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SOCIÉTÉ
SPORT
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Centre ambulancier
national : un
service d'urgence
personnalisé 24/24
Par Ronald Singer
Cady Lalanne sacré
avec les Spurs
par Gary Éliézer
L'UE ne fera pas
d'ingérence !Par Lionel Edouard
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / DIPLOMATIE
JEUDI 23 JUILLET 2015 NUMÉRO 45
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Daniel Supplice limogé pour
avoir constaté l'échec du PIDIH
HAÏTI / ÉLECTIONS
L
es missions d’observation sont
donc en déficit de confiance.
C’est un fait. Pour contourner
ce problème, Elena Valenciano
agite les travaux passés de l’Union
européenne dans ce domaine. Un
passé vieux de plus de vingt ans et
qui aurait vu l’UE observer des élec-
tions dans plus d’une centaine de pays.
C’est, en termes de garantie, le seul
élément qu’elle a fourni pour défendre
« la crédibilité, l’indépendance, la neu-
tralité et l’esprit de professionnalisme
» qui accompagnera son équipe. Aussi,
pour signifier que son institution ne
va pas influencer les résultats des pro-
chains scrutins.
Ambassadeur Daniel Supplice. / Photo d’archives : J. J. Augustin
Pas d’ingérence ! La réponse d’Elena Valenciano a été sèche et sans appel : « Nous ne
sommes pas là pour valider ou invalider les résultats des élections, nous ne faisons pas
de la supervision électorale. » Le chef de la Mission d’observation électorale (MOE) de
l’Union européenne a ainsi fixé les grandes lignes de son travail. Lequel constituerait
à aider à garantir le respect total de la volonté démocratique des Haïtiens. Ce serait
l’objectif principal de cette mission dont les observateurs se déploieront à partir du 24
juillet 2015.
Willy Duchene
écarté de la course
présidentielle
Par Reynold Aris
2 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
TRIBUNE
E
n une vingtaine d’années,
l’insécurité est devenue l’un
des thèmes-phares du discours
politique, toutes tendances
idéologiques confondues.
Portée par un climat d’inquiétude,
non sans fondement, mais
parfois délibérément amplifié et
exploité par certains secteurs,
la participation d’entreprises
privées à des missions de sécurité
publique n’a cessé d’augmenter et
de se diversifier jusqu’à atteindre
aujourd’hui des proportions
alarmantes. Bien que les fonctions
de ces agents de prévention et de
sécurité soient avant tout d’ordre
« économique », leur banalisation
et les pouvoirs de contrôle qu’ils
s’arrogent de plus en plus, aux
frontières (mal définies) de la
légalité, font peser un risque
significatif sur la sécurité et les
libertés publiques.
Dès 1986, le concept d’agences
privées de sécurité a été introduit.
Il s’est d’abord heurté à une
véritable levée de boucliers de
la part de l’opinion publique,
qui assimilait (non sans raison)
de telles agences à des milices
privées. Le Conseil national de
gouvernement d’alors s’est, dans
un premier temps, plié à cette
injonction populaire et a interdit
la création de ces entreprises.
Mais petit à petit, en catimini, les
agences ont commencé à éclore,
sans débat sur un tel sujet et sans
un cadre législatif cohérent pour
baliser et contrôler leurs activités.
Celles-ci n’ont d’ailleurs cessé de
se multiplier et de se diversifier
: de la sécurité statique dans les
limites de propriétés privées,
on est passé au convoyage de
fonds, et aujourd’hui à la sécurité
rapprochée des puissants et de
leurs proches.
La profession des agents privés de
sécurité s’exerce donc dans le plus
grand flou : confusion quant à leur
statut, quant à leur rôle, quant à
leur pouvoir, et finalement quant
à la définition même de cette
« sécurité » qu’ils sont censés
assurer et qui justifie l’incessante
augmentation de leurs effectifs.
Insidieusement, la séparation
entre espace public et espace
privé, entre le régime de la loi et
celui de la règle s’estompe. (Usage
cellulaire, tenue vestimentaire.)
De même, ces agents ont de plus
en plus tendance à passer de la
prévention à l’intervention, de
l’intervention à la répression.
Ainsi, nous avons été témoins de
vigiles menottant, encagoulant et
torturant un présumé délinquant
dans le parking d’un supermarché
de Pétion-Ville. La plupart des
citoyens ne savent pas bien où
commencent et où s’arrêtent
la fonction et les pouvoirs d’un
agent privé de sécurité, confusion
entretenue par un foisonnement
d’uniformes de toutes variétés,
mais qui ont pour point commun
d’évoquer ceux des policiers ou
militaires.
Ce mimétisme n’est pas l’effet du
hasard, mais résulte d’un calcul
de la peur visant à l’instauration
d’un pouvoir de dissuasion.
Ces uniformes ont précisément
pour fonction d’instituer
une dissymétrie, un rapport
d’autorité, et donc de
pouvoir, entre le vigile et les
« civils », rapport d’autorité et
de pouvoir qui reste totalement
illégitime du point de vue du droit.
Le problème du chevauchement
des rôles entre les services publics
et privés de sécurité est aggravé
du fait de l’absence de règles de
déontologie et d’éthique régissant
l’industrie de la sécurité privée.
Ainsi peut se créer, chez les
divers intervenants, une grande
confusion quant aux pratiques qui
sont acceptables et celles qui ne
le sont pas.
La Constitution de 1987 interdit
la formation de tout corps armé, à
l’exception de la Police nationale
et de l’Armée. Les agences privées
de sécurité sont-elles des corps
armés ? Que leurs membres
soient armés ne fait aucun doute
et il est également avéré que ces
entreprises sont dotées d’une
hiérarchie et qu’elles intègrent
nombre d’anciens officiers, sous-
officiers et enrôlés démobilisés.
Cette réalité soulève des questions
que les autorités et la société
haïtiennes auraient tort d’ignorer.
Existe-t-il des dispositions légales
pour limiter les effectifs de ces
agences ? Leur armement a été, à
l’origine, limité en principe au fusil
de chasse et au revolver calibre .38,
mais non seulement les décrets
stipulant ces dispositions sont
sérieusement défaillants, mais
encore ils ne sont pas appliqués
de manière systématique et sont
souvent adaptés à la tête du client.
Ainsi, une des premières agences
a pu s’équiper de fusils d’assaut,
prélevés en outre sur l’arsenal
des FAd’H et aujourd’hui encore
certains vigiles ou gardes du corps
s’affichent avec des pistolets semi-
automatiques souvent dotés de
chargeurs d’une capacité allant
jusqu’à 30 balles.
Qu’en est-il du programme
de formation de ces vigiles ?
S’il existe, qui l’a conçu et en
vérifie l’application ? Comment
transformer un ex-soldat entraîné
pour affronter et éliminer
l’ennemi en un agent d’accueil,
de contrôle d’accès et du respect
des consignes de sécurité du
site, etc., toutes fonctions qui
supposent une courtoisie et une
aptitude à désamorcer les conflits,
qui sont aux antipodes des vertus
du combattant ?
Il faut également s’inquiéter de
la multiplicité des uniformes, qui
se complique du fait que la PNH
elle-même en aligne une demi-
douzaine, jetant le citoyen dans
une confusion totale, où il ne sait
qui représente l’autorité de l’État,
qui est habilité à l’interpeller, à
stopper son véhicule ou à le
détenir. À notre avis, TOUS les
vigiles devraient être astreints
à porter le même uniforme, les
distinguant de manière évidente
des agents de la Force publique.
L’appartenance à une entreprise
particulière ne devrait être
marquée que par un badge ou
un écusson arboré de manière
ostentatoire et identifiable
immédiatement et à distance par
les citoyens. Qui peut rassurer
le citoyen sur la compétence
technique et psychologique de ces
hommes et femmes à utiliser, dans
le respect de la sécurité collective
et du droit à la vie, les armes à feu
dont ils sont dotés ?
Mais la question la plus
angoissante est-celle de la
compatibilité entre la sécurité
publique, définie comme droit du
citoyen et responsabilité de l’État,
et la sécurité privée, privilège
exclusif de la minorité qui peut en
assumer les coûts. Comment ces
entreprises lucratives pourront-
elles continuer à prospérer si
la sécurité publique, exigence
quasi unanime de la citoyenneté,
devenait une réalité ? Quel avenir
attend les agents qui seront
éventuellement « démobilisés » ?
Surtout, où sont les textes de loi,
qui pourraient nous protéger de
ces protecteurs automandatés
? Nos élus des deux chambres
législatives sont jusqu’à présent
restés muets sur ces questions
vitales et l’exécutif n’a pas
proposé de législation adéquate
et cohérente dans ce domaine.
Comment un État qui s’est opposé
à la création par certains élus
locaux de polices municipales
improvisées laisse-t-il ce privilège
à des entrepreneurs non élus ?.
La privatisation de la sécuritépar Patrick Élie
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 3
ACTUALITÉ
On peut s'en sortir !
C’estcequ’ondevraitsedire,nousenHaïti,quandonlitdansl’édition2014-2015
duRapportmondialsurlacompétitivitépubliéparleWorldEconomicForumque
legouvernementrwandaisestclasséau7erangencequiconcernel’efficacitédans
lagestionpublique.LeRwandaseretrouve,seloncerapport,devantdesnations
commelaSuisse(9e)ouleLuxembourg(10e).
Ce rapport évalue le niveau d’efficacité de la gouvernance dans 144 pays du
mondesurlabasedecritèrescommelegaspillagedesressources,lesobstaclesàla
régulationetlatransparencedansl’élaborationdespolitiquesnationales.
LaBanquemondiale,desoncôté,prévoitqueletauxdecroissanceéconomiqueau
Rwandadevraitatteindre7,4%en2015et7,6%en2016.
Ilyaquelquesannées,unhautcadredesNationsuniesdéclaraitqueleRwanda
étaitenétatde«mortclinique»! Lacommunautéinternationalenedonnaitpas
cherdelapeaudecepaysafricain,surtoutaprèslegénocidede1994.LeRwanda
étaitunpaysdéchiréparunépouvantableconflitethnique,rongéparlacorruption,
auxmainsdechefsnevoyantqueleursintérêtspersonnelsetceuxdeleurclanou
deleurethnie.
UnenouvelleéquipeestarrivéeaupouvoirauRwandaaveclavolontédesortirde
l’enfer,demettrelatêtehorsdel’eauetderêvergrand.Ellen’apasfaitfidelajustice,
maiselleatoutliéaudéveloppementéconomiqueduRwanda.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le Rwanda est un modèle de
développementausuddelaplanète,surtoutsiontientcomptedel’histoirerécente
dupays.
Beaucoupdenousprofessentl’idéedéfaitistequenotrepaysnesortirajamaisde
sasituationchaotique.Denombreuxétrangers,enprivé,pensentmême,comme
cehautcadrepourleRwanda,qu’Haïtin’aaucunechancedes’ensortir.
MaisleRwandaadémontréqu’avecuneéquipesoucieusedel’intérêtnational,une
équipecomprenantbienlesréalitésdel’heureetprêteàfairetouslessacrifices,à
prendre tous les risques pour redresser la barre, on pouvait faire mentir les plus
solidesanalyses.
Avons-nouslacapacité,lavolontépourporteraupouvoiruneéquipecapablede
redonnervieànotrenation?Allons-nousfairelebonchoixauxurnesafindedoter
lanationdedirigeantscapablesdepenservraimentpaysetdeprendrelesdécisions
quis’imposent?
Làesttoutelaquestion.
Gary Victor
Édito
» suite de la première page
«
Monsieur Daniel Supplice
a fait des déclarations qui
ont mis à mal la position du
gouvernement haïtien » par
rapport à la crise entre les deux pays,
précise une source du ministère des
Affaires étrangères, qui souhaite
garder l’anonymat jusqu’à ce que
l’ambassadeur rappelé soit de retour
au pays. Les entretiens de Daniel
Supplice accordés aux médias Listín
Diario, de la République dominicaine,
Métropole et Le Nouvelliste à Port-
au-Prince, dans lesquels il a affirmé
« l’échec du PIDIH », le Programme
d’identification et de documentation
des immigrants haïtiens, et déclaré
Haïti comme le seul responsable de
l’actuelle crise, constituent dans les
couloirs du gouvernement la source
de cette décision de rappel définitif
de l’ambassadeur Supplice.
Le gouvernement déplore le fait
que ces déclarations du diplomate
haïtien aient été utilisées contre
les autorités haïtiennes à plusieurs
reprises, quand elles ont eu à
défendre la position d’Haïti dans
l’actuelle crise migratoire qui met
aux prises les deux Républiques.
Ne souhaitant pas donner de
détails, le chancelier haïtien ad
intérim, Lener Renaud, explique
qu’il « n’y a pas de raison cachée
à cette décision » et que « cela est
seulement administrative. »
Le coordonateur de la Fondation
Zile, Edwin Paraison, doute que
cela soit un simple changement
administratif. « Ce n’est pas un
changement de routine, parce que
l’ambassadeur n’a même pas encore
six mois dans le poste. »
Daniel Supplice a été nommé le
25 février dernier et son entrée en
fonction effective remonte à une
soixantaine de jours. Reconnaissant
que le gouvernement a le droit
de rappeler son ambassadeur à
n’importe quel moment, Edwin
Paraison juge dans une interview
au National que dans ce contexte
« il est clair que ce n’est pas un
rappel de routine ». L’ambassadeur
a été remplacé par Magalie Jeanty
Magloire, appelée à assurer
l’intérim. « Dans la conjoncture
actuelle, nous exhortons les
autorités haïtiennes à communiquer
les motifs de la décision, dans l’idée
d’éviter toute confusion », avance
le coordonnateur de la Fondation
Zile. Il souligne que certaines
personnalités de la République
dominicaine commencent à
estimer que cette décision pourrait
constituer « une réaction, une
action humiliante » à l’endroit des
autorités dominicaines.
La Coordination du Groupe d’appui
aux rapatriés et refugiés (Garr)
reste convaincue que la décision
de destituer l’ambassadeur pourrait
être réellement liée à son franc-
parler. « Nous ne sommes pas
sûrs que c’est en fonction de ses
déclarations que la décision à été
prise. Cependant c’est une cause
plausible », d’après Saint-Pierre
Beaubrun, coordonnateur du Garr,
contacté par Le National.
Saint-Pierre Beaubrun estime qu’
« un ambassadeur a une obligation
de réserve. Il a voulu être sincère
mais sa parole n’est pas libre. » Le
Garr croit « regrettable » la décision
de rappeler Daniel Supplice, une
décision qui risque d’affecter « la
continuité et la bonne marche »
du dossier de la crise migratoire
entre les deux pays. Saint-Pierre
Beaubrun continue de voir en
Supplice une personnalité qui
pourrait aider à dénouer l’actuelle
situation de trouble.
Dans un très court échange
téléphonique avec Le National,
Daniel Supplice affirme qu’il
est toujours en République
dominicaine et qu’il rencontrera
la presse à son retour. Il affirme
n’avoir aucune déclaration à faire
à la presse pour l’instant sur la
question de son rappel.
Daniel Supplice a été nommé après
une marche d’organisations de la
société civile le 25 février 2015.
Celles-ci avaient manifesté pour
dénoncer l’assassinat d’un Haïtien
en République dominicaine. Son
rappel survient après une nouvelle
marche de ces mêmes organisations
dans la capitale haïtienne, le mardi
21 juillet, pour dénoncer l’expulsion
vers Haïti d’immigrants haïtiens et
de dominicains dénationalisés au
regard de l’arrêt 168-13, adopté
par la Cour constitutionnelle domi-
nicaine le 23 septembre 2013.
Daniel Supplice limogé
pour avoir constaté
l'échec du PIDIH
Par Stephen Ralph Henri
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/DIPLOMATIE
La nouvelle est tombée tard dans la soirée du
mardi 21 juillet. L’ambassadeur d’Haïti en poste
en République dominicaine, Daniel Supplice est
remplacé provisoirement par Magalie Jeanty Magloire
qui assumait la fonction de ministre conseiller. Une
décision qui peut prêter à confusion et que le principal
concerné, toujours en territoire dominicain, ne
souhaite pas commenter pour l’instant.
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IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Argumentant cette position,
elle précise que l’UE n’avait pas
supervisé d’élections en 2010.
Une vérité connue de tous.
Le moment politique que
connaîtra le pays avec les élections
prochaines est important. L’Union
européenne le sait. Elle veut
contribuer. Sa démarche, défend
Elena Valenciano, ne serait
pas intéressée. Ou du moins,
explique-t-elle, son seul intérêt
réside dans le maintien des
efforts pour « l’élargissement de
la démocratie dans le monde »,
comme mentionné dans le texte
fondateur de cette communauté
européenne.
Une enveloppe évaluée entre trois
à quatre millions de gourdes sera
toutefois nécessaire pour réaliser
cette mission. Un budget qui
évoluera en fonction du nombre
de tours aux élections.
Le choix d’Haïti, « pays chéri
par les citoyens de l’Union euro-
péenne », pour le déploiement
de la MOE s’expliquerait par
« l’engagement et la solidarité
entretenue entre l’UE et le peuple
haïtien », précise-t-elle. En dépit
de cette marque de sympathie
et d’attention soutenue, cette
mission, informe celle qui est
également membre du Parlement
européen, est déployée suite à
l’invitation du gouvernement
haïtien et l’envoi d’une mission
exploratoire en Haïti qui s’est
déjà entretenue avec différents
acteurs.
La mission est déjà en selle
Actuellement, la mission, informe
madame Valenciano, analyse le
cadre juridique des élections.
Elle devra également procéder à
l’analyse du registre électoral, du
processus de dépôts de candida-
ture, de la campagne et de la lib-
erté de campagne, de la violence
électorale, du financement et de
l’utilisation des biens publics,
entre autres.
Un accent particulier sera mis
sur la couverture de la campagne
dans les médias, à travers un
monitoring, pour mesurer la
présence des différents candidats
dans les espaces médiatiques tant
privés que publics. La méthode
qui sera utilisée dans le cadre
de cette observation est celle
utilisée par les missions dans
tous ses précédents travaux. Elle
aurait déjà fait ses preuves. C’est
ce qu’avance le parlementaire
européen, sans donner trop
de détails. En tout cas, les
missionnaires promettent de
respecter les lois haïtiennes et les
protocoles d’entente signés avec
le Conseil électoral provisoire
ainsi que le code de conduite.
Ces documents, rapporte Elena
Valenciano, constituent leur cadre
de référence.
La MOE s’est aussi engagée
à fournir, deux jours après la
fermeture des bureaux de vote,
un rapport sur les conclusions
préliminaires des observations
des missionnaires déployés à
travers le pays. Quelques semaines
après la proclamation définitive
des résultats, un rapport final
contenant des recommandations
sera présenté. À cet effet, le
respect du protocole qui offre à
la mission la possibilité d’avoir
accès à toutes les informations
nécessaires pour mener à bien son
travail est nécessaire.
Plusieurs personnalités, comme
le président de la République,
Michel Joseph Martelly, le
Premier ministre Évans Paul, et
Mme Sandra Honoré, ont déjà
été rencontrées. La commission
s’est également entretenue avec
des leaders politiques, dont
Sauveur Pierre Etienne, Jacky
Lumarque, Moïse Jean Charles,
Maryse Narcisse, et surtout Jean
Bertrand Aristide qui, depuis son
retour en Haïti en 2011, a observé
un long et lourd silence public,
notamment en ce qui concerne
les questions politiques. Cette
mission d’observation, qui sera
déployée le vendredi 24 juillet
à travers les dix départements
du pays, est composée d’une
équipe de sept analystes couvrant
différents domaines. Également
de 22 observateurs de longue
durée et de 24 observateurs de
courte durée.
Ces derniers viendront sur le
terrain la veille des élections.
Ils seront renforcés par des
observateurs diplomatiques
européens.
Au total, ce sera une équipe dont
l’effectif sera compris entre 70 à 80
observateurs qui seront déployés
par l’UE pour les trois tours de
scrutins, a précisé Jose Antonio
de Gabriel, chef observateur
adjoint, qui participait aussi à
cette rencontre avec la presse du
mercredi 22 juillet 2015.
L'UE ne fera pas d'ingérence !
Par Lionel Edouard
HAÏTI/ÉLECTIONS
» suite de la première page
Elena Valenciano, chef de la Mission d’observation électorale de l’UE en Haïti. / Photo : J. J. Augustin
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 5
ACTUALITÉ
E
dmonde Supplice Beauzile,
présidente de la Fusion
des sociaux-démocrates et
candidate à la prochaine
présidentielle, n’y va pas par quatre
chemins pour assimiler ce crime à
un complot visant à déstabiliser les
partisans et l’électorat de la Fusion à
l’approche des prochaines élections.
Aussi a-t-elle dénoncé certaines
persécutions politiques dont sont
victimes les candidats de son parti,
notamment dans le Sud-Est et le
Centre où certains représentants de
la Fusion aux différents postes électifs
font l’objet de graves menaces. «
Nous interprétons ce qui s’est passé
comme une politique de persécution
contre des candidats bien placés
pour remporter les élections », a fait
savoir pour sa part Rosemond Pradel,
précisant que le climat de violences
qui prévaut actuellement dans le
pays est susceptible de compromettre
le bon déroulement des joutes
électorales.
Dans un laps de temps, Rosemond
Pradel se rappelle plusieurs cas
de violences perpétrées contre
des candidats de son parti. Bien
avant la mort de Pierre Lafond,
la résidence du candidat à la
mairie de Bainet, Raymond Jean-
François, sous la bannière de la
Fusion des sociaux-démocrates,
a été attaquée par des hommes
armés. Kensy Jean François,
un mineur de 16 ans, neveu du
candidat, a été blessé par balle et
les envahisseurs avaient emporté
des documents appartenant à Ray-
mond Jean François. Le candidat
au Sénat pour le département
fait l’objet de vives menaces et le
candidat à la députation de Saut-
d’Eau a failli laisser sa peau dans
un guet-apens, a souligné Rose-
mond Pradel, qui dit être en train
de collecter des informations pour
pouvoir engager des poursuites
auprès de la police et de la justice.
En ce qui concerne la mort de
Pierre Lafond, d’autres versions
circulent sur les causes de son
décès. L’une laisse croire que
ce crime aurait été commis par
l’agent de sécurité du candidat
à la députation de Marigot sous
la bannière de Pont, Déronneth
Déus. Ce dernier a vite démenti
cette information faisant croire
que Gétho Bissainthe aurait été
son agent de sécurité, dénonçant
du même coup une campagne de
dénigrement contre sa personne.
Il a affirmé avoir eu de bons rap-
ports avec Pierre Lafond qui avait
même pris part au lancement de
sa campagne tout récemment.
Préfète Michel, deuxième membre
du cartel de Pierre Lafond, présent
au moment de l’incident, a essayé
de rétablir la vérité en expliquant
que Pierre Lafond a été atteint au
moment où il tentait de calmer
une dispute entre Gétho Bis-
sainthe et une femme (présentée
comme la compagne du tueur).
Cet accident a provoqué de vives
tensions au sein de la population
de Marigot, visiblement fatiguée
par ces actes de violences. Iden-
tifié comme « zone rouge », le
département du Sud-Est est
en train de le prouver encore à
travers les cas de violences déjà
enregistrés à deux semaines de
l’ouverture de la campagne électo-
rale. Les partisans du Parti haïtien
Tèt kale, avec les frères Lambert
aux commandes, sont présentés
comme les principaux fauteurs de
troubles, en apposant les affiches
des candidats du parti du pouvoir
sur les murs des maisons privées
au mépris des dispositions du
décret électoral interdisant de tels
actes.
