Weitere Àhnliche Inhalte
Ăhnlich wie Synthese frequence ecoles (20)
Mehr von Jerome Messinguiral (20)
Synthese frequence ecoles
- 1. LES JEUNES ET INTERNET :
DE QUOI AVONS-NOUS PEUR ?
SynthĂšse de lâĂ©tude rĂ©alisĂ©e
par Ălodie KREDENS et Barbara FONTAR,
auprĂšs de 1000 enfants et adolescents.
Un projet mené par Fréquence écoles
www.frequence-ecoles.org
avec le soutien de la Fondation pour lâEnfance
- 2. 2/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 3. ĂditO
Aujourdâhui, mĂ©diatiquement, les jeunes et le web
forment un couple infernal.
à la télé, à la radio, au journal télévisé comme dans
les magazines dâinvestigation, on nous prĂ©sente un
web sombre, propice aux mauvaises rencontres oĂč
les adolescents, jeunes addicts crédules, errent
sans ïŹn. AïŹn de protĂ©ger les jeunes des dangers
du Net, les messages de prĂ©vention sâappuient sur
ces mĂȘmes reprĂ©sentations. ConsĂ©quence : souvent
la prĂ©vention sâadapte mal Ă la rĂ©alitĂ© des risques
auxquels les jeunes sont vraiment confrontés.
Loin de ces reprĂ©sentations, lâenquĂȘte menĂ©e
auprĂšs de 1000 enfants et adolescents par Elodie
Kredens et Barbara Fontar vient apporter un nouvel
Ă©clairage sur ces pratiques dâInternet.
La mĂ©thode ? Sâattaquer aux idĂ©es reçues en
se nourrissant dâentretiens individuels pour se
dĂ©tacher de lâinïŹuence des amis, des camarades,
de lâeffet de groupe. Se rendre au domicile des Ce travail de recherche permet de redĂ©ïŹnir
enfants et des adolescents aïŹn de dĂ©couvrir aujourdâhui les enjeux dâun encadrement Ă©ducatif
leurs modes de navigation, leurs « favoris », leurs adapté. Car oui, face aux images violentes ou
« historiques » et discuter avec leurs parents. pornographiques rencontrées sur le Net, les jeunes
se sentent démunis. Plus encore, ils formulent un
manque de sécurité sur le web ; une appréhension
des virus, du piratage et disent ĂȘtre rĂ©guliĂšrement
confrontés à ces attaques.
Pour FrĂ©quence Ă©coles, le dĂ©ïŹ est de taille. Il
faut lutter contre ce qui entrave la pratique des
enfants et des adolescents. Il faut réconcilier
les générations dans leur usage de ces nouvelles
technologies. Il faut parfois considérer que
ces jeunes, tout « digital natives » quâils sont,
manquent de technicitĂ© et de comprĂ©hension face Ă
lâincroyable potentiel du web.
Internet mĂ©rite de la compĂ©tence et câest ce Ă quoi
doit contribuer aujourdâhui lâĂ©ducation au multimĂ©dia.
Vous trouverez, dans cette synthĂšse, nous lâespĂ©rons,
des rĂ©ponses aux questions que vous vous ĂȘtes peut-
ĂȘtre posĂ©es. Le rapport complet est Ă votre disposition
sur le site Internet de lâassociation dâĂ©ducation aux
médias Fréquence écoles, rubrique RECHERCHE.
Dorie Bruyas / Pauline Reboul
Co-directrices de Fréquence écoles
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 3/16
- 4. COnteXte la Fin de la tĂlĂVisiOn ?
Retenons que quelle que soit la date dâarrivĂ©e
dâInternet au domicile, il concurrence la tĂ©lĂ©vision
de façon diffĂ©rente selon lâĂąge : les plus jeunes
privilégient la télévision et les lycéens Internet ;
entre les deux se trouvent les collégiens qui
consomment autant lâun que lâautre.
Pour autant la tĂ©lĂ©vision nâa pas dit son dernier mot :
elle est citée par 63% des enfants et des adolescents
internet : une rĂVOlutiOn ? comme lâun des moyens dâinformation principaux
en matiĂšre de sensibilisation aux risques liĂ©s Ă
Internet ne révolutionne pas les activités Internet. Plus encore, la télévision forge une partie
privilégiées des jeunes : les enfants jouent, les des représentations que les parents ont du Net et
adolescents écoutent de la musique, passent plus particuliÚrement leurs inquiétudes concernant
beaucoup de leur temps libre en compagnie de les potentiels dangers. La mauvaise rencontre les
leurs copains et copines, etc. Il permet, Ă lâinstar prĂ©occupe en prioritĂ©, rejoignant en ce sens les
dâautres supports, de les assouvir, certainement messages de prĂ©vention des risques sur Internet
plus aisément. En effet, sur le Net, 9 jeunes sur diffusés à la télévision ou les faits divers relatés.
