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l’année
2015
Frédéric Conchy
(Exosun)
Daniel Harari
(Lectra)
Novateurs, audacieux et
confiants. Découvrez pourquoi
Daniel Harari et Frédéric Conchy
sont les Aquitains
de l’année 2015
Internet
TousnosdossierssurleWeb
Larégion,ledépartement,
lesentreprisesettoutes
lesinformationséconomiques
sontsurwww.sudouest.fr
Palmarès
Classement
Retrouvezlepalmarès
des50premièresentreprises
dudépartement
avecPoueyInternational
Dossier grande région
Infrastructures,savoir-faire,
leaders...
Tourd’horizondesatoutséconomiques
delafuturegranderégion
Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin
Tourisme,
le nouvel
Eldorado
GIRONDE
Lessupplémentsduquotidien
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco2 Publicité
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 3
Supplémentgratuitaujournaldu3décembre
Président-DirecteurGénéral:OlivierGérolami
Directeurgénéraldéléguéetdirecteurdelapublication:
PatrickVenries
Réalisation:Agencededéveloppement
Directriceetrédactriceenchefadjointe:
Marie-LuceRibot
Chefderédaction:XavierSota
Responsabledusecrétariatderédaction:CoralieMorin
IllustrationdeUne:ArchivesThierryDavid
Secrétariatderédaction:SophieLiskawetz
Siègesocial:
Journal« SudOuest »
23,QuaidesQueyries,33094BordeauxCedex
Tél.0535313131
www.sudouest.fr
RégieSud-Ouestpublicité:
Tél.05 35 31 27 06
N°decommissionparitaire:0420C86477
Dossier régional : les
atouts de la grande région
Les contours du nouveau cadre régional.... 4-5
La Rochelle, le port de la future région......... 4-5
Vers la privatisation des aéroports ?.................... 6
Les effets économiques de l’aéroportuaire..... 7
Les retombées de la LGV Tours-Bordeaux....... 8
L’A89, un lien bénéfique................................................. 9
Les grands ports de la région................................. 10
Legrand à l’heure d’internet.................................... 11
La Maif vise l’économie numérique .................. 12
La trajectoire mondiale de DRT............................. 13
Baillardran, une marque territoriale .................. 13
Safran, le plus gros industriel................................. 14
Niort, puissance financière....................................... 16
Maintenance aéronautique .................................... 18
Vin et Cognac, deux univers différents............ 20
La première forêt de France.................................... 21
La bourse avec modération ..................................... 22
Les Aquitains de l’année
Le Prix, mode d’emploi ...................................... 24-25
Le jury...................................................................................... 26
Les deux lauréats : Lectra et Exosun................ 27
Les six nominés : Aquitec/Aliénor Net,
Falières Nutrition, Transports William A2B,
Le Petit Basque, Baillardran et Belco
Courtage........................................................................ 28-29
DossierTourisme,
le nouvel Eldorado
ITV Arino........................................................................ 30-31
L’hôtellerie bordelaise ................................................. 34
Bienvenue à « Accor land »...................................... 35
Le luxe la joue modeste.............................................. 36
Tourisme culinaire, un vecteur de croissance38
Le bal des grands chefs.............................................. 39
Congrès et expos : Bordeaux fait l’affaire40-41
Le tourisme d’affaires s’envole ........................... 42
Chambre avec table étoilée..................................... 43
Le phare viticole bordelais........................................ 44
« Le consommateur n’est plus passif »........... 45
Ils veulent comprendre la vigne.................. 46-47
Les « petits » malins du fleuve............................... 49
Le service aux navires en plein essor.............. 50
Pontons : qui va payer ?.............................................. 52
Les touristes « flottants » rapportent............... 53
Internet court-circuite les agences immo .... 54
Campings, la belle étoile............................................ 55
Un Bassin où l’eau vaut de l’or.............................. 56
Mettre les touristes au vert...................................... 58
L’e-tourisme leur fait pousser des ailes.... 60-61
Palmarès
Tableau : Les 50 premières entreprises en
chiffre d’affaires du département .......... 32
Comment lire les tableaux ? .................. 33
Trois questions à Bertrand
Lacampagne, président du directoire
de Pouey International ............................... 33
Les 50 premières dans l’industrie ...... 48
Les 50 premières dans les services .. 49
Les 50 premières dans l’export .............50
Les 50 premières dans le commerce ..... 54
Les 50 premières dans le BTP ....................... 57
Les 50 premières dans
l’agroalimentaire ................................................ 62
SOMMAIREÉDITORIAL
Élargissement du champ
Il ne s’agira pas que d’une simple addition,
de moyens, de lignes budgétaires inscrites
ou du nombre de salariés des groupes
(Fayat, Safran, Legrand…) travaillant dans
les trois régions Aquitaine, Poitou-Charen-
tes et Limousin. La création de la nouvelle
entité régionale rassemblant ces trois for-
cesobéitàd’autreslogiques,économiques
etterritoriales.Etderrièrelesbeauxdiscours
déjà affûtés sur la plus grande région agri-
coleouforestière,lapremièreoulaseconde
sur les drones, le pôle maintenance aéro-
nautiquerenforcéoulepôleimageAngou-
lême-Bordeaux, se profilent des évolutions
territorialeslourdesquigagneraientàêtre
davantage mises en lumière au cours de la
campagne électorale.
D’abordetavanttout,laprééminencede
lamétropolebordelaise,trônantdésormais
aucentred’unterritoiregrandcommel’Au-
triche.ÀLaRochelleetàAngoulême,ons’en
félicite.ÀPauouPérigueux,ons’inquièteda-
vantage de ces nouvelles hiérarchies terri-
toriales en gestation.
La deuxième ligne de force est le poids
grandissantdesdépartementsdel’intérieur,
vaste zone rurale allant de la Charente à la
Creuse, de la Haute-Vienne au Lot-et-Ga-
ronne et qui n’auront pas d’autres alterna-
tives que de s’unir pour éviter d’être sub-
mergésparledynamismelittoralatlantique
renforcé par le pôle rochelais.
Commeàchaquefoisqu’ils’agitdecons-
truireunnouveaucadre,laquestiondesin-
frastructuresvaenfinseposerdansdenou-
veaux termes. Routes nationales, liaisons
ferroviairesest-ouestetaéroportsvontvite
sehisserenhautdelapiledesdossiersprio-
ritaires.C’estsurcesenjeuxque«SudOuest
éco » tente de vous éclairer dans ce dossier
annuel.
