Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Les niveaux de langue
1. Un registre de langue (on dit aussi niveau de langue, ou encore, style)
est un mode d’expression adapté à une situation d’énonciation
particulière, qui détermine notamment, certains choix lexicaux et
syntaxiques ainsi qu'un certain ton..
On distingue traditionnellement trois registres de langue principaux
le registre courant
le registre familier
le registre soutenu
LE REGISTRE COURANT
Le registre courant correspond à un langage correct, tant du point de vue
lexical que syntaxique : les phrases sont quelquefois complexes, les
principales règles de syntaxe sont respectées, avec quelques tolérances
(quelques ellipses et quelques abréviations lexicalisées). C’est le style
attendu dans les échanges de type professionnel ou officiel, lorsque la
communication est impersonnelle et implique une distance entre les
interlocuteurs: c'est le langage du professeur à ses élèves, de l’homme
politique en train de faire un discours, du présentateur de télévision, du
journaliste faisant un reportage. Le registre courant est celui qu'on emploie
aussi dans des situations d'interviews ou dans la communication orale avec des
services commerciaux ou administratifs. Les formes et le vocabulaire du
registre courant oral sont généralement admises à l'écrit.
Le registre courant nous servira de repère afin d’évaluer le niveau soutenu et
le niveau familier, lequel est parfois désigné par le terme de colloquialisme,
calqué de l'anglais.
LE REGISTRE FAMILIER
Le registre familier n’est pas totalement correct, mais il demeure admis sous
certaines conditions. Il correspond au langage courant mais avec un grand
nombre de libertés. Comme son nom l’indique, ce registre est surtout
employé entre proches, entre personnes appartenant à une même
communauté sociale dans laquelle tout formalisme peut être atténué, et il se
base, en principe, sur l’absence de tout lien hiérarchique rigide entre les
interlocuteurs (membres de la famille, amis, camarades de classe, collègues
de travail…).
Ce registre utilise:
Une syntaxe simplifiée et souvent approximative : des phrases
courtes, parfois inachevées, ou au contraire, interminables; des
phrases nominales, souvent asyntaxiques (anacoluthes, thématisations
diverses et parfois multiples dans une même phrase ; cf. exemple 1 ci-
dessous); des interjections fréquentes; un grand usage de l’ellipse; des
pléonasmes; l’utilisation de la juxtaposition paratactique:
(1) Au bureau, un de mes collègues, sa femme, elle a eu un bébé
« La femme d’un collègue du bureau a eu un bébé. »
2. De nombreuses abréviations non encore lexicalisées :
o (2) T’es là ? / phone / p’tit dej / une deuch’… « Tu es là ? /
téléphone / petit déjeuner / une deux chevaux… »
La forme interrogative directe (par changement intonatif, sans
inversion ni mot interrogatif) :
o (3) Tu m’appelles d’où ? « D’où est-ce que tu m’appelles ? »
La forme interrogative avec est-ce que au lieu de l’inversion :
o (4) Est-ce qu’il est là ? « Est-il là ? »
Un vocabulaire familier, parfois chargé de nuances affectives ou
sociales diverses:
o (5) Les guibolles / la frimousse ou la gueule / les quenottes…
« Les jambes / le visage / les dents… »
La suppression de ne dans la négation :
o (6) J’ai pas bien dormi cette nuit. « Je n’ai pas bien dormi
cette nuit. »
Le pronom sujet on à la place de nous :
o (7) Nous, on viendra. « Nous, nous viendrons. »
Une prononciation plus rapide et marquée par l’élision de nombreux e
muets causant des rencontres de consonnes alors simplifiées et
modifiées ou assimilées ─ simplification qui s’étend aussi à d’autres
groupes de consonnes, surtout en fin de mots ─ par des métaplasmes
comme la syncope, la métathèse, l’apocope, l’aphérèse :
o (8) [/pːa | vu'fʁekwa sta'pʁɛm | silkat'kat idemaʁ'pa || ʃːɛ'pa |
dmɑ̃da'mːɑ̃] (notation en API pour P'pa, vou frez koi ç’t aprèm si
l’quat’-quat’, i’ démarre pas ? ─ Chepa, d’mande à M’man.)
[pa'pa | kɛs(kə)vufə'ʁe sɛta'pʁɛm(i'di) siləkatʁ'katʁ ildemaʁ'pa ||
ʒəsɛ'pa | də'mɑ̃d ama'mɑ̃] (« Papa, qu’est-ce (que) vous ferez cet après-
m(idi) si le quatre-quatre, il démarre pas ? Je sais pas, demande à
Maman »), énoncé syntaxiquement familier pour « Papa, que ferez-vous
cet après-midi si le quatre-quatre ne démarre pas ? ─ Je ne sais pas,
demande à Maman. »
Faible fréquence de liaisons facultatives: ce registre observe les
liaisons obligatoires et interdites, mais pratique beaucoup plus
rarement les liaisons facultatives:
o (9) On_est..ensemble / i_(z)ont...attendu / J'les_ai vus arriver
On_est_ensemble / ils_ont_attendu / Je les_ai vus arriver
3. LE REGISTRE SOUTENU
Le registre soutenu (ou soigné) est non seulement correct, mais il bénéficie
d’une surveillance extrême.
