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RAPPORT
D’EVALUATION DES OMD
2000-2015
Mai 2016© PNUD Bénin
photos
Elsie Assogba
Eric Godahoué
Reine David Gnahoui
Hadrien Bonnaud
Nadine Azifan
Les OMD ont marqué l’avènement d’un nouveau paradigme du développement,
consacrant l’adoption d’objectifs globaux à l’endroit des pays en développement.
Par-là, ils ont soulevé un élan planétaire de mobilisation pour le bien-être des
populations et la satisfaction de besoins essentiels comme l’éducation, la santé,
l’accès à l’eau et à l’énergie.
Les OMD ont influencé, de manière déterminante, l’action des partenaires au
développement en général et des agences du système des Nations Unies en
particulier. Leur mise en œuvre a entraîné le développement d’espaces de
dialogue et de partenariats autour de priorités communes au niveau global et au
sein des pays. Des engagements internationaux ont été pris (Monterrey, 2002) et
des initiatives de financement global ont été lancées dans différents domaines tels
que l’éducation et la santé avec des fonds verticaux comme l’Initiative Fast track
(partenariat mondial pour l’éducation), GAVI en 2000, Fonds mondial en 2002 et
UNITAID en 2006.
De même, l’agenda politique international a, tout au long de ces quinze dernières
années, été fortement imprégné des OMD par la mobilisation d’efforts politiques
et financiers sans précédent pour certains de ces domaines (initiative de
Muskoka sur la santé maternelle et infantile) à travers les différentes rencontres
internationales du G8 au G22.
Au niveau des pays, en particulier en développement, les OMD ont influencé de
façon marquante les cadres de planification du développement. Ainsi, leur prise
en compte dans les stratégies nationales de développement (DSRP) et politiques
sectorielles a favorisé le développement d’instruments de planification permettant
de renouveler la pratique dans le domaine. Des cadres de suivi-évaluation ont
émergé favorisant l’actualisation des outils et dispositifs statistiques pour le suivi
des indicateurs associés aux OMD.
Au-delà des limites et critiques qui sont faites de leur genèse (top down et pays en
développement non représentés) à leur intégration originelle dans les processus
DSRP en lien avec les initiatives d’allègement de la dette (Initiative pays pauvres
très endettés – PPTE et Initiative d’allègement de la dette multilatérale - IADM),
les OMD ont entrainé un renouvellement de la planification stratégique du
développement et du dialogue politique autour de l’aide au développement.
AVANT-PROPOS
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
5
De cette expérience, des leçons essentielles peuvent être retenues pour
informer du passage des OMD aux objectifs de développement durable (ODD):
qu’il s’agisse de la temporalité de l’action publique, de la programmation des
objectifs à atteindre, de l’articulation des horizons régionaux et nationaux ou qu’il
s’agisse des cadres de mesure des résultats pour assurer le succès de ce nouvel
engagement international au service des peuples.
Au Bénin, l’atteinte des objectifs de réduction de la pauvreté requérait un
élargissement de l’accès des populations aux services sociaux de base, couplé à
une croissance créatrice d’emplois. Ces deux conditions impliquaient à leur tour
une bonne gouvernance, tirée par un leadership fort et solidaire.
Or, l’économie béninoise n’a pas connu un essor permettant de réduire la
pauvreté. Le rythme de croissance s’est révélé fluctuant au début des années
2000, avant de subir l’impact de la crise économique mondiale en 2009-
2011, pour enfin se consolider au-dessus de 5 % à partir de 2013. De plus, la
croissance démographique (3,5% en moyenne) a pesé sur les capacités de
l’Etat à satisfaire la demande sociale. L’agriculture, dont vit une large part de la
population, n’a pas atteint un accroissement substantiel des rendements, faute
d’investissements conséquents, pour tirer la productivité du secteur primaire.
Bien que l’environnement des affaires se soit amélioré grâce à des réformes
de la règlementation des entreprises et de la fiscalité, des problèmes structurels
d’approvisionnement en énergie et de prédominance du secteur informel
persistent. Le pays a franchi des pas décisifs dans la gestion des finances
publiques avec un assainissement du cadre macroéconomique et une gestion
saine de la dette.
Des politiques sociales proactives ont été adoptées avec la mise en place
de dispositif de gratuité dans la santé et l’éducation. Cependant, la réussite de
leur mise en œuvre a été beaucoup affectée par les défis majeurs de bonne
gouvernance, y compris l’impact de la petite corruption dans les secteurs de la
santé et de l’éducation. Au-delà d’un manque de moyens, un déficit d’incitations
entrave la prestation de services publics de qualité. Aussi le Bénin se doit-il
d’améliorer les cadres du dialogue social. Les régressions récentes révélées
par les dernières enquêtes EMICoV et MICS pour certains indicateurs de santé,
mettent en lumière l’importance de maintenir les efforts dans la durée, au risque
de perdre les acquis.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
6
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
7
Le bilan que dresse le présent rapport au terme des 15 années de mise en œuvre
des OMD vient à point à l’aube du renouvellement de la légitimité démocratique
des décideurs politiques et de reformulation des orientations stratégiques du
développement du pays. La Stratégie de croissance pour la réduction de la
pauvreté 2011-2015 est arrivée à échéance avec les OMD. Aussi, l’élaboration du
nouveau cadre de planification du développement devra incorporer l’agenda 2030
adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre 2015 qui sans
s’en limiter, englobe les OMD dont il vise à consolider les acquis et terminer le
travail.
Ce nouvel agenda pour le développement, à l’adoption duquel le Bénin a participé
pleinement, a bénéficié d’un processus inclusif qui doit perdurer pendant sa mise
en œuvre. Ses objectifs ambitieux requièrent l’implication de toutes les parties
prenantes, à commencer par la société civile, le secteur privé et les collectivités
territoriales. Le processus de décentralisation du Bénin qui doit être poursuivi et
approfondi permettra une meilleure appropriation des politiques au niveau le plus
proche des populations.
Holistique, le nouvel agenda international met l’emphase sur les trois dimensions
du développement durable, dans une logique d’intégration des politiques. Cette
approche requiert un cadre institutionnel cohérent, qui a constitué un autre
obstacle à l’atteinte des OMD.
Le Bénin doit non seulement capitaliser sur ses acquis, à savoir une société
pacifique dans une démocratie bien ancrée et une croissance consolidée sur
fonds de stabilité macroéconomique, mais également poser un regard objectif sur
son expérience, pour relever les défis sociaux, économiques et environnementaux
qui deviennent de plus en plus pressants. C’est dans cette vision que s’inscrit le
présent rapport d’évaluation finale.
Ministre d’Etat, Chargé du Plan et du
Développement
Coordonnateur Résident du Système des
Nations Unies a.i.
M. ABDOULAYE BIO TCHANÉ Mme ANNE VINCENT
Le Rapport d’évaluation finale des objectifs du Millénaire pour le développement
2000-2015 a été préparé sous l’autorité conjointe du Ministère à la Présidence
chargé de la Coordination des Politiques de mise en œuvre des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) et des Objectifs de Développement
Durable (ODD) et du Système des Nations Unies (SNU). Le travail a été supervisé
par le Ministre d’Etat chargé du suivi des OMD, le Professeur Géro Amoussouga
et la Coordonnatrice Résidente du SNU, Représentante Résidente du PNUD,
Mme Rosine Sori Coulibaly.
L’équipe pays du SNU, notamment Mme Anne Vincent, Représentante de
l’UNICEF; M. Koudaogo Ouédraogo, Représentant de l’UNFPA; M. Tiémoko
Yo, Représentant de la FAO; Mme Margarèthe Molnar, Directrice Pays
d’ONUSIDA; M. Youssouf Gamatié, Représentant de l’OMS; M. Pierre Mpélé,
Représentant de l’OMS; M. Houssainou Taal, Représentant du PAM et
M. Aristide Djossou, Chargé de coordination du SNU, a apporté un soutien
financier et technique inestimable au processus d’élaboration de ce rapport final
d’évaluation des OMD.
L’équipe technique de préparation et de rédaction du rapport a été dirigée,
au niveau du SNU, par le Conseiller Economique du PNUD, M. El Hadji Fall et
l’Economiste National du PNUD, M. Janvier Alofa. Au niveau du ministère en
charge des OMD, l’équipe a été dirigée par M. Alastaire Alinsato, Directeur du
Suivi des OMD.
Le rapport a bénéficié des études sectorielles menées pour l’OMD 1, par M.
Euloge Videgla; pour l’OMD 2, par M. Bauro Bagoudou, M. Anani Hounza, Mme
Noëllie Hounnou et M. Aboubacari Mohamed ; pour l’OMD 3, par Mme Marie
Odile Attanasso; pour l’OMD 4, par M. Alphonse Akpamoli et M. Cyrille Zoungan;
pour l’OMD 5, par M. Edmond Danhoegbe ; pour l’OMD 6, par M. Alphonse
Akpamoli et M. Cyrille Zoungan; pour l’OMD 7, par M. Evariste Vigan, M.
Clément Houessoukpe et M. Geronimo Tambamou et pour l’OMD 8, par
M. Tarcicius Babadjihou.
REMERCIEMENTS
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
8
Les partenaires techniques et financiers (notamment l’Agence Française pour le
Développement, l’Ambassade des Pays-Bas, ONUSIDA, UNICEF et l’Allemagne)
ont apporté leur contribution pour la validation des études sectorielles et la
relecture des chapitres couvrant leur domaine d’intervention.
La rédaction et le processus d’élaboration du rapport ont bénéficié de la
contribution inestimable des membres du Département des Politiques et
Stratégies du PNUD, notamment Mme Christiane Nikobamye, Mme Diane
Maurissen et Mme Manon Richert et des membres du Projet d’Appui à
l’opérationnalisation des stratégies de développement du PNUD, notamment, M.
André-Félix Sossou, M. Arsène Adéniran, M. Christian Ayédoun, Mme Raymonde
Menomon et Mme Bénita Mahinou.
Les efforts de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse
Economique (INSAE) ont permis de disposer, en 2015, des résultats de
l’enquête EMICoV pour l’actualisation des indicateurs OMD. Le Directeur
Général de l’INSAE, M. Alexandre Biaou et son équipe (notamment
M. Damien Mededji et M. Djabar Adechian) ont joué un rôle essentiel dans
l’aboutissement de ce rapport ainsi que tous les partenaires qui ont contribué
au financement de l’enquête EMICoV, en particulier, l’UNICEF, la Délégation de
l’Union européenne, la GIZ et le PNUD.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
9
évaluation des progrès accomplis par le Bénin dans la réalisation desOMD
SOMMAIRE
Résume Exécutif 18
Les OMD au Bénin de 2000 à 2015 32
Leçons apprises des OMD pour les ODD 36
Introduction Générale 40
Chapitre 1 : OMD 1 : Éliminer l’extrême pauvreté et la faim 41
1.1.
Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population
dont le revenu est inférieur à un dollar par jour
44
1.2.
Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris
les femmes et les jeunes
49
1.3.
Cible 1.C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui
souffre de la faim
53
1.4.
Des politiques volontaristes pour la réduction de la pauvreté malgré des résultats
modérés
56
1.5.
Des ressources conséquentes pour lutter contre la pauvreté, améliorer l’emploi et
combattre la malnutrition
57
1.6.
Des contraintes majeures de développement économique, de gouvernance et
d’efficacité ont pénalisé la réduction de la pauvreté
58
Chapitre 2 : OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous 60
2.1.
Cible 2.A - Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un
cycle complet d’études primaires
61
2.2.
Des facteurs de succès liés à des politiques volontaristes et à la dynamique du fast
track pour l’éducation
65
2.3.
Des performances de l’éducation soutenues par la mobilisation de ressources
importantes
68
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
10
2.4.
Une gouvernance du secteur de l’éducation qui aurait pu mieux soutenir
l’atteinte de l’OMD
68
Chapitre 3 : OMD 3 Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes 70
3.1.
Cible 3.A - Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements
primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de
l’enseignement en 2015 au plus tard
71
3.2.
Des résultats au niveau éducatif portés par des politiques ciblées réussies
alors que la question du genre reste entière partout ailleurs
78
3.3.
L’égalité de genre soutenue financièrement, notamment par les partenaires
tout en bénéficiant de l’effort conséquent de l’Etat dans le domaine de
l’éducation
79
3.4.
Des performances en genre oblitérées par un déficit de leadership politique
et un ancrage institutionnel relatif
81
Chapitre 4 : OMD 4 Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans 81
4.1.
Cible 4.A - Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des
enfants de moins de 5 ans
82
4.2. L’OMD 4 soutenu par de multiples programmes appuyés par les partenaires 86
4.3.
D’importantes ressources mobilisées en faveur de l’OMD 4,
malheureusement pas sur la durée
87
4.4. Des résultats corroborant les insuffisances du système de santé 89
Chapitre 5 : OMD 5 Améliorer la santé maternelle 91
5.1.
Cible 5.A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité
maternelle
92
5.2. Cible 5.B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive 96
5.3. L’OMD 5 soutenu par des politiques de gratuité 105
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
11
5.4.
Des ressources mises en œuvre par l’Etat et les partenaires en deçà des
besoins pour atteindre l’OMD 5
107
5.5.
L’atteinte de l’OMD 5 a souffert d’un déficit d’appropriation et des
inefficiences du système de santé
108
Chapitre 6 : OMD 6 Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies 109
6.1.
Cible 6.A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/SIDA et avoir
commencé à inverser la tendance actuelle
110
6.2.
Cible 6.B. D’ici 2015, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux
traitements contre le VIH/SIDA
114
6.3.
Cible 6.C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes
maladies et avoir commencé à inverser la tendance actuelle
116
6.4.
Un engagement national fort en faveur de l’OMD 6 à travers des
programmes emblématiques
126
6.5. L’OMD 6 soutenue par une mobilisation de ressources continue 130
6.6.
Les défis de la gouvernance du secteur de la santé comme obstacles aux
résultats de l’OMD 6
132
Chapitre 7 : OMD 7 Assurer un environnement durable 134
7.1.
Cible 7.C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population
qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services
d’assainissement de base
135
7.2.
Le secteur de l’eau soutenu par une mobilisation forte des partenaires
avec peu d’accent sur l’assainissement de base
145
7.3.
L’OMD 7 soutenu par une mobilisation exceptionnelle de ressources de
l’Etat et des PTF
154
7.4.
Un cadre de dialogue performant pour l’accès à l’eau alors que
l’assainissement de base a souffert d’un manque de leadership
157
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
12
Chapitre 8 : OMD 8 Mettre en place un partenariat mondial pour le développement 160
8.1. Cible 8.B: Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA) 161
8.2.
Cible 8.D - Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de
développement par des mesures nationales et internationales afin de rendre la
dette soutenable à long terme
162
8.3.
Cible 8.F - En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des
nouvelles technologies, en particulier des technologies de l'information et de la
communication, soient à la portée de tous
164
8.4. Les politiques favorables à l’OMD 8 169
8.5. L’OMD 8 en bute aux contraintes de développement d’un PMA 170
Chapitre 9 : Perspectives 172
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
13
Graphique 01 :
Proportion (%) de la population disposant de moins de 1 dollar US en
PPA par jour
45
Graphique 02 : Indice d’écart de la pauvreté 46
Graphique 03 :
Part du quintile le plus pauvre de la population dans la consommation
nationale
47
Graphique 04 :
Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015 selon le
milieu de résidence
49
Graphique 05 : Evolution du ratio emploi / population (%) 50
Graphique 06 :
Evolution de la proportion de personnes occupées vivant en-dessous de
$1 US (PPA) par jour (%)
51
Graphique 07 :
Evolution de la proportion de travailleurs indépendants et d’aides
familiaux dans l’emploi total
52
Graphique 08 :
Prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5
ans
53
Graphique 09 :
Proportion de la population n’atteignant pas le minimum d’apport
calorique ( 1800 Kcal/jr/individu)
55
Graphique 10 : Taux net de scolarisation (%) 61
Graphique 11 : Taux d’achèvement du primaire (%) 62
Graphique 12 : Taux d’alphabétisation des 15-24 ans (%) 63
Graphique 13 : Evolution du taux net de scolarisation par département en 2010 et 2014 64
Graphique 14 :
Evolution de l’achèvement de l’école primaire par département en 2010
et 2014
64
Graphique 15 :
Rapport filles/garçons dans l’enseignement primaire, secondaire et
supérieur
71
Graphique 16 : Répartition de l’emploi des femmes par secteur d’activité (%) en 2011 73
Graphique 17 : Répartition des femmes selon la catégorie socio-professionnelle 74
Graphique 18 : Evolution de la proportion d’élues au Parlement, 1991-2015 75
Graphique 19 :
Evolution géographique du rapport filles/garçons dans l’enseignement
primaire
76
Graphique 20 : Ratio filles/garçons dans l’enseignement secondaire par département 77
Graphique 21 : Ratio filles/garçons ayant présenté le baccalauréat par département 77
Graphique 22 : Evolution de l’OMD 4 de 1996 à 2014 au Bénin 83
Graphique 23 :
Evolution du taux de couverture vaccinale des enfants âgés de 12 à 23
mois contre la rougeole selon le milieu de résidence
86
Graphique 24 :
Ressources mises en œuvre par l’État et les partenaires de 2001 à 2015
(en millions de FCFA)
88
Graphique 25 : Financement du secteur de la santé, 2010-2015 (milliards de FCFA) 89
LISTE DES GRAPHIQUES
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
14
Graphique 26 : Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes) 94
Graphique 27 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié
(%)
95
Graphique 28 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié (%), par
département
96
Graphique 29 : Taux de prévalence de la contraception (%) 97
Graphique 30 : Taux de prévalence de la contraception
(méthodes modernes, %)
98
Graphique 31 : Taux de natalité chez les adolescentes (%) 99
Graphique 32 : Couverture des soins prénataux (CPN4, %) 100
Graphique 33 : Besoins non-satisfaits en matière de planification familiale (%) 101
Graphique 34 : Taux de prévalence de la contraception selon le milieu de résidence,
1996-2012 (%)
102
Graphique 35 : Taux de natalité chez les adolescentes selon le milieu de résidence, 1996-
2012
103
Graphique 36 : Pourcentage de grossesses non suivies par un professionnel de santé,
selon le milieu de résidence (%)
104
Graphique 37 : Utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque
(%)
111
Graphique 38 : Proportion de la population âgée de 15 à 24 ans ayant des connaissances
exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA
112
Graphique 39 : Evolution géographique de la prévalence du VIH/SIDA au Bénin 113
Graphique 40 : Evolution géographique de l’utilisation du préservatif lors du dernier
rapport à haut risque au Bénin
113
Graphique 41 : Proportion de la population des PVVIH éligible ayant accès au traitement
ARV en 2014
114
Graphique 42 : Evolution par département de la proportion de la population au stade
avancé de l’infection par le VIH (éligible au traitement) ayant accès à des
médicaments antirétroviraux en 2014
115
Graphique 43 : Evolution de l’incidence (%) du paludisme au Bénin, de 2003 à 2013 117
Graphique 44 : Evolution de la létalité (%) du paludisme au Bénin de 2003 à 2013 117
Graphique 45 : Evolution des indicateurs de surveillance du paludisme au Bénin 118
Graphique 46 : Evolution du taux de mortalité due à la tuberculose (TB/VIH exclu),
Bénin, 2000-2015
119
Graphique 47 : Evolution de la prévalence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120
Graphique 48 : Evolution de l’incidence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120
Graphique 49 : Evolution du taux de succès thérapeutique des nouveaux cas contagieux,
Bénin, 2000-2015
121
Graphique 50 : Evolution de la proportion de patients co-infectés TB/VIH mis sous ARV,
Bénin, 2007-2015
122
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
15
Graphique 51 : Evolution géographique de l’incidence du paludisme au Bénin 123
Graphique 52 : Evolution géographique de l’utilisation des MIILD par les enfants de
moins de 5 ans au Bénin
124
Graphique 53 : Evolution géographique du traitement des enfants de moins de 5 ans
atteints de paludisme par un antipaludéen approprié au Bénin
124
Graphique 54 : Evolution du taux de notification de la tuberculose par département,
Bénin, 2000-2015
125
Graphique 55 : Evolution des indicateurs de couverture des interventions de lutte contre
le paludisme au Bénin, 2010 à 2013
130
Graphique 56 : Dépenses au titre de la lutte contre le VIH/SIDA entre 2011 et 2014, en
milliards de FCFA
132
Graphique 57 : Taux de desserte hors réalisations des ONG 137
Graphique 58 : Taux de desserte en milieu rural 137
Graphique 59 : Taux de desserte en milieu urbain 139
Graphique 60 : Situation de la desserte en eau potable en milieu rural à fin décembre
2014
140
Graphique 61 : Situation de l’approvisionnement en eau potable par commune fin
décembre 2014
142
Graphique 62 : Pourcentage de la population utilisant une toilette à chasse ou des
latrines par commune en 2010
144
Graphique 63 : Evolution des ressources exécutées pour l’AEP en milieu rural de 2003 à
2014
155
Graphique 64 : Evolution ressources exécutées pour l’AEP en milieu urbain 156
Graphique 65 : Evolution du service de la dette par rapport aux exportations de biens et
services
163
Graphique 66 : Taux de pénétration de la téléphonie fixe 163
Graphique 67 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile (%) 167
Graphique 68 : Taux de pénétration de l’internet, par source 168
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
16
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD 31
Tableau 2 : Evolution de quelques indicateurs de la prise en charge par les ARV et de
la PTME
127
Tableau 3 : Intérêts de la dette sur Exportations ou PIB 163
Tableau 4 : Parc d’abonnés par opérateur GSM de 2006 à 2014 166
Tableau 5 : Répartition des cybercafés par département 169
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
17
OMD1 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, l’extrême pauvreté
et la faim
Grâce aux efforts conjoints de la communauté internationale pour la réalisation
des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’extrême
pauvreté a diminué de façon significative dans le monde au cours des deux
dernières décennies. En 1990, près de la moitié de la population des pays en
développement vivait avec moins de 1,25 dollar US par jour; cette proportion
est tombée à 14 % en 2015. Par ailleurs, la proportion de personnes sous-
alimentées dans les régions en développement a baissé de près de moitié
depuis 1990. Cependant, le continent africain reste à la traîne : en effet, plus
de 40 % de la population en Afrique subsaharienne vit toujours dans une
extrême pauvreté en 2015. De même, en 2015, 80 % des travailleurs pauvres
résident en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Concernant la lutte contre
la faim sur le continent africain, elle est mise à mal par la forte croissance
démographique. Ainsi, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté
de 44 millions depuis 1990. En dépit des efforts réalisés au cours de la dernière
décennie, les progrès sont donc encore insuffisants, y compris au Bénin.