JEAN-BERNARD GILLES
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.COMSudOuestéco4
Dossier
B
iensûr,lenouvelensembleAquitaine,
Poitou-CharentesetLimousindontla
fusion sera scellée le 1er
janvier pro-
chain, sera un poids lourd européen de
l’agriculture et de l’agroalimentaire. Avec
sescoopérativespuissantes,sesindustriels
de l’agroalimentaire de premier plan et sa
forêt, où les feuillus du Limousin et les ré-
sineux des Landes de Gascogne pourront
sans doute nouer de futures alliances, la
nouvelle Aquitaine aura les atouts pour
être dans la course.
Évidemment les renforts corréziens, ro-
chefortais et les usines du groupe Safran,
du département de la Vienne, donneront
un poids supplémentaire à l’industrie aé-
ronautiqueaquitaine,tiréeaunordparles
succès du Rafale, au sud par les développe-
ments de Turboméca et partout, en Lot-et-
Garonne et Landes notamment, par la
montée en puissance des cadences de pro-
duction toulousaines des Airbus A320 et
A350, dont la région est la sous-traitante.
« Nouvelle hiérarchie urbaine »
Mais il faudra aussi lire les enjeux écono-
miques de la grande région avec d’autres
paires de lunettes. «C’est une nouvelle hié-
rarchie urbaine qui s’imposera de fait sur
un territoire très vaste », explique Pierre
Delfaud, universitaire bordelais et spécia-
liste d’économie. Bordeaux dominera le
nouvel ensemble et ne sera pas contesté
avec son aire urbaine de plus d’un million
d’habitants, de Lacanau à Biscarrosse. Au
centre de ce futur territoire grand comme
l’Autriche,elledisposera,commelaFrance
des années 1960, d’agglomérations d’équi-
libre:troisaunord,PoitiersetLimoges,vil-
les universitaires et hospitalières ainsi que
La Rochelle, l’ambitieuse, et deux au sud,
Pauetl’agglomérationlittoralebasque,qui
nemanquerontpasdesebagarrerdemain
pour les financements régionaux. Et de vil-
les d’environ 100 000 habitants, spéciali-
sées comme Niort avec son pôle mutua-
liste,oustructurantespourl’ensembledes
territoiresrurauxqu’ellesfédèrentcomme
Périgueux,Mont-de-MarsanouAngoulême.
D’autres dossiers économiques et d’in-
frastructures vont animer la future assem-
blée régionale qui ne sera pas seulement
tiraillée par les déséquilibres entre les ag-
glomérationslittoralesetlesdépartements
ruraux de l’intérieur. « On s’est beaucoup
battu en Aquitaine pour relier Bordeaux et
Pau, la deuxième agglomération de la ré-
gion. Je vois mal comment on pourrait
faire l’économie de liaisons plus rapides
entre Bordeaux et Limoges », estime Pierre
Delfaud. Il y a fort à parier que les leaders
politiques et les chefs d’entreprise de la
Haute-Vienne, plaident rapidement pour
que la voie ferrée Bordeaux-Périgueux-Li-
moges d’une part et la liaison routière An-
goulême-Limoges (la fameuse Route Cen-
tre Europe Atlantique jamais bouclée)
d’autre part, soient lancées. Chaque terri-
Limoges, Niort, Bordeaux, La Rochelle, seront par
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les poids économiques de Limoges,
Niort et La Rochelle redistribuent les cartes territoriales de la grande région
Changement
de cadre
LaRochelleadosséeàl’Aquitainedanslagrande
région,cela ne vous pose pas de problème ?
Cela nous va très bien. Nous avons des filiè-
reséconomiquesfortesmaispasdecapitale
régionale qui nous apporte ce que nous
n’avons pas sur place. Nous vivions en Poi-
tou-Charentesdansunterritoired’équilibre
avecdesvillesdetaillessemblables.Nousau-
ronsdemainunevraiecapitalerégionalequi
nousapporterauneattractivitéutileànotre
développement.
Quelleprééminenceaccordez-vousàlamétro-
pole bordelaise ?
C’estlefruitdenotrehistoire.L’organisation
politique suit notre organisation économi-
queaufinal.Lessiègesdesgrandesbanques
denotreterritoiresontdéjààBordeaux,que
cela soit la Banque Populaire, la Caisse
d’Épargne, le CIC Sud-Ouest ou les déléga-
tionsSud-Ouestdesbanquesnationales,hor-
misleCréditAgricolequivas’installerchez
nous pour ce qui est de notre Caisse régio-
nale. Elles irriguent tout le territoire. Les
groupesnationauxoulesgrandesentrepri-
sespubliquesontleurreprésentationGrand
Sud-OuestàBordeaux.C’estlecasdelaSNCF
par exemple. Ce regroupement est aussi le
sens de notre histoire. La Rochelle est née
d’Aliénor d’Aquitaine. On est, enfin, mieux
reliéàBordeauxqu’àNantesentermesd’in-
frastructures.
Voussouhaitezuneplusgranderéactivitérégio-
naledanslenouvelensemble.Necraignez-vous
pas l’émergence d’un nouveau « grand ma-
chin » administratif ?
Cela ne m’angoisse pas du tout. La réactivi-
té est une question d’hommes avant tout.
Lesgrandesrégionsallemandessontréacti-
ves et elles sont plus grosses que les nôtres.
Ilfautsurtoutquelagranderégionsoitbien
gérée.Avecungrandsensderesponsabilité
des territoires. Nous devons structurer no-
tre message territorial. Si, les uns après les
autres, le maire de La Rochelle, celui de Ro-
chefort,lesgensd’Aunisetdel’ÎledeRé,vont
à Bordeaux pour porter leurs dossiers res-
pectifs,onpeutêtresûrqu’iln’yaurapasde
réactivitérégionale.Sinousyallonsavecun
projetpartagésurnosprioritéstouristiques,
d’infrastructures, d’enseignement supé-
rieur,nousfaciliteronslaviedelagranderé-
gion.
Quellesgarantiesavez-vousquelesdossiersdu
contrat de plan État-Région, signé à Poitiers,
soient financés demain par Bordeaux ?
Il n’y a pas d’amour mais des preuves
d’amour. Nous tenons beaucoup au ferro-
viaire et portons un gros dossier d’aména-
gementdelagaredeLaRochelle.Ilaétéévo-
quéavecleprésidentdelaSNCFenprésence
dumairedeBordeauxetduprésidentactuel
de la Région Aquitaine. Nous sommes déjà
dans cette relation. Je souhaite que le futur
présidentdelagranderégionportedemain
ce dessein de pôle gare, nos projets agroali-
mentairesoulepôleaéronautiquedeRoche-
fort.
VousvoulezfaireduportdeLaRochellelesiège
des trois ports atlantiques de la future région.
C’est une provocation ?
Ilestdansunedynamiquedecroissance.Ce
n’estpaslecasduportdeBordeaux.Comme
le dit aujourd’hui le maire de Bordeaux, on
avoulufaireungrandportmaritimeàBor-
deaux en oubliant la route et le fer. Le port
de La Rochelle est en eaux profondes. Il est
legrandportdemarchandisesdelagrande
région. Sa faiblesse est d’avoir un « hinter-
land » (arrière-pays, NDLR) un peu faible.
