Portrait de Petre Metu, l'ancien international roumain atteint de la maladie ...
UpandUnder n°12
1. Le webzine des sites de rugby indépendants / @magUpAndUnder / n°12 / avri-mai 2015
upandunder.fr
XV de France
à quand les beaux jours ?
Dessalesgossesauxstarlettes/Trèfledeplaisanterie! /TopLeague / Quandlerugby
tombesurlatête/FranceFéminines,unesecondeplacedebelleaugure/GeorgeNorth
recordàquelprix?/U20féminines CrunchàBordeaux/Super15plusspectaculaireque
Top14/VarsityCup/ITW: albertCigagna/ThomasLombard/GaëlleMignot/HélèneEzanno
2. Voila l'été !
édito
2
Le XV de France a terminé sa campagne du Tournoi 2015 par un
revers face à l’Angleterre dans son temple de Twickenham. Un
échec cinglant, si l’on s’en tient à la lecture de ces seuls chiffres :
plus lourde défaite enregistrée face à une nation de l’hémisphère
nord, sept essais encaissés et vingt points d’écarts entre les
deux équipes, reléguant les Tricolores à une peu avantageuse
quatrième place au classement de la compétition.
Et pourtant, comble du paradoxe, cette déculottée a redonné le
sourire à la France du rugby.
Parce qu’après une série de matchs insipides, les Tricolores ont
produit du jeu jusqu’à l’ivresse, inscrivant cinq essais à leurs
adversaires, un de plus que leur total lors des quatre premières
rencontres du Tournoi, enlevant au passage le record de points
marqués par une équipe européenne à Twickenham.
Parce qu’à quelques décisions litigieuses de Monsieur Owens
et une dizaine de points oubliés par les buteurs français près, le
XV de France aurait vraisemblablement pu arracher un résultat
historique en terres anglaises.
Cette tendance à basculer du pessimisme le plus noir à
l’optimisme échevelé serait à ranger parmi les curiosités
nationales, au même titre que la baguette, le camembert et les
modalités de désignation du sélectionneur du XV de France, si
elle ne s’accompagnait pas de la sale manie qu’a notre rugby
de se délecter d’une performance hors normes sans vraiment
s’interroger sur la façon adéquate de la renouveler dans la durée.
Pour le dire autrement, les intérêts particuliers des acteurs
de l’ovalie hexagonale trouvent leur compte dans le statu quo,
tablant sur l’adage de l’homme politique corrézien (tiens tiens…)
Henri Queuille selon lequel il n’est pas de problème si complexe
qu’une absence de solution ne finisse par résoudre.
Philippe Saint-André gagnera-t-il la Coupe du monde ? Le coin
de ciel bleu entrevu à Twickenham a certainement conforté
le sélectionneur dans ses convictions – ne croyons pas qu’il
en soit dépourvu, qu’il pourrait bien réussir là où tous ses
prédécesseurs ont échoué.
Mais il faudra davantage qu’une éclaircie pour nous convaincre
que le soleil d’Austerlitz brillera sur Londres le 31 octobre
prochain.
Ce numéro de printemps de votre webzine rugby préféré revient
naturellement sur le Tournoi. Et, comme toujours, vous donnera
aussi envie de regarder de l’autre côté du globe, en particulier
chez nos amis Japonais, qui accueilleront, ne l’oublions pas,
l’édition 2019 de la Coupe du monde.
Toute l’équipe des blogueurs d’Up and Under vous souhaite une
bonne lecture !
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Photo : Adidas
Un (petit) coin de ciel bleu
Antoine @renvoiaux22
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début 2013, réunit différents blogueurs,
tous passionnés de rugby et observateurs
attentifs du monde de l’Ovalie, auteurs
pour certains, qui informent, analysent,
interviewent, … même sans carte de
presse.
Sa vocation est de proposer, chaque mois,
une sélection d’articles publiés sur leurs
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traditionnels, que ce soit dans le ton,
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de la diversité, des points de vue, des
sensibilités, qui s’expriment en toute
liberté et indépendance… mais aussi de
tous les rugbys, d’ici et d’ailleurs, qu’ils
se conjuguent au niveau professionnel ou
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3
6. 6
interview
thomas lombard
Thomas, vous êtes parisien. On va dire
que le bassin parisien n’est pas une
terre de rugby comme peut l’être le
sud-ouest. Pour vous le rugby c’était
une évidence ou c’est venu un peu par
hasard ?
Ni une évidence, ni un hasard, mais mon
père jouait au rugby, donc je vais dire
que je suis venu au rugby par atavisme
paternel et à un moment on a toujours
envie de marcher sur les traces de son
papa. J’ai fait du tennis et un peu de
sports co comme le foot, mais le foot ne
me plaisait pas vraiment. Je suis venu au
rugby vers l’âge de 12 ans et je ne l’ai plus
quitté ensuite.
Débuts au Chesnay, puis à Versailles, si
je vous dis que le rugby c’est l’école de
la vie vous confirmez ?
Oui, j’y ai retrouvé des notions de
convivialité, de partage, d’altruisme.
Puis, il y avait l’aspect festif qu’on peut
retrouver même en catégorie de jeunes,
comme lors de déplacements de tournois.
C’était une belle époque.
Ensuite le Racing...
Oui, Versailles jusqu’en première année
cadets, puis le Racing. J’étais en section
sports études au lycée Lakanal à Sceaux.
J’avais déjà un pied vers les filières de
haut niveau. Je pars donc vers le Racing
puisque il y avait plus de perspectives de
jouer le haut du niveau et j’avais aussi pas
mal de copains de sélections de jeunes
qui évoluaient là bas.
Vous tombez en fait au début du
professionnalisme.
Effectivement, quand je commence à
jouer en première en 93-94, tout se passe
très vite ensuite puisqu’il y a la coupe du
Monde 95 qui arrive et la fédération tarde
un peu mais décide de franchir le pas. Je
deviens donc pro, même si à l’époque on
garde des rythmes d'entraînement qui
sont des restes de l’amateurisme et qui
ne sont pas comparables avec ceux de
maintenant.
C’était comment le Racing à l’époque?
Un peu compliqué non? Fin de l’époque
show-bizz, etc.
Oui, pas tout à fait, mais c’est vrai que
ça se précipite un peu brutalement la
dernière année, celle de Bob Dwyer, mais
il restait quand même au début Cabannes,
Mesnel, Deslandes, Blond, Denis Charvet,
Laurent Bénézech, du très beau monde
quoi. C’était encore une belle équipe. Mais
effectivement une phase de transition était
en train de se préparer. Cette génération
là était plutôt en fin de parcours et
derrière il y a quelques difficultés d’ordre
sportif qui arrivent.
on était considéré comme un ovni...
Mais ça a commencé à faire beaucoup de bruit
autour de nous quand on bat sèchement
le Stade Toulousain
‘‘
7. 7
interview
thomas lombard
Le Racing tombe un peu et c’est le Stade
Français qui émerge. Vous rejoignez
alors le Stade Français.
Oui, je reste une année en groupe B
avec le Racing avec lequel on fait un
barrage contre Toulon pour accéder en
groupe A qu’on perd (1996-97). Puis les
deux équipes ont un peu des trajectoires
opposées avec les années difficiles
pour le Racing et les années de gloire
du Stade Français. Bernard Laporte me
contacte alors et je prends la décision de
le rejoindre, mais la décision n’a pas été
simple à prendre. Il était difficile de laisser
ses potes, ses amis.
Derrière, c’est la grande époque du
Stade Français.
Effectivement, tout va très vite derrière.
On est champion de France la première
année et là, pour le coup, je rentre en
plein dans le professionnalisme, même si
la première année j’étais au Bataillon de
Joinville à l’armée et que je passais moins
de temps au club que la plupart de mes
coéquipiers. Mais là on était déjà passé
à un entraînement voire deux quotidiens.
Un peu comparable à ce qui se fait
aujourd’hui.
Personne ne nous attendait, on était
l’équipe surprise, bien qu’il y ait des super
joueurs dans l’équipe. Mais on était
considéré comme un mirage, un ovni.
Mais ça a commencé à faire beaucoup
de bruit autour de nous quand on bat
sèchement le Stade Toulousain en demi à
Brive. Puis en finale, on écarte facilement
Perpignan qui passe complètement à côté
de sa finale.
4 titres de champion avec le Stade
Français. Un seul regret peut-être, la
finale de Coupe d’Europe de 2001 contre
Leicester que vous perdez en toute fin
de rencontre à l’issue d’une superbe
finale ?
Oui, mais honnêtement ils nous sont
supérieurs ce jour là. Diego (Dominguez)
nous maintient à flot avec une réussite
insolente au pied comme il avait l’habitude
d’avoir. Mais en face, c’était une très
belle équipe. On peut toujours regretter
de ne pas l’avoir gagnée mais je n’ai pas
le souvenir qu’on ait été dans la position
de Toulon ou de Clermont ces dernières
années où dans les matches de poule
et phases finales tu sens qu’il y a une
supériorité affichée. On faisait partie des
équipes qui pouvaient la gagner, mais on
n’était pas l’équipe qui devait la gagner.
Vous êtes rapidement sélectionné en
équipe de France. Première sélection
en 98, premier essai dès la deuxième
sélection contre l’Australie. Là aussi,
ça va super vite. Peut-être le regret
de ne pas avoir disputé la Coupe du
Monde un an plus tard ?
Effectivement, c’est toujours un regret.
Je suis arrivé vite, j’ai rapidement été
titulaire à un an de la Coupe du Monde.
Mais cette arrivée rapide, je la dois aux
performances du Stade Français, mais
sur la saison 98-99 on a un creux dans la
saison une fois le tournoi terminé.
On ne se qualifie d’ailleurs pas pour
les phases finales du championnat
(élimination en quarts de finale 19 - 51 à
Toulouse). On gagne le Du Manoir derrière
toutefois, mais le Stade Français a été
moins performant, j’ai aussi été moins
performant et comme tout joueur on
est aussi tributaire des performances
de son club. Il y a aussi un choix des
sélectionneurs qui avait arrêté un groupe
pour partir à la Coupe du monde. Ils
avaient leur équipe type dans laquelle je
n'apparaissais pas, mais ensuite ils ont
choisi des joueurs moins expérimentés.
C’est pour ça d’ailleurs je pense qu’ils
ont fait beaucoup appel aussi à des
joueurs non-capés pour cette Coupe du
Monde (Jimmy Marlu, Cédric Desbrosses,
Stéphane Castaignède).
C’est une stratégie que je comprends
tout à fait mais qui fait que je suis resté
à la maison.
2004, c’est la fin de l’ère Nick Mallett au
Stade Français, vous décidez de partir
du club.
Oui, j’avais fait un peu le tour, on avait tout
gagné. J’avais envie de faire autre chose,
me relancer peut-être. J’aurais pu choisir
le confort et rester au club puisque j’avais
encore deux années de contrat, mais
j’avais une opportunité. Ma première fille
était née, mais était encore jeune et c’était
peut-être le bon moment pour partir.
Même si après coup, je dois avouer que
quand j’ai appris que Nick Mallett partait,
je me suis posé la question. Mais je ne
regrette absolument pas mon choix.
Worcester n’était pas le plus grand club
anglais, mais l’idée n’était pas forcément
d’aller dans un club qui dominait tout.
Puisque j’avais déjà eu cette situation de
confort par rapport aux résultats avec le
Stade Français. C’était plus l’aventure qui
était intéressante, et il y avait un challenge
8. 8
interview
thomas lombard
sportif avec Worcester qui consistait à
devenir la première équipe à se maintenir
après avoir été promue puisque cela
n’était jamais arrivé avant qu’on ne le
fasse. De ce point de vue cela a été une
aventure humaine intéressante, sans
parler du sportif.
On note d’ailleurs que vous vous
intéressez de très près au rugby
anglais. On sent que vous vous êtes
régalé là-bas. Vous appréciez ce côté
plus cadré, moins bordélique qu’on sent
qu’il peut exister parfois en France?
Je ne veux pas parler du rugby et de
l’organisation générale du rugby parce
que c’est toujours très délicat, mais en
revanche, du point de vue de la structure
du club c’était top. Au stade français on
était un peu un club nomade, on n’avait
pas de centre d’entraînement, on prenait
souvent la voiture et là je suis arrivé dans
un club qui était structuré, centralisé, où
tout se passait au même endroit avec la
rigueur et la discipline anglaises. Une
phase de préparation très dure, beaucoup
d’encadrement à tous les niveaux. Tout
était beaucoup plus élaboré et cadré que
ce que j’avais pu connaître jusqu’à alors.
Ca a été un changement de situation qui
m’a interpellé effectivement.
