1. A bout de souffle – J.L Godard
Introduction :
Nous avons étudié « A bout de souffle » de Jean-Luc Godard, réalisé en 1959. Ce film fut le
premier long métrage de Jean-Luc Godard et le manifeste de la nouvelle vague.
Nous allons voir dans quelle mesure, Godard incarne ce mouvement cinématographique qui
remet en cause les dogmes du cinéma de l’époque.
I – Jean Luc Godard
Biographie
Jean Luc Godard est un cinéaste et critique Français qui est née le 3 décembre 1930 à Paris.
Son enfance se déroule alors entre la France et la Suisse : il fait ces études à Nyon (Suisse) et
au Lycée Buffon à Paris.
En 1949, il rejoint la Sorbonne ou il suit des études en ethnologie, mais c'est aussi un
cinéphile passionné. Il passe en réalité plus de temps dans les ciné-clubs et à la Cinémathèque
française, ou il rencontre André Bazin, François Truffaut, Jacques Rivette Eric Rohmer; les
futurs cinéastes qui formeront le mouvement que l'on appellera la Nouvelle Vague à la fin des
années 1950. Mais il rate son examen d'entrée à l'école de cinéma l'IDHEC.
Il écrit en 1950 ces premier articles dans la Gazette du cinéma, à la même époque il publie ses
premiers articles aux Cahiers du Cinéma ; revue qui introduit une critique radicale du cinéma
de l'époque.
Il abandonne rapidement ses études pour se consacrer pleinement au cinéma. Un emploi
occasionnel lui permet de s'acheter sa première caméra avec laquelle il réalise divers courts
2. métrages. (1954 : Opération béton)
Sa rencontre avec le producteur Georges de Beauregard lui permet de réaliser son premier
long métrage, A bout de souffle en 1959. Grand succès public et critique de la fin des années
50, ce film lui fait commencer une longue et fructueuse carrière, jalonnée de films devenus
cultes dont Vivre sa Vie, Le mépris, Pierrot le Fou, Week end, Je vous Salue, Marie. Carrière
qui n'est d'ailleurs pas finie, comme peut l'attester Film Socialisme, son dernier long métrage,
sorti en 2010.
Tout au long de ses films, il développera un style particulier, aussi bien informel (les effets de
montage tels que les faux raccords, les jump-cuts ou encore la caméra portée à l'épaule)
qu'intellectuel (il s'intéressera essentiellement aux rapports que l'on peut entretenir à l'image,
au cinéma).
Jean Luc Godard, son style
• Jean Luc Godard joue de la mise en abyme sur le cinéma. Par exemple dans
Détectives où l'on voit une caméra JVC qui filme.
• Les personnages vont au cinéma (Pierrot le fou, les Carabiniers, Éloge de l'amour où
une scène se passe à l'Espace Saint-Michel), ils tournent un film comme dans Le Mépris,
Passion, Prénom Carmen, For Ever Mozart et parlent de films (ex : dans Éloge de l'amour,
on voit l'affiche de Matrix, dans le Mépris et 2 ou 3 choses, on voit l’affiche de Vivre sa vie).
• Godard utilise des références à des réalisateurs : Présence de Gérard Blain dans
Charlotte et son Jules, de Jean-Pierre Melville dans À bout de souffle, de Fritz Lang dans Le
Mépris, de Samuel Fuller dans Pierrot le fou, Woody Allen dans King Lear, de Jean-Luc
Godard lui-même dans La Chinoise, Prénom Carmen, Soigne ta droite, King Lear et Notre
musique.
• Godard nous rappelle que nous regardons un film, que c'est du cinéma. Il filme le clap
indiquant que « ça tourne » dans La Chinoise et dans Le Gai Savoir. Et les personnages
parlent des autres films de Godard. En effet dans Week end, Jean Yanne dit : "ça fait chier ce
film » ou encore dans le même film on voit un personnage ensanglanté affirmer "c'est pas du
sang c'est du rouge".
• Godard renvoi des films a d'autres films. Dans Une femme est une femme, Belmondo
parle d'À bout de souffle. Marie regarde Le Mepris dans Le livre de Marie. Dans Hélas pour
moi, un personnage au vidéo club reprend la formule de Belmondo dans À bout de souffle : "je
m’en souviens, et non pas je m’en rappelle". Eddie Constantine, dans Allemagne année neuf
zéro, reprend la formule des Carabiniers : "un soldat salue un artiste".