Bordeaux, qui a des réserves foncières, sera
une partie de l’hinterland du port de La Ro-
chelle.L’écartentreLaRochelleetBordeaux
est plus important qu’il n’y paraît car l’acti-
vité de la raffinerie pétrolière d’Ambès est
un acquis. Notre dynamique est beaucoup
plus forte. Nous souhaitons aujourd’hui
mettrelepaquetsurletraficdesconteneurs.
C’est un des axes forts de notre contrat de
projet.
RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES
« La Rochelle est le grand port de marchandises
ENTRETIEN Le territoire rochelais prépare ses dossiers. Il sera un lobby
de poids dans le nouveau paysage régional le 1er
janvier. Son président,
le chef d’entreprise Jean-François Fountaine, précise ses intentions
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.COM SudOuestéco 5
Les atouts de la grande région
mi les futures places stratégiques. PHOTOS GUILLAUME BONNAUD, « SUD OUEST », QUENTIN SALINIER ET PASCAL COUILLAUD
EN CHIFFRE
5,86 millionsLe nombre d’habitants de la future grande région qui rassemblera 3,335 millions d’Aquitains, 1,784 millions
de Pictocharentais et 741 000 Limousins. Elle se classe en troisième position parmi les 13 futures grandes régions
en termes démographiques, derrière l’Ile-de-France (12 millions d’habitants) et Rhône-Alpes-Auvergne (7,75).
Elle contribuera à hauteur de 7,8%AUPIB
NATIONAL, ce qui la classe au 3e
rang des
nouvelles régions derrière l’Ile-de-France
(29,5 %) et Rhône-Alpes-Auvergne (11,5 %).
La grande région s’étendra sur UNTERRI-
TOIREDE84036KILOMÈTRESCARRÉS, soit
un huitième du territoire national, ce
qui en fait la plus vaste région française
métropole et outre-mer confondus.
Le budget cumulé des trois Conseils
régionaux d’Aquitaine, de Poitou-
Charentes et du Limousin est de
2,8 MILLIARDSD’EUROS.
L’aire urbaine de Bordeaux est la plus
peuplée avec 1180000HABITANTS, suivi
des aires urbaines de Bayonne
(284 000 habitants) et Limoges
(283 000 habitants).
Du nord charentais au sud basque, la
grande région dispose de
800KILOMÈTRESDEFAÇADEMARITIME.
Avec près de 3MILLIONSD’HECTARESDE
SURFACESBOISÉES, les forêts représen-
tent 34 % de l’occupation des sols contre
28 % en moyenne sur l’ensemble du ter-
ritoire français.
11GRANDSPÔLESDECOMPÉTITIVITÉET
5 PÔLESUNIVERSITAIRES(Bordeaux,
La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers)
jalonnent la grande région.
Turboméca, avec près de 6 000SALARIÉS,
Maïsadour (5 700 salariés), Dassault
Aviation (3 000 salariés), Legrand
(3 000 salariés), la Caisse d’Épargne
Aquitaine Poitou-Charentes (2 800 sala-
riés) et la Maaf (2 200 employés sur
Niort) figurent parmi les plus gros
employeurs privés de la grande région.
La grande région dispose du premier
cheptel allaitant de France et ses éle-
veurs détiennent 36%DEL’EFFECTIF
NATIONALDECHÈVRES en Poitou-
Charentes surtout.
À SAVOIR SUR LA GRANDE RÉGION
toires’arrimerasansdoutedavantageàson
aéroportrégionalsurlesquelslagranderé-
gion ne pourra plus faire l’impasse. Cette
dernière dispose aussi d’atouts forts avec
sonpôleimageàAngoulême,sonpôlecuir
et luxe dans le centre du futur ensemble
(Thiviers), son port rochelais, son pôle mu-
tuelles de rang européen à Niort, son pôle
chimiqueàLacqenBéarnetsonfuturquar-
tierd’affairessurEuratlantiqueàBordeaux,
dont aucun autre territoire ne pourra dis-
puterlasuprématierégionale.Ilappartien-
dra à la future équipe aux commandes du
gros navire de fixer le cap en acceptant ce
changement de cadre régional.
JEAN-BERNARD GILLES
« Le port de La Rochelle est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas de celui
de Bordeaux », plaide Jean-François Fountaine. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD
de la nouvelle région »
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco6
I
lestplusqueprobablequeledossieraé-
roportuaire s’invite rapidement sur le
haut de la pile des nombreux dossiers à
réglerpourle(oula)futur(e)président(e)de
lafuturegranderégionAquitaine-Poitou-Cha-
rentes-Limousin.Lesperspectivesdeprivati-
sationdesaéroportsdeNiceetdeLyonl’an-
néeprochaine,aprèsceluideToulouse,passé
souspavillonchinoisl’anpassé,témoignent
du vent de libéralisation qui souffle sur ces
plateformesd’infrastructuresessentiellesà
laviedesterritoires.
ThomasJuin,ledirecteurdel’aéroportde
LaRochelle,estsurtoutleprésidentenexer-
cicedel’Associationinternationaledesaéro-
portsfrancophones.Ilpointelanécessitéab-
soluederéalisercequepeuderégionsontsu
faireàcejour:unschémarégionaldedéve-
loppementaéroportuaire.Surlepapierledo-
cumentneserapasdifficileàétablir.Oncon-
naît assez bien les dix plateformes
aéroportuairesdestroisrégions,leurmode
degestion,lenombredepassagerstranspor-
tés(lireci-contre).
La question du financement de ces infra-
structures va vite se poser. Avec pour corol-
laire le niveau d’engagement de la future
grande région pour soutenir tout ou partie
decesaéroports.Poursimplifier,onpeutdire
quetroisaéroportsdelagranderégionsont
aujourd’huiau-dessusdes700000passagers
annuels:Bordeaux,BiarritzetPau.
Desdéficitsentre300 000et3millionsd’euros
Ilssontrentables,trèsrentablemêmepour
cequiestdeBordeaux-Mérignac,bénéficiai-
respourBiarritzetpourPau,mêmesiceder-
nierconnaîtdesdifficultésaujourd’huipour
financersesinvestissements.Pourtouslesau-
tres,dontletraficestinférieurà700 000 pas-
sagersetpourlesquelsl’Unioneuropéenne,
pourtanttoujourstrèsàchevalsurcesques-
tions,autoriselessubventionsd’équilibre,les
déficitssontlarègle.Entre300 000euroset
3millionsd’eurosselonlesplateformesetles
années.