L’extrême pauvreté moins intense mais en forte hausse depuis 2010
Après une baisse impressionnante de 11 points de pourcentage entre 2007 et
2009 (de 51,6 à 40,8%), l’extrême pauvreté est remontée 10 points au-dessus
de son niveau de 1990, avec près de 2 Béninois sur 3 vivant avec moins de
1$ par jour (PPA)1
en 2015 (63,5% de la population). La crise économique et
financière mondiale a durement touché le pays en 2009-2010, entraînant une crise
économique, alimentaire et énergétique, en raison de l’augmentation du prix des
matières premières. Depuis 2012, la croissance économique dépasse 5%, mais
elle peine à compenser une forte croissance démographique (3,5% par an) et
n’est de fait que partiellement convertie en emploi productif.
1. Seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale
RÉSUMÉ
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
18
Ainsi, un Béninois sur trois est considéré comme sans emploi en 2015 (contre
un sur quatre en 2011). En outre, la croissance est tirée en grande partie par
l’agriculture, à faibles productivité et valeur ajoutée.
En revanche, l’indice d’écart de la pauvreté, en baisse constante depuis 1990 (de
43,52% à 18% en 2015), indique un rapprochement des plus pauvres du seuil de
pauvreté national, et donc une moindre intensité de la pauvreté.
L’expansion du secteur informel, à l’origine d’une précarisation de l’emploi
L’extrême pauvreté touche un nombre croissant de travailleurs : plus d’une
personne occupée sur 2 en 2015 au Bénin (52,2%, soit 20 points de plus qu’en
2011). L’expansion du secteur informel, qui représente 87,6% de l’emploi total en
2015 (+20 points par rapport à 2006) est incontestablement l’un des principaux
facteurs de cette précarisation de l’emploi.
La faim à l’état stationnaire depuis 2005
La prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans
a diminué de 2001 à 2006 (de 21,9% à 18%) et reste stable depuis, à quelques
points au-dessus de la cible pour 2015 de 14,6%. Après une amélioration de
2000 à 2005 de 35 à 31%, la proportion de personnes au sein de la population
générale n’atteignant pas le minimum d’apport calorique évolue peu depuis
2005 (30,8 en 2013). Paradoxalement, dans le cas d’un pays comme le Bénin
qui reste fortement rural et agricole, la pauvreté alimentaire est plus forte dans
les campagnes (28,4% en milieu rural contre 23,2% en milieu urbain en 2013) et
les ménages achètent 80% des aliments qu’ils consomment. L’augmentation du
prix d’achat des produits alimentaires constitue donc une limite forte à la sécurité
alimentaire.
OMD2 : Assurer l’éducation primaire pour tous
Si des progrès considérables ont été réalisés pour ce qui est de l’augmentation
de la scolarisation dans l’enseignement primaire dans le monde depuis l’adoption
des OMD en 2000, le maintien des enfants à l’école reste un défi important dans
les pays en développement et, encore aujourd’hui, un enfant sur 10 n’est pas
scolarisé. En particulier, l’Afrique subsaharienne, malgré une augmentation de 20
points de pourcentage de son taux net de scolarisation entre 2000 et 2015, fait
face à des enjeux démographiques et socio-économiques importants qui viennent
pondérer ces efforts. Ainsi, la région reste la moins alphabétisée au monde et un
travail important reste à mener pour diminuer dès le plus jeune âge les inégalités
socio-économiques et relatives au genre.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
19
Hausse insuffisante de la scolarisation
La croissance du taux net de scolarisation (TNS) au Bénin de 74,9% en 2014
ne permet pas d’atteindre la cible de 100%. Elle est accompagnée d’une légère
hausse du taux d’abandon (de 10,72 en 2010 à 11,65 en 2014), qui augmente
à chaque niveau d’enseignement. Quant au taux d’achèvement du primaire,
sa croissance constante depuis 1990 (de 17,15% à 70,5% en 2014) permettrait
d’atteindre la cible (100% en 2015) en 2020.
Alphabétisation des jeunes en baisse
La baisse du taux d’alphabétisation des 15-24 ans est un phénomène
particulièrement inquiétant qu’il convient de souligner. En effet, ce taux a décru de
13 points entre 2010 et 2014. Ainsi, plus de la moitié (56,1%) des jeunes femmes
ne savent actuellement ni lire, ni écrire ; c’est également le cas pour 2 jeunes
hommes sur 5 (40,1%). Pourtant, en parallèle, le nombre d’inscrits pour un maître
d’alphabétisation s’est nettement amélioré pour se stabiliser sur la période 2007-
2015, non loin de la référence de 25. La baisse du taux d’alphabétisation pourrait
donc s’expliquer, entre autres, par la faible qualité des contenus et de la formation
des maîtres d’alphabétisation et/ou par la baisse du nombre d’inscrits.
Des politiques volontaristes en faveur de l’éducation
Avec l’appui des partenaires, l’Etat a fait preuve de proactivité dans le secteur
éducatif. Ainsi, les communes ont reçu des transferts annuels pour la construction
de salles de classe et des programmes d’alimentation scolaire ont bénéficié du
soutien du PAM. Par ailleurs, le statut des enseignants communautaires et
contractuels locaux a évolué, puisqu’ils sont devenus agents contractuels de
l’Etat. Au total, près de 10 000 enseignants ont été recrutés de 2006 à 2014.
La part des dépenses de l’Etat allouées au secteur de l’éducation a cru de près de
10 points sur la période 2002-2010 (de 16,5% à 24,8%). Le Bénin a notamment
bénéficié du programme Fast-Track (FTI) pour la période 2008-2013 au profit de la
maternelle, du primaire, du secondaire et de l’alphabétisation à hauteur de 36,477
milliards FCFA.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
20
La quantité au détriment de la qualité
Face à la pression démographique, les efforts en matière d’éducation ont sous-
estimé la qualité. A titre d’exemple, le nombre d’élèves par enseignant a augmenté
de 3 points entre 2005 et 2014. Il est possible que la baisse de la qualité de
l’enseignement public ait concouru à la croissance de la part d’inscrits dans
les écoles privées (de 11,8% en 2005 à 18,5% en 2014), accentuant ainsi les
inégalités à travers le renforcement d’un système éducatif à deux vitesses.
OMD3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
La parité filles-garçons à l’école primaire est l’une des grandes réussites des
OMD, même si le chemin à parcourir pour garantir l’égalité des genres tout au
long du parcours scolaire reste long. Cependant, en Afrique subsaharienne, les
filles restent désavantagées. Il en va de même sur le marché du travail, où, en
Afrique subsaharienne, les femmes gagnent en moyenne 30% de moins que les
hommes. En matière de participation politique, d’importants progrès ont été notés
dans le monde depuis 1995, date de l’adoption du Programme d’action de Beijing
sur l’autonomisation des femmes. Ainsi, la proportion moyenne de femmes au
parlement a presque doublé dans le monde, passant de 11 % en 1995 à 22 %
en janvier 2015 et l’Afrique subsaharienne domine le classement des pays où les
femmes sont le mieux représentées dans l’exercice du pouvoir législatif.
La parité dans l’éducation est presque atteinte à l’école primaire, en bonne
voie au niveau secondaire mais mise à mal au cycle supérieur
Si la parité à l’école maternelle est dépassée depuis 2009 (ratio fille/garçon 1,08
en 2014), la marginalisation des filles se déroule progressivement tout au long
de leur parcours scolaire. Une première déperdition a lieu lors de l’inscription
au primaire (ratio filles/garçons de 0,93 pour le taux net d’admission), puis ce
phénomène s’accentue en cours de secondaire (ratio filles/garçons de 0,76 en
2014), alors même que la transition vers le secondaire est quasiment paritaire
(0,99 en 2014). Enfin, l’écart reste important dans le cycle supérieur (ratio de 0,16
en 2011). La fécondité précoce est sans nul doute l’un des facteurs explicatifs de
cet état de fait, sachant qu’en 2014, dans la tranche d’âge des 20-24 ans, près
d’une femme sur 5 (19,4%) a eu au moins une naissance vivante avant l’âge de
18 ans. Les départements urbanisés présentent plus de parité, à commencer par
le Littoral, comprenant la ville de Cotonou, qui est le seul à avoir atteint la parité
dans l’enseignement primaire (1,02).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
21
Les inégalités persistent sur le marché du travail…
Les inégalités perdurent sur le marché du travail. Seules 5% des femmes sont
salariées, contre 16,8% des hommes. 95% des femmes travaillent dans le secteur
informel, principalement dans le commerce. De même, la proportion de femmes
employeurs (0,7% contre 2% chez les hommes) n’a quasiment pas évolué depuis
2002. Dans l’administration publique, le ratio femmes/hommes parmi les agents
permanents de l’Etat n’a pas dépassé 2 femmes pour 5 hommes entre 2000 et
2008. Ce ratio baisse encore lorsque l’on monte dans la hiérarchie de la fonction
publique : les hommes sont ainsi quatre fois plus nombreux que les femmes parmi
les cadres de cette catégorie (ratio de 0,23 en moyenne de 2000 à 2008), mais
aussi parmi les enseignants du primaire (ratio de 0,26).
… et sur la scène politique
Sur les 25 dernières années, la proportion de sièges occupés par des femmes à
l’Assemblée Nationale n’a dépassé 10% qu’une seule fois, lors de la législature
2007-2011. Le pourcentage de femmes au sein de l’exécutif a connu un pic à 30%
aux trois gouvernements de mai 2011 à août 2013. Au niveau communal, leur
représentativité est minime : 2,6% des maires en 2015 sont des femmes.
Des résultats à la mesure des politiques
L’Etat a pris différentes mesures pour réduire le fossé entre les filles et les garçons
dès le plus jeune âge à travers l’exonération des frais de scolarité des filles en
primaire et au premier cycle du secondaire, mais aussi à travers l’adoption, en
2004, du Code des personnes et de la famille, qui fixe l’âge légal du mariage
à 18 ans. Pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes, le
Gouvernement a mis en place, avec l’appui des partenaires, un programme de
micro crédits à destination des plus pauvres, qui compte 94% de femmes parmi
ses bénéficiaires, soit plus d’un million à l’échelle du Bénin. En revanche, la
mise en œuvre de mesures en faveur de la parité, notamment en politique, exige
un leadership politique renforcé qui fait encore défaut à ce jour. Ce manque de
leadership dans la promotion d’une égalité de fait entre les femmes et les hommes
se reflète dans le peu de ressources consacrées à cette problématique : au
total, moins d’1% du budget général de l’Etat est consacré spécifiquement à la
promotion du genre.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
22
OMD4 : Réduire la mortalité infantile et post-infantile
Les Nations Unies considèrent « le déclin spectaculaire des décès évitables
d’enfants » comme « l’une des réalisations les plus importantes de l’histoire
humaine ». En effet, en 25 ans, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq
ans dans le monde a été réduit de moitié, passant de 90 à 43 décès pour 1 000
naissances vivantes. Néanmoins, les progrès sont encore trop lents et la cible
fixée en 2000 ne pourra être atteinte à ce rythme qu’en 2026. En 2015, près de 16
000 enfants de moins de cinq ans décèdent encore chaque jour, victimes pour la
plupart de maladies évitables, comme la pneumonie, la diarrhée et le paludisme.
Près de la moitié de ces décès surviennent en Afrique subsaharienne, une région
qui a pourtant vu sa mortalité infantile diminuer drastiquement, de 179 décès pour
1 000 naissances vivantes en 1990 à 86 décès en 2015. Le Bénin, avec 67 décès
d’enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes, est relativement bien
positionné sur le continent. En revanche, la mortalité infanto-juvénile est à 115,2
pour 1 000, éloignée de la cible qui était de 65 pour 1 000 en 2015 (MICS 2014).
Remontée de la mortalité infantile et infanto-juvénile après 2011…
Au Bénin, les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile ont baissé de plus de
moitié entre 2001 et 2011, avant de remonter vers leur niveau de 2006 en 2014.
Le paludisme demeure la principale cause de morbidité et de mortalité des
enfants de moins de 5 ans (54% des consultations en 2014). Si 3 ménages sur
4 disposent d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) en 2014, l’accès
au traitement antipaludéen pour les enfants de moins de 5 ans a régressé
de plus de 10 points après 2011 (38% en 2011 contre 25,9% en 2014 de ceux
qui présentent de la fièvre), ce qui explique la régression en ce domaine.
… Concomitante au lancement de mesures de lutte contre le paludisme !
Ces contreperformances sont paradoxalement concomitantes au lancement de
programmes de distribution de moustiquaires imprégnées, mais aussi à la mise en
place, dès 2011, de la prise en charge gratuite du paludisme chez les enfants de
moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Recul de la couverture vaccinale
En 2014, 41,6% des enfants de 12-23 mois se sont vus administrer tous les
vaccins recommandés avant leur premier anniversaire, soit un recul de 18 points
par rapport à 2001 (59%). En ce qui concerne la rougeole, la proportion d’enfants
d’un an vaccinés a peu varié depuis 1996, avec une disparité persistante en
défaveur du milieu rural (-10 points par rapport aux zones urbanisées entre 2001
et 2011).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
23
Couverture sociale minime et déficit d’appropriation par la population des
mesures mises en place
A peine 8% de la population dispose de couverture sociale. Par ailleurs, la
faible fréquentation des services de santé (52% en 2014) traduit un déficit
d’appropriation par la population des politiques mises en place.
Faible gouvernance du secteur
Les obstacles à l’atteinte de l’OMD 4, tenant à une faible gouvernance, sont
inhérents au système de santé béninois dans son ensemble. La plupart des
centres de santé ne sont pas conformes aux normes. Les achats d’intrants
souffrent de lourdeurs administratives. Les capacités humaines sont limitées,
concentrées en milieu urbain, et peu motivées : des grèves ont affecté le secteur
quasiment annuellement sur les cinq dernières années.
OMD5 : Améliorer la santé maternelle
La santé reproductive est un levier de développement important, car elle
permet aux femmes de gagner en autonomie pour pouvoir subvenir à leurs
propres besoins et contribuer à pourvoir à ceux de leurs enfants. Si la mortalité
maternelle dans le monde a baissé de 45% entre 1990 et 2013, les progrès
restent insuffisants : en 2015, la plupart des pays n’atteindront pas la cible des
OMD de réduction du taux de mortalité maternelle de 75% depuis 1990. En 2013,
près de 800 femmes sont mortes chaque jour des suites de la grossesse ou de
l’accouchement : la quasi-totalité de ces décès se sont produits dans des pays en
voie de développement. L’Afrique subsaharienne, en particulier, est la région où le
danger pour les futures mères est le plus élevé.
Usage minime de la contraception avec une progression des méthodes
modernes
Le taux de prévalence de la contraception (moderne ou traditionnelle) n’a
quasiment pas évolué depuis 1996 (17,9% en 2014), loin de la cible 2015 de
couverture universelle. La part des méthodes modernes a néanmoins progressé
(taux de prévalence de 3,4% en 1996 à 12,5% en 2014) jusqu’à la moitié de la
cible. Les femmes sont aussi davantage sensibilisées à l’espacement et à la
réduction des naissances. Cette plus forte sensibilisation des cibles, ainsi que
la persistance de freins à la contraception, qu’ils soient d’ordre institutionnel ou
traditionnel, pourraient être des facteurs d’explication à la relative hausse des
besoins non satisfaits en matière de planification familiale chez les femmes
fécondes mariées ou en union : en 2014, 1 sur 3 estime que ses besoins en
matière de contraception ne sont pas satisfaits.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
24
Baisse insuffisante de la mortalité maternelle
En 2014, le Bénin enregistre 347 décès maternels pour 100 000 naissances
vivantes, soit une réduction de 30% par rapport à 1996 (498). A ce rythme,
la cible 2015 de 125 ne pourra être atteinte qu’à l’horizon 2053 ! En amont de
l’accouchement, la réalisation effective des 4 visites prénatales recommandées
par l’OMS a stagné autour de 55%-60% entre 1996 et 2014. En revanche, dès
2011, la prise en charge gratuite du paludisme chez les femmes enceintes a
contribué à la réduction de la mortalité maternelle. Cependant, la proportion
d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié n’a pas
suffisamment cru et a même régressé entre 2011 et 2014 (- 4 points). La
prévention des Hémorragies du Post Partum/Gestion Active de la Troisième
Période de l’Accouchement (PHPP/GATPA), cause la plus fréquente de décès
maternels (25%), est pratiquée de manière variable d’un département à l’autre
(de 0% à 100%). Quant à la césarienne, décrétée gratuite dans tous les hôpitaux
depuis 2008, elle n’a connu qu’une faible hausse, passant de 3,5% en 2008
(avant la mise en place de la mesure) à 5,3% en 2012 pour un besoin estimé
globalement à 5,15%.
Natalité chez les adolescentes en hausse après 2011
Les progrès enregistrés en matière de natalité des adolescentes entre 1996
et 2011 (13% en 2011) n’ont pas été poursuivis : par conséquent, en 2014, on
observe un retour à la situation de 1996, avec près d’une adolescente sur 5
(19,4%) qui a déjà donné naissance à un enfant. La cible de 5% semble donc
malheureusement hors d’atteinte à court et moyen terme.
Déficit d’appropriation et de ressources
Le secteur de la santé souffre de problèmes de ressources et de gestion. La part
du budget santé allouée à la santé maternelle et néonatale a doublé en 2011
(4,37%), mais celle qui revient à la planification familiale, pourtant essentielle dans
la prévention de la mortalité maternelle, a régressé de façon significative de 2006
à 2010. Par ailleurs, la population et le secteur privé ne sont pas suffisamment
impliqués dans les programmes.
OMD6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
L’épidémie de VIH/SIDA, perçue à son apparition comme un fléau quasi-
insurmontable, a été combattue sans relâche par l’ensemble des acteurs dans
le cadre de la mise en œuvre des OMD. Ainsi, au plan mondial, les nouvelles
infections par le VIH ont diminué d’environ 40 % entre 2000 et 2013. L’Afrique
subsaharienne reste toutefois la région la plus sérieusement affectée par le VIH
et où les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) sont le moins souvent prises en
charge (78% des PvVIH non prises en charge vivent en Afrique).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
25
En ce qui concerne le paludisme, grâce au décuplement du financement
international, à un engagement politique renforcé et à la disponibilité de nouveaux
outils plus efficaces, la cible mondiale des OMD a été atteinte, avec un taux de
mortalité en chute de 58% entre 2000 et 2015. Malgré cela, le paludisme continue
de représenter un problème majeur de santé publique, et particulièrement
en Afrique subsaharienne, région qui concentre 80 % des décès imputés au
paludisme.
Enfin, entre 2000 et 2013, dans le monde, les actions de prévention, diagnostic et
traitement de la tuberculose ont sauvé environ 37 millions de personnes. Le taux
de mortalité due à la tuberculose a diminué de 45 % et le taux de prévalence de
41 % entre 1990 et 2013.
La lutte contre le VIH/SIDA progresse chez les femmes mais recule chez les
hommes
Chez les jeunes (15-24 ans), la prévalence du VIH/SIDA a baissé de 0,7% en
2006 à 0,6% en 2011. Cela masque une augmentation chez les hommes (de 0,3%
à 0,6%) mêlée à une diminution chez les femmes (de 1% à 0,6%), qui a équilibré
le taux de prévalence. Les nouvelles infections sont limitées et la cible 6A est
donc atteinte, avec un taux de prévalence chez les jeunes de 15-24 ans inférieur
au seuil de 2%. Chez les femmes enceintes, la prévalence du VIH a également
diminué, de 4,1% en 2001 à 1,6% en 2014.
En matière préventive, le taux d’utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport
à haut risque, bien qu’il reste très insuffisant, a augmenté de manière constante
chez les femmes, de 25% en 2006 à 34% en 2014. Chez les hommes, ce taux
a connu des fluctuations qui interrogent la fiabilité des données disponibles et/
ou la sincérité des répondants, avec une baisse drastique entre 2006 et 2011
(-20 points) et une très forte hausse entre 2011 et 2014 (+22 points). Enfin,
entre 2006 et 2014, si la proportion de femmes âgées de 15 à 24 ans ayant des
connaissances exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA progresse de 6 points,
passant de 16% à 22%, elle baisse dans le même temps chez les hommes (de 35 à
31%).
Une prise en charge croissante des personnes vivant avec le VIH, mais faible chez
les enfants
La mise sous antirétroviraux des personnes vivant avec le VIH (PvVIH) respectant
les critères d’éligibilité au traitement est aujourd’hui systématique. Par conséquent, le
nombre de PvVIH prises en charge par traitement antirétroviral a presque triplé de
2007 à 2014. En 2014, le système de santé en place au Bénin arrive à capter près de
3 PvVIH ayant besoin d’ARV sur 5. Une grande partie des PvVIH ignorent leur statut.
Cette proportion reste néanmoins plus faible chez les enfants (35,1%).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
26
Amélioration de la prévention mais régression du traitement du paludisme chez les
moins de 5 ans
Concernant la prévention du paludisme, la proportion d’enfants de moins de cinq
ans dormant sous moustiquaires imprégnées d’insecticide (MIILD) a décuplé,
passant de 7,4% en 2001 à 72,7% en 2014, proche de la cible 2015 de 80%, grâce
à la distribution de MIILD aux ménages. Cependant, le nombre de nouveaux cas par
an, ou incidence, présente une légère tendance à la hausse sur la période 2003-
2013, dont on peut supposer qu’elle coïncide avec une meilleure détection des cas.
Concernant le volet soins, la proportion d’enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre
traités aux moyens de médicaments antipaludéens appropriés a diminué de plus de
moitié (de 60,4% en 2001 à 25,9% en 2014). Cependant, la létalité a stagné autour de
1% sur la période 2003-2013.
Baisse de l’incidence, de la prévalence et de la mortalité de la tuberculose mais
inversement récent de tendances
L’incidence de la tuberculose a significativement baissé de 2000 (86 cas pour 100
000 habitants) à 2007 ; elle s’est stabilisée autour de 70 cas jusqu’en 2013, avant de
remonter à 74 cas pour 100 000 habitants en 2015, la cible 2015 de 64 cas pour 100
000 habitants n’est donc pas atteinte. La prévalence et le taux de mortalité ont connu
une évolution similaire, avec une baisse puis une remontée à partir de 2012.