W
illy Duchene, citoyen
américain, a été écarté
de la course électorale
par le Conseil électoral
provisoire (CEP) selon une note de
presse émanant de l’organe électoral,
publiée le mercredi 22 juillet 2015.
D’après cette note, le CEP a,
révélé que la candidature du
citoyen Willy Duchene, du Parti
républicain haïtien, est rejetée de
la liste des concurrents agréés à
participer à la présidentielle qui
se tiendra des 25 octobre et 27
décembre 2015. Le motif. Il est
retiré pour fausse déclaration sur
sa nationalité.
Dans sa mission de veiller
au respect scrupuleux des
dispositions du Décret électoral,
le Conseil a été en mesure de
vérifier que le nommé Duchene
est citoyen américain.
Il a été enregistré comme votant
aux élections des États-Unis
d’Amérique (en Floride), le 20
avril 1995. Son numéro de votant
est le suivant : 101740814. À
cet effet, poursuit cette note, le
nommé Willy Duchene est écarté
de la course électorale.
Après le rejet de la candidature
de Jacky Lumarque, le poulain
de la Plateforme « Verite » celui
de Levelt François en juin dernier
et l’éviction de Willy Duchene,
la liste des candidats agréés est
désormais réduite.
Elle est passée de 58 à 55 candidats
provisoirement en attendant la
publication de la liste définitive
des aspirants à la présidentielle
de 2015.
La Fusion des sociaux-démocrates
dénonce des persécutions politiquesPar Noclès Débréus et Pierre Paul Ancion
HAÏTI/ÉLECTIONS/VIOLENCES
Les responsables de la Fusion des sociaux-démocrates ont condamné, lors d’une conférence tenue ce mercredi 22
juillet 2015, la mort de Pierre Lafond, candidat à la mairie de Marigot, décédé tôt dans la matinée du mercredi
à l’hôpital Saint Michel de Jacmel après avoir été atteint de deux projectiles tirés par Gétho Bissainthe. Outre ce
cas, Edmonde Beauzile et Rosemond Pradel, respectivement présidente et secrétaire général du Parti, dénoncent
vertement un complot ourdi contre les candidats de la Fusion.
Edmonde Supplice Beauzile, présidente de la Fusion des sociaux-démocrates. /
Photo : J. J. Augustin
Willy Duchene.
Willy Duchene écarté de la course
Par Reynold Aris
HAÏTI/ÉLECTIONPRÉSIDENTIELLE
6 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
J
oint au téléphone par Le
National, Me Miken Nordé
confirme que l’affaire a été
entendue au parquet de Jérémie
par le commissaire de gouvernement,
Me Antoine Rosny Saint-Louis. Ce
dernier, selon lui, aurait souscrit
à la position des avocats de Sorel
Jacinthe demandant de renvoyer le
dossier après les élections au regard
du décret électoral en vigueur. Bien
qu’il dise déceler une tendance de
l’avocat de la société en faveur de la
partie défenderesse, il affirme son
intention de saisir directement le
tribunal correctionnel dans ce dossier.
Que disent les articles 237 et
116 du décret électoral ?
Les avocats de l’accusé se sont
appuyés sur le décret électoral en
son article 237 pour demander
que l’affaire soit entendue après
les élections. L’article stipule:
« Pendant toute la durée de
la campagne électorale aucun
citoyen, dont la candidature à
une fonction élective a été agréée
par le Conseil électoral provisoire
ne peut être l’objet de mesures
privatives de liberté qu’en vertu
d’une condamnation définitive,
sauf en cas de flagrance. »
Intervenant sous le couvert
de l’anonymat, un juriste,
commentant ce texte, estime
que cet argument retenu par les
avocats du candidat au Sénat,
Sorel Jacinthe, n’exclut en aucun
cas des poursuites qui pourraient
être engagées contre un candidat
durant le processus électoral.
C’est pourquoi, croit-il, le contre-
argument évoqué par la partie
demanderesse tient.
« Pendant tout le processus
électoral, les candidats et leurs
partisans doivent observer une
attitude correcte. Ils doivent se
garder de toute incitation et à (sic)
tout acte mettant en péril la vie
et les biens de la population sous
peine de sanctions prévues par
le Code pénal. Le commissaire
du gouvernement ou le juge de
paix, assisté d’agents de la PNH,
régulièrement saisis par le CEP,
engage les poursuites », stipule
l’article 116 du décret électoral.
Poursuivant sa lecture du dossier,
le juriste pense que l’ex-président
de la Chambre des députés serait
couvert par une certaine immunité
au regard de l’article 237 du
décret électoral.
Car, explique-t-il, si la partie
plaignante est incapable d’établir
la flagrance des faits reprochés
à Sorel Jacinthe, aucune peine
restrictive ne peut être infligée
à celui-ci durant la période
électorale. Rappelons dans ce
dossier que M. Jacinthe a été
accusé de tentative d’assassinat
sur le juge suppléant, Me Miken
Nordé.
Le juriste dit relever une grande
anomalie dans cet article, compte
tenu des restrictions de mesures
disciplinaires qu’il permet à un
candidat de jouir aux prochaines
élections. Toutefois, Me Nordé
envisage, de concert avec ses
avocats, de procéder par citation
directeaucorrectionnel.Étantsaisi
directement de l’affaire, le dossier
pourrait, selon lui, être entendu
dans un bref délai. Cependant,
craint-il, le dossier devra être
assisté du ministère public en
la personne du commissaire du
gouvernement. Or, il dit déceler
la tendance du représentant de
la société favorable au renvoi du
dossier après les élections.
D’aucuns se souviennent que l’ex-
député de Moron-Chambellan,
pour se défendre des accusations
portées à son encontre, avait
lui-même brandi la carte des
élections. Selon lui, ses adversaires
politiques chercheraient à le
miner à la veille des législatives
prévues le 9 août prochain.
Depuis le 6 août, la citée des
Poètes s’est réveillée avec un
nouveau scandale opposant un
juriste à un candidat au Sénat. Le
juge suppléant de la commune de
Moron, Me Miken Nordé, accuse,
sur les ondes, le dirigeant du parti
politique « Inite », Sorel Jacinthe,
de l’avoir agressé physiquement.
Il s’est ensuivi, depuis, un arrêt
de travail observé les 8 et 9 juillet
écoulés par tous les juges de la
juridiction de la Grand-Anse en
solidarité avec leur pair.
Une affaire d'immunitéPar Jean Michel Cadet
JÉRÉMIE/JUSTICE/SORELJACINTHE
L’Affaire opposant le juge suppléant de la commune de Moron, Me Miken Nordé, et
le candidat au Sénat, Sorel Jacinthe, a été entendue le vendredi 17 juillet dernier. Les
avocats de la défense évoquent l’article 237 du décret électoral pour demander le
report du dossier après les élections. Alors que la partie plaignante brandit l’article
116 de ce même décret pour contester cette proposition.
F
inancé à hauteur de 50 mille
dollars américains par la
Minustah, ce projet sera implé-
menté à travers sept des dix
départements du pays, notamment
le Nord, le Nord-Est, l’Artibonite, le
Plateau central, le Sud, le Sud-Est et
la Grand-Anse.
Au total, ce sont 25 communes
qui bénéficieront des activités
qui seront réalisées dans le cadre
de ce projet qui débutera à la fin
du mois de juillet pour prendre
fin au début du mois d’octobre.
« Sitwayen afiche w, vin brase
lide sou desantralizasyon nan 25
komin peyi a sòti nan Nò rive nan
Sid », est le message principal
qui sera adressé aux citoyens
qui bénéficieront d’ateliers de
discussions et de conférence-débats
pour parfaire leurs connaissances
dans le domaine.
Ce projet vise, entre autres, à
arriver à un véritable travail de
décentralisation, pour doter les
collectivités territoriales des
moyens nécessaires en vue de
s’auto-administrer et d’atteindre la
voie du développement.
La décentralisation
« La décentralisation est
incontournable en ce qui concerne
les mécanismes à mettre en place
en vue d’adresser les différents
problèmes de la population », a fait
savoir le directeur des Collectivités
territoriales, Ruthlande Anglade.
Ainsi, il formule trois propositions
qui sont : l’intégration de tous
les acteurs-clés permettant de
faciliter son implémentation dans
le pays, l’inventaire sur l’ensemble
des travaux déjà réalisés dans ce
domaine, statuer sur le niveau
de décentralisation souhaité en
évaluant les premiers travaux qui
n’ont pas pu atteindre les résultats
escomptés.
Le président du Conseil
d’administration de Gade-Haïti,
Fednel Zidor, a, pour sa part, indi-
qué que la décentralisation est un
prescrit de la Constitution du 29
mars 1987. Il a déclaré que la non-
réalisation des élections depuis
environ quatre ans, a conduit les
autorités centrales à désigner des
agents exécutifs intérimaires (AEI)
en remplacement des élus locaux.
En pareille situation, dit-il, on se
trouve dans la déconcentration et
non dans la décentralisation. Étant
donné que ces agents, explique-t-
il, ont été nommés, ils ne sont pas
habilités à prendre certaines déci-
sions dans l’intérêt de leur com-
mune, leur section communale. Il
s’agit d’un acte contraire à la loi.
Très acerbe, le numéro un de
Gade-Haïti a indiqué que la
décentralisation ne peut se faire
via l’intervention de l’État central.
Il rappelle qu’elle est le fruit de
l’organisation des élections selon
les échéances prévues par la loi.
Aussi exhorte-t-il les citoyennes et
citoyens à participer massivement
aux prochaines compétitions
électorales.
Selon lui, la décentralisation est
liée au transfert de compétences,
de pouvoir et de moyens. Cette
démarche, explique M. Zidor,
participe du renforcement de
l’autonomie des différents élus
locaux et revêt une grande impor-
tance pour le fonctionnement du
pays. Il a en outre informé qu’à
l’issue des différentes activités ins-
crites dans le cadre de ce projet des
actes d’engagement seront signés.
Ainsi, un document sera soumis
aux autorités via le MICT afin de
placer la notion de décentralisation
au centre des débats électoraux à la
fin de cette année.
De son côté, Patrick Schee,
représentant de la Minustah a salué
la mise en œuvre de ce projet qui
vise à renforcer les institutions du
pays, spécialement les pouvoirs des
élus locaux.
HAÏTI/COLLECTIVITÉSTERRITORIALES
GADE appelle à une politique
nationale de décentralisationPar Reynold Aris
Le Groupe d’appui à la décentralisation en Haïti (Gade-Haïti), le ministère de
l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT) et la Minustah, entendent
dynamiser les collectivités territoriales. Aussi ont-ils lancé officiellement, mercredi,
le Projet de mobilisation citoyenne et de plaidoyer en faveur d’une politique
nationale de décentralisation.
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 7
D
ans le cadre de cette
enquête, 1 463 membres de
l’OCID ont été déployés de
manière aléatoire sur les dix
départements du pays. Contrairement
aux spéculations de la grande
majorité, au menu de l’enquête, il a
été plutôt question des desiderata
de la population à l’approche des
joutes électorales, en lieu et place
d’examination des facteurs de
chances, de l’intention de voter tel
ou tel candidat lors de ces élections.
Ces enquêtes ont été menées sous la
direction de Neil Nevitte, chercheur
à World Values Survey, consultant
au National Democratic Institute
(NDI) et professeur au département
des sciences politiques à l’Université
de Toronto. Les résultats ont été
vulgarisés dans un atelier tenu le
mercredi 22 juillet à l’hôtel Montana,
en présence de plusieurs acteurs
concernés.
Les questions faisant l’essentiel
de cette enquête étaient centrées
spécifiquement sur les plus graves
problèmes auxquels Haïti se
trouve confrontée de nos jours,
les intentions de prendre part au
processus, l’arbitrage, les intérêts
pour les questions politiques,
ainsi que les questions de fausses
promesses et d’achats de vote.
Parmi ceux qui ont répondu à
ces différentes interrogations, 64
% ont l’intention de voter, 14 %
n’ont pas encore de décision et
23 % n’entendent pas remplir ce
devoir civique, tout en évoquant
comme motif, l’absence de la carte
d’identification nationale (CIN).
Par ailleurs, d’autres données
de l’enquête révèlent un large
soutien favorable pour un arbitrage
national des élections à 80 %,
contre un arbitrage des homologues
internationaux. Une personne sur
huit questionnés, affirme avoir
déjà reçu des pots-de-vin contre
son vote. Les résultats du sondage
ont prouvé que la jeunesse est la
catégorie la plus intriguée par la
situation actuelle du pays. Ils sont
en majorité entre 18 à 25 ans
à répondre au questionnaire et
représentent 35 % des interviewés.
Ceux qui sont dans l’intervalle
26 à 35 ans constituent en effet
25 %. Les adultes de 36 à 50
ans correspondent à 22 %, et la
tranche de 50 ans et plus forme les
autres 18 % de l’échantillon. Tout
le territoire national a été touché
par cette étude. 19 % des sondés
habitent la zone métropolitaine, 30
% des villes de province, et 51 % en
milieu rural
Les attentes sont des débats
et de bons programmes
Pour Rony Desroches, représentant
de l’Initiative de la société civile
(ISC), c’est une enquête qui a pour
objectif d’apporter des données
systématiques pour les candidats
à tous les niveaux du processus
électoral, de les mettre en face des
vrais problèmes et préoccupations
de la population. L’initiative,
avance-t-il, a été prise après s’être
penché sur le taux de chômage,
la dégringolade de la gourde, les
problèmes environnementaux. Le
besoin d’un renouveau politique se
fait sentir, il est temps de jeter un
regard scientifique sur les réalités
politiques haïtiennes. L’enquête
nous a permis d’identifier les
besoins des différentes couches
de la société, les problèmes de
méfiance de l’administration, pour
ensuite les exposer à ceux et celles
qui veulent prendre les rênes de la
gouvernance de ce pays.
Jean Frantz Jean-Louis, le ministre
chargé des Questions électorales, a
pour sa part salué cette initiative,
qui pour lui est une campagne
de vulgarisation des informations
à propos de l’engagement des
citoyens dans le processus qui
devrait commencer à se matérialiser
coûte que coûte le 9 août prochain.
Il croit que ces informations
vont permettre aux candidats de
connaître les inquiétudes et les
attentes de la population.
Les candidats et les partis
politiques, suppose-t-il, vont avoir
recours à ces données pour mieux
envisager leur campagne électorale,
mieux charpenter leur programme
politique, et aussi rectifier le tir
sur des documents de cadrage déjà
élaborés par d’autres candidats et
partis.
L’OCID dit espérer vivement que
les constats présentés par cette
enquête et les questions qu’elle
soulève pourront, dans les jours
qui viennent, alimenter des
débats constructifs, notamment
au sujet de la préoccupation de la
population et de la problématique
de l’engagement du citoyen.
Le processus électoral en panne de confiance
Par Évens RÉGIS
HAÏTI/SONDAGE
Les résultats d’une enquête menée sur un échantillon de plus de 3 700 personnes, concernant le processus
électoral, par l’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (OCID), ont révélé que 52 % des
hommes et 58 % des femmes de la population ne font pas confiance au processus. Et ils ont évoqué le chômage,
la pauvreté, l’insécurité, la corruption et les troubles politiques comme étant les véritables problèmes auxquels
Haïti est confrontée.
8 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
MONDE
P
our rentrer dans le moule, elle
avaitdûsecouperlescheveux,
se souvient Maria Eugenia
Etcheverry. Aujourd’hui, elle
commande une unité des forces aéri-
ennes en Uruguay, pionnière dans une
Amérique latine qui compte 4 % de
femmes militaires.
Première femme à occuper un tel
poste en Uruguay, avec 16 hommes
sous ses ordres, elle a l’habitude
d’attirer l’attention depuis 1997,
quand elle avait été l’une des deux
élèves féminines à entrer à l’Ecole
militaire aéronautique, l’année
même de son ouverture aux deux
sexes, une mesure adoptée à peu
près à la même époque dans la reste
de la région.
Avec sa camarade de promotion
Carolina Arévalo, elles ont alors eu
l’impression de servir de cobayes
pour une institution un peu
désarçonnée par la nouveauté.
« Au début, ils nous ont coupé les
cheveux car le règlement (pensé
pour les hommes) disait qu’ils ne
pouvaient pas toucher le col de
l’uniforme », raconte Maria Eugenia.
« Puis ils nous ont laissé les faire
pousser, car la perception avait
changé. Cela a été comme ça avec
tout », dit la jeune femme qui,
après avoir revendiqué sa longue
chevelure blonde, l’a finalement
recoupée cette année pour plus de
commodité.
Devenue dès 2002 la première
femme pilote de combat du Cône
sud, partie d’Amérique latine
regroupant l’Uruguay, le Paraguay,
l’Argentine et le Chili, Maria
Eugenia reste une exception dans
une région où à peine 4 % de la force
militaire est composée de femmes,
selon le Réseau de sécurité et de
défense d’Amérique latine (Resdal).
Mais les choses commencent à
changer : en Argentine, au Chili,
en République dominicaine, en
Uruguay et au Venezuela, 16 à 18
% du contingent est désormais
féminin, indique cette association.
Même si l’égalité hommes-femmes
reste un défi dans cette partie du
monde, on trouve déjà des femmes
à la tête du ministère de la Défense
au Venezuela (Carmen Meléndez) et
en Equateur (Guadalupe Larriva).
D’autres ont occupé ce poste au
cours des 15 dernières années, en
Argentine, en Bolivie, au Paraguay,
en Colombie, en Equateur,
en Uruguay et au Chili, où
l’emblématique Michelle Bachelet,
aujourd’hui présidente, dirigea ce
ministère de 2002 à 2004.
Un cours de maquillage
La présence des femmes à des
postes de commandement au sein
même de l’armée est toutefois
récente, survenant au Venezuela et
en Bolivie car ces pays ont été les
seuls de la région autorisant l’entrée
des femmes dans les académies
militaires dès les années 1970.
« La question n’est pas encore
réglée, mais les choses ont
beaucoup changé », observe
Samanta Kussrow, chercheuse de
l’association Resdal.
« L’idée n’est pas de remplir des
quotas, mais de voir (ce qui se
passe) à l’intérieur des forces
armées, et le fait qu’une femme
puisse commander une unité, cela
fait partie » du changement, ajoute-
t-elle. En Bolivie, Gina Reque
Teran est devenue cette année la
première femme à détenir le plus
haut grade de l’armée de son pays
- général de brigade -, avec une
histoire personnelle atypique, étant
la fille de celui qui avait dirigé les
opérations de capture du guérillero
argentin Ernesto « Che » Guevara
en 1967.
Mariée et mère d’un enfant, Maria
Eugenia Etcheverry a l’habitude
qu’on la questionne sur sa vie au
sein d’un univers si masculin, se
rappelant en riant les efforts de
l’armée pour l’intégrer.
« Ils ont fait venir une professeur de
maquillage pour nous donner une
leçon un samedi matin. J’étais de
garde ce week-end là et, à la fin du
cours, alors que j’étais maquillée
comme pour sortir en soirée, ils
m’ont ordonné de rester comme
ça. C’était ridicule, comme s’ils ne
savaient pas quoi faire de nous! ».
Il n’y a pas que des anecdotes légères
dans le parcours de la militaire, qui
se souvient que « parfois il y avait
de la discrimination, pas avec des
mots mais plutôt en action. Il fallait
faire ses preuves ».
« Aujourd’hui c’est différent,
le chemin a été aplani pour les
femmes ».
Il reste encore du travail, pourtant:
15 ans après sa sortie de l’école
militaire, seule 16 % de la
hiérarchie supérieure au sein des
forces aériennes uruguayennes
est composée de femmes et, selon
ses calculs, il n’y a pas plus de 10
femmes pilotes de chasse dans le
pays.
En Amérique latine, l'armée apprend à faire
une place aux femmes
Sources : afp
Maria Eugenia Etcheverry dans la base militaire de Durazno, à 200 km au nord
de Montevideo le 20 mai 2015. / Photo: AFP/AFP
La Maison blanche parachève son plan de
fermeture de Guantanamo
Sources : Reuters
L
a présidence américaine a fait
savoir mercredi qu’elle mettait
la dernière main à son projet
de fermeture de la prison con-
troversée de Guantanamo, située à la
pointe orientale de l’île de Cuba.
Le porte-parole de la Maison
blanche, Josh Earnest, a déclaré
que la présidence espérait « court-
circuiter » l’opposition à ce sujet
des Républicains au Congrès.
Barack Obama, qui s’était pour-
tant engagé à son arrivée au pou-
voir en 2009 à fermer au plus vite
ce centre de détention militaire,
n’a jamais réussi à faire aboutir
ce projet en raison de difficultés
juridiques soulevées par le Con-
grès.
Ouvert un an après les attentats du
11 septembre 2001 au sein d’une
base militaire sur l’île de Cuba, le
camp de Guantanamo a vu passer
près de 780 détenus, faits prison-
niers par les Etats-Unis dans le
cadre de leur « guerre contre le
terrorisme ».
A ce jour, 116 personnes s’y trou-
vent encore.
La prison de Guantanamo est
critiquée par les associations de
défense des droits de l’homme,
qui dénoncent les exactions qui
y auraient été commises, et sert,
selon le gouvernement américain,
la propagande djihadiste.
Fin décembre, Barack Obama
avait répété qu’il était « prêt à
faire tout (son) possible » pour
fermer le centre.
La présidence américaine met la dernière main à son projet de fermeture de
la prison controversée de Guantanamo, située à la pointe orientale de l’île de
Cuba. Ouvert un an après les attentats du 11 septembre 2001 au sein d’une
base militaire, ce camp a vu passer près de 780 détenus, faits prisonniers par les
Etats-Unis dans le cadre de leur “guerre contre le terrorisme”. / Photo d’archives
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 9
MONDE
Deux attentats suicides font au
moins 13 morts au CamerounSources : Reuters
U
ne course contre la montre
semblait engagée mercredi
pour retrouver trois journali-
stes espagnols, portés dis-
parus depuis dix jours à Alep, dans
le nord de la Syrie, où l’Espagne a
mobilisé ses agents de renseignement.
« L’activité est maximale » pour
les retrouver, a dit mercredi le
ministre des Affaires étrangères
espagnol Jose Manuel Garcia
Margallo, précisant n’avoir reçu «
aucune revendication » en lien avec
cette disparition et assurant ne «
privilégier aucune hypothèse » à ce
stade, sans écarter ni confirmer un
enlèvement.
« Laissez-nous travailler avec
discrétion car croyez-moi c’est ce
qui convient le plus à vos confrères
», a-t-il ajouté, en réponse à la
question d’un journaliste lors d’un
forum à Madrid.
Mardi soir, la Fédération des
associations de journalistes
espagnols (FAPE) avait annoncé la
disparition d’Antonio Pampliega,
né en 1982, Jose Manuel Lopez,
né en 1971 et Angel Sastre, 35
ans. Confirmant l’information,
leurs familles ont appelé les médias
à faire preuve de « patience » et
“respect”.
Ils travaillaient récemment pour
des médias espagnols, notamment
les quotidiens ABC et La Razon,
la chaîne Cuatro, et la radio Onda
Cero.
L’observatoire syrien des droits
de l’Homme (OSDH), citant des
témoins, a indiqué que les trois
journalistes ont été vus pour la
dernière fois le 13 juillet dans le
quartier de Maadi (Alep), contrôlé
par plusieurs groupes rebelles.
Ils circulaient à bord d’une
camionnette blanche et, selon cette
source, auraient été emmenés par
un groupe d’hommes.
Le ministre des Affaires étrangères
a cependant refusé de confirmer
cette information.
Ces trois reporters free-lance ne
manquent pas d’expérience.