Finalement, vous bouclez la boucle avec
un retour au Racing. Malheureusement,
vous perdez en finale d’accession contre
le Stade Montois.
Oui, on avait une bonne équipe, on était
un peu jeune collectivement. On était
sans doute individuellement supérieur
à beaucoup de nos adversaires, mais la
Pro D2 ce n’est pas que ça, et on a perdu
face à une équipe de Mont-de-Marsan
beaucoup plus unie et déterminée que
nous même si le match se joue aux
prolongations. Mais à un moment, ils ont
eu un peu plus d’expérience ensemble ce
qui leur a permis de se sublimer et nous,
on a calé.
Malheureusement derrière vous devez
mettre un terme à votre carrière pour
des soucis cardiaques.
Oui, on me détecte une fuite aortique, qui
ne m’a pas laissé le choix.
Ça ne doit pas être facile, vous n’avez
pas eu le temps de vous y préparer.
C’est brutal en effet. Mais est-ce que
finalement il y a une bonne façon
d’arrêter sa carrière ? L’avantage,
c’est que je n’avais pas à réfléchir 0
quand arrêter ma carrière, cela m’a été
imposé et c’est vrai que le positif dans
l’histoire c’est que j’ai tout de suite eu
des sollicitations qui m’ont permis de
m’occuper mais surtout de rester dans
le rugby.
Vous devenez consultant dès 2007 alors
que vous jouez encore.
Il y a toujours un manque c’est sûr, mais
je restais dans mon univers. Je n’étais
plus sur le terrain mais en dehors et je
n’ai donc pas ressenti de manque d’être
sur le terrain, d’être avec les terrains.
Aucune envie d’être entraîneur ?
Pour le moment non,
cela n’a jamais été un but.
Vous êtes peut-être le commentateur
qui fait le plus l’unanimité sur les
réseaux sociaux. Est-ce que vous
le ressentez et est-ce que vous avez
une explication ?
Non, je n’ai aucune explication, il est vrai
que Midi Olympique avait fait un sondage
auprès des entraîneurs qui me plaçaient
en tête. J’essaie juste de faire mon
boulot du mieux possible, comme quand
je jouais. J’ai choisi d’être consultant à
part entière et non en complément d’une
activité. Du coup cela me dégage des
périodes de temps plus grandes pour
préparer mes matches, visionner mes
matches, lire la presse, etc. Peut-être que
l’explication vient de là. Cela me ravit en
tout cas, et j’espère que cela va continuer.
Comment se présente une semaine de
consultant ? Lecture des journaux, … ?
En effet, j’aime beaucoup lire la presse
anglaise en ce qui me concerne, je vais
aussi sur les sites étrangers puisque je
commente le Super rugby pour Canal.
C’est aussi un moyen d’avoir des
informations et des points de comparaison
sur l’organisation générale, etc. Après,
j’aime bien regarder les matches que je
n’ai pas vus. Cela prend du temps mais
on a la chance avec Canal d’avoir une
base de données qui est accessible en
permanence. Donc, tout cela me prend
deux, trois jours par semaine. Puis il y a
aussi la radio et comme j’interviens aussi
pas mal en entreprise sur des séminaires
et des conventions, cela fait des bonnes
semaines.
9. 9
interview
thomas lombard
Vous êtes friand de rugby de
l’hémisphère Sud, qu’est-ce que vous
appréciez dans ces compétitions ?
Il y a une notion de spectacle qui est
intéressante. Souvent, ce sont des
matches qui sont attrayants du point
de vue de la prise de risque, etc. Sans
comparaison aucune avec le Top14
puisque les enjeux ne sont pas les
mêmes, il n’y a pas de descente, les
modes de financement des équipes ne
sont pas les mêmes. Je trouve que c’est
un championnat rafraîchissant, c’est aussi
un laboratoire pour les expérimentations
des nouvelles règles. Ca permet de voir en
amont comment les règles sont gérées et
les changements de règles sont assimilés
par les joueurs.
Voilà, je trouve que c’est un complément
intéressant au Top14.
Ce qui me frappe en regardant le Super
Rugby, c’est la rapidité de libération des
ballons ainsi que l’angle des courses
qui je trouve meilleur d’une manière
générale (plus de courses droites, ...)
Par rapport aux libérations, je pense
qu’ils sont très forts dans la qualité des
soutiens, le travail de libération de la
balle. Ce sont des choses qu’ils travaillent
beaucoup. Par exemple, on voit beaucoup
en Super Rugby ou même souvent au
niveau européen des joueurs qui vont
se détendre, s’étirer un maximum et se
tourner rapidement vers leur camp pour
que le ballon soit accessible et qui vont
favoriser la sortie de balle. On a tendance
à le voir de plus en plus en Top14, mais ce
n’est pas aussi régulier.
Le Super Rugby est doté d’arbitres qui
laissent le jeu se dérouler beaucoup plus.
Maintenant sur les angles de course,
ils travaillent beaucoup le jeu dans la
défense, la faculté à libérer les actions,
jouer dans la défense, donc du coup ça
entraîne effectivement des réactions
des joueurs sans ballon avec des prises
d’intervalle, des prises de ligne et c’est
vrai que quand ils sont servis, ça va loin.
Ils ont une dextérité technique qui est
supérieure à la nôtre, c’est vrai, et ça fait
souvent impression.
Toujours en parlant de jeu, il m’arrive
souvent de râler contre des passes
sautées qui au lien d’apporter un plus
en attaque, desservent finalement le jeu
de ligne et favorisent le travail défensif.
C’est vrai que la passe sautée, si elle
n’est pas à plat et que la course n’est
pas bonne, va aider la défense qui va
récupérer en glissant. En perdant du
terrain certes. Il est vrai que c’est parfois
systématique. Après, c’est aussi une
question de communication des joueurs.
Je sais par exemple qu’en Angleterre
justement on avait des codes pour pouvoir
annoncer ce qu’on voulait comme passe.
Ce n’est donc pas le porteur de balle mais
les soutiens qui annonçaient. Tout est
question de communication à mon avis.
Vous avez relevé il y a peu sur Twitter
une statistique sur la possession du
ballon et l’occupation. Elle indiquait qu’à
part les Blacks, c’est l’équipe qui n’a pas
l’occupation ni la possession du jeu qui
l’emporte la plupart du temps.
Oui. Alors attention, ce n’est pas une
statistique définitive. Mais très souvent,
aujourd’hui, l’équipe qui a moins souvent
le ballon en terme de possession
est l’équipe qui gagne les matches.
Finalement on se rend compte qu’il est
beaucoup plus difficile d’attaquer que de
défendre. On a des défenses capables
maintenant de défendre sur plus de dix
temps de jeu sans se faire pénaliser et
avec les règles autour des rucks, les
joueurs qui viennent contester du calibre
de Steffon Armitage font que l’équipe qui a
le ballon finit très souvent par s’épuiser et
se mettre à la faute. Du coup procéder par
contre est une situation plutôt favorable.
En revanche cela ne s’applique pas
aux Blacks. Eux font mentir ce genre
de statistiques. Qu’est-ce qu’ils ont de
plus? La culture ? La technique ?
Déjà, ils travaillent énormément les
ballons de récupération ( à peu près
50 % des essais sont marqués sur des
ballons de récupération) et ils ont une
organisation avec des zones de terrain où
ils savent qu’ils peuvent à tout moment
attaquer, d’autres où en revanche ils
savent qu’ils vont taper au pied. Et à partir
du moment où il y a une récupération où
une prise d’intervalle qui intervient dans
cette zone, il y a une mise en mouvement
de beaucoup de joueurs avec des courses
de soutien, etc., qui est significative. Puis
ils ont une dextérité technique, une agilité
pour faire des passes au contact ou
on est en quête perpétuelle de talents,
de joueurs, de certitudes. Donc on change,
on renouvelle.
Il y a d’autres stratégies.
‘‘
10. 10
interview
thomas lombard
jouer dans la défense qui fait souvent
la différence. Et puis ils ont aussi des
joueurs comme Kieran Read, qui sont
des garçons parvenant à faire le geste
juste dans toutes les situations. Donc
finalement s’il y a une bonne solution à
prendre et 9 de mauvaise, ils vont à 95
% prendre la bonne décision. Ils sont
dans l’organisation et la description
d’un système de jeu qu’ils mettent en
place tous les week-ends dans le Super
Rugby. Ils sont dans la continuité avec
leur équipe nationale. Ce qui n’est pas
forcément notre cas, nous sommes dans
un championnat globalement assez fermé
avec beaucoup de phases de conquête, de
défense, etc. D’où au niveau international
quand il faut jouer dans la défense, dans
les intervalles, on a moins l’habitude de
le faire puisqu’on ne le fait pas forcément
au quotidien en club. Eux sont dans la
continuité, nous on ne l’est pas.
Justement puisqu’on parle de l’équipe
de France. Quel est votre regard sur
cette équipe ? Au niveau comptable, en
terme de bilan comme en terme de jeu,
on va dire que celui-ci est assez faible
depuis l’arrivée de Philippe Saint-André
à la tête des Bleus. On a l’impression
qu’il n’y a pas de ligne directrice, de
plan de jeu, de fil conducteur. On tâtonne
beaucoup, par exemple, on décide à
deux jours d’un match en Australie de
mettre en place une défense inversée
que l’on n’a jamais travaillée.
Oui, mais j’ai envie de dire que quand on
perd mais qu’on se creuse la tête, c’est
plutôt bon signe. Maintenant, je reste
optimiste par rapport à cette équipe
puisque je pense qu’elle a malgré tout une
forme de puissance qui se dégagera à un
moment ou à un autre. Pour moment ça
tarde c’est vrai, mais il y a du talent, des
joueurs d’expérience, un bon équilibre
et un groupe qui vient puisque j’ai eu la
chance de les accompagner en Nouvelle-
Zélande et Australie et m’apercevoir de
cela. Ils sont bons ensemble et c’est
important. Mais il faudra que ça se
matérialise par des résultats même si
on peut toujours dire que les deux mois
de préparation à la Coupe du Monde,
qui est une compétition qui nous réussit
toujours plutôt bien, pourront changer
les choses. Mais il faudrait quand même
qu’ils arrivent à terminer ce Tournoi des
6 Nations avec au moins trois victoires
(la date sera précisée dans le topo de
l’interview). Cela avait presque été le cas
à l'automne mais il y a eu ce croche-patte
des Argentins qui nous a remis face à nos
doutes, etc. Mais je pense qu’ils vont y
arriver.
Ce que je trouve dommage quand même
c’est que chaque année le Tournoi ne
sert plus qu’à préparer la Coupe du
Monde. Finalement, gagner le Tournoi
n’est pas le plus important...
C’est vrai, mais c’est le lot de presque
toutes les équipes aujourd’hui à part
celles qui dominent le rugby bien sûr.
Celles qui ne gagnent pas, qui ont un
nouvel entraîneur, un nouveau groupe
de joueurs, des anciens qui arrêtent, des
nouveaux qui ne donnent pas forcément
satisfaction, n’arrivent pas à dégager de
certitude. Et si on n’arrive pas à fixer et à
figer tout ça par des résultats, on est en
quête perpétuelle de talents, de joueurs,
de certitudes. Donc on change, on
renouvelle. Il y a d’autres stratégies.
Les Anglais par exemple. Eux se sont
entêtés avec certains choix, mais on voit
que malgré tout un garçon qui est titulaire
depuis trois ans comme Farrell ne donne
pas toutes les certitudes non plus à six
mois de la Coupe du Monde. Puis sa
blessure n’arrange pas les choses. Donc
voilà, je ne crois pas qu’il y ait de vérité
absolue. Maintenant ce qui est sûr, c’est
que rationnellement il vaut mieux avoir
une équipe qui arrive à la Coupe du
Monde en ayant gagné deux Tournois et
en dégageant une force collective grâce à
de bons résultats plutôt qu’une équipe qui
navigue un peu à vue.
Mais même si l’équipe de France
devient Championne du Monde (après
tout la poule est accessible et c’est une
compétition qui nous réussit plutôt bien)
met-on en place tous les ingrédients
pour réussir ? Un exemple : au niveau
de la formation, on ne brille pas dans les
dernières Coupes du Monde des moins
de 20 ans. Est-ce qu’on ne devrait pas
repenser des choses ?