Meilleur traitement de la tuberculose et de la co-infection TB/VIH
Le taux de succès thérapeutique des nouveaux cas de tuberculose s’est amélioré de
2001 à 2009 (passant de 79% à 91%), et stabilisé depuis autour de la cible de 90%
fixée pour 2015. La proportion de patients co-infectés par la tuberculose et le VIH
bénéficiant d’un traitement antirétroviral a doublé, de 44% en 2007 à 89% en 2015,
frôlant la cible 2015 fixée à 90%.
Un leadership national contre les grandes maladies mais une dépendance
financière
La lutte contre les grandes maladies a bénéficié d’un leadership politique fort. Sur le
plan du financement, cependant, la part de la contribution de l’Etat aux programmes
de lutte contre le SIDA et la tuberculose avoisine 12% ces dernières années, le plus
grand bailleur étant le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme.
OMD7 : Préserver l’environnement
La cible des OMD en matière d’accès à une source d’eau potable améliorée a été
atteinte au plan mondial en 2010 et aujourd’hui, plus de la moitié de la population
mondiale (58 %), bénéficie maintenant de l’eau courante.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
27
Cependant, l’Afrique subsaharienne reste en-deçà de la cible des OMD, malgré
une augmentation de 20 points de pourcentage pour l’utilisation de sources d’eau
potable améliorées. Ainsi, en 2015, près de la moitié de toutes les personnes
utilisant des sources d’eau non améliorées vit en Afrique subsaharienne. Concernant
l’assainissement, près d’un milliard de personnes défèquent encore à l’air libre.
Les progrès réalisés en Afrique subsaharienne en la matière sont faibles, avec
une augmentation de 6 points de pourcentage de la part de la population utilisant
des services d’assainissement améliorés entre 1990 et 2015. Dans le monde, les
inégalités en matière d’accès à l’eau potable et à un service d’assainissement en
fonction de la situation géographique restent fortes, en défaveur des zones rurales.
Cible atteinte en matière d’accès à l’eau potable, malgré de fortes inégalités
spatiales
La cible OMD 2015 du taux de desserte d’eau potable en milieu rural, fixée à 67,3%
est dépassée (68,1% en 2014), même si 1 département sur 4 et 1 commune sur 3 sur
toute l’étendue du territoire affichent des taux inférieurs à 65% en 2014.
Accès à l’assainissement : aucun progrès depuis 1990 et des zones rurales à la
traîne
La proportion de la population utilisant une installation sanitaire améliorée a stagné
(12,7% en 2014 contre 12% en 1990), alors que la cible 2015 s’élève à 75%. La
majeure partie des ménages au Bénin (58,1%) ne disposent ni de toilettes ni de
latrines (2010), avec une grande disparité en défaveur du milieu rural (18,3% contre
84,1% en milieu urbain).
Débuts prometteurs de la décentralisation/déconcentration et implication de la
société civile dans le secteur de l’eau et de l’assainissement
Pour permettre une meilleure couverture du territoire en eau potable et une gestion
plus efficiente des services de fourniture en eau, l’Etat béninois a transféré un
certain nombre de compétences dans ce secteur aux communes. Désormais
maîtres d’ouvrage, les communes bénéficient depuis 2007 de transferts de
ressources financières pour la réalisation de forages. Dans le secteur de
l’assainissement également, les communes ont vu leurs compétences renforcées
: en conséquence, la plupart d’entre elles (84%) se sont dotées d’un plan
d’hygiène et d’assainissement en 2013. Par ailleurs, la mise en place progressive
d’associations de consommateurs d’eau potable et de bénéficiaires de services
d’hygiène et d’assainissement de base améliore la reddition des comptes au
niveau communal.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
28
Une mobilisation des partenaires et de l’Etat à la mesure des résultats
L’accès à l’eau potable a été porté par un engagement conséquent de l’Etat et des
partenaires techniques et financiers (PTF). La mise en place de pots communs
a favorisé les synergies entre PTF et par là l’efficacité de la mise en œuvre des
politiques publiques. Sur la période 2008-2014, les ressources exécutées au
profit de l’accès à l’eau potable (AEP) ont été légèrement supérieures pour le
milieu rural (76,11 milliards FCFA) que pour milieu urbain (75,62 milliards francs
CFA), tandis que celles en faveur de l’hygiène et de l’assainissement de base ont
représenté à peine 3,8 milliards FCFA, soit 9% des besoins estimés.
OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement
Les montants consacrés à l’aide publique au développement (APD) sont
aujourd’hui plus importants que jamais, atteignant 135,2 milliards de dollars
US en 2014, ce qui traduit une hausse de 66 % en termes réels depuis 2000.
Néanmoins, l’APD destinée à l’Afrique subsaharienne et aux pays les moins
avancés (PMA) est en baisse. Grâce aux différentes initiatives (IADM, PPTE)
menées dans ce domaine, la proportion du service de la dette extérieure par
rapport aux recettes d’exportation des pays en développement a chuté de 12 %
en 2000 à 3 % en 2013. Surtout, le monde a connu une révolution technologique
de grande ampleur qui a vu l’adoption rapide du téléphone mobile et d’internet, sur
tous les continents.
Un volume variable d’aide publique au développement (APD), qui reste
néanmoins à tendance constante en pourcentage du PIB
Le volume d’APD reçu par le Bénin a connu une évolution irrégulière avec une
tendance constante en pourcentage du PIB, de 2003 à 2013. Par ailleurs, son
utilisation pâtit des déficiences du système de gestion des finances publiques et
de la faible capacité d’absorption. Aujourd’hui, l’APD demeure insuffisante pour
relever les défis de développement du Bénin, particulièrement dans le contexte
de la mise en œuvre de l’agenda post-2015. Une réflexion sur les financements
innovants, les partenariats avec le secteur privé et la mobilisation des ressources
intérieures doit donc être menée, conformément aux recommandations du
Programme d’action d’Addis-Abeba, délivrées à la suite de la 3ème Conférence
sur le financement du développement en juillet 2015.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
29
Faible endettement
Le Bénin a bénéficié de l’Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés
(IPPTE) en 2000 et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) en
2006. Le ratio de la dette extérieure rapportée au PIB s’élève à environ 20% en
2014, laissant des marges importantes par rapport au seuil de 70% du cadre de
convergence de l’UEMOA, tandis que le service de la dette extérieure du Bénin
sur les recettes d’exportation, après un niveau excessif en 2000 (8,33), oscille
autour du plafond recommandé des 3%.
Révolution de la téléphonie mobile
Le taux de pénétration de téléphonie mobile (base active) a grimpé au Bénin
de 21,71% en 2007 à 83,81% en 2014. Depuis l’ouverture du secteur des
télécommunications en 1999, cinq opérateurs se partagent le marché. La
gouvernance du secteur souffre cependant de certaines faiblesses concernant sa
régulation par l’ARCEP.
Meilleure connectivité mais lente expansion d’internet, essentiellement via la
téléphonie mobile
Le Bénin est raccordé à internet par la fibre optique depuis 2002. En 7 ans, la
largeur de la bande passante a décuplé, de 155 Mbit/s en 2007 à 1595 Mbit/s en
2014, accélérant la pénétration de l’internet sur le marché, de 0,1% en 2007 à
19% en 2014, bien en-deçà de la cible de 50%. L’internet mobile, qui concentre
plus de 90% des abonnés à internet, et la multiplication des cybercafés (446
fonctionnels en 2013 contre 370 en 2010) sont pour beaucoup dans cette relative
démocratisation. Néanmoins, une fracture numérique persiste, puisque les
cybercafés se situent pour la plupart dans les grandes villes et la couverture du
territoire n’est pas optimale. Par ailleurs, pour des raisons liées à l’éducation et
l’alphabétisation, mais aussi pour des raisons économiques, seules certaines
tranches de la population béninoise disposent des outils qui leur permettent
d’avoir accès à internet. L’installation du second câble sous-marin en fibre optique
en 2015 devrait toutefois permettre de remédier en partie à ces inégalités d’accès.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
30
Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD
Objectifs et cibles Situation
 1
OMD 1 ERADIQUER LA PAUVRETE ET LA FAIM
1. A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le
revenu est inférieur à un dollar par jour
Non atteinte
1. B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris les
femmes et les jeunes
Non atteinte
1. C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui
souffre de la faim
Proche d’atteinte
OMD 2 ACHEVER L’EDUCATION PRIMAIRE UNIVERSELLE
2. A. D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde,
les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires
Proche d’atteinte
OMD 3 PROMOUVOIR L’EGALITE DE GENRE ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES
3. A. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et
secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015
au plus tard
Atteinte partielle
OMD 4 REDUIRE LA MORTALITE INFANTILE
4. A. Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de
moins de 5 ans
Non atteinte
OMD 5 AMELIORER LA SANTE MATERNELLE
5. A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle Non atteinte
5. B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive Non atteinte
OMD 6 COMBATTRE LE VIH SIDA, LE PALUDISME ET LES AUTRES MALADIES
6. A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la
tendance actuelle
Proche d’atteinte
6. B. D’ici 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre
le VIH/sida
Atteinte partielle
6. C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et
commencé à inverser la tendance actuelle
Proche d’atteinte
OMD 7 ASSURER LA SOUTENABILITE ENVIRONNEMENTALE
7. C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas
d’accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ni à des services
d’assainissement de base
Atteinte partielle
7. D. Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie d’au moins 100
millions d’habitants de taudis
Non atteinte
OMD 8 DEVELOPPER UN PARTENARIAT MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT
8. B. Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés Non atteinte
8. D. Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de développement
par des mesures nationales et internationales afin de rendre la dette soutenable à
long terme
Atteinte
8. E. En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les médicaments
essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement
Non atteinte
8. F. En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des
nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la
communication, soient accordé à tous
Non atteinte
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
31
Une intégration précoce des OMD
dans les stratégies de développement
Le Bénin a très tôt tenté d’intégré
les Objectifs du Millénaire pour le
développement dans son cadre de
planification. Dès 2002, la réalisation
des OMD a été retenue parmi les
principes directeurs du premier
document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre
entre 2003 et 2005. Le DSRP a
permis de définir le cadre stratégique
de référence pour la réalisation des
OMD afin de lutter contre la pauvreté
dans toutes ses dimensions, et non
plus seulement sous l’angle exclusif
de la croissance économique ou des
services sociaux. Aussi, la Stratégie
de Croissance et de Réduction de
la Pauvreté (SCRP) 2007 – 2009
et la SCRP 2011 - 2015, étaient
guidées par la réalisation des OMD
et constituaient en réalité leur cadre
d’opérationnalisation à l’échelle du
pays. Cette intégration des OMD dans
le cadre de planification nationale
s’est aussi déclinée dans les outils de
programmation et de budgétisation
pour la gestion et la mise en œuvre des
politiques.
Une mobilisation large en faveur des
OMD
Les premières actions de plaidoyer
n’ont véritablement débuté que vers la
fin de l’année 2002 avec les premières
séances d’information, d’éducation et
de sensibilisation (IEC) des acteurs
nationaux sur les OMD. Parallèlement
aux séances de formation et
d’éducation, la contextualisation des
OMD a été lancée par la définition des
cibles et indicateurs nationaux ainsi que
la réalisation de la base de données
nationales, « BenInfo », désagrégée
par sexe, âge et aires géographiques
pour mesurer les progrès des
indicateurs.
La société civile a été fortement
mobilisée à participer au plaidoyer
et à faire le suivi des OMD à tous les
niveaux. C’est dans ce contexte que le
PNUD a œuvré pour la constitution en
réseau fonctionnel d’Organisations Non
Gouvernementales (ONG) de la société
civile pour le suivi des OMD comme
celui de Social Watch. De 2005 à 2013,
les séances d’IEC ainsi que les actions
de renforcement de capacités des ONG
nationales ont permis à Social Watch-
Bénin d’élaborer chaque
LES OMD AU BÉNIN
de 2000 à 2015
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
32
année un rapport alternatif des
organisations de la société civile de
suivi des OMD.
De même, l’Institut National de la
Statistique et de l’Analyse Economique
(INSAE) a été renforcé pour permettre
la publication, en juillet 2003, du
premier Rapport national de suivi
des OMD avec le soutien du Système
des Nations Unies au Bénin. A la
suite de ce document qui a reçu un
écho favorable dans le monde des
acteurs de développement (aussi
bien nationaux qu’internationaux),
le Gouvernement du Bénin a aussitôt
engagé l’élaboration d’un Rapport
départemental pour le suivi des OMD
pour rendre compte des indicateurs
OMD au niveau départemental et
communal. Ce rapport a été publié et
lancé en 2005 et sa diffusion a touché
toutes les cibles concernées dans
tous les secteurs d’activité et dans les
localités du Pays. Jusqu’en 2013, trois
autres Rapports nationaux de suivi
seront élaborés.
Une appropriation nationale forte des
outils d’opérationnalisation des OMD
A la suite des engagements de
Monterrey (2002) sur l’aide publique au
développement, l’exercice d’évaluation
de la hausse de l’APD sur les équilibres
macroéconomiques des pays en
développement a amené l’élaboration
des Gleneagles scenarios. Cette
expérience a montré la nécessité de
développer des outils pour évaluer
le coût réel de la mise en œuvre des
OMD. Dans ce cadre, les besoins
à long terme pour la réalisation des
OMD au Bénin ont été évalués/chiffrés
et une stratégie à long terme pour la
réalisation des OMD 2006-2015 a été
validée par le gouvernement. Le coût
global avait été estimé en moyenne
annuelle sur la période 2007-2015 à
104,3 US$ par tête d’habitant.
Au regard des besoins relativement
élevés pour le financement des OMD
(104,3 $/tête), l’atteinte des cibles
nationales requérait une augmentation
significative des dépenses publiques
entre 2007 et 2015. Dans le but
d’accroître les ressources d’aide
publique au développement en vue
d’accélérer les progrès vers les cibles
des OMD, plusieurs initiatives ont vu le
jour et ont permis au Bénin de conforter
les efforts internes. L’une d’elles se
rapportait à l’initiative du Secrétaire
Général des Nations Unies de 2007
visant à renforcer l’assistance de la
communauté internationale en faveur
des OMD en Afrique. Elle découle
des engagements de Gleneagles
par lesquels le G7 devait augmenter
progressivement les ressources d’APD
à hauteur de 85$ par tête en 2010.
Pour le Bénin, un des dix pays pilotes,
il représentait un mécanisme approprié
pour améliorer la mobilisation des
ressources nécessaires à la réalisation
des investissements dans l’agriculture,
l’éducation, la santé, l’eau potable,
l’assainissement, etc.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
33
Un cadre d’accélération des OMD
catalyseur des efforts pour l’atteinte
des objectifs
Mis au point par le PNUD en
2010, le cadre d’accélération des
OMD2
(CAO en français) est un
cadre méthodologique qui offre au
Gouvernement et à ses partenaires
une manière systématique d’identifier
et d’hiérarchiser les obstacles à la
réalisation des OMD. Il permettait de
concentrer les ressources et les efforts
fragmentés des ministères et services
gouvernementaux, des partenaires
de développement et d’autres acteurs
sur des mesures concrètes et cibles
conçues pour faire progresser la
réalisation des OMD en mauvaise voie.
Au Bénin, le premier CAO a porté
sur la cible C de l’OMD 7, « Accès à
l’eau potable et à l’assainissement
de base », identifiée comme l’une de
celles ayant les plus grandes chances
d’être atteintes et le second CAO sur
l’Agriculture pour la lutte contre la faim.
Le CAO 7C a été catalyseur pour les
interventions des partenaires dans le
secteur de l’eau et assainissement.
L’Initiative 1000 jours pour réaliser
les OMD du SG des Nations Unies
déclinées de façon originale au Bénin
S’inscrivant dans la lignée des CAO et
visant à les conforter, l’Initiative 1000
jours pour réaliser les OMD est une
initiative du Secrétaire Général des
Nations Unies qui visait à faire prendre
conscience aux gouvernements et
aux partenaires de développement
de ce que le monde se trouvait à
moins de 1000 jours avant la date
butoir de décembre 2015, échéance
fixée pour les OMD. Dans ce cadre,
le gouvernement, avec l’appui du
PNUD, a préparé un plan d’actions
complet qui intègre six secteurs de
développement (Education primaire,
Education secondaire et technique,
Eau-assainissement, Routes et
Transport, Environnement et cadre de
vie, Santé maternelle, Santé infantile,
VIH-SIDA, Tuberculose et Paludisme,
Energie). Ces six secteurs ont fait
l’objet d’un suivi rapproché au niveau
de l’exécution physique et financière
des interventions prévues dans le cadre
de la programmation budgétaire des
investissements ainsi qu’au niveau
du processus de décaissement des
ressources.
Un leadership politique affirmé pour
les OMD
A partir de 2006, le Bénin a démontré
un leadership fort incarné par la
volonté du Chef de l’Etat de voir les
OMD se réaliser. Cet engagement
s’est matérialisé par une dotation
financière relativement importante
accordée aux OMD dans le budget
général de l’Etat (environ 33% sur cette
dernière décennie), par la création d’un
Ministère
2. MDGs Acceleration Framework (MAF) en anglais
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
34
en charge de la Coordination des
Politiques des OMD et des ODD ainsi
que par l’élévation de ce Ministère au
rang de Ministère d’Etat. Ce leadership
a été récompensé à deux reprises par
la FAO avec l’attribution, en 2012 puis
en 2015, d’un prix constatant l’atteinte
de la cible relative à la réduction de
moitié de la proportion de la population
qui souffre de la faim.
Le Bénin a été l’un des rares pays
à créer un ministère spécialement
dédié à la réalisation des OMD,
le Ministère à la Présidence de la
République chargé de la coordination
des politiques de mise en œuvre
des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et des Objectifs
de Développement Durable (ODD).
Ainsi, un signal fort était lancé à tous
ses partenaires en 2013.
Ce ministère a joué un rôle capital dans
la mise en œuvre de Plan d’actions de
l’initiative 1000 jours en coordonnant
le suivi des interventions accélératrices
par ministère et la coordination des
politiques en faveur des OMD. Ceci
a permis, au niveau de ce Ministère,
la mise en place de mécanismes et
d’outils de coordination et de suivi tant
au niveau central que sectoriel. Cette
innovation a prouvé son intérêt en
favorisant (1) la communication autour
des OMD, (2) en mettant en synergie
et en cohérence l’action des différents
ministères, (3) ainsi qu’en créant
un environnement de concurrence
nécessaire entre ministères en vue
de doper leurs actions, de créer un
cadre de pression avec pour nœud
clé le Conseil des Ministres pour
tirer l’ensemble des ministères et
de mettre en place une plateforme
d’échange des bonnes pratiques entre
ministères. Cependant, il subsiste des
défis importants dans le domaine de la
sédentarisation des acteurs sectoriels
affectés au suivi et à l’évaluation des
interventions en faveur des OMD ainsi
que dans la mise en place d’un pôle
OMD/ODD dans chaque ministère
concerné.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
35
L’adhésion du Bénin à la déclaration du
Millénaire et aux objectifs du Millénaire
pour le développement a suscité des
espoirs aussi bien au niveau de la
classe politique que des populations,
surtout qu’elle intervenait un an
après l’adoption par le Bénin de son
document de prospective Bénin Alafia
2025. Comme l’ensemble du rapport
l’illustre suffisamment, les résultats
atteints sont largement contrastés ;
mais la pratique et la mise en œuvre
des OMD font ressortir un certain
nombre de tendances lourdes à éviter
ou à répliquer.
Favoriser une appropriation
précoce des objectifs globaux de
développement
L’intégration précoce des OMD dans
le cadre de planification n’a pas été
accompagnée d’une appropriation
forte dans la mise en œuvre des
politiques. Une bonne partie des
résultats s’explique par la faiblesse
de l’appropriation des OMD, dû au
contexte d’impréparation qui prévalait
à l’entrée en vigueur des OMD. En
effet, comme la plupart des pays en
développement, le Bénin n’avait pas
été associé à la formulation des OMD,
d’où les défis posés par l’appropriation
à tous les niveaux, notamment
administratif et social. La société civile
a aussi mis du temps pour s’impliquer
dans la mise en œuvre et le suivi des
OMD.
En définitive, le contexte de mise en
vigueur des OMD n’a pas été propice
à une meilleure appropriation des
OMD. Aussi, le succès des ODD
dépendra de la rapidité de la prise en
charge des problématiques liées à son
opérationnalisation. Le financement des
ODD devra trouver, au moins en partie,
des réponses internes pour faciliter
sa mise en œuvre. L’appropriation
du nouvel agenda du développement
connaît des débuts bien plus favorables
que pour les OMD grâce au processus
participatif et inclusif de son élaboration.
LEÇONS APPRISES
des OMD pour les ODD
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
36
Concevoir au démarrage les
instruments de mise en œuvre
L’analyse des mécanismes
d’implantation des OMD montre
qu’ils ont été conçus au fur et à
mesure, quand l’atteinte devenait
problématique. Dès le départ, la mise
en œuvre des OMD a accusé du
retard. Cette temporalité montre surtout
comment les OMD ont mis du temps à
être appropriés par les pays, comment
la communauté internationale, à travers
le système des Nations Unies, a mis
du temps à trouver les instruments
pouvant faciliter leur mise en œuvre
(Gleneagles scénarios et CAO) et
enfin comment la problématique de
son financement n’a jamais trouvé de
réponse totalement satisfaisante.
Au Bénin, le retard dans l’appropriation
des OMD a freiné la mise en place
des institutions et des structures
appropriées pour leur gouvernance.
L’expérience des OMD a permis
de faire ressortir une contrainte
fondamentale à la mise en œuvre
des politiques, à savoir la qualité de
leur coordination. Les OMD, de par
leur caractère multidimensionnel,
ont généralement engagé au moins
une douzaine de ministères. Ces
derniers étant appelés à travailler
en synergie dans une logique de
cohérence pour l’atteinte des OMD.
Le défaut de coordination et les
coûts importants générés par cette
organisation ont constitué des freins
à l’opérationnalisation des OMD. Afin
de corriger cette limite et de réduire
les coûts de coordination, le Président
de la République a créé un Ministère
chargé de la Coordination des
politiques en lien avec les OMD et les
ODD.
Financer les objectifs sur les ressources
internes suivant une programmation et
exécution budgétaires efficientes
L’allocation réelle des ressources
internes aux objectifs reste un autre
enjeu déterminant, de même que
l’efficacité et l’efficience de l’exécution
des ressources budgétaires à travers
l’application des procédures nationales
des pays en développement.
