Ce travail est une écriture originale autour du pitch suivant :
" Maman dit que tu es parti faire un long voyage, papa dit qu'il ne faut pas pleurer. Mais moi, je ne pleure jamais. Mais Tu sais, c'est pas poli de s'en aller sans dire au revoir. "
J’ai opté pour une manière différente dans l’écriture du scénario et le développement de ce projet.
Projet de scénario original : L’Exilé malgré lui / Loin des murs du front
1. Université de Lorraine
Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel
UE805| L’exilé malgré lui / Loin desmurs du front par Kamel MOUATS 1
Scénario : L’Exilé malgré lui / Loin des murs du front
Juin 2014
Master 1 :
Ecriture originale par
2. Université de Lorraine
Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel
UE805| L’exilé malgré lui / Loin desmurs du front par Kamel MOUATS 2
Préface
Ce travail est une écriture originale autour du pitch suivant :
" Maman dit que tu es parti faire un long voyage, papa dit qu'il ne faut pas pleurer. Mais moi,
je ne pleure jamais. Mais Tu sais, c'est pas poli de s'en aller sans dire au revoir. "
J’ai opté pour une manière différente dans l’écriture du scénario et le développement de ce sujet.
Le cadre temporel : période
A l’occasion du centenaire de la guerre de 1914, j’ai choisi de plonger les événements de cette
écriture dans cette période, entre 1914 et 1918.
Le cadre spatial : Lieu
Les événements se déroulent en deux temps :
1- Une lettre envoyée de Madrid, écrite de la main d’un fils exilé par sa mère malgré lui et
malgré elle.
2- L’armée du front parcours les Vosges pour embarquer les hommes des villages et les
emmenerde force pourfaire laguerre : une mère qui a subi un déshonneur protège son fils
en l’éloignant des bains du sang.
Un liende causalité existe entre les2événements(les2textes) malgré le temps et la période qui les
séparent.
Personnages :
Eve : une mère, la quarantaine, fragile. Elle a 3 enfants : un garçon adolescent et 2 petites filles
Gabriel : un garçon de 15 ans, le fils d’Eve
Blanca : une femme, la quarantaine, caractérielle
Résumé :
Eve,une veuve etmère de Gabriel,unadolescentde 15ans, estsurprise une nuitd’hiverparl’armée
qui vientcherchersonfilspourl’emmenerde force faire la guerre. Désemparée et désespérée, elle
complote aveclavoisine Blanca,une vieille amieespagnole pourle cacheret l’envoyer en dehors du
pays.
Gabriel, se trouvant malgré lui dans un pays étranger, avait du mal à pardonner sa mère qui l’a
éloigné sans le prévenir. Des années après l’exil forcé, il décide d’envoyer une lettre à sa mère.
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L’exilé malgré lui !
Ma très chère mère,
Malgré un cœur blessé et le souvenir d’un dernier instant sombre, je trouve enfin le
courage et ma tête la raison pour t’écrire ces quelques lignes, je ne sais si c’est pour
te remercier pour cette deuxième vie que tu m’as offerte ou t’inviter à nous rejoindre
et faire partie à nouveau de notre vie comme autrefois.
Ici le soleil a balayé les moments obscurs de cette nuit interminable mêlée du
vacarme assourdissant de ces envahisseurs. Ici, on chante la vie, on danse la vie et
on respire la vie.
Les cris de tante Blanca et ses deux enfants sonnent le flamenco. La paëlla du
dimanche de son mari Rodrigo est l’annonce d’une journée de fiesta.
Tu m’as envoyé faire ce long voyage et tu m’as offert cette nouvelle vie et je suis
conscient que ce n’était pas un abandon de ta part mais je ne pourrai digérer
éternellement ton sacrifice.
Tu me manques, je veux, de nouveau, sentir la chaleur de tes bras, je veux de
nouveau te voir autre que dans mes rêves.
Ton fils, Gabriel, l’exilé malgré lui.
Madrid, le 20/06/1917
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Loin des murs du front
Au bon milieu d’une nuit glacial de ce janvier 1915, ce petit village vosgien qui se
perd habituellement dans un silence mortel au pied de ses montagnes majestueuses,
tremble sous les rangers d’hommes étoilés qui cachent leurs férocités sous un
bouclier verdâtre.
Un coup violent démonte la porte de notre maison et un bruit assourdissant me fait
sauter de mon lit. J’entends les cris de ma mère et les voix rugissantes d’hommes,
impossible de comprendre ce qui se passe dans l’autre pièce.