Jean Luc Godard : ses thèmes favoris
• On pourrait diviser ses films en deux catégories. Il y aurait A bout de souffle, Vivre sa
vie et le Mépris. Leur point commun, c'est au départ un personnage principal que l'on suit
comme dans un documentaire. Ce sont trois films tristes, ce sont les plus rigoureux. La part
d'autobiographie y est plus grande que la part d'invention, Godard s’y exprime à travers les
personnages principaux.
• Disons, pour simplifier, que dans le Petit soldat, une femme est une femme et Les
3. Carabiniers, Godard a filmé d'abord ses pensées. Dans A bout de Souffle, vivre sa vie et le
Mepris, il a filmé d'abord ses sentiments" François Truffaut en 1963.
Thèmes abordés dans ses films. Films
La trahison • A bout de souffle
• Une femme est une femme
• Le petit soldat
• Le mépris
• Une femme mariée
La guerre- la révolution-lutte des • Le petit soldat
• Les carabiniers
classes
• Masculin Féminin
• La chinoise
• Un film comme les autres
• British sound
• Le gai savoir
• Lutte en Italie
• Ici et ailleurs
La prostitution • Vivre sa vie
• Deux ou trois chose que je sais d'elle
l'amour • A bout de souffle
• Le petit soldat
• Une femme est une femme
• Le mépris
• Pierrot le fou
• Masculin Féminin
Cambriolage-vols-meurtre • A bout de souffle
• Bande à part
Imaginaire- la science-fiction • Alphaville
• Made in USA
• Hélas pour moi
La mort • Pierrot le fou
L'Histoire • Les enfants jouent à la Russie
• Allemagne neuf zéro
La pensés -le langage -la • Puissance de la parole
• France tour détour deux enfants
communication
• six fois deux
• A bout de souffle
Le cinéma • Eloge de l'amour
• Vrais faux passeport
• Histoires de cinéma
4. • Grandeur et décadence d'un petit
commerce de cinéma
• Numéro deux
• A bout de souffle
II – Présentation du film et du courant
cinématographique
Résumé
Sur la route qui le ramène à Paris, Michel Poiccard, un jeune escroc, se fait arrêter par un
policier qu'il abat avec une arme cachée dans la voiture qu'il conduisait, volée à Marseille. Il
se rend à Paris afin de récupérer un magot et retrouver Patricia, une américaine, future
journaliste qui vend le New York Herald Tribune dans les rues et dont il est tombé amoureux,
pour enfin s'enfuir avec elle à Rome. Mais les difficultés pour récupérer l'argent s'enchaînent
et ses sentiments pour Patricia deviennent de plus en plus flou. Parallèlement, la police
retrouve sa trace et se fait menaçante. C'est sous leur pression que Patricia dénonce Michel...
Premier long métrage de Jean-Luc Godard, scénario de François Truffaut, début de la
Nouvelle Vague...
¤ La nouvelle vague
A bout de souffle est considéré comme le manifeste de la Nouvelle Vague. Godard réalise ce
film d'après un sujet de Truffaut, inspiré d'un fait divers. Le terme "Nouvelle Vague" apparaît
sous la plume de Françoise Giroud dans l'Express du 3 octobre 1957.
Elle se cale principalement sur un modèle proposé par André Bazin, un des fondateurs des
Cahiers du Cinéma, qui vise à être dans la continuité du néoréalisme italien, mouvement
apparu après la guerre, et considéré comme le premier pas dans la modernité
cinématographique.
La Nouvelle Vague peut être donc considérée comme la modernité française. Elle cherche à
montrer la réalité du monde comme elle est, au cinéma.
Le mouvement n'est pas le fruit d'une longue recherche sur le cinéma, mais le produit
immédiat d'une époque et le fruit de la rencontre de plusieurs jeunes cinéastes. Il s'inscrit dans
le contexte historique de l'époque et traduit les mouvements de société :
• Début des Trentes Glorieuses
• Début des révoltes étudiantes
• Guerres d'Algérie
• Mouvement pour la libération de la femme
• Transformation du modèle familial : modèle familial (les quatres cents coups); la
modernisation de la structures familial (l'amour à vingt ans) jusqu'au divorce (l'amour au
5. fuite)
Là où elle se distingue vraiment des autres modernités (qu'il y a pu avoir en Angleterre, aux
États Unis, …), c'est sur le plan technique :
les tournages se font en extérieur et non plus dans des studios (qui donneront une expression
de réel) → Jean-Luc Godard a choisi Paris car la capitale est en perpétuelle mouvement. A
l’image de Michel, qui ne cesse de se déplacer à pied ou en voiture dans les rues de Paris. Sa
vie n’est plus qu’une fuite. Et la caméra le suit dans sa chute, passant d’un plan à un autre,
donnant au spectateur le sentiment d’être à bout de souffle. Finalement, dénoncé par Patricia,
Michel est résigné à se faire emprisonner plutôt qu’à vivre dans la déception, fuyant. Il meurt
sur le pavé après une dernière et longue course. De plus, Le film doit être tourné comme un
reportage sur ses deux acteurs. L’opérateur tient la caméra à la main, et chaque fois que cela
est possible, on utilise la technique du reportage télévisuel avec caméra cachée filmant les
acteurs au milieu de la foule anonyme. (la séquence de filature sur les Champs-Élysées
pendant un défilé de De Gaulle et Eisenhower est tournée comme un reportage télévisé).