10 regardent des clips, des ïŹlms et Ă©coutent de la
musique. 8 jeunes sur 10 jouent en ligne. 3 jeunes
sur 4 lâutilisent pour discuter et maintenir le lien
avec leurs amis⊠Internet permet facilement aux
jeunes dâassouvir leurs passions mais ne vient pas
les crĂ©er. Ainsi, la recherche est lâune des activitĂ©s
les plus pratiquées.
ĂQuipeMent en inFOrMatiQue Ă la MaisOn
4/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 5. les aCtiVitĂs prĂFĂrĂes des jeunes
sur le WeB.
- N°1 : Regarder des vidéos (91,1%)
- N°2 : Ecouter de la musique (90,8%)
- N°3 : Jouer (82,3%)
- N°4 : Faire des recherches pour soi (78,1%)
- N°5 : Discuter (74,9%)
- N°6 : Faire des recherches pour lâĂ©cole (74,4%)
une tOile restreinte Qui sâĂlargit aVeC lâĂge
⹠Les enfants pratiquent principalement 4 activités :
les jeux, lâĂ©coute de musique, le visionnage de
vidéos et les recherches personnelles.
⹠Les collégiens pratiquent principalement 9 activités :
LâĂ©coute de musique, le visionnage de vidĂ©os,
les jeux, les discussions en ligne, les recherches
scolaires, les recherches personnelles, les mails, la
consultation de blogs de tiers, le téléchargement.
⹠Les lycéens pratiquent principalement 11 activités :
LâĂ©coute de musique, les discussions en ligne, le
visionnage de vidéos, les recherches personnelles,
les recherches scolaires, les mails, la consultation
dâactualitĂ©s, le tĂ©lĂ©chargement, la consultation de
blogs de tiers, les jeux et les achats.
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 5/16
- 6. COnteXte internet : un espaCe de liBertĂ ?
MĂȘme si les trois sites prĂ©fĂ©rĂ©s des jeunes sont
Facebook, Youtube et MSN, 340 sites apparaissent
dans la liste des préférés.
Aux marges dâune culture commune, les jeunes
ne jouent pas tous aux mĂȘmes jeux, ni ne vont
sur les mĂȘmes sites de musique ; ils ne vont
pas surfer sur les mĂȘmes boutiques en ligne ; ils
aiment le sport mais pas les mĂȘmes sports, etc.
Internet permet Ă la fois dâĂȘtre comme les autres
mais Ă©galement dâĂȘtre un individu Ă part entiĂšre.
En dâautres termes, grĂące Ă Internet, les jeunes
peuvent concilier lâexigence du groupe et leur
exigence personnelle. Assia (15 ans) raconte ainsi
quâelle possĂšde deux blogs. Lâun est « ofïŹciel » et
correspond en tous points aux canons du groupe,
lâautre est « ofïŹcieux » et lui permet dâassouvir sa
passion « inavouable » pour lâAsie sous couvert dâun
pseudo inconnu de ses amis.
des «digital natiVes» COMpĂtents ?
72,8% des jeunes interrogés ne savent pas dater
lâarrivĂ©e dâInternet dans leur foyer ou considĂšrent que
cette technologie a toujours été présente chez eux.
Pour autant, les jeunes ne sont pas nés avec
une souris Ă la main. Ă ce sujet, il ne faut pas
systématiquement avoir une image de parents
complĂštement dĂ©passĂ©s. Par exemple, câest le pĂšre
de Mélissa, 13 ans, qui lui a montré comment
se servir de MSN. Outre les parents, les frĂšres et
sĆurs jouent massivement le rĂŽle de professeurs ou
des jeunes liVrĂs Ă euX-MĂMes ?
conseillers. Câest vrai en ce qui concerne les lycĂ©ens. PrĂšs de la
Finalement, les jeunes ont surtout tendance Ă faire moitiĂ© dâentre eux surfent seuls dans leur chambre,
ce que font leurs amis : ils sâimitent, se conseillent, aspirant Ă la tranquillitĂ© et 3 lycĂ©ens sur 10 sont
fonctionnent par le bouche-à -oreille ou encore avec encadrés dans leur utilisation du Net.