Jusque-là,lescollectivitéslocalesactionnai-
resetlesChambresdecommerceetd’indus-
trie(CCI)territorialesbouclaientsouventles
finsdemois.« Onnepeutpasnepassoutenir
uneinfrastructurequijoueunrôleclédans
ledéveloppementéconomiquedenotreter-
ritoire»,ditsouventJean-AlainMariotti,lepré-
sident de la CCI du Lot-et-Garonne. Mais les
CCIontétésoumisesàunediètefinancièresé-
vèredepuistroisansparBercy.Etnepeuvent
plusassumer.CelledeLa Rochelle,quigérait
directementl’aéroportdepuissadécentrali-
sation, a jeté l’éponge. « Nous ne pouvions
plussuivre»,confirmeRobertButel,leprési-
dentdelaCCIlocale.ÀLimoges,ledéficitan-
nuelestde3millionsd’eurosenviron.Etc’est
laRégionquil’absorbe,jusqu’àlafindel’an-
née. L’aéroport de Bergerac doit trouver lui
aussidenouveauxactionnairespublics.
Leproblèmequivaseposerestsimple.Au-
jourd’hui,larégionAquitainen’amisqu’un
petitdoigtdanslesaéroports.Ellevapeut-être,
demainouaprès-demain,fairefaceàlapriva-
tisationdel’aéroportdeBordeaux,probable-
menten2017.Etintervenir,financièrement
au moins, dans la modernisation des aéro-
ports régionaux : « C’est impératif », estime
mêmeJean-FrançoisFountaine,leprésident
del’agglomérationdeLaRochelle.Maisilfau-
drasansdoutefairedeschoixentrelesplate-
formes.Leplusdifficileestàvenir.
JEAN-BERNARD GILLES
Bordeaux-Mérignac domine largement avec 5 millions de passagers annuels,
contre 7 600 pour le plus petit, Périgueux. PHOTO ARCHIVES THIERRY DAVID
AÉRIEN Ce sera l’un des premiers dossiers
chauds pour la future équipe aux commandes
Aéroports sans balises
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 7
E
videmment c’est un plaidoyer. Les CCI
sontencoremajoritairementgestionnai-
resdesaéroportsrégionauxetprésentes
aucapitaldessyndicatsmixtespropriétaires.
Etellessontsoumises,delapartdel’État,àune
pressionfinancièrecommejamaisdansl’his-
toire récente des territoires. Il n’empêche.
L’étuderécentequelaCCIAquitaineaproduite
surl’impactéconomiquedesaéroportsrégio-
nauxaquitainsadequoifaireréfléchir.Lespas-
sagersdel’avionsontnettementmoinsnom-
breuxqueceuxdestrainsduquotidienoude
laroutemaisleurcontributionàlavieécono-
miquedesterritoiresmériterad’êtrebienéva-
luéeparlafutureéquipeauxcommandesde
lagranderégion.
Prèsde7millionsdepassagersonttransité
parsixaéroportsrégionauxaquitainsen2014,
ycomprisdoncceuxd’AgenlaGarenneetde
Périgueux-Bassillacquiontdesobligationsde
servicespublicsversParissurtout.Laclientèle
internationaledanscetraficpassagercumu-
léestenfortecroissancedepuiscinqans(plus
42%)aupointdereprésenteraujourd’huiplus
de40%dutotalavec2,7millionsdepassagers.
Ilfautbiensûryvoirlesuccèscroissantdes
compagnieslowcostquiboostentletraficà
BergeracetBordeauxquileuramêmeconsa-
cré un terminal dédié récemment agrandi.
Quin’apasencoreprisunvolEasyJetouVolo-
teadepuisMérignac ?
9000emploisdirectementrattachés
Àlasuited’uneenquêteréaliséeauprèsde1762
passagerset77entreprisesdesquatrepremiers
aéroportsaquitains(Bordeaux,Pau,Biarritzet
Bergerac),ilapparaîtquel’aériengénèrequel-
que9 000 emploisindustrielsetdeservices
répartisauseinde159établissements,ycom-
prisdesusinescommeDassault,SabenaTech-
nicsoulabaseaérienne 106.Cequiautorise
lesauteursdel’étudeàavancerunimpactéco-
nomiquedirect,trèslargementgrâceàlapla-
teformegirondine,de709millionsd’euros.
Lesdépensesdepersonnel,lafiscalitépro-
duiteetlesdépensesdeconsommationetd’in-
vestissementsontprisesencomptedansce
chiffre.L’impactéconomiqueindirectestlui
jugéencoresupérieur,del’ordrede972mil-
lionsd’euros,quicorrespondentauxdépen-
seseffectuéeshorsdesaéroports,danslacon-
sommationdebiensetdeservices.Enouvrant
encorelespectreàl’impactéconomiquein-
duit,c’est-à-direaurôled’entraînementdeces
plateformesaéroportuairesdansl’économie
régionale,lesauteursdel’étudeaboutissent
auchiffrede6milliardsd’euros.Onpeutdonc
évaluer, prétend la CCI Aquitaine, à 7,7 mil-
liardsd’euroslavaleuréconomiquegénérée
parlessixaéroportsdelarégion.
«Lorsque la future grande région mettra
toutescesdonnéessurlatable,ons’apercevra
vitequelesbesoinsdefinancement,soitpour
lesinvestissements,soitpourlessubventions
d’équilibredecertainesplateformes,nesont
passiélevés »,estimeThomasJuin,directeur
del’aéroportdeLaRochelle.Àtitredecompa-
raison,lesTERcoûtentchaqueannée140 mil-
lionsd’eurosaubudgetdelarégionAquitaine.
Sansparlerdesinvestissementsdanslagrande
vitesse.
JEAN-BERNARD GILLES
Les passagers de l’aéroport de Biarritz dépensent 123 millions d’euros chaque année
sur le territoire. PHOTO ARCHIVES BERTRAND LAPÈGUE
ANALYSE Les CCI d’Aquitaine ont mesuré
les effets économiques des aéroports régionaux
L’impact aéroportuaire
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco8
A
vecBordeauxàdeuxheuresetcinqmi-
nutes de Paris mi-2017, la gare Saint-
Jean va changer de dimension. À l’ho-
rizon2020,elledevraitaccueillir18millions
depassagers,contre11 millionsaujourd’hui.
Mais ne nous méprenons pas, « la LGV ne
crée pas de dynamisme économique, sans
opérationsd’aménagementduterritoireen
parallèle », rappelle Pierre Delfaud, profes-
seur émérite d’économie de l’Université de
Bordeaux.C’estpourquoiaétélancélepro-
grammeEuratlantique,quivatransformer
pasmoinsde738hectaressurBordeaux,Bè-
glesetFloiracd’ici2030.Leschiffresdonnent
letournis :480000 m²debureaux,dontun
quartierd’affairesde300000m²autourde
la gare. Mais aussi 15 000 logements,
150 000 m² de locaux d’activité, 50 000 m²
de commerces, 140 000 m² d’espaces pu-
blics...Autotal,5milliardsd’eurosd’argent
public et privé vont être investis. Objectif :
attirer des entreprises innovantes et
250 000nouveauxhabitantsenquinzeans
danslamétropole.