A bout de souffle est un vrai documentaire sur le Paris de l’été 1959 et montre de nombreux
quartiers : le Quartier Latin, les quais de la Seine, les Champs-Élysées, Montparnasse...
Mais pour Godard " tourner un film hors de Paris est très difficile. C'est aussi difficile que
pour un industriel de s'implanter en province. Un romancier peut travailler en province mais
pas un cinéaste, c'est presque impossible. Pourtant, il est certain que la province est plus
intéressante que Paris. A Paris tout a été vu. Il y tourne donc par « obligation ».
Godard choisit plutôt les décors naturels (extérieur) plutôt que les décors intérieurs. Pour les
séquences d’intérieur, le film exclut tout recours au studio de cinéma et privilégie les
chambres de bonnes, choisies précisément pour leur exiguïté, qui a une conséquence pour la
mise en scène car les acteurs se voient obligés d’enjamber le lit et l’opérateur de les cadrer
très souvent en gros plan, faute de recul. Mais ces décors naturels ne peuvent accueillir que
des acteurs libre de leurs mouvements, sans maquillage et vêtu simplement en tenu de jours.
La caméra est plus libre, elle peut se porter à l'épaule. Cette liberté permet de tourner avec
des budgets moins conséquents, ce qui amène certains artistes à imposer leur style, comme le
dit François Truffaut « N'importe qui peut être metteur en scène », sans la contrainte des
studios. Ce mouvement impose donc une redéfinition des relations au film : celle du
spectateur et du réalisateur au film : celui ci est-il le résultat d'un travail de plusieurs
personnes, ou bien d'une seule ; on peut aussi remarquer que l’on appelle désormais le
réalisateur « auteur ».
Par ailleurs, le tournage n’a duré que 4 semaines, ce qui implique que la vitesse d’exécution
était aussi présente au cœur du film que dans sa réalisation. « Si nous avons pris la caméra à la
main, c’était pour aller vite, tout simplement. Je ne pouvais pas me permettre un matériel
normal qui aurait allongé le tournage de trois semaines. ». Il souhaite tourner au plus vite,
car un tournage coute cher, or le budget était réduit. Ce qui a des conséquences esthétiques,
Pas de travellings sur rail, pas d’éclairages additionnels, utilisation d’une pellicule ultra-
sensible qui était alors utilisée uniquement par les photographes et les cinéastes
documentaires. Les réalisateurs de la nouvelle vague brisent certaines conventions,
notamment celles de continuité. C'est ainsi que dans À bout de souffle, Godard coupe les
blancs dans certains dialogues par la technique du « Jump Cut », ce qui rend un effet assez
surprenant et déstabilisant pour le spectateur. Il ne s'agit pas uniquement de rompre avec une
tradition par provocation, mais bien de faire ressentir quelque chose de nouveau à ce dernier,
ou encore de critiquer les dialogues habituels du cinéma, insinuant que les blancs existent «
réalité » ;
6. « Le jump cut est la juxtaposition de deux plans sans que la caméra ait notablement changé
de position. Cela produit un effet de saute comparable au retrait de nombreux photogrammes
dans un même plan tout en produisant une ellipse temporelle plus grande. En 1959, le terme
"jump cut" n'existe pas encore et c'est, dit-il, parce que son film est trop long que Godard
décide de supprimer systématique le contrechamp sur Michel dans sa conversation avec
Patricia dans la voiture qui les conduit au siège du New York Herald Tribune. Godard aurait
pu suivre le conseil de Melville qui lui avait dit de supprimer les séquences qui ne servent pas
à faire avancer l'action et exclure la séquence entière du montage. Les dix jump cut entre les
onze plans successifs sur Patricia en voiture où l'arrière-plan des rues de Paris change
indiquant ainsi que du temps s'est écoulé ont été accusé de désorienter le spectateur. Godard
affirmera plus tard avoir tiré au sort le contrechamp qui resterait, celui sur Belmondo ou
celui sur Seberg. On se gardera pourtant de le croire tant, avec cette séquence, il magnifie
son actrice en accumulant les plans sur elle et rien que sur elle pour terminer, dans les six
derniers plans, par un blason annonciateur de la scène d'ouverture du Mépris.