Antonio « Toni » Pampliega, qui
travaille sur plusieurs supports -
texte, vidéo, photo - a contribué à
la couverture du conflit en Syrie
par l’AFP jusqu’en 2013. Il a aussi
travaillé en Irak.
C’était aussi le cas du photographe
Jose Manuel Lopez, dont les
dernières photos pour l’AFP
remontent à septembre 2014,
sur la ligne de front séparant les
forces kurdes irakiennes et les
combattants de l’Etat islamique.
Lopez a reçu plusieurs prix pour ses
implacables images des victimes de
la guerre, en Syrie et ailleurs.
En 2010, dans une tribune du Pais,
Pampliega, un passionné, a décrit
comment à 25 ans, il avait atterri
dans « l’une des villes les plus
dangereuses du monde: « Défiant
les conseils et infligeant un terrible
choc à mes parents, le 29 janvier
2008, j’ai pris un avion destination
Bagdad », a-t-il écrit en décrivant
ses efforts de free-lance sans le sou
pour devenir « un grand journaliste
».
Angel Sastre, qui a commencé
sa carrière de grand reporter en
Amérique latine, a lui assuré, dans
un entretien qu’il était conscient du
risque d’enlèvement voire de mort
en Syrie. « Courage », a-t-il écrit
dans son dernier message sur le
réseau social Twitter, le 10 juillet.
Agents de renseignement
Le ministre des Affaires étrangères a
précisé que des agents des services
de renseignement espagnols étaient
mobilisés en Syrie.
« Le ministère est en contact
permanent avec l’ambassade en
Turquie qui supervise les opérations
», a déclaré le ministre.
« Il y a des gens du CNI (Centre
national de renseignement) qui sont
en Syrie et nous aident », a-t-il dit.
« Nous n’avons rien de nouveau ces
dernières heures », a aussi indiqué
le ministre de la Justice Rafael
Catala évoquant des efforts de «
localisation ».
La ville d’Alep, divisée depuis
la mi-2012 entre rebelles et
loyalistes, vit régulièrement sous
les bombardements. La guerre en
Syrie, qui avait commencé par
des manifestations pacifiques
réprimées dans le sang, a fait plus
de 230 000 morts depuis mars
2011. Régime, rebelles, Kurdes
et jihadistes s’affrontent sur un
territoire de plus en plus morcelé.
En septembre 2013, trois autres
journalistes espagnols avaient déjà
disparu en Syrie. Ils avaient été
enlevés, puis libérés, en mars 2014.
Le reporter du quotidien El Mundo
Javier Espinosa, le photographe
free-lance Ricardo Garcia Vilanova,
et Marc Marginedas, du journal El
Periodico ont tous été otages du
groupe Etat islamique (EI).
La Syrie est considérée comme
le pays le plus dangereux du
monde pour les journalistes par
l’organisation Reporters sans
frontières (RSF), qui estime qu’au
moins 44 journalistes y ont été tués
depuis 2011.
Selon, RSF au moins 30 journalistes
et bloggeurs seraient prisonniers
dans les prisons du régime et au
moins 25 autres, dont six étrangers,
seraient otages du groupe Etat
islamique ou d’autres groupes
extrémistes.
L'Espagne mobilise ses agents pour retrouver trois
journalistes disparus en Syrie
Sources : AFP
Jose Manuel Garcia Margallo, ministre des Affaires étrangères espagnol. / Photo
: KARAM AL-MASRI/AFP
D
eux attentats suicides ont
fait au moins 13 morts et 32
blessés mercredi à Maroua,
la capitale de la région de
l’Extrême-Nord au Cameroun, a
annoncé la présidence camerounaise.
La première explosion a visé un
marché, la seconde un quartier
densément peuplé, dit-on de
source militaire.
L’attaque n’a pas été revendiquée
mais elle porte la marque de Boko
Haram, d’autant que le groupe dji-
hadiste a récemment multiplié les
actes .
Du même genre au Nigeria et dans
les pays limitrophes - Tchad, Niger
et Cameroun.
« Les gens couraient partout », a
raconté un témoin, qui dit être
arrivé sur les lieux peu après la
première explosion.
Sur les images de Reuters, on peut
voir le sol jonché de débris et des
soldats, ainsi que les services de
secours chercher des corps.
Le bilan s’élève à 13 morts selon
un communiqué du président,
Paul Biya, mais le gouverneur de
la région, cité par la télévision
publique CRTV, a pour sa part fait
état de 17 morts.
Le 13 juillet, un double attentat
suicide avait tué dix civils et un
soldat tchadien à Fotokol, dans la
même région.Photo : Reuters
10 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
La BRH tente de stabiliser
le marchépar Gary Victor
A
u cours d’un déjeuner-
rencontre à la BRH, auquel
avaient été conviés différents
médias de la capitale, le gou-
verneur Charles Castel, entouré des
membres du Conseil de l’institution,
a tenu à rappeler les causes conjonc-
turelles de la crise. Il a cité entre
autres, la raréfaction de l’offre, qui
s’était manifestée par une contrac-
tion des volumes de transaction, la
baisse importante des ressources en
devises liée au retrait des ONG, les
effets du désengagement progressif de
la Minhustha, ainsi que les dépenses
dans le secteur de l’énergie qui sont
financées en partie par le budget et
par les ressources hors budget telles
celles de PetroCaribe.
Les experts de la BRH croient qu’il
est aussi important de se pencher
sur les déficiences structurelles de
l’appareil productif national, car-
actérisé par une insuffisance de la
production à la fois pour le marché
local et pour les exportations, qui
ont conduit au déséquilibre de la
balance des paiements avec des
importations financées pour la
plupart par les transferts privés
et publics.
Charles Castel a insisté sur les
principales mesures prises par la
BRH pour juguler la crise provo-
qué par la volatilité du taux de
change en rappelant que la loi du
17 août 1979 - chapitre 1, article
2 – donne à l’institution une mis-
sion bien précise qu’on ne peut se
permettre d’outrepasser, chaque
institution au niveau de l’État
ayant un rôle bien précis à jouer
pour le bon fonctionnement de la
République.
La BRH compte injecter ainsi sur
le marché des changes dans les
mois qui vont suivre 175 millions
de dollars US. Le mardi 21 juillet,
les banques ont reçu un avis de la
BRH les informant qu’elle décid-
ait d’injecter 5 millions de dollars
US sur le marché, la UNIBANK,
la SOGEBANK, la Capital BANK,
la BNC, La CITIBANK, la BUH,
la Scotiabank et la BPH recev-
ant chacune 600 mille dollars us,
tandis que la SOGEBEL obtenait
200 mille dollars.
Les conditions établies par la
Banque centrale sont accompag-
nées de directives claires. Le taux
de vente de la BRH étant de 55,70
gourdes, la banque receveuse doit
s’engager à revendre au taux de
56 gourdes pour 1 dollar US, à
un maximum de 10 mille dollars
US par client. Elle a également
pour obligation de soumettre à
la BRH les informations relatives
aux transactions effectuées (ache-
teurs, montants et taux).
D’autres dispositions prises par la
BRH obligent les demandeurs de
dollars pour l’achat de produits
pétroliers à s’adresser désormais
directement à la Banque centrale
et non plus aux banques commer-
ciales privées. Les compagnies de
téléphonie mobile devront elles
aussi diminuer la pression sur les
banques commerciales en allant
frapper aux portes de la BRH.
Les responsables de la banque
d’État encouragent également les
intéressés à se porter acquéreurs
des Bons BRH qui, à partir d’une
transaction de 50 mille gourdes,
est rémunéré à 7 % tout en proté-
geant le porteur de toute dévalua-
tion de la monnaie nationale.
Bref, tout un train de mesures et
d’autres qui devraient permettre,
selon la BRH, de stabiliser la situ-
ation, l’institution prenant soin
toutefois de rappeler qu’il est
important de s’adresser aux vrais
problèmes de fond.
TAUXDECHANGE
Le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti réaffirme la capacité de l’institution à faire face à la crise
monétaire.
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 11
ÉCONOMIE
AGRICULTURE/SÉCHERESSE
Artibonite : les paysans aux
abois, le MARNDR annonce de
nouvelles actionsPar Par Therno N. A. Sénélus
Pour faire face à la situation de précarité agricole qui sévit dans le pays, le directeur départemental du ministère
de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR), Jocelin Jean, a confié, mardi, à
Le National, que l’institution compte distribuer des intrants agricoles aux agriculteurs artibonitiens.
L
e haricot, le maïs, les légumes
sont, entre autres, des
semences qui seront mises à
la disposition des paysans par
le MARNDR. Dans certaines zones,
des agriculteurs ont déjà commencé à
labourer leur parcelle afin de procéder
aux ensemencements, a fait savoir
Jocelin Jean.
Le directeur départemental a pré-
cisé que la sécheresse qui frappe
le pays est engendrée par le phé-
nomène El Niño qui chamboule
une bonne partie de l’Amérique
centrale et de la Caraïbe. Cette
diminution de la quantité de pluie
a une incidence sur les denrées
agricoles en Haïti. Il s’est entre-
tenu avec des partenaires œuvrant
dans le sous-secteur de la zone
en vue de déterminer de meil-
leures stratégies de renforcement
de leurs capacités tout en con-
tribuant à la création d’emplois
temporaires dans la conservation
de sol et d’autres programmes de
gestion des ressources naturelles.
Au niveau de la direction départe-
mentale, a assuré Jocelin Jean,
d’autres moyens sont envisagés
dans le but de mettre en branle
des chantiers et de financer des
projets à haute intensité de main
d’œuvre. Mais le plus difficile
reste à faire.
Une situation difficile
La sécheresse bat son plein à
Terre-Neuve et à Bassin-Mangnan,
avec tous ses effets négatifs. Insé-
curité alimentaire. Baisse totale
du pouvoir d’achat. Pénurie d’eau.
Conditions socioéconomiques pré-
caires. La grogne des paysans du
haut-Artibonite est bien réelle,
que ce soit dans la commune de
Terre-Neuve ou de la sixième sec-
tion communale Bassin Mangnan,
de la commune des Gonaïves.
Joint récemment au téléphone,
Adelson Phallus, un membre de
l’Assemblée de sections commu-
nales (ASEC) de la commune, ne
cache pas son inquiétude quant
à la gravité de la situation. Cette
sécheresse sévit depuis le mois
d’avril dans plusieurs régions du
pays, notamment dans les trois
sections communales de ladite
commune.
Adelson Phallus dit attendre
impatiemment les interventions
du ministère de l’Agriculture,
des Ressources naturelles et du
Développement rural (MARNDR)
en vue d’un accompagnement aux
agriculteurs dans cette situation
devenue très critique.
Stagiaire pendant deux semaines
dans la zone, Widler Hiler Fils, un
étudiant de cinquième année en
agronomie, témoigne de la pré-
carité socioéconomique et agricole
de la population terre-neuvienne :
« je suis ici depuis deux semaines
pour un stage exploratoire en
propagation végétale.
Je constate qu’effectivement
un ensemble de problèmes aux-
quels la population doit faire
face, notamment l’insécurité ali-
mentaire et la pénurie de l’eau.
Les gens sont comme pris dans
un bourbier ». Il croit qu’il faut
repenser l’agriculture dans le pays
avant qu’on ne sombre totalement
dans un « chaos agricole ».
Comme les deux premiers inter-
venants, Gasner Albert, un cul-
tivateur légumier de la sixième
section communale de Bassin
Mangnan (Gonaïves), présente la
situation des habitants de la zone
: « comme toujours, nous consom-
mons ce que nous produisons avec
le peu que nous avons. Nous utili-
sons toujours l’eau de rivière pour
arroser nos jardins. Et il n’a pas
plu depuis trois mois ».
Le natif de Bassin Mangnan
fustige le laxisme des respon-
sables du MARNDR qui ne
prennent pas à cœur leur mis-
sion d’accompagnement des
paysans en matière agricole. Il
invite ces derniers à se solidar-
iser pour faire face aux difficultés
socioéconomiques et agricoles
actuelles et à venir.
Les actions du MARNDR dans
l’Artibonite
Hormis l’accompagnement des
activités agricoles, le Ministère
via la direction départementale de
l’Artibonite multiplie les activités
de reboisement dans la zone.
Près de 10 millions de plantules
ont été mises en terre, durant
les trois années écoulées. Tous
ces travaux, a-t-il poursuivi, ont
facilité une meilleure gestion des
bassins versants et la protection de
l’environnement,
Parmi les interventions sur le
terrain, on peut notamment citer
le Programme d’intensification
agricole (PIA), terminé, il y a un
an, le projet de l’Organisation des
Nations unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAO) dans le haut-
Artibonite en cours d’achèvement,
les interventions d’OXFAM dans la
commune d’Anse-Rouge, l’Action
contre la faim (ACF) pour la
commune de Terre-Neuve.
Le Trésor public pour sa
part a financé un programme
d’aménagement des bassins
versants, de plantation de café,
d’intensification agricole et de
production de drageons de banane.
Il nous faut signaler le fait que
parmi les communes en situation
de sécheresse indiquées dans le
rapport du Conseil national de
la sécurité alimentaire (CNSA),
le coordonnateur général de
l’institution, Gary Mathieu n’a
pas fait mention des communes
de Terre-Neuve et d’autres zones
avoisinantes.
12 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Agriculture durable : les fondements d'un
nouveau contrat social ?
par Étienne Landais* | 1e partie**
L
a notion de « développement
durable » (sustainable devel-
opment) a fait son apparition
officielle dans le discours poli-
tique lors de la publication en 1987
du rapport demandé par les Nations
unies à la commission présidée par
Gro Harlem Brundtland , premier
ministre norvégien, dans le cadre
de la préparation de la Conférence
de Rio-de-Janeiro, qui l’a consacrée
cinq ans plus tard, en juin 1992 : « Le
développement durable est un dével-
oppement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capaci-
té des générations futures à répondre
à leurs propres besoins. »
Émergence d’une notion
d’origine politique
Cette notion s’est imposée, aux
États-Unis d’abord, vers le début
des années 1980. Son émergence
coïncida avec le tournant poli-
tique que prit alors la majorité des
composantes du mouvement écol-
ogiste. Elle marquait l’évolution
de son discours, qui passait d’une
contestation radicale des modèles
de développement dominants, au
nom d’une conception très « éco-
centrée » de l’environnement et
de sa préservation, et donc très
défensive vis-à-vis de l’action de
l’Homme, à une position plus «
anthropocentrée », reconnaissant
la légitimité du développement
économique et social et cherchant
à concilier les exigences de ce
développement avec celles de la
protection des ressources et des
milieux naturels.
Née de la dialectique entre con-
server et construire, entre trans-
mettre et transformer, la notion
de développement durable répond
à celle d’environnement et appa-
raît en quelque sorte comme son
prolongement dans le sens de
l’action. En ce sens, elle reprend
des réflexions antérieures, et
notamment la problématique de
l’écodéveloppement prônée dans
les années 70, en France, par
Ignacy Sachs.
Si tous s’accordaient sur le con-
stat de la mondialisation des pro-
blèmes et donc de la recherche
des solutions, l’enjeu des longues
discussions qui aboutirent à
Rio à la reconnaissance solen-
nelle de la nécessité de prendre
en compte les revendications
des écologistes dans l’action
politique consistait essentielle-
ment à négocier un compromis
acceptable entre trois parties
représentant respectivement les
intérêts de l’environnement, ceux
des pays industrialisés du Nord
soucieux de concilier développe-
ment économique et protection de
l’environnement et ceux des pays
du Sud préoccupés exclusivement
de développement économique et
social à court terme. Il s’agissait
donc, pour cette négociation trian-
gulaire, de concilier les exigences
du long terme et les nécessités du
présent. Les premières caractéris-
ent le discours écologiste. Les sec-
ondes, les discours des politiques
et des économistes.
Ce compromis ne put être trouvé
qu’en s’appuyant sur des consi-
dérations inspirées d’humanisme
et de morale sociale. C’est en effet
au nom de l’équité et de la soli-
darité entre les sociétés actuelles,
d’une part, et entre ces sociétés et
les sociétés à venir, d’autre part,
que fut élaborée la doctrine qui
inspira la définition du rapport
Brundtland. Cette doctrine con-
sidère que la protection des res-
sources et des milieux naturels
est une condition nécessaire
pour assurer la durabilité du
développement, la finalité ultime
restant l’amélioration sur le long
terme des conditions de vie des
hommes.
Aux objectifs écologiques et
économiques initiaux s’ajoutent
ainsi des objectifs sociaux, poli-
tiques et géopolitiques, voire
culturels. Bien entendu, cet élar-
gissement multiplie les points
de vue possibles sur la notion de
durabilité et s’accompagne d’un
foisonnement d’interprétations,
encore enrichi par la diversité des
sociétés impliquées et des niveaux
d’organisation considérés.
Dans la majorité des cas cepen-
dant, la réflexion reste fondamen-
talement centrée, au moins dans
les pays du Nord, sur les moyens
concrets de concilier sur le long
terme les dynamiques de dével-
oppement avec la protection des
ressources et des milieux naturels.
Elle intègre ce que j’appellerai
un principe de responsabilité et
de subsidiarité, qui affirme que
chacun est impliqué, à son niveau
d’action, dans la poursuite de ces
objectifs. Elle intègre également
bien souvent ce qu’il est désor-
mais convenu d’appeler le « prin-
cipe de précaution », qui appelle
à prévenir les risques, notamment
écologiques, sans attendre que
leur réalité soit établie de manière
indiscutable.
Des principes à l’action
Le concept de durabilité se con-
struit graduellement dans la con-
science collective et ses traits
évoluent au fur et à mesure de
cette appropriation sociale, sous
la pression des questions soulevé-
es par sa mise en œuvre concrète.
La « durabilité faible » a marqué
la première étape de ce proces-
sus. Reposant sur le principe de la
subordination de l’environnement
aux intérêts de l’espèce humaine,
cette position qui se voulait «
humaniste » reposait en réalité sur
une autoréférence du développe-
ment au développement et con-
duisait en pratique à privilégier de
manière systématique le bien-être
de l’homme dans toute situation
concrète d’arbitrage. Elle s’est
avérée totalement inopérante en
termes de gestion.
La « durabilité forte » qui lui a suc-
cédé dans les conceptions domi-
nantes a marqué une seconde
étape. Elle repose sur la remise en
cause, plus ou moins complète, du
principe de substituabilité. Différ-
entes propositions en découlent.
Par exemple, d’identifier un noyau
de « capital naturel critique » non
substituable, à protéger absolu-
ment. Ou encore d’exiger la non-
décroissance du capital naturel
pris comme un tout. Le débat
est très ouvert, mais il apparaît
de plus en plus clair que, dans
une perspective de gestion, la
seule solution opératoire con-
siste à donner à la durabilité un
contenu environnemental auto-
nome vis-à-vis du développement
économique.
Quelle démarche peut-on imaginer
pour rendre opératoires ces prin-
cipes abstraits ? La définition sui-
vante peut, me semble-t-il, nous y
aider : « Gérer, c’est agir délibéré-
ment dans le but d’influencer un
système d’action en fonction de
buts explicites formulés en termes
de performances, donc appuyés
sur un ensemble cohérent de juge-
ments de valeur ». Le passage de
modèles abstraits à des références
concrètes, susceptibles de guider
l’action, nécessite à mon avis une
opération de « traduction » en
deux temps.
Les principes d’une gestion dura-
ble doivent d’abord - c’est le débat
social - être traduits sous la forme
d’un ensemble cohérent de ce que
j’appellerai des « valeurs-objectifs
». Le partage de ces valeurs d’ordre
philosophique, éthique, politique,
est une condition indispensable au
déclenchement de l’action collec-
tive. Dans un second temps - c’est
le débat technique -, ces valeurs
doivent elles-mêmes être décli-
nées en un ensemble de critères
de performances, dont l’utilisation
débouchera enfin sur l’élaboration
de normes et de références pour
l’action.
Les deux phases de l’opération de
traduction (qui, dans la réalité,
ne se déroulent pas de manière
successive, mais itérative) doivent
logiquement, et c’est un point
important, mobiliser des collec-
tifs de nature différente : schéma-
tiquement, c’est à des collectifs
socio-politiques que revient le rôle
de définir les valeurs-objectifs,
et à des collectifs formés de sci-
entifiques, de techniciens et de
professionnels que revient celui
de produire les connaissances
nécessaires puis d’élaborer les
références pour l’action.
En pratique, la fonction des con-
naissances ainsi produites sera à
la fois objectivante et normative.
La fonction d’objectivation, qui
s’incarne dans le « diagnostic de
situation », joue un rôle essen-
tiel pour le déclenchement de
l’action, par la prise de conscience
de l’écart entre, d’une part, la
situation réelle et son évolution
et, d’autre part, la situation et
l’évolution souhaitables, définies
à la lumière des valeurs-objectifs
retenues. Le diagnostic permet,
en outre, de définir le contenu
de l’action. La fonction norma-
tive des connaissances se traduit
par l’élaboration de normes et de
références, puis leur utilisation
pour guider et évaluer l’action.
*Étienne Landais est chargé de
mission auprès du président de
l’Institut National de la Recherche
Agronomique (INRA) et directeur
de l’École nationale des sciences
agronomiques de Montpellier.
**2e partie : Du développement
durable à l’agriculture durable
La protection des ressources et des milieux naturels est une condition
l’amélioration sur le long terme des conditions de vie des hommes | © afd
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
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45 JEUDI 23 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
Centre ambulancier national : un service
d'urgence personnalisé 24/24Par Ronald Singer
Saviez-vous que le centre ambulancier national du ministère de la Santé publique, offre gratuitement un service
d’urgence sanitaire personnalisé 24/24 pour n’importe quel cas nécessitant un transport d’urgence vers l’hôpital
de votre choix ? Le directeur adjoint du CAN, le Dr Garnel Michel fait le point !
«
Le CAN, inauguré le 7 mars
2012, est le fruit d’un accord
signéle27mars2010,auPalais
national, entre les gouverne-
ments haïtien, brésilien et cubain,
sur la coopération sanitaire. Cet
accord prévoyait cinq composantes
: le renforcement de la surveillance
épidémiologique, l’appui à la vacci-
nation, la construction de trois hôpi-
taux de référence et d’un centre de
réhabilitation et la matérialisation
de ce centre ambulancier, un outil
important qui répond à un besoin de
transport ambulancier et à la prise en
charge pré-hospitalière dans le pays.
C’est aussi une stratégie du MSPP :
celui du transport selon les normes,
pour toutes les urgences médicales»,
a déclaré le docteur Garnel Michel.
Equipements / Logistique
Le Centre ambulancier national est
équipé d’une flotte de 57 véhicules
robustes, capables de s’adapter
aux terrains les plus difficiles. Ils
sont équipés de défibrillateurs -
appareil portable, fonctionnant au
moyen d’une batterie, dont le rôle
est d’analyser l’activité du cœur
d’une personne en arrêt cardio-
respiratoire. Ces tous terrains sont
aussi munis de kits d’intervention
d’urgence, d’oxygène et d’autres
accessoires, a précisé le directeur-
adjoint du CAN.
Mission
Le CAN a pour mission de sauver
des vies en tout temps (acci-
dents, incendies, ou catastrophes
naturelles). Le centre ne fait pas
de discrimination. Dans le cadre
des urgences sanitaires, il offre ses
services à tout le monde notam-
ment aux femmes enceintes, aux
accidentés de la voie publique,
aux malades conscients ou incon-
scients se trouvant dans une situ-
ation difficile, a fait savoir le Dr
Michel.