On a un problème institutionnel,
notamment au niveau des conventions
et du respect de ces conventions. Par
exemple dans la convention entre la
Premiership rugby et la RFU, le premier
point mis en avant est la priorité à
l’équipe nationale, ce n’est pas le cas
dans la convention LNR / FFR. Donc on
progresse doucement, mais il y a une
énorme divergence entre les intérêts des
clubs et ceux de l’équipe nationale. Par
exemple aujourd’hui, il n’y a pas d’intérêt
évident pour un président de club comme
Mourad Boudjellal de faire tout ce qu’il
faut pour que l’Equipe de France soit
forte. Son club fonctionne, il est double
Champion d’Europe en titre et Champion
de France. Il faut trouver des points
d’accroche pour indemniser de manière
encore plus significative. C’est un dossier
extrêmement complexe.
On s’en aperçoit d’autant plus avec
la liste des 30 joueurs protégés .
Finalement sur cette liste, seule la
moitié de ces joueurs est sélectionnée
de manière récurrente. Il y a donc
des clubs qui peuvent logiquement
se sentir lésés.
Je pense que 30 n’est pas le bon chiffre.
Il fallait réduire ce nombre à 10 ou 15 en
ciblant prioritairement les cadres comme
Thierry Dusautoir qui a besoin de se
ménager et de se préparer pour la Coupe
du Monde.
Maintenant, nous voyons bien qu’il
est difficile de mener une politique de
résultats pour l’équipe nationale et pour
les clubs. Les Anglais par exemple n’ont
plus gagné de Coupe d’Europe depuis
2007. Les Saracens s’en sont rapprochés
mais n’ont pas réussi.
Et ce d’autant plus que les anglais ont
eu un passage à vide important dans
leur rugby avec la dévaluation de la livre
sterling. Le rugby anglais fonctionnant
essentiellement sur du mécénat, les
mécènes ont réduit leurs investissements
et leur participation dans les clubs. Moins
de stars étrangères, relative désaffection
des stades. Du coup, obligation pour eux
de proposer un spectacle attrayant pour
essayer de faire revenir ou garder les gens
dans les stades et après un choix payant,
il faut l’avouer, de prioriser les joueurs
issus de la formation anglaise (English
Qualified Players). Ces joueurs là du coup
aujourd’hui représentent 75 % des joueurs
évoluant en Angleterre. Stuart Lancaster,
le sélectionneur anglais, a du coup 75 %
de joueurs qu’il peut sélectionner pour
11. 11
interview
thomas lombard
l’équipe d’Angleterre, ce qui est colossal.
Cela s’est mis en place grâce à des
mesures incitatives et aujourd’hui ils
tirent la quintessence de cela. Si on prend
la ligne d’attaque de l’équipe d’Angleterre,
il y a une moyenne d’âge très basse.
En parlant de l’équipe d’Angleterre
et de sa composition, je trouve
personnellement dommage qu’on
écarte un joueur de la ligne de
Danny Care.
Danny Care est écarté parce que Stuart
Lancaster trouve que Ben Youngs colle
plus au plan de jeu qu’il chercher à
mettre en place. Care est un joueur plus
d’instinct, plus imprévisible. Care n’est
même pas sur le banc car Wigglesworth
est un excellent joueur au pied, ce qui
donne donc plus d’options aux différents
temps de jeu de Lancaster.
En octobre dernier, la FFR a proposé
une ébauche de calendrier dans le but
d’une harmonisation. N’est-ce pas une
bonne chose pour éviter les doublons,
mettre en place un Championnat du
Monde des Clubs par exemple ?
Le problème, c’est qu’aujourd’hui il y
a quand même des mastodontes qu’il
faudra bouger. A commencer par le
Tournoi des 6 Nations. Les organisateurs
ne veulent pas entendre parler d’un
tournoi à un autre moment qu’en
février et mars. Maintenant, la piste est
intéressante et c’est une piste à creuser
mais le calendrier sera toujours autant
chargé. Il restera toujours les matches de
championnat et les phases finales.
Top12 ou pas alors ?
Non, je ne pense pas que le Top 12 soit
une bonne solution. Ce que les clubs
font gagner en terme de temps de
récupération, ils vont le perdre en recettes
par exemple. Il y aura deux réceptions de
moins. Puis on va se trouver avec les gros
clubs qui auront 35 joueurs compétitifs,
une main d’oeuvre extrêmement
importante et pas forcément utilisée à sa
juste valeur.
Pour plus de spectacle en Top14,
limiter à une seule descente alors ?
2 descentes sur 14 clubs paraissent
très lourdes. Mais en contre partie,
il n’y aurait qu’une seule montée.
Oui, mais on pourrait s’inspirer de ce que
font les Anglais par exemple, c’est à
dire avoir des critères d’accession plus
drastiques (qualité des stades, montant
des budgets pour les clubs etc.) pour
essayer d’avoir des équipes pérennes
en Top14 avec des bassins économiques
forts. Aujourd’hui, il est capital pour le
rugby que Lille puisse accéder à l’élite et
obtenir une homogénéisation des clubs
sur l'hexagone qui soit plus significative.
Aujourd’hui c’est trop disparate. Bien sûr
on ne pourra jamais empêcher le mérite
à une équipe comme Mont-de-Marsan
par exemple de remonter en Top14.
Mais on sait que ce sont des équipes
qui financièrement auront du mal à être
compétitives par rapport à d’autres. Tôt ou
tard, il y aura un choix à faire.
Vous n’avez pas peur qu’on se coupe
trop de l’histoire de ce sport ?
Oui, on se coupe un peu de l’histoire de ce
sport, mais une métropole comme Lyon
par exemple peut un jour attirer du monde
dans son stade. Le potentiel est là. Puis
ce sont des équipes qui sont dans des
grands bassins économiques qui peuvent
mettre un million sur la table par exemple
pour faire venir des stars comme Dan
Carter.
Vous avez commenté dernièrement du
rugby féminin. Vos impressions ?
C’était très sympa. Il y avait une belle
fenêtre ouverte aux rugbywomen pour
attirer la lumière. Elles ont fait quelque
chose de chouette pour la Coupe du
Monde. Il y a une sorte de solidarité qu’on
doit avoir aujourd’hui avec elles. Le rugby
masculin est très fort. Il est normal qu’on
puisse les aider ainsi de temps à autre.
Bon, le match n’a pas forcément été des
plus enlevés, mais les conditions étaient
difficiles. C’était une chouette initiative.
En plus, la rencontre a été suivie par 300
000 téléspectateurs, ce qui est plutôt
honorable.
En parlant de rugby féminin, il y a ces
temps-ci beaucoup de médiatisation.
Était-ce un “one shot” pour Canal
ou est-ce que l’expérience va être
renouvelée ?
C’est un match qui s’est inscrit dans
le cadre des 24h du sport féminin. Il
n’est pas exclu que ça se reproduise.
Maintenant il est vrai que nous avons
une antenne des plus chargées et il sera
compliqué de retransmettre le Top8 qui
pourrait entrer en collision avec le Top14
et la Pro D2. Cela ne va pas servir à grand
chose de se positionner sur le sport
féminin et le diffuser à 23h sur une chaîne
annexe de Canal.
Jeremy @jerryman66 ou @bajadita
Photo : Icon Sport/ enpleinelucarne.net/ biensport.wordpress.com/
12. 12
portrait
albert cigagna
Une fois n’est pas coutume, ce mois-ci, FINALESRUGBY ne vous proposera pas un focus sur un
match ou sur une biographie. Pour ce numéro 12 d’UP AND UNDER, c’est un très grand joueur
du rugby français qui nous fait l’honneur d’un questionnaire de Proust sauce ovale.
TOP !
Il a dirigé le pack de Toulouse durant 14 ans au poste de numéro 8.
Surnommé « Matabiau » en raison de sa capacité à trier les ballons pour
les bonifier, il fut titré 5 fois en 7 finales de championnat de France
Doté d’un sens tactique hors du commun et d’une grosse technique individuelle,
il connut la consécration internationale bien tard (qui a dit « à tort !! ») à presque
35 ans pour décrocher la 3ème
place de la Coupe du Monde 1995 face à nos
meilleurs ennemis
Il n’est pas possible que vous n’ayez pas encore découvert de qui il s’agit.
Je suis !… Je suis !…
Monsieur Albert Cigagna bien sûr !
13. 13
portrait
albert cigagna
* Mazères Cassagne Sports est un club du Comité Midi Pyrénées
qui a également formé William Servat, Hervé Manent et Julien Rey, actuellement centre de l’U.B.B.
Quel est aujourd’hui votre activité
professionnelle ?
Professeur d’EPS depuis 1982, détaché
à la Fédération Française du Sport
Universitaire depuis 15 ans
A quel âge avez-vous commencé
à jouer au rugby ?
6 ans
Pourquoi avoir choisi ce sport ?
C’était le sport du village
Quel a été votre parcours de joueur ?
Au M.C.S. (Mazères Cassagne Sports*)
jusqu’à 18 ans puis 4 saisons à Bagnères.
Toulouse de 1983 à 1995 puis 1an à
Castres et 2 ans à Pamiers
Quel joueur vous a le plus impressionné
(par son talent) durant votre carrière
(à votre poste de prédilection et tous
postes confondus) ?
Didier Codorniou (c’est mon ami)
Quel est (ou a été) votre joueur préféré ?
Kieran Read - Richie Mc Caw - Conrad
Smith
Un joueur vous a-t-il fait perdre vos
moyens durant ta carrière ou du moins
déstabilisé ?
Aucun
Quel numéro 8 actuel vous
correspondrait-il le plus ?
Ce serait trop prétentieux
Auriez-vous aimé jouer actuellement ?
Pas spécialement
Vous êtes Vice-Président du club de
Mazères Cassagne Sports. Constatez-
vous une évolution des mentalités dans
le rugby amateur ?
L’implication et l’amour du club sont-ils
toujours des critères importants ?
Il est à l’image de l’évolution de la
société c’est à dire les joueurs sont des
consommateurs et non des acteurs.
La rigidité des systèmes de jeux et la
préservation du résultat dans le rugby
pro ne donnent plus lieu (à quelques
exceptions près) à un jeu débridé mais
terriblement efficace.
Pensez-vous que le « Jeu à la
Toulousaine » dont vous êtes l’un des
principaux instigateurs
est définitivement dissout ?
C’est une question de philosophie du club.
A ce jour, il est en train de disparaitre
L’apprentissage du rugby à 7 peut-il
être un moyen de renforcer les
capacités techniques d’un joueur ?
Oui mais cela reste 2 activités totalement
différentes
A votre avis, la formation française
a-t-elle des carences ?
Je le pense
Nom : Cigagna.
Prénom : Albert.
Age : Bientôt 55 ans.
(né le 25 septembre 1960).
Poste : 3ème
ligne
Avec Albert Cigagna, le rugby s'invite
à la maison d'arrêt de Foix pour
l'opération "Bouger pour s’en sortir"
14. 14
portrait
albert cigagna
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous
à un gamin qui souhaiterait devenir
un joueur pro ?
Fais des études !
Avez-vous des contacts avec
le milieu du rugby professionnel ?
Si non, est-ce un regret ?
Quelques-uns et ce n’est vraiment pas
un problème
Question mode : le rugby actuel par
le biais du marketing attache de plus
en plus d’importance aux tenues pour
des raisons marketing. Auriez-vous
apprécié de jouer avec les maillots
actuels ?
Oui, pour montrer les tablettes
de chocolat
Quelle équipe de club (au niveau des
championnats français et au niveau
international) vous inspire le plus
lorsque vous la voyez jouer ? Pourquoi ?
Les Blacks, l’Angleterre, l'U.B.B.
Beaucoup d’initiatives dans le jeu, jeu fait
de mouvements
Le «French Flair» a-t-il disparu ?
Oui (ce sont les anglais qui ont maintenant
le french flair)
Le rugby (dans sa grande majorité)
sur les chaines payantes… Votre avis ?
C’est bien : tu peux zapper ou faire autre
chose si c’est nul
Pensez-vous que « l’esprit du rugby »
est aussi fort chez les garçons que chez
les filles ?
Sans aucun problème
Qualité préférée chez 1 rugbyman ?
L’intelligence
Qualité préférée chez 1 rugbywoman ?
L’intelligence
Vous êtes plutôt « famille » OU «
copains » ?
Les 2
Un film ?
“Intouchables”, “Into the wild”
Un livre?
L’oligarchie des incapables
Un chanteur ?
Bénabar
Une chanson ?
Lili, de Pierre Perret
Un lieu ?
Mazères
Quel titre de film, de livre ou de
chanson, donneriez-vous à votre
carrière de rugbyman ?
La vie est un long fleuve tranquille
Une boisson ?
Un bon verre de vin (Bordeaux ou
Corbières)
Un bruit ?
Le gazouillis des oiseaux le matin
au réveil
Quel a été votre rêve de bonheur
de rugbyman ?
