SlideShare ist ein Scribd-Unternehmen logo
1 von 14
Downloaden Sie, um offline zu lesen
Amerique latine 
Avatars de l'Etat democratique 
nm1.1011 1:iu1:a 
La Grande Guerre merite Deux partis, 
une grande histoire mais un seul ideal? 
acc es a l'ense ignement superieur 
Un enjeu politique et economique majeur
Illustration 
de couverture: 
peinture de fa~ade, 
Caminita, Argentine. 
Photo: Brigitte 
Werner 
Biographie des auteurs 
en fin de numero 
LA REVUE 
NOUVELLE 68e ANNEE - NUMERO 12 - DECEMBRE 2013 
editorial 
La Grande Guerre merite une grande histoire 
le mois 
Les socialistes dans la Belgique du XXI' siecle: 
deux partis, mais un seul ideal? 
Semantique du racisme ordinaire 
Somalie. Sortie du tunnel 
ou illusion diplomatique? 
Anvers. Red Star Line Museum 
billet d'humeur 
Les cyclistadors 
- Luc Van Campenhoudt 3 
- Serge Govaert 5 
- Baptiste Campion 8 
- Mohamed Abdillahi Bahdon 10 
- Roland Baumann 15 
- Simon Tourol 18 
le dossier - Amerique latine. Avatars de l'Etat democratique 
Introduction 
L'Etat aujourd'hui en Amerique latine: 
l Maso mejor? 
Mondialisation et developpement: 
les le~ons latino-americaines 
- Eric De Muynck 22 
- Eric De Muynck et Orazio Belletini 26 
- Arnaud Zacharie 40 
Le paradoxe de la faim, 
lutter contre la malnutrition 
- Andre Devaux, Juan Pablo Fernandez, Ruben Flores, 
Miguel Ordinola, Claudio Velasco, Santiago Viteri 49 
Gouvernance energetique 
et nationalisme petrolier dans les pays and ins - Guillaume Fontaine 61 
L'Argentine et les vautours - Xavier Dupret 70 
articles 
Acces a l'enseignement superieur: 
un enjeu politique et economique majeur - Jean-Paul Lambert 77 
Bangladesh. Le prix de nos teeshirts - Marc Molitor 98 
italique 
Cher Monsieur Schubert - Jacques Vandenschrick 108 
M 
0 
N 
w 
""'' _g 
C> 
w > :::> 
0 
iii 
:> 
~ 
":s"
la revue aflplique la reforme de l'orthographe 
Le paradoxe de la faim, 
lutter contre la malnutrition 
Ces dernieres annees, si les pays d'Amirique latine et des Carai"bes ont connu une 
croissance moyenne soutenue de 5 %, celle-ci n'a pas pour autant donne lieu a 
une diminution de la vulnirabilite a laquelle est exposee une partie importante 
de la population du continent. Malgre des progres socioeconomiques significatifs 
au cours des dernieres decennies, l'Amirique latine reste en effet l'une des regions 
les plus inegalitaires de la planete. De plus, l'eradication de la malnutrition dans 
la region reste un deft encore non resolu. Divers programmes existent et doivent 
etre diveloppes a.fin de renforcer ['agriculture familiale, en particulier le role des 
femmes, valoriser les marches locaux et les produits traditionnels pour elargir la 
base d'une alimentation saine et augmenter les revenus de la population rurale 
ANDRE DEVAUX, JUAN PABLO FERNANDEZ, RUBEN FLORES, 
MIGUEL ORDINOLA, CLAUDIO VELASCO ET SANTIAGO VITERI 
Les pays connaissent entre eux, mais aussi entre differentes regions et 
groupes de populations en leur sein, de fortes disparites en matiere nutrition­nelle. 
Dans certains pays comme la Bolivie et le Honduras, les problemes de 
malnutrition touchent jusqu'a 50 a 70 % des populations pauvres, autoch­tones 
et rurales (FAO, Cepal et Ilea, 2013). La Banque mondiale estime ainsi a 
7 millions le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition 
chronique dans la region en 2012. 
L'AMERIQUE LATINE, TERRE DE CONTRASTES 
Cette problematique entraine un impact negatif pour la securite alimen­taire 
qui se definit comme l'acces universe! et a tout moment a une alimen­tation 
suffisante, saine et nutritive (FAO, Sommet mondial de l'alimentation, 
1996). Une alimentation faible en calories, proteines ou autres elements essen­tiels 
comme les micronutriments (fer et zinc) a d'enormes consequences sur 
la sante et la productivite. En Amerique latine, la malnutrition chronique, 
qui entraine des retards de croissance, reste le probleme nutritionnel le plus 
important. Elle affecte plus de 50 % des enfants de moins de cinq ans au 
Guatemala et autour de 30 % en Hai:ti, Honduras, Bolivie, Equateur et Perou. 
Ce phenomene se developpe principalement entre l'age de six mois et deux ans . 
. 49 
.... cu 
""0"" 
"O 
cu 
~ 
::i_ 
3i' 
s
w 
w 
> 
=> 
0 z 
"" "- 
~ Cl) ""·- ~Vt 
~"0" 
"'C 
Cl) 
so 
Graphique n° 1 : Evolution de la faim en Amerique latine et Cara'ibes 
entre 1990-1992 et 2010-2012. En millions d'habitants 
1990-1992 1999-2001 2004-2006 2007-2009 2010-2012 
•Cara'fbe •Amerique latine source: FAD, 2012 
11 est notamment lie a des problemes de sante, a une mauvaise alimentation 
et a un manque d'education nutritionnelle des meres de famille. En Bolivie, 
le manque de fer entraine des taux d'anemie de 52 % pour les enfants en age 
prescolaire et de 37 % chez les femmes enceintes. La carence en fer augmente 
le risque de mortalite maternelle et infantile, entraine un ralentissement du 
developpement cognitif, affaiblit le rendement scolaire et diminue la producti­vite 
au travail. On estime en outre que 22 % des enfants de moins de cinq ans 
manquent de vitamines. 
La malnutrition des enfants en bas age affecte de maniere irreversible le 
developpement humain et par consequent freine le progres economique d'un 
pays en imposant un cout eleve a !'ensemble de la societe. D'un point de vue 
economique, la malnutrition peut faire perdre jusqu'a 10 % du salaire auquel 
un travailleur aurait pu pretendre tout au long de sa vie. Selon une etude 
relativement recente, des pays comme la Bolivie, l'Equateur, le Paraguay et le 
Perou perdent entre 2,0 % et 5,9 % du PIB du fait de la faim et de la malnutri­tion 
infantile (Martinez et Fernandez, 2009). 
Le graphique n° 2 montre clairement le dilemme entre la croissance eco­nomique 
des pays et la persistance des problematiques sociales. Par exemple, 
meme si les statistiques de malnutrition du Perou se sont ameliorees ces der­nieres 
annees, 23,2 % d'enfants de moins de cinq ans souffrent encore de 
retards de croissance. Dans les populations rurales, on arrive a un taux de 
38,8 % . On retrouve des taux similaires dans les zones rurales d'Equateur 
(33 %) et de Bolivie (37 %).
LES FACTEURS QUI CONTRIBUENT 
A LA VULNERABILITE ALIMENTAIRE 
Graphique n° 2: La relation entre le retard de croissance et le revenu national 
par habitant dans les pays latino-americains 
70----------- 
60 --~-::-:------.,---- - 
50 •Guatemala 
40 -:::~=-----:-:------- 
Ha'iti Honduras Pero.u .:lU e e • • 
20 N' • • Bolivie e•Albanie 
1caragaa Eqaateur 
Argentine 
1 O Costa Rica• iliBresil Chili 
0 
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 
Source: Banque mondiale. Les niveaux de retard de croissance proviennent de !'Organisation mondiale de la sante et de sa base de donnees 
« Croissance de l'enfant et malnutrition ». L'information concernant le revenu national brut par tete provient de la Banque mondiale. 
La geographie de la region, ses conditions agroecologiques, ses disparites 
socioeconomiques et les politiques traditionnelles rendent l'Amerique latine 
particulierement vulnerable aux catastrophes naturelles, a la volatilite des 
prix des denrees alimentaires et aux crises humanitaires en general. Dans ce 
contexte, n'importe quelle situation de crise et d'urgence menace la securite 
alimentaire des populations les plus vulnerables, en particulier les enfants et 
les femmes enceintes. 
Volatilite des prix des aliments et impact de la crise alimentaire 
Au milieu des annees 1990, l'augmentation de la demande alimentaire 
dans les pays emergents et les politiques de stimulation de la production de 
biocarburants aux Etats-Unis et dans l'Union europeenne ont accru la pression 
internationale sur les prix alimentaires. Les effets sur l'Amerique latine ont ete 
variables d'un pays a l'autre en fonction de la balance alimentaire (aliments 
exportes versus aliments importes) et leur ca pa cite a financer leurs importa - 
tions alimentaires. Les pays andins ont vu les prix de leurs principaux produits 
agricoles d'exportation rester relativement faibles par rapport au prix interna­tional 
des cereales. L'Amerique centrale et les Carai:bes ont davantage souffert 
du fait de leur capacite reduite a importer des aliments (Bianchi et al, 2009). 
Par consequent, la hausse des prix des denrees alimentaires au-dessus du 
niveau general des prix represente une menace pour la securite alimentaire, en 
particulier pour les menages a faibles revenus, car ceux-ci depensent propor­tionnellement 
davantage pour se nourrir que les menages plus aises. 
51 
z 
0 
>= 
~ 
:::> 
z 
<( 
::,; 
:5 
">z -' 
0 
u 
"' >­>- 
3 
::,;' 
3!' 
:5 
w 
Q 
6 Q 
~ 
.... ~ ~ 
<I> ·v; 
V'l 
0 
"C 
<I>
w > 
::> 
0 z 
w I.. 
w~C,V_ 
~ "' ~ "' 0 
"O 
-CV 
52 
Par ailleurs, il existe un besoin urgent de regles commerciales internatio­nales 
plus equilibrees. La concentration est telle dans les marches alimentaires 
mondiaux qu'une part croissante de la valeur ajoutee est capturee par les gros­sistes 
et les commen;ants, et non les producteurs des pays en developpement. 
Les negociations a l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et speciale­ment 
celles concernant le commerce agricole sont au point mort depuis de nom­breuses 
annees. Pourtant de nouvelles regles sont indispensables pour mettre fin 
aux distorsions commerciales qui nuisent aux agriculteurs des pays en voie de 
developpement et par consequent a la securite alimentaire mondiale. 
On peut neanmoins observer qu'au siecle dernier, les multinationales de 
l'agroalimentaire ont connu un succes commercial sans precedent a travers 
le monde. Selon Oxfam (2013 ), pour 7 milliards de consommateurs, il existe 
1,5 milliard de producteurs de denrees alimentaires dans les zones rurales. Par 
contre, ce ne sont pas plus de cinq-cents societes qui controlent 70 % de la 
nourriture consommee sur l'ensemble de la planete. Les entreprises alimen­taires 
n'ont pas utilise leur enorme puissance pour aider a generer un systeme 
alimentaire plus equitable et assurer la securite alimentaire et les opportunites 
economiques pour les populations les plus pauvres. 
Les programmes de responsabilite sociale des entreprises mis en reuvre 
jusqu'a present sont generalement des projets tres cibles comme ceux visant 
a reduire la consommation d'eau OU a former des agricultrices mais qui ne 
prennent pas en compte les causes profondes de la faim et de la pauvrete. La 
majorite des entreprises n'ont en effet pas de politiques appropriees pour gui­der 
leurs propres operations au sein de la chaine d'approvisionnement en te­nant 
compte du developpement territorial et se contentent souvent d'actions 
philanthropiq ues. 
Impact du changement climatique 
Parmi les consequences du rechauffement climatique, les changements de 
temperatures et le regime des precipitations representent des phenomenes affec­tant 
negativement la production agricole et par consequent la securite alimentaire. 
L'impact du changement climatique sur la production agricole s'opere a 
deux niveaux. D'une part, les risques directs de perte de productivite causes 
par des conditions meteorologiques extremes telles que la secheresse, le gel et 
les inondations; d'autre part, l'augmentation de la vulnerabilite des systemes 
alimentaires a la suite de l'appauvrissement des ressources naturelles comme 
l'eau et le developpement de maladies et d'insectes qui contribuent a la baisse de 
la production et des ressources economiques en limitant l'acces a la nourriture. 
Une perte anticipee de productivite et une vulnerabilite accrue dues aux 
changements climatiques auront des effets negatifs disproportionnes sur la 
vie des populations vivant dans des conditions marginales en Amerique latine 
et dans le monde. Celles-ci ne possedent plus les capacites pour s'adapter et 
repondre en temps voulu aux effets du changement climatique. 11 faut savoir
qu'il aura fallu par exemple des centaines d'annees pour que la population 
de !'Altiplano andin, qui signifie plaine d'altitude en espagnol, situe ii plus de 
3300 metres d'altitude, puisse developper des connaissances et des pratiques 
