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Quel rôle et quel modèle
pour les banques françaises ?
Sommaire

Le rôle des banques                          p. 6

Le modèle d’intermédiation bancaire
aujourd’hui sous pression                    p. 8

Le risque du développement explosif
du « shadow banking »                       p. 10
Un foisonnement d’initiatives pour
répondre aux besoins de financement
de l’économie française                     p. 12

Mettre en place une supervision
renforcée et pragmatique                    p. 14

Vers un nouveau modèle
pour les banques françaises                 p. 18


L’impératif de la transformation digitale   p. 22
P
                                            rojet de loi sur la réforme bancaire en France ;
                                            évolutions prochaines du dispositif de protection des
                                            consommateurs ; décision des autorités américaines
                                       de ne pas appliquer Bâle 3 en 2013… entraînant aussitôt
                                       de la part des banques européennes une demande de
                                       report de l'entrée en vigueur du règlement CRR et de la
                                       directive CRD IV au 1er janvier 2014 ; nouveau rapport du
                                       Conseil de Stabilité Financière sur les enjeux et risques du
                                       shadow banking ; ralentissement du crédit aux entreprises ;
                                       mutation attendue des réseaux bancaires dans une logique
                                       d’abaissement du point mort…
                                       L’actualité est décidément riche en débats structurants
                                       pour l’avenir du secteur bancaire en France.

                                       Dans ce contexte, nous avons souhaité dépasser le débat
                                       d’actualité pour éclairer la réflexion sous deux angles :
                                       •	   Reposer les fondamentaux du système d’intermédiation
                                            bancaire afin de mieux analyser les implications des
                                            mutations en cours
                                       •	   Etudier les inflexions stratégiques et opérationnelles
                                            nécessaires afin de dessiner un agenda de transformation
                                            pour les banques françaises.




4   Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
En synthèse



 Essentiel pour l’économie, le rôle des                         Mettre en place une supervision
banques est aujourd’hui sous pression                         renforcée et pragmatique
Face à la succession des crises, nombreux sont ceux           Les normes prudentielles de Bâle n’ont pas réussi
qui ont jeté l’anathème sur les banques. Elles restent        jusqu’ici à empêcher les crises parce qu’elles ont été
néanmoins des moteurs essentiels de l‘économie,               inégalement appliquées et largement contournées
tant par leur fonction d’intermédiation traditionnelle        (dérives dans la mise en œuvre du modèle « originate
que par leurs services de banque d’investissement.            to distribute », « shadow banking »). Les pouvoirs
                                                              publics se focalisent désormais sur la séparation
Le modèle d’intermédiation des banques françaises             banque de détail / banque d’investissement (sous
est aujourd’hui sous pression, du fait de la                  trois variantes attachées aux noms de Volcker, Vickers
réglementation comme des crises.                              et Liikanen) et aux plans de résolution (testaments)
•	   Bâle 3 impose aux banques une charge accrue en           des banques jugées « trop grosses pour faire défaut ».
     capital et des contraintes de liquidité qui pèsent sur   Mais la clé du succès résidera principalement dans
     une activité de crédit déjà affaiblie par la crise.      l’efficacité et le pragmatisme de la mise en œuvre de
•	   La contrainte de liquidité est particulièrement          ces mesures :
     pénalisante pour les banques françaises car
     l’épargne collectée sous forme d’assurance-vie, de       •	   cohérence des règles applicables dans tous les pays
     livret A ou de valeurs mobilières ne leur apporte pas         pour ne pas créer de distorsions de concurrence,
     de ressources bilancielles.                              •	   application des règles sous le contrôle d’un
•	   Les titres de dette souveraine des pays développés            superviseur européen unique et puissant, tel que
     utilisés comme coussins de liquidité sont désormais           prévu dans le projet d’union bancaire, capable
     porteurs de risque de crédit sauf à consentir à un            d’apprécier les situations individuelles,
     taux négatif.                                            •	   préservation des caractéristiques des banques
                                                                   françaises qui ont contribué à leur résilience à
                                                                   travers le modèle de banque universelle.
  Un foisonnement d’initiatives
palliatives qui n’apportent qu’une                             Vers un nouveau modèle pour les
réponse partielle aux besoins de                              banques françaises
financement de l’économie française
                                                              Les banques françaises ne pourront pas faire
Dans ce contexte, la France voit aujourd’hui                  l’économie d’une transformation de leur modèle afin
fleurir nombre d’initiatives publiques motivées               de mieux prendre en compte la double contrainte
par la perception d’insuffisances des circuits de             de capital et de liquidité, tant dans la gestion du
financement traditionnels : augmentation des                  portefeuille d’activités que dans l’optimisation de la
plafonds des livrets d’épargne réglementée, création          consommation des ressources rares.
d’une Banque Publique d’Investissement, constitution
d’une Agence de Financement des Investissements               Elles devront en outre reconstituer leur capital de
Locaux... Des initiatives issues de la sphère privée          confiance auprès de leurs clients en répondant à
vont dans le même sens : partenariats de financement          de nouvelles exigences de leur part : transparence
entre assureurs et banquiers, structures de                   accrue, juste prix, qualité de service, alors même
refinancement mutualisé entre PME, développement              qu’il leur faudra réduire significativement leur
de plateformes de crédit peer-to-peer…                        base de coûts. La mise en œuvre d’une véritable «
                                                              transformation digitale » sera un levier prioritaire qui
Ces initiatives traduisent les limites actuelles de notre     touchera autant la relation client que les processus
modèle d’intermédiation bancaire. Mais seule une              opérationnels ou l’organisation interne.
action coordonnée des régulateurs, des superviseurs
et des banques elles-mêmes pourra constituer une
solution forte et durable.




                                                                                 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?   5
Le rôLe
des banQues
Les banques opèrent une
« intermédiation » entre acteurs
disposant d’excédents monétaires
à placer d’un côté et acteurs
demandeurs d’un financement pour
leurs projets de l’autre




u
      ne banque, pour ses clients, c’est avant tout un       profitent largement les grandes entreprises et les
      tiers de confiance. Un tiers de confiance à qui        Etats en émettant des titres, actions ou obligations,
      on confie son argent, à qui on s’adresse pour          que peuvent directement souscrire les épargnants.
obtenir un financement, dont on attend des produits          Mais la désintermédiation n’est en réalité presque
et services de qualité.                                      jamais totale, les banques restant des partenaires
                                                             clés de ces grands clients pour placer leurs titres,
C’est à ce titre que les banques gèrent les comptes et       pour faciliter leurs transactions portant sur des
les moyens de paiement des particuliers, leur livrets        montants supérieurs à la liquidité instantanée du
rémunérés, leurs comptes titres ou leurs contrats            marché ou pour concevoir des produits répondant sur
d’assurance vie. Ce sont elles aussi qui financent           mesure à chaque stratégie d’investissement. C’est ce
un achat de véhicule ou de bien immobilier. C’est            qu’écrivaient récemment aux autorités européennes
là leur activité de banque de détail. Mais leur rôle         et françaises deux grands patrons français : « Les
est également essentiel vis-à-vis des entreprises            grandes entreprises comme les nôtres, mais
dont elles financent tant le fonds de roulement que          aussi de plus en plus de PME, attendent de leurs
les investissements et à qui elles offrent toute une         banques qu’elles fournissent une combinaison
panoplie des produits et services leur permettant            de financements à travers le crédit et l’accès aux
d’optimiser leur trésorerie et de couvrir leurs              marchés financiers, aussi bien que des solutions de
risques. On parle alors de banque de financement et          couverture. »
d’investissement. La plupart des grandes banques
françaises, dites universelles, cumulent l’ensemble          Pour les clients particuliers ou les PME,
de ces activités.                                            l’intermédiation bancaire traditionnelle reste
                                                             absolument incontournable, d’autant qu’elle présente
Pour remplir ces missions, les banques opèrent               l’avantage considérable de filtrer les risques de crédit
une « intermédiation » entre acteurs disposant               d’une part, d’assurer la transformation de dépôts
d’excédents monétaires à placer d’un côté et acteurs         courts en prêts longs d’autre part.
demandeurs d’un financement pour leurs projets
de l’autre. Les marchés financiers offrent certes            C’est une part essentielle du rôle des banques
une alternative à l’intermédiation bancaire, dont            que d’optimiser la gestion de ces risques et de les




6   QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ?
IntERméDIatIon BanCaIRE




 épargnants                                                                                                      emprunteurs
                                                                                                           entreprises ou particuliers
                            état              actionnaires      banque centrale          marché
                                                                                      interbancaire

          Dépôts liquides          Garantie                                                                                       Prêts longs
                                                      Capital             Liquidité                Liquidité
          sans risque              dépôts                                                                                         risqués




                                   mitigation                           transformation
                              du risque de crédit                         de maturité


                                                                        marge d’intérêt



                                                             Banque




couvrir in fine par leurs fonds propres. La question               sur les derniers mois et seulement 16 % par émission
de savoir si les banques prennent effectivement                    de titres.
assez de risques, et quel est le quantum de fonds
propres nécessaires (plus il faut de fonds propres                 Au-delà de cette mission essentielle d’intermédiation,
pour un niveau de risque donné, moins le volume de                 les banques représentent, en tant qu’employeur,
crédits sera élevé), sont sources d’éternels débats,               un secteur majeur de l’économie, avec ses 400 000
fréquemment perturbés par la médiation de dossiers                 emplois. Il est donc essentiel pour le pays d’avoir un
ponctuels d’entreprises en difficulté.                             secteur bancaire efficace et prospère. Sans quoi,
                                                                   c’est toute l’économie, et donc l’emploi du pays, qui en
En tout état de cause, c’est cette concentration                   paierait le prix.
de risques sur une fonction bancaire essentielle à
l’économie, ainsi que la protection des épargnants
ou des investisseurs, qui justifient que les banques
soient strictement contrôlées et qu’on leur impose de
respecter des normes prudentielles.

Pour autant, cette fonction d’intermédiation des
banques est aujourd’hui menacée dans son volume
par les exigences nouvelles de fonds propres et de
liquidité, alors même que les banques françaises sont
un maillon clé du financement de notre économie.
La progression de 2,6 % des encours de crédits
bancaires à fin juillet 2012, et le taux moyen des
nouveaux crédits qui s’établit à 2,14 %, inférieur à la
moyenne de la zone euro, sont au cœur de la santé
économique de notre pays. On estime que plus de
84 % des besoins de financement des entreprises
françaises ont été couverts par des crédits bancaires




                                                                                       QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ?   7
Le modèle
d’intermédiation
bancaire aujourd’hui
sous pression
Le rôle traditionnel d’intermédiation des
banques est auiourd’hui remis en cause par les
crises et les réponses réglementaires aux crises




L
    es crises à répétition ont instauré un climat de         de mesures – connues sous le nom de Bâle 3 –
    défiance entre banques qui se concrétise par             imposant aux banques une charge accrue en capital
    une fragilité récurrente de la liquidité bancaire.       pour faire face aux risques de crédit et de marché
A plusieurs reprises, le marché inter-bancaire s’est         ainsi que le respect de ratios sévères de levier et de
complètement tari et des épisodes de « bank run »            liquidité. Initialement prévue progressive de 2013
ont même été observés. Il a fallu que les banques            à 2018 (projet de directive CRD4), l’application des
centrales recourent à des mesures exceptionnelles            exigences de fonds propres cibles a été anticipée en
pour desserrer cet étau et permettre aux banques             Europe dès le 1er janvier 2011 (Directives CRD 2 et 3
commerciales de poursuivre leurs opérations.                 correspondant aux normes dites Bâle 2,5), au risque
                                                             de restreindre encore une offre de crédit déjà affaiblie
Il est important de noter que la contrainte de liquidité     par la crise.
est particulièrement handicapante pour les banques
françaises qui subissent les conséquences d’une              L’expérience a montré, en effet, que de bons ratios
politique fiscale qui a historiquement orienté une           de fonds propres n’étaient pas suffisants pour éviter
large part de l’épargne nationale vers l’assurance-vie       de graves difficultés à certaines banques ; DEXIA
(1600 Mds€ d’encours à fin 2011) et les placements en        et le Crédit Immobilier de France en ont fait la triste
valeurs mobilières et OPCVM (1200 Mds€), ainsi que           expérience. Comme toute entreprise, l’entreprise
le livret A (185 Mds€) et plus généralement l’épargne-       bancaire meurt par cessation de paiement. Et
réglementée, plutôt que vers les ressources de bilan         plus encore que toute autre entreprise, puisque le
bancaires (1800 Mds€). Ces dernières sont, en effet,         commerce d’argent est sa raison d’être. A contrario,
les seules ressources internes que puissent mobiliser        si les ratios de liquidité et de levier sont trop sévères,
les banques pour alimenter leur activité de crédit.          alors c’est le métier de banquier qui disparaît.
Notons au passage que les récentes décisions des             Enfin, dans cette tourmente, les banques ont
pouvoirs publics français de doublement prochain             récemment perdu un de leurs derniers points
des plafonds du Livret A et du LDD d’une part, et            fixes : l’actif mobilisable sans risque que constituait
de taxation des revenus du capital d’autre part,             la dette souveraine des pays développés, qui leur
renforcent encore l’avantage concurrentiel des livrets       permettait de couvrir leur risque de liquidité sans
d’épargne réglementée et de l’assurance-vie par              encourir de risque de crédit. Aujourd’hui, il faut que
rapport aux autres produits d’épargne. Autant de             l’investisseur rétribue l’emprunteur souverain si le
ressources supplémentaires qui risquent d’échapper           risque de ce dernier est le meilleur ou parmi les moins
aux bilans des banques.                                      mauvais !

