’éducation
financière dont 4 188 en 2012.
3,3 milliards de F CFA ont été décaissés dont 1274
milliards de F CFA en 2012.
30. Le taux de remboursement moyen annuel à échéance
est supérieur à 90%, et le porte feuille à risque à 30
jours est de 1,8%.
Le Programme s’institutionnalise, et le taux
d’autosuffisance opérationnelle continue à
s’améliorer. Il est passé de 64% au 31 décembre 2011 à
71% au 31 décembre 2012.
31. La réussite de ce programme est due à des facteurs
institutionnel et économique :
Au plan institutionnel, le programme est accompagné
par des structures professionnelles et des partenaires
financiers qui croient en la méthodologie. Ils
acceptent d’apporter de la ressource pour le
financement du fonctionnement du dispositif et du
crédit.
Au plan économique, le crédit est octroyé à des
Femmes ayant des activités économiques à cycle
continu.
32. Crédibilisation de la clientèle.
L’action d’un intervenant dans le domaine de l’accès
des Femmes au financement peut se concentrer sur
l’amélioration des capacités des Femmes à
consommer les services financiers offerts par
l’environnement à travers un fonds de garantie, une
ligne de crédit ou un fonds de crédit, la formation et
la facilitation de l’accent à l’information. Les actions
sur cet axe ne sont pas légion, mais, sont
techniquement envisageables.
33. Conclusion générale
Il est possible d’envisager des
mécanismes tels que ceux qu’on
vient de présenter, les
responsables politiques des OP
seules pourront choisir le
mécanisme le plus adapté à leur
besoin.