5. Les OMD ont marqué l’avènement d’un nouveau paradigme du développement,
consacrant l’adoption d’objectifs globaux à l’endroit des pays en développement.
Par-là, ils ont soulevé un élan planétaire de mobilisation pour le bien-être des
populations et la satisfaction de besoins essentiels comme l’éducation, la santé,
l’accès à l’eau et à l’énergie.
Les OMD ont influencé, de manière déterminante, l’action des partenaires au
développement en général et des agences du système des Nations Unies en
particulier. Leur mise en œuvre a entraîné le développement d’espaces de
dialogue et de partenariats autour de priorités communes au niveau global et au
sein des pays. Des engagements internationaux ont été pris (Monterrey, 2002) et
des initiatives de financement global ont été lancées dans différents domaines tels
que l’éducation et la santé avec des fonds verticaux comme l’Initiative Fast track
(partenariat mondial pour l’éducation), GAVI en 2000, Fonds mondial en 2002 et
UNITAID en 2006.
De même, l’agenda politique international a, tout au long de ces quinze dernières
années, été fortement imprégné des OMD par la mobilisation d’efforts politiques
et financiers sans précédent pour certains de ces domaines (initiative de
Muskoka sur la santé maternelle et infantile) à travers les différentes rencontres
internationales du G8 au G22.
Au niveau des pays, en particulier en développement, les OMD ont influencé de
façon marquante les cadres de planification du développement. Ainsi, leur prise
en compte dans les stratégies nationales de développement (DSRP) et politiques
sectorielles a favorisé le développement d’instruments de planification permettant
de renouveler la pratique dans le domaine. Des cadres de suivi-évaluation ont
émergé favorisant l’actualisation des outils et dispositifs statistiques pour le suivi
des indicateurs associés aux OMD.
Au-delà des limites et critiques qui sont faites de leur genèse (top down et pays en
développement non représentés) à leur intégration originelle dans les processus
DSRP en lien avec les initiatives d’allègement de la dette (Initiative pays pauvres
très endettés – PPTE et Initiative d’allègement de la dette multilatérale - IADM),
les OMD ont entrainé un renouvellement de la planification stratégique du
développement et du dialogue politique autour de l’aide au développement.
AVANT-PROPOS
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
5
6. De cette expérience, des leçons essentielles peuvent être retenues pour
informer du passage des OMD aux objectifs de développement durable (ODD):
qu’il s’agisse de la temporalité de l’action publique, de la programmation des
objectifs à atteindre, de l’articulation des horizons régionaux et nationaux ou qu’il
s’agisse des cadres de mesure des résultats pour assurer le succès de ce nouvel
engagement international au service des peuples.
Au Bénin, l’atteinte des objectifs de réduction de la pauvreté requérait un
élargissement de l’accès des populations aux services sociaux de base, couplé à
une croissance créatrice d’emplois. Ces deux conditions impliquaient à leur tour
une bonne gouvernance, tirée par un leadership fort et solidaire.
Or, l’économie béninoise n’a pas connu un essor permettant de réduire la
pauvreté. Le rythme de croissance s’est révélé fluctuant au début des années
2000, avant de subir l’impact de la crise économique mondiale en 2009-
2011, pour enfin se consolider au-dessus de 5 % à partir de 2013. De plus, la
croissance démographique (3,5% en moyenne) a pesé sur les capacités de
l’Etat à satisfaire la demande sociale. L’agriculture, dont vit une large part de la
population, n’a pas atteint un accroissement substantiel des rendements, faute
d’investissements conséquents, pour tirer la productivité du secteur primaire.
Bien que l’environnement des affaires se soit amélioré grâce à des réformes
de la règlementation des entreprises et de la fiscalité, des problèmes structurels
d’approvisionnement en énergie et de prédominance du secteur informel
persistent. Le pays a franchi des pas décisifs dans la gestion des finances
publiques avec un assainissement du cadre macroéconomique et une gestion
saine de la dette.
Des politiques sociales proactives ont été adoptées avec la mise en place
de dispositif de gratuité dans la santé et l’éducation. Cependant, la réussite de
leur mise en œuvre a été beaucoup affectée par les défis majeurs de bonne
gouvernance, y compris l’impact de la petite corruption dans les secteurs de la
santé et de l’éducation. Au-delà d’un manque de moyens, un déficit d’incitations
entrave la prestation de services publics de qualité. Aussi le Bénin se doit-il
d’améliorer les cadres du dialogue social. Les régressions récentes révélées
par les dernières enquêtes EMICoV et MICS pour certains indicateurs de santé,
mettent en lumière l’importance de maintenir les efforts dans la durée, au risque
de perdre les acquis.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
6
7. RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
7
Le bilan que dresse le présent rapport au terme des 15 années de mise en œuvre
des OMD vient à point à l’aube du renouvellement de la légitimité démocratique
des décideurs politiques et de reformulation des orientations stratégiques du
développement du pays. La Stratégie de croissance pour la réduction de la
pauvreté 2011-2015 est arrivée à échéance avec les OMD. Aussi, l’élaboration du
nouveau cadre de planification du développement devra incorporer l’agenda 2030
adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre 2015 qui sans
s’en limiter, englobe les OMD dont il vise à consolider les acquis et terminer le
travail.
Ce nouvel agenda pour le développement, à l’adoption duquel le Bénin a participé
pleinement, a bénéficié d’un processus inclusif qui doit perdurer pendant sa mise
en œuvre. Ses objectifs ambitieux requièrent l’implication de toutes les parties
prenantes, à commencer par la société civile, le secteur privé et les collectivités
territoriales. Le processus de décentralisation du Bénin qui doit être poursuivi et
approfondi permettra une meilleure appropriation des politiques au niveau le plus
proche des populations.
Holistique, le nouvel agenda international met l’emphase sur les trois dimensions
du développement durable, dans une logique d’intégration des politiques. Cette
approche requiert un cadre institutionnel cohérent, qui a constitué un autre
obstacle à l’atteinte des OMD.
Le Bénin doit non seulement capitaliser sur ses acquis, à savoir une société
pacifique dans une démocratie bien ancrée et une croissance consolidée sur
fonds de stabilité macroéconomique, mais également poser un regard objectif sur
son expérience, pour relever les défis sociaux, économiques et environnementaux
qui deviennent de plus en plus pressants. C’est dans cette vision que s’inscrit le
présent rapport d’évaluation finale.
Ministre d’Etat, Chargé du Plan et du
Développement
Coordonnateur Résident du Système des
Nations Unies a.i.
M. ABDOULAYE BIO TCHANÉ Mme ANNE VINCENT
8. Le Rapport d’évaluation finale des objectifs du Millénaire pour le développement
2000-2015 a été préparé sous l’autorité conjointe du Ministère à la Présidence
chargé de la Coordination des Politiques de mise en œuvre des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) et des Objectifs de Développement
Durable (ODD) et du Système des Nations Unies (SNU). Le travail a été supervisé
par le Ministre d’Etat chargé du suivi des OMD, le Professeur Géro Amoussouga
et la Coordonnatrice Résidente du SNU, Représentante Résidente du PNUD,
Mme Rosine Sori Coulibaly.
L’équipe pays du SNU, notamment Mme Anne Vincent, Représentante de
l’UNICEF; M. Koudaogo Ouédraogo, Représentant de l’UNFPA; M. Tiémoko
Yo, Représentant de la FAO; Mme Margarèthe Molnar, Directrice Pays
d’ONUSIDA; M. Youssouf Gamatié, Représentant de l’OMS; M. Pierre Mpélé,
Représentant de l’OMS; M. Houssainou Taal, Représentant du PAM et
M. Aristide Djossou, Chargé de coordination du SNU, a apporté un soutien
financier et technique inestimable au processus d’élaboration de ce rapport final
d’évaluation des OMD.
L’équipe technique de préparation et de rédaction du rapport a été dirigée,
au niveau du SNU, par le Conseiller Economique du PNUD, M. El Hadji Fall et
l’Economiste National du PNUD, M. Janvier Alofa. Au niveau du ministère en
charge des OMD, l’équipe a été dirigée par M. Alastaire Alinsato, Directeur du
Suivi des OMD.
Le rapport a bénéficié des études sectorielles menées pour l’OMD 1, par M.
Euloge Videgla; pour l’OMD 2, par M. Bauro Bagoudou, M. Anani Hounza, Mme
Noëllie Hounnou et M. Aboubacari Mohamed ; pour l’OMD 3, par Mme Marie
Odile Attanasso; pour l’OMD 4, par M. Alphonse Akpamoli et M. Cyrille Zoungan;
pour l’OMD 5, par M. Edmond Danhoegbe ; pour l’OMD 6, par M. Alphonse
Akpamoli et M. Cyrille Zoungan; pour l’OMD 7, par M. Evariste Vigan, M.
Clément Houessoukpe et M. Geronimo Tambamou et pour l’OMD 8, par
M. Tarcicius Babadjihou.
REMERCIEMENTS
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
8
9. Les partenaires techniques et financiers (notamment l’Agence Française pour le
Développement, l’Ambassade des Pays-Bas, ONUSIDA, UNICEF et l’Allemagne)
ont apporté leur contribution pour la validation des études sectorielles et la
relecture des chapitres couvrant leur domaine d’intervention.
La rédaction et le processus d’élaboration du rapport ont bénéficié de la
contribution inestimable des membres du Département des Politiques et
Stratégies du PNUD, notamment Mme Christiane Nikobamye, Mme Diane
Maurissen et Mme Manon Richert et des membres du Projet d’Appui à
l’opérationnalisation des stratégies de développement du PNUD, notamment, M.
André-Félix Sossou, M. Arsène Adéniran, M. Christian Ayédoun, Mme Raymonde
Menomon et Mme Bénita Mahinou.
Les efforts de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse
Economique (INSAE) ont permis de disposer, en 2015, des résultats de
l’enquête EMICoV pour l’actualisation des indicateurs OMD. Le Directeur
Général de l’INSAE, M. Alexandre Biaou et son équipe (notamment
M. Damien Mededji et M. Djabar Adechian) ont joué un rôle essentiel dans
l’aboutissement de ce rapport ainsi que tous les partenaires qui ont contribué
au financement de l’enquête EMICoV, en particulier, l’UNICEF, la Délégation de
l’Union européenne, la GIZ et le PNUD.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
9
10. évaluation des progrès accomplis par le Bénin dans la réalisation desOMD
SOMMAIRE
Résume Exécutif 18
Les OMD au Bénin de 2000 à 2015 32
Leçons apprises des OMD pour les ODD 36
Introduction Générale 40
Chapitre 1 : OMD 1 : Éliminer l’extrême pauvreté et la faim 41
1.1.
Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population
dont le revenu est inférieur à un dollar par jour
44
1.2.
Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris
les femmes et les jeunes
49
1.3.
Cible 1.C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui
souffre de la faim
53
1.4.
Des politiques volontaristes pour la réduction de la pauvreté malgré des résultats
modérés
56
1.5.
Des ressources conséquentes pour lutter contre la pauvreté, améliorer l’emploi et
combattre la malnutrition
57
1.6.
Des contraintes majeures de développement économique, de gouvernance et
d’efficacité ont pénalisé la réduction de la pauvreté
58
Chapitre 2 : OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous 60
2.1.
Cible 2.A - Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un
cycle complet d’études primaires
61
2.2.
Des facteurs de succès liés à des politiques volontaristes et à la dynamique du fast
track pour l’éducation
65
2.3.
Des performances de l’éducation soutenues par la mobilisation de ressources
importantes
68
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
10
11. 2.4.
Une gouvernance du secteur de l’éducation qui aurait pu mieux soutenir
l’atteinte de l’OMD
68
Chapitre 3 : OMD 3 Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes 70
3.1.