Préoccupés par cette fragilité générale et par le            Toutes ces évolutions ou ruptures dans
risque systémique qu’elle engendre au niveau de              l’environnement dans lequel évoluent les banques
l’ensemble du secteur, les régulateurs de l’activité         sont à l’origine d’un certain nombre d’initiatives
bancaire ont eux aussi réagi en obligeant les banques        visant à contourner les contraintes ou à pallier les
à mieux se protéger des risques. Dans un cadre               insuffisances liées à l’intermédiation bancaire.
mondialisé, le Comité de Bâle a élaboré un ensemble



8   Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
Synthèse des flux de financement de l’économie française
Encours à fin 2011 en milliards d’euros




                                                                                        1700 Mds€
                                                                                     Provisions techniques
                               1600 Mds€
                            Primes d’assurance
                                                                  Assurances


                                                                                     400 Mds€
                                                                                 Actions et OPCVM
                                                                                 1200 Mds€
                                                                                 Autres titres

                               1000 Mds€                                                                   1000 Mds€
                            Actions et OPCVM                                                           Actions et OPCVM
                                   200 Mds€                          Marchés                          2000 Mds€
                                  Autres titres                                                       Autres titres
                                                                    financiers

                                                   400 Mds€                          400 Mds€
                                                 Actions et OPCVM                Actions et OPCVM
                                                      1200 Mds€                  1200 Mds€
                                                      Autres titres              Autres titres



                               1800 Mds€                                                                   2200 Mds€
                                 Dépôts                                                                       Crédits
                                                                   Banques
                                           2 300 Mds€             et autres IF       2 400 Mds€
                                                  Dépôts                                  Crédits



                               1900 Mds€                                                                   1900 Mds€
                            Comptes à recevoir                      Crédit                              Comptes à payer
                                                                  commercial




                               2600 Mds€                                                                   2800 Mds€
                              Participations                    Participations                            Participations
                                                                 non cotées




     4 200 Mds€                                                                                                                          6 400 Mds€
 Sociétés non financières                                                                                                          Sociétés non financières



                        Σ 9 100 Mds€                                                                       Σ 9 900 Mds€
     4 000 Mds€                                                                                                                          1 300 Mds€
        Ménages                                                                                                                              Ménages




      900 Mds€                                 900 Mds€                              1 200 Mds€                                          2 200 Mds€
Administrations publiques             Emprunts des non résidents                 Prêts des non résidents                          Administrations publiques


Capacités de financement                                         Financements                                                     Besoins de financement
des Agents Non Financiers                                  internationaux hors titres                                            des Agents Non Financiers




                                                                                                                Direction des flux de financement
                                                                                                 Source : Comptes financiers annuels provisoires - Version simplifiée -
                                                                                                 Année 2011 – Tableaux et graphiques, Banque de France, 2012.
                                                                                                 Analyses Capgemini Consulting.
Le risque du
développement
explosif du
« shadow banking »




L
      e « shadow banking » est un ensemble de               d’échapper aux contraintes liées à l’appel à l’épargne
      mécanismes de substitution à l’intermédiation         publique, et un fort effet de levier de crédit bancaire.
      bancaire hors du champ de contrôle prudentiel.
                                                            On oppose ainsi un paradigme « originate to
Dans ce schéma, les banques (voire certains                 distribute » de fragmentation de la chaîne de valeur
intermédiaires non-banques notamment dans les               au modèle « originate to hold » de l’intermédiation
pays anglo-saxons) réalisent l’origination de crédits       bancaire traditionnelle. Encore peu développé en
sans en assumer le financement. Elles cèdent pour ce        France, ce nouveau modèle présente l’avantage de
faire leurs créances à des Special Purpose Vehicles         transférer une partie du risque d’intermédiation
(SPV) ou « conduits » de titrisation, entités non           des banques vers des investisseurs avertis et
consolidées mais dont elles se portent garantes, qui        consentants. Les conditions dans lesquelles il a été
se refinancent en émettant sur le marché des titres         mis en œuvre aux Etats Unis (déresponsabilisation de
(Asset Backed Securities), le plus souvent à court          l’originateur, manque de transparence) sont toutefois
terme, « restructurés » et « rehaussés » de façon à         à l’origine directe de la crise des subprimes.
répondre à la diversité des attentes des investisseurs
en matière de rendement et de risque. Les banques           Cette dérive du « shadow banking » n’a certes pas
peuvent ainsi échafauder, à leur profit ou à celui de       échappé aux pouvoirs publics et aux régulateurs ;
leurs clients, des montages quasiment sans capital          ces derniers ont commencé à proposer des
pour refinancer à très court terme toutes sortes            règles (conservation d’un minimum de risque par
d’actifs et de créances. Leur seule contribution, lignes    l’originateur, transparence sur les risques réellement
de crédit ou de liquidité – voire simples engagements       transférés) de nature à éviter le renouvellement d’une
implicites de racheter les titres qui ne trouveraient       telle dérive malsaine, et donc dangereuse. Mais la
pas preneur – accordées aux conduits qu’elles               difficulté de l’entreprise est grande, quand on pense
sponsorisent, n’ont en effet qu’un faible impact            aux problèmes d’application de règles aux banques
prudentiel, s’agissant d’engagements hors bilan.            elles-mêmes, pourtant beaucoup plus aisées à
                                                            contrôler.
Des montages similaires sont mis en œuvre par
des fonds d’investissement, également à très
faible capital, qui combinent, hors de tout cadre
réglementaire, le rachat et la restructuration de
créances, la levée de ressources en cercles privés afin




10 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
On oppose ainsi un paradigme
           « originate to distribute » de
           fragmentation de la chaîne de
           valeur au modèle « originate
           to hold » de l’intermédiation
           bancaire traditionnelle.




    SHADOW BANKING

                                                                                                 Tranches equity,
                                                                                                 mezzanine, CDS

                           Part
                                     Hedge Fund
                                                                            ABCP (senior)
                                                                                                          Rachat
                                                                                                         de créance
            Prime Cotisation                                                                                                                         Prêt
                                     Assurance ou                 Marché
                                    Fond de pension                                           Conduit
                                                                                               Pooling                         Banque
                                                                      MBS, CDO, autres      Structuration
                                                                        ABS (senior)         Tirtrisation
                           Part
                                       OPCVM
                                      monétaire
                                                                                                  Ligne de liquidité




É                                                                                                                                               m
                                                                                                                                                    p ru nteu
                                                                                                                                             E




                  t
                                                                                                                                                                 r




    pa
         rgn an
                      Dépôt à vue                                                            Sponsor

                                                                                                                    Prêt

              Dépôt à terme                                        Banque


                                                Garantie dépôts                                       Liquidité




                                                                                             Banque
                                         État                                                Centrale




                                                                                                  Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?    11
un foisonnement d’initiatives
visant à répondre aux
besoins de financement
de l’économie française
Toutes ces initiatives sont autant de signes des
limites du modèle traditionnel d’intermédiation
bancaire qu’elles cherchent à compenser




P
      ays traditionnellement interventionniste, doté                           •	   Le projet de Banque Publique d’Investissement (BPI)
      d’un nouveau gouvernement désireux d’agir sur                                 pour consolider en un guichet unique l’ensemble des
      le financement de l’économie et notamment                                     concours publics aux entreprises (PME et ETI) en
des PME, la France voit fleurir aujourd’hui nombre                                  fonds propres, crédits, garanties, et subventions. La
d’initiatives innovantes venant des pouvoirs publics                                BPI disposerait d’une force de frappe de 40 Mds€,
qui visent à compléter les circuits de financement                                  qui pourrait être abondée de fonds en provenance du
traditionnels jugés insuffisants. Des initiatives                                   Livret de Développement Durable (LDD).
issues de la sphère privée vont dans le même sens.
L’ensemble de ces initiatives sont à destination
des entreprises, mais aussi des particuliers ou des
collectivités territoriales. Citons par exemple :



     Le projet de Banque Publique d’Investissement

                                                                                       PME / ETI et acteurs de
                                                                                       l’économie sociale et solidaire
  à partir de 2013,
  la Banque Publique                                 Fonds propres        Prêts à long terme               Garanties et subventions     Services
  d‘Investissement sera
                                                                                          Guichet unique
  le guichet bancaire
  unique de distribution                         ex CDC-Entreprises             ex FSI                         ex OSEO                ex Ubifrance
  de financements publics                                                    Banque Publique d’Investissement
  aux PME et ETI en
  France                                                                                         Capital

                                                                                    État (50%)             CDC (50%)


 >> Le projet de Banque Publique d’Investissement (BPI) en cours de            >> Une extension du rôle de la BPI aux services d’accompagnement à
    mise en œuvre par les pouvoirs publics vise à répondre aux besoins            l’export développés par Ubifrance est envisagée à l’avenir.
    de financement des PME / ETI que ni les banques traditionnelles            >> La BPI serait ainsi en mesure d’offrir par un guichet unique toute la
    – grevées par le coût en capital imposé par Bâle 3 – ni les marchés           panoplie des instruments.
    financiers ne parviennent à satisfaire.                                    >> La BPI devrait être initialement dotée de 40 Md€ et pourrait
 >> La BPI devrait reprendre dans un cadre intégré l’ensemble des                 centraliser des fonds collectés par les LDD.
    dispositifs publics qui contribuent aujourd’hui – en étroite               >> La gouvernance de la BPI devrait faire une place importante à la
    collaboration avec les banques – au financement des PME / ETI :               dimension régionale tant au niveau de son conseil d’administration
       •	 En fonds propres                                                        que de ses comités d’engagement.
       •	 En prêts à long terme
       •	 En garanties et subventions




12 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
•	   Les partenariats entre des assureurs et des                                •	   La constitution envisagée par les pouvoirs publics
     banques, ces dernières cédant aux premiers des                                  d’une Agence de Financement des Investissements
     créances qu’elles ne souhaitent ou ne peuvent                                   Locaux (AFIL) pour permettre aux collectivités
     pas porter dans leur bilan, sauf à brider leur                                  locales d’accéder dans des conditions économiques
     développement. Les premiers accords de ce type                                  aux marchés de dette.
     ont été annoncés tant en interne des groupes de
     bancassurance comme le Crédit Agricole (fonds                              •	   Le développement d’une plate-forme de crédit
     commun de titrisation de créances aux collectivités                             peer-to-peer (crowdfunding) telle que Prêt d’Union,
     locales) qu’en externe comme celui que vient de                                 plébiscitée par des emprunteurs cherchant une
     conclure AXA avec la Société Générale et le Crédit                              alternative aux crédits bancaires.
     Agricole (fonds commun de placement finançant les
     crédits aux PME/ETI originés par les deux banques).                        Toutes ces initiatives sont autant de signes des limites
                                                                                du modèle traditionnel d’intermédiation bancaire
•	   L’apparition d’un nouvel opérateur privé, Isodev,                          qu’elles cherchent à compenser. Il est probable
     qui prétend apporter aux PME/ETI un financement                            néanmoins qu’elles ne suffisent pas à répondre aux
     en prêts participatifs, quasi-fonds propres leur                           besoins de financement de l’économie française.
     facilitant l’obtention de crédits bancaires pour                           Seule une réponse coordonnée des régulateurs,
     financer leurs projets.                                                    des superviseurs et des banques elles-mêmes,
                                                                                recourant aux marchés financiers dans des conditions
•	   Une structure comme le fonds commun de                                     de transparence et de sécurité contrôlées, pourra
     placement Micado France 2018 qui a permis à des                            constituer une solution forte et durable.
     PME non notées de placer des obligations auprès
     d’investisseurs institutionnels en mutualisant leurs
     besoins de financement.