lui permettant de survivre dans des conditions extremes. C'est ainsi que les 
agriculteurs andins continuent egalement d'utiliser la biodiversite agricole 
comme strategie d'attenuation des risques et aident par voie de consequence ii 
preserver la base genetique pour ameliorer les cultures. 11 se cultive encore par 
exemple cinq-mille varietes traditionnelles de pommes de terre dans les Andes. 
Cependant, le changement climatique, le morcelement des terres, la migration, 
!'exclusion sociale, les inegalites entre les sexes notamment, conduisent ii une 
plus grande vulnerabilite du systeme alimentaire de cette region. 
Evolution et limites des politiques de securite alimentaire 
En reponse ii. la crise alimentaire, il est important de noter les changements 
de politique de securite alimentaire entrepris par les pays de la region et qui 
couvrent quatre domaines d'action principaux. Premierement, l'appui ii la pe­tite 
agriculture et le developpement rural (subventions aux intrants, assistance 
technique, achat par l'Etat). Deuxiemement, la garantie d'une protection so­ciale 
et la distribution de nourriture via des subventions conditionnelles et des 
programmes d'alimentation scolaire. Ainsi au Perou, des programmes visent ii 
lutter contre la malnutrition et ii aligner les programmes sociaux avec la stra­tegie 
nationale de nutrition ( connue sous le nom de Crecer). Troisiemement, 
la mise en place de programmes d'assistance axes sur la sante des meres et des 
enfants de mo ins de cinq ans ( comme le programme « Malnutrition zero » en 
Equateur et Bolivie). Quatriemement, une meilleure education et formation en 
matiere de sante et de nutrition. 
La crise alimentaire a egalement declenche des debats theoriques et poli­tiques 
sur le concept de securite alimentaire. Depuis 2003, du point de vue 
juridique et institutionnel, il y a eu des progres dans le developpement d'une 
nouvelle legislation pour les regions concernees par la question de la securite 
alimentaire. Dans de nombreux cas, cette legislation ne cree pas seulement 
de nouveaux cadres reglementaires, mais aussi des mecanismes organisation­nels 
afin de faciliter les interventions publiques dans ce domaine. Mais il est 
important de souligner que les reponses politiques doivent etre multidimen­sionnelles 
et integrer les objectifs ii court et long terme. 
Onze pays de la region ont deja approuve des lois sur la securite alimen­taire. 
Parmi les reponses ii court terme, les politiques de compensation sociale 
comme les transferts monetaires conditionnes au controle medical des enfants, 
sont les plus emblematiques. Les politiques a long terme telles que l'investisse­ment 
dans la recherche et le developpement agricoles ont m;u moins d'atten­tion. 
11 faut noter que la relation entre agriculture et nutrition ne fait pas en­core 
partie des strategies qui s'appliquent de maniere courante dans la region 
(Pineiro et al., 2009). 
53 
z 
0 
>== ii' :::l 
2 
;:( 
::;; 
::; 
">'- 
2 
8 
"' >­>- 
:=: 
::;;" 
~ 
::; 
0 
i§ 
0 
;:2 
;ff:_ 
G:; ~ 
·v; 
VI 
0 
"O 
~
w 
w 
> ::> 
0 z 
w r... sw: ,C_IJ 
~ VI 
~VI 
0 
"C 
CIJ 
54 
En Bolivie, les nouvelles normes soulignent que l'obtention d'une alimen­tation 
saine fait partie des droits universels. Cet aspect est en train de prendre 
de l'ampleur au niveau international. Dans certains pays comme le Venezuela, 
l'Equateur, la Bolivie et le Guatemala, le concept de souverainete alimentaire 
s'utilise aussi dans les cadres juridiques relatifs a la securite alimentaire. La 
souverainete alimentaire est definie comme le droit de tousles peuples a defi­nir 
leurs propres politiques agricoles et alimentaires en fonction des objectifs 
de developpement durable et de securite alimentaire. 
Au Bresil, une grande coalition entre organisations sociales et institutions 
gouvernementales a conduit a la creation de mecanismes formels de dialogue 
et au developpement de grands programmes a l'instar du projet de loi « Fome 
Zero » (Faim zero, en portugais). Ce programme a ete propose en 2003 par le 
futur president Luiz Inacio Lula da Silva, comme un mecanisme pour garan­tir 
la securite alimentaire. Ce programme fut une des priorites de !'agenda de 
developpement economique et social du gouvernement bresilien. II a necessite 
la mise en place d'un mecanisme de participation sociale reliant la structure 
familiale paysanne aux lois sur la securite alimentaire et la nutrition. La FAO, 
qui a mene une evaluation du programme en 2006, a constate que, grace a la 
qualite des services re<;us, la sante, l'education et la formation des populations 
les plus pauvres s'etaient sensiblement ameliorees (FAO, 2009). 
II est done necessaire d'adopter des politiques sociales appropriees pour 
repondre aux effets de la crise alimentaires, de prendre des mesures pour 
obtenir une meilleure stabilite des prix agricoles et mettre en place des pro­grammes 
d'appui a l'agriculture familiale tenant compte des risques clima­tiques 
et economiques. 
CONTRIBUTION DE L'AGRICULTURE AU DEVELOPPEMENT 
ET A LA SECURITE ALIMENTAIRE 
Suivant les statistiques de la FAO, la production d'aliments a augmente de 
maniere significative en Amerique latine au cours des dix dernieres annees, 
particulierement dans le cas du ma!s (145 %), du ble (72 %) et du riz (77 %). 
Les pays montrant la dynamique de croissance la plus flevee se trouvent en 
Amerique du Sud (Bresil et Argentine en particulier). Mais la production agri­cole 
reste malgre tout sensible au contexte defavorable mondial des prix alimen­taires 
et a la variabilite climatique qui ont provoque une deceleration en 2012 
(FAO, 2012). Les dynamiques de production et de commerce varient conside­rablement 
selon les pays, refletant des disparites regionales, mais aussi locales. 
Parmi les differents types de production de la region, la petite agriculture 
joue un role important en termes d'approvisionnement alimentaire au sein des 
pays meme si son role varie d'un pays a l'autre. Les politiques mises en place 
cherchent a renforcer les strategies pour mieux integrer !'agriculture fami­liale 
dans les systemes de production agricoles nationaux. Toutefois, certaines 
cultures sont deja fortement repandues dans la region, c'est le cas du ma!s et
des haricots. En zones tropicales, on retrouve principalement le manioc, le ca­cao 
et la banane tandis que dans les regions andines, c'est surtout la pomme de 
terre qui est tres presente. Selon une analyse effectuee par le Groupe d'experts 
independants sur l'agriculture et le developpement en Amerique latine (Piadal, 
2O13), la complexite croissante et la diversite de la production agricole sont 
maintenant reconnues comme pouvant contribuer aux differentes dimensions 
de la croissance economique et ameliorer ainsi la securite alimentaire, reduire 
la pauvrete et la vulnerabilite dans les zones rurales, celles-ci etant les plus 
touchees par la volatilite et les prix eleves des denrees alimentaires ainsi que 
par le changement climatique. 
Le potentiel de la region pour accroitre la production est associe, d'une 
part, a une maitrise elevee de la technologie, en particulier dans des pays 
comme le Bresil, l'Uruguay et l'Argentine, qui ont une proportion importante 
de terres par rapport au nombre d'habitants ruraux, un capital humain bien 
forme ainsi qu'un cadre institutionnel efficace. D'autre part, l'obtention de ren­dements 
plus eleves dans des pays comme l'Equateur, la Bolivie, le Paraguay 
et dans certains pays d'Amerique centrale pourrait accroitre la contribution de 
la region en termes de disponibilite alimentaire mais necessiterait davantage 
d'investissements dans la recherche agricole. En dehors du Bresil, du Chili et 
de l'Uruguay qui depensent en moyenne entre 1,2 et 1,9 % de leur PIB agricole 
dans la recherche, les autres pays de la region y consacrent en moyenne 0,5 %. 
A titre de comparaison, les pays industrialises qui depensent 2 a 3 % de leur 
PIB dans des programmes de recherche. 
Les investissements publics dans !'agriculture en Amerique latine, qui 
restent en moyenne inferieurs a 2 % des depenses publiques d'apres la FAQ 
(2013), sont largement en de~a du pourcentage de contribution de ce secteur 
a la richesse nationale. Le tableau ci-dessous reprend quelques elements de 
comparaison. 
La petite agriculture contribue au developpement 
malgre le soutien public reduit 
L'agroeconomiste peruvien Richard Webb a recemment ecrit un article in­titule 
« Agriculture en pots » base sur un commentaire du ministre de !'Agri­culture 
peruvien quand celui-ci a decouvert, lors du dernier recensement agri­cole, 
que 82 % des exploitations agricoles du Perou etaient minuscules ( d'une 
taille moyenne de mo ins de cinq hectares). 
Webb affirme qu'avant de tomber dans le pessimisme, il serait interes­sant 
d'analyser de plus pres l'idee, devenu un mythe, que l'« agriculture en 
pots » n'a pas d'avenir. II existe de nombreuses preuves, tant au Perou que 
dans d'autres pays comme la Chine ou l'Inde, que les mini-exploitations agri­coles 
ne sont pas necessairement synonymes de retard et de pauvrete. En effet, 
le succes de l'agriculture peruvienne de ces vingt dernieres annees ne se limite 
pas aux grands domaines agroexportateurs de la cote, mais touche egalement 
les mini-exploitations. 
55 
... Q) ·v; 
"0" ' 
"O 
.!! 
w 
~ 
>z ­8 
~ w :::: 
3 
-::.· 
~ 
:s
> :::> 
0 z 
w .... 
~cu "!:1 '·I-ll 
~ Ill 
0 
"O 
-cu 
56 
Tableau n° 1 : Elements socioeconomiques, comparaison entre pays d'Amerique latine 
Equateur Perou Bolivie Bresil Argentine Costa Rica 
Poids de !'agriculture 
dans le Pl B (%) 10 6 13 5 12 6 
Production d'aliments 
par rapport aux besoins 60 60 75 95 90 95 
nationaux (%) 
% population rurale 33 23 33 15 8 35 
% pauvrete rurale 41 56 61 36 45 20 
Source: Banque mondiale (http://datos.bancomundial.org/indicador/NV.AGR.TOTL.ZS), CEPAL (cepalstats) 
C'est par exemple le cas avec la pomme de terre, dont la production a aug­mente 
chaque annee de 5,3 % durant cette periode. II existe aussi d'autres 
cultures de mini-exploitation comme l'« olluco » (tubercule de la zone andine 
poussant en altitude), la feve, le manioc et les pois qui ont connu une progres­sion 
de plus de 4 %. Les mini-exploitations ont genere une des reussites agri­coles 
les plus marquantes de l'histoire, surtout si l'on tient compte des conditions 
difficiles dans lesquelles cette production se developpe. L'agriculture familiale 
joue aussi un role important pour la conservation de la biodiversite comme dans 
le cas de la pomme de terre dans les Andes. 
Dans ce contexte, on observe une tendance a la feminisation des taches 
agricoles. Les femmes s'occupent de plus en plus de fermes familiales car les 
hommes doivent migrer pour des periodes prolongees ou travailler dans le sec­teur 
non agricole. Selan la FAO, le pourcentage d'exploitations dirigees par des 
femmes en Amerique latine et dans les Carai:bes a augmente ces dernieres an­nees 
et se situe entre 25 et 30 %. Cela demontre le role accru des femmes dans 
la securite et la production alimentaires ainsi que dans le bien-etre social de la 
region. Cela devrait faire reflechir sur !'importance de la dimension de genre 
dans les politiques de developpement de capacites et de promotion de !'agricul­ture 
familiale. 
En l'Amerique latine, 37 % des pauvres (environ 65 millions de per­sonnes) 
vivent dans les zones rurales ou prevaut la petite agriculture avec 
tres peu d'aides ou de credit en s'appuyant sur une technologie tres limitee. 
Mais une etude recente sur les perspectives de !'agriculture et le developpe­ment 
rural dans les Ameriques reconnait que les pays d'Amerique latine et 
des Carai:bes ont entame de serieux efforts pour mieux appuyer !'agriculture 
familiale (Cepal, FAO, Ilea, 2013). Au cours de l'annee ecoulee, !'adoption de 
politiques et d'instruments d'accompagnement au profit de !'agriculture fami­liale 
est devenue une priorite dans !'agenda des pays de la region. Plusieurs 
pays ont lance des restructurations institutionnelles basees sur la modification 
de competences ou la creation de nouvelles branches ministerielles. Le Perou,