Je courts aller voir ma mère, je la vois en larme, à genoux, suppliant cet homme qui
la regarde d’en haut, c’était l’autre visage de la faucheuse.
Lorsqu’elle m’aperçoit, elle sursaute, me pousse violemment et m’ordonne de rester
dans ma chambre.
Elle verrouille la porte me laissant perdu dans l’obscurité de cette pièce, à peine
illuminée par un léger faisceau d’un petit croissant de lune.
J’entends le bruit des assiettes qui s’entrechoquent et des pas qui se précipitent dans
toute la maison.
Gabriel : "mais qui sont ces étrangers pour qui elle dresse la table à cette heure-ci?!"
J’entends le grincement du lit de la chambre d’à côté, et un cri étouffé. Je tends
l’oreille contre le mur tentant de percer les secrets de cette nuit funeste et trouver
des réponses à mes questionnements, et je n’entends que la voix désespérée de ma
mère.
Eve : "prenez tout ce que vous voulez, mais laissez-le avec moi, seulement pour
cette nuit !! Je vous promets, il sera dans votre bureau demain à la première heure.
Laissez-moi lui préparer ses affaires, c’est mon garçon unique, il est tout pour moi,
je ne saurai vivre s’il me quitte à jamais ! "
Ses pleurs chevauchés de cris continuent un long moment et s’arrêtent sur un
gémissement étrange, c’était celui de cette bête sans cœur.
Je vois les premières lueursde l’horizon que j’espérais aller disperser les ombres de
la mort qui nous ont rendu visite en cette nuit d’enfer.
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La porte se déverrouille, ma mère la franchit, à bout de force, couverte de bleu, le
visage ensanglanté, à peine si je le reconnais dans la lumière de cette bougie qui ne
va pas tarder à rendre l’âme.
Je courts vers elle, je la prends dans mes bras.
Gabriel : "mère ! Qu’est-ce qui se passe ? Qui sont ces hommes ?"
Eve : "fiston ! Ne te soucie pas pour moi, mais il faut qu’on parle, et pour une fois,
stp, tu dois m’écouter !"
Gabriel : "je ne comprends rien mère ! Nous avons des dettes ?! ou c’est le fantôme
de mon père qui revient nous hanter de nouveau ?!"
Eve : "mon fils ! c’est la guerre ; ces hommes réclament des mains pour leurs
combats, ils cherchent de futurs martyres, ils veulent t’embarquer ainsi que tous les
hommes du village pour rejoindre les rangs de l’armée"
Gabriel : "l’armée !! Mais je n’ai que 15 ans. !!! je savais que ce jours allait arriver
mais pas d’aussi tôt".
Perplexe mais rassurant, il poursuit :
Gabriel : "sèche tes larmes, mère, je ne te décevrai pas. Je te promets que tu seras
fière de moi ; je te reviendrai un homme, c’est ce qu’on dit, n’est-ce pas ?!! et je
serai ta protection."
Eve : "toi, mon poulain, à l’armée !! C’est une dédicace de ta mort que tu me fais là !
Sainte-Marie, viens-moi en aide ! Écoute mon fils, moi vivante, jamais je ne laisserai
tes cendres dispersés par le vent du front des effrontés."
Gabriel : "mais mère, mon destin est scellé maintenant, je ne veux pas te revoir dans
cet état. Laisse-moi mettre terme à ta souffrance, laisse-moi partir au combat."
Eve : "ma grande souffrance est de te savoir mort, peut-être pour une raison valable
aux yeux de ces hommes, mais pour moi inutilement. L’écho des âmes perdues
retentit encore et je ne serai jamais prête pour vivre les mêmes larmes que ces
malheureuses femmes et je refuse de partager le même sort qu’elles.. "
Gabriel : "mère, laisse-moi partir, je t’en supplie ! Donne-moi ta bénédiction !"
Eve : "mon cher fils, tu ne connais rien sur la douleur du cœur, tu ne peux imaginer
l’étendue de la barbarie des hommes, je refuse de t’envoyer à la mort quitte à me
faire guillotiner par ces loups féroces."
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Gabriel : "et te revoir l’esclave de barbare m’insupporte, je suis peut-être jeune et
faible mais je donnerai ma vie pour préserver ta dignité mère. C’est décidé, je pars !
Je prends mes affaires."
Eve : "STP mon ange, reste près de moi, ne me laisse pas seule."
Gabriel : "chère maman, destin scellé et décision prise. Aide-moi s’il-te-plaît à
préparer ma valise."
Eve : "tu me délaisse alors ?!"