Suivre la mise en œuvre des
interventions au-delà des résultats
La pratique des OMD a permis
d’améliorer le système de suivi
évaluation mis en place au niveau
sectoriel et central du pays. En effet,
les exigences liées à la collecte,
au traitement et à la diffusion de
l’information statistique des indicateurs
OMD, ont permis d’opérer la
transition vers une gestion axée sur
les résultats avec la mise en place
et le renforcement des services de
suivi-évaluation dans les différents
ministères.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
37
La culture des données a été
progressivement inculquée à
l’administration avec l’adoption, par le
Gouvernement, de l’initiative 1000 jours
pour les OMD. Le suivi et l’évaluation
des OMD, ont en outre favorisé une
régularité dans la réalisation des
enquêtes ménages, population,
santé et autre enquêtes spécifiques
(SIDA, Genre, etc…). Cependant, la
pratique des OMD a permis d’identifier
les limites du système d’information
statistique : sa forte dépendance
à l’appui extérieur et sa capacité
restreinte à collecter et traiter certaines
informations. Ceci explique le nombre
réduit de cibles et d’indicateurs
effectivement suivi (15 cibles sur les 21
prévus et 35 indicateurs sur les 60).
Dans la mise en œuvre des ODD, un
engagement beaucoup plus soutenu du
Gouvernement sera donc nécessaire.
Cet appui devra, essentiellement,
consister à augmenter les ressources
financières allouées à la collecte et au
traitement des données d’une part, et
à renforcer les capacités humaines des
administrations centrales et sectorielles
de suivi-évaluation d’autre part.
Le cadre de suivi-évaluation qui
doit accompagner les ODD ne doit
pas seulement porter sur l’atteinte
des résultats, en aval. La mise
en œuvre, en amont, doit déjà
faire l’objet de suivi. L’enjeu est
de s’assurer que les interventions
inscrites dans les programmes
budgétaires des ministères pour
réaliser les objectifs sont réellement
budgétisées et exécutées. Ainsi, les
outils de programmation et d’exécution
budgétaires doivent être suivis pour
s’assurer qu’en aval les résultats
seront atteints. Pour ce faire, le suivi
de l’exécution des interventions
définies pour atteindre les objectifs
doit se faire, d’abord en début d’année
au niveau des plans de travail des
ministères, ensuite au niveau des plans
de consommation des ressources et
des plans de trésorerie et enfin au
niveau des plans de passation des
marchés publics. Le suivi trimestriel
de l’exécution de ces différents plans
permettra de s’assurer que les actions
programmées sont réalisées et si
tel n’est pas le cas, de prendre des
mesures correctrices à temps au lieu
de constater au bout d’une année que
les résultats ne sont pas atteints.
Améliorer le financement intérieur et
l’indépendance du système statistique
Les OMD ont contribué au
renforcement des systèmes
statistiques nationaux, indispensables
à l’élaboration de rapports informés
pour le suivi de la mise en œuvre
des différentes cibles. Il convient de
poursuivre le travail mené en faveur
de leur indépendance et donc de les
doter de ressources domestiques
conséquentes.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
38
Une redevabilité accrue mais un
leadership à renforcer
L’adoption inédite d’objectifs communs
a stimulé les Etats en développement
et leurs partenaires techniques et
financiers dans les politiques de
développement et permis d’accroitre
la redevabilité vis-à-vis de leurs
populations. Au-delà de cette prise
de conscience, les instruments
doivent être trouvés pour favoriser
l’éclosion d’une élite engagée dans le
développement des pays les moins
avancés (PMA), tels que le Bénin.
Diversifier le financement du
développement en mobilisant
notamment les ressources domestiques
L’évolution en dents de scie de l’APD
a entravé la prévisibilité de l’aide.
D’autres sources de financement
doivent être mobilisées, notamment
domestiques. De l’expérience des
CAO, on peut retenir que si l’approche
méthodologique a été pertinente
pour définir les actions accélératrices
déterminantes, les moyens de mise
en œuvre sont restés du domaine
du plaidoyer. Avant de projeter des
interventions sur des ressources à
mobiliser, il faut donc compter d’abord
sur les moyens déjà disponibles dans
les budgets nationaux et focaliser les
instruments de programmation sur
ces moyens-là. Si la mobilisation des
ressources internes est une des voix
privilégiées pour le financement des
ODD, leur allocation réelle aux objectifs
reste un enjeu déterminant. De même,
l’efficacité et l’efficience de l’exécution
des ressources budgétaires à travers
les procédures nationales des pays en
développement constituent un facteur
déterminant du succès des ODD.
Le dialogue avec le secteur privé doit
être également renforcé pour favoriser
la mise en place de partenariats public-
privé.
Renforcer l’intégration régionale et la
coopération Sud-Sud et triangulaire
Poursuivre l’intégration régionale
permettrait d’accroitre le pouvoir de
représentation des PMA dans les
arènes internationales et de réaliser
des économies d’échelles. Par ailleurs,
le partage d’expérience à travers la
coopération Sud-Sud ou triangulaire,
porteur de changements concrets,
gagnerait à être systématiquement
considéré.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
39
En septembre 2000, lors du Sommet
du Millénaire, la communauté
internationale prenait un engagement
historique et donnait une nouvelle
impulsion au développement à travers
l’adoption d’un agenda autour de 8
enjeux considérés par tous comme
prioritaires. Sous le leadership du
Système des Nations Unies et de ses
différentes agences, ces huit Objectifs
du Millénaire pour le Développement
(OMD), déclinés en 21 cibles et 48
indicateurs, ont constitué durant les
15 années passées un cadre pour
l’action collective, orientant les efforts
des pays et de tous les partenaires du
développement en direction de l’atteinte
d’objectifs communs.
Grâce à ces efforts conjoints,
d’énormes progrès ont été réalisés à
ce jour, permettant à des millions de
personnes dans le monde d’améliorer
leurs conditions de vie et leurs
perspectives d’avenir. Ainsi, depuis
2000, le cadre d’action des OMD a
permis de faire sortir 1 milliard de
personnes de l’extrême pauvreté et
de scolariser massivement les filles
au primaire. La mortalité maternelle,
et celle des enfants de moins de 5
ans, ont été drastiquement réduites
et l’épidémie de VIH/SIDA est
aujourd’hui en net recul. Enfin, le
nombre de personnes ayant accès
à l’eau potable et à l’assainissement
a considérablement augmenté. S’il
reste du chemin à parcourir pour
exaucer le souhait émis par les
dirigeants mondiaux lors du Sommet du
Millénaire, à savoir, éliminer la misère,
la réussite des OMD est aujourd’hui
indéniable.
Cette réussite est aussi le fruit
des efforts des pays en voie
de développement, qui se sont
véritablement appropriés les OMD et
en ont fait le cadre directeur de leurs
politiques.
Au Bénin, le rôle du Gouvernement
a été primordial dans l’appropriation,
dès décembre 2002, des principes de
mise en œuvre des OMD, à travers
l’élaboration participative du premier
document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre
entre 2003 et 2005. Il s’agissait alors
de donner un cadre stratégique de
référence pour toutes les interventions
de réalisations des OMD afin de lutter
contre la pauvreté dans toutes ses
dimensions, et non plus seulement
sous l’angle exclusif de la croissance
économique ou des services sociaux.
Elaborées de manière conjointe
avec les PTF et la société civile,
les Stratégies de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (SCRP)
INTRODUCTION GÉNÉRALE
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
40
qui ont suivi entre 2007 et 2009, puis
2011 et 2015, étaient elles aussi
arrimées aux OMD et constituaient en
réalité leur cadre d’opérationnalisation
à l’échelle du pays. Le Bénin a
également lancé un signal fort à tous
ces partenaires avec la création en
2013 d’un Ministère à la Présidence de
la République chargé de la coordination
des politiques de mise en œuvre
des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et des Objectifs
de Développement Durable (ODD).
Pendant ces 15 dernières années,
le PNUD, fort de son expertise et de
son rôle d’appui-conseil, a soutenu le
Gouvernement dans l’élaboration de
chacune de ces stratégies, mais aussi
dans leur opérationnalisation et leur
mise en œuvre. Par ailleurs, chaque
agence du système des Nations Unies,
à travers ses programmes et projets
respectifs, a apporté sa pierre pour
contribuer à l’atteinte des OMD au
Bénin.
En 2010, à l’évaluation des OMD
2000+10, il est apparu que les progrès
restaient encore lents malgré tous
les efforts engagés. Aussi, un cadre
d’accélération des OMD (CAO) a
été mis en place, afin d’offrir aux
gouvernements et à leurs partenaires
un moyen systématique d’identifier
et de hiérarchiser les goulots
d’étranglement qui ralentissent la
mise en œuvre des stratégies et
politiques axées sur les OMD et de
formuler des solutions visant à éliminer
ces obstacles. Au Bénin, le CAO a
porté sur l’OMD 7, notamment sa
cible C, « Accès à l’eau potable et à
l’assainissement de base », identifiée
comme l’une de celles ayant les plus
grandes chances d’être atteintes.
De même, de 2013 à 2015 ont été
engagées, dans le cadre de l’Initiative
« 1000 jours pour la réalisation des
OMD », des actions à fort impact visant
à approcher significativement les cibles
des OMD encore en retard.
Aujourd’hui, les cibles relatives à
l’accès à l’éducation pour l’OMD 2
(taux net de scolarisation dans le
primaire), aux disparités entre les
sexes dans les enseignements primaire
et secondaire pour l’OMD 3 (rapport
filles/garçons dans l’enseignement
primaire, secondaire et supérieur), à la
propagation du VIH/SIDA pour l’OMD
6 (taux de prévalence du VIH dans
la population âgée de 15 à 24 ans) et
enfin au pourcentage de la population
ayant accès à l’eau potable pour l’OMD
7 (Proportion de la population utilisant
une source d’eau potable améliorée)
sont en bonne voie d’être atteinte
à la fin 2015. Cependant, des défis
importants demeurent concernant les
OMD relatifs à la pauvreté, à la santé
maternelle et infantile, aux disparités de
genre et à l’assainissement de base.
Quinze années après le Sommet
du Millénaire, le développement
entre dans une nouvelle phase,
marquée par les transformations
historiques de l’économie causées
par la crise financière, mais aussi par
la propagation des technologies de
l’information et de la communication
ou encore par la conscience aigüe
d’une nécessaire adaptation face aux
changements climatiques.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
41
Ainsi, dès 2010, l’Assemblée Générale
de l’Organisation des Nations Unies a
initié le processus qui devait conduire
à la mise en place d’un nouveau cadre
pour le développement après 2015.
Mais, c’est en juin 2012, lors de la
conférence des Nations Unies sur le
Développement Durable de Rio+20,
que le mouvement vers la définition de
nouveaux objectifs de développement
durables (ODD) universels a
été amorcé. A cette occasion, la
communauté internationale s’est en
effet engagée sur le chemin d’une
économie verte qui doit « contribuer
à l’élimination de la pauvreté et à
la croissance économique durable,
améliorer l’intégration sociale et le
bien-être de l’humanité, et créer des
possibilités d’emploi et de travail décent
pour tous, tout en préservant le bon
fonctionnement des écosystèmes de la
planète. »
Du processus consultatif et consensuel
qui s’en est suivi ont émergé 17 ODD,
adoptés à l’Assemblée générale des
Nations Unies, le 25 septembre 2015
à New York. Plusieurs d’entre eux
constituent en réalité l’héritage des
OMD, par exemple, l’élimination de
la pauvreté et de la faim, la santé,
l’éducation et l’égalité entre les genres.
D’autres ont été définis en réponse
aux défis économiques, sociaux et
environnementaux qui se posent
aujourd’hui à toute l’humanité, tels que,
par exemple l’emploi et l’augmentation
des inégalités, l’énergie, les
changements climatiques, les menaces
pesant sur la biodiversité, mais aussi
l’urbanisation croissante, la nécessité
d’inventer de nouveaux modes de
consommation, ou encore le besoin
d’institutions démocratiques fortes.
Ces ODD recoupent les priorités
énoncées par les Béninois lors du
processus consultatif mené en 2014
à l’échelle nationale sur l’après-2015.
En effet, l’accès à un meilleur système
de santé, à une éducation de qualité,
à l’eau potable, à des infrastructures
adaptées, la promotion de la bonne
gouvernance, la sécurité et les libertés
politiques, la sécurité alimentaire,
l’emploi, ainsi que les changements
climatiques sont les dix priorités
énoncées par les béninoises et les
béninois pour l’après 2015.
Tout l’enjeu du nouvel agenda du
développement avec les ODD, mais
aussi des négociations sur le climat
à la COP 21 à Paris en décembre,
est de déterminer les modalités de ce
développement, son financement, son
architecture, les responsabilités de
chacun et la répartition des rôles en
son sein.
Le présent rapport évalue les progrès
réalisés en direction de la réalisation
des OMD sur les quinze dernières
années. Il constitue un exercice
nécessaire et une base de réflexion
pour l’élaboration des politiques
publiques dans le cadre de l’agenda
post-2015 et des ODD.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
42
CHAPITRE I - OMD1
Éliminer l’extrême pauvreté et la faim
L’OMD 1 « Réduire de moitié, entre 1990
et 2015, l’extrême pauvreté et la faim » se
décompose en trois cibles, évaluant la situation
en termes de pauvreté, ainsi que d’accès à un
emploi décent et à une alimentation suffisante.
Il est important de noter que l’atteinte de l’OMD 1 se
situe dans la perspective d’une croissance inclusive,
tenant compte des populations vulnérables telles que
les femmes et les jeunes.
a.	La réduction de la pauvreté à
contretemps de la croissance
économique
La part de la population béninoise
vivant en situation d’extrême pauvreté
(moins d’un dollar US par jour en PPA)
a augmenté de 10 points depuis 1990.
Par conséquent, la cible 1.A est encore
loin d’être atteinte.
Pourtant, l’extrême pauvreté au
Bénin a connu une tendance à la
baisse jusqu’en 2009, avec une
chute de plus de 10 points entre
2007 et 2009. Par la suite, la crise
économique et financière mondiale a
durement touché le pays, entraînant
une crise générale (alimentaire,
énergétique et économique) en
raison de l’augmentation des prix
des matières premières. De plus,
l’analyse de l’évolution des inégalités
dans la distribution des revenus ou
des dépenses au Bénin montre une
tendance à la hausse des inégalités
avec un indice de Gini qui est passé de
0,464 en 2011 à 0,470 en 2015. Hors,
la hausse des inégalités a un impact
négatif sur l’élasticité de la pauvreté à
la croissance économique. Ainsi, bien
que le Bénin connaisse une hausse
régulière du taux de croissance depuis
2011 passant de 2,5% à 5,6% en 2014,
la pauvreté a augmenté. De plus, la
croissance économique du pays est
tirée en grande partie par le secteur
agricole qui souffre d’une productivité
relativement faible.
1 Éliminer l’extrême pauvreté et la faim
1.1.	Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion
de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par
jour
44
Aussi, le rendement des facteurs de
production, notamment le travail est
d’autant plus faible alors que près
de 80% de la population active en
milieu rural vit de l’agriculture. De
même, l’augmentation régulière de la
population avec un taux de croissance
moyen de 3,5% a pesé sur la capacité
de la croissance économique à réduire
la pauvreté et, les politiques de
redistribution, notamment les dépenses
sociales prioritaires, n’ont pas atteint
sensiblement les populations les plus
pauvres. En effet, malgré la mise en
oeuvre de politiques visant à réduire la
pauvreté (la suppression des frais de
scolarité dans le primaire, la gratuité
des soins de santé pour les enfants
de moins de 5 ans, la gratuité de la
césarienne, etc.), le taux de pauvreté
n’a cessé d’augmenter, mettant en
exergue les défis liés au ciblage
des politiques et à l’éfficacité de la
gouvernance des services sociaux de
base.
Graphique 1 : Proportion (%) de la population disposant de moins de 1
dollar US en PPA par jour
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
45
L’indice d’écart de la pauvreté (‘poverty
gap index’) mesure l’intensité de la
pauvreté dans un pays, en évaluant
l’écart entre le revenu moyen des
populations pauvres et le seuil de
pauvreté. Il est donc intéressant de
constater que, si l’extrême pauvreté
reste forte au Bénin, le niveau de vie
général des populations pauvres s’est
amélioré pour se rapprocher petit à
petit du seuil de pauvreté, avec un
indice d’écart de la pauvreté à 18%
du seuil national en 2015. L’inflexion
est particulièrement importante depuis
2006. En effet, l’indice d’écart de
pauvreté a évolué à la baisse depuis
1990 passant de 43,52% du seuil de
pauvreté en 1990 à 37,2% en 2006,
pour atteindre 27,1% en 2011 et enfin
18% en 2015.
L’évolution de l’incidence de pauvreté
selon les branches d’activité sur la
base des dépenses de consommation
et des caractéristiques de l’activité
économique éventuelle des chefs
de ménages, observées par les
enquêtes EMICoV de 2009 et 2011
montre la prédominance des activités
agricoles (46,6% de la population),
de commerce-logistique (17,0%)
et d’artisanat, culture et tourisme
(11,7%). La branche agricole, dominée
par l’agriculture vivrière (occupant
41,3% de la population), concentre la
majeure partie des pauvres au Bénin.
En effet, non seulement cette branche
a contribué à hauteur de 58% (dont
52,4% dus à l’agriculture vivrière)
à la pauvreté en 2011, mais aussi,
l’incidence de pauvreté a atteint son
niveau le plus élevé au niveau des
ménages dont les chefs travaillent dans
cette branche en 2009 (43,1%) comme
en 2011 (45,3%).
Graphique 2 : Indice d’écart de la pauvreté
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
46
Le quintile le plus pauvre a vu sa
part dans la consommation nationale
augmenter d’abord de 1990 (3%)
à 2011 (6,1%) avant de baisser de
près de 2 points de 2011 à 2015 à
4,3%. Cette évolution s’explique par la
dynamique des inégalités par rapport
aux dépenses de consommation
des ménages, qui montre qu’en
2011, l’ensemble des ménages ont
enregistré, une réduction sensible des
inégalités par rapport à 2009, dans
la distribution de leurs dépenses de
consommation. En effet, au niveau
national, l’indice de Gini est de 0,444
en 2011 contre 0,469 en 2009, soit un
repli de 5,3 points de pourcentage.
Les ménages ruraux (-6,8 points de
pourcentage) et urbains (-1,3 point
de pourcentage) enregistrent la
même tendance, avec une baisse
plus importante en milieu rural qu’en
milieu urbain. En revanche, l’analyse
de l’évolution de la consommation des
ménages, entre 2011 et 2015, montre
que la dépense annuelle par tête est
passée, en termes réels, de 226 440
FCFA à 223 402 FCFA, soit une baisse
d’environ 1,34%. Elle est cependant
plus marquée en milieu rural qu’en
milieu urbain. Ce repli dans la dépense
par tête des ménages peut être
assimilé à une baisse du niveau de vie
entre 2011 et 2015, affectant davantage
les plus pauvres. On note, dans une
moindre mesure, une accentuation
des inégalités dans la distribution
des dépenses de consommation des
ménages entre 2011 et 2015. En effet,
au niveau national, l’indice de Gini est
passée de 0,464 en 2011 à 0,470 en
2015, soit une augmentation de 0,006
point de pourcentage et demeure
relativement élevé.
Graphique 3 : Part du quintile le plus pauvre de la population dans la
consommation nationale
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
47
b.	Une évolution géographique
contrastée de la pauvreté
Entre 2011 et 2015, la pauvreté
monétaire (calculée à partir du seuil de
pauvreté défini au niveau national) a
davantage augmenté en milieu urbain
(+ 4,4 points) qu’en milieu rural (+ 3,9
points). Néanmoins, l’incidence de la
pauvreté demeure plus forte en milieu
rural. L’analyse de la population ne
disposant pas d’un dollar US par jour
montre que le milieu rural est plus
touché par la pauvreté que le milieu
urbain. En effet, l’incidence en milieu
rural est de 68% contre 34,3% en
milieu urbain en 2011.
Au niveau des départements, on note
une disparité d’indice de pauvreté.
Ainsi, une population comprise entre
63% et 80% des départements de
la Donga, de l’Alibori, du Zou, du
Couffo, du Borgou et des Collines, est
sévèrement touchée et vit avec moins
de 1 dollar US par jour en 2011. Les
départements du Plateau, du Mono et
de l’Atlantique semblent moyennement
affectés par l’extrême pauvreté avec
des proportions de personnes vivant
avec moins d’un dollar par jour variant
entre 50% et 56%. Les départements
de l’Ouémé et du Littoral sont les
moins touchés par l’extrême pauvreté,
avec des pourcentages de populations
vivant avec moins d’un dollar par jour,
respectivement de 31% et 7,1% en
2011.
En 2015, ces fortes disparités
régionales de la pauvreté monétaire
demeurent. En effet, sept départements
sur douze ont connu une incidence de
la pauvreté supérieure à la moyenne
nationale. Ainsi, la pauvreté a touché
plus de 40% de la population dans
les départements ruraux de l’Atacora
(42,33%), de l’Atlantique (41,34%),
des Collines (47,20%), du Couffo
(49,31%), de la Donga (42,48%), du
Mono (46,83%) et du Zou (42,80%).
A l’opposé, les départements plus
urbanisés ont connu une incidence de
pauvreté en dessous de la moyenne
nationale, notamment le Littoral et
l’Ouémé qui ont affiché une incidence
de plus de douze points en moins par
rapport au niveau national.
Par rapport à l’année 2011, la
proportion de pauvres a augmenté
dans la quasi-totalité des départements
du Bénin en 2015. Excepté le Littoral
où l’incidence a connu un léger
repli (-0,15%), l’accroissement de la
population pauvre dans les autres
départements varie de 1,13% et 7,17%.
Par ordre de grandeur, on note le
département du Borgou (+7,17 points),
de la Donga (+5,84 points), de l’Alibori
(3,59 points), du Mono (+3,30%), du
Couffo (+2,73 points) , de l’Atacora
(+2,59 points), de l’Atlantique (+2,33
points), de l’Ouémé (2,12 points), du
Zou (+1,31 points),du Plateau (+1,26
points) et les Collines (+1,13 points).
Par ailleurs, il faut noter, dans tous les
départements, une accentuation aussi
bien de l’écart entre l’indicateur du
niveau de vie et le seuil de pauvreté,
que des inégalités parmi les pauvres.	