les rumeurs. La sphĂšre amicale constitue sans En revanche, les enfants et les adolescents sont,
aucun doute le premier moyen de dĂ©couvrir des jusquâau lycĂ©e, bien encadrĂ©s dans leur pratique
nouveautés sur le web. du web : 9 élÚves du primaire sur 10 ont des rÚgles
Les jeunes semblent bien maßtriser leur navigation. à suivre et 7 collégiens sur 10. Ils se connectent
MĂȘme sâil ressort lors des entretiens que les majoritairement dans une piĂšce peu tranquille de la
connaissances dâInternet sur le plan technique maison, comme le salon.
ne sont pas toujours solides. Beaucoup se disent EnïŹn, tous Ăąges confondus, sâils sont le plus
victimes de virus et de piratage or savent-ils souvent seuls devant leur Ă©cran, les jeunes aiment
réellement de quoi il retourne ? Bugs, pannes toutefois partager des moments avec leur entourage
techniques ou spams peuvent se cacher derriĂšre sur Internet. Dâabord avec leurs amis (81,1%),
ces termes. Sâils maĂźtrisent lâarchitecture globale puis avec leurs frĂšres et sĆurs (67,2%). Viennent
dâInternet, ils sont loin dâapprĂ©hender sa structure ensuite les mĂšres (45,8%) et les pĂšres (34,4%).
de fond ainsi que ses principes de fonctionnement Lorsque les parents les accompagnent, on observe
et dâorganisation. plutĂŽt une symĂ©trie des sexes : mĂšres et ïŹlles dâun
cĂŽtĂ©, pĂšres et ïŹls de lâautre.
En général, est-ce que tu es seul quand tu vas
sur Internet ?
6/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 7. eVelYne BeVOrt
directrice déléguée du Clémi, Centre de liaison de
lâenseignement et des MĂ©dias dâinformation.
Quelles sont les Ă©volutions que vous pouvez
observer entre ces résultats et les précédentes
Ă©tudes que vous avez conduites ?
La récente étude menée par Fréquence écoles livre des
informations sur le comportement des jeunes Français
(enfants et adolescents) sur Internet en 2009.
On les rapprochera des résultats de deux précédentes
enquĂȘtes comme « Internet et les jeunes » (2000)
et « Mediappro » (2006). Les champs dâexploration
sont un peu différents. Fréquence écoles explore les
comportements dĂšs 8 ans alors que les deux autres
Ă©tudes ne commençaient quâĂ 12 ans. FrĂ©quence Ă©coles
a interrogé les jeunes vivant en RhÎne-Alpes quand
Mediappro travaillait sur neuf pays européens différents.
On est dâabord frappĂ© par le contraste entre les
Ă©volutions trĂšs rapides des Ă©quipements Ă la
maison qui sâaccompagnent de plus de temps de Ă travers les sites prĂ©fĂ©rĂ©s des jeunes, on voit
connexion, dâusages logiquement plus diversiïŹĂ©s et bien que la communication entre pairs continue
la persistance massive de certaines représentations : largement à dominer en épousant des offres plus
« Internet comme ouverture sur le monde », récentes comme Facebook ou Youtube avec un
« Internet comme bibliothĂšque ou encyclopĂ©die ». ïŹĂ©chissement de MSN et des blogs.
Ces termes ïŹguraient dĂ©jĂ mot pour mot, il y a 10
ans. Lâimaginaire nâa pas beaucoup bougĂ© si ce nâest MĂȘme leurs activitĂ©s de producteurs de contenus
la dimension de grand supermarché qui a gagné un vidéos devenues plus présentes semblent dominées
terrain important. E-commerce et jeux ont progressé par la communication, le plus souvent pour se
chez ces jeunes montrer Ă ses pairs ou partager des images avec eux.
La coupure trÚs forte entre Internet à la maison et à Un éclairage intéressant vient des relations parents
lâĂ©cole, ïŹagrante en 2006, est conïŹrmĂ©e avec des - enfants autour dâInternet. Il avait Ă©tĂ© constatĂ© en
nuances dans le primaire. On perçoit bien le fossĂ© 2006 quâen France, la relation Ă©tait plutĂŽt bonne
des usages et peut-ĂȘtre aussi un dĂ©sir de ne pas et que les deux gĂ©nĂ©rations Ă©changeaient Ă ce
voir lâĂ©cole sâemparer de ce qui est devenu de plus sujet. La nouvelle Ă©tude semble montrer quâelle
en plus un support relationnel. se renforcerait, en particulier pour les plus jeunes,
avec un vrai rĂŽle de formateur des parents.