Gabriel : "la puanteur de ces ogres a envahi toute la maison, je refuse de leur donner
une raison de revenir et te souiller de nouveau. Va prévenir tante Blanca !"
Eve : "Ah ! Blanca, elle va encore trouver une raison pour me détester davantage."
Gabriel : "si tout le monde est comme elle alors on sera tous dans un paradis sur
cette terre. Vite ! Va la prévenir, le soleil ne tardera pas à se lever et apporte-moi le
veston kaki, il est dans le tiroir du meuble de l’entrée."
Eve : "je fais vite, mais surtout, ne bouge pas mon enfant !"
Un long moment passe et toujours pas revenue.
Gabriel : "mais qu’est-ce qu’elles font ? J’ai un ennemi à combattre moi !!"
Je décide d’aller la chercher chez tante Blanca.
Arrivé chez elle, je les vois discuter avec un homme, jamais vu auparavant, installé
sur une charrette remplie de paquetages.
Eve : "Excusez-nous, on revient tout de suite !"
Agacé pressé, je poursuis.
Gabriel : "qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tout ce retard maman ?!!"
Eve : "mon fils, l’armée peut attendre ; tu dois aller sans attendre avec ta tante
Blanca !!"
Gabriel : "partir avec ma tante ?! Mais où ça ?! Et ma valise ? Et les soldats, le temps
presse maman !!"
Eve : "prend ta valise, le monsieur t’y emmènera mais avant, un petit détour
s’impose. Blanca doit déposer des affaires chez un commerçant situé à la sortie du
village, tu vas d’abord l’aider, tu te dis l’homme de la famille, alors sois utile pour une
fois. Va l’aider et pas de question s’il-te-plaît."
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Gabriel : "Tante ! C’est qui ce commerçant ? C’est pour tes remèdes ?!!"
Blanca : "Toujours pénible avec tes questions interminables, c’est fatiguant à la fin !!"
Gabriel : "mais ma tante, je ne t’ai jamais vu dans cet état ! Tu ne m’as jamais
grondé ! C’est ma mère qui met tes nerfs à vif ?!"
Blanca : "Prend tes affaires et tais-toi stp. Nous avons de la route devant nous!"
A la sortie du village, aucun commerçant n’est à l’horizon. Je commence à paniquer.
Gabriel :"mais il n’y a personne ! Il est où ce commerçant ? Un rendez-vous
clandestin ?!!"
Un ton exclamatif.
Gabriel : "Tante ! C’est où ?"
Blanca :"chuuut, tu me déranges !"
Gabriel : "mais on a dépassé la sortie du village depuis longtemps ?, c’est où ton
rdv ?"
Tante Blanca aspirée par un long silence, le front plissé et les yeux bridés.
Gabriel : "Tante ! On va où comme ça ?!"
Blanca : "on va à la maison, chez moi à Madrid et dorénavant ce sera ta maison
également, alors reste calme et oublie la guerre, mets ta fierté de côté et faits un
trait sur l’armée."
Gabriel : "euh… et ma mère ! On ne peut pas la laisser seule à s’occuper de mes deux
petites sœurs, c’est injuste, affreux, c’est inhumain ! "
Blanca :"maintenant, tu les oublies, elles appartiennent désormais à notre passé !"
Gabriel éclate au sanglot :
Gabriel :"vous m’arrachez ma vie, vous me forcez à oublier qui je suis, mais que vais-
je devenir maintenant !"
Blanca : "tu pleures mon enfant ! Sèche tes larmes et rassure-toi, ta maman dit que
tu parts seulement faire un long voyage !"
8. Université de Lorraine
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Avec un ton enfantin et sur-joué, la voix tremblante
Gabriel : "Mais moi je ne pleure pas ! Papa dit qu’il ne faut pas pleurer ! Alors moi je
ne pleure jamais !"
Il murmure et les larmes noient son visage
Gabriel :" tu as laissé un homme fort derrière toi, mère, à partir d’aujourd’hui, je ne
pleurerai jamais !
Gabriel lève ses yeux vers le ciel et poursuit sa petite prière pour sa mère :
Gabriel : "tu m’as pas dit au-revoir, mère, tu m’as pas dit au revoir ! mais ce n’est
pas de ma faute, ce n’est pas poli de s’en aller sans dire au-revoir, ce n’est pas poli,
ce n’est pas poli mère ! tu me manques déjà ma très chère mère."
La charrette continue son parcourset disparait loin à l’horizon sur le chemin du soleil
à la recherche d’une autre vie, d’un autre espoir de liberté.