	
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
48
Graphique 4 : Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015
selon le milieu de résidence
Source : EMICoV 2015
a.	La cible 1.B marquée par une
croissance faible en emploi
productif
La productivité de la main d’œuvre est
marquée par une augmentation de
2,5% entre 2006 et 2007 suivie d’une
baisse de 5,9% entre 2007 et 2010. La
population active occupée par rapport
au PIB a donc connu une augmentation
plus rapide sur la période 2007-2010.
Par contre, sur la période 2010-2011,
elle a connu une hausse de 0,5%.
Selon la définition de la Banque
mondiale, le ratio emploi/population
définit la proportion de la population
d’un pays, en âge de travailler (plus de
15 ans) et qui a un emploi. En presque
10 ans, ce ratio a connu une croissance
de près de 10 points. Néanmoins,
après une hausse spectaculaire en
2009, où il a atteint 75%, ce ratio s’est
stabilisé à 67% en 2015. Un Béninois
sur trois est donc considéré aujourd’hui,
comme sans emploi. Ceci s’explique
par le taux d’activité moindre des
femmes et le fort taux de chômage des
jeunes, même qualifiés.
1.2.	Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent
pour tous, y compris les femmes et les jeunes
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
49
A l’analyse du ratio emploi/population,
on peut conclure qu’il y a eu une
augmentation des opportunités
d’emploi entre 2006 (56,6%) et 2009
(75,1%). Ensuite, l’impact de la crise
économique et financière a entraîné
une baisse du ratio emploi/population à
60,8% en 2010. La reprise économique
qui s’est amorcée au Bénin depuis
2011 a permis une remontée du ratio
à 72% qui depuis a ralenti à 67% en
2015. L’augmentation constante de la
population a pu modérer l’évolution du
ratio malgré la croissance économique
forte, en moyenne de 4,5% depuis
2012.
Graphique 5 : Evolution du ratio emploi / population (%)
Source : EMICoV (2006, 2007, 2010, 2011, 2015)
La proportion d’actifs occupés
disposant de moins de 1 dollar US en
PPA par jour permet d’évaluer la qualité
de l’emploi dans un pays donné. Sur
la période 2006-2009, si la proportion
de la population occupée a augmenté
(+12 points), cela s’est fait au prix d’une
hausse de l’extrême pauvreté chez les
travailleurs (+12 points depuis 2007).
La crise financière, économique et
surtout énergétique de 2008 pourrait
en être l’un des facteurs d’explication.
Malheureusement, cette situation est
allée en s’aggravant avec une hausse
de 20 points de l’extrême pauvreté
chez les travailleurs entre 2011 et 2015.
Aujourd’hui, plus d’un Béninois sur 2
qui travaille vit avec moins d’un dollar
US par jour en PPA.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
50
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  • 4. photos Elsie Assogba Eric Godahoué Reine David Gnahoui Hadrien Bonnaud Nadine Azifan
  • 5. Les OMD ont marqué l’avènement d’un nouveau paradigme du développement, consacrant l’adoption d’objectifs globaux à l’endroit des pays en développement. Par-là, ils ont soulevé un élan planétaire de mobilisation pour le bien-être des populations et la satisfaction de besoins essentiels comme l’éducation, la santé, l’accès à l’eau et à l’énergie. Les OMD ont influencé, de manière déterminante, l’action des partenaires au développement en général et des agences du système des Nations Unies en particulier. Leur mise en œuvre a entraîné le développement d’espaces de dialogue et de partenariats autour de priorités communes au niveau global et au sein des pays. Des engagements internationaux ont été pris (Monterrey, 2002) et des initiatives de financement global ont été lancées dans différents domaines tels que l’éducation et la santé avec des fonds verticaux comme l’Initiative Fast track (partenariat mondial pour l’éducation), GAVI en 2000, Fonds mondial en 2002 et UNITAID en 2006. De même, l’agenda politique international a, tout au long de ces quinze dernières années, été fortement imprégné des OMD par la mobilisation d’efforts politiques et financiers sans précédent pour certains de ces domaines (initiative de Muskoka sur la santé maternelle et infantile) à travers les différentes rencontres internationales du G8 au G22. Au niveau des pays, en particulier en développement, les OMD ont influencé de façon marquante les cadres de planification du développement. Ainsi, leur prise en compte dans les stratégies nationales de développement (DSRP) et politiques sectorielles a favorisé le développement d’instruments de planification permettant de renouveler la pratique dans le domaine. Des cadres de suivi-évaluation ont émergé favorisant l’actualisation des outils et dispositifs statistiques pour le suivi des indicateurs associés aux OMD. Au-delà des limites et critiques qui sont faites de leur genèse (top down et pays en développement non représentés) à leur intégration originelle dans les processus DSRP en lien avec les initiatives d’allègement de la dette (Initiative pays pauvres très endettés – PPTE et Initiative d’allègement de la dette multilatérale - IADM), les OMD ont entrainé un renouvellement de la planification stratégique du développement et du dialogue politique autour de l’aide au développement. AVANT-PROPOS RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 5
  • 6. De cette expérience, des leçons essentielles peuvent être retenues pour informer du passage des OMD aux objectifs de développement durable (ODD): qu’il s’agisse de la temporalité de l’action publique, de la programmation des objectifs à atteindre, de l’articulation des horizons régionaux et nationaux ou qu’il s’agisse des cadres de mesure des résultats pour assurer le succès de ce nouvel engagement international au service des peuples. Au Bénin, l’atteinte des objectifs de réduction de la pauvreté requérait un élargissement de l’accès des populations aux services sociaux de base, couplé à une croissance créatrice d’emplois. Ces deux conditions impliquaient à leur tour une bonne gouvernance, tirée par un leadership fort et solidaire. Or, l’économie béninoise n’a pas connu un essor permettant de réduire la pauvreté. Le rythme de croissance s’est révélé fluctuant au début des années 2000, avant de subir l’impact de la crise économique mondiale en 2009- 2011, pour enfin se consolider au-dessus de 5 % à partir de 2013. De plus, la croissance démographique (3,5% en moyenne) a pesé sur les capacités de l’Etat à satisfaire la demande sociale. L’agriculture, dont vit une large part de la population, n’a pas atteint un accroissement substantiel des rendements, faute d’investissements conséquents, pour tirer la productivité du secteur primaire. Bien que l’environnement des affaires se soit amélioré grâce à des réformes de la règlementation des entreprises et de la fiscalité, des problèmes structurels d’approvisionnement en énergie et de prédominance du secteur informel persistent. Le pays a franchi des pas décisifs dans la gestion des finances publiques avec un assainissement du cadre macroéconomique et une gestion saine de la dette. Des politiques sociales proactives ont été adoptées avec la mise en place de dispositif de gratuité dans la santé et l’éducation. Cependant, la réussite de leur mise en œuvre a été beaucoup affectée par les défis majeurs de bonne gouvernance, y compris l’impact de la petite corruption dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Au-delà d’un manque de moyens, un déficit d’incitations entrave la prestation de services publics de qualité. Aussi le Bénin se doit-il d’améliorer les cadres du dialogue social. Les régressions récentes révélées par les dernières enquêtes EMICoV et MICS pour certains indicateurs de santé, mettent en lumière l’importance de maintenir les efforts dans la durée, au risque de perdre les acquis. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 6
  • 7. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 7 Le bilan que dresse le présent rapport au terme des 15 années de mise en œuvre des OMD vient à point à l’aube du renouvellement de la légitimité démocratique des décideurs politiques et de reformulation des orientations stratégiques du développement du pays. La Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté 2011-2015 est arrivée à échéance avec les OMD. Aussi, l’élaboration du nouveau cadre de planification du développement devra incorporer l’agenda 2030 adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre 2015 qui sans s’en limiter, englobe les OMD dont il vise à consolider les acquis et terminer le travail. Ce nouvel agenda pour le développement, à l’adoption duquel le Bénin a participé pleinement, a bénéficié d’un processus inclusif qui doit perdurer pendant sa mise en œuvre. Ses objectifs ambitieux requièrent l’implication de toutes les parties prenantes, à commencer par la société civile, le secteur privé et les collectivités territoriales. Le processus de décentralisation du Bénin qui doit être poursuivi et approfondi permettra une meilleure appropriation des politiques au niveau le plus proche des populations. Holistique, le nouvel agenda international met l’emphase sur les trois dimensions du développement durable, dans une logique d’intégration des politiques. Cette approche requiert un cadre institutionnel cohérent, qui a constitué un autre obstacle à l’atteinte des OMD. Le Bénin doit non seulement capitaliser sur ses acquis, à savoir une société pacifique dans une démocratie bien ancrée et une croissance consolidée sur fonds de stabilité macroéconomique, mais également poser un regard objectif sur son expérience, pour relever les défis sociaux, économiques et environnementaux qui deviennent de plus en plus pressants. C’est dans cette vision que s’inscrit le présent rapport d’évaluation finale. Ministre d’Etat, Chargé du Plan et du Développement Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies a.i. M. ABDOULAYE BIO TCHANÉ Mme ANNE VINCENT
  • 8. Le Rapport d’évaluation finale des objectifs du Millénaire pour le développement 2000-2015 a été préparé sous l’autorité conjointe du Ministère à la Présidence chargé de la Coordination des Politiques de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des Objectifs de Développement Durable (ODD) et du Système des Nations Unies (SNU). Le travail a été supervisé par le Ministre d’Etat chargé du suivi des OMD, le Professeur Géro Amoussouga et la Coordonnatrice Résidente du SNU, Représentante Résidente du PNUD, Mme Rosine Sori Coulibaly. L’équipe pays du SNU, notamment Mme Anne Vincent, Représentante de l’UNICEF; M. Koudaogo Ouédraogo, Représentant de l’UNFPA; M. Tiémoko Yo, Représentant de la FAO; Mme Margarèthe Molnar, Directrice Pays d’ONUSIDA; M. Youssouf Gamatié, Représentant de l’OMS; M. Pierre Mpélé, Représentant de l’OMS; M. Houssainou Taal, Représentant du PAM et M. Aristide Djossou, Chargé de coordination du SNU, a apporté un soutien financier et technique inestimable au processus d’élaboration de ce rapport final d’évaluation des OMD. L’équipe technique de préparation et de rédaction du rapport a été dirigée, au niveau du SNU, par le Conseiller Economique du PNUD, M. El Hadji Fall et l’Economiste National du PNUD, M. Janvier Alofa. Au niveau du ministère en charge des OMD, l’équipe a été dirigée par M. Alastaire Alinsato, Directeur du Suivi des OMD. Le rapport a bénéficié des études sectorielles menées pour l’OMD 1, par M. Euloge Videgla; pour l’OMD 2, par M. Bauro Bagoudou, M. Anani Hounza, Mme Noëllie Hounnou et M. Aboubacari Mohamed ; pour l’OMD 3, par Mme Marie Odile Attanasso; pour l’OMD 4, par M. Alphonse Akpamoli et M. Cyrille Zoungan; pour l’OMD 5, par M. Edmond Danhoegbe ; pour l’OMD 6, par M. Alphonse Akpamoli et M. Cyrille Zoungan; pour l’OMD 7, par M. Evariste Vigan, M. Clément Houessoukpe et M. Geronimo Tambamou et pour l’OMD 8, par M. Tarcicius Babadjihou. REMERCIEMENTS RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 8
  • 9. Les partenaires techniques et financiers (notamment l’Agence Française pour le Développement, l’Ambassade des Pays-Bas, ONUSIDA, UNICEF et l’Allemagne) ont apporté leur contribution pour la validation des études sectorielles et la relecture des chapitres couvrant leur domaine d’intervention. La rédaction et le processus d’élaboration du rapport ont bénéficié de la contribution inestimable des membres du Département des Politiques et Stratégies du PNUD, notamment Mme Christiane Nikobamye, Mme Diane Maurissen et Mme Manon Richert et des membres du Projet d’Appui à l’opérationnalisation des stratégies de développement du PNUD, notamment, M. André-Félix Sossou, M. Arsène Adéniran, M. Christian Ayédoun, Mme Raymonde Menomon et Mme Bénita Mahinou. Les efforts de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) ont permis de disposer, en 2015, des résultats de l’enquête EMICoV pour l’actualisation des indicateurs OMD. Le Directeur Général de l’INSAE, M. Alexandre Biaou et son équipe (notamment M. Damien Mededji et M. Djabar Adechian) ont joué un rôle essentiel dans l’aboutissement de ce rapport ainsi que tous les partenaires qui ont contribué au financement de l’enquête EMICoV, en particulier, l’UNICEF, la Délégation de l’Union européenne, la GIZ et le PNUD. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 9
  • 10. évaluation des progrès accomplis par le Bénin dans la réalisation desOMD SOMMAIRE Résume Exécutif 18 Les OMD au Bénin de 2000 à 2015 32 Leçons apprises des OMD pour les ODD 36 Introduction Générale 40 Chapitre 1 : OMD 1 : Éliminer l’extrême pauvreté et la faim 41 1.1. Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour 44 1.2. Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris les femmes et les jeunes 49 1.3. Cible 1.C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim 53 1.4. Des politiques volontaristes pour la réduction de la pauvreté malgré des résultats modérés 56 1.5. Des ressources conséquentes pour lutter contre la pauvreté, améliorer l’emploi et combattre la malnutrition 57 1.6. Des contraintes majeures de développement économique, de gouvernance et d’efficacité ont pénalisé la réduction de la pauvreté 58 Chapitre 2 : OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous 60 2.1. Cible 2.A - Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires 61 2.2. Des facteurs de succès liés à des politiques volontaristes et à la dynamique du fast track pour l’éducation 65 2.3. Des performances de l’éducation soutenues par la mobilisation de ressources importantes 68 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 10
  • 11. 2.4. Une gouvernance du secteur de l’éducation qui aurait pu mieux soutenir l’atteinte de l’OMD 68 Chapitre 3 : OMD 3 Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes 70 3.1. Cible 3.A - Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard 71 3.2. Des résultats au niveau éducatif portés par des politiques ciblées réussies alors que la question du genre reste entière partout ailleurs 78 3.3. L’égalité de genre soutenue financièrement, notamment par les partenaires tout en bénéficiant de l’effort conséquent de l’Etat dans le domaine de l’éducation 79 3.4. Des performances en genre oblitérées par un déficit de leadership politique et un ancrage institutionnel relatif 81 Chapitre 4 : OMD 4 Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans 81 4.1. Cible 4.A - Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans 82 4.2. L’OMD 4 soutenu par de multiples programmes appuyés par les partenaires 86 4.3. D’importantes ressources mobilisées en faveur de l’OMD 4, malheureusement pas sur la durée 87 4.4. Des résultats corroborant les insuffisances du système de santé 89 Chapitre 5 : OMD 5 Améliorer la santé maternelle 91 5.1. Cible 5.A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle 92 5.2. Cible 5.B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive 96 5.3. L’OMD 5 soutenu par des politiques de gratuité 105 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 11
  • 12. 5.4. Des ressources mises en œuvre par l’Etat et les partenaires en deçà des besoins pour atteindre l’OMD 5 107 5.5. L’atteinte de l’OMD 5 a souffert d’un déficit d’appropriation et des inefficiences du système de santé 108 Chapitre 6 : OMD 6 Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies 109 6.1. Cible 6.A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/SIDA et avoir commencé à inverser la tendance actuelle 110 6.2. Cible 6.B. D’ici 2015, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre le VIH/SIDA 114 6.3. Cible 6.C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et avoir commencé à inverser la tendance actuelle 116 6.4. Un engagement national fort en faveur de l’OMD 6 à travers des programmes emblématiques 126 6.5. L’OMD 6 soutenue par une mobilisation de ressources continue 130 6.6. Les défis de la gouvernance du secteur de la santé comme obstacles aux résultats de l’OMD 6 132 Chapitre 7 : OMD 7 Assurer un environnement durable 134 7.1. Cible 7.C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base 135 7.2. Le secteur de l’eau soutenu par une mobilisation forte des partenaires avec peu d’accent sur l’assainissement de base 145 7.3. L’OMD 7 soutenu par une mobilisation exceptionnelle de ressources de l’Etat et des PTF 154 7.4. Un cadre de dialogue performant pour l’accès à l’eau alors que l’assainissement de base a souffert d’un manque de leadership 157 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 12
  • 13. Chapitre 8 : OMD 8 Mettre en place un partenariat mondial pour le développement 160 8.1. Cible 8.B: Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA) 161 8.2. Cible 8.D - Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de développement par des mesures nationales et internationales afin de rendre la dette soutenable à long terme 162 8.3. Cible 8.F - En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l'information et de la communication, soient à la portée de tous 164 8.4. Les politiques favorables à l’OMD 8 169 8.5. L’OMD 8 en bute aux contraintes de développement d’un PMA 170 Chapitre 9 : Perspectives 172 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 13
  • 14. Graphique 01 : Proportion (%) de la population disposant de moins de 1 dollar US en PPA par jour 45 Graphique 02 : Indice d’écart de la pauvreté 46 Graphique 03 : Part du quintile le plus pauvre de la population dans la consommation nationale 47 Graphique 04 : Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015 selon le milieu de résidence 49 Graphique 05 : Evolution du ratio emploi / population (%) 50 Graphique 06 : Evolution de la proportion de personnes occupées vivant en-dessous de $1 US (PPA) par jour (%) 51 Graphique 07 : Evolution de la proportion de travailleurs indépendants et d’aides familiaux dans l’emploi total 52 Graphique 08 : Prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans 53 Graphique 09 : Proportion de la population n’atteignant pas le minimum d’apport calorique ( 1800 Kcal/jr/individu) 55 Graphique 10 : Taux net de scolarisation (%) 61 Graphique 11 : Taux d’achèvement du primaire (%) 62 Graphique 12 : Taux d’alphabétisation des 15-24 ans (%) 63 Graphique 13 : Evolution du taux net de scolarisation par département en 2010 et 2014 64 Graphique 14 : Evolution de l’achèvement de l’école primaire par département en 2010 et 2014 64 Graphique 15 : Rapport filles/garçons dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur 71 Graphique 16 : Répartition de l’emploi des femmes par secteur d’activité (%) en 2011 73 Graphique 17 : Répartition des femmes selon la catégorie socio-professionnelle 74 Graphique 18 : Evolution de la proportion d’élues au Parlement, 1991-2015 75 Graphique 19 : Evolution géographique du rapport filles/garçons dans l’enseignement primaire 76 Graphique 20 : Ratio filles/garçons dans l’enseignement secondaire par département 77 Graphique 21 : Ratio filles/garçons ayant présenté le baccalauréat par département 77 Graphique 22 : Evolution de l’OMD 4 de 1996 à 2014 au Bénin 83 Graphique 23 : Evolution du taux de couverture vaccinale des enfants âgés de 12 à 23 mois contre la rougeole selon le milieu de résidence 86 Graphique 24 : Ressources mises en œuvre par l’État et les partenaires de 2001 à 2015 (en millions de FCFA) 88 Graphique 25 : Financement du secteur de la santé, 2010-2015 (milliards de FCFA) 89 LISTE DES GRAPHIQUES RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 14
  • 15. Graphique 26 : Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes) 94 Graphique 27 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié (%) 95 Graphique 28 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié (%), par département 96 Graphique 29 : Taux de prévalence de la contraception (%) 97 Graphique 30 : Taux de prévalence de la contraception (méthodes modernes, %) 98 Graphique 31 : Taux de natalité chez les adolescentes (%) 99 Graphique 32 : Couverture des soins prénataux (CPN4, %) 100 Graphique 33 : Besoins non-satisfaits en matière de planification familiale (%) 101 Graphique 34 : Taux de prévalence de la contraception selon le milieu de résidence, 1996-2012 (%) 102 Graphique 35 : Taux de natalité chez les adolescentes selon le milieu de résidence, 1996- 2012 103 Graphique 36 : Pourcentage de grossesses non suivies par un professionnel de santé, selon le milieu de résidence (%) 104 Graphique 37 : Utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque (%) 111 Graphique 38 : Proportion de la population âgée de 15 à 24 ans ayant des connaissances exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA 112 Graphique 39 : Evolution géographique de la prévalence du VIH/SIDA au Bénin 113 Graphique 40 : Evolution géographique de l’utilisation du préservatif lors du dernier rapport à haut risque au Bénin 113 Graphique 41 : Proportion de la population des PVVIH éligible ayant accès au traitement ARV en 2014 114 Graphique 42 : Evolution par département de la proportion de la population au stade avancé de l’infection par le VIH (éligible au traitement) ayant accès à des médicaments antirétroviraux en 2014 115 Graphique 43 : Evolution de l’incidence (%) du paludisme au Bénin, de 2003 à 2013 117 Graphique 44 : Evolution de la létalité (%) du paludisme au Bénin de 2003 à 2013 117 Graphique 45 : Evolution des indicateurs de surveillance du paludisme au Bénin 118 Graphique 46 : Evolution du taux de mortalité due à la tuberculose (TB/VIH exclu), Bénin, 2000-2015 119 Graphique 47 : Evolution de la prévalence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120 Graphique 48 : Evolution de l’incidence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120 Graphique 49 : Evolution du taux de succès thérapeutique des nouveaux cas contagieux, Bénin, 2000-2015 121 Graphique 50 : Evolution de la proportion de patients co-infectés TB/VIH mis sous ARV, Bénin, 2007-2015 122 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 15
  • 16. Graphique 51 : Evolution géographique de l’incidence du paludisme au Bénin 123 Graphique 52 : Evolution géographique de l’utilisation des MIILD par les enfants de moins de 5 ans au Bénin 124 Graphique 53 : Evolution géographique du traitement des enfants de moins de 5 ans atteints de paludisme par un antipaludéen approprié au Bénin 124 Graphique 54 : Evolution du taux de notification de la tuberculose par département, Bénin, 2000-2015 125 Graphique 55 : Evolution des indicateurs de couverture des interventions de lutte contre le paludisme au Bénin, 2010 à 2013 130 Graphique 56 : Dépenses au titre de la lutte contre le VIH/SIDA entre 2011 et 2014, en milliards de FCFA 132 Graphique 57 : Taux de desserte hors réalisations des ONG 137 Graphique 58 : Taux de desserte en milieu rural 137 Graphique 59 : Taux de desserte en milieu urbain 139 Graphique 60 : Situation de la desserte en eau potable en milieu rural à fin décembre 2014 140 Graphique 61 : Situation de l’approvisionnement en eau potable par commune fin décembre 2014 142 Graphique 62 : Pourcentage de la population utilisant une toilette à chasse ou des latrines par commune en 2010 144 Graphique 63 : Evolution des ressources exécutées pour l’AEP en milieu rural de 2003 à 2014 155 Graphique 64 : Evolution ressources exécutées pour l’AEP en milieu urbain 156 Graphique 65 : Evolution du service de la dette par rapport aux exportations de biens et services 163 Graphique 66 : Taux de pénétration de la téléphonie fixe 163 Graphique 67 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile (%) 167 Graphique 68 : Taux de pénétration de l’internet, par source 168 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 16