Cible 3.A - Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements
primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de
l’enseignement en 2015 au plus tard
71
3.2.
Des résultats au niveau éducatif portés par des politiques ciblées réussies
alors que la question du genre reste entière partout ailleurs
78
3.3.
L’égalité de genre soutenue financièrement, notamment par les partenaires
tout en bénéficiant de l’effort conséquent de l’Etat dans le domaine de
l’éducation
79
3.4.
Des performances en genre oblitérées par un déficit de leadership politique
et un ancrage institutionnel relatif
81
Chapitre 4 : OMD 4 Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans 81
4.1.
Cible 4.A - Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des
enfants de moins de 5 ans
82
4.2. L’OMD 4 soutenu par de multiples programmes appuyés par les partenaires 86
4.3.
D’importantes ressources mobilisées en faveur de l’OMD 4,
malheureusement pas sur la durée
87
4.4. Des résultats corroborant les insuffisances du système de santé 89
Chapitre 5 : OMD 5 Améliorer la santé maternelle 91
5.1.
Cible 5.A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité
maternelle
92
5.2. Cible 5.B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive 96
5.3. L’OMD 5 soutenu par des politiques de gratuité 105
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
11
12. 5.4.
Des ressources mises en œuvre par l’Etat et les partenaires en deçà des
besoins pour atteindre l’OMD 5
107
5.5.
L’atteinte de l’OMD 5 a souffert d’un déficit d’appropriation et des
inefficiences du système de santé
108
Chapitre 6 : OMD 6 Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies 109
6.1.
Cible 6.A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/SIDA et avoir
commencé à inverser la tendance actuelle
110
6.2.
Cible 6.B. D’ici 2015, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux
traitements contre le VIH/SIDA
114
6.3.
Cible 6.C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes
maladies et avoir commencé à inverser la tendance actuelle
116
6.4.
Un engagement national fort en faveur de l’OMD 6 à travers des
programmes emblématiques
126
6.5. L’OMD 6 soutenue par une mobilisation de ressources continue 130
6.6.
Les défis de la gouvernance du secteur de la santé comme obstacles aux
résultats de l’OMD 6
132
Chapitre 7 : OMD 7 Assurer un environnement durable 134
7.1.
Cible 7.C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population
qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services
d’assainissement de base
135
7.2.
Le secteur de l’eau soutenu par une mobilisation forte des partenaires
avec peu d’accent sur l’assainissement de base
145
7.3.
L’OMD 7 soutenu par une mobilisation exceptionnelle de ressources de
l’Etat et des PTF
154
7.4.
Un cadre de dialogue performant pour l’accès à l’eau alors que
l’assainissement de base a souffert d’un manque de leadership
157
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
12
13. Chapitre 8 : OMD 8 Mettre en place un partenariat mondial pour le développement 160
8.1. Cible 8.B: Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA) 161
8.2.
Cible 8.D - Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de
développement par des mesures nationales et internationales afin de rendre la
dette soutenable à long terme
162
8.3.
Cible 8.F - En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des
nouvelles technologies, en particulier des technologies de l'information et de la
communication, soient à la portée de tous
164
8.4. Les politiques favorables à l’OMD 8 169
8.5. L’OMD 8 en bute aux contraintes de développement d’un PMA 170
Chapitre 9 : Perspectives 172
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
13
14. Graphique 01 :
Proportion (%) de la population disposant de moins de 1 dollar US en
PPA par jour
45
Graphique 02 : Indice d’écart de la pauvreté 46
Graphique 03 :
Part du quintile le plus pauvre de la population dans la consommation
nationale
47
Graphique 04 :
Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015 selon le
milieu de résidence
49
Graphique 05 : Evolution du ratio emploi / population (%) 50
Graphique 06 :
Evolution de la proportion de personnes occupées vivant en-dessous de
$1 US (PPA) par jour (%)
51
Graphique 07 :
Evolution de la proportion de travailleurs indépendants et d’aides
familiaux dans l’emploi total
52
Graphique 08 :
Prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5
ans
53
Graphique 09 :
Proportion de la population n’atteignant pas le minimum d’apport
calorique ( 1800 Kcal/jr/individu)
55
Graphique 10 : Taux net de scolarisation (%) 61
Graphique 11 : Taux d’achèvement du primaire (%) 62
Graphique 12 : Taux d’alphabétisation des 15-24 ans (%) 63
Graphique 13 : Evolution du taux net de scolarisation par département en 2010 et 2014 64
Graphique 14 :
Evolution de l’achèvement de l’école primaire par département en 2010
et 2014
64
Graphique 15 :
Rapport filles/garçons dans l’enseignement primaire, secondaire et
supérieur
71
Graphique 16 : Répartition de l’emploi des femmes par secteur d’activité (%) en 2011 73
Graphique 17 : Répartition des femmes selon la catégorie socio-professionnelle 74
Graphique 18 : Evolution de la proportion d’élues au Parlement, 1991-2015 75
Graphique 19 :
Evolution géographique du rapport filles/garçons dans l’enseignement
primaire
76
Graphique 20 : Ratio filles/garçons dans l’enseignement secondaire par département 77
Graphique 21 : Ratio filles/garçons ayant présenté le baccalauréat par département 77
Graphique 22 : Evolution de l’OMD 4 de 1996 à 2014 au Bénin 83
Graphique 23 :
Evolution du taux de couverture vaccinale des enfants âgés de 12 à 23
mois contre la rougeole selon le milieu de résidence
86
Graphique 24 :
Ressources mises en œuvre par l’État et les partenaires de 2001 à 2015
(en millions de FCFA)
88
Graphique 25 : Financement du secteur de la santé, 2010-2015 (milliards de FCFA) 89
LISTE DES GRAPHIQUES
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
14
15. Graphique 26 : Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes) 94
Graphique 27 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié
(%)
95
Graphique 28 : Proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié (%), par
département
96
Graphique 29 : Taux de prévalence de la contraception (%) 97
Graphique 30 : Taux de prévalence de la contraception
(méthodes modernes, %)
98
Graphique 31 : Taux de natalité chez les adolescentes (%) 99
Graphique 32 : Couverture des soins prénataux (CPN4, %) 100
Graphique 33 : Besoins non-satisfaits en matière de planification familiale (%) 101
Graphique 34 : Taux de prévalence de la contraception selon le milieu de résidence,
1996-2012 (%)
102
Graphique 35 : Taux de natalité chez les adolescentes selon le milieu de résidence, 1996-
2012
103
Graphique 36 : Pourcentage de grossesses non suivies par un professionnel de santé,
selon le milieu de résidence (%)
104
Graphique 37 : Utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque
(%)
111
Graphique 38 : Proportion de la population âgée de 15 à 24 ans ayant des connaissances
exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA
112
Graphique 39 : Evolution géographique de la prévalence du VIH/SIDA au Bénin 113
Graphique 40 : Evolution géographique de l’utilisation du préservatif lors du dernier
rapport à haut risque au Bénin
113
Graphique 41 : Proportion de la population des PVVIH éligible ayant accès au traitement
ARV en 2014
114
Graphique 42 : Evolution par département de la proportion de la population au stade
avancé de l’infection par le VIH (éligible au traitement) ayant accès à des
médicaments antirétroviraux en 2014
115
Graphique 43 : Evolution de l’incidence (%) du paludisme au Bénin, de 2003 à 2013 117
Graphique 44 : Evolution de la létalité (%) du paludisme au Bénin de 2003 à 2013 117
Graphique 45 : Evolution des indicateurs de surveillance du paludisme au Bénin 118
Graphique 46 : Evolution du taux de mortalité due à la tuberculose (TB/VIH exclu),
Bénin, 2000-2015
119
Graphique 47 : Evolution de la prévalence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120
Graphique 48 : Evolution de l’incidence de la tuberculose, Bénin, 2000-2015 120
Graphique 49 : Evolution du taux de succès thérapeutique des nouveaux cas contagieux,
Bénin, 2000-2015
121
Graphique 50 : Evolution de la proportion de patients co-infectés TB/VIH mis sous ARV,
Bénin, 2007-2015
122
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
15
16. Graphique 51 : Evolution géographique de l’incidence du paludisme au Bénin 123
Graphique 52 : Evolution géographique de l’utilisation des MIILD par les enfants de
moins de 5 ans au Bénin
124
Graphique 53 : Evolution géographique du traitement des enfants de moins de 5 ans
atteints de paludisme par un antipaludéen approprié au Bénin
124
Graphique 54 : Evolution du taux de notification de la tuberculose par département,
Bénin, 2000-2015
125
Graphique 55 : Evolution des indicateurs de couverture des interventions de lutte contre
le paludisme au Bénin, 2010 à 2013
130
Graphique 56 : Dépenses au titre de la lutte contre le VIH/SIDA entre 2011 et 2014, en
milliards de FCFA
132
Graphique 57 : Taux de desserte hors réalisations des ONG 137
Graphique 58 : Taux de desserte en milieu rural 137
Graphique 59 : Taux de desserte en milieu urbain 139
Graphique 60 : Situation de la desserte en eau potable en milieu rural à fin décembre
2014
140
Graphique 61 : Situation de l’approvisionnement en eau potable par commune fin
décembre 2014
142
Graphique 62 : Pourcentage de la population utilisant une toilette à chasse ou des
latrines par commune en 2010
144
Graphique 63 : Evolution des ressources exécutées pour l’AEP en milieu rural de 2003 à
2014
155
Graphique 64 : Evolution ressources exécutées pour l’AEP en milieu urbain 156
Graphique 65 : Evolution du service de la dette par rapport aux exportations de biens et
services
163
Graphique 66 : Taux de pénétration de la téléphonie fixe 163
Graphique 67 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile (%) 167
Graphique 68 : Taux de pénétration de l’internet, par source 168
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
16
17. LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD 31
Tableau 2 : Evolution de quelques indicateurs de la prise en charge par les ARV et de
la PTME
127
Tableau 3 : Intérêts de la dette sur Exportations ou PIB 163
Tableau 4 : Parc d’abonnés par opérateur GSM de 2006 à 2014 166
Tableau 5 : Répartition des cybercafés par département 169
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
17
18. OMD1 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, l’extrême pauvreté
et la faim
Grâce aux efforts conjoints de la communauté internationale pour la réalisation
des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’extrême
pauvreté a diminué de façon significative dans le monde au cours des deux
dernières décennies. En 1990, près de la moitié de la population des pays en
développement vivait avec moins de 1,25 dollar US par jour; cette proportion
est tombée à 14 % en 2015. Par ailleurs, la proportion de personnes sous-
alimentées dans les régions en développement a baissé de près de moitié
depuis 1990. Cependant, le continent africain reste à la traîne : en effet, plus
de 40 % de la population en Afrique subsaharienne vit toujours dans une
extrême pauvreté en 2015. De même, en 2015, 80 % des travailleurs pauvres
résident en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Concernant la lutte contre
la faim sur le continent africain, elle est mise à mal par la forte croissance
démographique. Ainsi, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté
de 44 millions depuis 1990. En dépit des efforts réalisés au cours de la dernière
décennie, les progrès sont donc encore insuffisants, y compris au Bénin.
L’extrême pauvreté moins intense mais en forte hausse depuis 2010
Après une baisse impressionnante de 11 points de pourcentage entre 2007 et
2009 (de 51,6 à 40,8%), l’extrême pauvreté est remontée 10 points au-dessus
de son niveau de 1990, avec près de 2 Béninois sur 3 vivant avec moins de
1$ par jour (PPA)1
en 2015 (63,5% de la population). La crise économique et
financière mondiale a durement touché le pays en 2009-2010, entraînant une crise
économique, alimentaire et énergétique, en raison de l’augmentation du prix des
matières premières. Depuis 2012, la croissance économique dépasse 5%, mais
elle peine à compenser une forte croissance démographique (3,5% par an) et
n’est de fait que partiellement convertie en emploi productif.
1. Seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale
RÉSUMÉ
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
18
19. Ainsi, un Béninois sur trois est considéré comme sans emploi en 2015 (contre
un sur quatre en 2011). En outre, la croissance est tirée en grande partie par
l’agriculture, à faibles productivité et valeur ajoutée.
En revanche, l’indice d’écart de la pauvreté, en baisse constante depuis 1990 (de
43,52% à 18% en 2015), indique un rapprochement des plus pauvres du seuil de
pauvreté national, et donc une moindre intensité de la pauvreté.
L’expansion du secteur informel, à l’origine d’une précarisation de l’emploi
L’extrême pauvreté touche un nombre croissant de travailleurs : plus d’une
personne occupée sur 2 en 2015 au Bénin (52,2%, soit 20 points de plus qu’en
2011). L’expansion du secteur informel, qui représente 87,6% de l’emploi total en
2015 (+20 points par rapport à 2006) est incontestablement l’un des principaux
facteurs de cette précarisation de l’emploi.
La faim à l’état stationnaire depuis 2005
La prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans
a diminué de 2001 à 2006 (de 21,9% à 18%) et reste stable depuis, à quelques
points au-dessus de la cible pour 2015 de 14,6%. Après une amélioration de
2000 à 2005 de 35 à 31%, la proportion de personnes au sein de la population
générale n’atteignant pas le minimum d’apport calorique évolue peu depuis
2005 (30,8 en 2013). Paradoxalement, dans le cas d’un pays comme le Bénin
qui reste fortement rural et agricole, la pauvreté alimentaire est plus forte dans
les campagnes (28,4% en milieu rural contre 23,2% en milieu urbain en 2013) et
les ménages achètent 80% des aliments qu’ils consomment. L’augmentation du
prix d’achat des produits alimentaires constitue donc une limite forte à la sécurité
alimentaire.
OMD2 : Assurer l’éducation primaire pour tous
Si des progrès considérables ont été réalisés pour ce qui est de l’augmentation
de la scolarisation dans l’enseignement primaire dans le monde depuis l’adoption
des OMD en 2000, le maintien des enfants à l’école reste un défi important dans
les pays en développement et, encore aujourd’hui, un enfant sur 10 n’est pas
scolarisé. En particulier, l’Afrique subsaharienne, malgré une augmentation de 20
points de pourcentage de son taux net de scolarisation entre 2000 et 2015, fait
face à des enjeux démographiques et socio-économiques importants qui viennent
pondérer ces efforts. Ainsi, la région reste la moins alphabétisée au monde et un
travail important reste à mener pour diminuer dès le plus jeune âge les inégalités
socio-économiques et relatives au genre.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
19
20. Hausse insuffisante de la scolarisation
La croissance du taux net de scolarisation (TNS) au Bénin de 74,9% en 2014
ne permet pas d’atteindre la cible de 100%. Elle est accompagnée d’une légère
hausse du taux d’abandon (de 10,72 en 2010 à 11,65 en 2014), qui augmente
à chaque niveau d’enseignement. Quant au taux d’achèvement du primaire,
sa croissance constante depuis 1990 (de 17,15% à 70,5% en 2014) permettrait
d’atteindre la cible (100% en 2015) en 2020.
Alphabétisation des jeunes en baisse
La baisse du taux d’alphabétisation des 15-24 ans est un phénomène
particulièrement inquiétant qu’il convient de souligner. En effet, ce taux a décru de
13 points entre 2010 et 2014. Ainsi, plus de la moitié (56,1%) des jeunes femmes
ne savent actuellement ni lire, ni écrire ; c’est également le cas pour 2 jeunes
hommes sur 5 (40,1%). Pourtant, en parallèle, le nombre d’inscrits pour un maître
d’alphabétisation s’est nettement amélioré pour se stabiliser sur la période 2007-
2015, non loin de la référence de 25. La baisse du taux d’alphabétisation pourrait
donc s’expliquer, entre autres, par la faible qualité des contenus et de la formation
des maîtres d’alphabétisation et/ou par la baisse du nombre d’inscrits.
Des politiques volontaristes en faveur de l’éducation
Avec l’appui des partenaires, l’Etat a fait preuve de proactivité dans le secteur
éducatif. Ainsi, les communes ont reçu des transferts annuels pour la construction
de salles de classe et des programmes d’alimentation scolaire ont bénéficié du
soutien du PAM. Par ailleurs, le statut des enseignants communautaires et
contractuels locaux a évolué, puisqu’ils sont devenus agents contractuels de
l’Etat. Au total, près de 10 000 enseignants ont été recrutés de 2006 à 2014.
La part des dépenses de l’Etat allouées au secteur de l’éducation a cru de près de
10 points sur la période 2002-2010 (de 16,5% à 24,8%). Le Bénin a notamment
bénéficié du programme Fast-Track (FTI) pour la période 2008-2013 au profit de la
maternelle, du primaire, du secondaire et de l’alphabétisation à hauteur de 36,477
milliards FCFA.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
20
21. La quantité au détriment de la qualité
Face à la pression démographique, les efforts en matière d’éducation ont sous-
estimé la qualité. A titre d’exemple, le nombre d’élèves par enseignant a augmenté
de 3 points entre 2005 et 2014. Il est possible que la baisse de la qualité de
l’enseignement public ait concouru à la croissance de la part d’inscrits dans
les écoles privées (de 11,8% en 2005 à 18,5% en 2014), accentuant ainsi les
inégalités à travers le renforcement d’un système éducatif à deux vitesses.
OMD3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
La parité filles-garçons à l’école primaire est l’une des grandes réussites des
OMD, même si le chemin à parcourir pour garantir l’égalité des genres tout au
long du parcours scolaire reste long. Cependant, en Afrique subsaharienne, les
filles restent désavantagées. Il en va de même sur le marché du travail, où, en
Afrique subsaharienne, les femmes gagnent en moyenne 30% de moins que les
hommes. En matière de participation politique, d’importants progrès ont été notés
dans le monde depuis 1995, date de l’adoption du Programme d’action de Beijing
sur l’autonomisation des femmes. Ainsi, la proportion moyenne de femmes au
parlement a presque doublé dans le monde, passant de 11 % en 1995 à 22 %
en janvier 2015 et l’Afrique subsaharienne domine le classement des pays où les
femmes sont le mieux représentées dans l’exercice du pouvoir législatif.
La parité dans l’éducation est presque atteinte à l’école primaire, en bonne
voie au niveau secondaire mais mise à mal au cycle supérieur
Si la parité à l’école maternelle est dépassée depuis 2009 (ratio fille/garçon 1,08
en 2014), la marginalisation des filles se déroule progressivement tout au long
de leur parcours scolaire. Une première déperdition a lieu lors de l’inscription
au primaire (ratio filles/garçons de 0,93 pour le taux net d’admission), puis ce
phénomène s’accentue en cours de secondaire (ratio filles/garçons de 0,76 en
2014), alors même que la transition vers le secondaire est quasiment paritaire
(0,99 en 2014). Enfin, l’écart reste important dans le cycle supérieur (ratio de 0,16
en 2011). La fécondité précoce est sans nul doute l’un des facteurs explicatifs de
cet état de fait, sachant qu’en 2014, dans la tranche d’âge des 20-24 ans, près
d’une femme sur 5 (19,4%) a eu au moins une naissance vivante avant l’âge de
18 ans. Les départements urbanisés présentent plus de parité, à commencer par
le Littoral, comprenant la ville de Cotonou, qui est le seul à avoir atteint la parité
dans l’enseignement primaire (1,02).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
21
22. Les inégalités persistent sur le marché du travail…
Les inégalités perdurent sur le marché du travail. Seules 5% des femmes sont
salariées, contre 16,8% des hommes. 95% des femmes travaillent dans le secteur
informel, principalement dans le commerce. De même, la proportion de femmes
employeurs (0,7% contre 2% chez les hommes) n’a quasiment pas évolué depuis
2002. Dans l’administration publique, le ratio femmes/hommes parmi les agents
permanents de l’Etat n’a pas dépassé 2 femmes pour 5 hommes entre 2000 et
2008. Ce ratio baisse encore lorsque l’on monte dans la hiérarchie de la fonction
publique : les hommes sont ainsi quatre fois plus nombreux que les femmes parmi
les cadres de cette catégorie (ratio de 0,23 en moyenne de 2000 à 2008), mais
aussi parmi les enseignants du primaire (ratio de 0,26).
… et sur la scène politique
Sur les 25 dernières années, la proportion de sièges occupés par des femmes à
l’Assemblée Nationale n’a dépassé 10% qu’une seule fois, lors de la législature
2007-2011. Le pourcentage de femmes au sein de l’exécutif a connu un pic à 30%
aux trois gouvernements de mai 2011 à août 2013. Au niveau communal, leur
représentativité est minime : 2,6% des maires en 2015 sont des femmes.
Des résultats à la mesure des politiques
L’Etat a pris différentes mesures pour réduire le fossé entre les filles et les garçons
dès le plus jeune âge à travers l’exonération des frais de scolarité des filles en
primaire et au premier cycle du secondaire, mais aussi à travers l’adoption, en
2004, du Code des personnes et de la famille, qui fixe l’âge légal du mariage
à 18 ans. Pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes, le
Gouvernement a mis en place, avec l’appui des partenaires, un programme de
micro crédits à destination des plus pauvres, qui compte 94% de femmes parmi
ses bénéficiaires, soit plus d’un million à l’échelle du Bénin. En revanche, la
mise en œuvre de mesures en faveur de la parité, notamment en politique, exige
un leadership politique renforcé qui fait encore défaut à ce jour. Ce manque de
leadership dans la promotion d’une égalité de fait entre les femmes et les hommes
se reflète dans le peu de ressources consacrées à cette problématique : au
total, moins d’1% du budget général de l’Etat est consacré spécifiquement à la
promotion du genre.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
22
23. OMD4 : Réduire la mortalité infantile et post-infantile
Les Nations Unies considèrent « le déclin spectaculaire des décès évitables
d’enfants » comme « l’une des réalisations les plus importantes de l’histoire
humaine ». En effet, en 25 ans, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq
ans dans le monde a été réduit de moitié, passant de 90 à 43 décès pour 1 000
naissances vivantes. Néanmoins, les progrès sont encore trop lents et la cible
fixée en 2000 ne pourra être atteinte à ce rythme qu’en 2026. En 2015, près de 16
000 enfants de moins de cinq ans décèdent encore chaque jour, victimes pour la
plupart de maladies évitables, comme la pneumonie, la diarrhée et le paludisme.
Près de la moitié de ces décès surviennent en Afrique subsaharienne, une région
qui a pourtant vu sa mortalité infantile diminuer drastiquement, de 179 décès pour
1 000 naissances vivantes en 1990 à 86 décès en 2015. Le Bénin, avec 67 décès
d’enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes, est relativement bien
positionné sur le continent. En revanche, la mortalité infanto-juvénile est à 115,2
pour 1 000, éloignée de la cible qui était de 65 pour 1 000 en 2015 (MICS 2014).
Remontée de la mortalité infantile et infanto-juvénile après 2011…
Au Bénin, les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile ont baissé de plus de
moitié entre 2001 et 2011, avant de remonter vers leur niveau de 2006 en 2014.
Le paludisme demeure la principale cause de morbidité et de mortalité des
enfants de moins de 5 ans (54% des consultations en 2014). Si 3 ménages sur
4 disposent d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) en 2014, l’accès
au traitement antipaludéen pour les enfants de moins de 5 ans a régressé
de plus de 10 points après 2011 (38% en 2011 contre 25,9% en 2014 de ceux
qui présentent de la fièvre), ce qui explique la régression en ce domaine.