        Un partenariat de bancassurance

                                              PME
                                              CA : > 250 MEUR
                                              Dette brute : > 150 MEUR
                                                                                                                         Un fonds commun de
                                                        Prêts accordés                      Origination
                              Décaissement et           Durée : 3 à 5 ans                   et servicing                 placement permet à AXA,
                              portage des encours       Montant : 30 à 100 M€                                            à la Société Générale et au
                                                                                                                         Crédit Agricole d’optimiser le
                                                                                                                         respect des règlementations
                                                                                                                         Solvency II et Bâle III
                                             Fonds commun
       80 % financement                       de placement                      20 % financement
       et risque                                                                et risque



          Assureur
            AXA                                                                       Banque
     Enveloppe totale entre                                                           SG / CA
       500 M€ et 1 Md€



 >> Bâle 3 impose un coût en capital et en liquidité aux banques                >> Pour échapper aux problèmes posés par l’asymétrie d’information
    particulièrement pénalisant pour leur activité de financement des              entre le banquier et l’assureur, le montage imaginé par AXA avec deux
    PME. Elles sont donc conduites à rechercher des partenaires disposant          banques consiste à confier les décisions d’octroi à un fonds commun
    de liquidités et prêts à financer une part des créances en en assumant         de placement partagé.
    le risque de crédit.                                                        >> Cet investissement permet à AXA à la fois de doper le rendement
 >> En application des recommandations des régulateurs pour éviter le              de son portefeuille d’actifs et de le diversifier, réduisant ainsi la
    renouvellement des excès des subprime, aucune structuration n’est              consommation de capital associée en application des normes Solvency
    mise en œuvre et les banques conservent 20% des créances à leur bilan          II.
    avec les risques associés. Les banques assurent par ailleurs la gestion
    des prêts jusqu’à leur échéance.




                                                                                                           Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?   13
Mettre en place
une supervision
renforcée et
pragmatique
Comment donc concilier la légitime
méfiance envers les possibles excès
de la finance avec le maintien du
rôle essentiel d’intermédiation des
banques ?




D
      u côté des régulateurs, toute une panoplie            Barnier, qui viennent d’être rendues publiques sans
      de mesures ont été envisagées, depuis                 engager la Commission, confirment paradoxalement
      l’accélération de la mise en œuvre des normes         la force du modèle de banque universelle tout en
Bâle 3, la régulation des modes de rémunération des         proposant de cantonner une large part des activités
traders ou la taxation des transactions financières,        de marché : activités pour compte propre et de market
jusqu’à l’interdiction pure et simple des ventes à          making.
découvert ou de l’utilisation spéculative des produits
dérivés.                                                    Tout récemment, le Gouverneur de la Banque de
                                                            France, Christian Noyer déclarait quant à lui : « Ce
Une idée récurrente consiste à cantonner dans les           principe de la séparation des activités, je n’en
banques la « bonne finance », celle qui fait vivre          comprends absolument pas l’intérêt ». Le gouverneur
l’économie réelle, afin de la mettre à l’abri des           prône, en revanche, «une interdiction pure et simple»
turbulences de la finance spéculative ou du moins           des activités spéculatives des établissements et des
exposée aux risques des marchés.                            « contrôles internes renforcés des risques liés aux
                                                            activités de marchés ».
Dans une version britannique, associée au nom de
l’économiste John Vickers qui en a été le porte-parole,
la banque de détail devrait être juridiquement séparée
des autres activités bancaires comme la banque
de financement et d’investissement. Très complexe
et coûteuse à mettre en œuvre pour des banques
universelles à la française, cette réforme est surtout
motivée par la disproportion prise par les activités de
banque d’investissement concentrées dans la City par
rapport à l’économie réelle du Royaume Uni.

De l’autre côté de l’Atlantique, la règle due à Paul
Volcker, ancien directeur de la FED, et intégrée au
Dodd-Frank Act, a plus simplement choisi d’interdire
aux banques de spéculer pour compte propre ou de
financer des fonds spéculatifs.

En Europe, les conclusions du groupe d’experts
présidé par Erkki Liikanen à la demande de Michel


14 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
Le rapport Vickers de l’Indepedent Commission on Banking (UK)


     Motivation                                                                 Fonctionnement
     >> Sécuriser le service de base bancaire : cantonner la banque des         >> Séparation juridique : séparer les activités de banque des
        particuliers et des PME loin des activités risquées de marché et de        particuliers et PME et celles de banque d’investissement et de
        financement structuré afin de protéger les dépôts des particuliers         financement, même si un même holding peut détenir des banques
        et des PME, ainsi que les systèmes de paiement                             et des entités spéculatrices
     >> Protéger l’économie britannique de son secteur                          >> Exigences de fonds propres : le rapport Vickers propose pour la
        dominant : protéger la banque de détail et l’économie britannique          banque de détail des exigences de fonds propres plus élevées que
        des risques induits par les poids des activités de la City                 Bâle III (au moins 10% des actifs pondérés)
     >> Limiter l’intervention de l’Etat en cas de faillite : limiter           >> Impact UK : ne serait applicable qu’à l’activité de banque de détail
        l’exposition de l’Etat qui ne protégera que la partie banque de            au UK donc elle impacte peu de banques d’Europe continentale
        détail en cas de faillite



     Statut actuel                                                              Implications
     >> Statut :                                                                >> Complexité de mise en œuvre pour les banques
       •	 Automne 2012 : Adoption de principe                                      universelles : due à la restructuration juridique et opérationnelle,
       •	 D’ici mai 2015 : Présentation de textes de loi détaillés                 à l’obligation de formaliser tous les contrats franchissant la
       •	 2019 : Entrée en vigueur                                                 frontière de cantonnement et à l’application de contraintes
     >> Instances responsables : ministère des finances, Banque                    particulière à ces transactions
        d’Angleterre et Financial Services Authority                            >> Alea moral : le cantonnement de la banque des particuliers et
                                                                                   PME peut encourager les banques à prendre plus des risques
                                                                                   dans ces activités (crédits immobiliers, prêts aux entreprises /
                                                                                   particuliers) car elles sont encore plus assurées de l’intervention
                                                                                   de l’Etat en cas de faillite




         La règle Volcker du Dodd-Frank Act (USA)


     Motivation                                                                 Fonctionnement
     >> Eviter le risque spéculatif : interdire les investissements pour        >> Séparation juridique : séparer les activités de banque de celles
        compte propre et les relations porteuses de risque avec les fonds          de «spéculation», même si un même holding peut détenir des
        spéculatifs (Hedge Funds) et les fonds de Private Equity                   banques et des entités spéculatrices
     >> Empêcher les conflits d’intérêts : éviter que les banques               >> Impact global : serait applicable à toute banque ayant une
        d’investissement cumulent face à la même opportunité un rôle               activité aux USA, donc elle impacterait directement la plupart des
        de conseil et un rôle d’investisseur en fonds propres (notamment           banques européennes
        suite au scandale des CDO Abacus de Goldman Sachs sur les
        subprimes)
     >> Réduire la taille des banques : Paul Volcker souhaitait la limitation
        de la taille des banques, mais cela n’a pas été retenu par le Congrès   Implications
     >> Faciliter la liquidation des banques en cessation de
        paiements : préparer des plans détaillés de résolution (« living        >> Réduction de la liquidité : la liquidité sur les marchés financiers
        will ») qui permettent aux banques de prévoir à l’avance comment           risque de diminuer à suite à la disparition du trading pour compte
        leurs activités pourront être démantelées en cas de crise                  propre opéré par des banques
                                                                                >> Difficulté de mise en pratique : la définition précise du trading
                                                                                   pour compte propre est difficile à faire, notamment par rapport
                                                                                   à la prise de risque d’un « market-maker » ou par rapport
                                                                                   au financement et à la couverture des risques des activités
     Statut actuel
                                                                                   commerciales
     >> Statut : mise au point décalée (la date initialement prévue du 21       >> Augmentation des frais : les frais bancaires pourraient
        juillet 2012 n’a pas pu être respectée)                                    augmenter suite à la disparition du trading pour compte propre,
     >> Instances responsables : Federal Reserve, Commodity Futures                considéré comme très lucratif
        Trading Commission, Federal Deposit Insurance Corporation,
        Office of the Comptroller of the Currency et Securities and
        Exchange Commission




16 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
Le rapport Liikanen à la Commission Européenne (UE)


    Motivation                                                                 Fonctionnement
    >> Compléter la réglementation existante ou en cours de                    >> Sécurisation de la banque de dépôts : collecte des dépôts,
       finalisation : compléter les directives CRD 3 et CRD 4 issues des          provision des moyens de paiement, financement de l’économie (y
       recommandations du Comité de Bâle (Bâle 2,5 et 3) de la BRI                compris la fourniture de produits de couverture de risques)
    >> Renforcer le secteur bancaire européen : étudier l’opportunité          >> Séparation juridique des activités de trading les plus
       de réformes structurelles afin de renforcer la stabilité du secteur        risquées : transactions pour compte propre, activité de teneur de
       bancaire européen et de limiter le risque résiduel incombant aux           marché, financement des fonds spéculatifs et de private equity
       contribuables européens notamment à travers le sauvetage des            >> Autorisation de loger dans un même groupe banque de dépôt
       institutions trop grosses pour faire défaut et la garantie des dépôts      et banque de trading mais application des conditions de marché
    >> Base de règlementation européenne : servir de base à                       et des limites de concentration de risques (LE/GRR) aux
       l’élaboration de nouvelles directives communautaires pour                  transactions internes dépôt/trading
       réformer le secteur bancaire. Le rapport peut être considéré            >> Mise en œuvre de mesures de redressement et de résolution des
       comme le pendant européen aux travaux de Volcker et Vickers                crises bancaires (selon projet de directive existant) et recours à la
                                                                                  dépréciation autoritaire des créances (bail in)
                                                                               >> Renforcement des exigences de capital liées au trading
                                                                                  (coussin ou minimum indépendant du RWA)
    Statut actuel                                                              >> Introductions de limites de ratios de Loan-to-value (LTV )
    >> Rapport publié le 2 octobre 2012                                           et/ou Loan-to-income (LTI ) applicables au financement de
    >> Instances responsables : Commission européenne à qui revient               l’immobilier
       la responsabilité de proposer un cadre réglementaire au Parlement       >> Renforcement de la gouvernance des groupes bancaires
       Européen et au Conseil après consultation de l’European Banking
       Authority
                                                                               Implications
                                                                               >> Remise en cause de la banque universelle ?




Ces différentes approches partagent le souci de                                L’argument vaut aussi à l’intérieur de l’Europe. Des
minimiser le syndrome des banques « trop grosses                               règles non appliquées partout ou appliquées de
pour faire défaut » que la quasi-certitude de                                  manière trop disparate sont des facteurs de distorsion
sauvetage par les pouvoirs publics inciterait à une                            de concurrence, qui risqueraient de désavantager
prise de risque excessive. Elles convergent également                          les banques de tel ou tel pays. De ce point de vue,
sur les solutions : obligation généralisée de formaliser                       les progrès de l’union bancaire européenne seront
des plans de résolution (testaments bancaires) et                              décisifs. Ils permettront d’aller vers une supervision
renforcement des pouvoirs des superviseurs chargés                             européenne des établissements bancaires. Les
de la résolution en cas de crise.                                              moyens affectés à cette nouvelle mission seront
                                                                               clés pour faire face à la complexité des situations
Quel que soit le dosage finalement retenu entre ces                            particulières et à la puissance des intérêts en jeu.
différents leviers destinés à protéger l’économie des                          C’est à ce prix qu’on pourra appliquer à bon escient
turbulences des marchés financiers, il faut souhaiter                          l’esprit des normes, plutôt que leur lettre, condamnée
que sera préservée la solidité dont ont fait montre                            à être toujours en retard d’une guerre.
les banques françaises dans les différentes crises
successives que nous venons de vivre. Trop de règles,
ou des règles trop dures, tuent les règles, qui seront
alors contournées.