Comment atteindre le centre
d’opération d’urgence du CAN
« Pour atteindre le CAN, composez le
116 gratuitement à partir de n’importe
quel téléphone. Il vous met en contact
avec l’un des 10 operateurs en poste
en permanence, qui prend toutes les
informations et localise le malade. Une
fois le malade localisé, on mobilise
l’équipe qui part rapidement à sa
recherche pour le prendre en charge
et le conduire vers un hôpital pour les
soins que nécessite son cas », a déclaré
le docteur Michel. Il a par ailleurs
ajouté que le 116 est le numéro unique
par lequel on peut atteindre le Centre
ambulancier national pour quelle que
soit l’urgence sanitaire. Le numéro vous
connecte simultanément à dix (10)
autres numéros d’urgence du centre
d’opération du CAN. Ce qui signifie que
le CAN peut recevoir 10 demandes pour
10 interventions d’urgence en même
temps. Le CAN ne peut recevoir que 10
appels simultanés. « Les 10 lignes étant
occupées, le 11e appel ne passera pas.
Donc, si quelqu’un n’a pas une urgence,
il n’est pas nécessaire de composer le
116, cela en vue de faciliter l’accès aux
urgences », a conseillé le Dr Michel.
Positionnement des
ambulances et circuits
couverts
Le CAN couvre plusieurs zones
stratégiques dans le pays à travers un
système de « repositionnement » de
façon à être le plus proche possible de la
population. « Dans l’Ouest par exemple,
on a des points fixes au niveau de Port-
au-Prince en passant par Musseau,
Christ-Roi, Pétion-Ville, jusqu’à
Kenscoff. D’autres points s’établissent
à Canapé-Vert, passant par Pacot pour
arriver au centre ville. Il y a également
des points fixes à la route des Dalles et
à Fontamara. Un autre circuit couvre de
carrefour à Léogâne. Au nord de Port-
au-Prince, nous avons un circuit qui
dessert de Cité Soleil à Montrouis avec
un poste à La Gonâve. Au Sud-Est de la
Capitale, le circuit Pétion-Ville jusqu’à
Furcy et le dernier part de la Croix-des-
Bouquets à Malpasse », à expliqué le
docteur Michel.
Le CAN est présent également à travers
d’autres départements sanitaires du
pays par des réseaux ambulanciers.
Le réseau CAN dans l’Artibonite a
été inauguré le 20 décembre 2012.
Un autre a été inauguré à Limonade
le 18 juillet 2014 pour desservir le
Nord et le Nord-Est. Le CAN a aussi
des ambulances positionnées dans
le Sud (Port-salut, Coteaux), dans le
Sud-Est (Anse-a-Pitres), dans le Nord-
Ouest (Jean-Rabel), dans les Nippes
(Miragoâne, Anse-a-Veau), Mirebalais
dans le Centre, à Jérémie et Les Irois)
dans le Grand’ Anse. « Le CAN a
également deux bateaux ambulances
positionnés qui desservent les côtes
Nippes et la Grand’ Anse pour les zones
qui ne sont pas accessibles par voie
terrestre », a précisé le responsable du
CAN.
Dans les opérations de secours,
chaque véhicule contient un chauffeur
secouriste, un secouriste, une
infirmière spécialisée en prise en
charge des urgences et des médecins
font partie également des équipes. «
Nous avons aussi, des techniciens qui
s’occupent de la propreté des vehicules,
a fait savoir Dr Michel. Le CAN a en
perspective d’établir un réseau dans
chacun des 10 départements du pays. Il
veut aussi former un nombre important
de la population en premier soin, car en
urgence, le délai d’intervention compte
beaucoup, a-t-il conclu.
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 15
SOCIÉTÉ
Les gels antibactériens dangereux
pour la santé?Sources : Lepoint.fr
Une étude américaine
révèle que le désinfectant
favoriserait l’absorption
par la peau de bisphénol
A, un perturbateur
endocrinien.
L
es gels hydroalcooliques
pourraient bien être nocifs
pour la santé. Une étude
menée par l’Université du
Missouri aux Etats-Unis et relayée par
la revue Plos One révèle en effet que le
gel censé nous protéger des bactéries
favoriserait l’absorption de bisphénol
A par la peau. A long terme, il serait
donc dangereux pour la santé.
Or le bisphénol A, qualifié de
perturbateur endocrinien et interdit
dans tous les contenants alimentaires
en France depuis cette année, peut
notamment provoquer une dégradation
de la qualité mais aussi de la quantité
du sperme chez l’homme. Il serait
aussi à l’origine de fausses couches,
ou encore de certains cancers. L’étude
américaine indique par ailleurs que
les gels antibactériens pourraient
déclencher des irritations, des allergies,
des maux de tête, des nausées, des
vertiges et même chez les enfants, de
l’ébriété.
Ce n’est pas la première fois qu’une
étude pointe du doigt les effets négatifs
des gels hydroalcooliques. Des experts
avaient ainsi déjà indiqué que l’usage
régulier et prolongé d’agents contenus
dans ce type de désinfectants pouvait
entraîner une résistance bactérienne.
Dès 2013, l’Association santé
environnement France, qui rassemble
près de 2 500 professionnels de santé en
France, appelait à être « prudent » avec
les gels antibactériens, recommandant
d’utiliser à la place de l’eau et du savon.
Il est toutefois important de rappeler
que les gels antibactériens dans les
hôpitaux ne sont pas affectés par tous
ces risques.
Plus un joueur de jeux vidéo est misogyne,
moins il est bonPar Le figaro.fr
Deux scientifiques ont observé les comportements des joueurs en réseau afin d’étudier le sexisme latent dans ce
milieu. Ils ont finalement déterminé que ceux qui faisaient le plus de remarques misogynes étaient aussi ceux qui
perdaient le plus.
D
eux chercheurs de l’uni-
versité de Nouvelle-Galles
du Sud et de l’université
de Miami ont enchaîné 163
parties de « Halo 3 » (jeu vidéo de
tir en vue), non pour s’amuser, mais
pour observer comment les joueurs
traitaient les femmes en ligne.
Un joueur qui perd a tendance à
reporter sa frustration sur les femmes
Le résultat ne surprend qu’à moitié.
Dans leur étude, les scientifiques
Michael Kasumovic et Jeffrey
Huznekoff affirment en effet que les
compétences des gamers (les adeptes
des jeux vidéos) ont une influence
sur leur attitude vis-à-vis des femmes
qui jouent avec eux. « De mauvaises
performances (plus de blessés et moins
de morts) engendraient des attitudes
négatives chez les joueurs mâles,
surtout s’ils étaient en compétition
avec des femmes. (…) Les hommes
qui ont un statut plus bas que celui
des femmes et qui ont le plus à perdre
dans une reconfiguration hiérarchique
répondent à la menace que représente
pour eux la compétition féminine. »
Quand ces joueurs sont confrontés à
d’autres hommes, les scientifiques ont
pu observer une attitude totalement
différence : « Lorsqu’ils jouaient mal,
les joueurs faisaient davantage de
déclarations neutres et positives et se
révélaient en général moins négatifs
face à un collègue masculin que face
à une femme. » En somme, un joueur
qui perd a tendance à reporter sa
frustration sur le dos de ses collègues
féminines et non sur les autres joueurs
masculins.
Les femmes bouleversent
la hiérarchie du monde du
gaming
Repris par le Washington Post,
Michael Kasumovic affirme que les
grosses plates-formes en ligne, qu’il
s’agisse de jeux ou d’échanges comme
Twitter,Reddit (forum d’échange
de liens, souvent à l’origine des
phénomènes viraux sur internet) ou
4chan (partage d’images), a connu un
« nouvel afflux de participantes qui a
bouleversé la hiérarchie existante ».
L’étude dépasserait presque le cadre
du monde virtuel, pour représenter
des schémas de la vie quotidienne.
« Comme les hommes se reposent
souvent sur leur agressivité pour
conserver leur statut social dominant,
l’augmentation de l’hostilité des
hommes qui ont un statut moins élevé
que celui des femmes peut être une
tentative de diminuer les performances
de ces mêmes femmes et d’anéantir leur
intrusion dans la hiérarchie », peut-on
lire dans la conclusion du rapport.
Les hommes se reposent
souvent sur leur agressivité
pour conserver leur statut
social dominant
Le harcèlement en ligne n’est pas un
phénomène nouveau. Selon une étude
du Pew Research Center, 40 % des
usagers du Web en ont personnellement
fait l’expérience. 25 % des femmes
interrogées, âgées entre 18 et 24 ans,
ont été la cible de harcèlement sexuel
en ligne. Après le fameux « GamerGate
» en août 2014 - une développeuse de
jeux vidéo avait été accusée d’échanger
des faveurs sexuelles pour faire valoir
l’une de ses créations -, le milieu du
gaming s’est vu attribué une étiquette
de misogynie difficile à retirer.
Le combat qui oppose les dénonciateurs
de cette misogynie et les gamers
eux-mêmes persiste. Les féministes,
surnommées les « Social Justice
Warriors » (« les guerrières de la justice
sociale »), sont rarement bien vues par
les joueurs. La preuve en est avecun
récent reportage réalisé par William
Audureau pour Le Monde sur un
rassemblement du GamerGate, pendant
lequel l’un des membres s’inquiète d’un
« féminisme effrayé et effrayant ».
16 | N0
45 JEUDI 23 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
Avis
Le Tribunal de Première Instance
de Port-au Prince compétemment
réuni au Palais de Justice de cette
ville a rendu en audience publique
et en ses attributions civiles un
jugement de divorce entre les
époux Jordany SANON femme née
Nigenska LECONTE ainsi libellé :
Par ces motifs : Le Tribunal
après examen, le Ministère public
entendu, maintient le défaut
octroyé contre la défenderesse à
l’audience précitée ; pour le profit
déclare fondée la dite action.
Admet en conséquence le divorce
du sieur Jordany SANON d’avec
son épouse Nigenska Samarie
Leconte pour injures graves et
publiques aux tors de l’épouse ;
prononce la dissolution des liens
matrimoniaux existant entre dits
époux ; ordonne à l’Officier d’Etat
Civil de la section Nord de Port-
au-Prince de transcrire dans les
registres à ce destiné le disposi-
tif du présent jugement dont un
extrait sera publié dans l’un des
quotidiens s’éditant à la capitale
sous peine de dommages et inté-
rêts envers les tiers s’il y échet.
Compense les dépens vu la qualité
des parties ; Commet l’huissier
Bertelson JOSEPH de ce tribunal
pour la signification du présent
jugement ;
Donné de nous, Marleine Bernard
DELVA, Juge en audience civile
ordinaire du jeudi deux juillet
deux mille quinze ; en présence
de Me. Ronald PIERRE Substitut
Commissaire du Gouvernement de
ce ressort et avec l’assistance du
sieur Joseph PIERRE-LOUIS Gref-
fier du siège.
Il est ordonne.. etc….
En foi de quoi, etc…….
Me Daniel Jeudy
Avocat
Avis
Le Tribunal de Première Instance
de Port-au Prince compétemment
réuni au Palais de Justice de cette
ville a rendu en audience publique
et en ses attributions civiles un
jugement de divorce entre les
époux Evans FRANCOIS femme
née Claire Marthe JOSEPH ainsi
libellé :
Par ces motifs : Le Tribunal après
examen, le Ministère public enten-
du, maintient le défaut octroyé
contre le défendeur à l’audience
précitée ; pour le profit déclare
fondée la dite action. Admet en
conséquence le divorce de la
dame Evans FRANCOIS née Claire
Marthe JOSEPH pour injures
graves et publiques aux tors de
l’époux ; prononce la dissolution
des liens matrimoniaux existant
entre dits époux ; ordonne à
l’Officier d’Etat Civil de la section
Nord de Port-au-Prince de tran-
scrire dans les registres à ce des-
tiné le dispositif du présent juge-
ment dont un extrait sera publié
dans l’un des quotidiens s’éditant
à la capitale sous peine de dom-
mages et intérêts envers les tiers
s’il y échet. Compense les dépens
vu la qualité des parties ; Commet
l’huissier Bertelson JOSEPH de ce
tribunal pour la signification du
présent jugement ;
Donné de nous, Marleine Bernard
DELVA, Juge en audience civile
ordinaire du jeudi deux juillet
deux mille quinze ; en présence
de Me. Ronald PIERRE Substitut
Commissaire du Gouvernement de
ce ressort et avec l’assistance du
sieur Joseph PIERRE-LOUIS Gref-
fier du siège.
Il est ordonné.. etc….
En foi de quoi, etc…….
Me Daniel Jeudy
Avocat
Décès
L’entreprise funéraire «La Patience»
annonce le décès de monsieur Jean
Baptiste Edgard Michel survenu le
mercredi 15 Juillet 2015 à l’Hôpital
Bernard Mers à l’âge de 82 ans. En cette
pénible circonstance, La Patience et Le
National présente leurs sympathies : A
son épouse née Yvrose Toussaint.
Ses enfants : Myrtho Michel, M. Gaston
Michel, Mlle. Edna Michel, Mlle Yvelte
Michel. A son frère. M Pierre Michel et
famille.
A ses beaux-frères et belle-sœur : Mme.
Gislaine Toussaint et famille, Mme.
René Nazaire née Mercides Toussaint
et famille M. Benito Toussaint, Me.
Lamarre Toussaint, Miss Velouse
Toussaint et famille, Mme. Pierre
Michel née Catilia Baptiste.
A ses belles – filles : Mme Myrtho Michel
née Guerda Auguste Mme Gaston
Michel née Marie Lourdes Baptiste.
A ses petits enfants : Lens Myrtho
Michel, Elodie Darlène Michel, Bradeley
Dave Michel, Lourdens Michel, Leyana
Michel, Margens Michel.
A ses neveux et nièces : M. Jean Gary
AZOR ET FAMILLE, Mme. Carine Azor
et famille, M. Maret Michel et famille,
Mme. Alix Derose née Josette Michel
et famille, M. Joseph Michel, Mme.
Mimose Rigaud née Michel et Famille,
Elsie Michel et Famille, Pierre Eric
Alexis et famille, Pierre Marie Michel
et famille, Alix Michel et Famille, Ernso
Michel et Famille, Alix Mary Michel et
famille, Alberto Michel et famille, M.
Gaston Denis.
A ses familles Michel, Toussaint,
Nazaire, Augustin, Baptiste, Derose,
Denis, Ladouceur, Azor, Sévere,
Papillon, Rigaud, Fedtil, Zambiano
et à tous les autres parents et famille
affectés par ce deuil.
Les funérailles de Monsieur Jean
Baptiste Edgard Michel seront chantées
le Vendredi 24 Juillet 2015 à l’Eglise
de Dieu de la rue du centre au numéro
319 à 2 hres 30 P.M. La dépouille sera
exposée dès 1 heures 30 PM à l’Eglise.
L’inhumation se fera au cimetière de
Port-au-Prince
Paix à son âme !
PETITES ANNONCES
On raconte souvent que les États-Unis sont le pays le plus béni
de Dieu. Le symbole de l’aigle, seul oiseau capable de regarder le
soleil en face est, en l’occurrence, judicieusement bien choisi. Haïti,
si elle a connu un temps de prospérité, n’est plus que l’épave de
sa gloire passée. Toutefois nous aurions tort de croire qu’elle est
maudite en prenant sa pauvreté pour argument. Certes nous avons
perdu l’union il y a bien longtemps de cela, mais il nous reste la
force. La force de survivre... C’est elle, notre bénédiction. Nous
avons du courage à revendre et pas besoin d’aller aux iles turques
pour le prouver. Nos rues regorgent de secrets qui font d’un Haïtien
un Haïtien, sauf que nous n’y faisons pas toujours attention. Ce sont
les petites choses comme le rire, la tristesse, le meurtre, l’amour,
la haine, la folie, le trop plein d’intelligence et autres, tous tournés
à l’envers, qui nous permettent de continuer d’avancer. Ici le mal
est un bien et vice versa.
Étonnamment, les plus chanceux d’entre nous sont les fous qui ne
manquent pas à chaque coin de rue. Beaucoup prennent leurs bains
grâce aux rigoles, offrant une séance d’éducation sexuelle à volonté.
Nous ne pouvons pas nous plaindre du manque de mannequins ! Ils
vont de pair avec nos folles qui se font abuser par des personnages
inimaginables. Elles tombent enceintes, accouchent, perdent leurs
bébés sous les roues des voitures. Au moins elles n’auront pas de
« child support » à donner et auront le luxe de se faire violer une
fois de plus ! Si elles en avaient conscience, elles auraient peut-être
pu se vanter d’avoir jadis porté en leur sein le fils d’un homme
politique ou celui d’un prêtre… Viennent s’y additionner les enfants
souffrant de malnutrition.
En effet, nos « kwatyòkò » et nos orphelins font la joie des journalistes
étrangers. C’est au sourire éclatant qu’ils affichent (en tenant les
biscuits pour sinistrés) que nous devons l’aide internationale. Ils
auraient été célèbres une fois dans leur vie pour le bénéfice du
public. Une photo d’un de ces enfants en première page et BOOM!
: Les ONG alimentées de quelques millions de dollars tombent du
ciel comme la manne. Elles s’évertuent à montrer que l’argent reçu
a servi à grand-chose. C’est ainsi que les nouvelles écoles primaires
publiques ont commencé à pousser comme des champignons.
Aucune importance si les écoliers n’apprennent rien qu’ils pourront
utiliser plus tard. C’est bien : les uniformes multicolores, les rubans
et les chaussettes assortis font de la décoration dans les rues et on
a droit à des parades chaque jour!
Pendant ce temps une ribambelle de mères célibataires prend
naissance. Elles sacrifient leur santé pour quelques gourdes et font
le plein de mots grossiers pour jeter leur frustration. On assiste
aux « tèt » ceci et aux « manman w’ » cela au moment même où
les pères-mères ne savent plus de quel côté tourner le tablier
défraichi par la graisse et la sueur. Peut-être qu’autrement ces
derniers n’auraient jamais su comment cuire le riz (qui est devenu
le nouveau « fòkseli ») !
Nos handicapés ne peuvent pas en dire autant. Par contre ils
peuvent demander la charité en toute sérénité car ils croient avoir
un bon prétexte. De plus, cela servira pour la propagande du maire
de la ville voulant bientôt être sénateur. Monsieur le bienfaiteur
n’aura qu’à tendre à chacun une demi-bouteille d’huile, des épices
et un quart de sac de riz importé. Bien sûr il faudra que quelques
photos de l’œuvre de charité soient prises pour que, au moins, toute
la ville soit au courant de son geste de bonté. N’est-ce pas ? Triste
vérité mais c’est ainsi que le peuple tient le diable par ses cornes.
Nous jouons avec la réalité pour nous donner l’illusion que tout
va bien. Pour survivre, même le « chirepit » peut faire la force.
Le mal est un bien
par Edna Blaise
JEUDI 23 JUILLET 2015 N0
45 | 17
CULTURE
L'occupation américaine et les
larmes de sang prédites par
Hannibal Price (1 de 5)PAR Par Leslie Péan, 24 juillet 1915
« Le châtiment de nos erreurs et de nos fautes est visible, nous le rencontrons à chaque pas, à chaque minute de
notre existence. Il n’a pas attendu, il n’attend pas l’heure suprême de la chute de la nationalité haïtienne. Et si
nous ne savons prévenir ce malheur, si nous croyons y trouver au contraire notre bonheur, la conservation des
richesses acquises, eh bien ! je vous le prédis, moins de cent ans après cette fin désolante de tout un peuple, de
toute une race, vos petits-enfants, irrémédiablement appauvris, ruinés, liront ce livre et pleureront des larmes de
sang ! »
(Hannibal Price, De la réhabilitation de la race noire par la République d’Haïti, Port-au-Prince, Imprimerie
Verrollot, 1900, p. 658.)
D
e tout temps, les choix
moraux et politiques opérés
ou acceptés par les Haïtiens
ont bloqué toutes les voies
d’accès à l’autodétermination. Nous
avons toujours eu le choix entre deux
options aussi destructrices l’une que
l’autre,lapesteetlecholéra:l’élitisme
ou le populisme ; le lese grennen ou
la dictature ; le mulâtrisme ou le noir-
isme ; le français limité à une minorité
ou le créole sans la production de
manuels scientifiques de formation.
Les droits inaliénables et sacrés sont
foulés aux pieds et Haïti se retrouve
encore aujourd’hui sous occupation
étrangère, un siècle après le 28 juillet
1915.
L’expérience haïtienne démontre
que dans la problématique indi-
vidu/société, l’individu ne sait
pas nécessairement d’où il part
vraiment, car ce n’est pas lui qui
fabrique la société dans laquelle il
naît. Il y est façonné, et fort sou-
vent à son insu.
Aux prises avec la lutte pour la
réinvention de soi sans laquelle
aucune solution n’est possible,
les Haïtiens semblent condamnés
à vivre dans l’impasse. D’autant
plus que le passé pèse lourdement
dans la formation de notre iden-
tité. Sans compter que la mémoire
collective est truffée de platitudes
et de semi-vérités empêchant une
prise de conscience du mal qui
terrasse Haïti.
À ce propos, l’ouvrage De la
réhabilitation de la race noire par
la République d’Haïti d’Hannibal
Price publié en 1900, après sa
mort en 1893 aux États-Unis
d’Amérique, est une vraie boîte à
idées géniales encore inexploitées.
La société haïtienne a raté une
occasion de s’instruire à partir des
vérités exprimées dans ce livre.
Hannibal Price est un géant de la
pensée haïtienne, qui a d’ailleurs
été vénéré par cet autre géant
qu’est Jean Price-Mars au point
que ce dernier a attaché le nom
Price au sien avec un trait d’union
. Cela est particulièrement signifi-
catif dans un milieu social hanté
par la question de couleur.
Légitimer le vol et le pillage
faits par des Noirs
L’ouvrage posthume d’Hannibal
Price n’a pas bénéficié de la diffu-
sion qu’il méritait. Sa critique de
la chimère maléfique du racisme
n’a pas été approfondie pour per-
mettre de comprendre la dérive du
pacte fondateur de 1804 signé par
24 Mulâtres, 12 Noirs et un Blanc.
Dérive consacrée dans la Constitu-
tion de 1805 qui dit que tous les
Haïtiens sont noirs. L’occupation
américaine de 1915 a plutôt créé
les conditions de l’émergence de la
dangereuse imposture idéologique
du noirisme indigéniste qui a cul-
miné dans la terreur de la dictat-
ure sanguinaire des Duvalier.
En déconnectant l’Haïtien de lui-
même, l’occupation américaine
l’a dépouillé en lui enlevant sa
quintessence au profit de la proli-
fération d’idées farfelues, occultes
et ésotériques. Depuis 1953, la
découverte scientifique de la struc-
ture de l’ADN a pulvérisé la notion
de race, ce qui n’a pas empêché
la bande à Duvalier de préconiser
ce que Léon Laleau a nommé en
1956 le « gobinisme à rebours »
pour tenter de compenser l’échec
du projet révolutionnaire exprimé
dans l’Acte de l’indépendance.
Échec traduisant une carence de
morale et d’éthique.
Dans l’explication de notre déca-
dence, Hannibal Price fait remont-
er le phénomène au gouvernement
Soulouque. En campant sur ses
épaules, nous pouvons débus-
quer notre péché originel dès les
premiers jours de notre indépen-
dance. Price écrit : « Le mal est
venu avec la première dictature
établie en Haïti à la suite et par
l’effet de notre querelle de couleur
de 1843. » Or justement, ce qu’il
nomme cette querelle de couleur
remonte plus loin. Ce vice est un
incessant tourbillonnement qui
est déjà présent dans la colonie
de Saint-Domingue et qui con-
tinue avec Haïti en 1804. Cette
vérité n’a pas vacillé et exerce
son empire sur notre société aussi
bien avec le mulâtrisme qu’avec le
noirisme.