Tous les titres de Champion et la
Coupe du Monde 1995
Votre plus grand malheur ?
Au niveau sportif aucun. Sinon
la perte d’amis
Votre couleur, votre fleur et votre
oiseau préféré ?
Fuchsia – Orchidée - Perroquet
Votre héros et héroïne préférée
en sport, fiction et dans la réalité ?
Aucun
Don de la nature
que vous aimeriez avoir ?
J’ai été gâté (je me contente de ce que j’ai)
Y a-t-il un don ou une qualité
supplémentaire au rugby, que vous
auriez aimé avoir ?
Mesurer 10 cm de plus, courir le 100m en
10’, avoir plus de détente (blagues)
Quelle est la faute dans la vie pour
laquelle vous avez le plus d’indulgence ?
Ma devise « je pardonne tout mais j’ai
de la mémoire »
Quelle est la faute au rugby pour laquelle
vous avez le plus d’indulgence ?
Faire une connerie sur une prise
d’initiative
Quelle a été votre devise sur le terrain ?
Prenons du plaisir – osons
Quelle est votre devise dans la vie ?
Il y a toujours des choses plus graves
Le rugby disparait : une épitaphe ?
« J’ai partagé de bons moments »
Albert Cigagna avec son ami
et opposant politique Fabien Pelous
15. 15
Eric @Finales_Rugby / finalesrugby.com
Photo : Nicolas Derré/ ladepeche.fr/ midinews.com/ l'equipe.fr
palmarès
albert cigagna
5 FOIS CHAMPION DE FRANCE
1985 avec Toulouse contre Toulon 36 / 22
1986 avec Toulouse contre Agen 16 / 06
1989 avec Toulouse contre Toulon 18 / 12
1994 avec Toulouse contre Montferrand 22 / 16
1995 avec Toulouse contre Castres 31 / 16
2 FOIS FINALISTE DU CHAMPIONNAT DE FRANCE
1981 avec Bagnères contre Béziers 13 / 22
1991 avec Toulouse contre Bègles 18 / 12
1 COUPE DE FRANCE 1984
finaliste de la COUPE DE FRANCE 1985
Pour en voir ou savoir plus
sur Albert CIGAGNA
Quelques finales disputées avec le Stade Toulousain
Toulouse-Toulon 1985
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=gLUXICd6lSU
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=puUiq5NqHzA
Partie 3 : https://www.youtube.com/watch?v=Mjnp8fcHG1c
Toulouse-Agen 1986
https://www.youtube.com/watch?v=Q0rgsKIeJtE
Toulouse-Toulon 1989
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=eClXKtblIyE
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=6lOD3QrDpX8
Bègles-Toulouse 1991
https://www.youtube.com/watch?v=BjAB0fJMdZM
Toulouse-Castres 1995
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=a4hfqGXKzuo
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=hlpKLPdmM0k
Entretien dans Rugby Magazine le 6 septembre 2014.
En 2 minutes 30, vous retrouverez un entretien sans concession
et la maitrise technique d’Albert Cigagna
http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/emissions/
rugby-magazine/actu/l-entretien-avec-albert-cigagna-un-rugby-
professionnel-dans-lequel-il-ne-se-reconnait-pas.html
Rugby Magazine est diffusé sur France 3 Midi Pyrénées tous les
samedis à 12h10
Interview dans L’EXPRESS en 2004. Certains passages
prévalent encore actuellement.
http://www.lexpress.fr/informations/albert-cigagna-generation-
desenchantee_654850.html
1 Tournoi des 100 ans DU STADE TOULOUSAIN 1989
1 FOIS FINALISTE DU CHALLENGE DU MANOIR 1984
1 Tournoi des MASTERS 1989
3 CHALLENGE DU MANOIR 1988 1993 1995
1 sélection en équipe DE FRANCE
(carte d’international n° 829) le 22 juin 1995. Match pour la 3ème
place de la Coupe du Monde : France-Angleterre : 19 – 09
16. COCORICO
Une attaque en kilt
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
Trèfle de plaisanterie !
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
une nouvelle défaite
au bout de l'ennui
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
des sales gosses
aux starlettes
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
une victoire mais
pas d'aggiornamento
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
u20 : le tournoi
bajadita.com / @SOSurrullo - @magalica31
17
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22
23
17. 17
Dans un Stade de France transi de froid,
le XV de France a essentiellement brillé
par sa défense, parvenant à stopper les
offensives écossaises souvent initiées
par ce diable de Stuart Hogg, l’arrière
de poche au cœur de Lions sur les
nombreux ballons rendus au pied par
Camille Lopez ou Scott Spedding. Encore
qu’il faille évoquer l’essai encaissé en
fin de première mi-temps, le seul de la
rencontre, et quelques occasions assez
nettes qui auraient pu aller à dame sans
l’intervention heureuse des défenseurs
tricolores. Face à des formations
plus denses physiquement et mieux
organisées après plusieurs temps de jeu,
il est à craindre que le rideau français ne
connaisse quelques soucis autrement
plus épineux.
Mais c’est surtout en attaque que le
chantier ne paraît toujours pas avoir
progressé. Souvent arrêtés, donnant
l’impression de ne pas trop savoir que
faire du ballon, les attaquants français
ont proposé trop peu de courses vraiment
tranchantes dans la défense adverse.
Et lorsque qu’elles se produisirent, le
manque de soutien ou une maladresse
dans la passe ont annihilé les occasions
d’essai. En deuxième période, les
tricolores ont paru se recentrer sur un
jeu restrictif, privilégiant des groupés
pénétrants il est vrai plus efficaces
que le jeu au large incapable de
déstabiliser la défense écossaise, faute
notamment de déblayage efficient dans
les regroupements. Laissant le soin à
l’ouvreur Camille Lopez, très en réussite
dans cet exercice, de meubler le score
sur pénalité, les « rouges » ont assuré
l’essentiel hier, à savoir la victoire.
Malgré ces critiques, il serait injuste de
juger que le succès français est immérité.
Les statistiques sont d’ailleurs plutôt
flatteuses qui tendent à infirmer le
sentiment tenace qu’hier soir les attaques
portaient un kilt plutôt qu’un maillot
rouge.
Sans conteste, le XV de France s’est
montré supérieur à son adversaire tant
en termes d’occupation du terrain et de
possession que courses et d’off-loads.
La touche tricolore a donné satisfaction
malgré quelques lancers ratés, ce qui
est plutôt une bonne surprise face à un
alignement écossais de très bon niveau.
Pourtant, un goût très net d’inachevé
demeure. Et qui ne semble malheureu-
sement pas près de disparaître.
Le XV de France a peut-être changé de maillot, mais il n’a pas changé sa façon d’aborder
les matchs : face à l’Ecosse, pourtant présentée comme l’équipe la plus faible du plateau
avec l’Italie, les joueurs de Philippe Saint-André ont encore une fois déçu les attentes
des supporters, avec un jeu offensif approximatif et bien peu inspiré.
Une attaque
en kilt
Antoine @renvoiaux22
Photo : AFP
18. 18
Trèfle
de plaisanterie !
Il ne faut pas s’y tromper. Derrière ce score
somme toute flatteur (18-11) se cache la
vérité toute nue : l’équipe de France est
médiocre. Pas nulle, non, médiocre au
sens étymologique du terme, c’est à dire
moyenne. Sans relief, sans véritable point
fort, si ce n’est la défense. Encore qu’avec
18 points encaissés sur pénalités on puisse
trouver à redire sur la question.
Non, décidément, ce XV de France
n’enthousiasme plus grand monde.
Peut-on accepter que le soi-disant
meilleur championnat du monde
produise des joueurs incapables de se
faire correctement des passes ? Peut-
on raisonnablement se contenter de dix
minutes de jeu à peu près cohérentes en
deux matchs du Tournoi ?
Il fallait s’y attendre, une semaine
de travail supplémentaire depuis la
rencontre face à l’Ecosse n’a pas réglé
les défauts rédhibitoires affichés par
l’équipe de France depuis trop longtemps
: soutiens offensifs insuffisants, ballons
reçus arrêtés, absence d’alternance
dans le jeu offensif, jeu de passes à
la limite de la faute professionnelle. A
quoi il faut ajouter une touche tout juste
correcte et une mêlée pas franchement
dominatrice. Pendant la quasi-totalité
du match, les Français ont subi la
domination d’un XV d’Irlande pourtant
pas éblouissant. Simplement meilleur sur
les fondamentaux, pénible comme à son
habitude dans les rucks, et adroit aux tirs
au but. Jonathan Sexton, pourtant sonné,
encore une fois, sur un plaquage de
Mathieu Bastareaud (le seul à surnager
chez les trois-quarts), a réalisé un sans
faute, inscrivant tous les points de son
équipe. De son côté, Camille Lopez
a manqué un but franchement dans
ses cordes et n’a pas convaincu dans
l’animation offensive.
Devant, la pack tricolore n’a pas fait
d’étincelle, avec une mention spéciale
à Pascal Papé, qui a fait admirer son
intelligence situationnelle en collant un
coup de genou à Jamie Heaslip sous les
yeux de l’arbitre pour récolter un carton
jaune stupide et mérité. Paradoxalement,
cette expulsion temporaire a secoué
les bleus, transformant les enfants de
l’apathie en révoltés au point de faire
douter les Irlandais.
Ah, si seulement le XV de France essayait
au moins une fois de jouer tout son match
comme les dix dernières minutes de
l’Aviva Stadium !
Avant cette partie, Thierry Dusautoir
affirmait qu’un succès en terre irlandaise
serait un exploit. Le rugby français en est
là. Espérer créer la surprise contre une
formation qu’elle a si souvent battue par
le passé.
Comme on souhaiterait que cesse la
plaisanterie d’une équipe qui préfère
s’adonner à la musculation plutôt que
de faire des gammes, ballon en main,
qui semble trouver suffisant une victoire
poussive contre l’Ecosse et estimera
certainement encourageante une défaite
en Irlande sur une marge plus étroite que
celle qu’on lui prédisait avant la rencontre.
Les plaisanteries les plus courtes sont,
dit-on, toujours les meilleures. Au bout de
quatre ans, celle-ci ne nous fait plus rire
du tout.
Antoine @renvoiaux22
Photo : 3M
On craignait une déroute, celle-ci ne s’est pas produite. La défaite peut même sembler
honorable. Sept points d’écart seulement séparent les vainqueurs irlandais des perdants
français. Les bleus ont même inscrit le seul essai de la rencontre. Et les plus optimistes
diront qu’avec un poil de réussite supplémentaire au pied, les hommes de Philippe Saint-
André auraient pu repartir de l’Aviva stadium avec un déficit de deux petits points. Une
misère. De quoi permettre à PSA de vendre ce nouveau revers comme une presque victoire.
19. 19
Une nouvelle défaite
au bout de l’ennui.
Les discours positifs du sélectionneur
ne changeront rien au fond, tout comme
les arguments fondés sur le manque
de réussite au pied de Camille Lopez, la
blessure prématurée de Rémi Lamérat ou
la réussite en contre de l’attaque Galloise.
Malgré un léger mieux depuis l’entame du
Tournoi, cette équipe de France de rugby
reste un mauvais élève.
Face à des Gallois récitant un rugby sans
génie mais assez efficace pour l’emporter,
les Français ont fait une nouvelle fois la
démonstration de leur fragilité. Cette
équipe sur le fil du rasoir semble être à la
merci de la première contrariété venue,
sans qu’elle soit en mesure d’inverser le
cours des événements. Ce samedi, une
passe en-avant de quelques centimètres
annihilant un essai de Yoann Huget et trois
coups de pieds ratés (deux de Camille
Lopez, un de Morgan Parra) ont suffi à
faire basculer les Bleus du côté de la
défaite.
En face, les Gallois ont enchainé les
phases de jeu stéréotypées (deux ou trois
séquences de rentre-dedans des deux
centres, soutiens à deux mètres et ballons
écartés dans les temps de jeu ultérieurs),
profité de l’indiscipline tricolore (en
particulier celle de Romain Taofifenua qui
a coûté six points à lui seul) pour inscrire
cinq pénalités et marquer un essai en
contre. Rien de génial, on l’a dit, mais ce
fut largement suffisant pour infliger un
nouveau revers à PSA au Stade de France.
Dans un match encore une fois marqué
par l’ennui, les occasions de se réveiller
ont été assez peu nombreuses pour les
spectateurs, et c’est surtout en défense
que les joueurs français ont été les plus
en vue. Si les premières minutes ont
semblé donner raison aux choix de PSA,
avec une ligne de trois-quarts animée des
meilleurs intentions, la blessure de Rémi
Lamérat après moins de vingt minutes de
jeu a certainement contrarié ces bonnes
dispositions.