… Concomitante au lancement de mesures de lutte contre le paludisme !
Ces contreperformances sont paradoxalement concomitantes au lancement de
programmes de distribution de moustiquaires imprégnées, mais aussi à la mise en
place, dès 2011, de la prise en charge gratuite du paludisme chez les enfants de
moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Recul de la couverture vaccinale
En 2014, 41,6% des enfants de 12-23 mois se sont vus administrer tous les
vaccins recommandés avant leur premier anniversaire, soit un recul de 18 points
par rapport à 2001 (59%). En ce qui concerne la rougeole, la proportion d’enfants
d’un an vaccinés a peu varié depuis 1996, avec une disparité persistante en
défaveur du milieu rural (-10 points par rapport aux zones urbanisées entre 2001
et 2011).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
23
24. Couverture sociale minime et déficit d’appropriation par la population des
mesures mises en place
A peine 8% de la population dispose de couverture sociale. Par ailleurs, la
faible fréquentation des services de santé (52% en 2014) traduit un déficit
d’appropriation par la population des politiques mises en place.
Faible gouvernance du secteur
Les obstacles à l’atteinte de l’OMD 4, tenant à une faible gouvernance, sont
inhérents au système de santé béninois dans son ensemble. La plupart des
centres de santé ne sont pas conformes aux normes. Les achats d’intrants
souffrent de lourdeurs administratives. Les capacités humaines sont limitées,
concentrées en milieu urbain, et peu motivées : des grèves ont affecté le secteur
quasiment annuellement sur les cinq dernières années.
OMD5 : Améliorer la santé maternelle
La santé reproductive est un levier de développement important, car elle
permet aux femmes de gagner en autonomie pour pouvoir subvenir à leurs
propres besoins et contribuer à pourvoir à ceux de leurs enfants. Si la mortalité
maternelle dans le monde a baissé de 45% entre 1990 et 2013, les progrès
restent insuffisants : en 2015, la plupart des pays n’atteindront pas la cible des
OMD de réduction du taux de mortalité maternelle de 75% depuis 1990. En 2013,
près de 800 femmes sont mortes chaque jour des suites de la grossesse ou de
l’accouchement : la quasi-totalité de ces décès se sont produits dans des pays en
voie de développement. L’Afrique subsaharienne, en particulier, est la région où le
danger pour les futures mères est le plus élevé.
Usage minime de la contraception avec une progression des méthodes
modernes
Le taux de prévalence de la contraception (moderne ou traditionnelle) n’a
quasiment pas évolué depuis 1996 (17,9% en 2014), loin de la cible 2015 de
couverture universelle. La part des méthodes modernes a néanmoins progressé
(taux de prévalence de 3,4% en 1996 à 12,5% en 2014) jusqu’à la moitié de la
cible. Les femmes sont aussi davantage sensibilisées à l’espacement et à la
réduction des naissances. Cette plus forte sensibilisation des cibles, ainsi que
la persistance de freins à la contraception, qu’ils soient d’ordre institutionnel ou
traditionnel, pourraient être des facteurs d’explication à la relative hausse des
besoins non satisfaits en matière de planification familiale chez les femmes
fécondes mariées ou en union : en 2014, 1 sur 3 estime que ses besoins en
matière de contraception ne sont pas satisfaits.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
24
25. Baisse insuffisante de la mortalité maternelle
En 2014, le Bénin enregistre 347 décès maternels pour 100 000 naissances
vivantes, soit une réduction de 30% par rapport à 1996 (498). A ce rythme,
la cible 2015 de 125 ne pourra être atteinte qu’à l’horizon 2053 ! En amont de
l’accouchement, la réalisation effective des 4 visites prénatales recommandées
par l’OMS a stagné autour de 55%-60% entre 1996 et 2014. En revanche, dès
2011, la prise en charge gratuite du paludisme chez les femmes enceintes a
contribué à la réduction de la mortalité maternelle. Cependant, la proportion
d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié n’a pas
suffisamment cru et a même régressé entre 2011 et 2014 (- 4 points). La
prévention des Hémorragies du Post Partum/Gestion Active de la Troisième
Période de l’Accouchement (PHPP/GATPA), cause la plus fréquente de décès
maternels (25%), est pratiquée de manière variable d’un département à l’autre
(de 0% à 100%). Quant à la césarienne, décrétée gratuite dans tous les hôpitaux
depuis 2008, elle n’a connu qu’une faible hausse, passant de 3,5% en 2008
(avant la mise en place de la mesure) à 5,3% en 2012 pour un besoin estimé
globalement à 5,15%.
Natalité chez les adolescentes en hausse après 2011
Les progrès enregistrés en matière de natalité des adolescentes entre 1996
et 2011 (13% en 2011) n’ont pas été poursuivis : par conséquent, en 2014, on
observe un retour à la situation de 1996, avec près d’une adolescente sur 5
(19,4%) qui a déjà donné naissance à un enfant. La cible de 5% semble donc
malheureusement hors d’atteinte à court et moyen terme.
Déficit d’appropriation et de ressources
Le secteur de la santé souffre de problèmes de ressources et de gestion. La part
du budget santé allouée à la santé maternelle et néonatale a doublé en 2011
(4,37%), mais celle qui revient à la planification familiale, pourtant essentielle dans
la prévention de la mortalité maternelle, a régressé de façon significative de 2006
à 2010. Par ailleurs, la population et le secteur privé ne sont pas suffisamment
impliqués dans les programmes.
OMD6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
L’épidémie de VIH/SIDA, perçue à son apparition comme un fléau quasi-
insurmontable, a été combattue sans relâche par l’ensemble des acteurs dans
le cadre de la mise en œuvre des OMD. Ainsi, au plan mondial, les nouvelles
infections par le VIH ont diminué d’environ 40 % entre 2000 et 2013. L’Afrique
subsaharienne reste toutefois la région la plus sérieusement affectée par le VIH
et où les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) sont le moins souvent prises en
charge (78% des PvVIH non prises en charge vivent en Afrique).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
25
26. En ce qui concerne le paludisme, grâce au décuplement du financement
international, à un engagement politique renforcé et à la disponibilité de nouveaux
outils plus efficaces, la cible mondiale des OMD a été atteinte, avec un taux de
mortalité en chute de 58% entre 2000 et 2015. Malgré cela, le paludisme continue
de représenter un problème majeur de santé publique, et particulièrement
en Afrique subsaharienne, région qui concentre 80 % des décès imputés au
paludisme.
Enfin, entre 2000 et 2013, dans le monde, les actions de prévention, diagnostic et
traitement de la tuberculose ont sauvé environ 37 millions de personnes. Le taux
de mortalité due à la tuberculose a diminué de 45 % et le taux de prévalence de
41 % entre 1990 et 2013.
La lutte contre le VIH/SIDA progresse chez les femmes mais recule chez les
hommes
Chez les jeunes (15-24 ans), la prévalence du VIH/SIDA a baissé de 0,7% en
2006 à 0,6% en 2011. Cela masque une augmentation chez les hommes (de 0,3%
à 0,6%) mêlée à une diminution chez les femmes (de 1% à 0,6%), qui a équilibré
le taux de prévalence. Les nouvelles infections sont limitées et la cible 6A est
donc atteinte, avec un taux de prévalence chez les jeunes de 15-24 ans inférieur
au seuil de 2%. Chez les femmes enceintes, la prévalence du VIH a également
diminué, de 4,1% en 2001 à 1,6% en 2014.
En matière préventive, le taux d’utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport
à haut risque, bien qu’il reste très insuffisant, a augmenté de manière constante
chez les femmes, de 25% en 2006 à 34% en 2014. Chez les hommes, ce taux
a connu des fluctuations qui interrogent la fiabilité des données disponibles et/
ou la sincérité des répondants, avec une baisse drastique entre 2006 et 2011
(-20 points) et une très forte hausse entre 2011 et 2014 (+22 points). Enfin,
entre 2006 et 2014, si la proportion de femmes âgées de 15 à 24 ans ayant des
connaissances exactes et complètes au sujet du VIH/SIDA progresse de 6 points,
passant de 16% à 22%, elle baisse dans le même temps chez les hommes (de 35 à
31%).
Une prise en charge croissante des personnes vivant avec le VIH, mais faible chez
les enfants
La mise sous antirétroviraux des personnes vivant avec le VIH (PvVIH) respectant
les critères d’éligibilité au traitement est aujourd’hui systématique. Par conséquent, le
nombre de PvVIH prises en charge par traitement antirétroviral a presque triplé de
2007 à 2014. En 2014, le système de santé en place au Bénin arrive à capter près de
3 PvVIH ayant besoin d’ARV sur 5. Une grande partie des PvVIH ignorent leur statut.
Cette proportion reste néanmoins plus faible chez les enfants (35,1%).
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
26
27. Amélioration de la prévention mais régression du traitement du paludisme chez les
moins de 5 ans
Concernant la prévention du paludisme, la proportion d’enfants de moins de cinq
ans dormant sous moustiquaires imprégnées d’insecticide (MIILD) a décuplé,
passant de 7,4% en 2001 à 72,7% en 2014, proche de la cible 2015 de 80%, grâce
à la distribution de MIILD aux ménages. Cependant, le nombre de nouveaux cas par
an, ou incidence, présente une légère tendance à la hausse sur la période 2003-
2013, dont on peut supposer qu’elle coïncide avec une meilleure détection des cas.
Concernant le volet soins, la proportion d’enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre
traités aux moyens de médicaments antipaludéens appropriés a diminué de plus de
moitié (de 60,4% en 2001 à 25,9% en 2014). Cependant, la létalité a stagné autour de
1% sur la période 2003-2013.
Baisse de l’incidence, de la prévalence et de la mortalité de la tuberculose mais
inversement récent de tendances
L’incidence de la tuberculose a significativement baissé de 2000 (86 cas pour 100
000 habitants) à 2007 ; elle s’est stabilisée autour de 70 cas jusqu’en 2013, avant de
remonter à 74 cas pour 100 000 habitants en 2015, la cible 2015 de 64 cas pour 100
000 habitants n’est donc pas atteinte. La prévalence et le taux de mortalité ont connu
une évolution similaire, avec une baisse puis une remontée à partir de 2012.
Meilleur traitement de la tuberculose et de la co-infection TB/VIH
Le taux de succès thérapeutique des nouveaux cas de tuberculose s’est amélioré de
2001 à 2009 (passant de 79% à 91%), et stabilisé depuis autour de la cible de 90%
fixée pour 2015. La proportion de patients co-infectés par la tuberculose et le VIH
bénéficiant d’un traitement antirétroviral a doublé, de 44% en 2007 à 89% en 2015,
frôlant la cible 2015 fixée à 90%.
Un leadership national contre les grandes maladies mais une dépendance
financière
La lutte contre les grandes maladies a bénéficié d’un leadership politique fort. Sur le
plan du financement, cependant, la part de la contribution de l’Etat aux programmes
de lutte contre le SIDA et la tuberculose avoisine 12% ces dernières années, le plus
grand bailleur étant le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme.
OMD7 : Préserver l’environnement
La cible des OMD en matière d’accès à une source d’eau potable améliorée a été
atteinte au plan mondial en 2010 et aujourd’hui, plus de la moitié de la population
mondiale (58 %), bénéficie maintenant de l’eau courante.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
27
28. Cependant, l’Afrique subsaharienne reste en-deçà de la cible des OMD, malgré
une augmentation de 20 points de pourcentage pour l’utilisation de sources d’eau
potable améliorées. Ainsi, en 2015, près de la moitié de toutes les personnes
utilisant des sources d’eau non améliorées vit en Afrique subsaharienne. Concernant
l’assainissement, près d’un milliard de personnes défèquent encore à l’air libre.