  • 17. LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD 31 Tableau 2 : Evolution de quelques indicateurs de la prise en charge par les ARV et de la PTME 127 Tableau 3 : Intérêts de la dette sur Exportations ou PIB 163 Tableau 4 : Parc d’abonnés par opérateur GSM de 2006 à 2014 166 Tableau 5 : Répartition des cybercafés par département 169 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 17
  • 18. OMD1 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, l’extrême pauvreté et la faim Grâce aux efforts conjoints de la communauté internationale pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’extrême pauvreté a diminué de façon significative dans le monde au cours des deux dernières décennies. En 1990, près de la moitié de la population des pays en développement vivait avec moins de 1,25 dollar US par jour; cette proportion est tombée à 14 % en 2015. Par ailleurs, la proportion de personnes sous- alimentées dans les régions en développement a baissé de près de moitié depuis 1990. Cependant, le continent africain reste à la traîne : en effet, plus de 40 % de la population en Afrique subsaharienne vit toujours dans une extrême pauvreté en 2015. De même, en 2015, 80 % des travailleurs pauvres résident en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Concernant la lutte contre la faim sur le continent africain, elle est mise à mal par la forte croissance démographique. Ainsi, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 44 millions depuis 1990. En dépit des efforts réalisés au cours de la dernière décennie, les progrès sont donc encore insuffisants, y compris au Bénin. L’extrême pauvreté moins intense mais en forte hausse depuis 2010 Après une baisse impressionnante de 11 points de pourcentage entre 2007 et 2009 (de 51,6 à 40,8%), l’extrême pauvreté est remontée 10 points au-dessus de son niveau de 1990, avec près de 2 Béninois sur 3 vivant avec moins de 1$ par jour (PPA)1 en 2015 (63,5% de la population). La crise économique et financière mondiale a durement touché le pays en 2009-2010, entraînant une crise économique, alimentaire et énergétique, en raison de l’augmentation du prix des matières premières. Depuis 2012, la croissance économique dépasse 5%, mais elle peine à compenser une forte croissance démographique (3,5% par an) et n’est de fait que partiellement convertie en emploi productif. 1. Seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale RÉSUMÉ RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 18
  • 19. Ainsi, un Béninois sur trois est considéré comme sans emploi en 2015 (contre un sur quatre en 2011). En outre, la croissance est tirée en grande partie par l’agriculture, à faibles productivité et valeur ajoutée. En revanche, l’indice d’écart de la pauvreté, en baisse constante depuis 1990 (de 43,52% à 18% en 2015), indique un rapprochement des plus pauvres du seuil de pauvreté national, et donc une moindre intensité de la pauvreté. L’expansion du secteur informel, à l’origine d’une précarisation de l’emploi L’extrême pauvreté touche un nombre croissant de travailleurs : plus d’une personne occupée sur 2 en 2015 au Bénin (52,2%, soit 20 points de plus qu’en 2011). L’expansion du secteur informel, qui représente 87,6% de l’emploi total en 2015 (+20 points par rapport à 2006) est incontestablement l’un des principaux facteurs de cette précarisation de l’emploi. La faim à l’état stationnaire depuis 2005 La prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans a diminué de 2001 à 2006 (de 21,9% à 18%) et reste stable depuis, à quelques points au-dessus de la cible pour 2015 de 14,6%. Après une amélioration de 2000 à 2005 de 35 à 31%, la proportion de personnes au sein de la population générale n’atteignant pas le minimum d’apport calorique évolue peu depuis 2005 (30,8 en 2013). Paradoxalement, dans le cas d’un pays comme le Bénin qui reste fortement rural et agricole, la pauvreté alimentaire est plus forte dans les campagnes (28,4% en milieu rural contre 23,2% en milieu urbain en 2013) et les ménages achètent 80% des aliments qu’ils consomment. L’augmentation du prix d’achat des produits alimentaires constitue donc une limite forte à la sécurité alimentaire. OMD2 : Assurer l’éducation primaire pour tous Si des progrès considérables ont été réalisés pour ce qui est de l’augmentation de la scolarisation dans l’enseignement primaire dans le monde depuis l’adoption des OMD en 2000, le maintien des enfants à l’école reste un défi important dans les pays en développement et, encore aujourd’hui, un enfant sur 10 n’est pas scolarisé. En particulier, l’Afrique subsaharienne, malgré une augmentation de 20 points de pourcentage de son taux net de scolarisation entre 2000 et 2015, fait face à des enjeux démographiques et socio-économiques importants qui viennent pondérer ces efforts. Ainsi, la région reste la moins alphabétisée au monde et un travail important reste à mener pour diminuer dès le plus jeune âge les inégalités socio-économiques et relatives au genre. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 19
  • 20. Hausse insuffisante de la scolarisation La croissance du taux net de scolarisation (TNS) au Bénin de 74,9% en 2014 ne permet pas d’atteindre la cible de 100%. Elle est accompagnée d’une légère hausse du taux d’abandon (de 10,72 en 2010 à 11,65 en 2014), qui augmente à chaque niveau d’enseignement. Quant au taux d’achèvement du primaire, sa croissance constante depuis 1990 (de 17,15% à 70,5% en 2014) permettrait d’atteindre la cible (100% en 2015) en 2020. Alphabétisation des jeunes en baisse La baisse du taux d’alphabétisation des 15-24 ans est un phénomène particulièrement inquiétant qu’il convient de souligner. En effet, ce taux a décru de 13 points entre 2010 et 2014. Ainsi, plus de la moitié (56,1%) des jeunes femmes ne savent actuellement ni lire, ni écrire ; c’est également le cas pour 2 jeunes hommes sur 5 (40,1%). Pourtant, en parallèle, le nombre d’inscrits pour un maître d’alphabétisation s’est nettement amélioré pour se stabiliser sur la période 2007- 2015, non loin de la référence de 25. La baisse du taux d’alphabétisation pourrait donc s’expliquer, entre autres, par la faible qualité des contenus et de la formation des maîtres d’alphabétisation et/ou par la baisse du nombre d’inscrits. Des politiques volontaristes en faveur de l’éducation Avec l’appui des partenaires, l’Etat a fait preuve de proactivité dans le secteur éducatif. Ainsi, les communes ont reçu des transferts annuels pour la construction de salles de classe et des programmes d’alimentation scolaire ont bénéficié du soutien du PAM. Par ailleurs, le statut des enseignants communautaires et contractuels locaux a évolué, puisqu’ils sont devenus agents contractuels de l’Etat. Au total, près de 10 000 enseignants ont été recrutés de 2006 à 2014. La part des dépenses de l’Etat allouées au secteur de l’éducation a cru de près de 10 points sur la période 2002-2010 (de 16,5% à 24,8%). Le Bénin a notamment bénéficié du programme Fast-Track (FTI) pour la période 2008-2013 au profit de la maternelle, du primaire, du secondaire et de l’alphabétisation à hauteur de 36,477 milliards FCFA. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 20
  • 21. La quantité au détriment de la qualité Face à la pression démographique, les efforts en matière d’éducation ont sous- estimé la qualité. A titre d’exemple, le nombre d’élèves par enseignant a augmenté de 3 points entre 2005 et 2014. Il est possible que la baisse de la qualité de l’enseignement public ait concouru à la croissance de la part d’inscrits dans les écoles privées (de 11,8% en 2005 à 18,5% en 2014), accentuant ainsi les inégalités à travers le renforcement d’un système éducatif à deux vitesses. OMD3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes La parité filles-garçons à l’école primaire est l’une des grandes réussites des OMD, même si le chemin à parcourir pour garantir l’égalité des genres tout au long du parcours scolaire reste long. Cependant, en Afrique subsaharienne, les filles restent désavantagées. Il en va de même sur le marché du travail, où, en Afrique subsaharienne, les femmes gagnent en moyenne 30% de moins que les hommes. En matière de participation politique, d’importants progrès ont été notés dans le monde depuis 1995, date de l’adoption du Programme d’action de Beijing sur l’autonomisation des femmes. Ainsi, la proportion moyenne de femmes au parlement a presque doublé dans le monde, passant de 11 % en 1995 à 22 % en janvier 2015 et l’Afrique subsaharienne domine le classement des pays où les femmes sont le mieux représentées dans l’exercice du pouvoir législatif. La parité dans l’éducation est presque atteinte à l’école primaire, en bonne voie au niveau secondaire mais mise à mal au cycle supérieur Si la parité à l’école maternelle est dépassée depuis 2009 (ratio fille/garçon 1,08 en 2014), la marginalisation des filles se déroule progressivement tout au long de leur parcours scolaire. Une première déperdition a lieu lors de l’inscription au primaire (ratio filles/garçons de 0,93 pour le taux net d’admission), puis ce phénomène s’accentue en cours de secondaire (ratio filles/garçons de 0,76 en 2014), alors même que la transition vers le secondaire est quasiment paritaire (0,99 en 2014). Enfin, l’écart reste important dans le cycle supérieur (ratio de 0,16 en 2011). La fécondité précoce est sans nul doute l’un des facteurs explicatifs de cet état de fait, sachant qu’en 2014, dans la tranche d’âge des 20-24 ans, près d’une femme sur 5 (19,4%) a eu au moins une naissance vivante avant l’âge de 18 ans. Les départements urbanisés présentent plus de parité, à commencer par le Littoral, comprenant la ville de Cotonou, qui est le seul à avoir atteint la parité dans l’enseignement primaire (1,02). RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 21
  • 22. Les inégalités persistent sur le marché du travail… Les inégalités perdurent sur le marché du travail. Seules 5% des femmes sont salariées, contre 16,8% des hommes. 95% des femmes travaillent dans le secteur informel, principalement dans le commerce. De même, la proportion de femmes employeurs (0,7% contre 2% chez les hommes) n’a quasiment pas évolué depuis 2002. Dans l’administration publique, le ratio femmes/hommes parmi les agents permanents de l’Etat n’a pas dépassé 2 femmes pour 5 hommes entre 2000 et 2008. Ce ratio baisse encore lorsque l’on monte dans la hiérarchie de la fonction publique : les hommes sont ainsi quatre fois plus nombreux que les femmes parmi les cadres de cette catégorie (ratio de 0,23 en moyenne de 2000 à 2008), mais aussi parmi les enseignants du primaire (ratio de 0,26). … et sur la scène politique Sur les 25 dernières années, la proportion de sièges occupés par des femmes à l’Assemblée Nationale n’a dépassé 10% qu’une seule fois, lors de la législature 2007-2011. Le pourcentage de femmes au sein de l’exécutif a connu un pic à 30% aux trois gouvernements de mai 2011 à août 2013. Au niveau communal, leur représentativité est minime : 2,6% des maires en 2015 sont des femmes. Des résultats à la mesure des politiques L’Etat a pris différentes mesures pour réduire le fossé entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge à travers l’exonération des frais de scolarité des filles en primaire et au premier cycle du secondaire, mais aussi à travers l’adoption, en 2004, du Code des personnes et de la famille, qui fixe l’âge légal du mariage à 18 ans. Pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes, le Gouvernement a mis en place, avec l’appui des partenaires, un programme de micro crédits à destination des plus pauvres, qui compte 94% de femmes parmi ses bénéficiaires, soit plus d’un million à l’échelle du Bénin. En revanche, la mise en œuvre de mesures en faveur de la parité, notamment en politique, exige un leadership politique renforcé qui fait encore défaut à ce jour. Ce manque de leadership dans la promotion d’une égalité de fait entre les femmes et les hommes se reflète dans le peu de ressources consacrées à cette problématique : au total, moins d’1% du budget général de l’Etat est consacré spécifiquement à la promotion du genre. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 22
  • 23. OMD4 : Réduire la mortalité infantile et post-infantile Les Nations Unies considèrent « le déclin spectaculaire des décès évitables d’enfants » comme « l’une des réalisations les plus importantes de l’histoire humaine ». En effet, en 25 ans, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans le monde a été réduit de moitié, passant de 90 à 43 décès pour 1 000 naissances vivantes. Néanmoins, les progrès sont encore trop lents et la cible fixée en 2000 ne pourra être atteinte à ce rythme qu’en 2026. En 2015, près de 16 000 enfants de moins de cinq ans décèdent encore chaque jour, victimes pour la plupart de maladies évitables, comme la pneumonie, la diarrhée et le paludisme. Près de la moitié de ces décès surviennent en Afrique subsaharienne, une région qui a pourtant vu sa mortalité infantile diminuer drastiquement, de 179 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 86 décès en 2015. Le Bénin, avec 67 décès d’enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes, est relativement bien positionné sur le continent. En revanche, la mortalité infanto-juvénile est à 115,2 pour 1 000, éloignée de la cible qui était de 65 pour 1 000 en 2015 (MICS 2014). Remontée de la mortalité infantile et infanto-juvénile après 2011… Au Bénin, les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile ont baissé de plus de moitié entre 2001 et 2011, avant de remonter vers leur niveau de 2006 en 2014. Le paludisme demeure la principale cause de morbidité et de mortalité des enfants de moins de 5 ans (54% des consultations en 2014). Si 3 ménages sur 4 disposent d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) en 2014, l’accès au traitement antipaludéen pour les enfants de moins de 5 ans a régressé de plus de 10 points après 2011 (38% en 2011 contre 25,9% en 2014 de ceux qui présentent de la fièvre), ce qui explique la régression en ce domaine. … Concomitante au lancement de mesures de lutte contre le paludisme ! Ces contreperformances sont paradoxalement concomitantes au lancement de programmes de distribution de moustiquaires imprégnées, mais aussi à la mise en place, dès 2011, de la prise en charge gratuite du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Recul de la couverture vaccinale En 2014, 41,6% des enfants de 12-23 mois se sont vus administrer tous les vaccins recommandés avant leur premier anniversaire, soit un recul de 18 points par rapport à 2001 (59%). En ce qui concerne la rougeole, la proportion d’enfants d’un an vaccinés a peu varié depuis 1996, avec une disparité persistante en défaveur du milieu rural (-10 points par rapport aux zones urbanisées entre 2001 et 2011). RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 23
  • 24. Couverture sociale minime et déficit d’appropriation par la population des mesures mises en place A peine 8% de la population dispose de couverture sociale. Par ailleurs, la faible fréquentation des services de santé (52% en 2014) traduit un déficit d’appropriation par la population des politiques mises en place. Faible gouvernance du secteur Les obstacles à l’atteinte de l’OMD 4, tenant à une faible gouvernance, sont inhérents au système de santé béninois dans son ensemble. La plupart des centres de santé ne sont pas conformes aux normes. Les achats d’intrants souffrent de lourdeurs administratives. Les capacités humaines sont limitées, concentrées en milieu urbain, et peu motivées : des grèves ont affecté le secteur quasiment annuellement sur les cinq dernières années. OMD5 : Améliorer la santé maternelle La santé reproductive est un levier de développement important, car elle permet aux femmes de gagner en autonomie pour pouvoir subvenir à leurs propres besoins et contribuer à pourvoir à ceux de leurs enfants. Si la mortalité maternelle dans le monde a baissé de 45% entre 1990 et 2013, les progrès restent insuffisants : en 2015, la plupart des pays n’atteindront pas la cible des OMD de réduction du taux de mortalité maternelle de 75% depuis 1990. En 2013, près de 800 femmes sont mortes chaque jour des suites de la grossesse ou de l’accouchement : la quasi-totalité de ces décès se sont produits dans des pays en voie de développement. L’Afrique subsaharienne, en particulier, est la région où le danger pour les futures mères est le plus élevé. Usage minime de la contraception avec une progression des méthodes modernes Le taux de prévalence de la contraception (moderne ou traditionnelle) n’a quasiment pas évolué depuis 1996 (17,9% en 2014), loin de la cible 2015 de couverture universelle. La part des méthodes modernes a néanmoins progressé (taux de prévalence de 3,4% en 1996 à 12,5% en 2014) jusqu’à la moitié de la cible. Les femmes sont aussi davantage sensibilisées à l’espacement et à la réduction des naissances. Cette plus forte sensibilisation des cibles, ainsi que la persistance de freins à la contraception, qu’ils soient d’ordre institutionnel ou traditionnel, pourraient être des facteurs d’explication à la relative hausse des besoins non satisfaits en matière de planification familiale chez les femmes fécondes mariées ou en union : en 2014, 1 sur 3 estime que ses besoins en matière de contraception ne sont pas satisfaits. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 24
  • 25. Baisse insuffisante de la mortalité maternelle En 2014, le Bénin enregistre 347 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, soit une réduction de 30% par rapport à 1996 (498). A ce rythme, la cible 2015 de 125 ne pourra être atteinte qu’à l’horizon 2053 ! En amont de l’accouchement, la réalisation effective des 4 visites prénatales recommandées par l’OMS a stagné autour de 55%-60% entre 1996 et 2014. En revanche, dès 2011, la prise en charge gratuite du paludisme chez les femmes enceintes a contribué à la réduction de la mortalité maternelle. Cependant, la proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié n’a pas suffisamment cru et a même régressé entre 2011 et 2014 (- 4 points). La prévention des Hémorragies du Post Partum/Gestion Active de la Troisième Période de l’Accouchement (PHPP/GATPA), cause la plus fréquente de décès maternels (25%), est pratiquée de manière variable d’un département à l’autre (de 0% à 100%). Quant à la césarienne, décrétée gratuite dans tous les hôpitaux depuis 2008, elle n’a connu qu’une faible hausse, passant de 3,5% en 2008 (avant la mise en place de la mesure) à 5,3% en 2012 pour un besoin estimé globalement à 5,15%. Natalité chez les adolescentes en hausse après 2011 Les progrès enregistrés en matière de natalité des adolescentes entre 1996 et 2011 (13% en 2011) n’ont pas été poursuivis : par conséquent, en 2014, on observe un retour à la situation de 1996, avec près d’une adolescente sur 5 (19,4%) qui a déjà donné naissance à un enfant. La cible de 5% semble donc malheureusement hors d’atteinte à court et moyen terme. Déficit d’appropriation et de ressources Le secteur de la santé souffre de problèmes de ressources et de gestion. La part du budget santé allouée à la santé maternelle et néonatale a doublé en 2011 (4,37%), mais celle qui revient à la planification familiale, pourtant essentielle dans la prévention de la mortalité maternelle, a régressé de façon significative de 2006 à 2010. Par ailleurs, la population et le secteur privé ne sont pas suffisamment impliqués dans les programmes. OMD6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies L’épidémie de VIH/SIDA, perçue à son apparition comme un fléau quasi- insurmontable, a été combattue sans relâche par l’ensemble des acteurs dans le cadre de la mise en œuvre des OMD. Ainsi, au plan mondial, les nouvelles infections par le VIH ont diminué d’environ 40 % entre 2000 et 2013. L’Afrique subsaharienne reste toutefois la région la plus sérieusement affectée par le VIH et où les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) sont le moins souvent prises en charge (78% des PvVIH non prises en charge vivent en Afrique). RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 25
  • 26. En ce qui concerne le paludisme, grâce au décuplement du financement international, à un engagement politique renforcé et à la disponibilité de nouveaux outils plus efficaces, la cible mondiale des OMD a été atteinte, avec un taux de mortalité en chute de 58% entre 2000 et 2015. Malgré cela, le paludisme continue de représenter un problème majeur de santé publique, et particulièrement en Afrique subsaharienne, région qui concentre 80 % des décès imputés au paludisme. Enfin, entre 2000 et 2013, dans le monde, les actions de prévention, diagnostic et traitement de la tuberculose ont sauvé environ 37 millions de personnes. Le taux de mortalité due à la tuberculose a diminué de 45 % et le taux de prévalence de 41 % entre 1990 et 2013. La lutte contre le VIH/SIDA progresse chez les femmes mais recule chez les hommes Chez les jeunes (15-24 ans), la prévalence du VIH/SIDA a baissé de 0,7% en 2006 à 0,6% en 2011. Cela masque une augmentation chez les hommes (de 0,3% à 0,6%) mêlée à une diminution chez les femmes (de 1% à 0,6%), qui a équilibré le taux de prévalence. Les nouvelles infections sont limitées et la cible 6A est donc atteinte, avec un taux de prévalence chez les jeunes de 15-24 ans inférieur au seuil de 2%. Chez les femmes enceintes, la prévalence du VIH a également diminué, de 4,1% en 2001 à 1,6% en 2014. En matière préventive, le taux d’utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport à haut risque, bien qu’il reste très insuffisant, a augmenté de manière constante chez les femmes, de 25% en 2006 à 34% en 2014. Chez les hommes, ce taux a connu des fluctuations qui interrogent la fiabilité des données disponibles et/ ou la sincérité des répondants, avec une baisse drastique entre 2006 et 2011 (-20 points) et une très forte hausse entre 2011 et 2014 (+22 points). Enfin, entre 2006 et 2014, si la proportion de femmes âgées de 15 à 24 ans ayant des connaissances exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA progresse de 6 points, passant de 16% à 22%, elle baisse dans le même temps chez les hommes (de 35 à 31%). Une prise en charge croissante des personnes vivant avec le VIH, mais faible chez les enfants La mise sous antirétroviraux des personnes vivant avec le VIH (PvVIH) respectant les critères d’éligibilité au traitement est aujourd’hui systématique. Par conséquent, le nombre de PvVIH prises en charge par traitement antirétroviral a presque triplé de 2007 à 2014. En 2014, le système de santé en place au Bénin arrive à capter près de 3 PvVIH ayant besoin d’ARV sur 5. Une grande partie des PvVIH ignorent leur statut. Cette proportion reste néanmoins plus faible chez les enfants (35,1%). RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 26
  • 27. Amélioration de la prévention mais régression du traitement du paludisme chez les moins de 5 ans Concernant la prévention du paludisme, la proportion d’enfants de moins de cinq ans dormant sous moustiquaires imprégnées d’insecticide (MIILD) a décuplé, passant de 7,4% en 2001 à 72,7% en 2014, proche de la cible 2015 de 80%, grâce à la distribution de MIILD aux ménages. Cependant, le nombre de nouveaux cas par an, ou incidence, présente une légère tendance à la hausse sur la période 2003- 2013, dont on peut supposer qu’elle coïncide avec une meilleure détection des cas. Concernant le volet soins, la proportion d’enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre traités aux moyens de médicaments antipaludéens appropriés a diminué de plus de moitié (de 60,4% en 2001 à 25,9% en 2014). Cependant, la létalité a stagné autour de 1% sur la période 2003-2013. Baisse de l’incidence, de la prévalence et de la mortalité de la tuberculose mais inversement récent de tendances L’incidence de la tuberculose a significativement baissé de 2000 (86 cas pour 100 000 habitants) à 2007 ; elle s’est stabilisée autour de 70 cas jusqu’en 2013, avant de remonter à 74 cas pour 100 000 habitants en 2015, la cible 2015 de 64 cas pour 100 000 habitants n’est donc pas atteinte. La prévalence et le taux de mortalité ont connu une évolution similaire, avec une baisse puis une remontée à partir de 2012. Meilleur traitement de la tuberculose et de la co-infection TB/VIH Le taux de succès thérapeutique des nouveaux cas de tuberculose s’est amélioré de 2001 à 2009 (passant de 79% à 91%), et stabilisé depuis autour de la cible de 90% fixée pour 2015. La proportion de patients co-infectés par la tuberculose et le VIH bénéficiant d’un traitement antirétroviral a doublé, de 44% en 2007 à 89% en 2015, frôlant la cible 2015 fixée à 90%. Un leadership national contre les grandes maladies mais une dépendance financière La lutte contre les grandes maladies a bénéficié d’un leadership politique fort. Sur le plan du financement, cependant, la part de la contribution de l’Etat aux programmes de lutte contre le SIDA et la tuberculose avoisine 12% ces dernières années, le plus grand bailleur étant le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. OMD7 : Préserver l’environnement La cible des OMD en matière d’accès à une source d’eau potable améliorée a été atteinte au plan mondial en 2010 et aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale (58 %), bénéficie maintenant de l’eau courante. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 27