Même si la rentrée de Mathieu Bastareaud
n’a pas été négative, elle a coïncidé avec
le retour à un jeu sans grande ambition,
ni variation. Et quand bien même les
statistiques révèlent que les Français
ont davantage franchi et gagné plus de
mètres que leurs adversaires, celles-ci
ne se sont pas traduites par des points
dans les moments clés. Quant à a botte
défaillante de Camille Lopez, elle ne
saurait constituer la seule excuse à cette
nouvelle défaite. Les rentrées de Uini
Atonio et Vincent Debaty en seconde
période ont correspondu avec un regain
de puissance bénéfique, que les tricolores
ont utilisé dans un jeu direct assez
intéressant, mais insuffisamment efficace.
La faute à quelques choix malheureux et à
une défense galloise très agressive.
Menés pendant tout le match, les
hommes de Philippe Saint-André ont
couru en vain après le score, la régularité
métronomique au pied de Leigh Halpenny
au pied permettant aux Gallois de faire
tranquillement la course en tête, jusqu’au
coup de sifflet final, qui déclencha la
bronca du public du Stade de France.
Ce public qui n’en peut plus d’attendre
une réaction d’orgueil des Français, qui
se lasse des discours lénifiants sur des
progrès que le staff tricolore est le seul à
vraiment discerner dans une équipe qui
nous sert depuis quatre ans un brouet
sans saveur en guise de rugby. Alors
qu’on se dirige vers un nouveau fiasco
dans le Tournoi, un Tournoi que PSA sera
le premier sélectionneur en vingt-cinq
ans à n’avoir pas remporté pendant son
mandat.
Une bien triste distinction…
Antoine @renvoiaux22
Photo : Icon Sport
A l’issue d’un repas où il avait trouvé le temps long, Groucho Marx
gratifia la maitresse de maison d’un compliment pour le moins piquant :
« J’ai passé une très bonne soirée. Mais ce n’était pas ce soir. »
On serait tenté de présenter le même à Philippe Saint-André après une nouvelle
défaite dans le Tournoi,la quatrième de rang face au Pays de Galles.
20. 20
C’est toute l’équipe de France qui
en a pris pour son grade. L’attitude
du sélectionneur a tranché avec les
propos lénifiants auxquels il nous
avait habitués jusqu’à présent. Au-delà
du ton, c’est surtout la façon de s’en
prendre aux joueurs qui a surpris les
observateurs.
Ce n’est pas la première fois que Saint-
André met en avant les défaillances
individuelles pour expliquer un revers de
son équipe. On se souvient qu’à l’occasion
de la catastrophique tournée australienne
de l’été 2014, PSA avait fustigé des
comportements jugés indignes de la
part d’internationaux. Mais cette fois, le
timing de l’aigre saillie du sélectionneur
lui confère un relief particulier : en plein
Tournoi, alors que la Coupe du monde
se profile à grande vitesse, les propos
du coach résonnent comme un aveu
d’impuissance et l’affirmation d’un
véritable ras-le-bol.
PSA reproche aux joueurs leur implication
insuffisante, estimant qu’ils ont trahi sa
confiance. Le sélectionneur juge même
que de les avoir protégé depuis plusieurs
mois face aux critiques des médias
n’a servi à rien. Refusant d’assumer
seul, désormais, la responsabilité des
échecs successifs du XV de France,
Saint-André a traité les internationaux
de « starlettes » plus soucieuses de
leurs contrats publicitaires et du nombre
de leur abonnés sur Twitter que des
performances de l’équipe nationale.
Il est vrai qu’au vu des autres
rencontres du même week-end, avec les
performances de l’Italie et de l’Irlande,
on peut légitimement s’interroger sur la
capacité des bleus à se sublimer quand
Celtes et Transalpins se transforment en
guerrier dès qu’ils revêtent leur tunique
d’internationaux.
Ces propos de Philippe Saint-André ne
sont pas sans rappeler la sortie de Marc
Lièvremont pendant la coupe du monde
2011, qui avait traité ses joueurs de
« sales gosses ». Dans les deux cas sont
fustigées des attitudes à l’égard du maillot
après des défaites donnant le sentiment
d’une impuissance caractérisée. La
similitude des réactions des deux
sélectionneurs interroge sur une question
plus fondamentale : PSA est-il encore
accepté par le groupe ? Son discours
est-il encore audible par les joueurs ? En
2011, le courant ne passait plus entre les
« sales gosses » et Marc Lièvremont, les
premiers se prenant en charge avec l’aide
d’une partie du staff pour le résultat que
l’on sait : une finale perdue d’un cheveu
de Craig Joubert.
Aujourd’hui, on ne voit pas bien quel
Lionel Nallet ou quel Imanol Harinordoquy
pourrait guider la contestation des
joueurs vers une révolte positive, de celles
qui vous transcendent.
C’est précisément le sens des propos
de Philippe Saint-André : surprotégés,
les internationaux tricolores donnent
l’impression de venir en sélection comme
A l’occasion d’une conférence de presse donnée au lendemain
d’un nouveau revers du XV de France face au Pays de Galles,
Philippe Saint-André est sorti de ses gonds. Et pas seulement parce
que sa charnière a affiché d’inquiétantes limites face aux Gallois.
Des sales gosses
aux starlettes
21. 21
on se rend à son travail, sans émotion
particulière. Si certaines accusations
semblent un peu à côté de la plaque (on
pense aux contrats publicitaires, qui ne
sont pas nouveaux), d’autres apparaissent
justifiées. Un joueur nouvellement
appelé dans le groupe qui demande aux
journalistes de passer par son attaché
de communication pour un interview,
un autre qui trouve sa performance
satisfaisante et le fait savoir quand tout
indique qu’il est passé à travers, un autre
encore qui retweete tous les messages
déplorant sa non-sélection, voilà quelques
exemples tendant à démontrer que PSA
n’est pas totalement dans le faux.
Quant à savoir s’il a fait une erreur en
sortant ce discours devant les médias,
la réponse n’est pas simple. Les réseaux
sociaux ont réagi plutôt négativement,
mettant l’accent sur le fait que le
sélectionneur ne maîtrisait plus rien et
que, de toute façon, ce genre de propos
devait rester dans l’intimité du vestiaire.
L’argument consistant à dire « ce qui se
dit dans le vestiaire doit y rester » est
recevable jusqu’à un certain point. On a
d’ailleurs vu le sélectionneur de l’équipe
de France de Handball ne pas se priver
d’utiliser la médiatisation de ses critiques
pour « piquer » son groupe. Et cela ne
lui a pas mal réussi. Bernard Laporte
lui-même, très critique à l’égard de Saint-
André, n’a pas été le dernier à distiller des
commentaires très durs dans la presse
à l’égard de ses joueurs. La présence
des caméras dans le vestiaire durant un
match France – Italie en 2002 ne l’avait
pas dissuadé de livrer une engueulade
mémorable aux internationaux à la mi-
temps. Et cela n’avait pas empêché ces
mêmes joueurs de remporter un grand
chelem cette année-là.
Sans exonérer Philippe Saint-André de
ses responsabilités, qui sont irréfragables,
on peut être d’accord avec le constat
qu’il fait sur ces nouvelles générations
de joueurs professionnels, dont le sens
des responsabilités et de l’engagement
est loin d’être exemplaire. Notre société
est schizophrène, voulant tout savoir au
nom de la transparence mais criant au
scandale quand on lui révèle les secrets
du vestiaire. Elle est aussi très perméable
à la simplification à outrance, préférant la
facilité d’un bouc émissaire à la recherche
d’une responsabilité collective forcément
plus complexe. La situation du XV de
France est pourtant de celles qui appellent
à une prise de conscience par l'ensemble
des acteurs du rugby hexagonal.
Pour résumer en filant la métaphore
cinématographique, on souhaiterait que
le sélectionneur, metteur en scène du
XV de France, nous offre un chef d’œuvre
plutôt que les navets qu’il nous sert avec
régularité depuis quatre ans.
Mais on sait également que les chefs
d’œuvre se font avec des stars – souvent
des sales gosses – davantage qu’avec des
starlettes…
Antoine @renvoiaux22
Photo : creapill.fr/ cyberbougnat.fr
des « starlettes » plus soucieuses de leurs contrats publicitaires et du nombre
de leurs abonnés sur Twitter que des performances de l’équipe nationale.
‘‘
Des sales gosses
aux starlettes
22. 22
Une victoire
mais pas d’aggiornamentoxv.2
La seconde, moins conciliante,
s’attachera à pointer les carences
offensives trop nombreuses et
improductives face à un adversaire qui a
disputé son plus mauvais match depuis
bien longtemps, à mettre en exergue
les défaillances individuelles et les
insuffisances collectives qui ont conduit
à une prestation indigente des bleus en
première période. D’une vacuité assez
rare, celle-ci a apporté la preuve que le
XV de France est loin d’avoir réglé ses
problèmes. Et quel contraste avec les
deux matchs disputé la veille à Cardiff et
Twickenham !
Sur le plan collectif comme individuel,
les quarante premières minutes ont été
un festival de ballons tombés, de rucks
poussifs et de mauvais choix. Sans la
médiocrité au pied des buteurs italiens,
les Tricolores n’auraient certainement
pas viré en tête à la pause (9-0). Camille
Lopez, auteur d’un mauvais coup de pied
sur son premier ballon, pourra mettre
en avant sa réussite dans les tirs au
buts. Pour le reste, il est passé à travers
son match et a manqué de lucidité dans
la seule action vraiment tranchante à
mettre à son crédit. Inutile de dire que
cela ne va pas servir sa cause, d’autant
que la rentrée de Jules Plisson a été très
satisfaisante en seconde période. Autre
déception, Sébastien Tillous-Borde, qui
n’a pas pesé sur ses « gros » et a paru
emprunté balle en main. A sa décharge,
on ne peut pas dire que les avants français
lui aient facilité la tâche dans le jeu
courant. Mieux en place défensivement
qu’offensivement, les tricolores se sont
néanmoins montrés assez indisciplinés.
On ne sait pas si la réaction des bleus en
deuxième mi-temps a été la conséquence
du discours de PSA à la pause, mais
force est de reconnaître qu’on a vu des
joueurs français plus entreprenants,
moins maladroits et mieux disposés en
conquête. Face à des Italiens aussi pâles
que leur maillots, les tricolores ont inscrit
deux essais plutôt bien amenés. Mention
spéciale au Bayonnais Scott Spedding et
au Rochelais Loann Goujon. Les entrées
en jeu de Rabah Slimani et de Vincent
Debaty ont également été positives. Reste
qu’en face, ce n’était que l’Italie et pas la
plus brillante qu’on ait vu, loin s’en faut.
En tout état de cause, il est difficile de se
contenter de ce succès incontestable mais
qu’on ne saurait qualifier de « référence
» pour PSA et ses hommes. On attendait,
sans trop y croire, que les bleus fassent
leur aggiornamento cet après-midi. Cela
n’a pas été le cas. L’équipe n’est toujours
pas en mesure de répondre aux exigences
du top niveau mondial.
Il ne s’agit pas de critiquer à plaisir
un sélectionneur et des joueurs qui
collectionnent les mauvais matchs depuis
près de quatre ans, ni de passer par
pertes et profits une victoire qui, après
tout, ne coulait pas de source après la
purge dionysienne contre le Pays de
Galles. Mais on est en droit d’attendre
tellement mieux de notre sélection.
Au sortir d’un match comme celui auquel nous avons assisté entre le XV de
France et celui d’Italie, il est possible d’adopter deux attitudes. La première
consiste à ne retenir que le résultat, très positif, à se raccrocher à la
phase de jeu bien amenée pour l’essai de Yoann Maestri et à se souvenir
d’une défense qui n’aura pas pris le moindre point.
Antoine @renvoiaux22
Photo : lesechos.fr
23. Les U20 de Fabien Pelous terminent
le Tournoi des 6 Nations 2015 à la deuxième place.
A Saint-Gaudens, les Bleuets battent les Gallois, 27 à 5.
Extraits en images, grâce à Magali Cazals (@magalica31 - magalicazals.com )
23
u20
26. EUROSTARS
ADAMS JONES : COUAC DE FIN
upandunder.fr / @PaulineMgd
Georges NORTH
xvovalie.com / @XVOvalie
27
30
Antoine @renvoiaux22
27. A peine deux semaines avant le début du Six-Nations,
Adam Jones a pris sa retraite internationale. L’annonce met un
terme à quelques mois compliqués entre le pilier et sa sélection.