par exemple, a cree le ministere du developpement et de l'inclusion sociale, en 
cherchant a assurer l'harmonie entre les differents secteurs politiques (y com­pris 
l'agriculture) et les niveaux de gouvernement (a travers une approche de 
developpement territorial). 
Il est prevu que, dans le futur, les pays renforcent aussi les systemes d'in­novation 
pour mieux integrer la recherche et le transfert de technologies afin 
d'ameliorer la croissance economique et le bien-etre social. Dans cette pers­pective, 
il est important d'envisager des strategies pour assurer l'integration de 
!'agriculture familiale, favorisant a la fois l'associativite tout comme la recon­version 
des systemes de vulgarisation axes sur le service a ce groupe de produc­teurs, 
en aidant et formant les vulgarisateurs a devenir des agents d'innovation 
formes aux nouveaux enjeux et defis lies aux changements de la structure 
productive de l'economie rurale. Une etude recente du Fond regional de tech­nologie 
agricole a mis en evidence des exemples d'innovations qui ont eu un 
impact et ont beneficie aux petits producteurs (Fontagro, 2013). Le succes de 
ces experiences a beaucoup dependu de !'interaction et du partenariat entre 
les differents acteurs. Par exemple, !'utilisation de modeles associatifs, inclusifs, 
competitifs et durables, comme dans le cas de !'organisation de petits apicul­teurs 
en Argentine et en Republique dominicaine, ou l'approche participative 
dans les chaines de production de pommes de terre natives au Perou, montre 
que le travail participatif entre les equipes de recherche et de developpement 
(R & D), le secteur prive et les reseaux techniques dans les territoires locaux 
facilitent l'identification de nouvelles opportunites de marche, la creation de 
normes, !'utilisation de la biodiversite de maniere durable et le developpement 
d'un conglomerat productif au profit de !'agriculture familiale. 
DOMAINES POUR RENFORCER LA CONTRIBUTION 
DE L'AGRICULTURE A LA NUTRITION 
L'augmentation de la productivite agricole ameliore la nutrition. 
Mais ii faut faire plus 
Pour ameliorer la nutrition et reduire les couts economiques et sociaux 
que la malnutrition impose a la societe, il est important de se pencher sur l'ali­mentation 
et l'agriculture. Selon la FAO (2012), en plus d'une fonction tradi­tionnelle 
de production des aliments et de generation de revenus, l'agriculture 
pourrait aussi aider de maniere significative a faire disparaitre la malnutrition. 
La croissance de la productivite agricole contribue a ameliorer la nutri­tion, 
mais il s'agit d'un processus lent et peut-etre insuffisant pour reduire 
rapidement la malnutrition. Suivre le rythme de croissance de la productivite 
agricole sera crucial dans les prochaines decennies car la production d'ali­ments 
de base devra augmenter de 60 % pour repondre a la croissance prevue 
de la demande. 
57 
z 
0 
;:: 
~ 
=z> 
:;;' 
::;; 
:s 
~ ;:: 
z 
8 
~ 
3 
'::i 
~ :s 
0 
~ 
0 
;;2 
;t 
Qj~ 
·v; 
~ 
0 
"'O 
~
w 
w > ::> 
.:0z. . .... s cu "'·- ~ "' ~ "' Q 
'"C 
-cu 
En dehors de la nourriture de base, les regimes 
alimentaires sains doivent etre varies et contenir une 
combinaison equilibree et adequate de lipides, pro­teines 
et micronutriments. Les priorites de recherche 
et developpement dans !'agriculture doivent s'orienter 
davantage vers la production d'aliments plus nutritifs 
et promouvoir la diversification de la production des 
petits exploitants (fruits, legumes et petit betail). 
Les efforts pour accroitre la teneur en micro­nutriments 
par biofortification sont prometteurs. La 
biofortification, qui consiste en !'amelioration des 
cultures pour en augmenter la valeur nutritionnelle 
comme la production d'une pomme de terre a forte 
teneur en fer et en zinc dans la region andine OU le de­ficit 
de ces elements est une cause importante de mal­nutrition 
chez les populations pauvres. Au Perou, les 
taux d'anemie dus a la carence en fer chez les enfants 
d'age prescolaire et les femmes enceintes sont de 50 % 
et 43 %, respectivement. La biofortification devrait 
avoir un effet durable, car elle concerne des cultures 
deja consommees de maniere courante dans les com­munautes 
et qu'elle rendra plus nutritives. C'est aussi 
une strategie efficace en termes de cout. Une fois les 
varietes riches en nutriments identifiees et selection­nees, 
leurs frais de promotion et la multiplication sont 
relativement faibles. Dans la region andine, le Centre 
international de la pomme de terre (CIP) travaille 
a l'amelioration de la qualite nutritionnelle de la 
pomme de terre en profitant de la grande biodiversite 
existante et de la consommation importante par les 
populations andines de la region d'un grand nombre 
de varietes de pommes de terre traditionnelles encore 
cultivees. Le centre travaille en particulier a identifier 
les pommes de terre indigenes a haute teneur en fer 
et zinc, et a selectionner de nouvelles varietes plus 
riches de ces elements pour promouvoir leur consom­mation 
en complement d'autres aliments produits a 
la ferme (production horticole OU du petit elevage) 
pour assurer la diversite du regime alimentaire en 
particulier des femmes enceintes et des enfants en 
bas age. Le CIP participe aussi a d'autres experiences 
positives de promotion de cultures de biofortification 
comme au Mozambique et en Ouganda dans le cas de 
la patate douce a chair orangee qui contient des ni­veaux 
eleves de beta-carotene permettant de combler 
les carences en vitamine A dont souffrent les enfants,
causant la cecite. Finalement, il faut mentionner 
que les interventions agricoles visant a ameliorer la 
nutrition et la sante sont generalement plus efficaces 
lorsqu'elles sont combinees avec la mise en iruvre 
de programmes d'education nutritionnelle et avec la 
promotion d'une approche sensible au genre. 
CONCLUSIONS 
Au cours des dernieres annees, l'economie des 
pays d'Amerique latine a connu une croissance sou­tenue, 
bien que fragilisee par la crise alimentaire et 
les aleas climatiques. Mais le defi de la faim et de la 
malnutrition reste pose, surtout pour les populations 
les plus vulnerables vivant souvent en milieu rural. 
Repondre aux causes de la malnutrition de­mande 
une approche multisectorielle qui inclut des 
interventions complementaires dans les systemes 
d'alimentation, de sante et d'education, et ceci par­ticulierement 
au niveau territorial. 11 s'agit d'un defi 
majeur qui, malgre l'existence de politiques d'in­tegration, 
ne se materialise pas dans la realite. Le 
principal probleme est que les programmes utilises 
pour promouvoir la securite alimentaire sont trans­versaux 
vis-a-vis de l'organisation classique des gou­vernements. 
Pour faire face a ce probleme, les pays 
latino-americains adoptent des politiques et des ins­truments 
afin de repondre aux besoins de l'agricul­ture 
familiale lies a la securite alimentaire. Plusieurs 
pays ont procede a des restructurations institution­nelles 
sur la base de modifications et de la creation 
de nouvelles branches ministerielles cherchant a 
harmoniser les politiques de differents secteurs. 
Les approches multisectorielles offrent de nom­breuses 
opportunites d'intervention dans des sys­temes 
pour ameliorer la nutrition et le regime ali­mentaire 
des populations. Elles sont soit directement 
orientees vers l'amelioration de la production, soit 
liees a des mecanismes de protection sociale via des 
programmes d'alimentation et d'assistance lies a la 
sante, la nutrition et !'education. 
La production agricole et la productivite restent 
essentielles a une meilleure nutrition, mais les pro­grammes 
de recherche et de developpement doivent 
Biblio!l.@j!hie 
Bianchi E., Pineiro M. 
& Uzquiza L. (2009), 
« Respuestas de 
polftica en America 
Latina al incremento 
en los precios 
internacionales de 
los alimentos y el 
escenario post-crisis », 
working paper n ° 119. 
Cepal, FAO, Ilea 
(2013 ), Perspectivas 
de la agricultura y de! 
desarrollo rural en las 
Americas: una mirada 
hacia America Latina y 
el Caribe, 2014. 
FAO, World Food 
Summit (1996), World 
Food Summit Plan of 
Action, www.fao.org/ 
wfs/index_en.htm. 
FAO (2009), Fome 
Zero (Programa 
Hambre Cero), La 
experiencia brasilefza. 
FAO-RLC (2012), 
Caracterfsticas y 
evoluci6n de la pobreza, 
la desigualdad y las 
politicas publicas en 
zonas rurales de America 
Latina en « Pobreza 
Rural y Politicas 
publicas ».A paraitre 
FAO (2012), Panorama 
de la Seguridad 
Alimentaria y 
Nutricional en America 
Latina y el Caribe. 
FAO (2012), Situaci6n 
de la Seguridad 
Alimentaria y 
Nutricional en America 
Latina y el Caribe, VI 
Reunion del Grupo de 
Trabajo de la Iniciativa 
America Latina y 
Caribe Sin Hambre 
2025, Georgetown, 
Guyana, 12-14 juillet. 
59 
z 
0 
;:: 
~ 
:::> 
z 
;;;}_ 
:::;; 
:'.5 
">z'- 
8 
"' >>---­3 
:::;;' 
~ 
:'.5 
w 
0 
(:§ 
0 
;;2 
~ 
:i..,w 
Cl.I~ 
'iii 
"0" 
'"C 
Cl.I
60 
FAQ (2013), The State 
of Food and Agriculture, 
food systems for better 
nutrition. 
Fontagro (2013), 
Innovadones de 
impacto: lecciones de 
la agricultura familiar 
en America Latina y 
el Caribe, IICA, BID. 
XVIII. 
Martinez R. & 
Fernandez A. 
(2009), El costo def 
hambre: impacto social 
y econ6mico de la 
desnutrici6n infantil en 
el Estado Plurinacional 
de Bolivia, Ecuador, 
Paraguay y Pera, Cepal 
et PMA. 
Qxfam (2013), Behind 
de Brands. 
Panel Independiente 
sobre la Agricultura 
para el Desarrollo 
de America Latina 
(Piadal) (2013), 
Agricultura y desarrollo 
en America Latina: 
gobernanza y polfticas 
publicas, Teseo. 
Piiieiro M., Bianchi 
E., Pifieiro V. & 
Trucco M. (2009), 
Respuestas de po lftica 
en America Latina al 
incremento en las precios 
internacionales de las 
alimentos y el escenario 
post-crisis. Segunda 
Parte, working paper, 
n°120, LA1N/CINDES. 
World Bank, Nutrition 
activities in Latin 
America, www. 
worldbank.org/ 
lacnutrition. 
etre davantage orientes vers les questions de qualite 
nutritionnelle des aliments et de durabilite des sys­temes 
de production. Les interventions dans ce do­maine 
seront plus efficaces si elles prennent en compte 
le role du genre et sont combinees a !'education nutri­tionnelle. 
La croissance de la production d'aliments 
dependra en grande partie de !'innovation techno­logique, 
qui demeure pour !'instant, comme nous 
l'avons vu, tres faible dans Ia majorite des pays d'Ame­rique 
latine. Davantage d'investissements sont neces­saires 
dans !'agriculture, non seulement en matiere de 
recherche agricole, mais aussi pour mettre en place de 
nouvelles structures institutionnelles, innovantes, en 
lien avec des activites de recherche et de developpe­ment; 
en promouvant aussi une participation du sec­teur 
prive plus active surtout dans le developpement 
de chaines de production qui procurent des opportu­nites 
economiques pour les populations rurales. 
Pour terminer et en suivant les recommanda­tions 
de la FAQ (2012), le renforcement de !'agricul­ture 
familiale et les politiques de securite alimen­taire 
demandent de definir et renforcer les mesures 
deja mises en place dans differents domaines. Tout 
d'abord, l'appui a la production ciblant !'agriculture 
familiale et impliquant un plus grand investissement 
public et prive. Deuxiemement, la valorisation des 
marches alimentaires Iocaux ainsi que des produits 
traditionnels tels que la pomme de terre, le haricot 
colore des Andes, le quinoa et le petit eievage. Cela 
permettra d'elargir la base de l'alimentation de Ia po­pulation, 
d'ameliorer son etat nutritionnel et de gene­rer 
de nouveaux revenus pour la population rurale. 
Troisiemement, la promotion de lignes directrices 
pour une alimentation plus saine a travers des pro­grammes 
d'education nutritionnelle pour les enfants 
et les adultes diffuses dans une approche qui tient 
compte des questions de genre. 
On ne peut ainsi encourager la croissance de 
!'agriculture mondiale et ameliorer Ies moyens de sub­sistance 
dans Ies zones rurales sans un engagement 
public renouvele pour investir davantage et a bon es­cient 
dans !'agriculture. • 
traduit de l'espagnol par Fran<;ois Reman