Les progrès réalisés en Afrique subsaharienne en la matière sont faibles, avec
une augmentation de 6 points de pourcentage de la part de la population utilisant
des services d’assainissement améliorés entre 1990 et 2015. Dans le monde, les
inégalités en matière d’accès à l’eau potable et à un service d’assainissement en
fonction de la situation géographique restent fortes, en défaveur des zones rurales.
Cible atteinte en matière d’accès à l’eau potable, malgré de fortes inégalités
spatiales
La cible OMD 2015 du taux de desserte d’eau potable en milieu rural, fixée à 67,3%
est dépassée (68,1% en 2014), même si 1 département sur 4 et 1 commune sur 3 sur
toute l’étendue du territoire affichent des taux inférieurs à 65% en 2014.
Accès à l’assainissement : aucun progrès depuis 1990 et des zones rurales à la
traîne
La proportion de la population utilisant une installation sanitaire améliorée a stagné
(12,7% en 2014 contre 12% en 1990), alors que la cible 2015 s’élève à 75%. La
majeure partie des ménages au Bénin (58,1%) ne disposent ni de toilettes ni de
latrines (2010), avec une grande disparité en défaveur du milieu rural (18,3% contre
84,1% en milieu urbain).
Débuts prometteurs de la décentralisation/déconcentration et implication de la
société civile dans le secteur de l’eau et de l’assainissement
Pour permettre une meilleure couverture du territoire en eau potable et une gestion
plus efficiente des services de fourniture en eau, l’Etat béninois a transféré un
certain nombre de compétences dans ce secteur aux communes. Désormais
maîtres d’ouvrage, les communes bénéficient depuis 2007 de transferts de
ressources financières pour la réalisation de forages. Dans le secteur de
l’assainissement également, les communes ont vu leurs compétences renforcées
: en conséquence, la plupart d’entre elles (84%) se sont dotées d’un plan
d’hygiène et d’assainissement en 2013. Par ailleurs, la mise en place progressive
d’associations de consommateurs d’eau potable et de bénéficiaires de services
d’hygiène et d’assainissement de base améliore la reddition des comptes au
niveau communal.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
28
29. Une mobilisation des partenaires et de l’Etat à la mesure des résultats
L’accès à l’eau potable a été porté par un engagement conséquent de l’Etat et des
partenaires techniques et financiers (PTF). La mise en place de pots communs
a favorisé les synergies entre PTF et par là l’efficacité de la mise en œuvre des
politiques publiques. Sur la période 2008-2014, les ressources exécutées au
profit de l’accès à l’eau potable (AEP) ont été légèrement supérieures pour le
milieu rural (76,11 milliards FCFA) que pour milieu urbain (75,62 milliards francs
CFA), tandis que celles en faveur de l’hygiène et de l’assainissement de base ont
représenté à peine 3,8 milliards FCFA, soit 9% des besoins estimés.
OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement
Les montants consacrés à l’aide publique au développement (APD) sont
aujourd’hui plus importants que jamais, atteignant 135,2 milliards de dollars
US en 2014, ce qui traduit une hausse de 66 % en termes réels depuis 2000.
Néanmoins, l’APD destinée à l’Afrique subsaharienne et aux pays les moins
avancés (PMA) est en baisse. Grâce aux différentes initiatives (IADM, PPTE)
menées dans ce domaine, la proportion du service de la dette extérieure par
rapport aux recettes d’exportation des pays en développement a chuté de 12 %
en 2000 à 3 % en 2013. Surtout, le monde a connu une révolution technologique
de grande ampleur qui a vu l’adoption rapide du téléphone mobile et d’internet, sur
tous les continents.
Un volume variable d’aide publique au développement (APD), qui reste
néanmoins à tendance constante en pourcentage du PIB
Le volume d’APD reçu par le Bénin a connu une évolution irrégulière avec une
tendance constante en pourcentage du PIB, de 2003 à 2013. Par ailleurs, son
utilisation pâtit des déficiences du système de gestion des finances publiques et
de la faible capacité d’absorption. Aujourd’hui, l’APD demeure insuffisante pour
relever les défis de développement du Bénin, particulièrement dans le contexte
de la mise en œuvre de l’agenda post-2015. Une réflexion sur les financements
innovants, les partenariats avec le secteur privé et la mobilisation des ressources
intérieures doit donc être menée, conformément aux recommandations du
Programme d’action d’Addis-Abeba, délivrées à la suite de la 3ème Conférence
sur le financement du développement en juillet 2015.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
29
30. Faible endettement
Le Bénin a bénéficié de l’Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés
(IPPTE) en 2000 et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) en
2006. Le ratio de la dette extérieure rapportée au PIB s’élève à environ 20% en
2014, laissant des marges importantes par rapport au seuil de 70% du cadre de
convergence de l’UEMOA, tandis que le service de la dette extérieure du Bénin
sur les recettes d’exportation, après un niveau excessif en 2000 (8,33), oscille
autour du plafond recommandé des 3%.
Révolution de la téléphonie mobile
Le taux de pénétration de téléphonie mobile (base active) a grimpé au Bénin
de 21,71% en 2007 à 83,81% en 2014. Depuis l’ouverture du secteur des
télécommunications en 1999, cinq opérateurs se partagent le marché. La
gouvernance du secteur souffre cependant de certaines faiblesses concernant sa
régulation par l’ARCEP.
Meilleure connectivité mais lente expansion d’internet, essentiellement via la
téléphonie mobile
Le Bénin est raccordé à internet par la fibre optique depuis 2002. En 7 ans, la
largeur de la bande passante a décuplé, de 155 Mbit/s en 2007 à 1595 Mbit/s en
2014, accélérant la pénétration de l’internet sur le marché, de 0,1% en 2007 à
19% en 2014, bien en-deçà de la cible de 50%. L’internet mobile, qui concentre
plus de 90% des abonnés à internet, et la multiplication des cybercafés (446
fonctionnels en 2013 contre 370 en 2010) sont pour beaucoup dans cette relative
démocratisation. Néanmoins, une fracture numérique persiste, puisque les
cybercafés se situent pour la plupart dans les grandes villes et la couverture du
territoire n’est pas optimale. Par ailleurs, pour des raisons liées à l’éducation et
l’alphabétisation, mais aussi pour des raisons économiques, seules certaines
tranches de la population béninoise disposent des outils qui leur permettent
d’avoir accès à internet. L’installation du second câble sous-marin en fibre optique
en 2015 devrait toutefois permettre de remédier en partie à ces inégalités d’accès.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
30
31. Tableau 1 : Situation de la réalisation des OMD
Objectifs et cibles Situation
1
OMD 1 ERADIQUER LA PAUVRETE ET LA FAIM
1. A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le
revenu est inférieur à un dollar par jour
Non atteinte
1. B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent pour tous, y compris les
femmes et les jeunes
Non atteinte
1. C. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui
souffre de la faim
Proche d’atteinte
OMD 2 ACHEVER L’EDUCATION PRIMAIRE UNIVERSELLE
2. A. D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde,
les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires
Proche d’atteinte
OMD 3 PROMOUVOIR L’EGALITE DE GENRE ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES
3. A. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et
secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015
au plus tard
Atteinte partielle
OMD 4 REDUIRE LA MORTALITE INFANTILE
4. A. Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de
moins de 5 ans
Non atteinte
OMD 5 AMELIORER LA SANTE MATERNELLE
5. A. Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle Non atteinte
5. B. Assurer d’ici 2015, l’accès universel à la santé reproductive Non atteinte
OMD 6 COMBATTRE LE VIH SIDA, LE PALUDISME ET LES AUTRES MALADIES
6. A. D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la
tendance actuelle
Proche d’atteinte
6. B. D’ici 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre
le VIH/sida
Atteinte partielle
6. C. D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et
commencé à inverser la tendance actuelle
Proche d’atteinte
OMD 7 ASSURER LA SOUTENABILITE ENVIRONNEMENTALE
7. C. Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas
d’accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ni à des services
d’assainissement de base
Atteinte partielle
7. D. Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie d’au moins 100
millions d’habitants de taudis
Non atteinte
OMD 8 DEVELOPPER UN PARTENARIAT MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT
8. B. Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés Non atteinte
8. D. Traiter largement des problèmes de dette des pays en voie de développement
par des mesures nationales et internationales afin de rendre la dette soutenable à
long terme
Atteinte
8. E. En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les médicaments
essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement
Non atteinte
8. F. En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des
nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la
communication, soient accordé à tous
Non atteinte
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
31
32. Une intégration précoce des OMD
dans les stratégies de développement
Le Bénin a très tôt tenté d’intégré
les Objectifs du Millénaire pour le
développement dans son cadre de
planification. Dès 2002, la réalisation
des OMD a été retenue parmi les
principes directeurs du premier
document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre
entre 2003 et 2005. Le DSRP a
permis de définir le cadre stratégique
de référence pour la réalisation des
OMD afin de lutter contre la pauvreté
dans toutes ses dimensions, et non
plus seulement sous l’angle exclusif
de la croissance économique ou des
services sociaux. Aussi, la Stratégie
de Croissance et de Réduction de
la Pauvreté (SCRP) 2007 – 2009
et la SCRP 2011 - 2015, étaient
guidées par la réalisation des OMD
et constituaient en réalité leur cadre
d’opérationnalisation à l’échelle du
pays. Cette intégration des OMD dans
le cadre de planification nationale
s’est aussi déclinée dans les outils de
programmation et de budgétisation
pour la gestion et la mise en œuvre des
politiques.
Une mobilisation large en faveur des
OMD
Les premières actions de plaidoyer
n’ont véritablement débuté que vers la
fin de l’année 2002 avec les premières
séances d’information, d’éducation et
de sensibilisation (IEC) des acteurs
nationaux sur les OMD. Parallèlement
aux séances de formation et
d’éducation, la contextualisation des
OMD a été lancée par la définition des
cibles et indicateurs nationaux ainsi que
la réalisation de la base de données
nationales, « BenInfo », désagrégée
par sexe, âge et aires géographiques
pour mesurer les progrès des
indicateurs.
La société civile a été fortement
mobilisée à participer au plaidoyer
et à faire le suivi des OMD à tous les
niveaux. C’est dans ce contexte que le
PNUD a œuvré pour la constitution en
réseau fonctionnel d’Organisations Non
Gouvernementales (ONG) de la société
civile pour le suivi des OMD comme
celui de Social Watch. De 2005 à 2013,
les séances d’IEC ainsi que les actions
de renforcement de capacités des ONG
nationales ont permis à Social Watch-
Bénin d’élaborer chaque
LES OMD AU BÉNIN
de 2000 à 2015
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
32
33. année un rapport alternatif des
organisations de la société civile de
suivi des OMD.
De même, l’Institut National de la
Statistique et de l’Analyse Economique
(INSAE) a été renforcé pour permettre
la publication, en juillet 2003, du
premier Rapport national de suivi
des OMD avec le soutien du Système
des Nations Unies au Bénin. A la
suite de ce document qui a reçu un
écho favorable dans le monde des
acteurs de développement (aussi
bien nationaux qu’internationaux),
le Gouvernement du Bénin a aussitôt
engagé l’élaboration d’un Rapport
départemental pour le suivi des OMD
pour rendre compte des indicateurs
OMD au niveau départemental et
communal. Ce rapport a été publié et
lancé en 2005 et sa diffusion a touché
toutes les cibles concernées dans
tous les secteurs d’activité et dans les
localités du Pays. Jusqu’en 2013, trois
autres Rapports nationaux de suivi
seront élaborés.