Ses bouclettes abandonnent le XV gallois. A première vue,
le pilier droit ne fait pas trembler grand monde, malgré son
mètre 83 et ses quelque 120 kilos. Une petite barbe aux reflets
roux, un visage rond, une démarche pataude, et évidemment
une chevelure indisciplinée, le joueur n’est pas l’incarnation
de l’élégance sur un terrain. Peu importe, Adam Rhys Jones
n’est pas là pour faire rêver un stade entier, ou pour vanter
des cosmétiques. Mais il convainc dans son jeu. La preuve : à
seulement 22 ans, le 23 août 2003, le pilier connaît sa première
sélection. Ce sera aussi sa première défaite face à l’Angleterre,
au Millenium Stadium. Le Pays de Galles se fait humilier ce
jour-là, 43 à 9. Pas un cadeau pour une première cape chez les
grands. Coïncidence ou pas, Adam Jones ne perdra plus face au
XV de la Rose dans son stade mythique.
27
28. Adam Jones
couac de fin
28
Des grands chelems
au banc
Malgré un physique facile à moquer, Il est
longtemps considéré comme le meilleur
pilier droit du monde. Il faut dire que son
palmarès avec le Pays de Galles force au
respect.
Quadruple vainqueur du Six-Nations, il
appartient à la petite caste qui a vécu trois
grand chelems : en 2005, 2008 et 2012. En
Coupe du Monde, il joue un quart de finale
en Australie, en 2003, puis une demi-finale
en Nouvelle-Zélande, en 2011. Difficile
alors de lire la déclaration d’Adam Jones
dans le Sunday Time ce 25 janvier 2015 : «
Ce n’est évidemment pas la façon dont je
voulais terminer ma carrière, ce n’est pas
ce que j’avais prévu ».
Le pilier indique également que sa
réflexion remonte au dernier match du
Six-Nations 2014 (victoire contre l’Ecosse à
Cardiff), lorsqu’il a été poussé sur le banc
par Rhodri Jones. Pourtant, le droitier
garde espoir : « J’étais assez content de la
manière dont les choses évoluaient, et je
pensais que je reviendrais. Et puis, il y a eu
ces trente minutes en Afrique du Sud ».
Trois mois plus tard, le 14 juin 2014, à
Durban, Adam Jones vit donc sa dernière
sélection, la 100e avec le Pays de Galles
ou les Lions.
En entrant sur le terrain, évidemment,
il ne le sait pas. Mais, très vite, il va
comprendre que Warren Gatland ne
compte plus vraiment sur lui. Chahuté
en mêlée face à l’Afrique du Sud, le
sélectionneur le punit : à la trentième
minute, il est remplacé par Lee, et
sa tournée est terminée. Pour celle
d’automne, le droitier n’est carrément
plus dans le groupe gallois.
29. 29
Un choix de poids
Avant Noël, il prend une décision : s’il
n’est pas retenu pour le Six-Nations, il
arrête. Le chevelu gallois sait que son
poids est un problème pour la sélection.
Il a donc promis de s’affuter, de tout faire
pour revenir et surtout pour être présent
à la Coupe du Monde, mais c’est « trop
compliqué à vivre pour [sa] famille ».
Le 25 janvier, il tire un trait sur sa
carrière internationale, sans un dernier
Six-Nations, sans une dernière Coupe
du Monde. Son dernier match sous le
maillot rouge sera donc une défaite à
Durban (38-16), trente minutes à se faire
bousculer en mêlée. Lorsque Rhodri
Jones, son concurrent, se blesse à l’épaule,
Warren Gatland appelle Scott Andrews.
Adam Jones perd donc sa place, et c’est
son remplaçant au Cardiff Blues qui a
la faveur du sélectionneur. Samson Lee
est le droitier numéro 1. Warren Gatland
indique pourtant que « la porte n’est pas
définitivement fermée », qu’Adam Jones
pourrait faire partie des 45 joueurs à
préparer la Coupe du Monde.
Ce n’est pas suffisant pour le pilier. Pour ce
Tournoi, le sélectionneur ne prend pas la
peine de l’appeler : c’est l’entraîneur des
arrières, Robin McBryde, qui lui annonce
qu’il n’est pas retenu. A l’annonce de sa
retraite internationale, Warren Gatland
réagit froidement dans un communiqué
de la Fédération : « Nous lui souhaitons
bonne chance pour la suite de sa carrière
avec les Cardiff Blues ». Puis, il se dit «
surpris » de la décision d’Adam Jones, et
loue la carrière du joueur. « C’est évident
qu’Adam a joué un rôle primordial dans le
succès du Pays de Galles », a-t-il déclaré
à la BBC. Le pilier droit aux trois grands
chelems reste lui aussi reconnaissant
envers son sélectionneur malgré ces
derniers mois difficiles.
Au Sunday Times, il décrit leur relation :
« Warren est l’homme qui est venu vers
moi et m’a sauvé, il m’a donné un coup
de pied [au derrière]. Il a eu une influence
énorme sur moi […] Je ne suis pas
d’accord avec ce qu’il fait en ce moment,
je ne suis pas d’accord quand il ne me
sélectionne pas. […] Mais il a choisi ceux
qu’il pense être les meilleurs ».
Adam Jones va vouloir être le meilleur avec
les Cardiff Blues. Son contrat de joueur se
termine à la fin de la saison, mais il se voit
bien continuer le rugby deux ou trois ans,
puis entraîner des avants.
Pauline Maingaud @PaulineMgd / upandunder.fr
Photo : Getty/ walesonline.co.uk/ PA Photos
Adam Jones
couac de fin
30. 30
Georges North
un record certes mais à quel prix ?
Face à la France ce samedi, George North va franchir la barre des 50 caps à tout
juste 22 ans. Si la presse fran-çaise s'émerveille du phénomène, cette jeune
éclosion contrebalance avec les trois commotions cérébrales su-bies par le
gallois depuis Novembre dernier. Et s'il n'avait justement pas commencé trop tôt...
Le 6 février dernier au Millenium Stadium,
le Pays-de-Galles vient de s'incliner
16-21 face à l'Angleterre pour le compte
de la première journée du Tournoi des
6 Nations. Au delà de cette défaite, une
in-quiétude réside et elle concerne un
gamin gallois, oui c'est encore un gamin
: George North vient de subir deux KO
dont un oublié par le staff gallois. C'est
le troisième depuis Novembre 2014 et le
joueur de Northampton doit observer par
conséquent, une période de re-pos qui
l'empêche de participer à la victoire des
siens à Murrayfield face à l'Ecosse une
semaine plus tard (23-26).
Le natif de Norfolk a tout juste 18 ans en
2010 lorsqu'il refuse la sé-lection anglaise
pour le Pays-de-Galles. De père originaire
du Yorkshire mais de mère galloise, c'est
la tête déjà solidement an-crée sur ses
épaules qu'il se fixe à tout juste 16 ans, un
certain nombre d'objectifs qu'il dit avoir
accompli pour la plupart. Warren Gatland
fait appel à lui pour la Tournée d'Automne
du Pays-de-Galles de 2010, alors qu'il n'est
qu'un illustre inconnu entamant à peine sa
carrière professionnelle avec les Scarlets.
Déjà proche du quintal à cet âge, on lui
colle le surnom du Jonah Lomu gallois. Il
marque deux essais contre la Namibie lors
de la Coupe du Monde de 2011 et devient
le plus jeune marqueur de l'histoire de la
Coupe du Monde.
En 2013 et après trois années de bons
et loyaux services pour sa province
galloise, il fait partie de l'exode des
joueurs inter-nationaux gallois - Lydiate,
Roberts au Racing-Métro - et paraphe
un juteux contrat avec le club anglais des
Northampton Saints, club avec lequel il
se souhaite franchir un nouveau palier et
surtout un club qui selon lui, lui offrirait
l'opportunité de s'étalonner sur la scène
européenne, comprenez H-Cup à l'époque.
À tout juste 22 ans, plus rien ne semble
effrayer le Lion britan-nique qui en a
déjà sous le capot, sauf que ses trois
"extinctions cé-rébrales" nous amènent à
réfléchir quant à sa précocité. Au qua-
trième KO, il sera exactement l'heure de se
poser la question s'il n'a pas éclos trop tôt
au haut niveau. Combien sont les joueurs
à avoir mis fin à leur carrière récemment
pour commotions cérébrales à ré-pétition ?
Quelles en seraient les séquelles ?
Alors même si les voeux de 2015 sont déjà
loin derrière, souhaitons lui la santé avant
les records...
Greg @XVOvalie - xvovalie.com
Photo : Getty
31. ALL OVAL
THE WORLD
pourquoi le super15 est plus
spectaculaire que le top14
superrugbynews.fr / @superrugbynews
Munakata Sanix Blues
japonrugby.net / @Japonrugbynet
SUPER RUGBY :
15 JEUNES À SUIVRE
superrugbynews.fr / @superrugbynews
VARSITY CUP : UN FRANçAIS
EN AFRIQUE DU SUD
sudrugby.com / @Sudrugby
32
35
42
45
32. 32
Si vous êtes un fidèle du Top 14 sans être
pour autant un habitué du Super 15, il
vous est peut-être déjà arrivé de tomber
sur un match de l’hémisphère sud à la
télé, et de vous entendre dire, “mais ce
n’est pas possible, ce n’est pas le même
sport, pas les mêmes règles ?!”.
C’est vrai qu’à première vue, les deux
compétitions ne proposent pas le
même rugby. Dans la compétition de
l’hémisphère sud, le jeu semble plus
ouvert, plus aéré, bref, plus spectaculaire
que chez nous. “C’est normal, les
meilleurs joueurs du monde sont ceux
de l’hémisphère sud !”, diront certains.
“Peut-être, mais de nombreuses stars
de l’hémisphère sud évoluent en France,
et cela ne fait pas pour autant du Top 14
la plus belle compétition en termes de
spectacle proposé !”, répliqueront à juste
titre d’autres passionnés.
On va donc tenter d’apporter des
éléments de réponse à ce débat ;
n’hésitez pas vous aussi à donner votre
avis dans les commentaires en fin
d’article ! Avant d’approfondir, sachez
qu’on ne juge pas ici de la qualité du
rugby proposé.
On ne dit pas que le Super 15 est une
meilleure compétition, que le rugby
pratiqué y est de meilleure qualité. On
essaie simplement de comprendre
pourquoi le rugby d’en bas est bien
souvent plus plaisant à regarder que
celui qu’on voit chez nous.
Pourquoi le Super 15 est-il
plus spectaculaire que le Top 14 ?
Ce vendredi commence la nouvelle saison de Super 15, une compétition
que tous les amateurs de beau rugby attendent chaque année avec
impatience. C’est l’occasion pour nous de tenter de répondre à une
question que beaucoup de personnes se posent : pourquoi le Super 15
est-il plus spectaculaire que notre Top 14 ?
A l’image d’Alofa Alofa se jouant de la défense des Highlanders sur cette astucieuse passe off-load, le Super 15 nous procure sans
cesse un spectacle époustouflant. Pourquoi le Top 14, malgré sa pléthore de stars, n’arrive-t-il pas à suivre le rythme ?
33. 33
1 /
le Super 15 porte
le terme “spectacle”
dans ses gènes
Avant de comparer les deux compétitions,
il faut rappeler une chose fondamentale :
alors que le Top 14 n’est autre la version
actuelle du championnat de France de
rugby – une compétition ancestrale dont
les origines remontent à la fin du XIXème
siècle, le Super Rugby est une compétition
bâtie de toutes pièces (ou presque,
puisque le Super 10 l’avait précédé de
1993 à 1995) avec l’avènement du rugby
professionnel en 1996.
Rupert Murdoch, le magnat des médias
australo-américains, avait alors incité les
fédérations sud-africaine, néo-zélandaise
et australienne à se réunir sous une
entité (la SANZAR) pour mettre en place
une nouvelle compétition professionnelle
regroupant les meilleures provinces de
ces trois pays. Inspiré par les grandes
compétitions de sport américain (NBA,
NFL, NHL…), Murdoch a vendu la
compétition aux chaînes télé comme un
sport-spectacle. Pour faire de l’audience
auprès d’un public pas forcément conquis
d’avance par une compétition n’ayant
aucune histoire, quoi de mieux qu’une
flopée d’essais et une pléiade de belles
actions aux quatre coins du terrain ?
Il n’y a pas que sur le terrain que
l’évolution est palpable. Marketing oblige,
les provinces franchises sont devenues
des franchises, avec leur identité propre,
leur logo, leurs cheerleaders, leur
mascotte et bien entendu leurs superstars
(à l’époque, Jonah Lomu, John Eales,
Joost van der Westhuizen…). Le rugby-
spectacle était né !