Enfin, dans l’environnement concurrentiel mondial
actuel, des règles qui ne s’appliqueraient pas
également à tous les établissements seraient
difficilement acceptables. L’expérience des normes
IFRS – pourtant d’origine anglo-saxonne et dont le
caractère pro-cyclique est par ailleurs maintenant
démontré – et des normes Bâle 2, que les Etats Unis
n’ont toujours pas mises en œuvre, doit être méditée
au moment des décisions d’application de Bâle 3 en
Europe.




                                                                                                      Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?   17
Vers un nouveau
modèle pour
les banques
françaises
La mise en oeuvre d’une véritable
« transformation digitale » sera
un levier prioritaire pour répondre
à ces enjeux




D
        ’ ores et déjà, le nouvel environnement prudentiel a conduit des banques à évoluer en restructurant leur
        portefeuille d’activités en fonction des contraintes de capital et de liquidité.




     Les banques françaises COMMENCENT A S’ADAPTER au nouvel
     environnement prudentiel


 Réduction du bilan                                                                 Recours aux dépôts


                             grace […] à la baisse de notre bilan […] BNP                                      Dans l’activité de banque de détail, tous les
                             Paribas atteindra […] l’objectif de ratio common                                  métiers ont contribué aux bénéfices […],
                        equity Tier one de 9 %, dans le respect intégral des                           illustrés notamment par la croissance des volumes
                        normes Bâle III.                                                               de dépôts […]
  BNP Paribas                                                                         BNP Paribas
                        Rapport annuel 2011                                                            Rapport annuel 2011


                             L’évolution soudaine de l’environnement […] a                                   Dans un contexte de marché difficile, le
                             nécessité d’accélérer certains chantiers […].                                   Groupe a refinancé en 2011 le renouvellement
                        Ainsi, le groupe entend réduire la taille de son bilan                         de sa dette arrivant à maturité […] grâce à un effort
                        […] et ses besoins en matière de liquidité                                     supplémentaire de collecte de dépôts
Société Générale                                                                    Société Générale
                        Document de référence, 2012                                                    Document de référence, 2012

                              Le nouveau modèle s’appuie sur une stratégie                                   Dans un contexte de crise de […], les Caisses
                              visant à limiter la taille du bilan : adaptation                               régionales ont intensifié leurs efforts en
                        vers un modèle "originate to distribute" : origination                         matière de collecte bilancielle en développant leur
                        et structuration du financement […]                                            offre de dépôts à terme
 Crédit Agricole                                                                     Crédit Agricole
                        Document de référence et rapport annuel 2011                                   Document de référence et rapport annuel 2011

                             […] Natixis et le Groupe BPCE ont commencé à                                   […] faisant face au défi représenté par Bâle 3
                             réduire les risques pondérés et à améliorer la                                 […], le réseau axe le développement de son
                        gestion de la liquidité. […] la BFI s’est dotée de moyens                      épargne vers l’épargne bilancielle, dont les secours
                        […] pour accélérer […] l’allégement de son bilan.                              progressent de 10 % […]
 Groupe BPCE            Document de référence et rapport financier annuel 2011       Groupe BPCE       Document de référence et rapport financier annuel 2011




18 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
éVoLutIon DE La StRuCtuRE FInanCIèRE DES BanQuES FRançaISES



 cumuL bnp paribas, société généraLe, crédit agricoLe et bpce




                          Q4 2009         Q3 2012                                                                                                                 Objectif
                                                                                                             Q4 2009          Q3 2012
                                                                                                                                                                  Bâle III

 Actifs Pondérés         1896 md€         1767 md€       -129,0 md€

                                                                                          Ratio de
                                                                                                               8,3 %           11,3 %           +3,0 pt             6-11 %
                                                                                          solvabilité
 Fonds propres
                         157,8 md€       199,7 md€        +41,9 md€
 durs
                                                                                          Ratio de
                                                                                                               2,7 %            3,1 %           +0,4 pt              3%
                                                                                          levier*

 Total du bilan          5804 md€         6540 md€        +734 md€




*Calcul de Capgemini Consulting
Sources : Financial Statements – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, tenant compte des changements de réglementation pendant la période




 constats                                                                                  anaLyse

> Réduction des actifs pondérés : en réaction aux contraintes imposées                     > Croissance du ratio de solvabilité : le ratio de solvabilité croît de 3,0
  par Bâle 2.5, les actifs pondérés baissent de 129,0 Md€ (-6,8 %)                           points, qui proviennent de la réduction des actifs pondérés pour +0,6
> Augmentation des fonds propres : l’augmentation des fonds propres                          points et de l’augmentation des fonds propres durs pour +2,4 points
  durs est principalement réalisée par la capitalisation des bénéfices                     > Levier croissant : le ratio de levier augmente légèrement du fait de la
> Total du bilan croissant : indiquant un développement de l’activité en                     croissance plus rapide des fonds propres durs (+26,6 %) que du total de
  dépit de la contrainte de liquidité                                                        bilan (+12,7 %)




Au-delà de ce premier niveau d’adaptation aux crises et aux évolutions réglementaires, le modèle des banques
devra évoluer plus en profondeur. Cette transformation relèvera pour l’essentiel à nos yeux, de cinq lignes de
forces : la poursuite de la reconfiguration des métiers, l’optimisation de la consommation de ressources rares,
l’intégration de la gestion de bilan au pilotage opérationnel, la reconquête de la confiance de la clientèle, et la
refonte du modèle opérationnel.




                                                                                                                     QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ?   19
Cette transformation
     relèvera de cinq lignes
     de forces.




 Poursuite de la reconfiguration des                        couvrir les engagements. Ce transfert de créances
métiers                                                     vers des investisseurs avertis et consentants
                                                            devra toutefois être accompagné des précautions
Le portefeuille d’activités devra continuer à évoluer       imposées, sinon par les régulateurs, du moins par les
pour alléger les activités fortement consommatrices         superviseurs pour éviter les dérives qui ont contribué
de liquidité et/ou de fonds propres qui ne font pas         à la crise des subprimes (conservation d’une part du
partie du cœur stratégique de la banque. Les activités      risque, transparence sur les risques cédés).
de spécialistes du financement des particuliers ou
des entreprises adossées au seul marché pour leur             Intégration de la gestion de bilan au
refinancement en feront notamment les frais : elles         pilotage opérationnel
seront confrontées à l’alternative d’élargir leur offre à
la collecte d’épargne ou de disparaître.                    La gestion du bilan devra cesser d’être une affaire
                                                            de spécialistes d’ALM pour irriguer l’ensemble
La place de la banque d’investissement dans                 des fonctions de pilotage opérationnel et de
les groupes bancaires français sera quant à elle            marketing, auxquelles seront imposées des limites
largement déterminée par l’issue des négociations           et des refacturations internes des consommations
entre le Conseil, le Parlement européen et la BCE           de liquidité. Elle devra s’appuyer sur des outils
sur le cadre légal de ces activités. La gouvernance         sophistiqués, mettant en œuvre une modélisation
européenne n’est toutefois pas en mesure de                 complexe appliquée à des données détaillées à la
restreindre unilatéralement les activités de marché         maille des contrats élémentaires, et capables de
qui sont globales. Les entreprises françaises auront        mesurer et de projeter finement l’impact sur les
donc toujours accès à ce type d’intermédiation.             risques structurels de tel scénario budgétaire, de tel
Un abandon forcé de ces activités par les banques           nouveau produit ou de la cession de tel portefeuille.
européennes aurait donc pour conséquence de
renforcer un peu plus la domination des banques             Ce déploiement nécessitera de conduire un
d’investissement américaines.                               changement profond dans les modes de gouvernance
                                                            des lignes métier et filiales par le niveau groupe
 Optimisation de la consommation de                         ainsi que dans le pilotage opérationnel des activités.
ressources rares                                            La complexité déjà inhérente à l’intégration de la
                                                            contrainte de capital au pilotage bancaire va se
L’optimisation de la liquidité conduira à développer la     trouver ainsi fortement accrue.
collecte de dépôts bancaires au détriment d’autres
offres d’épargne hors bilan. Elle privilégiera les
dépôts réputés stables du fait de leurs clauses
contractuelles (pénalités de retraits anticipés, dépôts
à préavis de retrait,…) ou du fait de leur usage (dépôts
associés à une gestion de flux : cash management,
conservation de titres,…).

L’optimisation du capital rendra de son côté
incontournable le recours au modèle « originate to
distribute » pour libérer la capacité de prêt contrainte
par le niveau de fonds propres disponibles pour




20 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
Reconquête de la confiance de la                               Refonte du modèle opérationnel
clientèle
                                                               La poursuite des efforts déjà engagés pour réduire
La dégradation de l’image des banques dans l’esprit            la base de coûts sans dégrader la qualité de service
du public s’est traduite par une fragilisation de la           nécessitera des ruptures structurantes dans le
position de tiers de confiance qui est au cœur du              management des activités. Le prérequis pour aller
métier bancaire. La reconquête de la confiance est             au-delà de simples améliorations à la marge est
donc un point de passage obligé de tout projet de              de disposer de processus dématérialisés conçus
développement. Elle passe, à nos yeux, par la réponse          et pilotés de bout en bout à travers l’ensemble des
à trois exigences de la clientèle.                             canaux que ce soit en avant-vente ou en après-vente.

•	   Une exigence de transparence que les banques              C’est la condition pour pouvoir tirer tous les avantages
     doivent s’approprier et qui doit se traduire par une      de décisions de concentration et de délocalisation
     refondation du rôle des forces commerciales. Sur          d’activités support ou de back-office, le moindre des
     un marché mature, a fortiori dans un contexte de          avantages n’étant pas la liberté gagnée de repenser le
     digitalisation des échanges, les banques devront          format des points de vente.
     tisser ou retisser des relations personnalisées et
     de confiance avec leurs clients. Cela suppose un          Les nouvelles technologies digitales facilitent
     investissement important dans les compétences et          grandement la dimension technique de cette
     les outils permettant de faire face tout à la fois à la   optimisation du modèle opérationnel et peuvent
     diversité des clients, à la technicité des produits, à    également contribuer à une transformation
     l’omniprésence des interactions à distance et à la        plus large de la relation client, voire du modèle
     complexité des règles et procédures imposées par          économique. Mais cette transformation nécessite un
     la banque et ses superviseurs.                            investissement très important dans la reconfiguration
                                                               des rôles et responsabilités au sein de la banque et
•	   Une exigence de juste prix. Le client accepte de
                                                               un effort de conduite du changement soutenu dans la
     payer un service quand il en connaît et reconnaît
                                                               durée.
     la valeur. Les excès des packages à prendre ou à
     laisser devront faire place à une offre configurable
     sur mesure pour répondre aux besoins de chaque
     client, et avec une tarification qui l’incite à élargir
     la part de ses besoins bancaires traités avec son
     partenaire financier privilégié.
•	   Une exigence de qualité de service qui est à la
     mesure de l’omniprésence des services bancaires,
     notamment de paiement, dans la vie des clients.
     Elle s’attache particulièrement aux deux points
     de la fiabilité et du délai. Mais elle embrasse
     également une attente de disponibilité dans le
     temps et dans l’espace rendue banale par la
     diffusion dans le grand public des smart phones,
     tablettes et ordinateurs portables, à des prix
     accessibles et avec une ergonomie telle que tous
     savent très vite s’en servir.



                                                                               Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?   21
L’impératif de la
transformation
digitale




T
      outes ces adaptations devront être faites dans                                    Au final, il apparaît que les banques qui gagneront la
      un contexte de profitabilité réaffirmé, mais                                      partie seront celles qui sauront tout à la fois abaisser
      également nouveau. Le temps des exigences                                         leurs coûts, fluidifier leurs processus à travers
de profitabilité supérieure à 20 % paraît révolu. La                                    les différents canaux et renforcer une relation de
plupart des banques disent rechercher entre 10 et 15                                    confiance avec leurs clients. La mise en œuvre d’une
% de ROE. On note toutefois que ce ratio s’applique à                                   véritable « transformation digitale » sera un levier
un niveau de fonds propres souvent augmenté, et s’il                                    prioritaire pour répondre à ces enjeux. Pour cela, il est
ne l’est pas, c’est que la banque a éliminé certaines                                   essentiel de donner à l’entreprise un but, un sens à
activités.                                                                              l’action, une vision de développement, qui transcende
                                                                                        les objectifs financiers, qui motive les collaborateurs
                                                                                        au service des clients.