Une appropriation nationale forte des
outils d’opérationnalisation des OMD
A la suite des engagements de
Monterrey (2002) sur l’aide publique au
développement, l’exercice d’évaluation
de la hausse de l’APD sur les équilibres
macroéconomiques des pays en
développement a amené l’élaboration
des Gleneagles scenarios. Cette
expérience a montré la nécessité de
développer des outils pour évaluer
le coût réel de la mise en œuvre des
OMD. Dans ce cadre, les besoins
à long terme pour la réalisation des
OMD au Bénin ont été évalués/chiffrés
et une stratégie à long terme pour la
réalisation des OMD 2006-2015 a été
validée par le gouvernement. Le coût
global avait été estimé en moyenne
annuelle sur la période 2007-2015 à
104,3 US$ par tête d’habitant.
Au regard des besoins relativement
élevés pour le financement des OMD
(104,3 $/tête), l’atteinte des cibles
nationales requérait une augmentation
significative des dépenses publiques
entre 2007 et 2015. Dans le but
d’accroître les ressources d’aide
publique au développement en vue
d’accélérer les progrès vers les cibles
des OMD, plusieurs initiatives ont vu le
jour et ont permis au Bénin de conforter
les efforts internes. L’une d’elles se
rapportait à l’initiative du Secrétaire
Général des Nations Unies de 2007
visant à renforcer l’assistance de la
communauté internationale en faveur
des OMD en Afrique. Elle découle
des engagements de Gleneagles
par lesquels le G7 devait augmenter
progressivement les ressources d’APD
à hauteur de 85$ par tête en 2010.
Pour le Bénin, un des dix pays pilotes,
il représentait un mécanisme approprié
pour améliorer la mobilisation des
ressources nécessaires à la réalisation
des investissements dans l’agriculture,
l’éducation, la santé, l’eau potable,
l’assainissement, etc.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
33
34. Un cadre d’accélération des OMD
catalyseur des efforts pour l’atteinte
des objectifs
Mis au point par le PNUD en
2010, le cadre d’accélération des
OMD2
(CAO en français) est un
cadre méthodologique qui offre au
Gouvernement et à ses partenaires
une manière systématique d’identifier
et d’hiérarchiser les obstacles à la
réalisation des OMD. Il permettait de
concentrer les ressources et les efforts
fragmentés des ministères et services
gouvernementaux, des partenaires
de développement et d’autres acteurs
sur des mesures concrètes et cibles
conçues pour faire progresser la
réalisation des OMD en mauvaise voie.
Au Bénin, le premier CAO a porté
sur la cible C de l’OMD 7, « Accès à
l’eau potable et à l’assainissement
de base », identifiée comme l’une de
celles ayant les plus grandes chances
d’être atteintes et le second CAO sur
l’Agriculture pour la lutte contre la faim.
Le CAO 7C a été catalyseur pour les
interventions des partenaires dans le
secteur de l’eau et assainissement.
L’Initiative 1000 jours pour réaliser
les OMD du SG des Nations Unies
déclinées de façon originale au Bénin
S’inscrivant dans la lignée des CAO et
visant à les conforter, l’Initiative 1000
jours pour réaliser les OMD est une
initiative du Secrétaire Général des
Nations Unies qui visait à faire prendre
conscience aux gouvernements et
aux partenaires de développement
de ce que le monde se trouvait à
moins de 1000 jours avant la date
butoir de décembre 2015, échéance
fixée pour les OMD. Dans ce cadre,
le gouvernement, avec l’appui du
PNUD, a préparé un plan d’actions
complet qui intègre six secteurs de
développement (Education primaire,
Education secondaire et technique,
Eau-assainissement, Routes et
Transport, Environnement et cadre de
vie, Santé maternelle, Santé infantile,
VIH-SIDA, Tuberculose et Paludisme,
Energie). Ces six secteurs ont fait
l’objet d’un suivi rapproché au niveau
de l’exécution physique et financière
des interventions prévues dans le cadre
de la programmation budgétaire des
investissements ainsi qu’au niveau
du processus de décaissement des
ressources.
Un leadership politique affirmé pour
les OMD
A partir de 2006, le Bénin a démontré
un leadership fort incarné par la
volonté du Chef de l’Etat de voir les
OMD se réaliser. Cet engagement
s’est matérialisé par une dotation
financière relativement importante
accordée aux OMD dans le budget
général de l’Etat (environ 33% sur cette
dernière décennie), par la création d’un
Ministère
2. MDGs Acceleration Framework (MAF) en anglais
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
34
35. en charge de la Coordination des
Politiques des OMD et des ODD ainsi
que par l’élévation de ce Ministère au
rang de Ministère d’Etat. Ce leadership
a été récompensé à deux reprises par
la FAO avec l’attribution, en 2012 puis
en 2015, d’un prix constatant l’atteinte
de la cible relative à la réduction de
moitié de la proportion de la population
qui souffre de la faim.
Le Bénin a été l’un des rares pays
à créer un ministère spécialement
dédié à la réalisation des OMD,
le Ministère à la Présidence de la
République chargé de la coordination
des politiques de mise en œuvre
des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et des Objectifs
de Développement Durable (ODD).
Ainsi, un signal fort était lancé à tous
ses partenaires en 2013.
Ce ministère a joué un rôle capital dans
la mise en œuvre de Plan d’actions de
l’initiative 1000 jours en coordonnant
le suivi des interventions accélératrices
par ministère et la coordination des
politiques en faveur des OMD. Ceci
a permis, au niveau de ce Ministère,
la mise en place de mécanismes et
d’outils de coordination et de suivi tant
au niveau central que sectoriel. Cette
innovation a prouvé son intérêt en
favorisant (1) la communication autour
des OMD, (2) en mettant en synergie
et en cohérence l’action des différents
ministères, (3) ainsi qu’en créant
un environnement de concurrence
nécessaire entre ministères en vue
de doper leurs actions, de créer un
cadre de pression avec pour nœud
clé le Conseil des Ministres pour
tirer l’ensemble des ministères et
de mettre en place une plateforme
d’échange des bonnes pratiques entre
ministères. Cependant, il subsiste des
défis importants dans le domaine de la
sédentarisation des acteurs sectoriels
affectés au suivi et à l’évaluation des
interventions en faveur des OMD ainsi
que dans la mise en place d’un pôle
OMD/ODD dans chaque ministère
concerné.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
35
36. L’adhésion du Bénin à la déclaration du
Millénaire et aux objectifs du Millénaire
pour le développement a suscité des
espoirs aussi bien au niveau de la
classe politique que des populations,
surtout qu’elle intervenait un an
après l’adoption par le Bénin de son
document de prospective Bénin Alafia
2025. Comme l’ensemble du rapport
l’illustre suffisamment, les résultats
atteints sont largement contrastés ;
mais la pratique et la mise en œuvre
des OMD font ressortir un certain
nombre de tendances lourdes à éviter
ou à répliquer.
Favoriser une appropriation
précoce des objectifs globaux de
développement
L’intégration précoce des OMD dans
le cadre de planification n’a pas été
accompagnée d’une appropriation
forte dans la mise en œuvre des
politiques. Une bonne partie des
résultats s’explique par la faiblesse
de l’appropriation des OMD, dû au
contexte d’impréparation qui prévalait
à l’entrée en vigueur des OMD. En
effet, comme la plupart des pays en
développement, le Bénin n’avait pas
été associé à la formulation des OMD,
d’où les défis posés par l’appropriation
à tous les niveaux, notamment
administratif et social. La société civile
a aussi mis du temps pour s’impliquer
dans la mise en œuvre et le suivi des
OMD.
En définitive, le contexte de mise en
vigueur des OMD n’a pas été propice
à une meilleure appropriation des
OMD. Aussi, le succès des ODD
dépendra de la rapidité de la prise en
charge des problématiques liées à son
opérationnalisation. Le financement des
ODD devra trouver, au moins en partie,
des réponses internes pour faciliter
sa mise en œuvre. L’appropriation
du nouvel agenda du développement
connaît des débuts bien plus favorables
que pour les OMD grâce au processus
participatif et inclusif de son élaboration.
LEÇONS APPRISES
des OMD pour les ODD
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
36
37. Concevoir au démarrage les
instruments de mise en œuvre
L’analyse des mécanismes
d’implantation des OMD montre
qu’ils ont été conçus au fur et à
mesure, quand l’atteinte devenait
problématique. Dès le départ, la mise
en œuvre des OMD a accusé du
retard. Cette temporalité montre surtout
comment les OMD ont mis du temps à
être appropriés par les pays, comment
la communauté internationale, à travers
le système des Nations Unies, a mis
du temps à trouver les instruments
pouvant faciliter leur mise en œuvre
(Gleneagles scénarios et CAO) et
enfin comment la problématique de
son financement n’a jamais trouvé de
réponse totalement satisfaisante.
Au Bénin, le retard dans l’appropriation
des OMD a freiné la mise en place
des institutions et des structures
appropriées pour leur gouvernance.
L’expérience des OMD a permis
de faire ressortir une contrainte
fondamentale à la mise en œuvre
des politiques, à savoir la qualité de
leur coordination. Les OMD, de par
leur caractère multidimensionnel,
ont généralement engagé au moins
une douzaine de ministères. Ces
derniers étant appelés à travailler
en synergie dans une logique de
cohérence pour l’atteinte des OMD.
Le défaut de coordination et les
coûts importants générés par cette
organisation ont constitué des freins
à l’opérationnalisation des OMD. Afin
de corriger cette limite et de réduire
les coûts de coordination, le Président
de la République a créé un Ministère
chargé de la Coordination des
politiques en lien avec les OMD et les
ODD.
Financer les objectifs sur les ressources
internes suivant une programmation et
exécution budgétaires efficientes
L’allocation réelle des ressources
internes aux objectifs reste un autre
enjeu déterminant, de même que
l’efficacité et l’efficience de l’exécution
des ressources budgétaires à travers
l’application des procédures nationales
des pays en développement.
Suivre la mise en œuvre des
interventions au-delà des résultats
La pratique des OMD a permis
d’améliorer le système de suivi
évaluation mis en place au niveau
sectoriel et central du pays. En effet,
les exigences liées à la collecte,
au traitement et à la diffusion de
l’information statistique des indicateurs
OMD, ont permis d’opérer la
transition vers une gestion axée sur
les résultats avec la mise en place
et le renforcement des services de
suivi-évaluation dans les différents
ministères.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
37
38. La culture des données a été
progressivement inculquée à
l’administration avec l’adoption, par le
Gouvernement, de l’initiative 1000 jours
pour les OMD. Le suivi et l’évaluation
des OMD, ont en outre favorisé une
régularité dans la réalisation des
enquêtes ménages, population,
santé et autre enquêtes spécifiques
(SIDA, Genre, etc…). Cependant, la
pratique des OMD a permis d’identifier
les limites du système d’information
statistique : sa forte dépendance
à l’appui extérieur et sa capacité
restreinte à collecter et traiter certaines
informations. Ceci explique le nombre
réduit de cibles et d’indicateurs
effectivement suivi (15 cibles sur les 21
prévus et 35 indicateurs sur les 60).
Dans la mise en œuvre des ODD, un
engagement beaucoup plus soutenu du
Gouvernement sera donc nécessaire.
Cet appui devra, essentiellement,
consister à augmenter les ressources
financières allouées à la collecte et au
traitement des données d’une part, et
à renforcer les capacités humaines des
administrations centrales et sectorielles
de suivi-évaluation d’autre part.
Le cadre de suivi-évaluation qui
doit accompagner les ODD ne doit
pas seulement porter sur l’atteinte
des résultats, en aval. La mise
en œuvre, en amont, doit déjà
faire l’objet de suivi. L’enjeu est
de s’assurer que les interventions
inscrites dans les programmes
budgétaires des ministères pour
réaliser les objectifs sont réellement
budgétisées et exécutées. Ainsi, les
outils de programmation et d’exécution
budgétaires doivent être suivis pour
s’assurer qu’en aval les résultats
seront atteints. Pour ce faire, le suivi
de l’exécution des interventions
définies pour atteindre les objectifs
doit se faire, d’abord en début d’année
au niveau des plans de travail des
ministères, ensuite au niveau des plans
de consommation des ressources et
des plans de trésorerie et enfin au
niveau des plans de passation des
marchés publics. Le suivi trimestriel
de l’exécution de ces différents plans
permettra de s’assurer que les actions
programmées sont réalisées et si
tel n’est pas le cas, de prendre des
mesures correctrices à temps au lieu
de constater au bout d’une année que
les résultats ne sont pas atteints.