EnïŹn, les mauvaises expĂ©riences liĂ©es Ă Internet
semblent plus nombreuses aujourdâhui. Il faut sans
doute lâimputer Ă lâexpansion des usages et surtout
des usagers (et de tous Ăąges !). Cependant, les
auteurs conïŹrment les remarques nombreuses sur
le sentiment dâĂ©xagĂ©ration ressenti par les jeunes
dans ce domaine.
Internet sâest imposĂ© au quotidien et les jeunes
ont de plus en plus de mal Ă sâen passer pour leurs
propres usages. Reste à leur en proposer désormais
une maĂźtrise plus ïŹne.
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 7/16
- 8. attitudes des aVenturiers du WeB ?
Pas vraiment. Plus de 8 jeunes sur 10 savent oĂč
ils veulent aller sur le Net, mĂȘme si 1 jeune sur
10 se rend sur des sites au hasard. Finalement,
les « aventuriers de la toile » sont extrĂȘmement
rares comparés aux « voyageurs organisés » et les
plus jeunes sont ceux qui errent le plus en ligne.
Plus de la moitié des jeunes balise ses sentiers en
allant toujours sur les mĂȘmes sites et en crĂ©ant
des « favoris », sâinstallant dans des rituels et des
habitudes. PrĂšs de 30% des jeunes surfent selon
un ordre déterminé.
des enFants et des adOs sCOtCHĂs Ă lâĂCran ?
Sâil existe des jeunes littĂ©ralement « scotchĂ©s » Ă Internet, ils sont plutĂŽt rares. Les consommateurs frĂ©nĂ©tiques
du web reprĂ©sentent au ïŹnal 4,3% de lâĂ©chantillon total, parmi lesquels on rencontre plus de garçons. Pourtant,
en cas de privation, prĂšs de 9 jeunes sur 10 estiment quâils Ă©prouveraient un manque et plus de la moitiĂ© le
ressentiraient de maniĂšre importante.
ParallĂšlement les usagers occasionnels sont tout Ă fait minoritaires. Sur lâensemble de lâĂ©chantillon, prĂšs de
90% des jeunes vont sur Internet au moins une fois par semaine. La moitiĂ© dâentre eux environ se connecte tous
les jours ou presque. Les lycéens et les jeunes urbains utilisent plus que les autres Internet. 2/3 des lycéens
surfent quotidiennement sur la toile et leur temps passĂ© devant lâĂ©cran est le plus Ă©levĂ©. Un temps qui excĂšde
rarement 2 heures.
En général, combien de temps restes-tu sur
Internet par jour ?
Jamais De temps en temps Souvent
Moins dâ1 heure 14.9% 43.9% 35.4%
Entre 1 et 2 heures 12.9% 37.8% 45.3%
Entre 2 et 4 heures 38.5% 34.1% 21%
Entre 4 et 8 heures 69.8% 15.9% 7.6%
Plus de 8 heures 83.7% 7.2% 4.3%
8/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 9. des jeunes FasCinĂs ?
Pas autant quâon lâimagine ! En effet, lâĂ©tude
montre que plus de 2 lycéens sur 3 se montrent
critiques vis-à -vis des informations trouvées sur
Internet. La vision enchantĂ©e dâInternet est ainsi
réguliÚrement empreinte de nuances ; de nombreux
jeunes mentionnant les mauvaises rencontres, les
virus, la violence ou encore la pornographie.
Cela Ă©tant, cette attitude critique se forge avec
lâĂąge et lâexpĂ©rience. Les plus jeunes sont les
moins mĂ©ïŹants, mais ils sont aussi plus encadrĂ©s
et les plus petits consommateurs.
Toutes les informations que lâon
trouve sur Internet sont vraies
Je suis plutĂŽt Je ne suis plutĂŽt
dâaccord pas dâaccord
Primaires 35.4% 43.9%
Collégiens 7.8% 83.3%
les jeunes : des internautes Lycéens 0.6% 97.9%
insOuCiants ?
Seuls 3,5% des jeunes interrogĂ©s afïŹrment quâil
nây a pas de dangers sur Internet et il sâagit lĂ
surtout des plus jeunes. Plus ils grandissent et
plus ils formulent les risques du web : pour prĂšs
de 45% dâentre eux vient en premier la mauvaise
rencontre puis les virus, bugs et spams ou ce quâils
considĂšrent ĂȘtre du piratage pour prĂšs de 34%.