(http://www.cineclubdecaen.com/realisat/godard/aboutdesouffle.htm )
De plus, le point de vue du spectateur est parfois pris en considération dans le film par le
biais de regards camera et interpellation du spectateur, des jeux de mise en abyme sur le
cinéma questionnant les différents points de vue cinématographiques, de nombreux jeux
d'arrêt sur image, de ralentis, de style saccadé sont également créés… Tout cela s'unit afin que
le film rappelle sans cesse qu'il est un film, que c'est du cinéma.
→ Dans la première scène de A bout de souffle, Michel se tourne vers les spectateurs, comme
quand il dit « si vous aimez pas la mer...si vous aimez pas la montagne...,si vous aimez pas la
ville..., allez-vous faire foutre ! »
→ De plus lors de l'ouverture du film on voit Michel,
qui se cache derrière un journal et nous regarde du
coin de l'œil, et dans la dernière scène on observe
Patricia qui regarde les spectateurs et leur demande
« qu'est-ce que c'est : dégueulasse ? ».
→ Godard parle de cinéma dans le cinéma,
notamment lorsque l’on peut voir en arrière plan
l'affiche du cinéma : « Vivre dangereusement
jusqu'au bout » et par ailleurs, on remarque Michel
sur les Champs-Elysées contemplant une affiche d'Humphrey Bogart (L’idole de J-L Godard,
il a d’ailleurs attribué un de ses tics à Michel Poiccard, celui de passer son pouce sur ses
lèvres) « Plus dure sera la chute » et enfin les personnages vont au cinéma comme dans la
scène ou Michel et Patricia s'embrasse dans une salle de cinéma. Enfin, dans la scène de la
conférence de presse, Parvelesco est le cinéaste Jean-Pierre Melville.
Jean-Luc Godard apparaît aussi au milieu du film et on le voit ensuite dénoncer Michel
Poiccard aux policiers. Ces éléments montrent que Godard multiplie les références au cinéma.
→ Godard utilise de la mise en abyme sur le cinéma, comme on peut le constater dans la
scène de l'interview de Parvelesco, ou l'on film un cameraman.
Donc on peut dire que Godard a décidé de montrer ses influences, et le fait que tout œuvre
découle d'une autre, d'où le mot transtextualité: un texte est produit par le glissement d'un
autre. Le film revendique une certaine cinéphilie, en multipliant les références, les allusions.
C’est une sorte d'exacerbation de la transtextualité dans l'art, c'est à dire que toute œuvre est
inspirée par une autre, que ce soit directement (remake par exemple ou adaptation) ou
indirectement (un style ne nait pas tout seul).
7. Ainsi, ce mouvement ne cherche pas à reproduire la réalité comme elle devrait être mais à
montrer la réalité du cinéma comme elle est.
Analyse Thème, personnage
Les principaux thèmes abordés dans ce film sont l'amour, la trahison, le meurtre, le vol
Thèmes abordés Explications
L'amour Ce film raconte avant tout une histoire d’amour
impossible.
La trahison Godard veut évoquer dans le film, la trahison de
Patricia vis à vis de Michel, puisque celle-ci
décide de le dénoncer à la police afin de ne pas
« avoir des problèmes avec son passeport » au
lieu de s'enfuir avec lui. Ce qui diverge des
histoires d’amour en général.
Le meurtre et le vol Toute au long du film, on observe un
enchaînement d'acte délictueux de la part de
Michel Poiccard. En effet, il va commencer par
un simple vol de voiture puis par un meurtre et
ensuite par un délit de fuite. On peut constater ici,
que ces scènes donnent l'impression que pour
Michel Poiccard ces actes sont normaux, et de
plus, la sympathie adoucit notre jugement quant à
ses actes.
A Bout de Souffle, film manifeste de la Nouvelle Vague, est classé dans le genre du
film noir, mais on peut aussi l’analyser sous la catégories du film policier.