Le péché originel
En effet, le noirisme institué sous
Dessalines dans la Constitution
de 1805 continue avec la même
dose de fossilisation de la pensée
raciste. Avec le même délire de
la couleur de la peau. Au lieu
de rendre caduque cette pensée
maléfique comme l’a voulu l’Acte
de l’indépendance, il la reproduit
mécaniquement en en inversant
les termes dans un discours peu
scrupuleux qui tente de légitimer
le vol et le pillage faits par des
Noirs.
Les séquelles de la pensée raciste
ne peuvent produire que péripéties
et insignifiances ne conduisant
nulle part. Comme le disait Mon-
taigne dans un autre domaine, «
le vice n’est pas d’entrer chez elle,
mais de n’en pas sortir ».
Dans le cas haïtien, selon Hanni-
bal Price, le mal « a été produit
par les commandes extravagantes
de l’Empire (de Soulouque), par
les faveurs impériales, qui ont
permis à des blancs mariés à des
dames de la Cour, de gagner sur
une simple fourniture de draps
ou de pierres à fusil pour l’armée,
plus d’argent qu’un négociant
haïtien ou étranger n’en saurait
acquérir en vingt ans de travail
honnête.
Des nègres et des mulâtres burent
aussi à cette coupe empoisonnée
des grâces et faveurs d’une Majes-
té. […] Avec le rétablissement de
la République, la coupe des apa-
nages, des grâces, des faveurs son-
nantes se trouva brisée.
Mais les blancs, les nègres et les
mulâtres qui avaient pu y tremper
leurs lèvres ne purent y renoncer,
et la corruption commença son
œuvre ténébreuse . »
On se garderait d’entretenir une
vue trop étroite sur la manière
dont Hannibal Price aborde
notre péché originel. Il se ravise
quelques pages plus loin.
Référant au noiriste Louis Joseph
Janvier qui cite un texte du 18
février 1815 du général Prévost,
duc de Limonade sous le royaume
de Christophe, Hannibal Price
écrit : « Pour combattre le roi
Christophe qui voulait faire avec
raison de cette guerre (la guerre
du royaume du Nord contre la
république du Sud) une guerre
de couleur, et pour miner sa puis-
sance qui développait une grande
sévérité d’organisation, Pétion
laissait faire aux noirs tout ce
qui leur plaisait ; et plus l’autre
sévissait pour obtenir l’ordre, plus
Pétion relâchait . »
Le piège dans lequel le mulâ-
trisme a aussi enfermé la jeune
nation n’est pas moins grave. Cela
s’est fait autant avec la politique
de doublure initiée dès 1804 et
consistant à mettre au pouvoir des
Noirs ignorants afin des les manip-
uler ou encore avec la politique de
lese grennen consistant à laisser
les Noirs agir selon le « nou fè sa
nou pi pito » et le « tout voum
se do ». Entre ces deux pôles de
néant, la pendule nationale vac-
ille. (À suivre.)
John Picard Byron, « La pensée
de Jean Price-Mars », Préface
à l’édition d’Ainsi parla l’Oncle
(1928), Montréal, Mémoire
d’Encrier, 2009 p. 52.
Aristippe de Cyrène dans Mon-
taigne, Les Essais, tome III, Paris,
Guy de Pernon, 2008, p. 129.
Hannibal Price, De la réhabilita-
tion de la race noire par la Répub-
lique d’Haïti, Port-au-Prince,
Imprimerie Verrollot, 1900, p.
655-656.
Ibid., p. 671, tiré de Louis Joseph
Janvier, Haïti et ses visiteurs
1840-1882, Paris, Flammarion,
1883, p. 335.
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Note aux autorites haitiennes
 

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  • 1. » P. 14 » P. 22 »   P. 5 SOCIÉTÉ SPORT » suite page 4 » lire page 3 Centre ambulancier national : un service d'urgence personnalisé 24/24 Par Ronald Singer Cady Lalanne sacré avec les Spurs par Gary Éliézer L'UE ne fera pas d'ingérence !Par Lionel Edouard HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / DIPLOMATIE JEUDI 23 JUILLET 2015 NUMÉRO 45 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Daniel Supplice limogé pour avoir constaté l'échec du PIDIH HAÏTI / ÉLECTIONS L es missions d’observation sont donc en déficit de confiance. C’est un fait. Pour contourner ce problème, Elena Valenciano agite les travaux passés de l’Union européenne dans ce domaine. Un passé vieux de plus de vingt ans et qui aurait vu l’UE observer des élec- tions dans plus d’une centaine de pays. C’est, en termes de garantie, le seul élément qu’elle a fourni pour défendre « la crédibilité, l’indépendance, la neu- tralité et l’esprit de professionnalisme » qui accompagnera son équipe. Aussi, pour signifier que son institution ne va pas influencer les résultats des pro- chains scrutins. Ambassadeur Daniel Supplice. / Photo d’archives : J. J. Augustin Pas d’ingérence ! La réponse d’Elena Valenciano a été sèche et sans appel : « Nous ne sommes pas là pour valider ou invalider les résultats des élections, nous ne faisons pas de la supervision électorale. » Le chef de la Mission d’observation électorale (MOE) de l’Union européenne a ainsi fixé les grandes lignes de son travail. Lequel constituerait à aider à garantir le respect total de la volonté démocratique des Haïtiens. Ce serait l’objectif principal de cette mission dont les observateurs se déploieront à partir du 24 juillet 2015. Willy Duchene écarté de la course présidentielle Par Reynold Aris
  • 2. 2 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 TRIBUNE E n une vingtaine d’années, l’insécurité est devenue l’un des thèmes-phares du discours politique, toutes tendances idéologiques confondues. Portée par un climat d’inquiétude, non sans fondement, mais parfois délibérément amplifié et exploité par certains secteurs, la participation d’entreprises privées à des missions de sécurité publique n’a cessé d’augmenter et de se diversifier jusqu’à atteindre aujourd’hui des proportions alarmantes. Bien que les fonctions de ces agents de prévention et de sécurité soient avant tout d’ordre « économique », leur banalisation et les pouvoirs de contrôle qu’ils s’arrogent de plus en plus, aux frontières (mal définies) de la légalité, font peser un risque significatif sur la sécurité et les libertés publiques. Dès 1986, le concept d’agences privées de sécurité a été introduit. Il s’est d’abord heurté à une véritable levée de boucliers de la part de l’opinion publique, qui assimilait (non sans raison) de telles agences à des milices privées. Le Conseil national de gouvernement d’alors s’est, dans un premier temps, plié à cette injonction populaire et a interdit la création de ces entreprises. Mais petit à petit, en catimini, les agences ont commencé à éclore, sans débat sur un tel sujet et sans un cadre législatif cohérent pour baliser et contrôler leurs activités. Celles-ci n’ont d’ailleurs cessé de se multiplier et de se diversifier : de la sécurité statique dans les limites de propriétés privées, on est passé au convoyage de fonds, et aujourd’hui à la sécurité rapprochée des puissants et de leurs proches. La profession des agents privés de sécurité s’exerce donc dans le plus grand flou : confusion quant à leur statut, quant à leur rôle, quant à leur pouvoir, et finalement quant à la définition même de cette « sécurité » qu’ils sont censés assurer et qui justifie l’incessante augmentation de leurs effectifs. Insidieusement, la séparation entre espace public et espace privé, entre le régime de la loi et celui de la règle s’estompe. (Usage cellulaire, tenue vestimentaire.) De même, ces agents ont de plus en plus tendance à passer de la prévention à l’intervention, de l’intervention à la répression. Ainsi, nous avons été témoins de vigiles menottant, encagoulant et torturant un présumé délinquant dans le parking d’un supermarché de Pétion-Ville. La plupart des citoyens ne savent pas bien où commencent et où s’arrêtent la fonction et les pouvoirs d’un agent privé de sécurité, confusion entretenue par un foisonnement d’uniformes de toutes variétés, mais qui ont pour point commun d’évoquer ceux des policiers ou militaires. Ce mimétisme n’est pas l’effet du hasard, mais résulte d’un calcul de la peur visant à l’instauration d’un pouvoir de dissuasion. Ces uniformes ont précisément pour fonction d’instituer une dissymétrie, un rapport d’autorité, et donc de pouvoir, entre le vigile et les « civils », rapport d’autorité et de pouvoir qui reste totalement illégitime du point de vue du droit. Le problème du chevauchement des rôles entre les services publics et privés de sécurité est aggravé du fait de l’absence de règles de déontologie et d’éthique régissant l’industrie de la sécurité privée. Ainsi peut se créer, chez les divers intervenants, une grande confusion quant aux pratiques qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas. La Constitution de 1987 interdit la formation de tout corps armé, à l’exception de la Police nationale et de l’Armée. Les agences privées de sécurité sont-elles des corps armés ? Que leurs membres soient armés ne fait aucun doute et il est également avéré que ces entreprises sont dotées d’une hiérarchie et qu’elles intègrent nombre d’anciens officiers, sous- officiers et enrôlés démobilisés. Cette réalité soulève des questions que les autorités et la société haïtiennes auraient tort d’ignorer. Existe-t-il des dispositions légales pour limiter les effectifs de ces agences ? Leur armement a été, à l’origine, limité en principe au fusil de chasse et au revolver calibre .38, mais non seulement les décrets stipulant ces dispositions sont sérieusement défaillants, mais encore ils ne sont pas appliqués de manière systématique et sont souvent adaptés à la tête du client. Ainsi, une des premières agences a pu s’équiper de fusils d’assaut, prélevés en outre sur l’arsenal des FAd’H et aujourd’hui encore certains vigiles ou gardes du corps s’affichent avec des pistolets semi- automatiques souvent dotés de chargeurs d’une capacité allant jusqu’à 30 balles. Qu’en est-il du programme de formation de ces vigiles ? S’il existe, qui l’a conçu et en vérifie l’application ? Comment transformer un ex-soldat entraîné pour affronter et éliminer l’ennemi en un agent d’accueil, de contrôle d’accès et du respect des consignes de sécurité du site, etc., toutes fonctions qui supposent une courtoisie et une aptitude à désamorcer les conflits, qui sont aux antipodes des vertus du combattant ? Il faut également s’inquiéter de la multiplicité des uniformes, qui se complique du fait que la PNH elle-même en aligne une demi- douzaine, jetant le citoyen dans une confusion totale, où il ne sait qui représente l’autorité de l’État, qui est habilité à l’interpeller, à stopper son véhicule ou à le détenir. À notre avis, TOUS les vigiles devraient être astreints à porter le même uniforme, les distinguant de manière évidente des agents de la Force publique. L’appartenance à une entreprise particulière ne devrait être marquée que par un badge ou un écusson arboré de manière ostentatoire et identifiable immédiatement et à distance par les citoyens. Qui peut rassurer le citoyen sur la compétence technique et psychologique de ces hommes et femmes à utiliser, dans le respect de la sécurité collective et du droit à la vie, les armes à feu dont ils sont dotés ? Mais la question la plus angoissante est-celle de la compatibilité entre la sécurité publique, définie comme droit du citoyen et responsabilité de l’État, et la sécurité privée, privilège exclusif de la minorité qui peut en assumer les coûts. Comment ces entreprises lucratives pourront- elles continuer à prospérer si la sécurité publique, exigence quasi unanime de la citoyenneté, devenait une réalité ? Quel avenir attend les agents qui seront éventuellement « démobilisés » ? Surtout, où sont les textes de loi, qui pourraient nous protéger de ces protecteurs automandatés ? Nos élus des deux chambres législatives sont jusqu’à présent restés muets sur ces questions vitales et l’exécutif n’a pas proposé de législation adéquate et cohérente dans ce domaine. Comment un État qui s’est opposé à la création par certains élus locaux de polices municipales improvisées laisse-t-il ce privilège à des entrepreneurs non élus ?. La privatisation de la sécuritépar Patrick Élie
  • 3. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 3 ACTUALITÉ On peut s'en sortir ! C’estcequ’ondevraitsedire,nousenHaïti,quandonlitdansl’édition2014-2015 duRapportmondialsurlacompétitivitépubliéparleWorldEconomicForumque legouvernementrwandaisestclasséau7erangencequiconcernel’efficacitédans lagestionpublique.LeRwandaseretrouve,seloncerapport,devantdesnations commelaSuisse(9e)ouleLuxembourg(10e). Ce rapport évalue le niveau d’efficacité de la gouvernance dans 144 pays du mondesurlabasedecritèrescommelegaspillagedesressources,lesobstaclesàla régulationetlatransparencedansl’élaborationdespolitiquesnationales. LaBanquemondiale,desoncôté,prévoitqueletauxdecroissanceéconomiqueau Rwandadevraitatteindre7,4%en2015et7,6%en2016. Ilyaquelquesannées,unhautcadredesNationsuniesdéclaraitqueleRwanda étaitenétatde«mortclinique»! Lacommunautéinternationalenedonnaitpas cherdelapeaudecepaysafricain,surtoutaprèslegénocidede1994.LeRwanda étaitunpaysdéchiréparunépouvantableconflitethnique,rongéparlacorruption, auxmainsdechefsnevoyantqueleursintérêtspersonnelsetceuxdeleurclanou deleurethnie. UnenouvelleéquipeestarrivéeaupouvoirauRwandaaveclavolontédesortirde l’enfer,demettrelatêtehorsdel’eauetderêvergrand.Ellen’apasfaitfidelajustice, maiselleatoutliéaudéveloppementéconomiqueduRwanda. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le Rwanda est un modèle de développementausuddelaplanète,surtoutsiontientcomptedel’histoirerécente dupays. Beaucoupdenousprofessentl’idéedéfaitistequenotrepaysnesortirajamaisde sasituationchaotique.Denombreuxétrangers,enprivé,pensentmême,comme cehautcadrepourleRwanda,qu’Haïtin’aaucunechancedes’ensortir. MaisleRwandaadémontréqu’avecuneéquipesoucieusedel’intérêtnational,une équipecomprenantbienlesréalitésdel’heureetprêteàfairetouslessacrifices,à prendre tous les risques pour redresser la barre, on pouvait faire mentir les plus solidesanalyses. Avons-nouslacapacité,lavolontépourporteraupouvoiruneéquipecapablede redonnervieànotrenation?Allons-nousfairelebonchoixauxurnesafindedoter lanationdedirigeantscapablesdepenservraimentpaysetdeprendrelesdécisions quis’imposent? Làesttoutelaquestion. Gary Victor Édito » suite de la première page « Monsieur Daniel Supplice a fait des déclarations qui ont mis à mal la position du gouvernement haïtien » par rapport à la crise entre les deux pays, précise une source du ministère des Affaires étrangères, qui souhaite garder l’anonymat jusqu’à ce que l’ambassadeur rappelé soit de retour au pays. Les entretiens de Daniel Supplice accordés aux médias Listín Diario, de la République dominicaine, Métropole et Le Nouvelliste à Port- au-Prince, dans lesquels il a affirmé « l’échec du PIDIH », le Programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens, et déclaré Haïti comme le seul responsable de l’actuelle crise, constituent dans les couloirs du gouvernement la source de cette décision de rappel définitif de l’ambassadeur Supplice. Le gouvernement déplore le fait que ces déclarations du diplomate haïtien aient été utilisées contre les autorités haïtiennes à plusieurs reprises, quand elles ont eu à défendre la position d’Haïti dans l’actuelle crise migratoire qui met aux prises les deux Républiques. Ne souhaitant pas donner de détails, le chancelier haïtien ad intérim, Lener Renaud, explique qu’il « n’y a pas de raison cachée à cette décision » et que « cela est seulement administrative. » Le coordonateur de la Fondation Zile, Edwin Paraison, doute que cela soit un simple changement administratif. « Ce n’est pas un changement de routine, parce que l’ambassadeur n’a même pas encore six mois dans le poste. » Daniel Supplice a été nommé le 25 février dernier et son entrée en fonction effective remonte à une soixantaine de jours. Reconnaissant que le gouvernement a le droit de rappeler son ambassadeur à n’importe quel moment, Edwin Paraison juge dans une interview au National que dans ce contexte « il est clair que ce n’est pas un rappel de routine ». L’ambassadeur a été remplacé par Magalie Jeanty Magloire, appelée à assurer l’intérim. « Dans la conjoncture actuelle, nous exhortons les autorités haïtiennes à communiquer les motifs de la décision, dans l’idée d’éviter toute confusion », avance le coordonnateur de la Fondation Zile. Il souligne que certaines personnalités de la République dominicaine commencent à estimer que cette décision pourrait constituer « une réaction, une action humiliante » à l’endroit des autorités dominicaines. La Coordination du Groupe d’appui aux rapatriés et refugiés (Garr) reste convaincue que la décision de destituer l’ambassadeur pourrait être réellement liée à son franc- parler. « Nous ne sommes pas sûrs que c’est en fonction de ses déclarations que la décision à été prise. Cependant c’est une cause plausible », d’après Saint-Pierre Beaubrun, coordonnateur du Garr, contacté par Le National. Saint-Pierre Beaubrun estime qu’ « un ambassadeur a une obligation de réserve. Il a voulu être sincère mais sa parole n’est pas libre. » Le Garr croit « regrettable » la décision de rappeler Daniel Supplice, une décision qui risque d’affecter « la continuité et la bonne marche » du dossier de la crise migratoire entre les deux pays. Saint-Pierre Beaubrun continue de voir en Supplice une personnalité qui pourrait aider à dénouer l’actuelle situation de trouble. Dans un très court échange téléphonique avec Le National, Daniel Supplice affirme qu’il est toujours en République dominicaine et qu’il rencontrera la presse à son retour. Il affirme n’avoir aucune déclaration à faire à la presse pour l’instant sur la question de son rappel. Daniel Supplice a été nommé après une marche d’organisations de la société civile le 25 février 2015. Celles-ci avaient manifesté pour dénoncer l’assassinat d’un Haïtien en République dominicaine. Son rappel survient après une nouvelle marche de ces mêmes organisations dans la capitale haïtienne, le mardi 21 juillet, pour dénoncer l’expulsion vers Haïti d’immigrants haïtiens et de dominicains dénationalisés au regard de l’arrêt 168-13, adopté par la Cour constitutionnelle domi- nicaine le 23 septembre 2013. Daniel Supplice limogé pour avoir constaté l'échec du PIDIH Par Stephen Ralph Henri HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/DIPLOMATIE La nouvelle est tombée tard dans la soirée du mardi 21 juillet. L’ambassadeur d’Haïti en poste en République dominicaine, Daniel Supplice est remplacé provisoirement par Magalie Jeanty Magloire qui assumait la fonction de ministre conseiller. Une décision qui peut prêter à confusion et que le principal concerné, toujours en territoire dominicain, ne souhaite pas commenter pour l’instant.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Une vérité connue de tous. Le moment politique que connaîtra le pays avec les élections prochaines est important. L’Union européenne le sait. Elle veut contribuer. Sa démarche, défend Elena Valenciano, ne serait pas intéressée. Ou du moins, explique-t-elle, son seul intérêt réside dans le maintien des efforts pour « l’élargissement de la démocratie dans le monde », comme mentionné dans le texte fondateur de cette communauté européenne. Une enveloppe évaluée entre trois à quatre millions de gourdes sera toutefois nécessaire pour réaliser cette mission. Un budget qui évoluera en fonction du nombre de tours aux élections. Le choix d’Haïti, « pays chéri par les citoyens de l’Union euro- péenne », pour le déploiement de la MOE s’expliquerait par « l’engagement et la solidarité entretenue entre l’UE et le peuple haïtien », précise-t-elle. En dépit de cette marque de sympathie et d’attention soutenue, cette mission, informe celle qui est également membre du Parlement européen, est déployée suite à l’invitation du gouvernement haïtien et l’envoi d’une mission exploratoire en Haïti qui s’est déjà entretenue avec différents acteurs. La mission est déjà en selle Actuellement, la mission, informe madame Valenciano, analyse le cadre juridique des élections. Elle devra également procéder à l’analyse du registre électoral, du processus de dépôts de candida- ture, de la campagne et de la lib- erté de campagne, de la violence électorale, du financement et de l’utilisation des biens publics, entre autres. Un accent particulier sera mis sur la couverture de la campagne dans les médias, à travers un monitoring, pour mesurer la présence des différents candidats dans les espaces médiatiques tant privés que publics. La méthode qui sera utilisée dans le cadre de cette observation est celle utilisée par les missions dans tous ses précédents travaux. Elle aurait déjà fait ses preuves. C’est ce qu’avance le parlementaire européen, sans donner trop de détails. En tout cas, les missionnaires promettent de respecter les lois haïtiennes et les protocoles d’entente signés avec le Conseil électoral provisoire ainsi que le code de conduite. Ces documents, rapporte Elena Valenciano, constituent leur cadre de référence. La MOE s’est aussi engagée à fournir, deux jours après la fermeture des bureaux de vote, un rapport sur les conclusions préliminaires des observations des missionnaires déployés à travers le pays. Quelques semaines après la proclamation définitive des résultats, un rapport final contenant des recommandations sera présenté. À cet effet, le respect du protocole qui offre à la mission la possibilité d’avoir accès à toutes les informations nécessaires pour mener à bien son travail est nécessaire. Plusieurs personnalités, comme le président de la République, Michel Joseph Martelly, le Premier ministre Évans Paul, et Mme Sandra Honoré, ont déjà été rencontrées. La commission s’est également entretenue avec des leaders politiques, dont Sauveur Pierre Etienne, Jacky Lumarque, Moïse Jean Charles, Maryse Narcisse, et surtout Jean Bertrand Aristide qui, depuis son retour en Haïti en 2011, a observé un long et lourd silence public, notamment en ce qui concerne les questions politiques. Cette mission d’observation, qui sera déployée le vendredi 24 juillet à travers les dix départements du pays, est composée d’une équipe de sept analystes couvrant différents domaines. Également de 22 observateurs de longue durée et de 24 observateurs de courte durée. Ces derniers viendront sur le terrain la veille des élections. Ils seront renforcés par des observateurs diplomatiques européens. Au total, ce sera une équipe dont l’effectif sera compris entre 70 à 80 observateurs qui seront déployés par l’UE pour les trois tours de scrutins, a précisé Jose Antonio de Gabriel, chef observateur adjoint, qui participait aussi à cette rencontre avec la presse du mercredi 22 juillet 2015. L'UE ne fera pas d'ingérence ! Par Lionel Edouard HAÏTI/ÉLECTIONS » suite de la première page Elena Valenciano, chef de la Mission d’observation électorale de l’UE en Haïti. / Photo : J. J. Augustin