EnïŹn, viennent les contenus violents ou rĂ©servĂ©s
aux adultes pour 15% et les escroqueries et les
problĂšmes en lien avec lâargent pour 11%.
Les jeunes ne sont pas réfractaires aux discours de
prĂ©vention puisque 85,7% dâentre eux considĂšrent des inFOrMatiOns persOnnelles en
quâil est important dâavertir les jeunes des risques
quâils courent sur le Net.
CirCulatiOn ?
Si les discours de prévention apparaissent bien Environ 4 jeunes sur 5 ont laissé des informations
intégrés, la question demeure toutefois sur personnelles sur Internet.
lâacquisition de compĂ©tences. Que penser de
Tous Ăąges confondus, les indications les plus
Laurine, 13 ans, prenant soin de ne pas indiquer
fréquemment communiquées par les jeunes sont
son domicile dans les paramĂštres dâidentiïŹcation de
leur adresse mail (56,6%), leur date de naissance
son blog mais qui, Ă lâoccasion dâun quizz quâelle
(53,8%), des photos dâeux (52,1%), des prĂ©cisions
lance pour savoir si ses amis la connaissent bien,
sur leurs goûts et leurs loisirs (50%), leur nom de
leur demande « oĂč est-ce que jâhabite » ?
famille (46,3%).
On ne risque rien sur Internet Ce chiffre est toutefois Ă relativiser et Ă ne pas
Je suis plutĂŽt Je ne suis plutĂŽt attribuer Ă de lâimprudence pure, puisquâil est
dâaccord pas dâaccord impossible, par exemple, de crĂ©er un compte
Primaires 17.9% 71.1% Facebook sans laisser son nom, commander sur
un site sans laisser son adresse de livraison ou un
Collégiens 6% 82.8% numéro de téléphone en cas de problÚme, etc.
Lycéens 2.1% 95.7%
Par ailleurs, la problématique de la communication
des donnĂ©es personnelles nâest pas Ă concidĂ©rer en
soit comme un danger, mais devrait surtout se poser
concernant le marketing et lâusage que peuvent en
faire tels ou tels sites (par exemple une publicité
mieux ciblĂ©e Ă lâendroit des jeunes).
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 9/16
- 10. MYriaM QueMener
Magistrate, auteur de « CybercriminalitĂ© : dĂ©ïŹ
mondial », mars 2009, édition economica
Que penser des images violentes qui circulent sur
Internet ?
Internet permet aux jeunes dâaccĂ©der facilement, et
parfois involontairement, Ă des sites potentiellement
traumatisants. En 2006, on comptabilisait dĂ©jĂ
4,2 millions de sites pornographiques, générant
un chiffre dâaffaires de 2,5 milliards de dollars.
Certains sites sont Ă©galement dĂ©diĂ©s Ă lâextrĂȘme
violence. Une étude menée sur de jeunes
internautes en SuĂšde, en NorvĂšge, au Danemark, en
Islande et en Irlande montre que 26 Ă 35 % des 9
Ă 16 ans ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© accidentellement exposĂ©s Ă
des contenus violents ou particuliĂšrement violents
et que 24 Ă 36 % dâentre eux ont eu accĂšs Ă des YVes-arMel Martin
contenus de nature sexuelle ou pornographique. directeur du centre Multimédia erasme, en charge
La protection des mineurs contre les risques de de lâent laclasse.com
lâInternet est ainsi lâune des actions prioritaires
des services de lâĂtat mĂȘme si lâon peut encore Que pensez vous du ressenti des adolescents
constater que quatre vingt-cinq pays sont encore sondĂ©s sur lâutilisation dâInternet Ă lâĂ©cole ?
dĂ©pourvus de lĂ©gislation spĂ©ciïŹque. LâĂ©cole est pour lâĂ©lĂšve sa premiĂšre expĂ©rience
La cybercriminalitĂ©, quâest-ce que câest ? de lâespace public : câest un lieu oĂč il doit
Selon la Commission européenne, le terme collaborer et communiquer avec des tiers qui
« cybercriminalitĂ© » englobe trois catĂ©gories ne sont pas forcĂ©ment ses proches et quâil nâa
dâactivitĂ©s criminelles, Ă savoir les infractions pas choisis. Câest donc un trĂšs bon endroit pour
visant les systĂšmes dâinformation et les systĂšmes construire une expĂ©rience du numĂ©rique et la
de traitement automatisé de données (STAD) confronter aux autres. En effet, ce milieu reste
comme le dĂ©ni de service et le piratage, les formes protĂ©gĂ© et les risques dâInternet portent moins Ă
traditionnelles de criminalité, telles que la fraude conséquences dans le cadre scolaire : ils peuvent
en ligne et les escroqueries et enïŹn les infractions ĂȘtre remis en perspectives par un enseignant et
dites de contenu comme la pédophilie via Internet devenir constructifs. Par exemple, il vaudra mieux
le racisme et la xĂ©nophobie. expĂ©rimenter une usurpation dâidentitĂ© en classe
que dans la vie professionnelle plus tard.