2/
il n’y a pas de
relégation en Super 15
Evidemment, le beau jeu ne se décrète
pas. Ce n’est pas parce qu’un magnat
des médias a la volonté de proposer à
ses téléspectateurs des attaques tous
azimuts que les arrières des équipes vont
s’amuser à faire n’importe quoi depuis
leur propre ligne d’en-but.
Hors de question également de changer
les règles du rugby pour cette compétition
: après tout, ce sont les actuels et
potentiels Springboks, Wallabies et All
Blacks qui vont participer à la compétition
: impensable de pratiquer un sport en
club et un autre en équipe nationale.
Ainsi, pour que le jeu soit beau de façon
naturelle et non imposée, la SANZAR a
fait en sorte qu’il n’y ait pas de relégation
possible. A l’instar des compétitions
professionnelles américaines, les
franchises sont là pour y rester.
Cela change tout : on ne joue plus pour ne
pas perdre, mais pour gagner. On ne joue
plus pour prendre le moins de risques
possible et faire le moins de fautes
possible, on joue pour marquer plus que
l’adversaire. C’est d’ailleurs du Super
Rugby que nous vient l’instauration de la
règle du point de bonus offensif.
L’enjeu n’est donc plus le même : pour
attirer les sponsors, les franchises doivent
produire non seulement des résultats
mais aussi du beau jeu, alors qu’en
France, les clubs doivent gagner “coûte
que coûte” pour conserver les leurs.
Ceci étant, les rencontres du Super Rugby
ne sont pas toujours spectaculaires. En
Afrique du Sud, la culture est différente,
et les franchises les plus prestigieuses
ne sont pas celles qui proposent le
rugby le plus offensif (les Bulls, Sharks
et Stormers, régulièrement sur le
devant de la scène, nous montrent
que trop rarement l’allant offensif
et l’enthousiasme des Lions et des
Cheetahs).
Mais de façon générale, la plupart des
équipes impliquées dans le Super Rugby
ont moins tendance à jouer “petits bras”
que les équipes du Top 14, à quelques
exceptions près.
3/
un arbitrage plus
souple
Qui n’a jamais eu envie de bousiller sa
télé devant un match du Top 14 lorsque
l’arbitre siffle un en-avant “imaginaire”
sur l’action de la dernière chance de
votre équipe favorite ? En Top 14, les
enjeux financiers sont tels que les fautes
d’arbitrage peuvent avoir d’énormes
Pourquoi le Super 15 est-il
plus spectaculaire que le Top 14 ?
34. 34
conséquences. Toulouse privée de Coupe
d’Europe ? L’USAP et Biarritz en Pro D2 ?
Quid du budget de ces clubs pour la
saison suivant une déconvenue sportive ?
Dans le doute, les arbitres qui officient sur
les pelouses du championnat de France
préfèrent siffler que laisser une action
échapper à leur vigilance.
Dans l’hémisphère sud, la philosophie est
toute autre, bien que les enjeux financiers
soient très importants également. Un
ballon tombé ? Une passe un chouïa en-
avant ? Un coup franc rapidement joué
mais pas exactement à l’endroit de la
faute ? Dans le doute, l’arbitre va laisser
jouer, dans “l’esprit du jeu”. On en revient
au premier point : dans l’hémisphère
sud, c’est le rugby spectacle – on ne va
pas tout gâcher pour une phase mal
interprétée par l’arbitre.
On généralise peut-être ici, mais c’est
la tendance qui se dégage. Bien sûr, il
arrive que certaines rencontres du Top 14
soient arbitrées de façon particulièrement
laxistes, et il arrive aussi que des arbitres
du Super 15 abusent de l’arbitrage vidéo.
4/
des joueurs plus frais
physiquement
Voilà un éternel débat auquel on n’a
malheureusement pas encore trouvé de
solutions convaincantes en France. Mais
les faits sont là : les joueurs français
disputent trop de matchs – il suffit
d’entendre Mathieu Bastareaud en pleurs
à l’issue de Stade Français – Toulon du 28
décembre dernier pour s’en convaincre.
Se comparant à un “zombie” et affirmant
être “arrivé au point de rupture”, le centre
international ne faisait que dire haut et
fort ce que nombre de ses coéquipiers
internationaux doivent eux aussi ressentir.
En France, le championnat compte 26
journées, plus éventuellement 2 ou 3
matchs de phases finales. Une équipe
qualifiée pour la Coupe d’Europe s’engage
pour au minimum 6 matchs, auxquels on
peut ajouter jusqu’à 3 matchs de phases
finales. L’équipe de France, quant à elle,
dispute en général 5 matchs durant le
Tournoi des Six Nations, puis 3 pendant
la tournée d’été, et enfin 3 autres à
l’automne. Faîtes le compte : un joueur
Robocop pourrait disputer 49 matchs dans
la saison ! Enfin, moins, car il faut déduire
à ce compte les doublons. Toujours
est-il qu’il y a beaucoup trop de matchs
en France. Etant donné ces chiffres
surréalistes, on ne peut pas reprocher à
une équipe du Top 14 de se rendre parfois
chez l’adversaire avec un plan de jeu des
plus restrictifs. Certes, les sports sont
différents, mais à titre de comparaison,
le championnat professionnel de football
américain (NFL) ne s’étend que sur 4
mois de saison régulière plus un mois de
phases finales ! Soit un maximum de 20
matchs par équipe. Le reste de l’année est
consacré au repos, à la récupération et à
la préparation de la saison à venir.
Pour en revenir au rugby, les joueurs de
l’hémisphère sud disputent 16 matchs
de saison régulière en Super 15, plus 3
matchs maximum de phases finales. Les
internationaux sont a priori dispensés de
leur compétition nationale (ITM Cup pour
les Néo-Zélandais, Currie Cup pour les
Sud-Africains), sauf s’ils sont en manque
de temps de jeu ou en phase de reprise.
En équipe nationale, ils disputent en
moyenne 3 Tests en juin, puis disputent
6 rencontres dans le cadre du Rugby
Championship avant de s’envoler vers
l’Europe pour 4 nouveaux Tests. En faisant
le compte, on obtient 32 matchs (hors
compétition nationale). C’est peut-être
trop, mais c’est toujours moins que le
nombre de matchs que peut jouer un
international français dans la saison !
On peut en déduire que les joueurs de
l’hémisphère sud sont plus frais le week-
end que les représentants du Top 14, et
cela a forcément une incidence sur la
qualité du spectacle proposé. Proposer
du beau jeu, ce n’est pas qu’une question
de volonté ou d’arbitrage. En effet, pour
contre-attaquer, courir, venir en soutien,
etc., il faut des jambes avant tout !
Toutes ces explications ne sont que des
pistes et n’expliquent pas tout, loin de
là. Aussi, tout cet article est basé sur
un constat subjectif – il y en a peut-être
parmi vous qui doivent trouver que le
Top 14 est plus spectaculaire que le
Super Rugby. Tant mieux ! Le rugby est
professionnel, les chaînes télé s’arrachent
les droits pour retransmettre les plus
belles compétitions et au final, on a la
chance en tant que téléspectateurs de
pouvoir suivre un maximum de matchs du
monde entier. On a l’embarras du choix –
si le vôtre c’est le Super 15, ne ratez pas
cette nouvelle saison, qui a commencé le
13 février ! (à suivre cette année sur Sport
+ et Canal + Sport)
Pourquoi le Super 15 est-il
plus spectaculaire que le Top 14 ?
Jérémy @superrugbynews - superrugbynews.fr
Photo : Matt King/Getty Images AsiaPac/ Getty/ Rugbyrama/ Icon Sports
35. 35
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Schinichi Munemasa, le milliardaire
japonais et PDG de Sanix Corporation
Munakata Sanix Blues
Couleur : Bleu marine
Année de fondation : 1994
Affiliation ligue : Top League
Palmarès
Top Ligue Kyushu A : 6 titres :
1999, 2000, 2001, 2002, 2004 et 2013
Promu en ligue Ouest B (1994)
Promu en ligue Ouest A (1996)
Promu en Top League (2005 et 2014)
Petit tour aujourd'hui sur le plus jeune
club japonais présent en Top League
japonaise. Je veux bien sûr parler de
Munakata Sanix Blues. Remontons pour
bien comprendre l'histoire de ce club aux
origines de l'entreprise. Sanix, société
basée sur le recyclage des déchets, voit
le jour en avril 1975, à Sasebo, dans
la préfecture de Nagasaki. En 1981,
l'entreprise déménage définitivement son
siège social dans la ville deFukuoka, dans
la préfecture du même nom.
C'est en mars 1987 que la société
nipponne prendra son nom tel que nous
le connaissons :
Sanix Corporation. Dans les années
90, Schinichi Munemasa le PDG du
groupe japonais et riche milliardaire,
fait construire à Munakata (ville au nord
deFukuoka), le "Sanix Sports Promotion
Foundation", un centre sportif complet,
dans le but de contribuer à la culture
sportive locale.
36. 36
Dans ce centre sera ainsi basée la future
équipe de rugby de Sanix Corporation.
Le Sanix World Rugby Youth Tournament,
tournoi crée en 2000 par le milliardaire
nippon, s'y déroulera dès lors. Mais
pas seulement. D'autres tournois
comme la Sanix Cup International Youth
Soccer Tournament (crée en 2003) s'y
dérouleront. Grand passionné de rugby,
Schinichi Munemasa crée l'équipe de
rugby de Sanix Corporation en 1994.
Le club japonais vient de naître. L'équipe
évolue pour ses tout débuts en ligue C,
dans la préfecture de Fukuoka.
Elle recrute d'entrée le 3/4 australien
Mark Finley (1994-1998) et remporte dès
sa première saison le titre et est ainsi
promu en ligue Ouest B.
Alors en 2ème
division japonaise, le club
frappe un énorme coup en recrutant en
1995 le 1/2 de mêlée All Black Graeme
Bachop (1995-2002)! Pour sa première
saison en 2ème division japonaise, le club
termine 3ème
.
Mais Sanix Corporation a des très grosses
ambitions pour son si jeune âge et
effectue un recrutement monstrueux en
1996. Le 3ème
ligne All Black à la retraite,
Jamie Joseph (1996-2002) et le jeune
3ème ligne néo-zélandais Richard Norton
(1996-2002), en provenance de l'équipe
universitaire de Yamanashi Gakuin et
fils de l'ancien All Black Tane Norton,
rejoignent l'équipe.
Lors de la saison 1996/1997, le club de
Munakata remporte le titre de champion
et bat en barrage MHI Nagasaki et accède
ainsi à la ligue Ouest A! Sanix Corporation
continue son ascension fulgurante.
L'équipe termine 5ème de la ligue Ouest
A en 1997. L'ouvreur Koji Orii (1998-2001),
passé autrefois par Nisshin Steel et le
championnat néo-zélandais, débarque.
Sanix Corporation termine 4ème
en 1998.
En 1999, les deux anciens All Blacks
Graeme Bachop et Jamie Joseph
deviennent les premiers joueurs de
l'histoire du club nippon à porter le maillot
des Cherry Blossoms!
Les deux joueurs participeront d'ailleurs à
la coupe du monde de rugby de 1999 avec
le Japon! Cette même année, Mark Finley
prend les commandes pour une saison en
tant qu'entraîneur-chef.
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Graeme Bachop et Jamie Joseph sous le maillot japonais en 1999
37. 37
Le club marque un grand coup médiatique
avec la venue du centre international
écossais John Leslie (1999-2000). Ce
néo-zélandais d'origine ne restera qu'une
saison mais donnera une autre dimension
à Sanix Corporation.
Le 3/4 japonais Yuichiro Fujii (1999-2001)
vient lui aussi intégrer l'équipe nipponne.
Avec cet effectif très riche, l'équipe
remporte son premier titre de champion
de la ligue Ouest A en 1999! Ce titre lui
permet ainsi d'accéder lors de la saison
1999/2000 à son premier tournoi national
des sociétés, où il sera éliminé dès le
premier tour.
Sanix Corporation poursuit sa domination
en ligue Ouest A et remporte trois autres
titres de champion consécutif (2000, 2001
et 2002). Mais à chaque fois, il voit son
chemin s'arrêter au premier tour dans le
tournoi national des sociétés. Son titre de
2002 lui permet au passage d'intégrer la
toute nouvelle Top League japonaise, qui
va faire ses grands débuts en 2003. Pour
cela, le club change de nom et se fait dès
lors renommer Fukuoka Sanix Bomuzu.
A cette époque, les premières stars
étrangères historiques du club sont
parties et ont été remplacées par une
nouvelle vague: les internationaux à 7
néo-zélandais Damian Karauna et Matua
Parkinson et le 3ème
ligne néo-zélandais
Deon Muir (2003-2009).
