1. LUNE PLEINE
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«Où suis-je?», pense Fatou. Elle ne peut pas ouvrir ses yeux. Elle a peur, «où suis-je?».
Elle avait peur. La nuit, le bruit, l’angoisse, l’odeur du gazole, l’odeur de la pauvreté, de
la désespérance et de la panique. Ils ont abandonné le grand bateau, ils sont montés dans
la barque, tous entassés. Le bruit du moteur, quarante personnes dans la nuit, la crainte
et la solitude.
C’est vrai!: elle etait là, sur la plage, la pleine lune, c’est le jour. On démarre,
l’illusion, le futur commence. Les souvenirs, maman, tout reste derrière. C’est triste,
mais ça vaut la peine. Maman ne voulait pas. «Où vas-tu?, si loin, si seule, sans un
homme qui te protège. En plus, tu es sur le point d’accoucher» «Un homme? Qui? Mon
mari mort à la guerre?» «Fatou, tu vas souffrir, tu seras femme et immigrée, la-bàs ça
fait deux gros problèmes» «Je sais, par contre, ici, ma fille aura le prix d’une vache, elle
sera mutilée par l’excision ou discriminée».
«Où est ma fille?, je ne la sens pas» La mer, le froid, la barque faisait naufrage,
il fallait demander de l’aide. Tout le monde crie, sa soeur Khady a téléphoné... La
barque a disparu sous l’eau, le froid, elle ne sait pas nager. Khady l’aide.
«Où est ma fille ?» Khady, elle n’avait plus de force. Une lumière, elle a été
prise par la main forte d’une femme inconnue. Elle était par terre. Le portable sonne.
Khady était morte. Comment dire ça à maman?.
«Madame, madame» . Elle voit, une lumière, un médecin... «Où est ma fille?» .
«Ne bougez pas, soyez tranquille, vous êtes à Almería, à l’hôpital. Vous étiez sur le
point de mourir et nous vous avons fait une césarienne pour sauver la petite. Toutes les
deux, vous êtes très bien. Comment s’appelera la petite?» Fatou le sait... Khady. Sa
soeur est morte, sa fille est bien, la vie continue, elle pleure.
Cristóbal Giménez Parra.
4ème. Français