Weitere ähnliche Inhalte

Was ist angesagt?

Was ist angesagt? (18)

Canada: Examen de l'aide au developpement
Canada: Examen de l'aide au developpementCanada: Examen de l'aide au developpement
Canada: Examen de l'aide au developpement
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
TDR pour la celebration de l'AIAF
TDR pour la celebration de l'AIAFTDR pour la celebration de l'AIAF
TDR pour la celebration de l'AIAF
 
Afrique Déchirée
Afrique DéchiréeAfrique Déchirée
Afrique Déchirée
 
Barometre de la faim 2013
Barometre de la faim 2013Barometre de la faim 2013
Barometre de la faim 2013
 
Wdr 2008 french
Wdr 2008 frenchWdr 2008 french
Wdr 2008 french
 
Speculation alimentaire
Speculation alimentaireSpeculation alimentaire
Speculation alimentaire
 
cours
courscours
cours
 
Les inégalités du développement
Les inégalités du développementLes inégalités du développement
Les inégalités du développement
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
2018 Global Food Policy Report (French)
2018 Global Food Policy Report (French)2018 Global Food Policy Report (French)
2018 Global Food Policy Report (French)
 
Le changement, le projet socialiste
Le changement, le projet socialisteLe changement, le projet socialiste
Le changement, le projet socialiste
 

Ähnlich wie Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition

Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique.
Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique. Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique.
Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique. PNUD Burundi
 
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faim
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faimTD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faim
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faimMarie Sophie Bock Digne
 
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...David South Consulting
 
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poids
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poidsEnjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poids
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poidsOFI Asset Management
 
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09Bernard hardy
 
Dépendance alimentaire sans vidéo
Dépendance alimentaire sans vidéoDépendance alimentaire sans vidéo
Dépendance alimentaire sans vidéoNadine Mignet
 
Semaine 20 mondialisation_maladies
Semaine  20 mondialisation_maladiesSemaine  20 mondialisation_maladies
Semaine 20 mondialisation_maladiesmonballieu
 
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicos
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicosEl sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicos
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicosCaro Almonte
 
Theme 5 agriculture, industrie et services
Theme 5 agriculture, industrie et servicesTheme 5 agriculture, industrie et services
Theme 5 agriculture, industrie et servicesAntoine Colson
 
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...Radio Télévision Caraibes
 
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.FAESHAITI
 
Global socialcrisis keypoints 2011 en français
Global socialcrisis keypoints 2011 en françaisGlobal socialcrisis keypoints 2011 en français
Global socialcrisis keypoints 2011 en françaisZoely Mamizaka
 

Ähnlich wie Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition (20)

cours
courscours
cours
 
COURS
COURSCOURS
COURS
 
Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique.
Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique. Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique.
Lancement du premier rapport sur le développement humain en Afrique.
 