Comment lâutilisation des nouvelles technologies Ă
lâĂ©cole peut-elle jouer un rĂŽle de prĂ©vention ?
Lâadolescent a une connaissance intuitive du
numérique, mais cette approche naturelle ne facilite
pas le questionnement et peut ĂȘtre trĂšs normative.
Par défaut, il se comportera comme ses amis ou
suivant les inïŹuences, notamment publicitaires et
médiatiques, auquel il est exposé. En étant obligé
dâutiliser «professionnellement» les technologies
Ă lâĂ©cole, lâĂ©lĂšve va ĂȘtre confrontĂ© Ă des usages
contraints qui imposent dâutiliser diffĂ©remment les
technologies. Il ne pourra sâexprimer de la mĂȘme
maniĂšre quâĂ titre privĂ©, il sera obligĂ© de faire appel
à des outils de création et de production au lieu
de sâen tenir Ă la consultation et la conversation.
Il en tirera une diversiïŹcation de sa perception de
lâunivers numĂ©rique et en aura une approche plus
mature, enrichie dâun certain recul.
DĂšs lors, lâadolescent sera moins vulnĂ©rable et moins
candide quand il sera exposé individuellement à Internet.
10/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 12. aCtiVitĂs des adOs sureXpOsĂs ?
Loin dâĂȘtre un journal intime, le blog est surtout
un outil de sociabilité et seuls 22,5% des jeunes
consacrent véritablement du temps à leur propre
blog. Cette pratique est privilégiée par les collégiens
et par les ïŹlles qui sont plus assidues dans sa
mise à jour. Passé de mode, il est remplacé par
Facebook. Notons que 9 lycéens sur 10 ont un
compte Facebook.
Sorte de baromÚtre de popularité, ces réseaux
sociaux sont régis par la tyrannie du commentaire
pour le blog ou du nombre dâamis pour Facebook.
Pour alimenter leur blog ou leur compte Facebook,
les jeunes publient parfois des vidéos dans lesquels
ils apparaissent. Un jeune sur cinq a posté une
vidéo de lui sur Internet. Les collégiens apparaissent
comme les plus rĂ©ticents Ă se montrer Ă lâĂ©cran :
11,2% contre 27,1% des Ă©lĂšves de primaire, et
24,8% des lycéens. Ces « délires », comme ils les
qualiïŹent eux-mĂȘmes, sont souvent des performances
internet : les liaisOns musicales (chant ou prestation dâinstruments de
dangereuses ? musique) et sont plus le fait des garçons (prÚs de
25%) que les ïŹlles (moins de 20%).
Les relations que les jeunes entretiennent sur la
toile sont souvent déconsidérées par les adultes, qui Je ne vais jamais Je vais souvent
les trouvent virtuelles ou périlleuses ! sur mon blog. sur mon blog.
Primaires 43 % 19,1%
Si elles ne sont pas physiques, elles nâen
demeurent pas moins rĂ©elles. Câest bien avec CollĂ©giens 47,7 % 29 %
dâautres jeunes quâils tchatent et quâils sont en LycĂ©ens 55,2 % 18,7 %
contact sur Facebook ou les blogs, le plus souvent
dâailleurs, avec leurs copains du collĂšge ou du
lycĂ©e. PrĂ©cisons Ă cet Ă©gard quâInternet est un outil
de communication comme un autre : il permet de
se dire quâon sâaime mais aussi quâon se dĂ©teste.
En cela, les relations que les jeunes mettent en
place via Internet sont une reproduction de celles
quâils nouent hors Internet.
Reste la question des inconnus et des mauvaises
rencontres. DerriĂšre chaque inconnu sur Internet
ne se cache pas un ou une pervers(e). Lâinconnu
est aussi celui qui répond à des questions sur un
forum, qui laisse des commentaires sur un blog,
qui devient un partenaire de jeu le temps dâune
partie et qui sâen retourne sans que des liens se
soient créés pour autant.