Lenumériquebordelaisattire
Pour l’heure, les premiers indicateurs sont
encourageants. La demande est là. Sur les
100 000m²debureauxquiserontlivrésprès
de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a
déjàétéattribuée.Maisils’agitenbonnepar-
tiedesociétésdéjàinstalléessurleterritoire,
comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poi-
tou-Charentes, qui déplace son siège social
deMériadeckverslesquaisdePaludate.Des
choixquiconsolidentetrenforcentlespuis-
santes filières tertiaires de Bordeaux, à
l’imagedusecteurbancaireoudupôlesan-
té,quivasecréeraucœurd’Euratlantique.
Ceci étant, « phénomène nouveau, deux
entreprises américaines, une coréenne et
une britannique sont venues récemment
nousvoirdansl’idéed’installerleursiègeeu-
ropéen dans la cité numérique à Bègles »,
dévoile Stéphane de Faÿ, directeur général
de l’établissement public d’aménagement
Bordeaux-Euratlantique. Les raisons sont
connues.Bordeauxjouitd’uneimagedeville
oùilfaitbonvivre.Maissurtout,lafilièrenu-
mérique bordelaise, auréolée de son label
FrenchTech,estenpleinessor.Stéphanede
Faÿestconvaincuque«Bordeauxpeutdeve-
nir la première ville en Europe pour créer
son entreprise », en particulier dans ce sec-
teur d’activité, qui emploie déjà près de
25 000personnesdansl’agglomération.
Angoulême,lerenouveau
C’estl’autregrandegagnantedel’arrivéede
laLGV,quilaplaceàtrente-cinqminutesde
Bordeauxetuneheurequarante-cinqdePa-
ris.Denombreusesréunionspourpréparer
la grande région se déroulent déjà au-
jourd’hui à Angoulême. « Cette ancienne
villeindustriellenepouvaitretrouverunse-
cond souffle que par de l’activité tertiaire.
C’est ce que vont insuffler les opérations
d’aménagement autour de la gare, jusque-
làconsidéréecommeunezonerepoussoir »,
analyse Pierre Delfaud. Première pierre de
cerenouveauurbain,l’îlotRenaudin,unes-
pacede6 500m²dédiéauxactivitéstertiai-
res,quidevraitêtrelivrédébut2018prèsde
la gare et de la médiathèque. Il va notam-
ment accueillir un « Business center », qui
regroupera de l’immobilier d’entreprises
modulable, pépinière et espace de cowor-
king. Pourséduire,lavillemisesurdesprix
dufoncierdeuxàtroisfoismoinsélevésqu’à
Bordeaux. « Jusque-là, nous n’avions pas as-
sez de start-up sur le territoire », déplore
Jean-François Dauré, le président du Grand
Angoulême. Pour y remédier, « nous allons
créer un fonds d’investissement de crois-
sance, doté de plus de 2 millions d’euros et
un fonds d’amorçage pour inciter les étu-
diantsàselancerdansl’aventure».
Deuxièmepierreàl’édifice,l’îlotDidelon,
prèsdelaplaceSaint-Jacques,oùvontpous-
ser sur 13 000 m² des logements à louer ou
àacheterenaccessionàlapropriété.
Lesconditionspourréussir
Mais pour que les bénéfices de la LGV irri-
guentleterritoire,«ilfaudraunbonréseau
enétoiledeTERverslagareSaint-Jeanetcelle
d’Angoulême, et de bonnes articulations
multimodales »,insisteClaudeLacour, pro-
fesseur émérite d’économie de l’Université
deBordeaux,quiamenéuneétudesurlesu-
jetpourlecomptedeLisea,filialedeVinciet
sociétéconcessionnairedelaligne.Autrein-
certitude :quelseraleprixdubillet ?Lepar-
tenariat public-privé, noué pour financer
cette LGV, a pour conséquence des péages
auxtarifsélevés.EtlaSNCF,quilimitelesdes-
sertes,n’estpasprêteà« sacrifier »sarenta-
bilité.
Parailleurs,lesprixdel’immobiliervont-
ilsflamberprèsdecesgares?Yaura-t-ilune
arrivée massive des Parisiens sur les bords
deGirondedanslesdixprochainesannées,
quipourraientrendrelavilledeplusenplus
inaccessibleauxBordelais?Enréalité,«tout
sejoueradanslesdeuxprochainesannées»,
estimeClaudeLacour.
NICOLAS CÉSAR
Le chantier de raccordement de la LGV à la gare d’Angoulême suit son cours. La préfecture de la Charente sera à trente-cinq minutes
de Bordeaux et à une heure quarante-cinq de Paris. De quoi dynamiser son secteur tertiaire. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »
TRANSPORTS Cette nouvelle ligne profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême
LGV Tours-Bordeaux :
quelles retombées ?
LE CHIFFRE
715millions d’euros. Ce sont les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées
dans les six départements traversés par la ligne.
« [Pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire],
il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare
Saint-Jean et celle d’Angoulême »
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 9
«A
l’époque,c’étaitunegageure ! »
FrédéricMasprésidelasociétéde
produitscosmétiquesSothysbasée
àBrive. Elleaétéfondéeen1966parsonpère,
Bernard,aprèslerachatd’uneparfumeriepa-
risienne.Dèsledébut,BernardMasafaitlepari
del’exportationquireprésenteaujourd’hui
65 %duchiffred’affaires.Àl’époque,Parisétait
àseptheuresderoute,Bordeauxàplusdetrois
heures.«Laconstructiondel’A20etdel’A89a
facilitéleschoses»,seféliciteFrédéricMas.
Sothyspossèdeaujourd’huideuxentrepôts.
L’unestàSingapouretl’autre,leprincipal,est
àUssac,aunorddeBrive,àlajonctiondel’A89
avecl’A20.«Lestransporteursn’ontpasbesoin
derouleruneheuresurunerocade,legainde
tempsesttrèsprécieux »,souligneFrédéric
Mas.Danslemêmesecteurd’activité,l’A89a
permisàlachaînedemagasinsBeautySuc-
cessderegroupersesquatreplates-formesen
Dordogne.
«Unpoumond’air »
Lesentreprisesdetransportetdelogistique
ontétélespremièresàprofiterdel’autoroute.