  • 28. Cependant, l’Afrique subsaharienne reste en-deçà de la cible des OMD, malgré une augmentation de 20 points de pourcentage pour l’utilisation de sources d’eau potable améliorées. Ainsi, en 2015, près de la moitié de toutes les personnes utilisant des sources d’eau non améliorées vit en Afrique subsaharienne. Concernant l’assainissement, près d’un milliard de personnes défèquent encore à l’air libre. Les progrès réalisés en Afrique subsaharienne en la matière sont faibles, avec une augmentation de 6 points de pourcentage de la part de la population utilisant des services d’assainissement améliorés entre 1990 et 2015. Dans le monde, les inégalités en matière d’accès à l’eau potable et à un service d’assainissement en fonction de la situation géographique restent fortes, en défaveur des zones rurales. Cible atteinte en matière d’accès à l’eau potable, malgré de fortes inégalités spatiales La cible OMD 2015 du taux de desserte d’eau potable en milieu rural, fixée à 67,3% est dépassée (68,1% en 2014), même si 1 département sur 4 et 1 commune sur 3 sur toute l’étendue du territoire affichent des taux inférieurs à 65% en 2014. Accès à l’assainissement : aucun progrès depuis 1990 et des zones rurales à la traîne La proportion de la population utilisant une installation sanitaire améliorée a stagné (12,7% en 2014 contre 12% en 1990), alors que la cible 2015 s’élève à 75%. La majeure partie des ménages au Bénin (58,1%) ne disposent ni de toilettes ni de latrines (2010), avec une grande disparité en défaveur du milieu rural (18,3% contre 84,1% en milieu urbain). Débuts prometteurs de la décentralisation/déconcentration et implication de la société civile dans le secteur de l’eau et de l’assainissement Pour permettre une meilleure couverture du territoire en eau potable et une gestion plus efficiente des services de fourniture en eau, l’Etat béninois a transféré un certain nombre de compétences dans ce secteur aux communes. Désormais maîtres d’ouvrage, les communes bénéficient depuis 2007 de transferts de ressources financières pour la réalisation de forages. Dans le secteur de l’assainissement également, les communes ont vu leurs compétences renforcées : en conséquence, la plupart d’entre elles (84%) se sont dotées d’un plan d’hygiène et d’assainissement en 2013. Par ailleurs, la mise en place progressive d’associations de consommateurs d’eau potable et de bénéficiaires de services d’hygiène et d’assainissement de base améliore la reddition des comptes au niveau communal. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 28
  • 29. Une mobilisation des partenaires et de l’Etat à la mesure des résultats L’accès à l’eau potable a été porté par un engagement conséquent de l’Etat et des partenaires techniques et financiers (PTF). La mise en place de pots communs a favorisé les synergies entre PTF et par là l’efficacité de la mise en œuvre des politiques publiques. Sur la période 2008-2014, les ressources exécutées au profit de l’accès à l’eau potable (AEP) ont été légèrement supérieures pour le milieu rural (76,11 milliards FCFA) que pour milieu urbain (75,62 milliards francs CFA), tandis que celles en faveur de l’hygiène et de l’assainissement de base ont représenté à peine 3,8 milliards FCFA, soit 9% des besoins estimés. OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement Les montants consacrés à l’aide publique au développement (APD) sont aujourd’hui plus importants que jamais, atteignant 135,2 milliards de dollars US en 2014, ce qui traduit une hausse de 66 % en termes réels depuis 2000. Néanmoins, l’APD destinée à l’Afrique subsaharienne et aux pays les moins avancés (PMA) est en baisse. Grâce aux différentes initiatives (IADM, PPTE) menées dans ce domaine, la proportion du service de la dette extérieure par rapport aux recettes d’exportation des pays en développement a chuté de 12 % en 2000 à 3 % en 2013. Surtout, le monde a connu une révolution technologique de grande ampleur qui a vu l’adoption rapide du téléphone mobile et d’internet, sur tous les continents. Un volume variable d’aide publique au développement (APD), qui reste néanmoins à tendance constante en pourcentage du PIB Le volume d’APD reçu par le Bénin a connu une évolution irrégulière avec une tendance constante en pourcentage du PIB, de 2003 à 2013. Par ailleurs, son utilisation pâtit des déficiences du système de gestion des finances publiques et de la faible capacité d’absorption. Aujourd’hui, l’APD demeure insuffisante pour relever les défis de développement du Bénin, particulièrement dans le contexte de la mise en œuvre de l’agenda post-2015. Une réflexion sur les financements innovants, les partenariats avec le secteur privé et la mobilisation des ressources intérieures doit donc être menée, conformément aux recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba, délivrées à la suite de la 3ème Conférence sur le financement du développement en juillet 2015. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 29
  • 30. Faible endettement Le Bénin a bénéficié de l’Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (IPPTE) en 2000 et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) en 2006. Le ratio de la dette extérieure rapportée au PIB s’élève à environ 20% en 2014, laissant des marges importantes par rapport au seuil de 70% du cadre de convergence de l’UEMOA, tandis que le service de la dette extérieure du Bénin sur les recettes d’exportation, après un niveau excessif en 2000 (8,33), oscille autour du plafond recommandé des 3%. Révolution de la téléphonie mobile Le taux de pénétration de téléphonie mobile (base active) a grimpé au Bénin de 21,71% en 2007 à 83,81% en 2014. Depuis l’ouverture du secteur des télécommunications en 1999, cinq opérateurs se partagent le marché. La gouvernance du secteur souffre cependant de certaines faiblesses concernant sa régulation par l’ARCEP. Meilleure connectivité mais lente expansion d’internet, essentiellement via la téléphonie mobile Le Bénin est raccordé à internet par la fibre optique depuis 2002. En 7 ans, la largeur de la bande passante a décuplé, de 155 Mbit/s en 2007 à 1595 Mbit/s en 2014, accélérant la pénétration de l’internet sur le marché, de 0,1% en 2007 à 19% en 2014, bien en-deçà de la cible de 50%. L’internet mobile, qui concentre plus de 90% des abonnés à internet, et la multiplication des cybercafés (446 fonctionnels en 2013 contre 370 en 2010) sont pour beaucoup dans cette relative démocratisation. Néanmoins, une fracture numérique persiste, puisque les cybercafés se situent pour la plupart dans les grandes villes et la couverture du territoire n’est pas optimale. Par ailleurs, pour des raisons liées à l’éducation et l’alphabétisation, mais aussi pour des raisons économiques, seules certaines tranches de la population béninoise disposent des outils qui leur permettent d’avoir accès à internet. L’installation du second câble sous-marin en fibre optique en 2015 devrait toutefois permettre de remédier en partie à ces inégalités d’accès. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 30
  • 31. Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD Objectifs et cibles Situation  1 OMD 1 ERADIQUER LA PAUVRETE ET LA FAIM 1. A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour Non atteinte 1. B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris les femmes et les jeunes Non atteinte 1. C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim Proche d’atteinte OMD 2 ACHEVER L’EDUCATION PRIMAIRE UNIVERSELLE 2. A. D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires Proche d’atteinte OMD 3 PROMOUVOIR L’EGALITE DE GENRE ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES 3. A. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard Atteinte partielle OMD 4 REDUIRE LA MORTALITE INFANTILE 4. A. Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans Non atteinte OMD 5 AMELIORER LA SANTE MATERNELLE 5. A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle Non atteinte 5. B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive Non atteinte OMD 6 COMBATTRE LE VIH SIDA, LE PALUDISME ET LES AUTRES MALADIES 6. A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la tendance actuelle Proche d’atteinte 6. B. D’ici 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre le VIH/sida Atteinte partielle 6. C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et commencé à inverser la tendance actuelle Proche d’atteinte OMD 7 ASSURER LA SOUTENABILITE ENVIRONNEMENTALE 7. C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base Atteinte partielle 7. D. Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis Non atteinte OMD 8 DEVELOPPER UN PARTENARIAT MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT 8. B. Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés Non atteinte 8. D. Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de développement par des mesures nationales et internationales afin de rendre la dette soutenable à long terme Atteinte 8. E. En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement Non atteinte 8. F. En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la communication, soient accordé à tous Non atteinte RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 31
  • 32. Une intégration précoce des OMD dans les stratégies de développement Le Bénin a très tôt tenté d’intégré les Objectifs du Millénaire pour le développement dans son cadre de planification. Dès 2002, la réalisation des OMD a été retenue parmi les principes directeurs du premier document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre entre 2003 et 2005. Le DSRP a permis de définir le cadre stratégique de référence pour la réalisation des OMD afin de lutter contre la pauvreté dans toutes ses dimensions, et non plus seulement sous l’angle exclusif de la croissance économique ou des services sociaux. Aussi, la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SCRP) 2007 – 2009 et la SCRP 2011 - 2015, étaient guidées par la réalisation des OMD et constituaient en réalité leur cadre d’opérationnalisation à l’échelle du pays. Cette intégration des OMD dans le cadre de planification nationale s’est aussi déclinée dans les outils de programmation et de budgétisation pour la gestion et la mise en œuvre des politiques. Une mobilisation large en faveur des OMD Les premières actions de plaidoyer n’ont véritablement débuté que vers la fin de l’année 2002 avec les premières séances d’information, d’éducation et de sensibilisation (IEC) des acteurs nationaux sur les OMD. Parallèlement aux séances de formation et d’éducation, la contextualisation des OMD a été lancée par la définition des cibles et indicateurs nationaux ainsi que la réalisation de la base de données nationales, « BenInfo », désagrégée par sexe, âge et aires géographiques pour mesurer les progrès des indicateurs. La société civile a été fortement mobilisée à participer au plaidoyer et à faire le suivi des OMD à tous les niveaux. C’est dans ce contexte que le PNUD a œuvré pour la constitution en réseau fonctionnel d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) de la société civile pour le suivi des OMD comme celui de Social Watch. De 2005 à 2013, les séances d’IEC ainsi que les actions de renforcement de capacités des ONG nationales ont permis à Social Watch- Bénin d’élaborer chaque LES OMD AU BÉNIN de 2000 à 2015 RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 32
  • 33. année un rapport alternatif des organisations de la société civile de suivi des OMD. De même, l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) a été renforcé pour permettre la publication, en juillet 2003, du premier Rapport national de suivi des OMD avec le soutien du Système des Nations Unies au Bénin. A la suite de ce document qui a reçu un écho favorable dans le monde des acteurs de développement (aussi bien nationaux qu’internationaux), le Gouvernement du Bénin a aussitôt engagé l’élaboration d’un Rapport départemental pour le suivi des OMD pour rendre compte des indicateurs OMD au niveau départemental et communal. Ce rapport a été publié et lancé en 2005 et sa diffusion a touché toutes les cibles concernées dans tous les secteurs d’activité et dans les localités du Pays. Jusqu’en 2013, trois autres Rapports nationaux de suivi seront élaborés. Une appropriation nationale forte des outils d’opérationnalisation des OMD A la suite des engagements de Monterrey (2002) sur l’aide publique au développement, l’exercice d’évaluation de la hausse de l’APD sur les équilibres macroéconomiques des pays en développement a amené l’élaboration des Gleneagles scenarios. Cette expérience a montré la nécessité de développer des outils pour évaluer le coût réel de la mise en œuvre des OMD. Dans ce cadre, les besoins à long terme pour la réalisation des OMD au Bénin ont été évalués/chiffrés et une stratégie à long terme pour la réalisation des OMD 2006-2015 a été validée par le gouvernement. Le coût global avait été estimé en moyenne annuelle sur la période 2007-2015 à 104,3 US$ par tête d’habitant. Au regard des besoins relativement élevés pour le financement des OMD (104,3 $/tête), l’atteinte des cibles nationales requérait une augmentation significative des dépenses publiques entre 2007 et 2015. Dans le but d’accroître les ressources d’aide publique au développement en vue d’accélérer les progrès vers les cibles des OMD, plusieurs initiatives ont vu le jour et ont permis au Bénin de conforter les efforts internes. L’une d’elles se rapportait à l’initiative du Secrétaire Général des Nations Unies de 2007 visant à renforcer l’assistance de la communauté internationale en faveur des OMD en Afrique. Elle découle des engagements de Gleneagles par lesquels le G7 devait augmenter progressivement les ressources d’APD à hauteur de 85$ par tête en 2010. Pour le Bénin, un des dix pays pilotes, il représentait un mécanisme approprié pour améliorer la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation des investissements dans l’agriculture, l’éducation, la santé, l’eau potable, l’assainissement, etc. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 33
  • 34. Un cadre d’accélération des OMD catalyseur des efforts pour l’atteinte des objectifs Mis au point par le PNUD en 2010, le cadre d’accélération des OMD2 (CAO en français) est un cadre méthodologique qui offre au Gouvernement et à ses partenaires une manière systématique d’identifier et d’hiérarchiser les obstacles à la réalisation des OMD. Il permettait de concentrer les ressources et les efforts fragmentés des ministères et services gouvernementaux, des partenaires de développement et d’autres acteurs sur des mesures concrètes et cibles conçues pour faire progresser la réalisation des OMD en mauvaise voie. Au Bénin, le premier CAO a porté sur la cible C de l’OMD 7, « Accès à l’eau potable et à l’assainissement de base », identifiée comme l’une de celles ayant les plus grandes chances d’être atteintes et le second CAO sur l’Agriculture pour la lutte contre la faim. Le CAO 7C a été catalyseur pour les interventions des partenaires dans le secteur de l’eau et assainissement. L’Initiative 1000 jours pour réaliser les OMD du SG des Nations Unies déclinées de façon originale au Bénin S’inscrivant dans la lignée des CAO et visant à les conforter, l’Initiative 1000 jours pour réaliser les OMD est une initiative du Secrétaire Général des Nations Unies qui visait à faire prendre conscience aux gouvernements et aux partenaires de développement de ce que le monde se trouvait à moins de 1000 jours avant la date butoir de décembre 2015, échéance fixée pour les OMD. Dans ce cadre, le gouvernement, avec l’appui du PNUD, a préparé un plan d’actions complet qui intègre six secteurs de développement (Education primaire, Education secondaire et technique, Eau-assainissement, Routes et Transport, Environnement et cadre de vie, Santé maternelle, Santé infantile, VIH-SIDA, Tuberculose et Paludisme, Energie). Ces six secteurs ont fait l’objet d’un suivi rapproché au niveau de l’exécution physique et financière des interventions prévues dans le cadre de la programmation budgétaire des investissements ainsi qu’au niveau du processus de décaissement des ressources. Un leadership politique affirmé pour les OMD A partir de 2006, le Bénin a démontré un leadership fort incarné par la volonté du Chef de l’Etat de voir les OMD se réaliser. Cet engagement s’est matérialisé par une dotation financière relativement importante accordée aux OMD dans le budget général de l’Etat (environ 33% sur cette dernière décennie), par la création d’un Ministère 2. MDGs Acceleration Framework (MAF) en anglais RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 34
  • 35. en charge de la Coordination des Politiques des OMD et des ODD ainsi que par l’élévation de ce Ministère au rang de Ministère d’Etat. Ce leadership a été récompensé à deux reprises par la FAO avec l’attribution, en 2012 puis en 2015, d’un prix constatant l’atteinte de la cible relative à la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim. Le Bénin a été l’un des rares pays à créer un ministère spécialement dédié à la réalisation des OMD, le Ministère à la Présidence de la République chargé de la coordination des politiques de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des Objectifs de Développement Durable (ODD). Ainsi, un signal fort était lancé à tous ses partenaires en 2013. Ce ministère a joué un rôle capital dans la mise en œuvre de Plan d’actions de l’initiative 1000 jours en coordonnant le suivi des interventions accélératrices par ministère et la coordination des politiques en faveur des OMD. Ceci a permis, au niveau de ce Ministère, la mise en place de mécanismes et d’outils de coordination et de suivi tant au niveau central que sectoriel. Cette innovation a prouvé son intérêt en favorisant (1) la communication autour des OMD, (2) en mettant en synergie et en cohérence l’action des différents ministères, (3) ainsi qu’en créant un environnement de concurrence nécessaire entre ministères en vue de doper leurs actions, de créer un cadre de pression avec pour nœud clé le Conseil des Ministres pour tirer l’ensemble des ministères et de mettre en place une plateforme d’échange des bonnes pratiques entre ministères. Cependant, il subsiste des défis importants dans le domaine de la sédentarisation des acteurs sectoriels affectés au suivi et à l’évaluation des interventions en faveur des OMD ainsi que dans la mise en place d’un pôle OMD/ODD dans chaque ministère concerné. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 35
  • 36. L’adhésion du Bénin à la déclaration du Millénaire et aux objectifs du Millénaire pour le développement a suscité des espoirs aussi bien au niveau de la classe politique que des populations, surtout qu’elle intervenait un an après l’adoption par le Bénin de son document de prospective Bénin Alafia 2025. Comme l’ensemble du rapport l’illustre suffisamment, les résultats atteints sont largement contrastés ; mais la pratique et la mise en œuvre des OMD font ressortir un certain nombre de tendances lourdes à éviter ou à répliquer. Favoriser une appropriation précoce des objectifs globaux de développement L’intégration précoce des OMD dans le cadre de planification n’a pas été accompagnée d’une appropriation forte dans la mise en œuvre des politiques. Une bonne partie des résultats s’explique par la faiblesse de l’appropriation des OMD, dû au contexte d’impréparation qui prévalait à l’entrée en vigueur des OMD. En effet, comme la plupart des pays en développement, le Bénin n’avait pas été associé à la formulation des OMD, d’où les défis posés par l’appropriation à tous les niveaux, notamment administratif et social. La société civile a aussi mis du temps pour s’impliquer dans la mise en œuvre et le suivi des OMD. En définitive, le contexte de mise en vigueur des OMD n’a pas été propice à une meilleure appropriation des OMD. Aussi, le succès des ODD dépendra de la rapidité de la prise en charge des problématiques liées à son opérationnalisation. Le financement des ODD devra trouver, au moins en partie, des réponses internes pour faciliter sa mise en œuvre. L’appropriation du nouvel agenda du développement connaît des débuts bien plus favorables que pour les OMD grâce au processus participatif et inclusif de son élaboration. LEÇONS APPRISES des OMD pour les ODD RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 36
  • 37. Concevoir au démarrage les instruments de mise en œuvre L’analyse des mécanismes d’implantation des OMD montre qu’ils ont été conçus au fur et à mesure, quand l’atteinte devenait problématique. Dès le départ, la mise en œuvre des OMD a accusé du retard. Cette temporalité montre surtout comment les OMD ont mis du temps à être appropriés par les pays, comment la communauté internationale, à travers le système des Nations Unies, a mis du temps à trouver les instruments pouvant faciliter leur mise en œuvre (Gleneagles scénarios et CAO) et enfin comment la problématique de son financement n’a jamais trouvé de réponse totalement satisfaisante. Au Bénin, le retard dans l’appropriation des OMD a freiné la mise en place des institutions et des structures appropriées pour leur gouvernance. L’expérience des OMD a permis de faire ressortir une contrainte fondamentale à la mise en œuvre des politiques, à savoir la qualité de leur coordination. Les OMD, de par leur caractère multidimensionnel, ont généralement engagé au moins une douzaine de ministères. Ces derniers étant appelés à travailler en synergie dans une logique de cohérence pour l’atteinte des OMD. Le défaut de coordination et les coûts importants générés par cette organisation ont constitué des freins à l’opérationnalisation des OMD. Afin de corriger cette limite et de réduire les coûts de coordination, le Président de la République a créé un Ministère chargé de la Coordination des politiques en lien avec les OMD et les ODD. Financer les objectifs sur les ressources internes suivant une programmation et exécution budgétaires efficientes L’allocation réelle des ressources internes aux objectifs reste un autre enjeu déterminant, de même que l’efficacité et l’efficience de l’exécution des ressources budgétaires à travers l’application des procédures nationales des pays en développement. Suivre la mise en œuvre des interventions au-delà des résultats La pratique des OMD a permis d’améliorer le système de suivi évaluation mis en place au niveau sectoriel et central du pays. En effet, les exigences liées à la collecte, au traitement et à la diffusion de l’information statistique des indicateurs OMD, ont permis d’opérer la transition vers une gestion axée sur les résultats avec la mise en place et le renforcement des services de suivi-évaluation dans les différents ministères. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 37