LâenquĂȘte montre que la plupart des inconnus
rencontrés sur le Net le restent. Si 1 jeune sur 3 a
déjà noué des relations sur Internet, ces derniÚres
restent éphémÚres et peu approfondies. Quand
des relations se forgent, elles débouchent trÚs
exceptionnellement sur des appels téléphoniques
ou sur une rencontre. Quoiquâil en soit plus de deux
jeunes sur trois sâabstiennent de nouer des contacts
avec des inconnus.
12/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 13. des adOs aCCrOs auX jeuX ?
Le jeu est lâune des activitĂ©s de prĂ©dilection des
jeunes sur Internet. Ils sont 82,3% Ă sây adonner, et
42% jouent souvent.
Les plus joueurs sont les plus jeunes ! 64% des
primaires jouent souvent, le jeu étant leur activité
principale et préférée sur Internet. Plus on grandit,
moins on joue. 32% des lycéens ne jouent jamais
contre 7% chez les plus jeunes.
Les jeux en rĂ©seau sont loin dâĂȘtre leurs jeux favoris,
les mini-jeux et les jeux ïŹash leur Ă©tant largement
préférés. Finalement, les jeunes jouent plutÎt en solo,
Ă des jeux courts, sans suite et dĂ©clinables Ă lâinïŹni :
action, adresse, casino, combat, rĂ©ïŹexion, simulation,
stratégie, tir, voiture, etc.
Parmi les sites les plus cités : jeux.fr, jeux-de-
ïŹlles.com. Les jeux sont loin dâĂȘtre une pratique
masculine et les ïŹlles, un peu moins nombreuses et
moins assidues que les garçons, sont tout de mĂȘme
prÚs de 80 % à déclarer aimer jouer en ligne à des les adOs, des pirates ?
jeux créés pour elles. Les jeux sont en effet trÚs
sexuĂ©s dans leur conception. Ăcouter de la musique et regarder des vidĂ©os sur
Internet sont les deux activités favorites des jeunes
(pour 90 % dâentre eux) quâils pratiquent Ă la fois
légalement et illégalement.
Pourtant, environ 62% des jeunes savent
pertinemment quâil est interdit de tĂ©lĂ©charger en
dehors des plateformes autorisées. Une conscience
accrue avec lâĂąge des jeunes interrogĂ©s : 83%
des lycéens, 70% des collégiens contre 30% des
primaires. ParallÚlement, plus les années passent
et plus le nombre de téléchargeurs augmente,
surtout du cÎté des garçons. Au total 64,2% des
jeunes téléchargent.
Cependant, le streaming est plus répandu que le
tĂ©lĂ©chargement. Les jeunes ont lâesprit pratique :
pas besoin dâattendre (la consommation est presque
instantanĂ©e), ni de stocker des ïŹchiers lourds sur
lâordinateur. Quand ils tĂ©lĂ©chargent, câest surtout de
la musique, parce que câest adaptĂ© Ă une utilisation
pour les lecteurs MP3.
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 13/16
- 14. serge tisserOn,
psychiatre, psychanalyste et directeur de
recherches Ă lâuniversitĂ© paris X
Faut-il avoir peur des identités virtuelles sur le Net ?
Pour les jeunes, il est habituel dâavoir plusieurs
blogs et plusieurs personnages dans les jeux vidéo.
Ils sont donc plutÎt mieux préparés que les adultes
à gérer les identités virtuelles multiples. Le danger
est quâils rencontrent dans la rĂ©alitĂ©, sans aucune
précaution, des inconnus croisés sur le Net. Pour
lâĂ©viter, il faut leur expliquer, dĂšs quâils vont sur
Internet, que ce désir est tout à fait normal, mais
que câest dangereux, et que sâils en ont envie,
ils doivent en parler Ă un adulte qui les aidera.
Sinon, ils feront ces rencontres en cachette, avec
de grands risques. Avec Internet, on ne peut plus
vouloir que les jeunes ne courent aucun risque, il
faut au contraire les préparer à les courir tous avec
le maximum de précautions.