ÀUssac,SothyscôtoieNorbertDentressangle,
lestransportsfrigorifiquesTRM,Géodis-Ber-
nis,LaPoste… Dès2007,l’observatoiresocio-
économiquedel’A89relevaitdes«concentra-
tions » d’entreprises de transport à Brive,
PérigueuxetLibourne.
Beaucoupdecesentreprisessesontinstal-
léesenprévisionmêmedel’ouverturedel’au-
toroute. À l’exempledeCasinoqui,dès2007,
s’estdotéd’unentrepôtde20 000m²auLar-
din-Saint-LazareenDordogne.Ilestriverain
de la Société Vézérienne de logistique qui
stocke et transporte le papier de l’usine de
Condat.Àdéfautd’attirerquantitédenouvel-
lesentreprises,l’A89aintéresséletissuécono-
miqueexistant.Enfévrier2015,Périgueuxaac-
cueillilesdeuxièmesRencontresd’affairesde
l’A89 ;pour90 %desacteurséconomiques,
l’autorouteaeudes«effetsbénéfiques ».« Elle
nousaapportéunpoumond’air »,résume
SylvainBoucher,dirigeantdeLaChanteracoise
(unebiscotterieartisanalequilivredesbou-
langers,desépiceriesfines,desmagasinsbio),
installéeàSaint-Germain-du-Salembre(Dor-
dogne),à5kmdel’A89.
Cetteproximitéfaciliteleslivraisonsdela
PME versBordeauxetLyon.
Lesgrandsprojetséconomiquesdesvilles
desserviess’appuientaussisurcetaxe.Unsyn-
dicatmixted’aménagementaouvertlazone
d’activitédeLaMontaneaunorddeTulle.Elle
estentréeenserviceavantladesserteparl’A89.
L’usinecorréziennedel’équipementierauto-
mobileBorgWarner(500salariés)s’estdépla-
céesurcettezone«plutôtquedesedélocali-
ser à l’étranger ». À l’ouest de Brive, la
pépinièreNovapôle,spécialiséedansl’agroa-
limentaire,aaccueilli21 entreprisesdepuis
sonouvertureen2007.
Dans le même esprit d’anticipation,
Cré@vallée,prèsdePérigueux,avulejourdès
lafindesannées1990. Lesite(53hectaresac-
tuellement)disposerabientôtde85 hectares
avecdesentreprisesdesecteursdivers :Vol-
vo,coopérativeLaPérigourdine,supermar-
ché,hôtellerie-restauration,PMEdeservices.
Del’avisdesCCIriveraines,l’autorouteaper-
mis«d’accroîtrelepotentieléconomiquedes
régionsqu’elletraverse ».Maislamargededé-
veloppementresteencoregrande. Etlesen-
trepreneursdeDordogneplaidenttoujours
pouruneaméliorationdeladessertenord-
sudaucœurdelagranderégion,entreAngou-
lêmeetSarlat.EntreLimoges,AgenetlesPyré-
nées sur une nationale 21 en quête
d’amélioration depuis deux décennies.
Commepourl’A89,ilfaudradelapatience.
MICHEL MONTEIL
Une zone de logistique et d’activités s’est développée près de Brive au croisement de l’A89 et de l’A20. PHOTO F. LHERPINIERE/« LA MONTAGNE »
BORDEAUX-LYON
L’autoroute A89 a facilité
les transports et généré
de nouvelles zones
d’activités
L’A89, un lien à renforcer
Raccordée à la voie rapide Bordeaux-Li-
bourne, l’A89 déroule un ruban de 505 kilo-
mètresjusqu’auxportesdeLyon.Décidéepar
unComitéinterministérield’aménagement
duterritoire(CIAT)enavril1987,elleaétéins-
criteauschémadirecteurroutierl’annéesui-
vanteetconcédéeauxAutoroutesduSudde
laFrance(ASF,aujourd’huiVinciAutoroutes)
en1992.
Cettevoietransversaleirrigantl’Aquitaine,
le Limousin et l’Auvergne, « l’autoroute des
présidents » (Giscard-d’Estaing, Chirac, Hol-
lande),amisplusdetrenteansàseconcréti-
ser. Le premier tronçon a été inauguré le
3 mars2000parJacquesChirac,ledernierle
7 février2015parFrançoisHollande.Biensûr,
cesdeuxtronçonssesituentenCorrèze.
ASFainvesti plusde6milliardsd’euros.Le
relief du Périgord et du Massif central a im-
posé ses contraintes : 37 viaducs, 500 ponts
au fil des 167 communes traversées (dont
12 en Gironde, 34 en Dordogne et 33 en Cor-
rèze)etdesserviespar29échangeurs.
Faiblefréquentation
Tronçonaprèstronçon,augrédesimpératifs
techniquesetdelapressiond’associationsde
riverains, l’A89 a progressivement fait avan-
cerses2x2voies.Surleseulplanautoroutier,
elle se trouve désormais en connexion avec
l’A10(Paris-Bordeaux),l’A20(Paris-Toulouse),
l’A71(Orléans-Clermont-Ferrand)et,peut-être
en2018,l’A6(Paris-Méditerranée).Ilmanque
eneffetunultimetronçondemoinsde20ki-
lomètresàl’ouestdeLyon.
Lesespoirssuscitésparcettevoietransver-
sale demeurent les mêmes qu’en 1987 : dés-
enclaverleLimousinetl’Auvergne,favoriser
le tourisme, offrir une alternative à la route
Centre-Europe Atlantique, passant par le
nord du Limousin et de Poitou-Charentes,
gratuite mais saturée et accidentogène par
endroits. L’A89 permet le trajet Lyon-Bor-
deauxencinqheuresetquinzeminutes.Ilen
coûte 48,80 € pour une voiture et 154,90 €
pourunpoidslourd.
Sil’A89aeudeseffetsbénéfiquessurl’éco-
nomie locale, elle reste faiblement fréquen-
tée. Le parcours entre Bordeaux et Brive via
Périgueuxesteffectuéquotidiennementpar
11 500 voitures et camions (2014), en hausse
de2,3 %parrapportà2013.Àtitredecompa-
raison, la même année, Vinci Autoroutes a
transportéchaquejour30 300véhiculessur
l’A62entreBordeauxetToulouse.Maisl’A65
Langon-Pauplafonneà5 200véhicules.
M. M.
L’échangeur de Saint-Laurent-sur-Manoire
près de Périgueux. PHOTO ARCHIVES J.-C. S.