Quant au centre Reuben Parkinson,
frère de Matua Parkinson et lui aussi
dans le club, il sera sélectionné en 2003
par le technicien nippon Shogo Mukai
et participera à la coupe du monde de
rugby de 2003 en Australie. Un autre
néo-zélandais débarque aussi: le 2ème
/3ème
ligne Hare Makiri.
Les débuts de Fukuoka Sanix Bomuzu en
Top League japonaise sont prometteurs
avec une victoire dès la première journée
contre Kubota Spears le 14 septembre
2003. Mais l'équipe de Munakata va
enchaîner ensuite une longue série de
défaites.
Elle perd lors de la dernière journée un
match décisif contre Kintetsu Liners (45 à
42), le 25 janvier 2004, suite à une pénalité
de Yasumasa Shigemitsu à la 83ème
minute qui l'envoie en deuxième division
japonaise.
L'équipe est ainsi reléguée en Top
Ligue Kyushu A. Renforcée par l'arrivée
de l'ouvreur et international japonais
Hiroaki Ito (ex-Aquila), ancien joueur
emblématique de Suntory qui revient
tout droit d'une pige en Italie, Fukuoka
Sanix Bomuzu pulvérise et remporte son
championnat.
L'équipe gagne ensuite ses deux
rencontres en Top Challenge contre
Secom Rugguts (34 à zéro) le 16 janvier
2005 et Toyota Shokki Shuttles (41 à 36)
le 23 anvier 2005 et retrouve ainsi la Top
League japonaise un an après!
Durant l'intersaison, la sélection
japonaise part en tournée en Amérique
du sud.Hare Makiri fait ses grands débuts
avec le Japon lors du désastre en Uruguay
(défaite 24 à 18), le 16 aril 2005).
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Reuben Parkinson face aux Fidji, le 23 octobre 2003
Vaincu par Kintetsu Liners,
Fukuoka Sanix Bomuzu est relégué
en 2ème
division japonaise
38. 38
L'été 2005 voit le départ de nombreux
cadres (les frères Parkinson, Damian
Karauna et Hiroaki Ito). Le 2ème
ligne sud-
africain Jacques Deen, en provenance de
Castres, débarque pour une pige d'une
saison (2005-2006).
Fukuoka Sanix Blues poursuit son
recrutement à l'étranger avec la venue de
l'ouvreur Martin Kafka. L'international
tchèque arrive tout droit alors du Racing-
Métro 92 et s'engage une saison avec le
club de Munakata (2005-2006).
Yuichiro Fujii, ancien joueur du club, en
devient le nouveau manager (toujours
en poste aujourd'hui encore en 2015).
Le club quant à lui change de nom et
se fait désormais appeler Fukuoka
Sanix Blues, en hommage notamment à
l'océan et le ciel visible depuis Fukuoka.
Mais la nouvelle saison du club en Top
League japonaise va s'avérer être un pur
cauchemar.
Onze défaites en onze rencontres,
humiliation sur humiliation avec dont celle
du 1er octobre 2005 contre Toyota Verblitz
(défaite 82 à 21). Fukuoka Sanix Blues
termine bon dernier du championnat avec
un goal-average de - 409 et deux petits
points au compteur! Fort heureusement,
l'équipe gagnera son maintien après son
succès en barrage contre Kintetsu Liners
(46 à 20), le 11 février 2006, prenant au
passage sa revanche de 2004.
Durant l'été 2006, l'équipe de Munakata
se renforce avec du très lourd pour
ne pas revivre pareille saison. Deux
internationaux tongiens du Top 14
rejoignent le club: le 3ème
ligne du Stade
Toulousain, Isitolo Maka (2006-2009) et le
3/4 de Bayonne, Pila Fifita (2006-2011).
L'international à 7 fidjien Amasio Valence
arrive aussi. Le tongien Fale Simitaitoko
(Tokuyama) rejoindra aussi le club
(2006-2008) avant ensuite de se lancer
dans la carrière de lutteur professionnel.
Avec un tel effectif, les résultats sont
au rendez-vous et Fukuoka Sanix Blues
termine à une très belle 9ème
place lors
de la saison 2006/2007. Sa meilleure
historiquement en Top League japonaise!
Durant l'intersaison 2007, le club de
Munakata recrute le jeune ouvreur Kosei
Ono (Christchruch Boys HS). A tout juste
20 ans, il a passé toute sa jeunesse
en Nouvelle-Zélande et offre un profil
atypique. Il est alors un grand espoir du
rugby nippon malgré son petit gabarit à
l'ouverture. Il sera sélectionné avec le
Japon par le technicien néo-zélandais
John Kirwan lors de la coupe du monde
de rugby de 2007.
En Top League japonaise, la saison
2007/2008 est un calvaire pour le club
nippon qui retombe au fond du gouffre,
malgré le derby remporté contre Coca-
Cola West Red Sparks (17 à 13), lors de la
première journée. Fukuoka Sanix Blues
prend plusieurs branlées: 72 à 05 contre
Sanyo Wild Knights, 45 à 0 contre NEC
Green Rockets et 55 à 26 contre Suntory
Sungoliath.
Heureusement pour le club cette saison-
là, d'autres équipes auront été bien plus
faibles (Ricoh Black Rams et surtout
Mitsubishi Sagamihara Dynaboars). Les
hommes de Yuichiro Fujii terminent
12èmes
du championnat et sauveront leur
maintien lors de leur large succès en
barrage contre Mazda Blue Zoomers
(79 à 10), le 9 mars 2008. A l'intersaison
2008, l'effectif est renforcé avec l'arrivée
de l'international à 7 néo-zélandais Tafai
Ioasa (2008-2013).
Lors de la saison 2008-2009, Fukuoka
Sanix Blues ne fait guère mieux (11ème)
et sauve sa place en Top League japonaise
en barrage contre Toyota Shokki Shuttles
(38 à 22), le 14 février 2009. A l'été 2009,
le 3ème ligne néo-zélandais Deon Muir
quitte le club après six saisons. En sens
opposé, Fukuoka Sanix Blues profite de la
relégation d'IBM Japan Big Blue et de ses
problèmes d'endettements pour recruter
deux de ses joueurs: le 2ème
/3ème
ligne
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Martin Kafka Isitolo Maka Pila Fifita
39. 39
Jake Paringatai (2009-2013) et le 3ème
ligne tongienTuvi Mahe (2009-2013).
La saison 2009/2010 montre un autre
visage de l'équipe qui terminera à une
exceptionnelle 7ème
place au classement!
Le premier derby de Fukuoka de la
saison, joué le 5 septembre 2009, aura été
remporté par Fukuoka Sanix Blues face à
Kyuden Voltex (25 à 15), devant plus de 6
000 spectateurs!
A l'été 2010, le club de Munakata recrute
deux joueurs néo-zélandais: les 3/4 Siliva
Ahio (Rissho) et Karne Hesketh (Otago).
Fukuoka Sanix Blues termine 8ème
de la
Top League japonaise lors de la saison
2010/2011 en prenant notamment sa
revanche dans le derby de Fukuoka contre
Coca-Cola West Red Sparks (22 à 17), le 4
septembre 2010. En 2011, le club frappe
un nouveau grand coup médiatique avec
le recrutement du 2ème
ligne All Black
champion du monde Brad Thorn (2011-
2013)! Mais malgré cette arrivée, les
Sanix Blues réalisent une très mauvaise
saison. 11ème
au final du championnat, il
se sauveront en barrage (une fois de plus)
avec leur victoire contre Toyota Shokki
Shuttles (39 à 17), le 3 mars 2012.
Le départ du club de l'international
nippon Kosei Ono vers Suntory Sungoliath
à l'été 2012 est une pure catastrophe
pour l'équipe de Munakata qui perd
son cadre essentiel. Et ce qui suit n'est
que pure logique. Fukuoka Sanix Blues
réalise l'une des pires saisons de son
histoire: une seule victoire lors du derby
de Fukuoka contre Kyuden Voltex (31
à 13) le 1er
septembre 2012 puis onze
défaites consécutives derrière! Dernier du
championnat, le club japonais peut encore
sauver sa place dans une Top League
japonaise qui va bientôt passer à 16 clubs.
Mais le 3 février 2013, Fukuoka Sanix
Blues est battu à la surprise générale
parToyota Shokki Shuttles (34 à 28)! Le
club de Munakata est alors relégué en Top
Ligue Kyushu A.
L'intersaison 2013 voit le départ d'une
marée de joueurs (Brad Thorn, Jake
Paringatai, Tuvi Mahe, etc...). Fukuoka
Sanix Blues renouvelle totalement son
effectif: les piliers néo-zélandais Ben May
et Jacob Ellison, le 2ème
ligne sudafricain
Jacques Potgieter, l'international samoan
Faatiga Lemalu, l'ancien international
nippon Bryce Robins (ex-Honda Heat) et
bien d'autres viennent renforcer l'équipe
de Munakata.
Comme attendu, les hommes de Yuichiro
Fujii écrasent leur championnat et
remportent le 6ème
titre de la Top Ligue
Kyushu A (ex-ligue Ouest A) du club
nippon! Qualifié pour le Top Challenge
1,Fukuoka Sanix Blues va battre
successivement Mitsubishi Sagamihara
Dynaboars (34 à 20), Yokogawa Musashino
Atlastars(113 à 07) et Honda Heat (30
à 16), gagnant ainsi son ticket pour la
remontée en Top League japonaise !
A peine promu, le club de Munakata
(Fukuoka) va connaître un bouleversement
majeur. Fukuoka Sanix Blues est en
effet renommé Munakata Sanix Blues
suite à l'accord de coopération entre
le club japonais, dont le siège se situe
à Munakata et la ville nippone. La
cérémonie de la signature, qui conclut cet
accord, a lieu le 29 avril 2014 dans la ville
de Munakata.
De nombreux personnages importants
participent à cette cérémonie: le président
de la Japan Rugby Football Union,Yoshiro
Mori, le gouverneur de Fukuoka, Hiroshi
Ogawa, le maire de Munakata, Hiromi
Tanii, le millardaire et président de
Sanix Corporation, Shinichi Munemasa
et le manager de Fukuoka Sanix Blues,
Yuichiro Fujii.
De retour en Top League japonaise
dans un championnat avec une nouvelle
formule depuis 2013, Munakata Sanix
Blues connait une saison bien galère
malgré l'arrivée du centre néo-zélandais
Dwayne Sweeney (Chiefs).
Bon dernier des play-downs (une victoire
et six défaites), le club de Munakata est
relégué en 2ème
division japonaise et
évoluera la saison prochaine en Top Ligue
Kyushu A...
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Le 5 septembre 2009, Fukuoka Sanix
Blues remporte le derby de Fukuoka
face à Kyuden Voltex (25 à 15) au
Level-5 Stadium, devant plus de 6 000
spectateurs!
Le 3 février 2013, le Springbok Ryan Kankowski et Toyota Shokki Shuttles
envoient Fukuoka Sanix Blues en 2ème division japonaise
40. 40
Munakata Sanix Blues
petit jeune sur la scène japonaise
Le 26 janvier 2014, Fukuoka Sanix Blues et Stephen Packer battent
Honda Heat (30 à 16) et remontent en Top League japonaise !
Personnages importants
Schinichi Munemasa: milliardaire et PDG de Sanix
Corporation, ce dernier n'est pas un fan à l'origine de
rugby. Mais tout va changer quand son fils, délinquant,
va transformer totalement sa mentalité et devenir enfin
quelqu'un de bien en intégrant un club de rugby.
Schinichi Munemasa va dès lors voir le rugby comme un
sport à part et avec des valeurs et investir grandement
dans ce sport. Outre son club de rugby, il créera ainsi en
2000 le Sanix World Rugby Youth Tournament.
Liste des internationaux japonais passés par Munakata Sanix Blues
Graeme Bachop (1967- , 8 caps): ancien
1/2 de mêlée de Sanix Corporation. Ancien
international All Black (1992-1995), il
intègre le club japonais en 1996. Avec
l'équipe de Munakata, il remportera
troisfois la ligue Ouest A (1999, 2000 et
2001).
International nippon à huit reprises, il
sera appelé par la sélectionneur Seiji
Hirao et fêtera sa première cape avec le
Japon lors de la victoire contre le Canada
(23 à 21), le 1er
mai 1999. Il participera à la
coupe du monde de rugby avec les Cherry
Blossoms cette année-là.
Bien plus tard, alors manager des
Highlanders, il fera venir l'international
nippon Fumiaki Tanakadans son équipe,
dès le Super Rugby 2013. Un moment
historique pour le rugby japonais.