        Les dimensions de la Transformation Digitale



                          Expérience Client                         Processus Opérationnels                                                 Business Model


                Compréhension client-prospect                   Digitalisation des Processus                               Transformation du business
                •	 Segmentations analytiques                    •	 Amélioration de la performance                          •	 Accroissement produits/services
                •	 Connaissance client basée sur les            •	 Nouvelles fonctionnalités                               •	 Passage du physique vers le digital
                  réseaux sociaux                                                                                          •	 Packaging digital des offres



                Développement                                   Capacités des employés                                     Nouveau business digital
                •	 Le digital : levier sur les ventes           •	 Repoussement des contraintes                            •	 Produits et services digitaux
                •	 Marketing prédictif                             d’espace et de temps                                    •	 Remodélisation de la chaine de
                •	 Processus clients fluidifiés                 •	 Nouvelles capacités de                                     valeur et des organisations
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                                                                •	 Partage des connaissances


                Points de contact client                        Pilotage de la performance                                 Globalisation digitale
                •	 Service client                               •	 Transparence opérationnelle                             •	 Intégration de l’entreprise
                •	 Cohérence cross-canal                        •	 Prise de décision facilitée par les                     •	 Redistribution de l’autorité de
                •	 Self service                                  capacités analytiques                                        décision
                                                                                                                           •	 Partage des services digitaux




                        •	 Données & Processus unifiés                                                                        •	 Intégration Business & SI
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                                                            Copyright © 2011 MIT CDB and Capgemini Consulting




                                                                                          101011010010
                                                                                            101011010010
                                                                                          101011010010


                                                                                         A major research initiative at the MIT Sloan School of Management




22 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
Remerciement :

Ce point de vue a bénéficié de la contribution de Patrick Werner




Contacts :

Jean Coumaros                             Jacques Richer
Senior Vice President                     Directeur
jean.coumaros@capgemini.com               jacques.richer@capgemini.com
A propos de Capgemini

Fort d’environ 120 000 collaborateurs et présent dans 40 pays, Capgemini est l’un
des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance. Le
Groupe a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros. Avec ses clients,
Capgemini conçoit et met en œuvre les solutions business et technologiques qui
correspondent à leurs besoins et leurs apportent les résultats auxquels ils aspirent.
Profondément multiculturel, Capgemini revendique un style de travail qui lui est propre,
la « Collaborative Business ExperienceTM », et s’appuie sur un mode de production
mondialisé, le « Rightshore® ».


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A propos de Capgemini Consulting

Capgemini Consulting est la marque de conseil en stratégie et transformation du
groupe Capgemini. Leader dans la transformation des entreprises et des organisations,
Capgemini Consulting aide ses clients à concevoir et mettre en œuvre des stratégies
innovantes au service de leur croissance et de leur compétitivité. La nouvelle économie
numérique est synonyme de ruptures mais aussi d’opportunités. Les 3600 consultants
de Capgemini Consulting travaillent avec des entreprises et des organisations de
premier plan pour les aider à relever ces défis en menant à bien leur transformation
numérique.


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20, avenue André Prothin
92927 La Défense Cedex
Tél. : +33 (0) 1 49 67 30 00
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Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?

