1. Le pont Eric Tabarly, à Nantes, sera inauguré et mis en service le 17 juin prochain. Fruit d’un travail commun entre
setec tpi et l’architecte Marc Barani, il démontre la capacité de l’ingénierie à apporter une réponse pertinente aux problé-
matiques d’environnement, d’architecture, de fonctionnalite, et d’intégration urbaine aux travers de techniques maîtrisées.
La conception des ponts s’inscrit dans un souci permanent
d’efficacité de matière qui répond au double objectif de juste
besoin économique et de moindre impact environnemental.
On attend également de ces ouvrages une très grande fiabilité
pour des usages de plus en plus exigeants, comme on peut les
connaître dans le monde du ferroviaire à grande vitesse et une
robustesse vis-à-vis des contraintes extérieures (vent, houle,
séisme, agressivité du milieu ambiant…).
Pour autant, ces défis techniques, qui enthousiasment nos
jeunes ingénieurs doivent se doubler d’une approche peut-être
plus humaniste dès lors que les ouvrages pénètrent dans une
maille urbaine. Le présent numéro de notre carnet de desseins
illustre la multiplicité des ces approches.
S’il m’est permis, je souhaiterais remercier les maîtres d’ouvrage
qui, au travers des concours ou des procédures, laissent
une large place à l’intelligence technique, donne à l’ingénieur
associé à l’architecte et à l’urbaniste la possibilité d’exprimer le
fait que les ponts sont aussi, et dans certains cas avant tout, des
ouvrages d’art.
Dossier
MÉTHODES DE
RÉALISATION &
FACTEURS
OPÉRATIONNELS
Chantier
PONT ERIC TABARLY
À NANTES
Actualités
PROLONGEMENT DU
TRAMWAY T1 À LYON
Portrait
IONA PASCU BROCHARD
INGÉNIEUR OUVRAGES
D’ART
Éditorial
Carnet de
Desseins
Mai2011
La lettre d’information de setec tpi
Michel Kahan,
Directeur Général
setec tpi
de la conception à la réalisation des ouvrages d’art.de la conception à la réalisation des ouvrages d’art.
3. Le pont Eric Tabarly à Nantes
Achevé au premier trimestre 2011, ce pont haubané d’une longueur totale de 210,50 m
franchit un bras de Loire et permet de relier les quartiers nord de la ville à l’île de Nantes
en amont du pont Willy Brandt.
La conception de l’ouvrage, signée Marc Barani et setec tpi, répond à trois objectifs :
son haubanage et à la finesse de son tablier,
Économie de moyens et optimisation de la matière dans la constitution et le dessin de
détail du tablier, du pylône et de ses appuis,
Ésthétique grâce à la juste mesure de ses proportions et la modestie de son dessin par
rapport au site, à la fois naturel et fortement marqué par la Loire, et urbain par l’importance
des bâtis existants ou à venir ainsi que le futur aménagement des berges.
Un repère urbain
Le tablier comprend deux travées, l’une de 67,20m en
rive gauche, l’autre de 143,30 m. Il dégage ainsi large-
ment la zone de circulation fluviale du bras de la Made-
leine, utilisé pour délester le bras de Pirmil, les loisirs et
la pêche. Le seul appui en Loire est constitué d’un fût
unique résistant aux chocs de bateaux.
En rive gauche, le tablier est encastré dans une culée
contre-poids ancrée dans la berge. En rive droite, il
vient simplement s’appuyer sur une culée disposée en
retrait de la promenade sur berge. Le pylône, haut de
57 m, est situé à l’aplomb de la pile et marque le fleuve.
Le tablier, de hauteur et de largeur constante, présente
une largeur totale de 27,40 m. Il porte une plate-forme
polyvalente pouvant accueillir de chaque côté du terre
plein central piétons, cyclistes, une voie de circulation
et un transport en site propre. Dans un premier temps,
le système de transport est assuré par des bus mais
il sera possible à l’avenir d’aménager le passage de
tramways sur rails grâce à un rechargement permettant
d’inscrire les rails et la multitubulaire nécessaires au bon
fonctionnement des voies.
L’étude d’un pont haubané exige chaque fois des
études complexes et une mise en œuvre rigoureuse
assortie de nombreux contrôles. Les moyens de calcul
modernes et les logiciels élaborés comme Pythagore
permettent de prendre en compte le comportement non
linéaire de l’ouvrage haubané, la dynamique du tablier
et des haubans ainsi que les phasages de construction
complexes, depuis la pose des tronçons jusqu’au
réglage final du haubanage.
La qualité de la construction du génie civil, réalisé par
ETPO, et de la charpente métallique, principalement
assemblée dans les ateliers de Victor Buyck Steel à
Ekloo (Belgique), puis le choix pertinent du transport
maritime et fluvial ont réellement contribué à la réduction
des nuisances de chantier, à l’économie d’énergie de
construction et de transport et à une durabilité pérenne
qui dépassent les effets de mode et la vacuité des
discours.