  • 5. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 5 ACTUALITÉ E dmonde Supplice Beauzile, présidente de la Fusion des sociaux-démocrates et candidate à la prochaine présidentielle, n’y va pas par quatre chemins pour assimiler ce crime à un complot visant à déstabiliser les partisans et l’électorat de la Fusion à l’approche des prochaines élections. Aussi a-t-elle dénoncé certaines persécutions politiques dont sont victimes les candidats de son parti, notamment dans le Sud-Est et le Centre où certains représentants de la Fusion aux différents postes électifs font l’objet de graves menaces. « Nous interprétons ce qui s’est passé comme une politique de persécution contre des candidats bien placés pour remporter les élections », a fait savoir pour sa part Rosemond Pradel, précisant que le climat de violences qui prévaut actuellement dans le pays est susceptible de compromettre le bon déroulement des joutes électorales. Dans un laps de temps, Rosemond Pradel se rappelle plusieurs cas de violences perpétrées contre des candidats de son parti. Bien avant la mort de Pierre Lafond, la résidence du candidat à la mairie de Bainet, Raymond Jean- François, sous la bannière de la Fusion des sociaux-démocrates, a été attaquée par des hommes armés. Kensy Jean François, un mineur de 16 ans, neveu du candidat, a été blessé par balle et les envahisseurs avaient emporté des documents appartenant à Ray- mond Jean François. Le candidat au Sénat pour le département fait l’objet de vives menaces et le candidat à la députation de Saut- d’Eau a failli laisser sa peau dans un guet-apens, a souligné Rose- mond Pradel, qui dit être en train de collecter des informations pour pouvoir engager des poursuites auprès de la police et de la justice. En ce qui concerne la mort de Pierre Lafond, d’autres versions circulent sur les causes de son décès. L’une laisse croire que ce crime aurait été commis par l’agent de sécurité du candidat à la députation de Marigot sous la bannière de Pont, Déronneth Déus. Ce dernier a vite démenti cette information faisant croire que Gétho Bissainthe aurait été son agent de sécurité, dénonçant du même coup une campagne de dénigrement contre sa personne. Il a affirmé avoir eu de bons rap- ports avec Pierre Lafond qui avait même pris part au lancement de sa campagne tout récemment. Préfète Michel, deuxième membre du cartel de Pierre Lafond, présent au moment de l’incident, a essayé de rétablir la vérité en expliquant que Pierre Lafond a été atteint au moment où il tentait de calmer une dispute entre Gétho Bis- sainthe et une femme (présentée comme la compagne du tueur). Cet accident a provoqué de vives tensions au sein de la population de Marigot, visiblement fatiguée par ces actes de violences. Iden- tifié comme « zone rouge », le département du Sud-Est est en train de le prouver encore à travers les cas de violences déjà enregistrés à deux semaines de l’ouverture de la campagne électo- rale. Les partisans du Parti haïtien Tèt kale, avec les frères Lambert aux commandes, sont présentés comme les principaux fauteurs de troubles, en apposant les affiches des candidats du parti du pouvoir sur les murs des maisons privées au mépris des dispositions du décret électoral interdisant de tels actes. W illy Duchene, citoyen américain, a été écarté de la course électorale par le Conseil électoral provisoire (CEP) selon une note de presse émanant de l’organe électoral, publiée le mercredi 22 juillet 2015. D’après cette note, le CEP a, révélé que la candidature du citoyen Willy Duchene, du Parti républicain haïtien, est rejetée de la liste des concurrents agréés à participer à la présidentielle qui se tiendra des 25 octobre et 27 décembre 2015. Le motif. Il est retiré pour fausse déclaration sur sa nationalité. Dans sa mission de veiller au respect scrupuleux des dispositions du Décret électoral, le Conseil a été en mesure de vérifier que le nommé Duchene est citoyen américain. Il a été enregistré comme votant aux élections des États-Unis d’Amérique (en Floride), le 20 avril 1995. Son numéro de votant est le suivant : 101740814. À cet effet, poursuit cette note, le nommé Willy Duchene est écarté de la course électorale. Après le rejet de la candidature de Jacky Lumarque, le poulain de la Plateforme « Verite » celui de Levelt François en juin dernier et l’éviction de Willy Duchene, la liste des candidats agréés est désormais réduite. Elle est passée de 58 à 55 candidats provisoirement en attendant la publication de la liste définitive des aspirants à la présidentielle de 2015. La Fusion des sociaux-démocrates dénonce des persécutions politiquesPar Noclès Débréus et Pierre Paul Ancion HAÏTI/ÉLECTIONS/VIOLENCES Les responsables de la Fusion des sociaux-démocrates ont condamné, lors d’une conférence tenue ce mercredi 22 juillet 2015, la mort de Pierre Lafond, candidat à la mairie de Marigot, décédé tôt dans la matinée du mercredi à l’hôpital Saint Michel de Jacmel après avoir été atteint de deux projectiles tirés par Gétho Bissainthe. Outre ce cas, Edmonde Beauzile et Rosemond Pradel, respectivement présidente et secrétaire général du Parti, dénoncent vertement un complot ourdi contre les candidats de la Fusion. Edmonde Supplice Beauzile, présidente de la Fusion des sociaux-démocrates. / Photo : J. J. Augustin Willy Duchene. Willy Duchene écarté de la course Par Reynold Aris HAÏTI/ÉLECTIONPRÉSIDENTIELLE
  • 6. 6 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 ACTUALITÉ J oint au téléphone par Le National, Me Miken Nordé confirme que l’affaire a été entendue au parquet de Jérémie par le commissaire de gouvernement, Me Antoine Rosny Saint-Louis. Ce dernier, selon lui, aurait souscrit à la position des avocats de Sorel Jacinthe demandant de renvoyer le dossier après les élections au regard du décret électoral en vigueur. Bien qu’il dise déceler une tendance de l’avocat de la société en faveur de la partie défenderesse, il affirme son intention de saisir directement le tribunal correctionnel dans ce dossier. Que disent les articles 237 et 116 du décret électoral ? Les avocats de l’accusé se sont appuyés sur le décret électoral en son article 237 pour demander que l’affaire soit entendue après les élections. L’article stipule: « Pendant toute la durée de la campagne électorale aucun citoyen, dont la candidature à une fonction élective a été agréée par le Conseil électoral provisoire ne peut être l’objet de mesures privatives de liberté qu’en vertu d’une condamnation définitive, sauf en cas de flagrance. » Intervenant sous le couvert de l’anonymat, un juriste, commentant ce texte, estime que cet argument retenu par les avocats du candidat au Sénat, Sorel Jacinthe, n’exclut en aucun cas des poursuites qui pourraient être engagées contre un candidat durant le processus électoral. C’est pourquoi, croit-il, le contre- argument évoqué par la partie demanderesse tient. « Pendant tout le processus électoral, les candidats et leurs partisans doivent observer une attitude correcte. Ils doivent se garder de toute incitation et à (sic) tout acte mettant en péril la vie et les biens de la population sous peine de sanctions prévues par le Code pénal. Le commissaire du gouvernement ou le juge de paix, assisté d’agents de la PNH, régulièrement saisis par le CEP, engage les poursuites », stipule l’article 116 du décret électoral. Poursuivant sa lecture du dossier, le juriste pense que l’ex-président de la Chambre des députés serait couvert par une certaine immunité au regard de l’article 237 du décret électoral. Car, explique-t-il, si la partie plaignante est incapable d’établir la flagrance des faits reprochés à Sorel Jacinthe, aucune peine restrictive ne peut être infligée à celui-ci durant la période électorale. Rappelons dans ce dossier que M. Jacinthe a été accusé de tentative d’assassinat sur le juge suppléant, Me Miken Nordé. Le juriste dit relever une grande anomalie dans cet article, compte tenu des restrictions de mesures disciplinaires qu’il permet à un candidat de jouir aux prochaines élections. Toutefois, Me Nordé envisage, de concert avec ses avocats, de procéder par citation directeaucorrectionnel.Étantsaisi directement de l’affaire, le dossier pourrait, selon lui, être entendu dans un bref délai. Cependant, craint-il, le dossier devra être assisté du ministère public en la personne du commissaire du gouvernement. Or, il dit déceler la tendance du représentant de la société favorable au renvoi du dossier après les élections. D’aucuns se souviennent que l’ex- député de Moron-Chambellan, pour se défendre des accusations portées à son encontre, avait lui-même brandi la carte des élections. Selon lui, ses adversaires politiques chercheraient à le miner à la veille des législatives prévues le 9 août prochain. Depuis le 6 août, la citée des Poètes s’est réveillée avec un nouveau scandale opposant un juriste à un candidat au Sénat. Le juge suppléant de la commune de Moron, Me Miken Nordé, accuse, sur les ondes, le dirigeant du parti politique « Inite », Sorel Jacinthe, de l’avoir agressé physiquement. Il s’est ensuivi, depuis, un arrêt de travail observé les 8 et 9 juillet écoulés par tous les juges de la juridiction de la Grand-Anse en solidarité avec leur pair. Une affaire d'immunitéPar Jean Michel Cadet JÉRÉMIE/JUSTICE/SORELJACINTHE L’Affaire opposant le juge suppléant de la commune de Moron, Me Miken Nordé, et le candidat au Sénat, Sorel Jacinthe, a été entendue le vendredi 17 juillet dernier. Les avocats de la défense évoquent l’article 237 du décret électoral pour demander le report du dossier après les élections. Alors que la partie plaignante brandit l’article 116 de ce même décret pour contester cette proposition. F inancé à hauteur de 50 mille dollars américains par la Minustah, ce projet sera implé- menté à travers sept des dix départements du pays, notamment le Nord, le Nord-Est, l’Artibonite, le Plateau central, le Sud, le Sud-Est et la Grand-Anse. Au total, ce sont 25 communes qui bénéficieront des activités qui seront réalisées dans le cadre de ce projet qui débutera à la fin du mois de juillet pour prendre fin au début du mois d’octobre. « Sitwayen afiche w, vin brase lide sou desantralizasyon nan 25 komin peyi a sòti nan Nò rive nan Sid », est le message principal qui sera adressé aux citoyens qui bénéficieront d’ateliers de discussions et de conférence-débats pour parfaire leurs connaissances dans le domaine. Ce projet vise, entre autres, à arriver à un véritable travail de décentralisation, pour doter les collectivités territoriales des moyens nécessaires en vue de s’auto-administrer et d’atteindre la voie du développement. La décentralisation « La décentralisation est incontournable en ce qui concerne les mécanismes à mettre en place en vue d’adresser les différents problèmes de la population », a fait savoir le directeur des Collectivités territoriales, Ruthlande Anglade. Ainsi, il formule trois propositions qui sont : l’intégration de tous les acteurs-clés permettant de faciliter son implémentation dans le pays, l’inventaire sur l’ensemble des travaux déjà réalisés dans ce domaine, statuer sur le niveau de décentralisation souhaité en évaluant les premiers travaux qui n’ont pas pu atteindre les résultats escomptés. Le président du Conseil d’administration de Gade-Haïti, Fednel Zidor, a, pour sa part, indi- qué que la décentralisation est un prescrit de la Constitution du 29 mars 1987. Il a déclaré que la non- réalisation des élections depuis environ quatre ans, a conduit les autorités centrales à désigner des agents exécutifs intérimaires (AEI) en remplacement des élus locaux. En pareille situation, dit-il, on se trouve dans la déconcentration et non dans la décentralisation. Étant donné que ces agents, explique-t- il, ont été nommés, ils ne sont pas habilités à prendre certaines déci- sions dans l’intérêt de leur com- mune, leur section communale. Il s’agit d’un acte contraire à la loi. Très acerbe, le numéro un de Gade-Haïti a indiqué que la décentralisation ne peut se faire via l’intervention de l’État central. Il rappelle qu’elle est le fruit de l’organisation des élections selon les échéances prévues par la loi. Aussi exhorte-t-il les citoyennes et citoyens à participer massivement aux prochaines compétitions électorales. Selon lui, la décentralisation est liée au transfert de compétences, de pouvoir et de moyens. Cette démarche, explique M. Zidor, participe du renforcement de l’autonomie des différents élus locaux et revêt une grande impor- tance pour le fonctionnement du pays. Il a en outre informé qu’à l’issue des différentes activités ins- crites dans le cadre de ce projet des actes d’engagement seront signés. Ainsi, un document sera soumis aux autorités via le MICT afin de placer la notion de décentralisation au centre des débats électoraux à la fin de cette année. De son côté, Patrick Schee, représentant de la Minustah a salué la mise en œuvre de ce projet qui vise à renforcer les institutions du pays, spécialement les pouvoirs des élus locaux. HAÏTI/COLLECTIVITÉSTERRITORIALES GADE appelle à une politique nationale de décentralisationPar Reynold Aris Le Groupe d’appui à la décentralisation en Haïti (Gade-Haïti), le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT) et la Minustah, entendent dynamiser les collectivités territoriales. Aussi ont-ils lancé officiellement, mercredi, le Projet de mobilisation citoyenne et de plaidoyer en faveur d’une politique nationale de décentralisation.
  • 7. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 7 D ans le cadre de cette enquête, 1 463 membres de l’OCID ont été déployés de manière aléatoire sur les dix départements du pays. Contrairement aux spéculations de la grande majorité, au menu de l’enquête, il a été plutôt question des desiderata de la population à l’approche des joutes électorales, en lieu et place d’examination des facteurs de chances, de l’intention de voter tel ou tel candidat lors de ces élections. Ces enquêtes ont été menées sous la direction de Neil Nevitte, chercheur à World Values Survey, consultant au National Democratic Institute (NDI) et professeur au département des sciences politiques à l’Université de Toronto. Les résultats ont été vulgarisés dans un atelier tenu le mercredi 22 juillet à l’hôtel Montana, en présence de plusieurs acteurs concernés. Les questions faisant l’essentiel de cette enquête étaient centrées spécifiquement sur les plus graves problèmes auxquels Haïti se trouve confrontée de nos jours, les intentions de prendre part au processus, l’arbitrage, les intérêts pour les questions politiques, ainsi que les questions de fausses promesses et d’achats de vote. Parmi ceux qui ont répondu à ces différentes interrogations, 64 % ont l’intention de voter, 14 % n’ont pas encore de décision et 23 % n’entendent pas remplir ce devoir civique, tout en évoquant comme motif, l’absence de la carte d’identification nationale (CIN). Par ailleurs, d’autres données de l’enquête révèlent un large soutien favorable pour un arbitrage national des élections à 80 %, contre un arbitrage des homologues internationaux. Une personne sur huit questionnés, affirme avoir déjà reçu des pots-de-vin contre son vote. Les résultats du sondage ont prouvé que la jeunesse est la catégorie la plus intriguée par la situation actuelle du pays. Ils sont en majorité entre 18 à 25 ans à répondre au questionnaire et représentent 35 % des interviewés. Ceux qui sont dans l’intervalle 26 à 35 ans constituent en effet 25 %. Les adultes de 36 à 50 ans correspondent à 22 %, et la tranche de 50 ans et plus forme les autres 18 % de l’échantillon. Tout le territoire national a été touché par cette étude. 19 % des sondés habitent la zone métropolitaine, 30 % des villes de province, et 51 % en milieu rural Les attentes sont des débats et de bons programmes Pour Rony Desroches, représentant de l’Initiative de la société civile (ISC), c’est une enquête qui a pour objectif d’apporter des données systématiques pour les candidats à tous les niveaux du processus électoral, de les mettre en face des vrais problèmes et préoccupations de la population. L’initiative, avance-t-il, a été prise après s’être penché sur le taux de chômage, la dégringolade de la gourde, les problèmes environnementaux. Le besoin d’un renouveau politique se fait sentir, il est temps de jeter un regard scientifique sur les réalités politiques haïtiennes. L’enquête nous a permis d’identifier les besoins des différentes couches de la société, les problèmes de méfiance de l’administration, pour ensuite les exposer à ceux et celles qui veulent prendre les rênes de la gouvernance de ce pays. Jean Frantz Jean-Louis, le ministre chargé des Questions électorales, a pour sa part salué cette initiative, qui pour lui est une campagne de vulgarisation des informations à propos de l’engagement des citoyens dans le processus qui devrait commencer à se matérialiser coûte que coûte le 9 août prochain. Il croit que ces informations vont permettre aux candidats de connaître les inquiétudes et les attentes de la population. Les candidats et les partis politiques, suppose-t-il, vont avoir recours à ces données pour mieux envisager leur campagne électorale, mieux charpenter leur programme politique, et aussi rectifier le tir sur des documents de cadrage déjà élaborés par d’autres candidats et partis. L’OCID dit espérer vivement que les constats présentés par cette enquête et les questions qu’elle soulève pourront, dans les jours qui viennent, alimenter des débats constructifs, notamment au sujet de la préoccupation de la population et de la problématique de l’engagement du citoyen. Le processus électoral en panne de confiance Par Évens RÉGIS HAÏTI/SONDAGE Les résultats d’une enquête menée sur un échantillon de plus de 3 700 personnes, concernant le processus électoral, par l’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (OCID), ont révélé que 52 % des hommes et 58 % des femmes de la population ne font pas confiance au processus. Et ils ont évoqué le chômage, la pauvreté, l’insécurité, la corruption et les troubles politiques comme étant les véritables problèmes auxquels Haïti est confrontée.
  • 8. 8 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 MONDE P our rentrer dans le moule, elle avaitdûsecouperlescheveux, se souvient Maria Eugenia Etcheverry. Aujourd’hui, elle commande une unité des forces aéri- ennes en Uruguay, pionnière dans une Amérique latine qui compte 4 % de femmes militaires. Première femme à occuper un tel poste en Uruguay, avec 16 hommes sous ses ordres, elle a l’habitude d’attirer l’attention depuis 1997, quand elle avait été l’une des deux élèves féminines à entrer à l’Ecole militaire aéronautique, l’année même de son ouverture aux deux sexes, une mesure adoptée à peu près à la même époque dans la reste de la région. Avec sa camarade de promotion Carolina Arévalo, elles ont alors eu l’impression de servir de cobayes pour une institution un peu désarçonnée par la nouveauté. « Au début, ils nous ont coupé les cheveux car le règlement (pensé pour les hommes) disait qu’ils ne pouvaient pas toucher le col de l’uniforme », raconte Maria Eugenia. « Puis ils nous ont laissé les faire pousser, car la perception avait changé. Cela a été comme ça avec tout », dit la jeune femme qui, après avoir revendiqué sa longue chevelure blonde, l’a finalement recoupée cette année pour plus de commodité. Devenue dès 2002 la première femme pilote de combat du Cône sud, partie d’Amérique latine regroupant l’Uruguay, le Paraguay, l’Argentine et le Chili, Maria Eugenia reste une exception dans une région où à peine 4 % de la force militaire est composée de femmes, selon le Réseau de sécurité et de défense d’Amérique latine (Resdal). Mais les choses commencent à changer : en Argentine, au Chili, en République dominicaine, en Uruguay et au Venezuela, 16 à 18 % du contingent est désormais féminin, indique cette association. Même si l’égalité hommes-femmes reste un défi dans cette partie du monde, on trouve déjà des femmes à la tête du ministère de la Défense au Venezuela (Carmen Meléndez) et en Equateur (Guadalupe Larriva). D’autres ont occupé ce poste au cours des 15 dernières années, en Argentine, en Bolivie, au Paraguay, en Colombie, en Equateur, en Uruguay et au Chili, où l’emblématique Michelle Bachelet, aujourd’hui présidente, dirigea ce ministère de 2002 à 2004. Un cours de maquillage La présence des femmes à des postes de commandement au sein même de l’armée est toutefois récente, survenant au Venezuela et en Bolivie car ces pays ont été les seuls de la région autorisant l’entrée des femmes dans les académies militaires dès les années 1970. « La question n’est pas encore réglée, mais les choses ont beaucoup changé », observe Samanta Kussrow, chercheuse de l’association Resdal. « L’idée n’est pas de remplir des quotas, mais de voir (ce qui se passe) à l’intérieur des forces armées, et le fait qu’une femme puisse commander une unité, cela fait partie » du changement, ajoute- t-elle. En Bolivie, Gina Reque Teran est devenue cette année la première femme à détenir le plus haut grade de l’armée de son pays - général de brigade -, avec une histoire personnelle atypique, étant la fille de celui qui avait dirigé les opérations de capture du guérillero argentin Ernesto « Che » Guevara en 1967. Mariée et mère d’un enfant, Maria Eugenia Etcheverry a l’habitude qu’on la questionne sur sa vie au sein d’un univers si masculin, se rappelant en riant les efforts de l’armée pour l’intégrer. « Ils ont fait venir une professeur de maquillage pour nous donner une leçon un samedi matin. J’étais de garde ce week-end là et, à la fin du cours, alors que j’étais maquillée comme pour sortir en soirée, ils m’ont ordonné de rester comme ça. C’était ridicule, comme s’ils ne savaient pas quoi faire de nous! ». Il n’y a pas que des anecdotes légères dans le parcours de la militaire, qui se souvient que « parfois il y avait de la discrimination, pas avec des mots mais plutôt en action. Il fallait faire ses preuves ». « Aujourd’hui c’est différent, le chemin a été aplani pour les femmes ». Il reste encore du travail, pourtant: 15 ans après sa sortie de l’école militaire, seule 16 % de la hiérarchie supérieure au sein des forces aériennes uruguayennes est composée de femmes et, selon ses calculs, il n’y a pas plus de 10 femmes pilotes de chasse dans le pays. En Amérique latine, l'armée apprend à faire une place aux femmes Sources : afp Maria Eugenia Etcheverry dans la base militaire de Durazno, à 200 km au nord de Montevideo le 20 mai 2015. / Photo: AFP/AFP La Maison blanche parachève son plan de fermeture de Guantanamo Sources : Reuters L a présidence américaine a fait savoir mercredi qu’elle mettait la dernière main à son projet de fermeture de la prison con- troversée de Guantanamo, située à la pointe orientale de l’île de Cuba. Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a déclaré que la présidence espérait « court- circuiter » l’opposition à ce sujet des Républicains au Congrès. Barack Obama, qui s’était pour- tant engagé à son arrivée au pou- voir en 2009 à fermer au plus vite ce centre de détention militaire, n’a jamais réussi à faire aboutir ce projet en raison de difficultés juridiques soulevées par le Con- grès. Ouvert un an après les attentats du 11 septembre 2001 au sein d’une base militaire sur l’île de Cuba, le camp de Guantanamo a vu passer près de 780 détenus, faits prison- niers par les Etats-Unis dans le cadre de leur « guerre contre le terrorisme ». A ce jour, 116 personnes s’y trou- vent encore. La prison de Guantanamo est critiquée par les associations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent les exactions qui y auraient été commises, et sert, selon le gouvernement américain, la propagande djihadiste. Fin décembre, Barack Obama avait répété qu’il était « prêt à faire tout (son) possible » pour fermer le centre. La présidence américaine met la dernière main à son projet de fermeture de la prison controversée de Guantanamo, située à la pointe orientale de l’île de Cuba. Ouvert un an après les attentats du 11 septembre 2001 au sein d’une base militaire, ce camp a vu passer près de 780 détenus, faits prisonniers par les Etats-Unis dans le cadre de leur “guerre contre le terrorisme”. / Photo d’archives
  • 9. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 9 MONDE Deux attentats suicides font au moins 13 morts au CamerounSources : Reuters U ne course contre la montre semblait engagée mercredi pour retrouver trois journali- stes espagnols, portés dis- parus depuis dix jours à Alep, dans le nord de la Syrie, où l’Espagne a mobilisé ses agents de renseignement. « L’activité est maximale » pour les retrouver, a dit mercredi le ministre des Affaires étrangères espagnol Jose Manuel Garcia Margallo, précisant n’avoir reçu « aucune revendication » en lien avec cette disparition et assurant ne « privilégier aucune hypothèse » à ce stade, sans écarter ni confirmer un enlèvement. « Laissez-nous travailler avec discrétion car croyez-moi c’est ce qui convient le plus à vos confrères », a-t-il ajouté, en réponse à la question d’un journaliste lors d’un forum à Madrid. Mardi soir, la Fédération des associations de journalistes espagnols (FAPE) avait annoncé la disparition d’Antonio Pampliega, né en 1982, Jose Manuel Lopez, né en 1971 et Angel Sastre, 35 ans. Confirmant l’information, leurs familles ont appelé les médias à faire preuve de « patience » et “respect”. Ils travaillaient récemment pour des médias espagnols, notamment les quotidiens ABC et La Razon, la chaîne Cuatro, et la radio Onda Cero. L’observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), citant des témoins, a indiqué que les trois journalistes ont été vus pour la dernière fois le 13 juillet dans le quartier de Maadi (Alep), contrôlé par plusieurs groupes rebelles. Ils circulaient à bord d’une camionnette blanche et, selon cette source, auraient été emmenés par un groupe d’hommes. Le ministre des Affaires étrangères a cependant refusé de confirmer cette information. Ces trois reporters free-lance ne manquent pas d’expérience. Antonio « Toni » Pampliega, qui travaille sur plusieurs supports - texte, vidéo, photo - a contribué à la couverture du conflit en Syrie par l’AFP jusqu’en 2013. Il a aussi travaillé en Irak. C’était aussi le cas du photographe Jose Manuel Lopez, dont les dernières photos pour l’AFP remontent à septembre 2014, sur la ligne de front séparant les forces kurdes irakiennes et les combattants de l’Etat islamique. Lopez a reçu plusieurs prix pour ses implacables images des victimes de la guerre, en Syrie et ailleurs. En 2010, dans une tribune du Pais, Pampliega, un passionné, a décrit comment à 25 ans, il avait atterri dans « l’une des villes les plus dangereuses du monde: « Défiant les conseils et infligeant un terrible choc à mes parents, le 29 janvier 2008, j’ai pris un avion destination Bagdad », a-t-il écrit en décrivant ses efforts de free-lance sans le sou pour devenir « un grand journaliste ». Angel Sastre, qui a commencé sa carrière de grand reporter en Amérique latine, a lui assuré, dans un entretien qu’il était conscient du risque d’enlèvement voire de mort en Syrie. « Courage », a-t-il écrit dans son dernier message sur le réseau social Twitter, le 10 juillet. Agents de renseignement Le ministre des Affaires étrangères a précisé que des agents des services de renseignement espagnols étaient mobilisés en Syrie. « Le ministère est en contact permanent avec l’ambassade en Turquie qui supervise les opérations », a déclaré le ministre. « Il y a des gens du CNI (Centre national de renseignement) qui sont en Syrie et nous aident », a-t-il dit. « Nous n’avons rien de nouveau ces dernières heures », a aussi indiqué le ministre de la Justice Rafael Catala évoquant des efforts de « localisation ». La ville d’Alep, divisée depuis la mi-2012 entre rebelles et loyalistes, vit régulièrement sous les bombardements. La guerre en Syrie, qui avait commencé par des manifestations pacifiques réprimées dans le sang, a fait plus de 230 000 morts depuis mars 2011. Régime, rebelles, Kurdes et jihadistes s’affrontent sur un territoire de plus en plus morcelé. En septembre 2013, trois autres journalistes espagnols avaient déjà disparu en Syrie. Ils avaient été enlevés, puis libérés, en mars 2014. Le reporter du quotidien El Mundo Javier Espinosa, le photographe free-lance Ricardo Garcia Vilanova, et Marc Marginedas, du journal El Periodico ont tous été otages du groupe Etat islamique (EI). La Syrie est considérée comme le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes par l’organisation Reporters sans frontières (RSF), qui estime qu’au moins 44 journalistes y ont été tués depuis 2011. Selon, RSF au moins 30 journalistes et bloggeurs seraient prisonniers dans les prisons du régime et au moins 25 autres, dont six étrangers, seraient otages du groupe Etat islamique ou d’autres groupes extrémistes. L'Espagne mobilise ses agents pour retrouver trois journalistes disparus en Syrie Sources : AFP Jose Manuel Garcia Margallo, ministre des Affaires étrangères espagnol. / Photo : KARAM AL-MASRI/AFP D eux attentats suicides ont fait au moins 13 morts et 32 blessés mercredi à Maroua, la capitale de la région de l’Extrême-Nord au Cameroun, a annoncé la présidence camerounaise. La première explosion a visé un marché, la seconde un quartier densément peuplé, dit-on de source militaire. L’attaque n’a pas été revendiquée mais elle porte la marque de Boko Haram, d’autant que le groupe dji- hadiste a récemment multiplié les actes . Du même genre au Nigeria et dans les pays limitrophes - Tchad, Niger et Cameroun. « Les gens couraient partout », a raconté un témoin, qui dit être arrivé sur les lieux peu après la première explosion. Sur les images de Reuters, on peut voir le sol jonché de débris et des soldats, ainsi que les services de secours chercher des corps. Le bilan s’élève à 13 morts selon un communiqué du président, Paul Biya, mais le gouverneur de la région, cité par la télévision publique CRTV, a pour sa part fait état de 17 morts. Le 13 juillet, un double attentat suicide avait tué dix civils et un soldat tchadien à Fotokol, dans la même région.Photo : Reuters