  • 38. La culture des données a été progressivement inculquée à l’administration avec l’adoption, par le Gouvernement, de l’initiative 1000 jours pour les OMD. Le suivi et l’évaluation des OMD, ont en outre favorisé une régularité dans la réalisation des enquêtes ménages, population, santé et autre enquêtes spécifiques (SIDA, Genre, etc…). Cependant, la pratique des OMD a permis d’identifier les limites du système d’information statistique : sa forte dépendance à l’appui extérieur et sa capacité restreinte à collecter et traiter certaines informations. Ceci explique le nombre réduit de cibles et d’indicateurs effectivement suivi (15 cibles sur les 21 prévus et 35 indicateurs sur les 60). Dans la mise en œuvre des ODD, un engagement beaucoup plus soutenu du Gouvernement sera donc nécessaire. Cet appui devra, essentiellement, consister à augmenter les ressources financières allouées à la collecte et au traitement des données d’une part, et à renforcer les capacités humaines des administrations centrales et sectorielles de suivi-évaluation d’autre part. Le cadre de suivi-évaluation qui doit accompagner les ODD ne doit pas seulement porter sur l’atteinte des résultats, en aval. La mise en œuvre, en amont, doit déjà faire l’objet de suivi. L’enjeu est de s’assurer que les interventions inscrites dans les programmes budgétaires des ministères pour réaliser les objectifs sont réellement budgétisées et exécutées. Ainsi, les outils de programmation et d’exécution budgétaires doivent être suivis pour s’assurer qu’en aval les résultats seront atteints. Pour ce faire, le suivi de l’exécution des interventions définies pour atteindre les objectifs doit se faire, d’abord en début d’année au niveau des plans de travail des ministères, ensuite au niveau des plans de consommation des ressources et des plans de trésorerie et enfin au niveau des plans de passation des marchés publics. Le suivi trimestriel de l’exécution de ces différents plans permettra de s’assurer que les actions programmées sont réalisées et si tel n’est pas le cas, de prendre des mesures correctrices à temps au lieu de constater au bout d’une année que les résultats ne sont pas atteints. Améliorer le financement intérieur et l’indépendance du système statistique Les OMD ont contribué au renforcement des systèmes statistiques nationaux, indispensables à l’élaboration de rapports informés pour le suivi de la mise en œuvre des différentes cibles. Il convient de poursuivre le travail mené en faveur de leur indépendance et donc de les doter de ressources domestiques conséquentes. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 38
  • 39. Une redevabilité accrue mais un leadership à renforcer L’adoption inédite d’objectifs communs a stimulé les Etats en développement et leurs partenaires techniques et financiers dans les politiques de développement et permis d’accroitre la redevabilité vis-à-vis de leurs populations. Au-delà de cette prise de conscience, les instruments doivent être trouvés pour favoriser l’éclosion d’une élite engagée dans le développement des pays les moins avancés (PMA), tels que le Bénin. Diversifier le financement du développement en mobilisant notamment les ressources domestiques L’évolution en dents de scie de l’APD a entravé la prévisibilité de l’aide. D’autres sources de financement doivent être mobilisées, notamment domestiques. De l’expérience des CAO, on peut retenir que si l’approche méthodologique a été pertinente pour définir les actions accélératrices déterminantes, les moyens de mise en œuvre sont restés du domaine du plaidoyer. Avant de projeter des interventions sur des ressources à mobiliser, il faut donc compter d’abord sur les moyens déjà disponibles dans les budgets nationaux et focaliser les instruments de programmation sur ces moyens-là. Si la mobilisation des ressources internes est une des voix privilégiées pour le financement des ODD, leur allocation réelle aux objectifs reste un enjeu déterminant. De même, l’efficacité et l’efficience de l’exécution des ressources budgétaires à travers les procédures nationales des pays en développement constituent un facteur déterminant du succès des ODD. Le dialogue avec le secteur privé doit être également renforcé pour favoriser la mise en place de partenariats public- privé. Renforcer l’intégration régionale et la coopération Sud-Sud et triangulaire Poursuivre l’intégration régionale permettrait d’accroitre le pouvoir de représentation des PMA dans les arènes internationales et de réaliser des économies d’échelles. Par ailleurs, le partage d’expérience à travers la coopération Sud-Sud ou triangulaire, porteur de changements concrets, gagnerait à être systématiquement considéré. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 39
  • 40. En septembre 2000, lors du Sommet du Millénaire, la communauté internationale prenait un engagement historique et donnait une nouvelle impulsion au développement à travers l’adoption d’un agenda autour de 8 enjeux considérés par tous comme prioritaires. Sous le leadership du Système des Nations Unies et de ses différentes agences, ces huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), déclinés en 21 cibles et 48 indicateurs, ont constitué durant les 15 années passées un cadre pour l’action collective, orientant les efforts des pays et de tous les partenaires du développement en direction de l’atteinte d’objectifs communs. Grâce à ces efforts conjoints, d’énormes progrès ont été réalisés à ce jour, permettant à des millions de personnes dans le monde d’améliorer leurs conditions de vie et leurs perspectives d’avenir. Ainsi, depuis 2000, le cadre d’action des OMD a permis de faire sortir 1 milliard de personnes de l’extrême pauvreté et de scolariser massivement les filles au primaire. La mortalité maternelle, et celle des enfants de moins de 5 ans, ont été drastiquement réduites et l’épidémie de VIH/SIDA est aujourd’hui en net recul. Enfin, le nombre de personnes ayant accès à l’eau potable et à l’assainissement a considérablement augmenté. S’il reste du chemin à parcourir pour exaucer le souhait émis par les dirigeants mondiaux lors du Sommet du Millénaire, à savoir, éliminer la misère, la réussite des OMD est aujourd’hui indéniable. Cette réussite est aussi le fruit des efforts des pays en voie de développement, qui se sont véritablement appropriés les OMD et en ont fait le cadre directeur de leurs politiques. Au Bénin, le rôle du Gouvernement a été primordial dans l’appropriation, dès décembre 2002, des principes de mise en œuvre des OMD, à travers l’élaboration participative du premier document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre entre 2003 et 2005. Il s’agissait alors de donner un cadre stratégique de référence pour toutes les interventions de réalisations des OMD afin de lutter contre la pauvreté dans toutes ses dimensions, et non plus seulement sous l’angle exclusif de la croissance économique ou des services sociaux. Elaborées de manière conjointe avec les PTF et la société civile, les Stratégies de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SCRP) INTRODUCTION GÉNÉRALE RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 40
  • 41. qui ont suivi entre 2007 et 2009, puis 2011 et 2015, étaient elles aussi arrimées aux OMD et constituaient en réalité leur cadre d’opérationnalisation à l’échelle du pays. Le Bénin a également lancé un signal fort à tous ces partenaires avec la création en 2013 d’un Ministère à la Présidence de la République chargé de la coordination des politiques de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des Objectifs de Développement Durable (ODD). Pendant ces 15 dernières années, le PNUD, fort de son expertise et de son rôle d’appui-conseil, a soutenu le Gouvernement dans l’élaboration de chacune de ces stratégies, mais aussi dans leur opérationnalisation et leur mise en œuvre. Par ailleurs, chaque agence du système des Nations Unies, à travers ses programmes et projets respectifs, a apporté sa pierre pour contribuer à l’atteinte des OMD au Bénin. En 2010, à l’évaluation des OMD 2000+10, il est apparu que les progrès restaient encore lents malgré tous les efforts engagés. Aussi, un cadre d’accélération des OMD (CAO) a été mis en place, afin d’offrir aux gouvernements et à leurs partenaires un moyen systématique d’identifier et de hiérarchiser les goulots d’étranglement qui ralentissent la mise en œuvre des stratégies et politiques axées sur les OMD et de formuler des solutions visant à éliminer ces obstacles. Au Bénin, le CAO a porté sur l’OMD 7, notamment sa cible C, « Accès à l’eau potable et à l’assainissement de base », identifiée comme l’une de celles ayant les plus grandes chances d’être atteintes. De même, de 2013 à 2015 ont été engagées, dans le cadre de l’Initiative « 1000 jours pour la réalisation des OMD », des actions à fort impact visant à approcher significativement les cibles des OMD encore en retard. Aujourd’hui, les cibles relatives à l’accès à l’éducation pour l’OMD 2 (taux net de scolarisation dans le primaire), aux disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire pour l’OMD 3 (rapport filles/garçons dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur), à la propagation du VIH/SIDA pour l’OMD 6 (taux de prévalence du VIH dans la population âgée de 15 à 24 ans) et enfin au pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable pour l’OMD 7 (Proportion de la population utilisant une source d’eau potable améliorée) sont en bonne voie d’être atteinte à la fin 2015. Cependant, des défis importants demeurent concernant les OMD relatifs à la pauvreté, à la santé maternelle et infantile, aux disparités de genre et à l’assainissement de base. Quinze années après le Sommet du Millénaire, le développement entre dans une nouvelle phase, marquée par les transformations historiques de l’économie causées par la crise financière, mais aussi par la propagation des technologies de l’information et de la communication ou encore par la conscience aigüe d’une nécessaire adaptation face aux changements climatiques. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 41
  • 42. Ainsi, dès 2010, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies a initié le processus qui devait conduire à la mise en place d’un nouveau cadre pour le développement après 2015. Mais, c’est en juin 2012, lors de la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable de Rio+20, que le mouvement vers la définition de nouveaux objectifs de développement durables (ODD) universels a été amorcé. A cette occasion, la communauté internationale s’est en effet engagée sur le chemin d’une économie verte qui doit « contribuer à l’élimination de la pauvreté et à la croissance économique durable, améliorer l’intégration sociale et le bien-être de l’humanité, et créer des possibilités d’emploi et de travail décent pour tous, tout en préservant le bon fonctionnement des écosystèmes de la planète. » Du processus consultatif et consensuel qui s’en est suivi ont émergé 17 ODD, adoptés à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 25 septembre 2015 à New York. Plusieurs d’entre eux constituent en réalité l’héritage des OMD, par exemple, l’élimination de la pauvreté et de la faim, la santé, l’éducation et l’égalité entre les genres. D’autres ont été définis en réponse aux défis économiques, sociaux et environnementaux qui se posent aujourd’hui à toute l’humanité, tels que, par exemple l’emploi et l’augmentation des inégalités, l’énergie, les changements climatiques, les menaces pesant sur la biodiversité, mais aussi l’urbanisation croissante, la nécessité d’inventer de nouveaux modes de consommation, ou encore le besoin d’institutions démocratiques fortes. Ces ODD recoupent les priorités énoncées par les Béninois lors du processus consultatif mené en 2014 à l’échelle nationale sur l’après-2015. En effet, l’accès à un meilleur système de santé, à une éducation de qualité, à l’eau potable, à des infrastructures adaptées, la promotion de la bonne gouvernance, la sécurité et les libertés politiques, la sécurité alimentaire, l’emploi, ainsi que les changements climatiques sont les dix priorités énoncées par les béninoises et les béninois pour l’après 2015. Tout l’enjeu du nouvel agenda du développement avec les ODD, mais aussi des négociations sur le climat à la COP 21 à Paris en décembre, est de déterminer les modalités de ce développement, son financement, son architecture, les responsabilités de chacun et la répartition des rôles en son sein. Le présent rapport évalue les progrès réalisés en direction de la réalisation des OMD sur les quinze dernières années. Il constitue un exercice nécessaire et une base de réflexion pour l’élaboration des politiques publiques dans le cadre de l’agenda post-2015 et des ODD. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 42
  • 43. CHAPITRE I - OMD1 Éliminer l’extrême pauvreté et la faim
  • 44. L’OMD 1 « Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, l’extrême pauvreté et la faim » se décompose en trois cibles, évaluant la situation en termes de pauvreté, ainsi que d’accès à un emploi décent et à une alimentation suffisante. Il est important de noter que l’atteinte de l’OMD 1 se situe dans la perspective d’une croissance inclusive, tenant compte des populations vulnérables telles que les femmes et les jeunes. a. La réduction de la pauvreté à contretemps de la croissance économique La part de la population béninoise vivant en situation d’extrême pauvreté (moins d’un dollar US par jour en PPA) a augmenté de 10 points depuis 1990. Par conséquent, la cible 1.A est encore loin d’être atteinte. Pourtant, l’extrême pauvreté au Bénin a connu une tendance à la baisse jusqu’en 2009, avec une chute de plus de 10 points entre 2007 et 2009. Par la suite, la crise économique et financière mondiale a durement touché le pays, entraînant une crise générale (alimentaire, énergétique et économique) en raison de l’augmentation des prix des matières premières. De plus, l’analyse de l’évolution des inégalités dans la distribution des revenus ou des dépenses au Bénin montre une tendance à la hausse des inégalités avec un indice de Gini qui est passé de 0,464 en 2011 à 0,470 en 2015. Hors, la hausse des inégalités a un impact négatif sur l’élasticité de la pauvreté à la croissance économique. Ainsi, bien que le Bénin connaisse une hausse régulière du taux de croissance depuis 2011 passant de 2,5% à 5,6% en 2014, la pauvreté a augmenté. De plus, la croissance économique du pays est tirée en grande partie par le secteur agricole qui souffre d’une productivité relativement faible. 1 Éliminer l’extrême pauvreté et la faim 1.1. Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour 44
  • 45. Aussi, le rendement des facteurs de production, notamment le travail est d’autant plus faible alors que près de 80% de la population active en milieu rural vit de l’agriculture. De même, l’augmentation régulière de la population avec un taux de croissance moyen de 3,5% a pesé sur la capacité de la croissance économique à réduire la pauvreté et, les politiques de redistribution, notamment les dépenses sociales prioritaires, n’ont pas atteint sensiblement les populations les plus pauvres. En effet, malgré la mise en oeuvre de politiques visant à réduire la pauvreté (la suppression des frais de scolarité dans le primaire, la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans, la gratuité de la césarienne, etc.), le taux de pauvreté n’a cessé d’augmenter, mettant en exergue les défis liés au ciblage des politiques et à l’éfficacité de la gouvernance des services sociaux de base. Graphique 1 : Proportion (%) de la population disposant de moins de 1 dollar US en PPA par jour Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015) RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 45
  • 46. L’indice d’écart de la pauvreté (‘poverty gap index’) mesure l’intensité de la pauvreté dans un pays, en évaluant l’écart entre le revenu moyen des populations pauvres et le seuil de pauvreté. Il est donc intéressant de constater que, si l’extrême pauvreté reste forte au Bénin, le niveau de vie général des populations pauvres s’est amélioré pour se rapprocher petit à petit du seuil de pauvreté, avec un indice d’écart de la pauvreté à 18% du seuil national en 2015. L’inflexion est particulièrement importante depuis 2006. En effet, l’indice d’écart de pauvreté a évolué à la baisse depuis 1990 passant de 43,52% du seuil de pauvreté en 1990 à 37,2% en 2006, pour atteindre 27,1% en 2011 et enfin 18% en 2015. L’évolution de l’incidence de pauvreté selon les branches d’activité sur la base des dépenses de consommation et des caractéristiques de l’activité économique éventuelle des chefs de ménages, observées par les enquêtes EMICoV de 2009 et 2011 montre la prédominance des activités agricoles (46,6% de la population), de commerce-logistique (17,0%) et d’artisanat, culture et tourisme (11,7%). La branche agricole, dominée par l’agriculture vivrière (occupant 41,3% de la population), concentre la majeure partie des pauvres au Bénin. En effet, non seulement cette branche a contribué à hauteur de 58% (dont 52,4% dus à l’agriculture vivrière) à la pauvreté en 2011, mais aussi, l’incidence de pauvreté a atteint son niveau le plus élevé au niveau des ménages dont les chefs travaillent dans cette branche en 2009 (43,1%) comme en 2011 (45,3%). Graphique 2 : Indice d’écart de la pauvreté Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015) RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 46
  • 47. Le quintile le plus pauvre a vu sa part dans la consommation nationale augmenter d’abord de 1990 (3%) à 2011 (6,1%) avant de baisser de près de 2 points de 2011 à 2015 à 4,3%. Cette évolution s’explique par la dynamique des inégalités par rapport aux dépenses de consommation des ménages, qui montre qu’en 2011, l’ensemble des ménages ont enregistré, une réduction sensible des inégalités par rapport à 2009, dans la distribution de leurs dépenses de consommation. En effet, au niveau national, l’indice de Gini est de 0,444 en 2011 contre 0,469 en 2009, soit un repli de 5,3 points de pourcentage. Les ménages ruraux (-6,8 points de pourcentage) et urbains (-1,3 point de pourcentage) enregistrent la même tendance, avec une baisse plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain. En revanche, l’analyse de l’évolution de la consommation des ménages, entre 2011 et 2015, montre que la dépense annuelle par tête est passée, en termes réels, de 226 440 FCFA à 223 402 FCFA, soit une baisse d’environ 1,34%. Elle est cependant plus marquée en milieu rural qu’en milieu urbain. Ce repli dans la dépense par tête des ménages peut être assimilé à une baisse du niveau de vie entre 2011 et 2015, affectant davantage les plus pauvres. On note, dans une moindre mesure, une accentuation des inégalités dans la distribution des dépenses de consommation des ménages entre 2011 et 2015. En effet, au niveau national, l’indice de Gini est passée de 0,464 en 2011 à 0,470 en 2015, soit une augmentation de 0,006 point de pourcentage et demeure relativement élevé. Graphique 3 : Part du quintile le plus pauvre de la population dans la consommation nationale Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015) RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 47
  • 48. b. Une évolution géographique contrastée de la pauvreté Entre 2011 et 2015, la pauvreté monétaire (calculée à partir du seuil de pauvreté défini au niveau national) a davantage augmenté en milieu urbain (+ 4,4 points) qu’en milieu rural (+ 3,9 points). Néanmoins, l’incidence de la pauvreté demeure plus forte en milieu rural. L’analyse de la population ne disposant pas d’un dollar US par jour montre que le milieu rural est plus touché par la pauvreté que le milieu urbain. En effet, l’incidence en milieu rural est de 68% contre 34,3% en milieu urbain en 2011. Au niveau des départements, on note une disparité d’indice de pauvreté. Ainsi, une population comprise entre 63% et 80% des départements de la Donga, de l’Alibori, du Zou, du Couffo, du Borgou et des Collines, est sévèrement touchée et vit avec moins de 1 dollar US par jour en 2011. Les départements du Plateau, du Mono et de l’Atlantique semblent moyennement affectés par l’extrême pauvreté avec des proportions de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour variant entre 50% et 56%. Les départements de l’Ouémé et du Littoral sont les moins touchés par l’extrême pauvreté, avec des pourcentages de populations vivant avec moins d’un dollar par jour, respectivement de 31% et 7,1% en 2011. En 2015, ces fortes disparités régionales de la pauvreté monétaire demeurent. En effet, sept départements sur douze ont connu une incidence de la pauvreté supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, la pauvreté a touché plus de 40% de la population dans les départements ruraux de l’Atacora (42,33%), de l’Atlantique (41,34%), des Collines (47,20%), du Couffo (49,31%), de la Donga (42,48%), du Mono (46,83%) et du Zou (42,80%). A l’opposé, les départements plus urbanisés ont connu une incidence de pauvreté en dessous de la moyenne nationale, notamment le Littoral et l’Ouémé qui ont affiché une incidence de plus de douze points en moins par rapport au niveau national. Par rapport à l’année 2011, la proportion de pauvres a augmenté dans la quasi-totalité des départements du Bénin en 2015. Excepté le Littoral où l’incidence a connu un léger repli (-0,15%), l’accroissement de la population pauvre dans les autres départements varie de 1,13% et 7,17%. Par ordre de grandeur, on note le département du Borgou (+7,17 points), de la Donga (+5,84 points), de l’Alibori (3,59 points), du Mono (+3,30%), du Couffo (+2,73 points) , de l’Atacora (+2,59 points), de l’Atlantique (+2,33 points), de l’Ouémé (2,12 points), du Zou (+1,31 points),du Plateau (+1,26 points) et les Collines (+1,13 points). Par ailleurs, il faut noter, dans tous les départements, une accentuation aussi bien de l’écart entre l’indicateur du niveau de vie et le seuil de pauvreté, que des inégalités parmi les pauvres. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 48
  • 49. Graphique 4 : Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015 selon le milieu de résidence Source : EMICoV 2015 a. La cible 1.B marquée par une croissance faible en emploi productif La productivité de la main d’œuvre est marquée par une augmentation de 2,5% entre 2006 et 2007 suivie d’une baisse de 5,9% entre 2007 et 2010. La population active occupée par rapport au PIB a donc connu une augmentation plus rapide sur la période 2007-2010. Par contre, sur la période 2010-2011, elle a connu une hausse de 0,5%. Selon la définition de la Banque mondiale, le ratio emploi/population définit la proportion de la population d’un pays, en âge de travailler (plus de 15 ans) et qui a un emploi. En presque 10 ans, ce ratio a connu une croissance de près de 10 points. Néanmoins, après une hausse spectaculaire en 2009, où il a atteint 75%, ce ratio s’est stabilisé à 67% en 2015. Un Béninois sur trois est donc considéré aujourd’hui, comme sans emploi. Ceci s’explique par le taux d’activité moindre des femmes et le fort taux de chômage des jeunes, même qualifiés. 1.2. Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris les femmes et les jeunes RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 49
  • 50. A l’analyse du ratio emploi/population, on peut conclure qu’il y a eu une augmentation des opportunités d’emploi entre 2006 (56,6%) et 2009 (75,1%). Ensuite, l’impact de la crise économique et financière a entraîné une baisse du ratio emploi/population à 60,8% en 2010. La reprise économique qui s’est amorcée au Bénin depuis 2011 a permis une remontée du ratio à 72% qui depuis a ralenti à 67% en 2015. L’augmentation constante de la population a pu modérer l’évolution du ratio malgré la croissance économique forte, en moyenne de 4,5% depuis 2012. Graphique 5 : Evolution du ratio emploi / population (%) Source : EMICoV (2006, 2007, 2010, 2011, 2015) La proportion d’actifs occupés disposant de moins de 1 dollar US en PPA par jour permet d’évaluer la qualité de l’emploi dans un pays donné. Sur la période 2006-2009, si la proportion de la population occupée a augmenté (+12 points), cela s’est fait au prix d’une hausse de l’extrême pauvreté chez les travailleurs (+12 points depuis 2007). La crise financière, économique et surtout énergétique de 2008 pourrait en être l’un des facteurs d’explication. Malheureusement, cette situation est allée en s’aggravant avec une hausse de 20 points de l’extrême pauvreté chez les travailleurs entre 2011 et 2015. Aujourd’hui, plus d’un Béninois sur 2 qui travaille vit avec moins d’un dollar US par jour en PPA. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015 50