  • 1. Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 2.
  • 3. Sommaire Le rôle des banques p. 6 Le modèle d’intermédiation bancaire aujourd’hui sous pression p. 8 Le risque du développement explosif du « shadow banking » p. 10 Un foisonnement d’initiatives pour répondre aux besoins de financement de l’économie française p. 12 Mettre en place une supervision renforcée et pragmatique p. 14 Vers un nouveau modèle pour les banques françaises p. 18 L’impératif de la transformation digitale p. 22
  • 4. P rojet de loi sur la réforme bancaire en France ; évolutions prochaines du dispositif de protection des consommateurs ; décision des autorités américaines de ne pas appliquer Bâle 3 en 2013… entraînant aussitôt de la part des banques européennes une demande de report de l'entrée en vigueur du règlement CRR et de la directive CRD IV au 1er janvier 2014 ; nouveau rapport du Conseil de Stabilité Financière sur les enjeux et risques du shadow banking ; ralentissement du crédit aux entreprises ; mutation attendue des réseaux bancaires dans une logique d’abaissement du point mort… L’actualité est décidément riche en débats structurants pour l’avenir du secteur bancaire en France. Dans ce contexte, nous avons souhaité dépasser le débat d’actualité pour éclairer la réflexion sous deux angles : • Reposer les fondamentaux du système d’intermédiation bancaire afin de mieux analyser les implications des mutations en cours • Etudier les inflexions stratégiques et opérationnelles nécessaires afin de dessiner un agenda de transformation pour les banques françaises. 4 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 5. En synthèse Essentiel pour l’économie, le rôle des Mettre en place une supervision banques est aujourd’hui sous pression renforcée et pragmatique Face à la succession des crises, nombreux sont ceux Les normes prudentielles de Bâle n’ont pas réussi qui ont jeté l’anathème sur les banques. Elles restent jusqu’ici à empêcher les crises parce qu’elles ont été néanmoins des moteurs essentiels de l‘économie, inégalement appliquées et largement contournées tant par leur fonction d’intermédiation traditionnelle (dérives dans la mise en œuvre du modèle « originate que par leurs services de banque d’investissement. to distribute », « shadow banking »). Les pouvoirs publics se focalisent désormais sur la séparation Le modèle d’intermédiation des banques françaises banque de détail / banque d’investissement (sous est aujourd’hui sous pression, du fait de la trois variantes attachées aux noms de Volcker, Vickers réglementation comme des crises. et Liikanen) et aux plans de résolution (testaments) • Bâle 3 impose aux banques une charge accrue en des banques jugées « trop grosses pour faire défaut ». capital et des contraintes de liquidité qui pèsent sur Mais la clé du succès résidera principalement dans une activité de crédit déjà affaiblie par la crise. l’efficacité et le pragmatisme de la mise en œuvre de • La contrainte de liquidité est particulièrement ces mesures : pénalisante pour les banques françaises car l’épargne collectée sous forme d’assurance-vie, de • cohérence des règles applicables dans tous les pays livret A ou de valeurs mobilières ne leur apporte pas pour ne pas créer de distorsions de concurrence, de ressources bilancielles. • application des règles sous le contrôle d’un • Les titres de dette souveraine des pays développés superviseur européen unique et puissant, tel que utilisés comme coussins de liquidité sont désormais prévu dans le projet d’union bancaire, capable porteurs de risque de crédit sauf à consentir à un d’apprécier les situations individuelles, taux négatif. • préservation des caractéristiques des banques françaises qui ont contribué à leur résilience à travers le modèle de banque universelle. Un foisonnement d’initiatives palliatives qui n’apportent qu’une Vers un nouveau modèle pour les réponse partielle aux besoins de banques françaises financement de l’économie française Les banques françaises ne pourront pas faire Dans ce contexte, la France voit aujourd’hui l’économie d’une transformation de leur modèle afin fleurir nombre d’initiatives publiques motivées de mieux prendre en compte la double contrainte par la perception d’insuffisances des circuits de de capital et de liquidité, tant dans la gestion du financement traditionnels : augmentation des portefeuille d’activités que dans l’optimisation de la plafonds des livrets d’épargne réglementée, création consommation des ressources rares. d’une Banque Publique d’Investissement, constitution d’une Agence de Financement des Investissements Elles devront en outre reconstituer leur capital de Locaux... Des initiatives issues de la sphère privée confiance auprès de leurs clients en répondant à vont dans le même sens : partenariats de financement de nouvelles exigences de leur part : transparence entre assureurs et banquiers, structures de accrue, juste prix, qualité de service, alors même refinancement mutualisé entre PME, développement qu’il leur faudra réduire significativement leur de plateformes de crédit peer-to-peer… base de coûts. La mise en œuvre d’une véritable « transformation digitale » sera un levier prioritaire qui Ces initiatives traduisent les limites actuelles de notre touchera autant la relation client que les processus modèle d’intermédiation bancaire. Mais seule une opérationnels ou l’organisation interne. action coordonnée des régulateurs, des superviseurs et des banques elles-mêmes pourra constituer une solution forte et durable. Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ? 5
  • 6. Le rôLe des banQues Les banques opèrent une « intermédiation » entre acteurs disposant d’excédents monétaires à placer d’un côté et acteurs demandeurs d’un financement pour leurs projets de l’autre u ne banque, pour ses clients, c’est avant tout un profitent largement les grandes entreprises et les tiers de confiance. Un tiers de confiance à qui Etats en émettant des titres, actions ou obligations, on confie son argent, à qui on s’adresse pour que peuvent directement souscrire les épargnants. obtenir un financement, dont on attend des produits Mais la désintermédiation n’est en réalité presque et services de qualité. jamais totale, les banques restant des partenaires clés de ces grands clients pour placer leurs titres, C’est à ce titre que les banques gèrent les comptes et pour faciliter leurs transactions portant sur des les moyens de paiement des particuliers, leur livrets montants supérieurs à la liquidité instantanée du rémunérés, leurs comptes titres ou leurs contrats marché ou pour concevoir des produits répondant sur d’assurance vie. Ce sont elles aussi qui financent mesure à chaque stratégie d’investissement. C’est ce un achat de véhicule ou de bien immobilier. C’est qu’écrivaient récemment aux autorités européennes là leur activité de banque de détail. Mais leur rôle et françaises deux grands patrons français : « Les est également essentiel vis-à-vis des entreprises grandes entreprises comme les nôtres, mais dont elles financent tant le fonds de roulement que aussi de plus en plus de PME, attendent de leurs les investissements et à qui elles offrent toute une banques qu’elles fournissent une combinaison panoplie des produits et services leur permettant de financements à travers le crédit et l’accès aux d’optimiser leur trésorerie et de couvrir leurs marchés financiers, aussi bien que des solutions de risques. On parle alors de banque de financement et couverture. » d’investissement. La plupart des grandes banques françaises, dites universelles, cumulent l’ensemble Pour les clients particuliers ou les PME, de ces activités. l’intermédiation bancaire traditionnelle reste absolument incontournable, d’autant qu’elle présente Pour remplir ces missions, les banques opèrent l’avantage considérable de filtrer les risques de crédit une « intermédiation » entre acteurs disposant d’une part, d’assurer la transformation de dépôts d’excédents monétaires à placer d’un côté et acteurs courts en prêts longs d’autre part. demandeurs d’un financement pour leurs projets de l’autre. Les marchés financiers offrent certes C’est une part essentielle du rôle des banques une alternative à l’intermédiation bancaire, dont que d’optimiser la gestion de ces risques et de les 6 QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ?
  • 7. IntERméDIatIon BanCaIRE épargnants emprunteurs entreprises ou particuliers état actionnaires banque centrale marché interbancaire Dépôts liquides Garantie Prêts longs Capital Liquidité Liquidité sans risque dépôts risqués mitigation transformation du risque de crédit de maturité marge d’intérêt Banque couvrir in fine par leurs fonds propres. La question sur les derniers mois et seulement 16 % par émission de savoir si les banques prennent effectivement de titres. assez de risques, et quel est le quantum de fonds propres nécessaires (plus il faut de fonds propres Au-delà de cette mission essentielle d’intermédiation, pour un niveau de risque donné, moins le volume de les banques représentent, en tant qu’employeur, crédits sera élevé), sont sources d’éternels débats, un secteur majeur de l’économie, avec ses 400 000 fréquemment perturbés par la médiation de dossiers emplois. Il est donc essentiel pour le pays d’avoir un ponctuels d’entreprises en difficulté. secteur bancaire efficace et prospère. Sans quoi, c’est toute l’économie, et donc l’emploi du pays, qui en En tout état de cause, c’est cette concentration paierait le prix. de risques sur une fonction bancaire essentielle à l’économie, ainsi que la protection des épargnants ou des investisseurs, qui justifient que les banques soient strictement contrôlées et qu’on leur impose de respecter des normes prudentielles. Pour autant, cette fonction d’intermédiation des banques est aujourd’hui menacée dans son volume par les exigences nouvelles de fonds propres et de liquidité, alors même que les banques françaises sont un maillon clé du financement de notre économie. La progression de 2,6 % des encours de crédits bancaires à fin juillet 2012, et le taux moyen des nouveaux crédits qui s’établit à 2,14 %, inférieur à la moyenne de la zone euro, sont au cœur de la santé économique de notre pays. On estime que plus de 84 % des besoins de financement des entreprises françaises ont été couverts par des crédits bancaires QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ? 7
  • 8. Le modèle d’intermédiation bancaire aujourd’hui sous pression Le rôle traditionnel d’intermédiation des banques est auiourd’hui remis en cause par les crises et les réponses réglementaires aux crises L es crises à répétition ont instauré un climat de de mesures – connues sous le nom de Bâle 3 – défiance entre banques qui se concrétise par imposant aux banques une charge accrue en capital une fragilité récurrente de la liquidité bancaire. pour faire face aux risques de crédit et de marché A plusieurs reprises, le marché inter-bancaire s’est ainsi que le respect de ratios sévères de levier et de complètement tari et des épisodes de « bank run » liquidité. Initialement prévue progressive de 2013 ont même été observés. Il a fallu que les banques à 2018 (projet de directive CRD4), l’application des centrales recourent à des mesures exceptionnelles exigences de fonds propres cibles a été anticipée en pour desserrer cet étau et permettre aux banques Europe dès le 1er janvier 2011 (Directives CRD 2 et 3 commerciales de poursuivre leurs opérations. correspondant aux normes dites Bâle 2,5), au risque de restreindre encore une offre de crédit déjà affaiblie Il est important de noter que la contrainte de liquidité par la crise. est particulièrement handicapante pour les banques françaises qui subissent les conséquences d’une L’expérience a montré, en effet, que de bons ratios politique fiscale qui a historiquement orienté une de fonds propres n’étaient pas suffisants pour éviter large part de l’épargne nationale vers l’assurance-vie de graves difficultés à certaines banques ; DEXIA (1600 Mds€ d’encours à fin 2011) et les placements en et le Crédit Immobilier de France en ont fait la triste valeurs mobilières et OPCVM (1200 Mds€), ainsi que expérience. Comme toute entreprise, l’entreprise le livret A (185 Mds€) et plus généralement l’épargne- bancaire meurt par cessation de paiement. Et réglementée, plutôt que vers les ressources de bilan plus encore que toute autre entreprise, puisque le bancaires (1800 Mds€). Ces dernières sont, en effet, commerce d’argent est sa raison d’être. A contrario, les seules ressources internes que puissent mobiliser si les ratios de liquidité et de levier sont trop sévères, les banques pour alimenter leur activité de crédit. alors c’est le métier de banquier qui disparaît. Notons au passage que les récentes décisions des Enfin, dans cette tourmente, les banques ont pouvoirs publics français de doublement prochain récemment perdu un de leurs derniers points des plafonds du Livret A et du LDD d’une part, et fixes : l’actif mobilisable sans risque que constituait de taxation des revenus du capital d’autre part, la dette souveraine des pays développés, qui leur renforcent encore l’avantage concurrentiel des livrets permettait de couvrir leur risque de liquidité sans d’épargne réglementée et de l’assurance-vie par encourir de risque de crédit. Aujourd’hui, il faut que rapport aux autres produits d’épargne. Autant de l’investisseur rétribue l’emprunteur souverain si le ressources supplémentaires qui risquent d’échapper risque de ce dernier est le meilleur ou parmi les moins aux bilans des banques. mauvais ! Préoccupés par cette fragilité générale et par le Toutes ces évolutions ou ruptures dans risque systémique qu’elle engendre au niveau de l’environnement dans lequel évoluent les banques l’ensemble du secteur, les régulateurs de l’activité sont à l’origine d’un certain nombre d’initiatives bancaire ont eux aussi réagi en obligeant les banques visant à contourner les contraintes ou à pallier les à mieux se protéger des risques. Dans un cadre insuffisances liées à l’intermédiation bancaire. mondialisé, le Comité de Bâle a élaboré un ensemble 8 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 9. Synthèse des flux de financement de l’économie française Encours à fin 2011 en milliards d’euros 1700 Mds€ Provisions techniques 1600 Mds€ Primes d’assurance Assurances 400 Mds€ Actions et OPCVM 1200 Mds€ Autres titres 1000 Mds€ 1000 Mds€ Actions et OPCVM Actions et OPCVM 200 Mds€ Marchés 2000 Mds€ Autres titres Autres titres financiers 400 Mds€ 400 Mds€ Actions et OPCVM Actions et OPCVM 1200 Mds€ 1200 Mds€ Autres titres Autres titres 1800 Mds€ 2200 Mds€ Dépôts Crédits Banques 2 300 Mds€ et autres IF 2 400 Mds€ Dépôts Crédits 1900 Mds€ 1900 Mds€ Comptes à recevoir Crédit Comptes à payer commercial 2600 Mds€ 2800 Mds€ Participations Participations Participations non cotées 4 200 Mds€ 6 400 Mds€ Sociétés non financières Sociétés non financières Σ 9 100 Mds€ Σ 9 900 Mds€ 4 000 Mds€ 1 300 Mds€ Ménages Ménages 900 Mds€ 900 Mds€ 1 200 Mds€ 2 200 Mds€ Administrations publiques Emprunts des non résidents Prêts des non résidents Administrations publiques Capacités de financement Financements Besoins de financement des Agents Non Financiers internationaux hors titres des Agents Non Financiers Direction des flux de financement Source : Comptes financiers annuels provisoires - Version simplifiée - Année 2011 – Tableaux et graphiques, Banque de France, 2012. Analyses Capgemini Consulting.