HISTOIRE VGE, Chirac et Hollande ont soutenu ce projet lancé en 1992 et presque achevé
Lesatoutsdelagranderégion
C’est « l’autoroute des présidents »
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco10 Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 11
Q
uelques chiffres suffisent à évo-
quer le poids de Legrand dans
l’économie du pays. L’entreprise
d’électricité née il y a cent cinquante ans à
Limoges,oùellepossèdetoujourssonsiège
mondial,aréalisél’anpasséunchiffred’af-
faires de 4,5 milliards d’euros dont la moi-
tiéenEuropeetàpeine20 %enFrance.Elle
emploie sur les trois continents majeurs
36 000 salariés dont encore 2 500 en Li-
mousin (190 à La Rochelle, 120 à Pau), en
productioncommedanssesbureauxd’étu-
desetlaboratoires.Legrand,sociétéduCac
40, évolue sur trois marchés principaux :
l’industrie, le bâtiment et le tertiaire.
L’enjeu des objets connectés
Sesquelque215 000référencesdeproduits
sont dans le top 3 des pays où la société ex-
porte la moitié de sa production. La crois-
sance de l’entreprise depuis trente ans est
impressionnante. Pour moitié, elle s’est
faite par croissance externe : « En Russie,
nous n’existions pas il y a quinze ans et
nous avons racheté au bout de quelques
annéesquelquesentreprisesquidiffusent
désormaisnosproduits »,expliquePatrice
Soudan, directeur adjoint et directeur des
opérationsdugroupe.L’entrepriseestain-
si devenue le numéro 7 sur ce grand mar-
ché.Legrandarachetétroissociétéstotali-
sant 130 millions d’euros de chiffre
d’affaires depuis le début de l’année : IME,
spécialisteitaliendelamesuredesparamè-
tresdel’installationélectrique,Raritan,lea-
der américain dans les unités de distribu-
tion intelligentes et Valrack, acteur indien
spécialisédansleséquipementspourdata
centers. Elles sont plus que nécessaire. Car
les dernières prévisions présentées par le
groupe au creux de l’été laissent apparaî-
treunefaibleperspectivedecroissanceor-
ganique, voire même négative. Si le mar-
ché nord-américain reste tonique, la
croissance a été modeste au premier se-
mestre en Europe et même négative en
Asie, notamment en Chine.
L’internet des objets est le nouvel enjeu.
Ilpourraitébranlerlesfondementsdel’en-
treprise française dont les appareils ou les
armoiresélectriques,lescâbles,leséclaira-
ges,lesprisesoulescompteursontpeuou
prou irrigué les bâtiments de plus de
80 pays.« Nousdevonsclairementbienné-
gociercevirage »,expliquePatriceSoudan.
Avec plus de 50 milliards d’objets connec-
tés dans le monde annoncés d’ici à 2020,
les positions se prennent maintenant. Le
numérique investit les bâtiments, l’éner-
gie, les transports, la santé. Et la concur-
rence s’annonce puissante du côté des fa-
bricants d’objets d’une part, qui y voient
une possibilité de nouvelles marges et des
spécialistesdeladata(desmessagestrans-
mis) aux aguets sur tout.
Legrandn’estpasrestélesbrascroisés.Il
a lancé cette année le programme Eliot,
une nouvelle référence dédiée à l’internet
desobjetsqu’ilvadevoirimposerpourgar-
der son rang. Plus de 200 millions d’euros
sont investis dans ce programme pour le-
quel la mobilisation générale a été décla-
rée par le PDG du groupe, Gilles Schnepp.
Avec ses centres de recherche, le niveau de
ses fonds propres et sa culture de l’innova-
tion, les atouts de Legrand sont sérieux.
Mais la partie n’est pas gagnée d’avance.
JEAN-BERNARD GILLES
Gilles Schnepp, le PDG de Legrand, mise sur la culture de recherche et d’innovation
du groupe pour aborder l’avenir. PHOTO JACQUES DEMARTHON
LIMOGES Le groupe
français d’électricité
de taille mondiale
doit négocier le virage
de l’internet des objets
Legrand en prise mondiale
Lesatoutsdelagranderégion
Lors d’un tournage au studio d’animation solidanim à l’Isle d’Espagnac. ARCHIVES CÉLINE LEVAIN
L’année2016seracelledetouslesdévelop-
pementspourSolidAnim,lajeunesociété,
mi-francilienne mi-charentaise, installée
surlePôleImaged’Angoulêmedepuisdeux
ans. Elle prévoit d’y accroître son activité
decapturedemouvementspourlecinéma
et la télévision, ce qui pourrait se traduire
parlacréationd’emploissurplaceen2016.
LestroisassociésfondateursdecettePME
dehautetechnologiesontIsaacPartouche,
Emmanuel Linot et Jean-François Szlapka.
Ils ont mis au point à Paris une nouvelle
technologie,lesystèmeSolidTrack.Ils’agit
d’intégrerentempsréel,dansl’œildelaca-
méra, les effets spéciaux issus d’images de
synthèse.
«Jusqu’àcetteinnovationlesréalisateurs
tournaientlesimagesdeleurfilmpuisyin-
troduisaient, en studio, les images virtuel-
les»,expliqueEmmanuelLinot.Leprocédé
a vite gagné en notoriété au point de con-
vaincre James Cameron de l’acheter pour
l’utiliser lors du tournage du prochain
« Avatar ».
Rêver plus haut
Unautreréalisateur,RobertZemeckis,alui
aussichoisi,SolidTrackpoursontournage
de « The Walk : Rêver plus haut ». Mais le ci-
néma n’est pas la seule cible de cette PME
quiadéjàparticipéà«HarryPotter»ouau
jeu vidéo « The Crew ». SolidAnim emploie
aujourd’hui une quinzaine de personnes,
dontdixàAngoulême,pourunchiffred’af-
fairesd’1,5 milliond’eurosenvironen2015
après quatre années d’existence.
«Noussommesdeplusenplussollicités
par des producteurs de télévision », indi-
que Emmanuel Linot. Un contrat récent a
étésignéaveclasociétédeproductiond’Ar-
thur. Un autre avec la société canadienne
Ross Video, un gros du secteur, lui ouvre
d’oresetdéjàdenombreuxmarchésinter-
nationaux.
Cequiintéressecesproducteursestlaca-
pacité de l’entreprise à proposer des solu-
tionscomplètesd’imagesdesynthèse,dès
letournage.SolidAnimaaussicrééuneso-
ciété filiale, Iteca, spécialisée dans la cap-
ture d’image des acteurs pendant les tour-
nages de longs métrages. Le créneau
semble porteur. L’entreprise prévoit de re-
cruterunequarantainedecollaborateurs.
« Nous serons 50 à Angoulême fin 2016 »,
annonce Emmanuel Linot.
J.-B. G.