Employé surtout dans la littérature et la rhétorique, ce registre utilise
principalement :
Des phrases pouvant être longues (alors appelées périodes), avec
une syntaxe souvent complexe :
o Je me suis tellement accoutumé ces jours passés à détacher mon
esprit des sens, et j’ai si exactement remarqué qu’il y a fort
peu de choses que l’on connaisse avec certitude touchant les
choses corporelles, qu’il y en a beaucoup plus qui nous sont
connues touchant l’esprit humain, et beaucoup plus encore de
Dieu même, qu’il me sera maintenant aisé de détourner ma
pensée de la considération des choses sensibles ou imaginables,
pour la porter à celles qui, étant dégagées de toute matière,
sont purement intelligibles. (Descartes - Méditation quatrième)
Un vocabulaire rare :
o Le firmament / les cieux / l’azur… « Le ciel… »
o La pasigraphie du scribomane malévole formait une étrange
octoade.
Des figures de style recherchées :
o Déjà la nuit en son parc amassait/Un grand troupeau d’étoiles
vagabondes. (du Bellay) « Déjà la nuit tombait et on
apercevait les premières étoiles. » (métaphore filée)
L’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif (à l’oral comme à
l’écrit) :
o Il fallait qu’il vînt. « Il fallait qu’il vienne. »
Le passé simple et le passé antérieur de l’indicatif (à l’oral) :
o Je le vis quand je revins. « Je l’ai vu quand je suis revenu. »
La forme interrogative directe inversée :
o D’où m’appelles-tu ? « D’où est-ce que tu m’appelles ? »
L’inversion du sujet après certains adverbes de liaison (tels que :
aussi, ainsi, peut-être, etc.) :
o Ainsi, ai-je dû écourter mes vacances. « Ainsi, j’ai dû
écourter mes vacances. »
Il existe un degré supérieur au niveau soutenu, principalement utilisé dans la
poésie et la tragédie, et qui use d’un vocabulaire spécifique, de constructions
archaïques ou sophistiquées, etc. C’est le registre sublime (ou encore,
littéraire, noble ou relevé).
Dans certaines situations d’énonciation, le choix du registre soutenu peut
apparaître comme déplacé. Dans ce cas, il sera ressenti comme incongru,
abusif, précieux, maniéré ou comique.
SOURCE:http://fr.wikipedia.org/wiki/Registres_de_langue_en_fran%C3%A7ais
4. 1- Lisez les trois textes suivants et dites pour chacun quel est le registre dominant
(soutenu, standard, familier) et quelles sont les caractéristiques (lexicales,
morphologiques...) qui permettent de le définir.
TEXTE 1
TEXTE 2
TEXTE 3
Le français dans le monden°371
Gab: Coucou Sophie! Ça va?
Sophie: [rires] Oui Gabrielle,ça va bien[rires]
Gab: T’es pas fatiguée?
Sophie : Non, ça va mieux qu’hier.
Gab: Hier oui parce que t’as fait du sport, je crois
Sophie : Voilà avec… euh, Delphine,on a fait une course d’orientation…
[…]
“Sophie a fait du sport !”, paru sur le site :http://gabfle.blogspot.com
Mon oncle se leva pour m’accueillir à mon retour dans le salon. Il était tellementheureux
que cela me troublait.
- Il n’est pas magnifique, mon petit prince aux pieds nus ? s’exclama-t-il.
- Arrête, tu vas attirer le mauvais œil sur lui...À propos de pieds nus, tu as omis
de lui acheter des chaussures.
Mon oncle se frappa le front du plat de la main.
- C’est vrai, où avais-je la tête ?
- Dans les nuages, assurément.
Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, Paris, Julliard,2008, p.79
- sais à quoi je pense,Juan ? À l’omelette que j’avais oubliée sur le feu pendant que je
pliaisbagage en catastrophe. Je me demande si la maison n’a pas brûlé après mon départ
précipité.
- T’es sérieux,Roger ?
- Ben, forcément. Tu n’arrêtes pas de me casser lesoreillesavec toutes les saloperies que
tu as laissées derrière toi au bled.Tu ne peux pas parler d’autre chose ?
- Parler de quoi d’autre, Roger ? L’Algérie est toute ma vie.
- Dans ce cas, qu’est-ce que tu attends pour clamser et me foutre la paix ?
J’ai envie de penser à autre chose, moi, figure-toi.
Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, Paris, Julliard, 2008, p.403
5. 2- Parmi les mots proposés, choisissez ceux qui conviennent au contexte comme
dans l’exemple:
André a brûlé un feu rouge. Malheureusement pour lui,………… surveillait l’intersection.
un agent de police
un flic
un policier
une police
1. Après la soirée pour fêter l’ouverture de cette nouvelle polyclinique, plusieurs
invités sont rentrés chez eux avec……………..
un mal de bloc
un mal de tête
une céphalée
une migraine
2. C’est toujours impressionnant de rencontrer un écrivain qui vient de
publier…………..de 1000 pages.
un bouquin
une brique
un livre
un roman
3. Devant le notaire, les membres de cette famille se sont mis à ………… à propos d’un
élément marginal du testament.
se chamailler,
se disputer,
s’engueuler,
se quereller)
4. Contrairement à ses prédécesseurs, le premier ministre est arrivé au parlement
dans …………………… rouge.
une automobile,
une bagnole,
un char,
une voiture
5. Lorsque les enfants de la garderie sont arrivés au parc, il s’est tout à coup mis à
………………….
flotter
mouiller
pleuvoir
tomber de la pluie
Ici,le contexte exige unterme neutrecomme agentde
pólice oupolicier.Unflicetune pólice relèventdu
registre familier.
6. 6. Les directives pour le travail sont les suivantes: …………… un texte de 300 mots sur
le roman de Jacques Poulin.
composer,
écrire,
pondre,
rédiger,
scribouiller
7. Entre les séances de travail à huis clos, les ministres de l’Éducation n’apprécient
pas les ………………… avec les médias ; ils préfèrent se retirer et se reposer.
conversations,
échanges,
jasettes,
causettes)
8. Depuis le début de l’automne, Maud se sent envahie par un genre de ………..
déprime,
grisaille,
morosité,
vague à l’âme.
9. C’est avec une grande …………. que les parents ont appris la triste nouvelle.
équanimité,
impassibilité,
imperturbabilité,
placidité)
10. L’attitude de certains pays a toujours constitué ………. à la compréhension entre
les peuples.
un achoppement
une difficulté
un écueil
un obstacle
7. CORRIGÉ
EXERCICE 1
Texte 1 : registre familier
On y retrouve lescaractéristiquessuivantes:
■ pour le vocabulaire :onremarque surtoutl’emploide termesfamiliers(ex.:
coucou,vadrouillé,ouais) etde motsrépétitifspourmarquerdeshésitations
(ex.:donc, euh...).
■ pour lasyntaxe : laconstructionparatactique domine avecdesphrasescourtes,
parfoiscoupées(ex.:avec//euh//Delphine/onafaitune course d’orienta-
tion//euh//doncqui consiste en//euh//doncya//de desbalisesde/de ca-
chées dansla forêt...),desrépétitions(ex.:comme ons’estunpeutrompées/
on s’estunpeuperdues/ona un peuvadrouillédanslaforêt) etdesellipsesty-
piquesde l’oral (ex.:t’esfatiguée).Onyretrouve aussi l’interrogationdirecte et
le « ne » de la négationsystématiquementsupprimé.
Texte 2 : registre soutenu
Bienque reproduisantune conversationentremari etfemme,le texte présenteun
vocabulaire recherché (ex.:« omis» au lieude « oublié » ou« assurément» aulieu
de « certainement») etune syntaxe élaborée (ex.:l’inversionpronomsujet-verbe
de « avais-je »).
Texte 3 : registres courant et familier
La conversationjoue surunregistre courant(vocabulaire usuel,phrasessimples
et de longueurréduite),maisle registre familierestprésentdansdeschoix de vo-
cabulaire comme « clamser» oudesexpressionscomme « foutre lapaix » ainsi
que dans lesellipsessyntaxiquescomme « T’essérieux...» etdansl’interrogation
directe.
EXERCICE 2
1. Après la soirée pour fêter l’ouverture de cette nouvelle polyclinique, plusieurs
invités sont rentrés chez eux avec……………..
un mal de bloc
un mal de tête
une céphalée
une migraine
2. C’est toujours impressionnant de rencontrer un écrivain qui vient de
publier…………..de 1000 pages.
un bouquin
une brique
un livre
un roman
3. Devant le notaire, les membres de cette famille se sont mis à ………… à propos d’un
élément marginal du testament.
se chamailler,
se disputer,
s’engueuler,
se quereller)
4. Contrairement à ses prédécesseurs, le premier ministre est arrivé au parlement
dans …………………… rouge.
8. une automobile,
une bagnole,
un char,
une voiture
5. Lorsque les enfants de la garderie sont arrivés au parc, il s’est tout à coup mis à
………………….
flotter
mouiller
pleuvoir
tomber de la pluie
6. Les directives pour le travail sont les suivantes: …………… un texte de 300 mots sur
le roman de Jacques Poulin.
composer,
écrire,
pondre,
rédiger,
scribouiller
7. Entre les séances de travail à huis clos, les ministres de l’Éducation n’apprécient
pas les ………………… avec les médias ; ils préfèrent se retirer et se reposer.
conversations,
échanges,
jasettes,
causettes)
8. Depuis le début de l’automne, Maud se sent envahie par un genre de ………..
déprime,
grisaille,
morosité,
vague à l’âme.
9. C’est avec une grande …………. que les parents ont appris la triste nouvelle.
équanimité,
impassibilité,
imperturbabilité,
placidité)
10. L’attitude de certains pays a toujours constitué ………. à la compréhension entre
les peuples.
un achoppement
une difficulté
un écueil
un obstacle