  • 10. Le risque du développement explosif du « shadow banking » L e « shadow banking » est un ensemble de d’échapper aux contraintes liées à l’appel à l’épargne mécanismes de substitution à l’intermédiation publique, et un fort effet de levier de crédit bancaire. bancaire hors du champ de contrôle prudentiel. On oppose ainsi un paradigme « originate to Dans ce schéma, les banques (voire certains distribute » de fragmentation de la chaîne de valeur intermédiaires non-banques notamment dans les au modèle « originate to hold » de l’intermédiation pays anglo-saxons) réalisent l’origination de crédits bancaire traditionnelle. Encore peu développé en sans en assumer le financement. Elles cèdent pour ce France, ce nouveau modèle présente l’avantage de faire leurs créances à des Special Purpose Vehicles transférer une partie du risque d’intermédiation (SPV) ou « conduits » de titrisation, entités non des banques vers des investisseurs avertis et consolidées mais dont elles se portent garantes, qui consentants. Les conditions dans lesquelles il a été se refinancent en émettant sur le marché des titres mis en œuvre aux Etats Unis (déresponsabilisation de (Asset Backed Securities), le plus souvent à court l’originateur, manque de transparence) sont toutefois terme, « restructurés » et « rehaussés » de façon à à l’origine directe de la crise des subprimes. répondre à la diversité des attentes des investisseurs en matière de rendement et de risque. Les banques Cette dérive du « shadow banking » n’a certes pas peuvent ainsi échafauder, à leur profit ou à celui de échappé aux pouvoirs publics et aux régulateurs ; leurs clients, des montages quasiment sans capital ces derniers ont commencé à proposer des pour refinancer à très court terme toutes sortes règles (conservation d’un minimum de risque par d’actifs et de créances. Leur seule contribution, lignes l’originateur, transparence sur les risques réellement de crédit ou de liquidité – voire simples engagements transférés) de nature à éviter le renouvellement d’une implicites de racheter les titres qui ne trouveraient telle dérive malsaine, et donc dangereuse. Mais la pas preneur – accordées aux conduits qu’elles difficulté de l’entreprise est grande, quand on pense sponsorisent, n’ont en effet qu’un faible impact aux problèmes d’application de règles aux banques prudentiel, s’agissant d’engagements hors bilan. elles-mêmes, pourtant beaucoup plus aisées à contrôler. Des montages similaires sont mis en œuvre par des fonds d’investissement, également à très faible capital, qui combinent, hors de tout cadre réglementaire, le rachat et la restructuration de créances, la levée de ressources en cercles privés afin 10 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 11. On oppose ainsi un paradigme « originate to distribute » de fragmentation de la chaîne de valeur au modèle « originate to hold » de l’intermédiation bancaire traditionnelle. SHADOW BANKING Tranches equity, mezzanine, CDS Part Hedge Fund ABCP (senior) Rachat de créance Prime Cotisation Prêt Assurance ou Marché Fond de pension Conduit Pooling Banque MBS, CDO, autres Structuration ABS (senior) Tirtrisation Part OPCVM monétaire Ligne de liquidité É m p ru nteu E t r pa rgn an Dépôt à vue Sponsor Prêt Dépôt à terme Banque Garantie dépôts Liquidité Banque État Centrale Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ? 11
  • 12. un foisonnement d’initiatives visant à répondre aux besoins de financement de l’économie française Toutes ces initiatives sont autant de signes des limites du modèle traditionnel d’intermédiation bancaire qu’elles cherchent à compenser P ays traditionnellement interventionniste, doté • Le projet de Banque Publique d’Investissement (BPI) d’un nouveau gouvernement désireux d’agir sur pour consolider en un guichet unique l’ensemble des le financement de l’économie et notamment concours publics aux entreprises (PME et ETI) en des PME, la France voit fleurir aujourd’hui nombre fonds propres, crédits, garanties, et subventions. La d’initiatives innovantes venant des pouvoirs publics BPI disposerait d’une force de frappe de 40 Mds€, qui visent à compléter les circuits de financement qui pourrait être abondée de fonds en provenance du traditionnels jugés insuffisants. Des initiatives Livret de Développement Durable (LDD). issues de la sphère privée vont dans le même sens. L’ensemble de ces initiatives sont à destination des entreprises, mais aussi des particuliers ou des collectivités territoriales. Citons par exemple : Le projet de Banque Publique d’Investissement PME / ETI et acteurs de l’économie sociale et solidaire à partir de 2013, la Banque Publique Fonds propres Prêts à long terme Garanties et subventions Services d‘Investissement sera Guichet unique le guichet bancaire unique de distribution ex CDC-Entreprises ex FSI ex OSEO ex Ubifrance de financements publics Banque Publique d’Investissement aux PME et ETI en France Capital État (50%) CDC (50%) >> Le projet de Banque Publique d’Investissement (BPI) en cours de >> Une extension du rôle de la BPI aux services d’accompagnement à mise en œuvre par les pouvoirs publics vise à répondre aux besoins l’export développés par Ubifrance est envisagée à l’avenir. de financement des PME / ETI que ni les banques traditionnelles >> La BPI serait ainsi en mesure d’offrir par un guichet unique toute la – grevées par le coût en capital imposé par Bâle 3 – ni les marchés panoplie des instruments. financiers ne parviennent à satisfaire. >> La BPI devrait être initialement dotée de 40 Md€ et pourrait >> La BPI devrait reprendre dans un cadre intégré l’ensemble des centraliser des fonds collectés par les LDD. dispositifs publics qui contribuent aujourd’hui – en étroite >> La gouvernance de la BPI devrait faire une place importante à la collaboration avec les banques – au financement des PME / ETI : dimension régionale tant au niveau de son conseil d’administration • En fonds propres que de ses comités d’engagement. • En prêts à long terme • En garanties et subventions 12 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 13. Les partenariats entre des assureurs et des • La constitution envisagée par les pouvoirs publics banques, ces dernières cédant aux premiers des d’une Agence de Financement des Investissements créances qu’elles ne souhaitent ou ne peuvent Locaux (AFIL) pour permettre aux collectivités pas porter dans leur bilan, sauf à brider leur locales d’accéder dans des conditions économiques développement. Les premiers accords de ce type aux marchés de dette. ont été annoncés tant en interne des groupes de bancassurance comme le Crédit Agricole (fonds • Le développement d’une plate-forme de crédit commun de titrisation de créances aux collectivités peer-to-peer (crowdfunding) telle que Prêt d’Union, locales) qu’en externe comme celui que vient de plébiscitée par des emprunteurs cherchant une conclure AXA avec la Société Générale et le Crédit alternative aux crédits bancaires. Agricole (fonds commun de placement finançant les crédits aux PME/ETI originés par les deux banques). Toutes ces initiatives sont autant de signes des limites du modèle traditionnel d’intermédiation bancaire • L’apparition d’un nouvel opérateur privé, Isodev, qu’elles cherchent à compenser. Il est probable qui prétend apporter aux PME/ETI un financement néanmoins qu’elles ne suffisent pas à répondre aux en prêts participatifs, quasi-fonds propres leur besoins de financement de l’économie française. facilitant l’obtention de crédits bancaires pour Seule une réponse coordonnée des régulateurs, financer leurs projets. des superviseurs et des banques elles-mêmes, recourant aux marchés financiers dans des conditions • Une structure comme le fonds commun de de transparence et de sécurité contrôlées, pourra placement Micado France 2018 qui a permis à des constituer une solution forte et durable. PME non notées de placer des obligations auprès d’investisseurs institutionnels en mutualisant leurs besoins de financement. Un partenariat de bancassurance PME CA : > 250 MEUR Dette brute : > 150 MEUR Un fonds commun de Prêts accordés Origination Décaissement et Durée : 3 à 5 ans et servicing placement permet à AXA, portage des encours Montant : 30 à 100 M€ à la Société Générale et au Crédit Agricole d’optimiser le respect des règlementations Solvency II et Bâle III Fonds commun 80 % financement de placement 20 % financement et risque et risque Assureur AXA Banque Enveloppe totale entre SG / CA 500 M€ et 1 Md€ >> Bâle 3 impose un coût en capital et en liquidité aux banques >> Pour échapper aux problèmes posés par l’asymétrie d’information particulièrement pénalisant pour leur activité de financement des entre le banquier et l’assureur, le montage imaginé par AXA avec deux PME. Elles sont donc conduites à rechercher des partenaires disposant banques consiste à confier les décisions d’octroi à un fonds commun de liquidités et prêts à financer une part des créances en en assumant de placement partagé. le risque de crédit. >> Cet investissement permet à AXA à la fois de doper le rendement >> En application des recommandations des régulateurs pour éviter le de son portefeuille d’actifs et de le diversifier, réduisant ainsi la renouvellement des excès des subprime, aucune structuration n’est consommation de capital associée en application des normes Solvency mise en œuvre et les banques conservent 20% des créances à leur bilan II. avec les risques associés. Les banques assurent par ailleurs la gestion des prêts jusqu’à leur échéance. Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ? 13
  • 14. Mettre en place une supervision renforcée et pragmatique Comment donc concilier la légitime méfiance envers les possibles excès de la finance avec le maintien du rôle essentiel d’intermédiation des banques ? D u côté des régulateurs, toute une panoplie Barnier, qui viennent d’être rendues publiques sans de mesures ont été envisagées, depuis engager la Commission, confirment paradoxalement l’accélération de la mise en œuvre des normes la force du modèle de banque universelle tout en Bâle 3, la régulation des modes de rémunération des proposant de cantonner une large part des activités traders ou la taxation des transactions financières, de marché : activités pour compte propre et de market jusqu’à l’interdiction pure et simple des ventes à making. découvert ou de l’utilisation spéculative des produits dérivés. Tout récemment, le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer déclarait quant à lui : « Ce Une idée récurrente consiste à cantonner dans les principe de la séparation des activités, je n’en banques la « bonne finance », celle qui fait vivre comprends absolument pas l’intérêt ». Le gouverneur l’économie réelle, afin de la mettre à l’abri des prône, en revanche, «une interdiction pure et simple» turbulences de la finance spéculative ou du moins des activités spéculatives des établissements et des exposée aux risques des marchés. « contrôles internes renforcés des risques liés aux activités de marchés ». Dans une version britannique, associée au nom de l’économiste John Vickers qui en a été le porte-parole, la banque de détail devrait être juridiquement séparée des autres activités bancaires comme la banque de financement et d’investissement. Très complexe et coûteuse à mettre en œuvre pour des banques universelles à la française, cette réforme est surtout motivée par la disproportion prise par les activités de banque d’investissement concentrées dans la City par rapport à l’économie réelle du Royaume Uni. De l’autre côté de l’Atlantique, la règle due à Paul Volcker, ancien directeur de la FED, et intégrée au Dodd-Frank Act, a plus simplement choisi d’interdire aux banques de spéculer pour compte propre ou de financer des fonds spéculatifs. En Europe, les conclusions du groupe d’experts présidé par Erkki Liikanen à la demande de Michel 14 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 15.
  • 16. Le rapport Vickers de l’Indepedent Commission on Banking (UK) Motivation Fonctionnement >> Sécuriser le service de base bancaire : cantonner la banque des >> Séparation juridique : séparer les activités de banque des particuliers et des PME loin des activités risquées de marché et de particuliers et PME et celles de banque d’investissement et de financement structuré afin de protéger les dépôts des particuliers financement, même si un même holding peut détenir des banques et des PME, ainsi que les systèmes de paiement et des entités spéculatrices >> Protéger l’économie britannique de son secteur >> Exigences de fonds propres : le rapport Vickers propose pour la dominant : protéger la banque de détail et l’économie britannique banque de détail des exigences de fonds propres plus élevées que des risques induits par les poids des activités de la City Bâle III (au moins 10% des actifs pondérés) >> Limiter l’intervention de l’Etat en cas de faillite : limiter >> Impact UK : ne serait applicable qu’à l’activité de banque de détail l’exposition de l’Etat qui ne protégera que la partie banque de au UK donc elle impacte peu de banques d’Europe continentale détail en cas de faillite Statut actuel Implications >> Statut : >> Complexité de mise en œuvre pour les banques • Automne 2012 : Adoption de principe universelles : due à la restructuration juridique et opérationnelle, • D’ici mai 2015 : Présentation de textes de loi détaillés à l’obligation de formaliser tous les contrats franchissant la • 2019 : Entrée en vigueur frontière de cantonnement et à l’application de contraintes >> Instances responsables : ministère des finances, Banque particulière à ces transactions d’Angleterre et Financial Services Authority >> Alea moral : le cantonnement de la banque des particuliers et PME peut encourager les banques à prendre plus des risques dans ces activités (crédits immobiliers, prêts aux entreprises / particuliers) car elles sont encore plus assurées de l’intervention de l’Etat en cas de faillite La règle Volcker du Dodd-Frank Act (USA) Motivation Fonctionnement >> Eviter le risque spéculatif : interdire les investissements pour >> Séparation juridique : séparer les activités de banque de celles compte propre et les relations porteuses de risque avec les fonds de «spéculation», même si un même holding peut détenir des spéculatifs (Hedge Funds) et les fonds de Private Equity banques et des entités spéculatrices >> Empêcher les conflits d’intérêts : éviter que les banques >> Impact global : serait applicable à toute banque ayant une d’investissement cumulent face à la même opportunité un rôle activité aux USA, donc elle impacterait directement la plupart des de conseil et un rôle d’investisseur en fonds propres (notamment banques européennes suite au scandale des CDO Abacus de Goldman Sachs sur les subprimes) >> Réduire la taille des banques : Paul Volcker souhaitait la limitation de la taille des banques, mais cela n’a pas été retenu par le Congrès Implications >> Faciliter la liquidation des banques en cessation de paiements : préparer des plans détaillés de résolution (« living >> Réduction de la liquidité : la liquidité sur les marchés financiers will ») qui permettent aux banques de prévoir à l’avance comment risque de diminuer à suite à la disparition du trading pour compte leurs activités pourront être démantelées en cas de crise propre opéré par des banques >> Difficulté de mise en pratique : la définition précise du trading pour compte propre est difficile à faire, notamment par rapport à la prise de risque d’un « market-maker » ou par rapport au financement et à la couverture des risques des activités Statut actuel commerciales >> Statut : mise au point décalée (la date initialement prévue du 21 >> Augmentation des frais : les frais bancaires pourraient juillet 2012 n’a pas pu être respectée) augmenter suite à la disparition du trading pour compte propre, >> Instances responsables : Federal Reserve, Commodity Futures considéré comme très lucratif Trading Commission, Federal Deposit Insurance Corporation, Office of the Comptroller of the Currency et Securities and Exchange Commission 16 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 17. Le rapport Liikanen à la Commission Européenne (UE) Motivation Fonctionnement >> Compléter la réglementation existante ou en cours de >> Sécurisation de la banque de dépôts : collecte des dépôts, finalisation : compléter les directives CRD 3 et CRD 4 issues des provision des moyens de paiement, financement de l’économie (y recommandations du Comité de Bâle (Bâle 2,5 et 3) de la BRI compris la fourniture de produits de couverture de risques) >> Renforcer le secteur bancaire européen : étudier l’opportunité >> Séparation juridique des activités de trading les plus de réformes structurelles afin de renforcer la stabilité du secteur risquées : transactions pour compte propre, activité de teneur de bancaire européen et de limiter le risque résiduel incombant aux marché, financement des fonds spéculatifs et de private equity contribuables européens notamment à travers le sauvetage des >> Autorisation de loger dans un même groupe banque de dépôt institutions trop grosses pour faire défaut et la garantie des dépôts et banque de trading mais application des conditions de marché >> Base de règlementation européenne : servir de base à et des limites de concentration de risques (LE/GRR) aux l’élaboration de nouvelles directives communautaires pour transactions internes dépôt/trading réformer le secteur bancaire. Le rapport peut être considéré >> Mise en œuvre de mesures de redressement et de résolution des comme le pendant européen aux travaux de Volcker et Vickers crises bancaires (selon projet de directive existant) et recours à la dépréciation autoritaire des créances (bail in) >> Renforcement des exigences de capital liées au trading (coussin ou minimum indépendant du RWA) Statut actuel >> Introductions de limites de ratios de Loan-to-value (LTV ) >> Rapport publié le 2 octobre 2012 et/ou Loan-to-income (LTI ) applicables au financement de >> Instances responsables : Commission européenne à qui revient l’immobilier la responsabilité de proposer un cadre réglementaire au Parlement >> Renforcement de la gouvernance des groupes bancaires Européen et au Conseil après consultation de l’European Banking Authority Implications >> Remise en cause de la banque universelle ? Ces différentes approches partagent le souci de L’argument vaut aussi à l’intérieur de l’Europe. Des minimiser le syndrome des banques « trop grosses règles non appliquées partout ou appliquées de pour faire défaut » que la quasi-certitude de manière trop disparate sont des facteurs de distorsion sauvetage par les pouvoirs publics inciterait à une de concurrence, qui risqueraient de désavantager prise de risque excessive. Elles convergent également les banques de tel ou tel pays. De ce point de vue, sur les solutions : obligation généralisée de formaliser les progrès de l’union bancaire européenne seront des plans de résolution (testaments bancaires) et décisifs. Ils permettront d’aller vers une supervision renforcement des pouvoirs des superviseurs chargés européenne des établissements bancaires. Les de la résolution en cas de crise. moyens affectés à cette nouvelle mission seront clés pour faire face à la complexité des situations Quel que soit le dosage finalement retenu entre ces particulières et à la puissance des intérêts en jeu. différents leviers destinés à protéger l’économie des C’est à ce prix qu’on pourra appliquer à bon escient turbulences des marchés financiers, il faut souhaiter l’esprit des normes, plutôt que leur lettre, condamnée que sera préservée la solidité dont ont fait montre à être toujours en retard d’une guerre. les banques françaises dans les différentes crises successives que nous venons de vivre. Trop de règles, ou des règles trop dures, tuent les règles, qui seront alors contournées. Enfin, dans l’environnement concurrentiel mondial actuel, des règles qui ne s’appliqueraient pas également à tous les établissements seraient difficilement acceptables. L’expérience des normes IFRS – pourtant d’origine anglo-saxonne et dont le caractère pro-cyclique est par ailleurs maintenant démontré – et des normes Bâle 2, que les Etats Unis n’ont toujours pas mises en œuvre, doit être méditée au moment des décisions d’application de Bâle 3 en Europe. Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ? 17