La famine
La famineLa famine
La famine
 
La crise alimentaire mondiale
La crise alimentaire mondialeLa crise alimentaire mondiale
La crise alimentaire mondiale
 
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faim
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faimTD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faim
TD6 et 7 : Les inégalités de développement Extrême pauvreté et faim
 
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...
Defis en matiere de developpement, Les solutions Sud-Sud: Juin 2008 Defis en ...
 
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poids
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poidsEnjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poids
Enjeux ESG en perspectives - L'obésité, un enjeu de poids
 
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09
PAM 52f - Rapport Annuel 2008-09
 
Dépendance alimentaire sans vidéo
Dépendance alimentaire sans vidéoDépendance alimentaire sans vidéo
Dépendance alimentaire sans vidéo
 
Semaine 20 mondialisation_maladies
Semaine  20 mondialisation_maladiesSemaine  20 mondialisation_maladies
Semaine 20 mondialisation_maladies
 
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicos
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicosEl sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicos
El sobrepeso y la obesidad en los niños mexicanos: factores socioeconómicos
 
Theme 5 agriculture, industrie et services
Theme 5 agriculture, industrie et servicesTheme 5 agriculture, industrie et services
Theme 5 agriculture, industrie et services
 
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...
Analyse des programmes politiques des candidats à l'élection présidentielle 2...
 
Panorama de la nutrition
Panorama de la nutritionPanorama de la nutrition
Panorama de la nutrition
 
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.
Plan d'action pour la réduction de la pauvreté.
 
Global socialcrisis keypoints 2011 en français
Global socialcrisis keypoints 2011 en françaisGlobal socialcrisis keypoints 2011 en français
Global socialcrisis keypoints 2011 en français
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 

Mehr von Jorge Luis Alonso

Enfoque Participativo en Cadenas Productivas (EPCP) - Manual del Usuario
Enfoque Participativo en Cadenas Productivas  (EPCP) - Manual del Usuario Enfoque Participativo en Cadenas Productivas  (EPCP) - Manual del Usuario
Enfoque Participativo en Cadenas Productivas (EPCP) - Manual del Usuario Jorge Luis Alonso
 
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...Jorge Luis Alonso
 
Participatory market chain approach (PMCA)
Participatory market chain approach (PMCA)Participatory market chain approach (PMCA)
Participatory market chain approach (PMCA)Jorge Luis Alonso
 
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...Jorge Luis Alonso
 
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User Guide
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User GuideParticipatory Market Chain Approach (PMCA). User Guide
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User GuideJorge Luis Alonso
 
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...Jorge Luis Alonso
 
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...Jorge Luis Alonso
 
Papa Andina: Innovation for Development
Papa Andina: Innovation for DevelopmentPapa Andina: Innovation for Development
Papa Andina: Innovation for DevelopmentJorge Luis Alonso
 
Public awareness and political advocacy
Public awareness and political advocacyPublic awareness and political advocacy
Public awareness and political advocacyJorge Luis Alonso
 
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...Jorge Luis Alonso
 
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...Jorge Luis Alonso
 
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Jorge Luis Alonso
 
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Jorge Luis Alonso
 
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina Strategy
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina StrategyParticipatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina Strategy
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina StrategyJorge Luis Alonso
 
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...Jorge Luis Alonso
 
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad social
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad socialPapas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad social
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad socialJorge Luis Alonso
 
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...Jorge Luis Alonso
 
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...Jorge Luis Alonso
 
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papa
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papaEvaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papa
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papaJorge Luis Alonso
 
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...Jorge Luis Alonso
 

Mehr von Jorge Luis Alonso (20)

Enfoque Participativo en Cadenas Productivas (EPCP) - Manual del Usuario
Enfoque Participativo en Cadenas Productivas  (EPCP) - Manual del Usuario Enfoque Participativo en Cadenas Productivas  (EPCP) - Manual del Usuario
Enfoque Participativo en Cadenas Productivas (EPCP) - Manual del Usuario
 
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...
Fortalecimiento del enfoque de género y empoderamiento en el enfoque particip...
 
Participatory market chain approach (PMCA)
Participatory market chain approach (PMCA)Participatory market chain approach (PMCA)
Participatory market chain approach (PMCA)
 
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...
Conceptos, pautas y herramientas. Enfoque participativo en cadenas productiva...
 
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User Guide
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User GuideParticipatory Market Chain Approach (PMCA). User Guide
Participatory Market Chain Approach (PMCA). User Guide
 
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...
Promoviendo innovaciones con los actores de la cadena y revalorizar la biodiv...
 
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...
Guía de las buenas prácticas de procesamiento para la producción artesanal de...
 
Papa Andina: Innovation for Development
Papa Andina: Innovation for DevelopmentPapa Andina: Innovation for Development
Papa Andina: Innovation for Development
 
Public awareness and political advocacy
Public awareness and political advocacyPublic awareness and political advocacy
Public awareness and political advocacy
 
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...
Mejorando la calidad de nuestra semilla de papa mediante la selección de las ...
 
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...
Buenas prácticas para el desarrollo de la cadena productiva de la papa: Exper...
 
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
 
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
Estudio de caso: Evaluación de impacto de la intervención del proyecto INCOPA...
 
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina Strategy
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina StrategyParticipatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina Strategy
Participatory Market Chains and Stakeholder Platforms: The Papa Andina Strategy
 
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...
La papa y la seguridad alimentaria en la region andina: Situación actual y de...
 
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad social
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad socialPapas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad social
Papas nativas de colores: Un negocio con responsabilidad social
 
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...
Producción de semilla prebásica de papa en sistema aeropónico en Ecuador: Eva...
 
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...
Validación del simulador de epidemias lateblight "LB2004" con clones precoces...
 
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papa
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papaEvaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papa
Evaluación de bacterias en la producción de semilla prebásica de papa
 
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...
Efecto de épocas de cosecha de tres cultivares de papa (Solanum tuberosum L.)...
 

Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition

  • 1. Amerique latine Avatars de l'Etat democratique nm1.1011 1:iu1:a La Grande Guerre merite Deux partis, une grande histoire mais un seul ideal? acc es a l'ense ignement superieur Un enjeu politique et economique majeur
  • 2. Illustration de couverture: peinture de fa~ade, Caminita, Argentine. Photo: Brigitte Werner Biographie des auteurs en fin de numero LA REVUE NOUVELLE 68e ANNEE - NUMERO 12 - DECEMBRE 2013 editorial La Grande Guerre merite une grande histoire le mois Les socialistes dans la Belgique du XXI' siecle: deux partis, mais un seul ideal? Semantique du racisme ordinaire Somalie. Sortie du tunnel ou illusion diplomatique? Anvers. Red Star Line Museum billet d'humeur Les cyclistadors - Luc Van Campenhoudt 3 - Serge Govaert 5 - Baptiste Campion 8 - Mohamed Abdillahi Bahdon 10 - Roland Baumann 15 - Simon Tourol 18 le dossier - Amerique latine. Avatars de l'Etat democratique Introduction L'Etat aujourd'hui en Amerique latine: l Maso mejor? Mondialisation et developpement: les le~ons latino-americaines - Eric De Muynck 22 - Eric De Muynck et Orazio Belletini 26 - Arnaud Zacharie 40 Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition - Andre Devaux, Juan Pablo Fernandez, Ruben Flores, Miguel Ordinola, Claudio Velasco, Santiago Viteri 49 Gouvernance energetique et nationalisme petrolier dans les pays and ins - Guillaume Fontaine 61 L'Argentine et les vautours - Xavier Dupret 70 articles Acces a l'enseignement superieur: un enjeu politique et economique majeur - Jean-Paul Lambert 77 Bangladesh. Le prix de nos teeshirts - Marc Molitor 98 italique Cher Monsieur Schubert - Jacques Vandenschrick 108 M 0 N w ""'' _g C> w > :::> 0 iii :> ~ ":s"
  • 3. la revue aflplique la reforme de l'orthographe Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition Ces dernieres annees, si les pays d'Amirique latine et des Carai"bes ont connu une croissance moyenne soutenue de 5 %, celle-ci n'a pas pour autant donne lieu a une diminution de la vulnirabilite a laquelle est exposee une partie importante de la population du continent. Malgre des progres socioeconomiques significatifs au cours des dernieres decennies, l'Amirique latine reste en effet l'une des regions les plus inegalitaires de la planete. De plus, l'eradication de la malnutrition dans la region reste un deft encore non resolu. Divers programmes existent et doivent etre diveloppes a.fin de renforcer ['agriculture familiale, en particulier le role des femmes, valoriser les marches locaux et les produits traditionnels pour elargir la base d'une alimentation saine et augmenter les revenus de la population rurale ANDRE DEVAUX, JUAN PABLO FERNANDEZ, RUBEN FLORES, MIGUEL ORDINOLA, CLAUDIO VELASCO ET SANTIAGO VITERI Les pays connaissent entre eux, mais aussi entre differentes regions et groupes de populations en leur sein, de fortes disparites en matiere nutrition­nelle. Dans certains pays comme la Bolivie et le Honduras, les problemes de malnutrition touchent jusqu'a 50 a 70 % des populations pauvres, autoch­tones et rurales (FAO, Cepal et Ilea, 2013). La Banque mondiale estime ainsi a 7 millions le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition chronique dans la region en 2012. L'AMERIQUE LATINE, TERRE DE CONTRASTES Cette problematique entraine un impact negatif pour la securite alimen­taire qui se definit comme l'acces universe! et a tout moment a une alimen­tation suffisante, saine et nutritive (FAO, Sommet mondial de l'alimentation, 1996). Une alimentation faible en calories, proteines ou autres elements essen­tiels comme les micronutriments (fer et zinc) a d'enormes consequences sur la sante et la productivite. En Amerique latine, la malnutrition chronique, qui entraine des retards de croissance, reste le probleme nutritionnel le plus important. Elle affecte plus de 50 % des enfants de moins de cinq ans au Guatemala et autour de 30 % en Hai:ti, Honduras, Bolivie, Equateur et Perou. Ce phenomene se developpe principalement entre l'age de six mois et deux ans . . 49 .... cu ""0"" "O cu ~ ::i_ 3i' s
  • 4. w w > => 0 z "" "- ~ Cl) ""·- ~Vt ~"0" "'C Cl) so Graphique n° 1 : Evolution de la faim en Amerique latine et Cara'ibes entre 1990-1992 et 2010-2012. En millions d'habitants 1990-1992 1999-2001 2004-2006 2007-2009 2010-2012 •Cara'fbe •Amerique latine source: FAD, 2012 11 est notamment lie a des problemes de sante, a une mauvaise alimentation et a un manque d'education nutritionnelle des meres de famille. En Bolivie, le manque de fer entraine des taux d'anemie de 52 % pour les enfants en age prescolaire et de 37 % chez les femmes enceintes. La carence en fer augmente le risque de mortalite maternelle et infantile, entraine un ralentissement du developpement cognitif, affaiblit le rendement scolaire et diminue la producti­vite au travail. On estime en outre que 22 % des enfants de moins de cinq ans manquent de vitamines. La malnutrition des enfants en bas age affecte de maniere irreversible le developpement humain et par consequent freine le progres economique d'un pays en imposant un cout eleve a !'ensemble de la societe. D'un point de vue economique, la malnutrition peut faire perdre jusqu'a 10 % du salaire auquel un travailleur aurait pu pretendre tout au long de sa vie. Selon une etude relativement recente, des pays comme la Bolivie, l'Equateur, le Paraguay et le Perou perdent entre 2,0 % et 5,9 % du PIB du fait de la faim et de la malnutri­tion infantile (Martinez et Fernandez, 2009). Le graphique n° 2 montre clairement le dilemme entre la croissance eco­nomique des pays et la persistance des problematiques sociales. Par exemple, meme si les statistiques de malnutrition du Perou se sont ameliorees ces der­nieres annees, 23,2 % d'enfants de moins de cinq ans souffrent encore de retards de croissance. Dans les populations rurales, on arrive a un taux de 38,8 % . On retrouve des taux similaires dans les zones rurales d'Equateur (33 %) et de Bolivie (37 %).
  • 5. LES FACTEURS QUI CONTRIBUENT A LA VULNERABILITE ALIMENTAIRE Graphique n° 2: La relation entre le retard de croissance et le revenu national par habitant dans les pays latino-americains 70----------- 60 --~-::-:------.,---- - 50 •Guatemala 40 -:::~=-----:-:------- Ha'iti Honduras Pero.u .:lU e e • • 20 N' • • Bolivie e•Albanie 1caragaa Eqaateur Argentine 1 O Costa Rica• iliBresil Chili 0 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 Source: Banque mondiale. Les niveaux de retard de croissance proviennent de !'Organisation mondiale de la sante et de sa base de donnees « Croissance de l'enfant et malnutrition ». L'information concernant le revenu national brut par tete provient de la Banque mondiale. La geographie de la region, ses conditions agroecologiques, ses disparites socioeconomiques et les politiques traditionnelles rendent l'Amerique latine particulierement vulnerable aux catastrophes naturelles, a la volatilite des prix des denrees alimentaires et aux crises humanitaires en general. Dans ce contexte, n'importe quelle situation de crise et d'urgence menace la securite alimentaire des populations les plus vulnerables, en particulier les enfants et les femmes enceintes. Volatilite des prix des aliments et impact de la crise alimentaire Au milieu des annees 1990, l'augmentation de la demande alimentaire dans les pays emergents et les politiques de stimulation de la production de biocarburants aux Etats-Unis et dans l'Union europeenne ont accru la pression internationale sur les prix alimentaires. Les effets sur l'Amerique latine ont ete variables d'un pays a l'autre en fonction de la balance alimentaire (aliments exportes versus aliments importes) et leur ca pa cite a financer leurs importa - tions alimentaires. Les pays andins ont vu les prix de leurs principaux produits agricoles d'exportation rester relativement faibles par rapport au prix interna­tional des cereales. L'Amerique centrale et les Carai:bes ont davantage souffert du fait de leur capacite reduite a importer des aliments (Bianchi et al, 2009). Par consequent, la hausse des prix des denrees alimentaires au-dessus du niveau general des prix represente une menace pour la securite alimentaire, en particulier pour les menages a faibles revenus, car ceux-ci depensent propor­tionnellement davantage pour se nourrir que les menages plus aises. 51 z 0 >= ~ :::> z <( ::,; :5 ">z -' 0 u "' >­>- 3 ::,;' 3!' :5 w Q 6 Q ~ .... ~ ~ <I> ·v; V'l 0 "C <I>
  • 6. w > ::> 0 z w I.. w~C,V_ ~ "' ~ "' 0 "O -CV 52 Par ailleurs, il existe un besoin urgent de regles commerciales internatio­nales plus equilibrees. La concentration est telle dans les marches alimentaires mondiaux qu'une part croissante de la valeur ajoutee est capturee par les gros­sistes et les commen;ants, et non les producteurs des pays en developpement. Les negociations a l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et speciale­ment celles concernant le commerce agricole sont au point mort depuis de nom­breuses annees. Pourtant de nouvelles regles sont indispensables pour mettre fin aux distorsions commerciales qui nuisent aux agriculteurs des pays en voie de developpement et par consequent a la securite alimentaire mondiale. On peut neanmoins observer qu'au siecle dernier, les multinationales de l'agroalimentaire ont connu un succes commercial sans precedent a travers le monde. Selon Oxfam (2013 ), pour 7 milliards de consommateurs, il existe 1,5 milliard de producteurs de denrees alimentaires dans les zones rurales. Par contre, ce ne sont pas plus de cinq-cents societes qui controlent 70 % de la nourriture consommee sur l'ensemble de la planete. Les entreprises alimen­taires n'ont pas utilise leur enorme puissance pour aider a generer un systeme alimentaire plus equitable et assurer la securite alimentaire et les opportunites economiques pour les populations les plus pauvres. Les programmes de responsabilite sociale des entreprises mis en reuvre jusqu'a present sont generalement des projets tres cibles comme ceux visant a reduire la consommation d'eau OU a former des agricultrices mais qui ne prennent pas en compte les causes profondes de la faim et de la pauvrete. La majorite des entreprises n'ont en effet pas de politiques appropriees pour gui­der leurs propres operations au sein de la chaine d'approvisionnement en te­nant compte du developpement territorial et se contentent souvent d'actions philanthropiq ues. Impact du changement climatique Parmi les consequences du rechauffement climatique, les changements de temperatures et le regime des precipitations representent des phenomenes affec­tant negativement la production agricole et par consequent la securite alimentaire. L'impact du changement climatique sur la production agricole s'opere a deux niveaux. D'une part, les risques directs de perte de productivite causes par des conditions meteorologiques extremes telles que la secheresse, le gel et les inondations; d'autre part, l'augmentation de la vulnerabilite des systemes alimentaires a la suite de l'appauvrissement des ressources naturelles comme l'eau et le developpement de maladies et d'insectes qui contribuent a la baisse de la production et des ressources economiques en limitant l'acces a la nourriture. Une perte anticipee de productivite et une vulnerabilite accrue dues aux changements climatiques auront des effets negatifs disproportionnes sur la vie des populations vivant dans des conditions marginales en Amerique latine et dans le monde. Celles-ci ne possedent plus les capacites pour s'adapter et repondre en temps voulu aux effets du changement climatique. 11 faut savoir
