1. Compte-Rendu: Echange BRIGITTE SAUZAY
E. PEARN : Collège Martin Luther King, 78530 BUC
Tout a commencé en mai 2016 quand notre professeur d’allemand, Madame Robert,
nous a parlé du prorgamme Brigitte Sauzay, un échange individuel dans une famille
d’accueil en Allemagne pendant deux ou trois mois. Ma première réaction était
surement comme celle de toute la classe : « Trois mois ? C’est vraiment très long sans
ses parents et dans un pays où on ne comprend pas tout. » Mais après un peu de
réflexion, je me suis rendue compte que c’était une opportunité unique pour
progresser en allemand mais aussi une expérience dont je serais sûre de me rappeler
toute ma vie, si j’osais le faire ! Je dois avouer que j’étais légèrement avantagée par
rapport au reste de la classe, mon père étant allemand. Je comprenais donc déjà
assez bien l’allemand car il me parlait depuis ma naissance en sa langue maternelle.
Pourtant je n’osais pas toujours me lancer à l’oral. Et à l’écrit j’étais à peine meilleure
que mes camarades de classe. Mon frère qui fréquente la section germanophone du
LFA, donc lui, il parle couramment allemand. Je savais que j’aurais la possibilité de
parler aussi bien allemand que lui si je faisais cet échange, donc j’ai décidé d’y
participer.
Maintenant, il ne fallait plus que convaincre mes parents et je ne savais pas si cela
allait être facile… Bien sûr mon père était ravi que je fasse cet échange car il rêvait
depuis longtemps que je lui parle en allemand de mon plein gré. Ma mère aussi
voulait bien, même si elle savait que trois mois sans sa fille allaient être longs. J’ai
donc commencé à m’informer - j’ai remplis les fiches avec ma mère le plus vite
possible pour être sûre d’avoir la chance d’y participer. Je me retrouvais donc la
première sur la liste.
Début juillet, j’ai reçu le dossier de ma correspondante. Elle s’appelait Paula, avait un
an de plus que moi, et habitait à Dortmund. Après avoir appris son dossier par cœur,
j’ai pris mon téléphone et je lui ai écrit un texto. Qu’est-ce que c’est facile de
communiquer malgré la distance ! Tous les jours on essayait de savoir un peu plus
l’une sur l’autre. On échangeait des histoires, des photos. Un soir ma mère a appelé
sa mère, puis elles ont fixé les dates : j’allais partir le 4 septembre et revenir le 27
novembre. Cela faisait exactement douze semaines. Ma correspondante viendrait en
janvier, donc c’était à moi de faire le premier pas !
Le 4 septembre approchait en vitesse. Je ne pouvais maintenant pas arrêter de me
demander si j’allais bien m’entendre avec ma correspondante, avec sa famille ou
avec ses amies… Bref, tout cela était encore un mystère. Le samedi soir, je ne pouvais
toujours pas croire que le lendemain j’allais partir pour trois mois à l’étranger sans
mes parents. Et mes parents non plus. Cette nuit-là, je ne pouvais pas dormir. Je me
2. Compte-rendu Brigitte Sauzay – E. Pearn – collège Martin Luther King, Buc
2
suis plutôt occupée à réciter mon texte d’arrivée en allemand, à redire les prénoms
de ma famille d’accueil et à imaginer des sujets de conversation. Dans la voiture, pour
aller à l’aéroport le lendemain, je faisais la même chose et ma famille était surprise à
quel point j’étais silencieuse. Partir n’était pas facile, même si je le voulais et j’étais
accompagnée par une hôtesse de l’air. Finalement, je partais seule dans une famille
que ni moi ni mes parents ne connaissaient. Le moment des adieux était venu : j’ai
fait un grand câlin à ma famille, je suis passée par les contrôles de sécurité et je suis
montée à bord de mon avion pour Dortmund. J’étais partie pour l’Allemagne pour de
bon maintenant.
Arrivée en Allemagne j’ai récupéré ma valise et je suis sortie en direction de ma
famille d’accueil. Heureusement, nous avions échangé des photos et on s’est tout de
suite toute les deux reconnues. Malgré les photos, j’avais quand même le sentiment
d’être parmi des inconnus ! C’était très dur à ce moment-là.
Arrivée à la maison, la famille a été très respectueuse et m’a laissée m’installer et
ranger ma valise. Je devais aussi appeler mes parents pour les rassurer que j’étais
bien arrivée. Toute la famille m’a très chaleureusement accueillie et ils ont fait un
grand effort pour que je me sente acceptée. Quelle chance ! Je me sentais soulagée
et j’étais sûre que j’allais super bien m’entendre avec la famille.