« force et modestie »
Le pont Eric Tabarly, par la justesse de son dessin et la
pureté de ses lignes, s’impose avec force et modestie,
à l’image du célèbre navigateur auquel la ville de Nantes
rend hommage. La simplicité de l’ouvrage terminé
dissimule la complexité, la densité de sa conception
autant que l’intelligence de sa réalisation.
Souhaitons qu’il pose, une fois encore, la question de
la pertinence des concours d’ingénierie et d’architecture
pour la construction des ouvrages d’art, de la qualité
nécessaire des jurys, de la distance indispensable vis-
à-vis de l’exubérance et de l’ostentation des solutions
trop souvent proposées à une époque où l’économie
de moyens devrait s’imposer à tous.
Mai 2010
setec tpi
Izmit
Le conceptual design du viaduc d’accès au pont sus-
pendu d’Izmit a été remis début décembre à Astaldi,
concessionnaireitaliende400kmd’autorouteenTurquie.
En partenariat avec Michel Virlogeux et Secoa, setec tpi
a proposé une solution entièrement métallique pour ce
viaduc de 1 300 m de long. Sa singularité est le dispo-
sitif d’amortisseurs dynamiques disposé à la base des
piles.
Pont Jeanne d’Arc
Construit entre 1956 et 1959 dans le cadre de la re-
construction du port de Rouen et de ses ponts détruits
pendant la seconde guerre mondiale, le pont Jeanne
d’Arc est devenu sensible au phéno-
mène de fatigue de par la finesse de
son tablier et des nombreux passages
du tramway. Setec tpi assure la maîtrise
d’œuvre de ce projet pour le compte
de la Communauté de l’agglomération
Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA).
Les travaux réalisés par Bouygues TP
RS/Maes ont commencé en février
2011 pour une réception à l’été 2012.
Pont Russky à Vladivostok
Dans le cadre d’un partenariat avec Freyssinet Interna-
tional et Cie, le CSTB et Géodynamique et Structure,
setec tpi réalisera dès janvier 2011 l’analyse des hypo-
thèses de calculs et les calculs structuraux du pont sur
le bosphore de Vostotchny à Vladivostok (Fédération de
Russie). Ce pont aura, à sa mise en service, le record
du monde de la travée haubanée avec une portée cen-
trale de 1 104 m.
Un pont devant le musée des
Confluences à Lyon
Lauréat d’un concours de maîtrise d’oeuvre lancé par
le Sytral, setec tpi conçoit
avec Alain Stielmann l’ouvrage
supportant le prolongement
du tramway T1 au-dessus du
Rhône. Il est composé d’une
plateforme tramway et d’un
encorbellement latéral pour
les piétons et cycles. Les deux
caissons porteurs en acier sont isostatiques sur les 2
travées de rive de 57m et 38m de longueur et suppor-
tés par 2 arcs de 140m de portée sur la partie centrale.
Les consultations seront lancées durant l’été pour un
début de travaux fin 2011.
Chantier Actualités
4. Quelles ont été vos missions sur
les projets de LGV ?
J’ai assuré plusieurs missions de
maîtrise d’œuvre du génie civil. Sur
la première phase de la LGV Rhin-
Rhône branche Est, qui sera mise en
service fin 2011, j’ai été en charge du
contrôle des documents d’exécution
de plusieurs viaducs et ouvrages d’art.
Le contact régulier avec le chantier
m’a permis d’avoir un retour d’expé-
rience utile pour d’autres missions
de conception, par exemple sur les
études projet du prolongement vers
Strasbourg de la LGV Est Européenne,
où les travaux sont actuellement en
cours. Cette mission a été particulière
dans la mesure où la conception ini-
tiale de 2001 a du être adaptée aux
normes sismiques actuelles ainsi
qu’aux Eurocodes. Depuis l’achève-
ment des dossiers de consultation des
entreprises, je travaille à présent sur
le raccordement vers Mulhouse de la
LGV Rhin-Rhône.
Quelles sont les spécificités d’un pro-
jet de LGV et plus particulièrement de
la conception des ouvrages d’art fer-
roviaires ?
La grande vitesse impose des
contraintes spécifiques et, en tout pre-
mier lieu, de tracé en plan et de profil en
long (rayons de courbure dix fois plus
grands que sur autoroute), ce qui limite
beaucoup les possibilités de « coller »
à la topographie et d’éviter les obs-
tacles. Concrètement, cela signifie la
création de nombreux ouvrages d’art,
tunnels et un défi d’intégration dans
l’environnement, ce qui rend ces pro-
jets d’autant plus riches et intéressants.
À l’échelle d’un ouvrage d’art, il s’agit
de composer avec les contraintes
techniques pour proposer un opti-
mum architectural, environnemental et
financier. Dans le cas d’une LGV, la re-
cherche du bon compromis devient un
vrai casse-tête tant les contraintes sont
contradictoires : il s’agit de supporter
des passages de trains à 420 km/h,
parfois en zone sismique, tout en main-
tenant une ligne architecturale fine,
un entretien facile, un impact minimum
sur l’hydrologie et l’écosystème local.