Quel effet la violence des contenus des jeux ou des Quelle conscience les jeunes ont-ils des notions
vidĂ©os accessibles sur Internet peut-il avoir sur les dâintimitĂ© et dâexposition sur Internet ?
jeunes consommateurs ? Pratiquement aucune, et câest bien comprĂ©hensible
Les contenus violents accessibles sur Internet ne car nous vivons dans une culture oĂč ces repĂšres
sont quâun cas particulier du paysage audiovisuel sont partout brouillĂ©s. En plus, les adultes nâont pas
ultra violent auquel sont confrontĂ©s les enfants, encore pris la mesure du fait que tout ce quâon met
notamment Ă travers les actualitĂ©s tĂ©lĂ©visĂ©es et sur Internet peut tomber dans le domaine publicâŠ
les couvertures des journaux. Mais il nây a jamais et y rester Ă©ternellement. Si les jeunes sont plus
seulement les images et lâenfant, il y a aussi ses menacĂ©s que les autres, câest uniquement parce
parents, sa famille, ses camarades, et la culture quâils sont plus en recherche « dâextimitĂ© », câest Ă
dans laquelle il grandit. Mais la situation sera dire plus tentés de mettre sur la toile des facettes
aussi plus facile Ă gĂ©rer pour lui sâil est prĂ©venu de leur intimitĂ© pour les faire valider par leurs divers
quâavec le numĂ©rique, les images sont devenues interlocuteurs. Avec le risque dâune surenchĂšre pour
indécidables : on ne sait jamais la part de réalité et se faire remarquer, sur le modÚle du systÚme Google
de ïŹction quâelles contiennent, et câest vrai aussi qui valorise ce qui est le plus consultĂ©. Câest la
pour les images pornographiques. « googlelisation » de lâestime de soi.
Quelle dĂ©ïŹnition pour la cyberdĂ©pendance ?
Elle se dĂ©ïŹnit comme la perte de la possibilitĂ©
de contrĂŽler son dĂ©sir dâĂ©cran chez un adulte.
Mais cette dĂ©ïŹnition nâest pas valable pour des
adolescents chez lesquels le systĂšme de contrĂŽle
des impulsions nâest pas encore installĂ©. Le jeu
excessif Ă lâadolescence constitue le plus souvent
le nouvel habit de la crise propre Ă cet Ăąge et
cesse avec elle. Le joueur privilégie les relations
virtuelles dont les repĂšres sont plus satisfaisants
pour lui. Le passage au jeu pathologique se produit
quand il abandonne les interactions complexes et
se cantonne Ă la rĂ©pĂ©tition stĂ©rĂ©otypĂ©e des mĂȘmes
tĂąches. Cette situation heureusement exceptionnelle
est liée à la consommation de substances toxiques
ou Ă une souffrance psychique grave qui constituent
alors les problĂšmes Ă prendre en compte.
14/16 Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010
- 15. les CHiFFres pHares
âą 1% des jeunes nâa jamais naviguĂ© sur le web.
⹠44,5% des jeunes déclarent utiliser Internet quotidiennement.
âą 60% des jeunes surfent Ă lâabri des regards, dans un espace tranquille de la maison.
⹠86 % des lycéens ont un compte Facebook.
⹠75,8 % des jeunes pensent que les informations trouvées sur Internet ne sont
pas toutes ïŹables.
âą PrĂšs de 2 jeunes sur 3 ne discutent pas avec des inconnus.
âą 2 enfants sur 3 en primaire ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© choquĂ©s par ce quâils ont vu sur Internet.
⹠82,5% des collégiens et lycéens ont vécu une expérience négative sur Internet.
Ătude sur les usages dâinternet par les jeunes - 2010 15/16
- 16. en saVOir plus...
Retrouver le rapport complet de cette enquĂȘte sur notre site Internet. Ă tĂ©lĂ©charger sur
www.frequence-ecoles.org rubrique RECHERCHE.
Cette synthĂšse peut, si vous le dĂ©sirez, sâaccompagner dâune confĂ©rence de prĂ©sentation.
Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire par mail
info@frequence-ecoles.org ou par téléphone +33 (0)4 72 98 38 32.
Un appel Ă projets de la Fondation pour lâEnfance est Ă lâorigine de cette enquĂȘte.
La Fondation pour lâEnfance a pour mission de susciter, promouvoir, conseiller, aider les
actions en faveur des enfants en danger et des familles en difïŹcultĂ© et de contribuer Ă
lâapplication de la Convention Internationale des Droits de lâEnfant.
Retrouvez plus dâinformations sur le site web de la fondation : www.fondation-enfance.org
Nous tenons Ă remercier lâensemble des membres du comitĂ© de pilotage :
Evelyne Bevort, Didier Chanal, Yves-Armel Martin, Olivier Peraldi, Myriam Quemener,
Jean-Luc Thierry et Serge Tisseron.
Cette enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec le soutien du MinistĂšre en charge de la Famille, le
laboratoire Elico et le Clémi.
Un projet menĂ© par : Et ïŹnancĂ© par :