La première semaine, les jours passèrent lentement et mes parents me manquaient
tellement, mais grâce aux nombreuses conversations que j’avais eu avec ma mère
avant le départ, je savais bien que le début allait être le plus dur et j’essayais donc de
surmonter mes émotions. Je partageais une chambre avec Paula, ce qui nous a
rapprochées encore plus vite et ce que je trouvais bien. J’arrivais à dire tout ce qu’il
me fallait et la mère a fait un grand effort pour me faire parler. Tout le monde avait
de la patience et était ouvert à me raconter son histoire, et à écouter la mienne !
L’école posait d’autres challenges mais, grâce à des efforts de Paula j’y étais aussi
bien accueillie.
Tout de suite, j’ai aperçu plein de différences entre le système scolaire en Allemagne
et en France. Le fait que l’école en Allemagne finit plus tôt qu’en France, les élèves
ont beaucoup plus de temps libre pour faire des activités sportives ou créatives. En
conséquence, on aurait pu imaginer qu’ils auraient plus de devoirs, mais à ma
surprise ce n’était pas le cas. En outre, le nombre d’évaluations par classe était limité
à deux par semaine. Néanmoins en France nous avons quatre semaines de plus de
vacances que les Allemands – ce qui rend les choses plus justes ! Je crois que je
préfère le rythme français car j’y suis habituée, mais il y a des avantages dans les
deux systèmes.
3. Compte-rendu Brigitte Sauzay – E. Pearn – collège Martin Luther King, Buc
3
Les professeurs du Max-Planck-Gymnasium à Dortmund ont été très ouverts envers
moi et m’ont aussi beaucoup aidé à améliorer mon allemand. Ils ont fait cours
comme ils le font d’habitude et m’ont intégrée dans leurs cours autant que possible.
Bien sûr, je devais faire les contrôles avec la classe, ou au moins essayer de les faire.
Régulièrement les professeurs me posaient des questions ou je devais lire un texte
devant la classe. Au début je n’osais pas mais vers la fin cela me faisait plaisir. En
cours d’anglais et de français les professeurs étaient ravis d’avoir un ‘native speaker’
dans la classe (je suis bilingue français/anglais). Je trouve que les professeurs en
Allemagne sont beaucoup moins sévères qu’en France et qu’ils organisent beaucoup
plus d’activités en temps scolaire et périscolaire. J’ai personnellement beaucoup
apprécié cela.
Après six semaines – la mi-temps – le temps passait tellement vite que je ne voyais
plus les semaines passer jusqu’à la semaine 10. A la fin de mon échange, je voulais
d’un côté retourner chez moi et revoir ma famille et de l’autre côté rester encore plus
en Allemagne avec ma nouvelle famille. Je dois dire qu’après avoir été chez quelqu’un
pendant trois mois, on développe un grand attachement à eux. Je savais que les
adieux allaient être très durs. Et ceci était vrai. Au moment des adieux, toute la
famille, y compris le cousin, la tante et l’oncle et même les grands parents, tout le
monde s’est mis à pleurer, ce qui m’a beaucoup touchée. Moi aussi, j’étais en larmes
de quitter cette famille généreuse qui m’a tellement bien accueillie pendant trois
mois.
Quand je suis rentrée, ma famille était très contente de me revoir et moi aussi. Je
trouve ce sentiment merveilleux et fantastique de revoir sa famille après une période
aussi longue. J’étais aussi très contente de parler allemand avec mon père et lui était
très fier de mes progrès, mes grands-parents aussi d’ailleurs. Egalement en classe
d’allemand, mon nouveau professeur, Madame Goldmann, a pu constater mon
excellent niveau. Retrouver les camarades me faisait aussi très plaisir après autant de
temps de séparation.
Bref, tout cela pour dire que je trouve que le programme Brigitte Sauzay est une
expérience fantastique qui permet de découvrir une autre culture avec toutes ses
règles, ses traditions, et ses habitudes différentes. Le fait d’entendre l’allemand toute
la journée, tous les jours, et d’être obligé de communiquer ses besoins, ses pensées et
ses expériences, fait tellement progresser la langue, plus que 3 années de cours, j’en
suis sûre ! Au niveau personnel, cela donne de la maturité, de l’indépendance et un
autre regard sur le monde. Je suis fière d’y avoir participé et le recommande à tous
ceux qui hésitent encore. Il faut se lancer. Mais une fois lancé, cela devient et reste
une expérience inoubliable !