  • 10. 10 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 ÉCONOMIE La BRH tente de stabiliser le marchépar Gary Victor A u cours d’un déjeuner- rencontre à la BRH, auquel avaient été conviés différents médias de la capitale, le gou- verneur Charles Castel, entouré des membres du Conseil de l’institution, a tenu à rappeler les causes conjonc- turelles de la crise. Il a cité entre autres, la raréfaction de l’offre, qui s’était manifestée par une contrac- tion des volumes de transaction, la baisse importante des ressources en devises liée au retrait des ONG, les effets du désengagement progressif de la Minhustha, ainsi que les dépenses dans le secteur de l’énergie qui sont financées en partie par le budget et par les ressources hors budget telles celles de PetroCaribe. Les experts de la BRH croient qu’il est aussi important de se pencher sur les déficiences structurelles de l’appareil productif national, car- actérisé par une insuffisance de la production à la fois pour le marché local et pour les exportations, qui ont conduit au déséquilibre de la balance des paiements avec des importations financées pour la plupart par les transferts privés et publics. Charles Castel a insisté sur les principales mesures prises par la BRH pour juguler la crise provo- qué par la volatilité du taux de change en rappelant que la loi du 17 août 1979 - chapitre 1, article 2 – donne à l’institution une mis- sion bien précise qu’on ne peut se permettre d’outrepasser, chaque institution au niveau de l’État ayant un rôle bien précis à jouer pour le bon fonctionnement de la République. La BRH compte injecter ainsi sur le marché des changes dans les mois qui vont suivre 175 millions de dollars US. Le mardi 21 juillet, les banques ont reçu un avis de la BRH les informant qu’elle décid- ait d’injecter 5 millions de dollars US sur le marché, la UNIBANK, la SOGEBANK, la Capital BANK, la BNC, La CITIBANK, la BUH, la Scotiabank et la BPH recev- ant chacune 600 mille dollars us, tandis que la SOGEBEL obtenait 200 mille dollars. Les conditions établies par la Banque centrale sont accompag- nées de directives claires. Le taux de vente de la BRH étant de 55,70 gourdes, la banque receveuse doit s’engager à revendre au taux de 56 gourdes pour 1 dollar US, à un maximum de 10 mille dollars US par client. Elle a également pour obligation de soumettre à la BRH les informations relatives aux transactions effectuées (ache- teurs, montants et taux). D’autres dispositions prises par la BRH obligent les demandeurs de dollars pour l’achat de produits pétroliers à s’adresser désormais directement à la Banque centrale et non plus aux banques commer- ciales privées. Les compagnies de téléphonie mobile devront elles aussi diminuer la pression sur les banques commerciales en allant frapper aux portes de la BRH. Les responsables de la banque d’État encouragent également les intéressés à se porter acquéreurs des Bons BRH qui, à partir d’une transaction de 50 mille gourdes, est rémunéré à 7 % tout en proté- geant le porteur de toute dévalua- tion de la monnaie nationale. Bref, tout un train de mesures et d’autres qui devraient permettre, selon la BRH, de stabiliser la situ- ation, l’institution prenant soin toutefois de rappeler qu’il est important de s’adresser aux vrais problèmes de fond. TAUXDECHANGE Le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti réaffirme la capacité de l’institution à faire face à la crise monétaire.
  • 11. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 11 ÉCONOMIE AGRICULTURE/SÉCHERESSE Artibonite : les paysans aux abois, le MARNDR annonce de nouvelles actionsPar Par Therno N. A. Sénélus Pour faire face à la situation de précarité agricole qui sévit dans le pays, le directeur départemental du ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR), Jocelin Jean, a confié, mardi, à Le National, que l’institution compte distribuer des intrants agricoles aux agriculteurs artibonitiens. L e haricot, le maïs, les légumes sont, entre autres, des semences qui seront mises à la disposition des paysans par le MARNDR. Dans certaines zones, des agriculteurs ont déjà commencé à labourer leur parcelle afin de procéder aux ensemencements, a fait savoir Jocelin Jean. Le directeur départemental a pré- cisé que la sécheresse qui frappe le pays est engendrée par le phé- nomène El Niño qui chamboule une bonne partie de l’Amérique centrale et de la Caraïbe. Cette diminution de la quantité de pluie a une incidence sur les denrées agricoles en Haïti. Il s’est entre- tenu avec des partenaires œuvrant dans le sous-secteur de la zone en vue de déterminer de meil- leures stratégies de renforcement de leurs capacités tout en con- tribuant à la création d’emplois temporaires dans la conservation de sol et d’autres programmes de gestion des ressources naturelles. Au niveau de la direction départe- mentale, a assuré Jocelin Jean, d’autres moyens sont envisagés dans le but de mettre en branle des chantiers et de financer des projets à haute intensité de main d’œuvre. Mais le plus difficile reste à faire. Une situation difficile La sécheresse bat son plein à Terre-Neuve et à Bassin-Mangnan, avec tous ses effets négatifs. Insé- curité alimentaire. Baisse totale du pouvoir d’achat. Pénurie d’eau. Conditions socioéconomiques pré- caires. La grogne des paysans du haut-Artibonite est bien réelle, que ce soit dans la commune de Terre-Neuve ou de la sixième sec- tion communale Bassin Mangnan, de la commune des Gonaïves. Joint récemment au téléphone, Adelson Phallus, un membre de l’Assemblée de sections commu- nales (ASEC) de la commune, ne cache pas son inquiétude quant à la gravité de la situation. Cette sécheresse sévit depuis le mois d’avril dans plusieurs régions du pays, notamment dans les trois sections communales de ladite commune. Adelson Phallus dit attendre impatiemment les interventions du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) en vue d’un accompagnement aux agriculteurs dans cette situation devenue très critique. Stagiaire pendant deux semaines dans la zone, Widler Hiler Fils, un étudiant de cinquième année en agronomie, témoigne de la pré- carité socioéconomique et agricole de la population terre-neuvienne : « je suis ici depuis deux semaines pour un stage exploratoire en propagation végétale. Je constate qu’effectivement un ensemble de problèmes aux- quels la population doit faire face, notamment l’insécurité ali- mentaire et la pénurie de l’eau. Les gens sont comme pris dans un bourbier ». Il croit qu’il faut repenser l’agriculture dans le pays avant qu’on ne sombre totalement dans un « chaos agricole ». Comme les deux premiers inter- venants, Gasner Albert, un cul- tivateur légumier de la sixième section communale de Bassin Mangnan (Gonaïves), présente la situation des habitants de la zone : « comme toujours, nous consom- mons ce que nous produisons avec le peu que nous avons. Nous utili- sons toujours l’eau de rivière pour arroser nos jardins. Et il n’a pas plu depuis trois mois ». Le natif de Bassin Mangnan fustige le laxisme des respon- sables du MARNDR qui ne prennent pas à cœur leur mis- sion d’accompagnement des paysans en matière agricole. Il invite ces derniers à se solidar- iser pour faire face aux difficultés socioéconomiques et agricoles actuelles et à venir. Les actions du MARNDR dans l’Artibonite Hormis l’accompagnement des activités agricoles, le Ministère via la direction départementale de l’Artibonite multiplie les activités de reboisement dans la zone. Près de 10 millions de plantules ont été mises en terre, durant les trois années écoulées. Tous ces travaux, a-t-il poursuivi, ont facilité une meilleure gestion des bassins versants et la protection de l’environnement, Parmi les interventions sur le terrain, on peut notamment citer le Programme d’intensification agricole (PIA), terminé, il y a un an, le projet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le haut- Artibonite en cours d’achèvement, les interventions d’OXFAM dans la commune d’Anse-Rouge, l’Action contre la faim (ACF) pour la commune de Terre-Neuve. Le Trésor public pour sa part a financé un programme d’aménagement des bassins versants, de plantation de café, d’intensification agricole et de production de drageons de banane. Il nous faut signaler le fait que parmi les communes en situation de sécheresse indiquées dans le rapport du Conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA), le coordonnateur général de l’institution, Gary Mathieu n’a pas fait mention des communes de Terre-Neuve et d’autres zones avoisinantes.
  • 12. 12 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Agriculture durable : les fondements d'un nouveau contrat social ? par Étienne Landais* | 1e partie** L a notion de « développement durable » (sustainable devel- opment) a fait son apparition officielle dans le discours poli- tique lors de la publication en 1987 du rapport demandé par les Nations unies à la commission présidée par Gro Harlem Brundtland , premier ministre norvégien, dans le cadre de la préparation de la Conférence de Rio-de-Janeiro, qui l’a consacrée cinq ans plus tard, en juin 1992 : « Le développement durable est un dével- oppement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capaci- té des générations futures à répondre à leurs propres besoins. » Émergence d’une notion d’origine politique Cette notion s’est imposée, aux États-Unis d’abord, vers le début des années 1980. Son émergence coïncida avec le tournant poli- tique que prit alors la majorité des composantes du mouvement écol- ogiste. Elle marquait l’évolution de son discours, qui passait d’une contestation radicale des modèles de développement dominants, au nom d’une conception très « éco- centrée » de l’environnement et de sa préservation, et donc très défensive vis-à-vis de l’action de l’Homme, à une position plus « anthropocentrée », reconnaissant la légitimité du développement économique et social et cherchant à concilier les exigences de ce développement avec celles de la protection des ressources et des milieux naturels. Née de la dialectique entre con- server et construire, entre trans- mettre et transformer, la notion de développement durable répond à celle d’environnement et appa- raît en quelque sorte comme son prolongement dans le sens de l’action. En ce sens, elle reprend des réflexions antérieures, et notamment la problématique de l’écodéveloppement prônée dans les années 70, en France, par Ignacy Sachs. Si tous s’accordaient sur le con- stat de la mondialisation des pro- blèmes et donc de la recherche des solutions, l’enjeu des longues discussions qui aboutirent à Rio à la reconnaissance solen- nelle de la nécessité de prendre en compte les revendications des écologistes dans l’action politique consistait essentielle- ment à négocier un compromis acceptable entre trois parties représentant respectivement les intérêts de l’environnement, ceux des pays industrialisés du Nord soucieux de concilier développe- ment économique et protection de l’environnement et ceux des pays du Sud préoccupés exclusivement de développement économique et social à court terme. Il s’agissait donc, pour cette négociation trian- gulaire, de concilier les exigences du long terme et les nécessités du présent. Les premières caractéris- ent le discours écologiste. Les sec- ondes, les discours des politiques et des économistes. Ce compromis ne put être trouvé qu’en s’appuyant sur des consi- dérations inspirées d’humanisme et de morale sociale. C’est en effet au nom de l’équité et de la soli- darité entre les sociétés actuelles, d’une part, et entre ces sociétés et les sociétés à venir, d’autre part, que fut élaborée la doctrine qui inspira la définition du rapport Brundtland. Cette doctrine con- sidère que la protection des res- sources et des milieux naturels est une condition nécessaire pour assurer la durabilité du développement, la finalité ultime restant l’amélioration sur le long terme des conditions de vie des hommes. Aux objectifs écologiques et économiques initiaux s’ajoutent ainsi des objectifs sociaux, poli- tiques et géopolitiques, voire culturels. Bien entendu, cet élar- gissement multiplie les points de vue possibles sur la notion de durabilité et s’accompagne d’un foisonnement d’interprétations, encore enrichi par la diversité des sociétés impliquées et des niveaux d’organisation considérés. Dans la majorité des cas cepen- dant, la réflexion reste fondamen- talement centrée, au moins dans les pays du Nord, sur les moyens concrets de concilier sur le long terme les dynamiques de dével- oppement avec la protection des ressources et des milieux naturels. Elle intègre ce que j’appellerai un principe de responsabilité et de subsidiarité, qui affirme que chacun est impliqué, à son niveau d’action, dans la poursuite de ces objectifs. Elle intègre également bien souvent ce qu’il est désor- mais convenu d’appeler le « prin- cipe de précaution », qui appelle à prévenir les risques, notamment écologiques, sans attendre que leur réalité soit établie de manière indiscutable. Des principes à l’action Le concept de durabilité se con- struit graduellement dans la con- science collective et ses traits évoluent au fur et à mesure de cette appropriation sociale, sous la pression des questions soulevé- es par sa mise en œuvre concrète. La « durabilité faible » a marqué la première étape de ce proces- sus. Reposant sur le principe de la subordination de l’environnement aux intérêts de l’espèce humaine, cette position qui se voulait « humaniste » reposait en réalité sur une autoréférence du développe- ment au développement et con- duisait en pratique à privilégier de manière systématique le bien-être de l’homme dans toute situation concrète d’arbitrage. Elle s’est avérée totalement inopérante en termes de gestion. La « durabilité forte » qui lui a suc- cédé dans les conceptions domi- nantes a marqué une seconde étape. Elle repose sur la remise en cause, plus ou moins complète, du principe de substituabilité. Différ- entes propositions en découlent. Par exemple, d’identifier un noyau de « capital naturel critique » non substituable, à protéger absolu- ment. Ou encore d’exiger la non- décroissance du capital naturel pris comme un tout. Le débat est très ouvert, mais il apparaît de plus en plus clair que, dans une perspective de gestion, la seule solution opératoire con- siste à donner à la durabilité un contenu environnemental auto- nome vis-à-vis du développement économique. Quelle démarche peut-on imaginer pour rendre opératoires ces prin- cipes abstraits ? La définition sui- vante peut, me semble-t-il, nous y aider : « Gérer, c’est agir délibéré- ment dans le but d’influencer un système d’action en fonction de buts explicites formulés en termes de performances, donc appuyés sur un ensemble cohérent de juge- ments de valeur ». Le passage de modèles abstraits à des références concrètes, susceptibles de guider l’action, nécessite à mon avis une opération de « traduction » en deux temps. Les principes d’une gestion dura- ble doivent d’abord - c’est le débat social - être traduits sous la forme d’un ensemble cohérent de ce que j’appellerai des « valeurs-objectifs ». Le partage de ces valeurs d’ordre philosophique, éthique, politique, est une condition indispensable au déclenchement de l’action collec- tive. Dans un second temps - c’est le débat technique -, ces valeurs doivent elles-mêmes être décli- nées en un ensemble de critères de performances, dont l’utilisation débouchera enfin sur l’élaboration de normes et de références pour l’action. Les deux phases de l’opération de traduction (qui, dans la réalité, ne se déroulent pas de manière successive, mais itérative) doivent logiquement, et c’est un point important, mobiliser des collec- tifs de nature différente : schéma- tiquement, c’est à des collectifs socio-politiques que revient le rôle de définir les valeurs-objectifs, et à des collectifs formés de sci- entifiques, de techniciens et de professionnels que revient celui de produire les connaissances nécessaires puis d’élaborer les références pour l’action. En pratique, la fonction des con- naissances ainsi produites sera à la fois objectivante et normative. La fonction d’objectivation, qui s’incarne dans le « diagnostic de situation », joue un rôle essen- tiel pour le déclenchement de l’action, par la prise de conscience de l’écart entre, d’une part, la situation réelle et son évolution et, d’autre part, la situation et l’évolution souhaitables, définies à la lumière des valeurs-objectifs retenues. Le diagnostic permet, en outre, de définir le contenu de l’action. La fonction norma- tive des connaissances se traduit par l’élaboration de normes et de références, puis leur utilisation pour guider et évaluer l’action. *Étienne Landais est chargé de mission auprès du président de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et directeur de l’École nationale des sciences agronomiques de Montpellier. **2e partie : Du développement durable à l’agriculture durable La protection des ressources et des milieux naturels est une condition l’amélioration sur le long terme des conditions de vie des hommes | © afd
  • 13. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 13
  • 14. 14 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ Centre ambulancier national : un service d'urgence personnalisé 24/24Par Ronald Singer Saviez-vous que le centre ambulancier national du ministère de la Santé publique, offre gratuitement un service d’urgence sanitaire personnalisé 24/24 pour n’importe quel cas nécessitant un transport d’urgence vers l’hôpital de votre choix ? Le directeur adjoint du CAN, le Dr Garnel Michel fait le point ! « Le CAN, inauguré le 7 mars 2012, est le fruit d’un accord signéle27mars2010,auPalais national, entre les gouverne- ments haïtien, brésilien et cubain, sur la coopération sanitaire. Cet accord prévoyait cinq composantes : le renforcement de la surveillance épidémiologique, l’appui à la vacci- nation, la construction de trois hôpi- taux de référence et d’un centre de réhabilitation et la matérialisation de ce centre ambulancier, un outil important qui répond à un besoin de transport ambulancier et à la prise en charge pré-hospitalière dans le pays. C’est aussi une stratégie du MSPP : celui du transport selon les normes, pour toutes les urgences médicales», a déclaré le docteur Garnel Michel. Equipements / Logistique Le Centre ambulancier national est équipé d’une flotte de 57 véhicules robustes, capables de s’adapter aux terrains les plus difficiles. Ils sont équipés de défibrillateurs - appareil portable, fonctionnant au moyen d’une batterie, dont le rôle est d’analyser l’activité du cœur d’une personne en arrêt cardio- respiratoire. Ces tous terrains sont aussi munis de kits d’intervention d’urgence, d’oxygène et d’autres accessoires, a précisé le directeur- adjoint du CAN. Mission Le CAN a pour mission de sauver des vies en tout temps (acci- dents, incendies, ou catastrophes naturelles). Le centre ne fait pas de discrimination. Dans le cadre des urgences sanitaires, il offre ses services à tout le monde notam- ment aux femmes enceintes, aux accidentés de la voie publique, aux malades conscients ou incon- scients se trouvant dans une situ- ation difficile, a fait savoir le Dr Michel. Comment atteindre le centre d’opération d’urgence du CAN « Pour atteindre le CAN, composez le 116 gratuitement à partir de n’importe quel téléphone. Il vous met en contact avec l’un des 10 operateurs en poste en permanence, qui prend toutes les informations et localise le malade. Une fois le malade localisé, on mobilise l’équipe qui part rapidement à sa recherche pour le prendre en charge et le conduire vers un hôpital pour les soins que nécessite son cas », a déclaré le docteur Michel. Il a par ailleurs ajouté que le 116 est le numéro unique par lequel on peut atteindre le Centre ambulancier national pour quelle que soit l’urgence sanitaire. Le numéro vous connecte simultanément à dix (10) autres numéros d’urgence du centre d’opération du CAN. Ce qui signifie que le CAN peut recevoir 10 demandes pour 10 interventions d’urgence en même temps. Le CAN ne peut recevoir que 10 appels simultanés. « Les 10 lignes étant occupées, le 11e appel ne passera pas. Donc, si quelqu’un n’a pas une urgence, il n’est pas nécessaire de composer le 116, cela en vue de faciliter l’accès aux urgences », a conseillé le Dr Michel. Positionnement des ambulances et circuits couverts Le CAN couvre plusieurs zones stratégiques dans le pays à travers un système de « repositionnement » de façon à être le plus proche possible de la population. « Dans l’Ouest par exemple, on a des points fixes au niveau de Port- au-Prince en passant par Musseau, Christ-Roi, Pétion-Ville, jusqu’à Kenscoff. D’autres points s’établissent à Canapé-Vert, passant par Pacot pour arriver au centre ville. Il y a également des points fixes à la route des Dalles et à Fontamara. Un autre circuit couvre de carrefour à Léogâne. Au nord de Port- au-Prince, nous avons un circuit qui dessert de Cité Soleil à Montrouis avec un poste à La Gonâve. Au Sud-Est de la Capitale, le circuit Pétion-Ville jusqu’à Furcy et le dernier part de la Croix-des- Bouquets à Malpasse », à expliqué le docteur Michel. Le CAN est présent également à travers d’autres départements sanitaires du pays par des réseaux ambulanciers. Le réseau CAN dans l’Artibonite a été inauguré le 20 décembre 2012. Un autre a été inauguré à Limonade le 18 juillet 2014 pour desservir le Nord et le Nord-Est. Le CAN a aussi des ambulances positionnées dans le Sud (Port-salut, Coteaux), dans le Sud-Est (Anse-a-Pitres), dans le Nord- Ouest (Jean-Rabel), dans les Nippes (Miragoâne, Anse-a-Veau), Mirebalais dans le Centre, à Jérémie et Les Irois) dans le Grand’ Anse. « Le CAN a également deux bateaux ambulances positionnés qui desservent les côtes Nippes et la Grand’ Anse pour les zones qui ne sont pas accessibles par voie terrestre », a précisé le responsable du CAN. Dans les opérations de secours, chaque véhicule contient un chauffeur secouriste, un secouriste, une infirmière spécialisée en prise en charge des urgences et des médecins font partie également des équipes. « Nous avons aussi, des techniciens qui s’occupent de la propreté des vehicules, a fait savoir Dr Michel. Le CAN a en perspective d’établir un réseau dans chacun des 10 départements du pays. Il veut aussi former un nombre important de la population en premier soin, car en urgence, le délai d’intervention compte beaucoup, a-t-il conclu.