  • 7. qu'il aura fallu par exemple des centaines d'annees pour que la population de !'Altiplano andin, qui signifie plaine d'altitude en espagnol, situe ii plus de 3300 metres d'altitude, puisse developper des connaissances et des pratiques lui permettant de survivre dans des conditions extremes. C'est ainsi que les agriculteurs andins continuent egalement d'utiliser la biodiversite agricole comme strategie d'attenuation des risques et aident par voie de consequence ii preserver la base genetique pour ameliorer les cultures. 11 se cultive encore par exemple cinq-mille varietes traditionnelles de pommes de terre dans les Andes. Cependant, le changement climatique, le morcelement des terres, la migration, !'exclusion sociale, les inegalites entre les sexes notamment, conduisent ii une plus grande vulnerabilite du systeme alimentaire de cette region. Evolution et limites des politiques de securite alimentaire En reponse ii. la crise alimentaire, il est important de noter les changements de politique de securite alimentaire entrepris par les pays de la region et qui couvrent quatre domaines d'action principaux. Premierement, l'appui ii la pe­tite agriculture et le developpement rural (subventions aux intrants, assistance technique, achat par l'Etat). Deuxiemement, la garantie d'une protection so­ciale et la distribution de nourriture via des subventions conditionnelles et des programmes d'alimentation scolaire. Ainsi au Perou, des programmes visent ii lutter contre la malnutrition et ii aligner les programmes sociaux avec la stra­tegie nationale de nutrition ( connue sous le nom de Crecer). Troisiemement, la mise en place de programmes d'assistance axes sur la sante des meres et des enfants de mo ins de cinq ans ( comme le programme « Malnutrition zero » en Equateur et Bolivie). Quatriemement, une meilleure education et formation en matiere de sante et de nutrition. La crise alimentaire a egalement declenche des debats theoriques et poli­tiques sur le concept de securite alimentaire. Depuis 2003, du point de vue juridique et institutionnel, il y a eu des progres dans le developpement d'une nouvelle legislation pour les regions concernees par la question de la securite alimentaire. Dans de nombreux cas, cette legislation ne cree pas seulement de nouveaux cadres reglementaires, mais aussi des mecanismes organisation­nels afin de faciliter les interventions publiques dans ce domaine. Mais il est important de souligner que les reponses politiques doivent etre multidimen­sionnelles et integrer les objectifs ii court et long terme. Onze pays de la region ont deja approuve des lois sur la securite alimen­taire. Parmi les reponses ii court terme, les politiques de compensation sociale comme les transferts monetaires conditionnes au controle medical des enfants, sont les plus emblematiques. Les politiques a long terme telles que l'investisse­ment dans la recherche et le developpement agricoles ont m;u moins d'atten­tion. 11 faut noter que la relation entre agriculture et nutrition ne fait pas en­core partie des strategies qui s'appliquent de maniere courante dans la region (Pineiro et al., 2009). 53 z 0 >== ii' :::l 2 ;:( ::;; ::; ">'- 2 8 "' >­>- :=: ::;;" ~ ::; 0 i§ 0 ;:2 ;ff:_ G:; ~ ·v; VI 0 "O ~
  • 8. w w > ::> 0 z w r... sw: ,C_IJ ~ VI ~VI 0 "C CIJ 54 En Bolivie, les nouvelles normes soulignent que l'obtention d'une alimen­tation saine fait partie des droits universels. Cet aspect est en train de prendre de l'ampleur au niveau international. Dans certains pays comme le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie et le Guatemala, le concept de souverainete alimentaire s'utilise aussi dans les cadres juridiques relatifs a la securite alimentaire. La souverainete alimentaire est definie comme le droit de tousles peuples a defi­nir leurs propres politiques agricoles et alimentaires en fonction des objectifs de developpement durable et de securite alimentaire. Au Bresil, une grande coalition entre organisations sociales et institutions gouvernementales a conduit a la creation de mecanismes formels de dialogue et au developpement de grands programmes a l'instar du projet de loi « Fome Zero » (Faim zero, en portugais). Ce programme a ete propose en 2003 par le futur president Luiz Inacio Lula da Silva, comme un mecanisme pour garan­tir la securite alimentaire. Ce programme fut une des priorites de !'agenda de developpement economique et social du gouvernement bresilien. II a necessite la mise en place d'un mecanisme de participation sociale reliant la structure familiale paysanne aux lois sur la securite alimentaire et la nutrition. La FAO, qui a mene une evaluation du programme en 2006, a constate que, grace a la qualite des services re<;us, la sante, l'education et la formation des populations les plus pauvres s'etaient sensiblement ameliorees (FAO, 2009). II est done necessaire d'adopter des politiques sociales appropriees pour repondre aux effets de la crise alimentaires, de prendre des mesures pour obtenir une meilleure stabilite des prix agricoles et mettre en place des pro­grammes d'appui a l'agriculture familiale tenant compte des risques clima­tiques et economiques. CONTRIBUTION DE L'AGRICULTURE AU DEVELOPPEMENT ET A LA SECURITE ALIMENTAIRE Suivant les statistiques de la FAO, la production d'aliments a augmente de maniere significative en Amerique latine au cours des dix dernieres annees, particulierement dans le cas du ma!s (145 %), du ble (72 %) et du riz (77 %). Les pays montrant la dynamique de croissance la plus flevee se trouvent en Amerique du Sud (Bresil et Argentine en particulier). Mais la production agri­cole reste malgre tout sensible au contexte defavorable mondial des prix alimen­taires et a la variabilite climatique qui ont provoque une deceleration en 2012 (FAO, 2012). Les dynamiques de production et de commerce varient conside­rablement selon les pays, refletant des disparites regionales, mais aussi locales. Parmi les differents types de production de la region, la petite agriculture joue un role important en termes d'approvisionnement alimentaire au sein des pays meme si son role varie d'un pays a l'autre. Les politiques mises en place cherchent a renforcer les strategies pour mieux integrer !'agriculture fami­liale dans les systemes de production agricoles nationaux. Toutefois, certaines cultures sont deja fortement repandues dans la region, c'est le cas du ma!s et
  • 9. des haricots. En zones tropicales, on retrouve principalement le manioc, le ca­cao et la banane tandis que dans les regions andines, c'est surtout la pomme de terre qui est tres presente. Selon une analyse effectuee par le Groupe d'experts independants sur l'agriculture et le developpement en Amerique latine (Piadal, 2O13), la complexite croissante et la diversite de la production agricole sont maintenant reconnues comme pouvant contribuer aux differentes dimensions de la croissance economique et ameliorer ainsi la securite alimentaire, reduire la pauvrete et la vulnerabilite dans les zones rurales, celles-ci etant les plus touchees par la volatilite et les prix eleves des denrees alimentaires ainsi que par le changement climatique. Le potentiel de la region pour accroitre la production est associe, d'une part, a une maitrise elevee de la technologie, en particulier dans des pays comme le Bresil, l'Uruguay et l'Argentine, qui ont une proportion importante de terres par rapport au nombre d'habitants ruraux, un capital humain bien forme ainsi qu'un cadre institutionnel efficace. D'autre part, l'obtention de ren­dements plus eleves dans des pays comme l'Equateur, la Bolivie, le Paraguay et dans certains pays d'Amerique centrale pourrait accroitre la contribution de la region en termes de disponibilite alimentaire mais necessiterait davantage d'investissements dans la recherche agricole. En dehors du Bresil, du Chili et de l'Uruguay qui depensent en moyenne entre 1,2 et 1,9 % de leur PIB agricole dans la recherche, les autres pays de la region y consacrent en moyenne 0,5 %. A titre de comparaison, les pays industrialises qui depensent 2 a 3 % de leur PIB dans des programmes de recherche. Les investissements publics dans !'agriculture en Amerique latine, qui restent en moyenne inferieurs a 2 % des depenses publiques d'apres la FAQ (2013), sont largement en de~a du pourcentage de contribution de ce secteur a la richesse nationale. Le tableau ci-dessous reprend quelques elements de comparaison. La petite agriculture contribue au developpement malgre le soutien public reduit L'agroeconomiste peruvien Richard Webb a recemment ecrit un article in­titule « Agriculture en pots » base sur un commentaire du ministre de !'Agri­culture peruvien quand celui-ci a decouvert, lors du dernier recensement agri­cole, que 82 % des exploitations agricoles du Perou etaient minuscules ( d'une taille moyenne de mo ins de cinq hectares). Webb affirme qu'avant de tomber dans le pessimisme, il serait interes­sant d'analyser de plus pres l'idee, devenu un mythe, que l'« agriculture en pots » n'a pas d'avenir. II existe de nombreuses preuves, tant au Perou que dans d'autres pays comme la Chine ou l'Inde, que les mini-exploitations agri­coles ne sont pas necessairement synonymes de retard et de pauvrete. En effet, le succes de l'agriculture peruvienne de ces vingt dernieres annees ne se limite pas aux grands domaines agroexportateurs de la cote, mais touche egalement les mini-exploitations. 55 ... Q) ·v; "0" ' "O .!! w ~ >z ­8 ~ w :::: 3 -::.· ~ :s
  • 10. > :::> 0 z w .... ~cu "!:1 '·I-ll ~ Ill 0 "O -cu 56 Tableau n° 1 : Elements socioeconomiques, comparaison entre pays d'Amerique latine Equateur Perou Bolivie Bresil Argentine Costa Rica Poids de !'agriculture dans le Pl B (%) 10 6 13 5 12 6 Production d'aliments par rapport aux besoins 60 60 75 95 90 95 nationaux (%) % population rurale 33 23 33 15 8 35 % pauvrete rurale 41 56 61 36 45 20 Source: Banque mondiale (http://datos.bancomundial.org/indicador/NV.AGR.TOTL.ZS), CEPAL (cepalstats) C'est par exemple le cas avec la pomme de terre, dont la production a aug­mente chaque annee de 5,3 % durant cette periode. II existe aussi d'autres cultures de mini-exploitation comme l'« olluco » (tubercule de la zone andine poussant en altitude), la feve, le manioc et les pois qui ont connu une progres­sion de plus de 4 %. Les mini-exploitations ont genere une des reussites agri­coles les plus marquantes de l'histoire, surtout si l'on tient compte des conditions difficiles dans lesquelles cette production se developpe. L'agriculture familiale joue aussi un role important pour la conservation de la biodiversite comme dans le cas de la pomme de terre dans les Andes. Dans ce contexte, on observe une tendance a la feminisation des taches agricoles. Les femmes s'occupent de plus en plus de fermes familiales car les hommes doivent migrer pour des periodes prolongees ou travailler dans le sec­teur non agricole. Selan la FAO, le pourcentage d'exploitations dirigees par des femmes en Amerique latine et dans les Carai:bes a augmente ces dernieres an­nees et se situe entre 25 et 30 %. Cela demontre le role accru des femmes dans la securite et la production alimentaires ainsi que dans le bien-etre social de la region. Cela devrait faire reflechir sur !'importance de la dimension de genre dans les politiques de developpement de capacites et de promotion de !'agricul­ture familiale. En l'Amerique latine, 37 % des pauvres (environ 65 millions de per­sonnes) vivent dans les zones rurales ou prevaut la petite agriculture avec tres peu d'aides ou de credit en s'appuyant sur une technologie tres limitee. Mais une etude recente sur les perspectives de !'agriculture et le developpe­ment rural dans les Ameriques reconnait que les pays d'Amerique latine et des Carai:bes ont entame de serieux efforts pour mieux appuyer !'agriculture familiale (Cepal, FAO, Ilea, 2013). Au cours de l'annee ecoulee, !'adoption de politiques et d'instruments d'accompagnement au profit de !'agriculture fami­liale est devenue une priorite dans !'agenda des pays de la region. Plusieurs pays ont lance des restructurations institutionnelles basees sur la modification de competences ou la creation de nouvelles branches ministerielles. Le Perou,