  • 18. Vers un nouveau modèle pour les banques françaises La mise en oeuvre d’une véritable « transformation digitale » sera un levier prioritaire pour répondre à ces enjeux D ’ ores et déjà, le nouvel environnement prudentiel a conduit des banques à évoluer en restructurant leur portefeuille d’activités en fonction des contraintes de capital et de liquidité. Les banques françaises COMMENCENT A S’ADAPTER au nouvel environnement prudentiel Réduction du bilan Recours aux dépôts grace […] à la baisse de notre bilan […] BNP Dans l’activité de banque de détail, tous les Paribas atteindra […] l’objectif de ratio common métiers ont contribué aux bénéfices […], equity Tier one de 9 %, dans le respect intégral des illustrés notamment par la croissance des volumes normes Bâle III. de dépôts […] BNP Paribas BNP Paribas Rapport annuel 2011 Rapport annuel 2011 L’évolution soudaine de l’environnement […] a Dans un contexte de marché difficile, le nécessité d’accélérer certains chantiers […]. Groupe a refinancé en 2011 le renouvellement Ainsi, le groupe entend réduire la taille de son bilan de sa dette arrivant à maturité […] grâce à un effort […] et ses besoins en matière de liquidité supplémentaire de collecte de dépôts Société Générale Société Générale Document de référence, 2012 Document de référence, 2012 Le nouveau modèle s’appuie sur une stratégie Dans un contexte de crise de […], les Caisses visant à limiter la taille du bilan : adaptation régionales ont intensifié leurs efforts en vers un modèle "originate to distribute" : origination matière de collecte bilancielle en développant leur et structuration du financement […] offre de dépôts à terme Crédit Agricole Crédit Agricole Document de référence et rapport annuel 2011 Document de référence et rapport annuel 2011 […] Natixis et le Groupe BPCE ont commencé à […] faisant face au défi représenté par Bâle 3 réduire les risques pondérés et à améliorer la […], le réseau axe le développement de son gestion de la liquidité. […] la BFI s’est dotée de moyens épargne vers l’épargne bilancielle, dont les secours […] pour accélérer […] l’allégement de son bilan. progressent de 10 % […] Groupe BPCE Document de référence et rapport financier annuel 2011 Groupe BPCE Document de référence et rapport financier annuel 2011 18 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 19. éVoLutIon DE La StRuCtuRE FInanCIèRE DES BanQuES FRançaISES cumuL bnp paribas, société généraLe, crédit agricoLe et bpce Q4 2009 Q3 2012 Objectif Q4 2009 Q3 2012 Bâle III Actifs Pondérés 1896 md€ 1767 md€ -129,0 md€ Ratio de 8,3 % 11,3 % +3,0 pt 6-11 % solvabilité Fonds propres 157,8 md€ 199,7 md€ +41,9 md€ durs Ratio de 2,7 % 3,1 % +0,4 pt 3% levier* Total du bilan 5804 md€ 6540 md€ +734 md€ *Calcul de Capgemini Consulting Sources : Financial Statements – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, tenant compte des changements de réglementation pendant la période constats anaLyse > Réduction des actifs pondérés : en réaction aux contraintes imposées > Croissance du ratio de solvabilité : le ratio de solvabilité croît de 3,0 par Bâle 2.5, les actifs pondérés baissent de 129,0 Md€ (-6,8 %) points, qui proviennent de la réduction des actifs pondérés pour +0,6 > Augmentation des fonds propres : l’augmentation des fonds propres points et de l’augmentation des fonds propres durs pour +2,4 points durs est principalement réalisée par la capitalisation des bénéfices > Levier croissant : le ratio de levier augmente légèrement du fait de la > Total du bilan croissant : indiquant un développement de l’activité en croissance plus rapide des fonds propres durs (+26,6 %) que du total de dépit de la contrainte de liquidité bilan (+12,7 %) Au-delà de ce premier niveau d’adaptation aux crises et aux évolutions réglementaires, le modèle des banques devra évoluer plus en profondeur. Cette transformation relèvera pour l’essentiel à nos yeux, de cinq lignes de forces : la poursuite de la reconfiguration des métiers, l’optimisation de la consommation de ressources rares, l’intégration de la gestion de bilan au pilotage opérationnel, la reconquête de la confiance de la clientèle, et la refonte du modèle opérationnel. QuEL RôLE Et QuEL moDèLE PouR LES BanQuES FRançaISES ? 19
  • 20. Cette transformation relèvera de cinq lignes de forces. Poursuite de la reconfiguration des couvrir les engagements. Ce transfert de créances métiers vers des investisseurs avertis et consentants devra toutefois être accompagné des précautions Le portefeuille d’activités devra continuer à évoluer imposées, sinon par les régulateurs, du moins par les pour alléger les activités fortement consommatrices superviseurs pour éviter les dérives qui ont contribué de liquidité et/ou de fonds propres qui ne font pas à la crise des subprimes (conservation d’une part du partie du cœur stratégique de la banque. Les activités risque, transparence sur les risques cédés). de spécialistes du financement des particuliers ou des entreprises adossées au seul marché pour leur Intégration de la gestion de bilan au refinancement en feront notamment les frais : elles pilotage opérationnel seront confrontées à l’alternative d’élargir leur offre à la collecte d’épargne ou de disparaître. La gestion du bilan devra cesser d’être une affaire de spécialistes d’ALM pour irriguer l’ensemble La place de la banque d’investissement dans des fonctions de pilotage opérationnel et de les groupes bancaires français sera quant à elle marketing, auxquelles seront imposées des limites largement déterminée par l’issue des négociations et des refacturations internes des consommations entre le Conseil, le Parlement européen et la BCE de liquidité. Elle devra s’appuyer sur des outils sur le cadre légal de ces activités. La gouvernance sophistiqués, mettant en œuvre une modélisation européenne n’est toutefois pas en mesure de complexe appliquée à des données détaillées à la restreindre unilatéralement les activités de marché maille des contrats élémentaires, et capables de qui sont globales. Les entreprises françaises auront mesurer et de projeter finement l’impact sur les donc toujours accès à ce type d’intermédiation. risques structurels de tel scénario budgétaire, de tel Un abandon forcé de ces activités par les banques nouveau produit ou de la cession de tel portefeuille. européennes aurait donc pour conséquence de renforcer un peu plus la domination des banques Ce déploiement nécessitera de conduire un d’investissement américaines. changement profond dans les modes de gouvernance des lignes métier et filiales par le niveau groupe Optimisation de la consommation de ainsi que dans le pilotage opérationnel des activités. ressources rares La complexité déjà inhérente à l’intégration de la contrainte de capital au pilotage bancaire va se L’optimisation de la liquidité conduira à développer la trouver ainsi fortement accrue. collecte de dépôts bancaires au détriment d’autres offres d’épargne hors bilan. Elle privilégiera les dépôts réputés stables du fait de leurs clauses contractuelles (pénalités de retraits anticipés, dépôts à préavis de retrait,…) ou du fait de leur usage (dépôts associés à une gestion de flux : cash management, conservation de titres,…). L’optimisation du capital rendra de son côté incontournable le recours au modèle « originate to distribute » pour libérer la capacité de prêt contrainte par le niveau de fonds propres disponibles pour 20 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 21. Reconquête de la confiance de la Refonte du modèle opérationnel clientèle La poursuite des efforts déjà engagés pour réduire La dégradation de l’image des banques dans l’esprit la base de coûts sans dégrader la qualité de service du public s’est traduite par une fragilisation de la nécessitera des ruptures structurantes dans le position de tiers de confiance qui est au cœur du management des activités. Le prérequis pour aller métier bancaire. La reconquête de la confiance est au-delà de simples améliorations à la marge est donc un point de passage obligé de tout projet de de disposer de processus dématérialisés conçus développement. Elle passe, à nos yeux, par la réponse et pilotés de bout en bout à travers l’ensemble des à trois exigences de la clientèle. canaux que ce soit en avant-vente ou en après-vente. • Une exigence de transparence que les banques C’est la condition pour pouvoir tirer tous les avantages doivent s’approprier et qui doit se traduire par une de décisions de concentration et de délocalisation refondation du rôle des forces commerciales. Sur d’activités support ou de back-office, le moindre des un marché mature, a fortiori dans un contexte de avantages n’étant pas la liberté gagnée de repenser le digitalisation des échanges, les banques devront format des points de vente. tisser ou retisser des relations personnalisées et de confiance avec leurs clients. Cela suppose un Les nouvelles technologies digitales facilitent investissement important dans les compétences et grandement la dimension technique de cette les outils permettant de faire face tout à la fois à la optimisation du modèle opérationnel et peuvent diversité des clients, à la technicité des produits, à également contribuer à une transformation l’omniprésence des interactions à distance et à la plus large de la relation client, voire du modèle complexité des règles et procédures imposées par économique. Mais cette transformation nécessite un la banque et ses superviseurs. investissement très important dans la reconfiguration des rôles et responsabilités au sein de la banque et • Une exigence de juste prix. Le client accepte de un effort de conduite du changement soutenu dans la payer un service quand il en connaît et reconnaît durée. la valeur. Les excès des packages à prendre ou à laisser devront faire place à une offre configurable sur mesure pour répondre aux besoins de chaque client, et avec une tarification qui l’incite à élargir la part de ses besoins bancaires traités avec son partenaire financier privilégié. • Une exigence de qualité de service qui est à la mesure de l’omniprésence des services bancaires, notamment de paiement, dans la vie des clients. Elle s’attache particulièrement aux deux points de la fiabilité et du délai. Mais elle embrasse également une attente de disponibilité dans le temps et dans l’espace rendue banale par la diffusion dans le grand public des smart phones, tablettes et ordinateurs portables, à des prix accessibles et avec une ergonomie telle que tous savent très vite s’en servir. Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ? 21
  • 22. L’impératif de la transformation digitale T outes ces adaptations devront être faites dans Au final, il apparaît que les banques qui gagneront la un contexte de profitabilité réaffirmé, mais partie seront celles qui sauront tout à la fois abaisser également nouveau. Le temps des exigences leurs coûts, fluidifier leurs processus à travers de profitabilité supérieure à 20 % paraît révolu. La les différents canaux et renforcer une relation de plupart des banques disent rechercher entre 10 et 15 confiance avec leurs clients. La mise en œuvre d’une % de ROE. On note toutefois que ce ratio s’applique à véritable « transformation digitale » sera un levier un niveau de fonds propres souvent augmenté, et s’il prioritaire pour répondre à ces enjeux. Pour cela, il est ne l’est pas, c’est que la banque a éliminé certaines essentiel de donner à l’entreprise un but, un sens à activités. l’action, une vision de développement, qui transcende les objectifs financiers, qui motive les collaborateurs au service des clients. Les dimensions de la Transformation Digitale Expérience Client Processus Opérationnels Business Model Compréhension client-prospect Digitalisation des Processus Transformation du business • Segmentations analytiques • Amélioration de la performance • Accroissement produits/services • Connaissance client basée sur les • Nouvelles fonctionnalités • Passage du physique vers le digital réseaux sociaux • Packaging digital des offres Développement Capacités des employés Nouveau business digital • Le digital : levier sur les ventes • Repoussement des contraintes • Produits et services digitaux • Marketing prédictif d’espace et de temps • Remodélisation de la chaine de • Processus clients fluidifiés • Nouvelles capacités de valeur et des organisations communication • Partage des connaissances Points de contact client Pilotage de la performance Globalisation digitale • Service client • Transparence opérationnelle • Intégration de l’entreprise • Cohérence cross-canal • Prise de décision facilitée par les • Redistribution de l’autorité de • Self service capacités analytiques décision • Partage des services digitaux • Données & Processus unifiés • Intégration Business & SI • Compétences analytiques Compétences digitales • Développements IT Copyright © 2011 MIT CDB and Capgemini Consulting 101011010010 101011010010 101011010010 A major research initiative at the MIT Sloan School of Management 22 Quel rôle et quel modèle pour les banques françaises ?
  • 23. Remerciement : Ce point de vue a bénéficié de la contribution de Patrick Werner Contacts : Jean Coumaros Jacques Richer Senior Vice President Directeur jean.coumaros@capgemini.com jacques.richer@capgemini.com
  • 24. A propos de Capgemini Fort d’environ 120 000 collaborateurs et présent dans 40 pays, Capgemini est l’un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance. Le Groupe a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros. Avec ses clients, Capgemini conçoit et met en œuvre les solutions business et technologiques qui correspondent à leurs besoins et leurs apportent les résultats auxquels ils aspirent. Profondément multiculturel, Capgemini revendique un style de travail qui lui est propre, la « Collaborative Business ExperienceTM », et s’appuie sur un mode de production mondialisé, le « Rightshore® ». Plus d’informations sur : www.capgemini.com A propos de Capgemini Consulting Capgemini Consulting est la marque de conseil en stratégie et transformation du groupe Capgemini. Leader dans la transformation des entreprises et des organisations, Capgemini Consulting aide ses clients à concevoir et mettre en œuvre des stratégies innovantes au service de leur croissance et de leur compétitivité. La nouvelle économie numérique est synonyme de ruptures mais aussi d’opportunités. Les 3600 consultants de Capgemini Consulting travaillent avec des entreprises et des organisations de premier plan pour les aider à relever ces défis en menant à bien leur transformation numérique. Plus d’informations sur : www.capgeminiconsulting.fr Tour Europlaza 20, avenue André Prothin 92927 La Défense Cedex Tél. : +33 (0) 1 49 67 30 00 www.capgeminiconsulting.fr L'information contenue dans ce document est la propriété de Capgemini Consulting. © 2012 Capgemini Consulting. Tous droits réservés.