  • 15. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 15 SOCIÉTÉ Les gels antibactériens dangereux pour la santé?Sources : Lepoint.fr Une étude américaine révèle que le désinfectant favoriserait l’absorption par la peau de bisphénol A, un perturbateur endocrinien. L es gels hydroalcooliques pourraient bien être nocifs pour la santé. Une étude menée par l’Université du Missouri aux Etats-Unis et relayée par la revue Plos One révèle en effet que le gel censé nous protéger des bactéries favoriserait l’absorption de bisphénol A par la peau. A long terme, il serait donc dangereux pour la santé. Or le bisphénol A, qualifié de perturbateur endocrinien et interdit dans tous les contenants alimentaires en France depuis cette année, peut notamment provoquer une dégradation de la qualité mais aussi de la quantité du sperme chez l’homme. Il serait aussi à l’origine de fausses couches, ou encore de certains cancers. L’étude américaine indique par ailleurs que les gels antibactériens pourraient déclencher des irritations, des allergies, des maux de tête, des nausées, des vertiges et même chez les enfants, de l’ébriété. Ce n’est pas la première fois qu’une étude pointe du doigt les effets négatifs des gels hydroalcooliques. Des experts avaient ainsi déjà indiqué que l’usage régulier et prolongé d’agents contenus dans ce type de désinfectants pouvait entraîner une résistance bactérienne. Dès 2013, l’Association santé environnement France, qui rassemble près de 2 500 professionnels de santé en France, appelait à être « prudent » avec les gels antibactériens, recommandant d’utiliser à la place de l’eau et du savon. Il est toutefois important de rappeler que les gels antibactériens dans les hôpitaux ne sont pas affectés par tous ces risques. Plus un joueur de jeux vidéo est misogyne, moins il est bonPar Le figaro.fr Deux scientifiques ont observé les comportements des joueurs en réseau afin d’étudier le sexisme latent dans ce milieu. Ils ont finalement déterminé que ceux qui faisaient le plus de remarques misogynes étaient aussi ceux qui perdaient le plus. D eux chercheurs de l’uni- versité de Nouvelle-Galles du Sud et de l’université de Miami ont enchaîné 163 parties de « Halo 3 » (jeu vidéo de tir en vue), non pour s’amuser, mais pour observer comment les joueurs traitaient les femmes en ligne. Un joueur qui perd a tendance à reporter sa frustration sur les femmes Le résultat ne surprend qu’à moitié. Dans leur étude, les scientifiques Michael Kasumovic et Jeffrey Huznekoff affirment en effet que les compétences des gamers (les adeptes des jeux vidéos) ont une influence sur leur attitude vis-à-vis des femmes qui jouent avec eux. « De mauvaises performances (plus de blessés et moins de morts) engendraient des attitudes négatives chez les joueurs mâles, surtout s’ils étaient en compétition avec des femmes. (…) Les hommes qui ont un statut plus bas que celui des femmes et qui ont le plus à perdre dans une reconfiguration hiérarchique répondent à la menace que représente pour eux la compétition féminine. » Quand ces joueurs sont confrontés à d’autres hommes, les scientifiques ont pu observer une attitude totalement différence : « Lorsqu’ils jouaient mal, les joueurs faisaient davantage de déclarations neutres et positives et se révélaient en général moins négatifs face à un collègue masculin que face à une femme. » En somme, un joueur qui perd a tendance à reporter sa frustration sur le dos de ses collègues féminines et non sur les autres joueurs masculins. Les femmes bouleversent la hiérarchie du monde du gaming Repris par le Washington Post, Michael Kasumovic affirme que les grosses plates-formes en ligne, qu’il s’agisse de jeux ou d’échanges comme Twitter,Reddit (forum d’échange de liens, souvent à l’origine des phénomènes viraux sur internet) ou 4chan (partage d’images), a connu un « nouvel afflux de participantes qui a bouleversé la hiérarchie existante ». L’étude dépasserait presque le cadre du monde virtuel, pour représenter des schémas de la vie quotidienne. « Comme les hommes se reposent souvent sur leur agressivité pour conserver leur statut social dominant, l’augmentation de l’hostilité des hommes qui ont un statut moins élevé que celui des femmes peut être une tentative de diminuer les performances de ces mêmes femmes et d’anéantir leur intrusion dans la hiérarchie », peut-on lire dans la conclusion du rapport. Les hommes se reposent souvent sur leur agressivité pour conserver leur statut social dominant Le harcèlement en ligne n’est pas un phénomène nouveau. Selon une étude du Pew Research Center, 40 % des usagers du Web en ont personnellement fait l’expérience. 25 % des femmes interrogées, âgées entre 18 et 24 ans, ont été la cible de harcèlement sexuel en ligne. Après le fameux « GamerGate » en août 2014 - une développeuse de jeux vidéo avait été accusée d’échanger des faveurs sexuelles pour faire valoir l’une de ses créations -, le milieu du gaming s’est vu attribué une étiquette de misogynie difficile à retirer. Le combat qui oppose les dénonciateurs de cette misogynie et les gamers eux-mêmes persiste. Les féministes, surnommées les « Social Justice Warriors » (« les guerrières de la justice sociale »), sont rarement bien vues par les joueurs. La preuve en est avecun récent reportage réalisé par William Audureau pour Le Monde sur un rassemblement du GamerGate, pendant lequel l’un des membres s’inquiète d’un « féminisme effrayé et effrayant ».
  • 16. 16 | N0 45 JEUDI 23 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ Avis Le Tribunal de Première Instance de Port-au Prince compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience publique et en ses attributions civiles un jugement de divorce entre les époux Jordany SANON femme née Nigenska LECONTE ainsi libellé : Par ces motifs : Le Tribunal après examen, le Ministère public entendu, maintient le défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée ; pour le profit déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce du sieur Jordany SANON d’avec son épouse Nigenska Samarie Leconte pour injures graves et publiques aux tors de l’épouse ; prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre dits époux ; ordonne à l’Officier d’Etat Civil de la section Nord de Port- au-Prince de transcrire dans les registres à ce destiné le disposi- tif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dommages et inté- rêts envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens vu la qualité des parties ; Commet l’huissier Bertelson JOSEPH de ce tribunal pour la signification du présent jugement ; Donné de nous, Marleine Bernard DELVA, Juge en audience civile ordinaire du jeudi deux juillet deux mille quinze ; en présence de Me. Ronald PIERRE Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance du sieur Joseph PIERRE-LOUIS Gref- fier du siège. Il est ordonne.. etc…. En foi de quoi, etc……. Me Daniel Jeudy Avocat Avis Le Tribunal de Première Instance de Port-au Prince compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience publique et en ses attributions civiles un jugement de divorce entre les époux Evans FRANCOIS femme née Claire Marthe JOSEPH ainsi libellé : Par ces motifs : Le Tribunal après examen, le Ministère public enten- du, maintient le défaut octroyé contre le défendeur à l’audience précitée ; pour le profit déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce de la dame Evans FRANCOIS née Claire Marthe JOSEPH pour injures graves et publiques aux tors de l’époux ; prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre dits époux ; ordonne à l’Officier d’Etat Civil de la section Nord de Port-au-Prince de tran- scrire dans les registres à ce des- tiné le dispositif du présent juge- ment dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dom- mages et intérêts envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens vu la qualité des parties ; Commet l’huissier Bertelson JOSEPH de ce tribunal pour la signification du présent jugement ; Donné de nous, Marleine Bernard DELVA, Juge en audience civile ordinaire du jeudi deux juillet deux mille quinze ; en présence de Me. Ronald PIERRE Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance du sieur Joseph PIERRE-LOUIS Gref- fier du siège. Il est ordonné.. etc…. En foi de quoi, etc……. Me Daniel Jeudy Avocat Décès L’entreprise funéraire «La Patience» annonce le décès de monsieur Jean Baptiste Edgard Michel survenu le mercredi 15 Juillet 2015 à l’Hôpital Bernard Mers à l’âge de 82 ans. En cette pénible circonstance, La Patience et Le National présente leurs sympathies : A son épouse née Yvrose Toussaint. Ses enfants : Myrtho Michel, M. Gaston Michel, Mlle. Edna Michel, Mlle Yvelte Michel. A son frère. M Pierre Michel et famille. A ses beaux-frères et belle-sœur : Mme. Gislaine Toussaint et famille, Mme. René Nazaire née Mercides Toussaint et famille M. Benito Toussaint, Me. Lamarre Toussaint, Miss Velouse Toussaint et famille, Mme. Pierre Michel née Catilia Baptiste. A ses belles – filles : Mme Myrtho Michel née Guerda Auguste Mme Gaston Michel née Marie Lourdes Baptiste. A ses petits enfants : Lens Myrtho Michel, Elodie Darlène Michel, Bradeley Dave Michel, Lourdens Michel, Leyana Michel, Margens Michel. A ses neveux et nièces : M. Jean Gary AZOR ET FAMILLE, Mme. Carine Azor et famille, M. Maret Michel et famille, Mme. Alix Derose née Josette Michel et famille, M. Joseph Michel, Mme. Mimose Rigaud née Michel et Famille, Elsie Michel et Famille, Pierre Eric Alexis et famille, Pierre Marie Michel et famille, Alix Michel et Famille, Ernso Michel et Famille, Alix Mary Michel et famille, Alberto Michel et famille, M. Gaston Denis. A ses familles Michel, Toussaint, Nazaire, Augustin, Baptiste, Derose, Denis, Ladouceur, Azor, Sévere, Papillon, Rigaud, Fedtil, Zambiano et à tous les autres parents et famille affectés par ce deuil. Les funérailles de Monsieur Jean Baptiste Edgard Michel seront chantées le Vendredi 24 Juillet 2015 à l’Eglise de Dieu de la rue du centre au numéro 319 à 2 hres 30 P.M. La dépouille sera exposée dès 1 heures 30 PM à l’Eglise. L’inhumation se fera au cimetière de Port-au-Prince Paix à son âme ! PETITES ANNONCES On raconte souvent que les États-Unis sont le pays le plus béni de Dieu. Le symbole de l’aigle, seul oiseau capable de regarder le soleil en face est, en l’occurrence, judicieusement bien choisi. Haïti, si elle a connu un temps de prospérité, n’est plus que l’épave de sa gloire passée. Toutefois nous aurions tort de croire qu’elle est maudite en prenant sa pauvreté pour argument. Certes nous avons perdu l’union il y a bien longtemps de cela, mais il nous reste la force. La force de survivre... C’est elle, notre bénédiction. Nous avons du courage à revendre et pas besoin d’aller aux iles turques pour le prouver. Nos rues regorgent de secrets qui font d’un Haïtien un Haïtien, sauf que nous n’y faisons pas toujours attention. Ce sont les petites choses comme le rire, la tristesse, le meurtre, l’amour, la haine, la folie, le trop plein d’intelligence et autres, tous tournés à l’envers, qui nous permettent de continuer d’avancer. Ici le mal est un bien et vice versa. Étonnamment, les plus chanceux d’entre nous sont les fous qui ne manquent pas à chaque coin de rue. Beaucoup prennent leurs bains grâce aux rigoles, offrant une séance d’éducation sexuelle à volonté. Nous ne pouvons pas nous plaindre du manque de mannequins ! Ils vont de pair avec nos folles qui se font abuser par des personnages inimaginables. Elles tombent enceintes, accouchent, perdent leurs bébés sous les roues des voitures. Au moins elles n’auront pas de « child support » à donner et auront le luxe de se faire violer une fois de plus ! Si elles en avaient conscience, elles auraient peut-être pu se vanter d’avoir jadis porté en leur sein le fils d’un homme politique ou celui d’un prêtre… Viennent s’y additionner les enfants souffrant de malnutrition. En effet, nos « kwatyòkò » et nos orphelins font la joie des journalistes étrangers. C’est au sourire éclatant qu’ils affichent (en tenant les biscuits pour sinistrés) que nous devons l’aide internationale. Ils auraient été célèbres une fois dans leur vie pour le bénéfice du public. Une photo d’un de ces enfants en première page et BOOM! : Les ONG alimentées de quelques millions de dollars tombent du ciel comme la manne. Elles s’évertuent à montrer que l’argent reçu a servi à grand-chose. C’est ainsi que les nouvelles écoles primaires publiques ont commencé à pousser comme des champignons. Aucune importance si les écoliers n’apprennent rien qu’ils pourront utiliser plus tard. C’est bien : les uniformes multicolores, les rubans et les chaussettes assortis font de la décoration dans les rues et on a droit à des parades chaque jour! Pendant ce temps une ribambelle de mères célibataires prend naissance. Elles sacrifient leur santé pour quelques gourdes et font le plein de mots grossiers pour jeter leur frustration. On assiste aux « tèt » ceci et aux « manman w’ » cela au moment même où les pères-mères ne savent plus de quel côté tourner le tablier défraichi par la graisse et la sueur. Peut-être qu’autrement ces derniers n’auraient jamais su comment cuire le riz (qui est devenu le nouveau « fòkseli ») ! Nos handicapés ne peuvent pas en dire autant. Par contre ils peuvent demander la charité en toute sérénité car ils croient avoir un bon prétexte. De plus, cela servira pour la propagande du maire de la ville voulant bientôt être sénateur. Monsieur le bienfaiteur n’aura qu’à tendre à chacun une demi-bouteille d’huile, des épices et un quart de sac de riz importé. Bien sûr il faudra que quelques photos de l’œuvre de charité soient prises pour que, au moins, toute la ville soit au courant de son geste de bonté. N’est-ce pas ? Triste vérité mais c’est ainsi que le peuple tient le diable par ses cornes. Nous jouons avec la réalité pour nous donner l’illusion que tout va bien. Pour survivre, même le « chirepit » peut faire la force. Le mal est un bien par Edna Blaise
  • 17. JEUDI 23 JUILLET 2015 N0 45 | 17 CULTURE L'occupation américaine et les larmes de sang prédites par Hannibal Price (1 de 5)PAR Par Leslie Péan, 24 juillet 1915 « Le châtiment de nos erreurs et de nos fautes est visible, nous le rencontrons à chaque pas, à chaque minute de notre existence. Il n’a pas attendu, il n’attend pas l’heure suprême de la chute de la nationalité haïtienne. Et si nous ne savons prévenir ce malheur, si nous croyons y trouver au contraire notre bonheur, la conservation des richesses acquises, eh bien ! je vous le prédis, moins de cent ans après cette fin désolante de tout un peuple, de toute une race, vos petits-enfants, irrémédiablement appauvris, ruinés, liront ce livre et pleureront des larmes de sang ! » (Hannibal Price, De la réhabilitation de la race noire par la République d’Haïti, Port-au-Prince, Imprimerie Verrollot, 1900, p. 658.) D e tout temps, les choix moraux et politiques opérés ou acceptés par les Haïtiens ont bloqué toutes les voies d’accès à l’autodétermination. Nous avons toujours eu le choix entre deux options aussi destructrices l’une que l’autre,lapesteetlecholéra:l’élitisme ou le populisme ; le lese grennen ou la dictature ; le mulâtrisme ou le noir- isme ; le français limité à une minorité ou le créole sans la production de manuels scientifiques de formation. Les droits inaliénables et sacrés sont foulés aux pieds et Haïti se retrouve encore aujourd’hui sous occupation étrangère, un siècle après le 28 juillet 1915. L’expérience haïtienne démontre que dans la problématique indi- vidu/société, l’individu ne sait pas nécessairement d’où il part vraiment, car ce n’est pas lui qui fabrique la société dans laquelle il naît. Il y est façonné, et fort sou- vent à son insu. Aux prises avec la lutte pour la réinvention de soi sans laquelle aucune solution n’est possible, les Haïtiens semblent condamnés à vivre dans l’impasse. D’autant plus que le passé pèse lourdement dans la formation de notre iden- tité. Sans compter que la mémoire collective est truffée de platitudes et de semi-vérités empêchant une prise de conscience du mal qui terrasse Haïti. À ce propos, l’ouvrage De la réhabilitation de la race noire par la République d’Haïti d’Hannibal Price publié en 1900, après sa mort en 1893 aux États-Unis d’Amérique, est une vraie boîte à idées géniales encore inexploitées. La société haïtienne a raté une occasion de s’instruire à partir des vérités exprimées dans ce livre. Hannibal Price est un géant de la pensée haïtienne, qui a d’ailleurs été vénéré par cet autre géant qu’est Jean Price-Mars au point que ce dernier a attaché le nom Price au sien avec un trait d’union . Cela est particulièrement signifi- catif dans un milieu social hanté par la question de couleur. Légitimer le vol et le pillage faits par des Noirs L’ouvrage posthume d’Hannibal Price n’a pas bénéficié de la diffu- sion qu’il méritait. Sa critique de la chimère maléfique du racisme n’a pas été approfondie pour per- mettre de comprendre la dérive du pacte fondateur de 1804 signé par 24 Mulâtres, 12 Noirs et un Blanc. Dérive consacrée dans la Constitu- tion de 1805 qui dit que tous les Haïtiens sont noirs. L’occupation américaine de 1915 a plutôt créé les conditions de l’émergence de la dangereuse imposture idéologique du noirisme indigéniste qui a cul- miné dans la terreur de la dictat- ure sanguinaire des Duvalier. En déconnectant l’Haïtien de lui- même, l’occupation américaine l’a dépouillé en lui enlevant sa quintessence au profit de la proli- fération d’idées farfelues, occultes et ésotériques. Depuis 1953, la découverte scientifique de la struc- ture de l’ADN a pulvérisé la notion de race, ce qui n’a pas empêché la bande à Duvalier de préconiser ce que Léon Laleau a nommé en 1956 le « gobinisme à rebours » pour tenter de compenser l’échec du projet révolutionnaire exprimé dans l’Acte de l’indépendance. Échec traduisant une carence de morale et d’éthique. Dans l’explication de notre déca- dence, Hannibal Price fait remont- er le phénomène au gouvernement Soulouque. En campant sur ses épaules, nous pouvons débus- quer notre péché originel dès les premiers jours de notre indépen- dance. Price écrit : « Le mal est venu avec la première dictature établie en Haïti à la suite et par l’effet de notre querelle de couleur de 1843. » Or justement, ce qu’il nomme cette querelle de couleur remonte plus loin. Ce vice est un incessant tourbillonnement qui est déjà présent dans la colonie de Saint-Domingue et qui con- tinue avec Haïti en 1804. Cette vérité n’a pas vacillé et exerce son empire sur notre société aussi bien avec le mulâtrisme qu’avec le noirisme. Le péché originel En effet, le noirisme institué sous Dessalines dans la Constitution de 1805 continue avec la même dose de fossilisation de la pensée raciste. Avec le même délire de la couleur de la peau. Au lieu de rendre caduque cette pensée maléfique comme l’a voulu l’Acte de l’indépendance, il la reproduit mécaniquement en en inversant les termes dans un discours peu scrupuleux qui tente de légitimer le vol et le pillage faits par des Noirs. Les séquelles de la pensée raciste ne peuvent produire que péripéties et insignifiances ne conduisant nulle part. Comme le disait Mon- taigne dans un autre domaine, « le vice n’est pas d’entrer chez elle, mais de n’en pas sortir ». Dans le cas haïtien, selon Hanni- bal Price, le mal « a été produit par les commandes extravagantes de l’Empire (de Soulouque), par les faveurs impériales, qui ont permis à des blancs mariés à des dames de la Cour, de gagner sur une simple fourniture de draps ou de pierres à fusil pour l’armée, plus d’argent qu’un négociant haïtien ou étranger n’en saurait acquérir en vingt ans de travail honnête. Des nègres et des mulâtres burent aussi à cette coupe empoisonnée des grâces et faveurs d’une Majes- té. […] Avec le rétablissement de la République, la coupe des apa- nages, des grâces, des faveurs son- nantes se trouva brisée. Mais les blancs, les nègres et les mulâtres qui avaient pu y tremper leurs lèvres ne purent y renoncer, et la corruption commença son œuvre ténébreuse . » On se garderait d’entretenir une vue trop étroite sur la manière dont Hannibal Price aborde notre péché originel. Il se ravise quelques pages plus loin. Référant au noiriste Louis Joseph Janvier qui cite un texte du 18 février 1815 du général Prévost, duc de Limonade sous le royaume de Christophe, Hannibal Price écrit : « Pour combattre le roi Christophe qui voulait faire avec raison de cette guerre (la guerre du royaume du Nord contre la république du Sud) une guerre de couleur, et pour miner sa puis- sance qui développait une grande sévérité d’organisation, Pétion laissait faire aux noirs tout ce qui leur plaisait ; et plus l’autre sévissait pour obtenir l’ordre, plus Pétion relâchait . » Le piège dans lequel le mulâ- trisme a aussi enfermé la jeune nation n’est pas moins grave. Cela s’est fait autant avec la politique de doublure initiée dès 1804 et consistant à mettre au pouvoir des Noirs ignorants afin des les manip- uler ou encore avec la politique de lese grennen consistant à laisser les Noirs agir selon le « nou fè sa nou pi pito » et le « tout voum se do ». Entre ces deux pôles de néant, la pendule nationale vac- ille. (À suivre.) John Picard Byron, « La pensée de Jean Price-Mars », Préface à l’édition d’Ainsi parla l’Oncle (1928), Montréal, Mémoire d’Encrier, 2009 p. 52. Aristippe de Cyrène dans Mon- taigne, Les Essais, tome III, Paris, Guy de Pernon, 2008, p. 129. Hannibal Price, De la réhabilita- tion de la race noire par la Répub- lique d’Haïti, Port-au-Prince, Imprimerie Verrollot, 1900, p. 655-656. Ibid., p. 671, tiré de Louis Joseph Janvier, Haïti et ses visiteurs 1840-1882, Paris, Flammarion, 1883, p. 335.