  • 11. par exemple, a cree le ministere du developpement et de l'inclusion sociale, en cherchant a assurer l'harmonie entre les differents secteurs politiques (y com­pris l'agriculture) et les niveaux de gouvernement (a travers une approche de developpement territorial). Il est prevu que, dans le futur, les pays renforcent aussi les systemes d'in­novation pour mieux integrer la recherche et le transfert de technologies afin d'ameliorer la croissance economique et le bien-etre social. Dans cette pers­pective, il est important d'envisager des strategies pour assurer l'integration de !'agriculture familiale, favorisant a la fois l'associativite tout comme la recon­version des systemes de vulgarisation axes sur le service a ce groupe de produc­teurs, en aidant et formant les vulgarisateurs a devenir des agents d'innovation formes aux nouveaux enjeux et defis lies aux changements de la structure productive de l'economie rurale. Une etude recente du Fond regional de tech­nologie agricole a mis en evidence des exemples d'innovations qui ont eu un impact et ont beneficie aux petits producteurs (Fontagro, 2013). Le succes de ces experiences a beaucoup dependu de !'interaction et du partenariat entre les differents acteurs. Par exemple, !'utilisation de modeles associatifs, inclusifs, competitifs et durables, comme dans le cas de !'organisation de petits apicul­teurs en Argentine et en Republique dominicaine, ou l'approche participative dans les chaines de production de pommes de terre natives au Perou, montre que le travail participatif entre les equipes de recherche et de developpement (R & D), le secteur prive et les reseaux techniques dans les territoires locaux facilitent l'identification de nouvelles opportunites de marche, la creation de normes, !'utilisation de la biodiversite de maniere durable et le developpement d'un conglomerat productif au profit de !'agriculture familiale. DOMAINES POUR RENFORCER LA CONTRIBUTION DE L'AGRICULTURE A LA NUTRITION L'augmentation de la productivite agricole ameliore la nutrition. Mais ii faut faire plus Pour ameliorer la nutrition et reduire les couts economiques et sociaux que la malnutrition impose a la societe, il est important de se pencher sur l'ali­mentation et l'agriculture. Selon la FAO (2012), en plus d'une fonction tradi­tionnelle de production des aliments et de generation de revenus, l'agriculture pourrait aussi aider de maniere significative a faire disparaitre la malnutrition. La croissance de la productivite agricole contribue a ameliorer la nutri­tion, mais il s'agit d'un processus lent et peut-etre insuffisant pour reduire rapidement la malnutrition. Suivre le rythme de croissance de la productivite agricole sera crucial dans les prochaines decennies car la production d'ali­ments de base devra augmenter de 60 % pour repondre a la croissance prevue de la demande. 57 z 0 ;:: ~ =z> :;;' ::;; :s ~ ;:: z 8 ~ 3 '::i ~ :s 0 ~ 0 ;;2 ;t Qj~ ·v; ~ 0 "'O ~
  • 12. w w > ::> .:0z. . .... s cu "'·- ~ "' ~ "' Q '"C -cu En dehors de la nourriture de base, les regimes alimentaires sains doivent etre varies et contenir une combinaison equilibree et adequate de lipides, pro­teines et micronutriments. Les priorites de recherche et developpement dans !'agriculture doivent s'orienter davantage vers la production d'aliments plus nutritifs et promouvoir la diversification de la production des petits exploitants (fruits, legumes et petit betail). Les efforts pour accroitre la teneur en micro­nutriments par biofortification sont prometteurs. La biofortification, qui consiste en !'amelioration des cultures pour en augmenter la valeur nutritionnelle comme la production d'une pomme de terre a forte teneur en fer et en zinc dans la region andine OU le de­ficit de ces elements est une cause importante de mal­nutrition chez les populations pauvres. Au Perou, les taux d'anemie dus a la carence en fer chez les enfants d'age prescolaire et les femmes enceintes sont de 50 % et 43 %, respectivement. La biofortification devrait avoir un effet durable, car elle concerne des cultures deja consommees de maniere courante dans les com­munautes et qu'elle rendra plus nutritives. C'est aussi une strategie efficace en termes de cout. Une fois les varietes riches en nutriments identifiees et selection­nees, leurs frais de promotion et la multiplication sont relativement faibles. Dans la region andine, le Centre international de la pomme de terre (CIP) travaille a l'amelioration de la qualite nutritionnelle de la pomme de terre en profitant de la grande biodiversite existante et de la consommation importante par les populations andines de la region d'un grand nombre de varietes de pommes de terre traditionnelles encore cultivees. Le centre travaille en particulier a identifier les pommes de terre indigenes a haute teneur en fer et zinc, et a selectionner de nouvelles varietes plus riches de ces elements pour promouvoir leur consom­mation en complement d'autres aliments produits a la ferme (production horticole OU du petit elevage) pour assurer la diversite du regime alimentaire en particulier des femmes enceintes et des enfants en bas age. Le CIP participe aussi a d'autres experiences positives de promotion de cultures de biofortification comme au Mozambique et en Ouganda dans le cas de la patate douce a chair orangee qui contient des ni­veaux eleves de beta-carotene permettant de combler les carences en vitamine A dont souffrent les enfants,
  • 13. causant la cecite. Finalement, il faut mentionner que les interventions agricoles visant a ameliorer la nutrition et la sante sont generalement plus efficaces lorsqu'elles sont combinees avec la mise en iruvre de programmes d'education nutritionnelle et avec la promotion d'une approche sensible au genre. CONCLUSIONS Au cours des dernieres annees, l'economie des pays d'Amerique latine a connu une croissance sou­tenue, bien que fragilisee par la crise alimentaire et les aleas climatiques. Mais le defi de la faim et de la malnutrition reste pose, surtout pour les populations les plus vulnerables vivant souvent en milieu rural. Repondre aux causes de la malnutrition de­mande une approche multisectorielle qui inclut des interventions complementaires dans les systemes d'alimentation, de sante et d'education, et ceci par­ticulierement au niveau territorial. 11 s'agit d'un defi majeur qui, malgre l'existence de politiques d'in­tegration, ne se materialise pas dans la realite. Le principal probleme est que les programmes utilises pour promouvoir la securite alimentaire sont trans­versaux vis-a-vis de l'organisation classique des gou­vernements. Pour faire face a ce probleme, les pays latino-americains adoptent des politiques et des ins­truments afin de repondre aux besoins de l'agricul­ture familiale lies a la securite alimentaire. Plusieurs pays ont procede a des restructurations institution­nelles sur la base de modifications et de la creation de nouvelles branches ministerielles cherchant a harmoniser les politiques de differents secteurs. Les approches multisectorielles offrent de nom­breuses opportunites d'intervention dans des sys­temes pour ameliorer la nutrition et le regime ali­mentaire des populations. Elles sont soit directement orientees vers l'amelioration de la production, soit liees a des mecanismes de protection sociale via des programmes d'alimentation et d'assistance lies a la sante, la nutrition et !'education. La production agricole et la productivite restent essentielles a une meilleure nutrition, mais les pro­grammes de recherche et de developpement doivent Biblio!l.@j!hie Bianchi E., Pineiro M. & Uzquiza L. (2009), « Respuestas de polftica en America Latina al incremento en los precios internacionales de los alimentos y el escenario post-crisis », working paper n ° 119. Cepal, FAO, Ilea (2013 ), Perspectivas de la agricultura y de! desarrollo rural en las Americas: una mirada hacia America Latina y el Caribe, 2014. FAO, World Food Summit (1996), World Food Summit Plan of Action, www.fao.org/ wfs/index_en.htm. FAO (2009), Fome Zero (Programa Hambre Cero), La experiencia brasilefza. FAO-RLC (2012), Caracterfsticas y evoluci6n de la pobreza, la desigualdad y las politicas publicas en zonas rurales de America Latina en « Pobreza Rural y Politicas publicas ».A paraitre FAO (2012), Panorama de la Seguridad Alimentaria y Nutricional en America Latina y el Caribe. FAO (2012), Situaci6n de la Seguridad Alimentaria y Nutricional en America Latina y el Caribe, VI Reunion del Grupo de Trabajo de la Iniciativa America Latina y Caribe Sin Hambre 2025, Georgetown, Guyana, 12-14 juillet. 59 z 0 ;:: ~ :::> z ;;;}_ :::;; :'.5 ">z'- 8 "' >>---­3 :::;;' ~ :'.5 w 0 (:§ 0 ;;2 ~ :i..,w Cl.I~ 'iii "0" '"C Cl.I
  • 14. 60 FAQ (2013), The State of Food and Agriculture, food systems for better nutrition. Fontagro (2013), Innovadones de impacto: lecciones de la agricultura familiar en America Latina y el Caribe, IICA, BID. XVIII. Martinez R. & Fernandez A. (2009), El costo def hambre: impacto social y econ6mico de la desnutrici6n infantil en el Estado Plurinacional de Bolivia, Ecuador, Paraguay y Pera, Cepal et PMA. Qxfam (2013), Behind de Brands. Panel Independiente sobre la Agricultura para el Desarrollo de America Latina (Piadal) (2013), Agricultura y desarrollo en America Latina: gobernanza y polfticas publicas, Teseo. Piiieiro M., Bianchi E., Pifieiro V. & Trucco M. (2009), Respuestas de po lftica en America Latina al incremento en las precios internacionales de las alimentos y el escenario post-crisis. Segunda Parte, working paper, n°120, LA1N/CINDES. World Bank, Nutrition activities in Latin America, www. worldbank.org/ lacnutrition. etre davantage orientes vers les questions de qualite nutritionnelle des aliments et de durabilite des sys­temes de production. Les interventions dans ce do­maine seront plus efficaces si elles prennent en compte le role du genre et sont combinees a !'education nutri­tionnelle. La croissance de la production d'aliments dependra en grande partie de !'innovation techno­logique, qui demeure pour !'instant, comme nous l'avons vu, tres faible dans Ia majorite des pays d'Ame­rique latine. Davantage d'investissements sont neces­saires dans !'agriculture, non seulement en matiere de recherche agricole, mais aussi pour mettre en place de nouvelles structures institutionnelles, innovantes, en lien avec des activites de recherche et de developpe­ment; en promouvant aussi une participation du sec­teur prive plus active surtout dans le developpement de chaines de production qui procurent des opportu­nites economiques pour les populations rurales. Pour terminer et en suivant les recommanda­tions de la FAQ (2012), le renforcement de !'agricul­ture familiale et les politiques de securite alimen­taire demandent de definir et renforcer les mesures deja mises en place dans differents domaines. Tout d'abord, l'appui a la production ciblant !'agriculture familiale et impliquant un plus grand investissement public et prive. Deuxiemement, la valorisation des marches alimentaires Iocaux ainsi que des produits traditionnels tels que la pomme de terre, le haricot colore des Andes, le quinoa et le petit eievage. Cela permettra d'elargir la base de l'alimentation de Ia po­pulation, d'ameliorer son etat nutritionnel et de gene­rer de nouveaux revenus pour la population rurale. Troisiemement, la promotion de lignes directrices pour une alimentation plus saine a travers des pro­grammes d'education nutritionnelle pour les enfants et les adultes diffuses dans une approche qui tient compte des questions de genre. On ne peut ainsi encourager la croissance de !'agriculture mondiale et ameliorer Ies moyens de sub­sistance dans Ies zones rurales sans un engagement public renouvele pour investir davantage et a bon es­cient dans !'agriculture. • traduit de l'espagnol par Fran<;ois Reman