C'est un film policier car on a affaire à un agresseur (Michel Poiccard) , une victime (le
policier tué sur la RN7), et un inspecteur (l'inspecteur Vitale) et le film tourne en partie
autour de l'enquête. Le film entier est un hommage aux films policiers, noirs, américains, et
plus particulièrement, rend hommage à certains films en glissant quelques références, tel des
films de Bogart, La femme à abattre, ou encore Forty Guns......Si certains éléments
caractéristiques du film policier sont absents, Godard déconcerte par la déconstruction qu’il
fait subir à ceux qui sont présents dans le film.
Mais on peut constater que l' intrigue amoureuse est plus importante que l’intrigue policière.
Un jazz léger accompagne le meurtre du policier, et déréalise l’action, annule la dramatisation
due à la transgression, alors que le thème musical « policier » accompagne des scènes de
déclaration amoureuse (quand Poiccard dit par exemple « J’aime une fille qui a des très jolis
yeux, une très jolie bouche… »).
Personnages
8. Jean-Paul Belmondo - Rôle : Michel Poiccard :
Le personnage de Michel Poiccard est construit sur le modèle du marginal du film noir
américain. Godard y ajoute un côté provocateur.
La construction du personnage est hétérogène : il cumule l’élégance désenchantée de Bogart
et la spontanéité du Gabin des années 30. De Bogart, il conserve le chapeau, les cravates et
l’élégance vestimentaire ainsi que le geste ou il passe ses doigts sur la bouche ; du jeune
Gabin, la désinvolture, et une certaine raillerie caractéristique des Parisiens.
Les caractéristiques du personnage de Michel :
- obsession pour les voitures (répond à l’obsession de la vitesse chez Godard).
- misogynie (Michel n’arrête pas de proférer des propos sexistes).
- sensibilité: cette misogynie affichée n’est que le masque la dissimulant.
Michel est bien « la frivole » du couple alors que Patricia exprime son désir d’indépendance
et son comportement de femme libre.
- superstition : Michel est superstitieux. Il lutte contre le temps, ne cessant tout au long
du film de demander l’heure. Cette obsession de la course jusqu’à bout de souffle est
relayée par l’achat systématique des différentes éditions de France Soir, comme si le
personnage allait y lire son destin.
Avec Michel Poiccard, Godard propose en fait un nouveau type de personnage de film,
beaucoup plus moderne et beaucoup moins défini par les contraintes de la construction
scénaristique. Sans être un porte-parole du réalisateur, il permet à celui-ci d’exprimer, non
sans contradiction, une série de jugements moraux sur la lâcheté, la lucidité ou la sincérité, et
beaucoup plus encore un scepticisme assez amer sur les relations entre les hommes et les
femmes. Mais surtout, Michel existe par son corps, sa voix, sa gestuelle, ses mimiques et ses
grimaces. Il s’observe souvent dans un miroir, renouvelle certains tics comme celui de se
caresser les lèvres, d’allumer sa cigarette, la retirer de sa bouche, mettre et enlever son
chapeau et ses lunettes noires. Godard le cadre souvent en plan serré et saisit chaque détail de
sa gestuelle. Il lui tire littéralement le portrait.
Jean-Paul Belmondo jouera l'alter ego de Godard dans plusieurs de ses films comme dans
Pierrot le Fou.
Jean Seberg - Rôle : Patricia Franchini :
Jean Seberg est une actrice américaine. Elle s’est fait connaître en jouant dans deux films
américains d’Otto Preminger : Sainte Jeanne et Bonjour tristesse. De son rôle de
Jeanned’Arc, elle a gardé sa coupe de garçon, devenue si célèbre.
Le narcissisme adolescent de la jeune fille est souligné par de nombreux plans où elle observe
son visage dans un miroir ; ce narcissisme se retrouve dans les séquences où Patricia se
regarde dans des miroirs ou se compare à la jeune fille peinte par Renoir sur l’affiche.
Et aussi la séquence dans la chambre d’hôtel : « Tu aimes mieux mes yeux, ma bouche ou
mes épaules ? ».
Patricia, c’est le portrait d’une jeune femme moderne. Godard a voulu la saisir telle quelle :
pas de maquillage, des vêtements très simples, d’allure sport, ce qui est encore rare en 1959
pour un personnage de jeune femme au cinéma. Le costume de Patricia a provoqué une
rupture radicale avec les usages dominants de la représentation de la féminité au cinéma.
Les caractéristiques du personnage de Patricia :
- Américaine parlant français : charme incontestable de son accent et de ses fautes de français.