Améliorer le financement intérieur et
l’indépendance du système statistique
Les OMD ont contribué au
renforcement des systèmes
statistiques nationaux, indispensables
à l’élaboration de rapports informés
pour le suivi de la mise en œuvre
des différentes cibles. Il convient de
poursuivre le travail mené en faveur
de leur indépendance et donc de les
doter de ressources domestiques
conséquentes.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
38
39. Une redevabilité accrue mais un
leadership à renforcer
L’adoption inédite d’objectifs communs
a stimulé les Etats en développement
et leurs partenaires techniques et
financiers dans les politiques de
développement et permis d’accroitre
la redevabilité vis-à-vis de leurs
populations. Au-delà de cette prise
de conscience, les instruments
doivent être trouvés pour favoriser
l’éclosion d’une élite engagée dans le
développement des pays les moins
avancés (PMA), tels que le Bénin.
Diversifier le financement du
développement en mobilisant
notamment les ressources domestiques
L’évolution en dents de scie de l’APD
a entravé la prévisibilité de l’aide.
D’autres sources de financement
doivent être mobilisées, notamment
domestiques. De l’expérience des
CAO, on peut retenir que si l’approche
méthodologique a été pertinente
pour définir les actions accélératrices
déterminantes, les moyens de mise
en œuvre sont restés du domaine
du plaidoyer. Avant de projeter des
interventions sur des ressources à
mobiliser, il faut donc compter d’abord
sur les moyens déjà disponibles dans
les budgets nationaux et focaliser les
instruments de programmation sur
ces moyens-là. Si la mobilisation des
ressources internes est une des voix
privilégiées pour le financement des
ODD, leur allocation réelle aux objectifs
reste un enjeu déterminant. De même,
l’efficacité et l’efficience de l’exécution
des ressources budgétaires à travers
les procédures nationales des pays en
développement constituent un facteur
déterminant du succès des ODD.
Le dialogue avec le secteur privé doit
être également renforcé pour favoriser
la mise en place de partenariats public-
privé.
Renforcer l’intégration régionale et la
coopération Sud-Sud et triangulaire
Poursuivre l’intégration régionale
permettrait d’accroitre le pouvoir de
représentation des PMA dans les
arènes internationales et de réaliser
des économies d’échelles. Par ailleurs,
le partage d’expérience à travers la
coopération Sud-Sud ou triangulaire,
porteur de changements concrets,
gagnerait à être systématiquement
considéré.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
39
40. En septembre 2000, lors du Sommet
du Millénaire, la communauté
internationale prenait un engagement
historique et donnait une nouvelle
impulsion au développement à travers
l’adoption d’un agenda autour de 8
enjeux considérés par tous comme
prioritaires. Sous le leadership du
Système des Nations Unies et de ses
différentes agences, ces huit Objectifs
du Millénaire pour le Développement
(OMD), déclinés en 21 cibles et 48
indicateurs, ont constitué durant les
15 années passées un cadre pour
l’action collective, orientant les efforts
des pays et de tous les partenaires du
développement en direction de l’atteinte
d’objectifs communs.
Grâce à ces efforts conjoints,
d’énormes progrès ont été réalisés à
ce jour, permettant à des millions de
personnes dans le monde d’améliorer
leurs conditions de vie et leurs
perspectives d’avenir. Ainsi, depuis
2000, le cadre d’action des OMD a
permis de faire sortir 1 milliard de
personnes de l’extrême pauvreté et
de scolariser massivement les filles
au primaire. La mortalité maternelle,
et celle des enfants de moins de 5
ans, ont été drastiquement réduites
et l’épidémie de VIH/SIDA est
aujourd’hui en net recul. Enfin, le
nombre de personnes ayant accès
à l’eau potable et à l’assainissement
a considérablement augmenté. S’il
reste du chemin à parcourir pour
exaucer le souhait émis par les
dirigeants mondiaux lors du Sommet du
Millénaire, à savoir, éliminer la misère,
la réussite des OMD est aujourd’hui
indéniable.
Cette réussite est aussi le fruit
des efforts des pays en voie
de développement, qui se sont
véritablement appropriés les OMD et
en ont fait le cadre directeur de leurs
politiques.
Au Bénin, le rôle du Gouvernement
a été primordial dans l’appropriation,
dès décembre 2002, des principes de
mise en œuvre des OMD, à travers
l’élaboration participative du premier
document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP), mis en œuvre
entre 2003 et 2005. Il s’agissait alors
de donner un cadre stratégique de
référence pour toutes les interventions
de réalisations des OMD afin de lutter
contre la pauvreté dans toutes ses
dimensions, et non plus seulement
sous l’angle exclusif de la croissance
économique ou des services sociaux.
Elaborées de manière conjointe
avec les PTF et la société civile,
les Stratégies de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (SCRP)
INTRODUCTION GÉNÉRALE
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
40
41. qui ont suivi entre 2007 et 2009, puis
2011 et 2015, étaient elles aussi
arrimées aux OMD et constituaient en
réalité leur cadre d’opérationnalisation
à l’échelle du pays. Le Bénin a
également lancé un signal fort à tous
ces partenaires avec la création en
2013 d’un Ministère à la Présidence de
la République chargé de la coordination
des politiques de mise en œuvre
des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et des Objectifs
de Développement Durable (ODD).
Pendant ces 15 dernières années,
le PNUD, fort de son expertise et de
son rôle d’appui-conseil, a soutenu le
Gouvernement dans l’élaboration de
chacune de ces stratégies, mais aussi
dans leur opérationnalisation et leur
mise en œuvre. Par ailleurs, chaque
agence du système des Nations Unies,
à travers ses programmes et projets
respectifs, a apporté sa pierre pour
contribuer à l’atteinte des OMD au
Bénin.
En 2010, à l’évaluation des OMD
2000+10, il est apparu que les progrès
restaient encore lents malgré tous
les efforts engagés. Aussi, un cadre
d’accélération des OMD (CAO) a
été mis en place, afin d’offrir aux
gouvernements et à leurs partenaires
un moyen systématique d’identifier
et de hiérarchiser les goulots
d’étranglement qui ralentissent la
mise en œuvre des stratégies et
politiques axées sur les OMD et de
formuler des solutions visant à éliminer
ces obstacles. Au Bénin, le CAO a
porté sur l’OMD 7, notamment sa
cible C, « Accès à l’eau potable et à
l’assainissement de base », identifiée
comme l’une de celles ayant les plus
grandes chances d’être atteintes.
De même, de 2013 à 2015 ont été
engagées, dans le cadre de l’Initiative
« 1000 jours pour la réalisation des
OMD », des actions à fort impact visant
à approcher significativement les cibles
des OMD encore en retard.
Aujourd’hui, les cibles relatives à
l’accès à l’éducation pour l’OMD 2
(taux net de scolarisation dans le
primaire), aux disparités entre les
sexes dans les enseignements primaire
et secondaire pour l’OMD 3 (rapport
filles/garçons dans l’enseignement
primaire, secondaire et supérieur), à la
propagation du VIH/SIDA pour l’OMD
6 (taux de prévalence du VIH dans
la population âgée de 15 à 24 ans) et
enfin au pourcentage de la population
ayant accès à l’eau potable pour l’OMD
7 (Proportion de la population utilisant
une source d’eau potable améliorée)
sont en bonne voie d’être atteinte
à la fin 2015. Cependant, des défis
importants demeurent concernant les
OMD relatifs à la pauvreté, à la santé
maternelle et infantile, aux disparités de
genre et à l’assainissement de base.
Quinze années après le Sommet
du Millénaire, le développement
entre dans une nouvelle phase,
marquée par les transformations
historiques de l’économie causées
par la crise financière, mais aussi par
la propagation des technologies de
l’information et de la communication
ou encore par la conscience aigüe
d’une nécessaire adaptation face aux
changements climatiques.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
41
42. Ainsi, dès 2010, l’Assemblée Générale
de l’Organisation des Nations Unies a
initié le processus qui devait conduire
à la mise en place d’un nouveau cadre
pour le développement après 2015.
Mais, c’est en juin 2012, lors de la
conférence des Nations Unies sur le
Développement Durable de Rio+20,
que le mouvement vers la définition de
nouveaux objectifs de développement
durables (ODD) universels a
été amorcé. A cette occasion, la
communauté internationale s’est en
effet engagée sur le chemin d’une
économie verte qui doit « contribuer
à l’élimination de la pauvreté et à
la croissance économique durable,
améliorer l’intégration sociale et le
bien-être de l’humanité, et créer des
possibilités d’emploi et de travail décent
pour tous, tout en préservant le bon
fonctionnement des écosystèmes de la
planète. »
Du processus consultatif et consensuel
qui s’en est suivi ont émergé 17 ODD,
adoptés à l’Assemblée générale des
Nations Unies, le 25 septembre 2015
à New York. Plusieurs d’entre eux
constituent en réalité l’héritage des
OMD, par exemple, l’élimination de
la pauvreté et de la faim, la santé,
l’éducation et l’égalité entre les genres.
D’autres ont été définis en réponse
aux défis économiques, sociaux et
environnementaux qui se posent
aujourd’hui à toute l’humanité, tels que,
par exemple l’emploi et l’augmentation
des inégalités, l’énergie, les
changements climatiques, les menaces
pesant sur la biodiversité, mais aussi
l’urbanisation croissante, la nécessité
d’inventer de nouveaux modes de
consommation, ou encore le besoin
d’institutions démocratiques fortes.
Ces ODD recoupent les priorités
énoncées par les Béninois lors du
processus consultatif mené en 2014
à l’échelle nationale sur l’après-2015.
En effet, l’accès à un meilleur système
de santé, à une éducation de qualité,
à l’eau potable, à des infrastructures
adaptées, la promotion de la bonne
gouvernance, la sécurité et les libertés
politiques, la sécurité alimentaire,
l’emploi, ainsi que les changements
climatiques sont les dix priorités
énoncées par les béninoises et les
béninois pour l’après 2015.
Tout l’enjeu du nouvel agenda du
développement avec les ODD, mais
aussi des négociations sur le climat
à la COP 21 à Paris en décembre,
est de déterminer les modalités de ce
développement, son financement, son
architecture, les responsabilités de
chacun et la répartition des rôles en
son sein.
Le présent rapport évalue les progrès
réalisés en direction de la réalisation
des OMD sur les quinze dernières
années. Il constitue un exercice
nécessaire et une base de réflexion
pour l’élaboration des politiques
publiques dans le cadre de l’agenda
post-2015 et des ODD.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
42
43. CHAPITRE I - OMD1
Éliminer l’extrême pauvreté et la faim
44. L’OMD 1 « Réduire de moitié, entre 1990
et 2015, l’extrême pauvreté et la faim » se
décompose en trois cibles, évaluant la situation
en termes de pauvreté, ainsi que d’accès à un
emploi décent et à une alimentation suffisante.
Il est important de noter que l’atteinte de l’OMD 1 se
situe dans la perspective d’une croissance inclusive,
tenant compte des populations vulnérables telles que
les femmes et les jeunes.
a. La réduction de la pauvreté à
contretemps de la croissance
économique
La part de la population béninoise
vivant en situation d’extrême pauvreté
(moins d’un dollar US par jour en PPA)
a augmenté de 10 points depuis 1990.
Par conséquent, la cible 1.A est encore
loin d’être atteinte.