Quelles satisfactions retirez-vous
en travaillant sur de tels projets ?
J’apprécie particulièrement la variété
des projets LGV qui m’apportent une
grande richesse relationnelle et hu-
maine au travers de la concertation
avec les collectivités locales et terri-
toriales ainsi qu’une grande ouverture
technique grâce à la rencontre d’un
large éventail de spécialistes (tracé
ferroviaire, études hydrauliques et géo-
techniques, impacts environnemen-
taux, équipements…). A plus grande
échelle, je suis heureuse de participer
au développement régional, voire eu-
ropéen, d’un mode de transport plus
« vert ». Mais ma plus grande satisfac-
tion reste de voir nos projets se concré-
tiser.
La Ligne à Grande Vitesse Est-euro-
péenne (LGV-EE) a été la première
soumise à ce nouveau cadre en 1999.
Longue de 300 km, elle a fait l’objet de
7 appels d’offres de maîtrise d’œuvre de
génie civil. Pour cette première opéra-
tion, setec tpi s’est vu attribuer un lot
de 35 km dont seules les études étaient
programmées ; même si la réalisation
n’a pas été immédiate, à l’exception du
viaduc de Jaulny conçu avec Eiffage,
nos équipes se sont aguerries aux spé-
cificités de la grande vitesse.
Le lancement du projet de la LGV
Rhin-Rhône Branche-Est (190 km de
Dijon à Mulhouse) en 2003 est une
nouvelle expérience : en groupement
avec Egis au sein du groupement
« EF2R » (Equipements Ferroviaires
Rhin-Rhône), setec a réalisé la maîtrise
d’œuvre de deux tronçons de génie
civil et la totalité des équipements
ferroviaires. Ainsi de 2003 à 2006,
setec tpi a bâti avec patience, rigueur
et enthousiasme le projet du génie civil
de la ligne avec la construction d’un tun-
nel, sept viaducs, 110 ponts et la réali-
sation de 20 millions de m3
de terrasse-
ments, corollaires indispensables de la
voie sacrée, ô combien délicats à mettre
au point. Lancés dès 2006, une fois le
financement des travaux acquis, les tra-
vaux de génie civil (700 M€ environ) se
sont achevés en 2009. Dans le même
temps, EF2R bâtissait les dossiers
d’appel d’offres et des équipements
ferroviaires. Ces derniers sont en voie
d’achèvement pour une mise en service
en décembre 2011.
Sans attendre cet événement majeur,
RFF a de nouveau donné à setec
tpi l’occasion de s’immerger dans le
domaine ferroviaire en lançant, cette
fois-ci en vue de réaliser les travaux, la
2ème
phase de la LGV Est-européenne,
jusqu’alors virtuelle depuis 2001.
Ce sont ainsi 35 km de LGV, depuis le
passage des Vosges par le tunnel de
Saverne jusqu’à Strasbourg, dont les
études ont été reprises à partir de 2008
notamment pour inclure l’utilisation des
Eurocodes et les nouvelles normes sis-
miques. Les travaux ont été lancés en
2010 et la ligne sera mise en service
début 2016.
Faisant sien l’adage selon lequel il vaut
« mieux battre le fer quand il est chaud »
(vérifié), RFF a demandé début 2010 au
groupe setec d’établir les études PRO
de la 2ème phase de la LGV Rhin-Rhône
branche Est incluant les raccordements
à Dijon et à Mulhouse, raccordements
aussi complexes qu’ouvragés, avec
l’objectif de tenir prêts les dossiers
d’appel d’offres pour début 2012.
Preuve d’une reconnaissance de cette
compétence dans le monde ferroviaire,
les attributions toutes récentes par RFF
au groupement piloté par Eiffage vont
permettre à setec d’assurer la maîtrise
d’œuvre de la LGV Bretagne - Pays de
la Loire (180 km) en collaboration avec
Ingérop et l’APS de la LGV PACA…
Et ce n’est peut-être pas tout, car
d’autres projets importants seront pro-
chainement attribués.
Infrastructures ferroviaires :
une montée en puissance à grande vitesse
La création de Réseau Ferré de France (RFF) en 1997 a bouleversé le monde de
l’ingénierie ferroviaire en France puisqu’elle a entraîné l’ouverture des marchés
de maîtrise d’œuvre des lignes nouvelles à l’ingénierie privée.
Entretien avec
Ioana PASCU BROCHARD
Ingénieur ouvrages d’art, affectée depuis 2007
aux projets ferroviaires, notamment sur
la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Rhin-Rhône
Portrait Zoom
Directeur de la publictation : Michel Kahan - Contact : Stéphanie Arçay-Novo ( Tel. : 01.82.51.57.36 - arcaynovo@tpi.setec.fr)
Conception : 01.41.40.70.72 - Crédits photographiques : setec tpi - A-C Barbier pour setec tpi
Viaduc de la Saône
Mai 2010
setec tpi