- Les questions qu’elle pose : « Qu’est-ce que c’est l’horoscope ? », « Qu’est-ce que
C’est gazait ? », Longue série qui amène au « Qu’est-ce que c’est dégueulasse ? »
9. - Vraie culture générale : elle parle plusieurs fois de livres à Michel, mais aussi de peintures et
de musiques.
- Indépendance
- Indécision amoureuse
Originalité du film
La volonté de Godard est de saisir une époque.
Dans son langage d'abord.
Le monologue de Michel nous permet d’apprécier son comportement (on sait quel genre
d’homme il est) : sa fascination pour la vitesse, son arrogance, sa misogynie agressive et
ostentatoire allant de pair avec son émotivité (il est amoureux de Patricia). Tout est dit
du personnage sans explications interminables, avec rapidité et brio.
Godard rompt avec les contraintes traditionnelles du dialogue, dont faisait partie, par exemple,
le refus du bavardage excessif. Or, ses personnages non seulement n’arrêtent pas de bavarder,
mais parlent souvent pour rien dire, comme Michel.
Godard explore toutes les facettes du langage verbal dans au moins deux directions
différentes : il intègre d’abord le français parlé de son époque, l’argot d’un certain milieu,
celui de la faune intellectuelle des rives gauche et droite.… Par ailleurs, il offre à ses
personnages un très grand nombre de références culturelles d’ordre littéraire, pictural, musical
et cinématographique. Le français parlé par Michel inclut des expressions en langue
étrangère, de l’américain passe-partout, à l’espagnol de la chanson populaire Buenas noches,
mi amor, des westerns et films noirs « Amigo », à l’italien de touristes. Il y a chez Michel un
véritable plaisir à jouer avec la sonorité des mots et des noms propres.
Le dialogue « godardien » enregistre toutes les injures et expressions populaires en cours au
moment de la réalisation du film. À l’époque, cette avalanche de mots grossiers et
d’expressions familières a beaucoup choqué.
Bruits de la ville et de la vie.
Cette invasion de la langue quotidienne s’accompagne d’une bande sonore qui offre une large
place aux bruits du réel : Klaxons, moteurs et freins de voitures, sirènes de police et bien
d’autres agressions sonores urbaines. Mais Godard fait également usage des moyens
contemporains de communication et de reproduction : téléphone, radio, bandes sonores de
films. La bande sonore fait une large place à l’environnement social, politique et médiatique
dans lequel baignent les personnages.
Musique.
Les thèmes de jazz composés par Martial Solal jouent un rôle de premier plan dans la
structure rythmique du film. Ils accentuent sa modernité. Les thèmes musicaux de Solal sont
omniprésents tout au long de la bande sonore. Godard les reprend chacun plus de dix fois. On
peut dire que Godard est un précurseur de la bande originale de film.
Les dialogues sont systématiquement ponctués de mesures sonores.
Dans A bout de souffle, la représentation du corps passe uniquement par la verbalisation. Le
film est pudique et ne montre jamais les acteurs nus. Il sous-entend qu’ils ont fait l’amour,
mais davantage par le trajet des vêtements et par l’ellipse sous le drap.
10. III – Analyse d’un
extrait
Extrait n°1 : Début du film,
Michel Poiccard est au volant
d’une voiture volée en campagne
sur la route de Paris. Il souhaite y
récupérer son argent et
convaincre Patricia de son amour afin qu’elle accepte de partir avec lui à Rome.
C’est le début du film, Godard occupe donc une place proche de Michel car il se trouve dans
la voiture et également afin de présenter
naturellement la personnalité du personnage.
Godard est ici assit à la place du passager avant.
Godard ne s’embête pas à filmer de manière très
technique. Le monologue de Michel et la façon dont
la scène est filmée, dévoile le fil conducteur du film
et de la Nouvelle Vague : une césure face aux
dogmes cinématographiques, et de vie en société.
La musique rythme également, le monologue : elle
est intrigante mais elle joue aussi avec le spectateur
lorsque Michel regarde ce dernier : dit « si vous aimez pas la mer...si vous aimez pas la
montagne...,si vous aimez pas la ville..., allez-vous faire foutre ! » durant les pauses (points de
suspensions) la musique a des sonorités aigues jusqu’à cette conclusion : « allez-vous faire
foutre ! » Le franc parler de Michel et son comportement naturel qui est familier « con »,
« allez-vous faire foutre ! » … nous rapproche du personnage et de la réalité … ceci est voulu
par Godard, et une caractéristique de la Nouvelle Vague.