Pourtant, l’extrême pauvreté au
Bénin a connu une tendance à la
baisse jusqu’en 2009, avec une
chute de plus de 10 points entre
2007 et 2009. Par la suite, la crise
économique et financière mondiale a
durement touché le pays, entraînant
une crise générale (alimentaire,
énergétique et économique) en
raison de l’augmentation des prix
des matières premières. De plus,
l’analyse de l’évolution des inégalités
dans la distribution des revenus ou
des dépenses au Bénin montre une
tendance à la hausse des inégalités
avec un indice de Gini qui est passé de
0,464 en 2011 à 0,470 en 2015. Hors,
la hausse des inégalités a un impact
négatif sur l’élasticité de la pauvreté à
la croissance économique. Ainsi, bien
que le Bénin connaisse une hausse
régulière du taux de croissance depuis
2011 passant de 2,5% à 5,6% en 2014,
la pauvreté a augmenté. De plus, la
croissance économique du pays est
tirée en grande partie par le secteur
agricole qui souffre d’une productivité
relativement faible.
1 Éliminer l’extrême pauvreté et la faim
1.1. Cible 1A. Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion
de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par
jour
44
45. Aussi, le rendement des facteurs de
production, notamment le travail est
d’autant plus faible alors que près
de 80% de la population active en
milieu rural vit de l’agriculture. De
même, l’augmentation régulière de la
population avec un taux de croissance
moyen de 3,5% a pesé sur la capacité
de la croissance économique à réduire
la pauvreté et, les politiques de
redistribution, notamment les dépenses
sociales prioritaires, n’ont pas atteint
sensiblement les populations les plus
pauvres. En effet, malgré la mise en
oeuvre de politiques visant à réduire la
pauvreté (la suppression des frais de
scolarité dans le primaire, la gratuité
des soins de santé pour les enfants
de moins de 5 ans, la gratuité de la
césarienne, etc.), le taux de pauvreté
n’a cessé d’augmenter, mettant en
exergue les défis liés au ciblage
des politiques et à l’éfficacité de la
gouvernance des services sociaux de
base.
Graphique 1 : Proportion (%) de la population disposant de moins de 1
dollar US en PPA par jour
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
45
46. L’indice d’écart de la pauvreté (‘poverty
gap index’) mesure l’intensité de la
pauvreté dans un pays, en évaluant
l’écart entre le revenu moyen des
populations pauvres et le seuil de
pauvreté. Il est donc intéressant de
constater que, si l’extrême pauvreté
reste forte au Bénin, le niveau de vie
général des populations pauvres s’est
amélioré pour se rapprocher petit à
petit du seuil de pauvreté, avec un
indice d’écart de la pauvreté à 18%
du seuil national en 2015. L’inflexion
est particulièrement importante depuis
2006. En effet, l’indice d’écart de
pauvreté a évolué à la baisse depuis
1990 passant de 43,52% du seuil de
pauvreté en 1990 à 37,2% en 2006,
pour atteindre 27,1% en 2011 et enfin
18% en 2015.
L’évolution de l’incidence de pauvreté
selon les branches d’activité sur la
base des dépenses de consommation
et des caractéristiques de l’activité
économique éventuelle des chefs
de ménages, observées par les
enquêtes EMICoV de 2009 et 2011
montre la prédominance des activités
agricoles (46,6% de la population),
de commerce-logistique (17,0%)
et d’artisanat, culture et tourisme
(11,7%). La branche agricole, dominée
par l’agriculture vivrière (occupant
41,3% de la population), concentre la
majeure partie des pauvres au Bénin.
En effet, non seulement cette branche
a contribué à hauteur de 58% (dont
52,4% dus à l’agriculture vivrière)
à la pauvreté en 2011, mais aussi,
l’incidence de pauvreté a atteint son
niveau le plus élevé au niveau des
ménages dont les chefs travaillent dans
cette branche en 2009 (43,1%) comme
en 2011 (45,3%).
Graphique 2 : Indice d’écart de la pauvreté
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
46
47. Le quintile le plus pauvre a vu sa
part dans la consommation nationale
augmenter d’abord de 1990 (3%)
à 2011 (6,1%) avant de baisser de
près de 2 points de 2011 à 2015 à
4,3%. Cette évolution s’explique par la
dynamique des inégalités par rapport
aux dépenses de consommation
des ménages, qui montre qu’en
2011, l’ensemble des ménages ont
enregistré, une réduction sensible des
inégalités par rapport à 2009, dans
la distribution de leurs dépenses de
consommation. En effet, au niveau
national, l’indice de Gini est de 0,444
en 2011 contre 0,469 en 2009, soit un
repli de 5,3 points de pourcentage.
Les ménages ruraux (-6,8 points de
pourcentage) et urbains (-1,3 point
de pourcentage) enregistrent la
même tendance, avec une baisse
plus importante en milieu rural qu’en
milieu urbain. En revanche, l’analyse
de l’évolution de la consommation des
ménages, entre 2011 et 2015, montre
que la dépense annuelle par tête est
passée, en termes réels, de 226 440
FCFA à 223 402 FCFA, soit une baisse
d’environ 1,34%. Elle est cependant
plus marquée en milieu rural qu’en
milieu urbain. Ce repli dans la dépense
par tête des ménages peut être
assimilé à une baisse du niveau de vie
entre 2011 et 2015, affectant davantage
les plus pauvres. On note, dans une
moindre mesure, une accentuation
des inégalités dans la distribution
des dépenses de consommation des
ménages entre 2011 et 2015. En effet,
au niveau national, l’indice de Gini est
passée de 0,464 en 2011 à 0,470 en
2015, soit une augmentation de 0,006
point de pourcentage et demeure
relativement élevé.
Graphique 3 : Part du quintile le plus pauvre de la population dans la
consommation nationale
Sources : INSAE/ECVR-ELAM (1990, 1995-1996), EMICoV (2006 ; 2011 ; 2015)
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
47
48. b. Une évolution géographique
contrastée de la pauvreté
Entre 2011 et 2015, la pauvreté
monétaire (calculée à partir du seuil de
pauvreté défini au niveau national) a
davantage augmenté en milieu urbain
(+ 4,4 points) qu’en milieu rural (+ 3,9
points). Néanmoins, l’incidence de la
pauvreté demeure plus forte en milieu
rural. L’analyse de la population ne
disposant pas d’un dollar US par jour
montre que le milieu rural est plus
touché par la pauvreté que le milieu
urbain. En effet, l’incidence en milieu
rural est de 68% contre 34,3% en
milieu urbain en 2011.
Au niveau des départements, on note
une disparité d’indice de pauvreté.
Ainsi, une population comprise entre
63% et 80% des départements de
la Donga, de l’Alibori, du Zou, du
Couffo, du Borgou et des Collines, est
sévèrement touchée et vit avec moins
de 1 dollar US par jour en 2011. Les
départements du Plateau, du Mono et
de l’Atlantique semblent moyennement
affectés par l’extrême pauvreté avec
des proportions de personnes vivant
avec moins d’un dollar par jour variant
entre 50% et 56%. Les départements
de l’Ouémé et du Littoral sont les
moins touchés par l’extrême pauvreté,
avec des pourcentages de populations
vivant avec moins d’un dollar par jour,
respectivement de 31% et 7,1% en
2011.
En 2015, ces fortes disparités
régionales de la pauvreté monétaire
demeurent. En effet, sept départements
sur douze ont connu une incidence de
la pauvreté supérieure à la moyenne
nationale. Ainsi, la pauvreté a touché
plus de 40% de la population dans
les départements ruraux de l’Atacora
(42,33%), de l’Atlantique (41,34%),
des Collines (47,20%), du Couffo
(49,31%), de la Donga (42,48%), du
Mono (46,83%) et du Zou (42,80%).
A l’opposé, les départements plus
urbanisés ont connu une incidence de
pauvreté en dessous de la moyenne
nationale, notamment le Littoral et
l’Ouémé qui ont affiché une incidence
de plus de douze points en moins par
rapport au niveau national.
Par rapport à l’année 2011, la
proportion de pauvres a augmenté
dans la quasi-totalité des départements
du Bénin en 2015. Excepté le Littoral
où l’incidence a connu un léger
repli (-0,15%), l’accroissement de la
population pauvre dans les autres
départements varie de 1,13% et 7,17%.
Par ordre de grandeur, on note le
département du Borgou (+7,17 points),
de la Donga (+5,84 points), de l’Alibori
(3,59 points), du Mono (+3,30%), du
Couffo (+2,73 points) , de l’Atacora
(+2,59 points), de l’Atlantique (+2,33
points), de l’Ouémé (2,12 points), du
Zou (+1,31 points),du Plateau (+1,26
points) et les Collines (+1,13 points).
Par ailleurs, il faut noter, dans tous les
départements, une accentuation aussi
bien de l’écart entre l’indicateur du
niveau de vie et le seuil de pauvreté,
que des inégalités parmi les pauvres.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
48
49. Graphique 4 : Incidence de la pauvreté monétaire (%) entre 2011 et 2015
selon le milieu de résidence
Source : EMICoV 2015
a. La cible 1.B marquée par une
croissance faible en emploi
productif
La productivité de la main d’œuvre est
marquée par une augmentation de
2,5% entre 2006 et 2007 suivie d’une
baisse de 5,9% entre 2007 et 2010. La
population active occupée par rapport
au PIB a donc connu une augmentation
plus rapide sur la période 2007-2010.
Par contre, sur la période 2010-2011,
elle a connu une hausse de 0,5%.
Selon la définition de la Banque
mondiale, le ratio emploi/population
définit la proportion de la population
d’un pays, en âge de travailler (plus de
15 ans) et qui a un emploi. En presque
10 ans, ce ratio a connu une croissance
de près de 10 points. Néanmoins,
après une hausse spectaculaire en
2009, où il a atteint 75%, ce ratio s’est
stabilisé à 67% en 2015. Un Béninois
sur trois est donc considéré aujourd’hui,
comme sans emploi. Ceci s’explique
par le taux d’activité moindre des
femmes et le fort taux de chômage des
jeunes, même qualifiés.
1.2. Cible 1B. Assurer le plein emploi productif et le travail décent
pour tous, y compris les femmes et les jeunes
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
49
50. A l’analyse du ratio emploi/population,
on peut conclure qu’il y a eu une
augmentation des opportunités
d’emploi entre 2006 (56,6%) et 2009
(75,1%). Ensuite, l’impact de la crise
économique et financière a entraîné
une baisse du ratio emploi/population à
60,8% en 2010. La reprise économique
qui s’est amorcée au Bénin depuis
2011 a permis une remontée du ratio
à 72% qui depuis a ralenti à 67% en
2015. L’augmentation constante de la
population a pu modérer l’évolution du
ratio malgré la croissance économique
forte, en moyenne de 4,5% depuis
2012.
Graphique 5 : Evolution du ratio emploi / population (%)
Source : EMICoV (2006, 2007, 2010, 2011, 2015)
La proportion d’actifs occupés
disposant de moins de 1 dollar US en
PPA par jour permet d’évaluer la qualité
de l’emploi dans un pays donné. Sur
la période 2006-2009, si la proportion
de la population occupée a augmenté
(+12 points), cela s’est fait au prix d’une
hausse de l’extrême pauvreté chez les
travailleurs (+12 points depuis 2007).
La crise financière, économique et
surtout énergétique de 2008 pourrait
en être l’un des facteurs d’explication.
Malheureusement, cette situation est
allée en s’aggravant avec une hausse
de 20 points de l’extrême pauvreté
chez les travailleurs entre 2011 et 2015.
Aujourd’hui, plus d’un Béninois sur 2
qui travaille vit avec moins d’un dollar
US par jour en PPA.
RAPPORT D’EVALUATION DES OMD 2000-2015
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