ANGOULÊME La société d’effets spéciaux va créer des emplois l’an prochain et lorgne sur les marchés industriels de la grande région
SolidAnim confortera le Pôle Image en 2016
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco12 Lesatoutsdelagranderégion
A
vec quelque 2,5 milliards d’euros de
fondspropresetaucunedette,laMaifa
lesmoyensdesesambitions.Sessuccès
remontent à l’entre-deux-guerres. Edmond
Proustfutlepremieràcréer,àLaRoche-sur-Yon
unemutuellepourlesenseignants.Ilétaitins-
tituteurets’installeàNiortoù,danslesannées
1960,lerejoignentcellesquideviendrontles
autresmajorsdelamutualitéfrançaise.Jusque
danslesannées1990,toutinstituteursortide
l’ÉcoleNormaledevenait,enprenantsesfonc-
tions,adhérentMaif ainsiqu’àlaMGENpour
lacouverturesanté.Croissancegarantie !
En1987,laMaifouvresesprestationsauxen-
fantsdessociétairesainsiqu’àtoutautrenou-
veladhérentpourpeuqu’ilsoitprésentépar
deuxparrains,uneobligationquitombeen
2000,annéedespremièrespublicitéstélévi-
sées,quiinsistentsurlarelationdeconfiance.
LaMaifyconsacreaujourd’hui15millionsd’eu-
rosparan.C’estainsiqu’elleestdevenuele5e
as-
sureurfrançaispourl’automobileetleloge-
ment.
«Nousappartenonsànos3,6millionsdeso-
ciétaires,cequinousobligeàunerelationde
confianceetnouspermetderéaffecterl’ensem-
bledenosrésultatsaudéveloppementdel’en-
treprise »,expliquePascalDemurger,directeur
général.Depuisonzeans,TNSSofresréaliseun
palmarèsindépendantsurcesujetquiplace
lamutuelleniortaiseàchaquefoisentêtedans
sacatégorieetdansletop 3françaistoussec-
teursd’activitésconfondus.
Maiscettedouceassurancen’estpaséter-
nelle.Laconcurrenceestrude.Etl’espritmu-
tualisten’occultepaslesimpératifsderentabi-
lité.Commed’autres,laMaifadûrestructurer
son organisation en France où elle emploie
7000personnes.«Nousavionsunréseautrès
émietté,héritédel’histoiremaispastoujours
adapté », se souvient Pascal Demurger. Cet
énarquede50ans,venudeBercy,estarrivéà
Niorten2003.D’abordpours’occuperdecette
réorganisationquiacréédestensions.Ilbrise
un tabou. Les salariés, bien que bénéficiant
d’un contrat de droit privé, étaient traités
commedesfonctionnaires,notammentcon-
cernantlesévolutionsdesalaires.Unerévolu-
tionindiciaireaujourd’huiapaisée.Deuxième
étage de la réforme : le réseau. Des dizaines
d’agencesfermentenFranceàlafindesannées
2000, les centres de traitement de sinistres
sontregroupéspourplusd’efficacité.Autotal,
plusde1000salariésontdûdéménager.
«Tsunami »numérique
Maisleprincipaldéfiestàvenir:larévolution
digitale.Denouveauxacteursvenusduwebse
préparent.Ilspourrontsansdouteunjourpro-
poserdesassurancesindividuellesàbonprix.
Lestarifspeuventeneffetêtrebaspourlesass-
surésquineconnaissentpasdesinistres...Et
nuldoutequ’ilsserontlacibleprivilégiéedes
nouveauxentrants.Lavoitureconnectéegénè-
rerademaindesmilliersd’informationssur
notrefaçondeconduire.Lesconstructeursau-
tomobilesàlarecherchedenouveauxservices
financiersàplusfortevaleurajoutéeserontca-
pablesdeproposerdesassurancesindividua-
liséesauxconducteurs.Unevraiemenaceàla-
quellelaMaif entendfaireface.Elleadécidé,
au mois de juillet dernier, la création d’un
fonds d’intervention numérique doté de
125millionsd’euros.Ellerachètedéjàdesstart-
upquiluipermettrontdenégociercevirage
commecettejeunepoussetoulousainequia
imaginéunsystèmedepaiementdescotisa-
tionsentrelesparticuliersetleurassociation,
unautresegmentoùlaMaifestprésente.D’au-
tressuivront.«C’estuntsunamiquiseprépare
danslemondedel’assurance »,estimePascal
Demurger.
JEAN-BERNARD GILLES
L’imposant siège social de la Maif à Niort, où travaillent 2 245 personnes. PHOTO MAIF
MUTUELLE La Maif vient de créer un fonds
pour investir dans l’économie numérique
La tranquille assurance
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 13
L
’entrepriseDRTestnéedelarésinedepin.
Elletientd’ailleursàsonnom.DérivésRé-
siniquesetTerpéniques.Difficiledefaire
pireentermesdecommunication.Maistouty
est.L’entreprisedacquoise,propriétédefamilles
desylviculteurslandais,extrait,depuis1932,de
larésinedespinsdelacolophaneetdel’essence
detérébenthinequ’ellevalorise.Pourlavendre
àdesindustriesd’adhésifs,d’encresd’imprime-
rieoudesfabricantsdebitume.Elleextraitaus-
sidesterpènes,issusdelaproductiondecer-
tains papiers comme le kraft. Ils trouvent
preneur dans l’industrie du parfum. On re-
trouveautotal,sanslesavoir,lesproduitsDRT
dansquelque250produitsd’unevingtainede
secteursindustrielsoùl’entreprisedacquoise
proposeunealternativefiableauxdérivésdes
produitspétroliers.Delachimievertepureet
dure!
700salariésdanslesLandes
LeslaboratoiresdeDRTàCastetsdanslesLan-
des,oùtravaillentquelque50chercheurs,trou-
ventencoreettoujoursdenouvellesessences
naturellesissuesdupinmaisaussidesfeuilles
d’olivier,dontlesdébouchésdansl’industriede
lasanté,del’alimentationetdumédicament
sontd’oresetdéjàtrèsprometteurs.Ilsmettent
aupointdenouvellesmoléculesdontilsamé-
liorentsanscesselerendementpourresterau
top.L’industriedumondeentierconnaîtlespro-
duitsDRTquiestuneentreprisemondialede
1200salariésdont700danslesLandes.Elleréa-
lise80%desonchiffred’affairesàl’exportation,
soitautotal350millionsd’euros.C’était140mil-
lionsd’eurosilyadixans.
Rapidementdanslesannées1970,DRTadû
allerchercherloindesesbaseslesessencesna-
turellesqu’ellenepouvaitplusexploiteràdo-
micile.EllepossèdequatreusinesenFrance,
troisenIndeetuneenChine,indispensables
pourvoyeusesd’unematièrepremièrenaturelle
quin’existepasenFranceouquenotrepaysne
peut plus exploiter à des prix suffisamment
compétitifssurleplanmondial.Laproduction
derésinedepinsacessédanslesLandesdans
lesannées1960.
NouvelleusineauxÉtats-Unis
Cettedélocalisationd’outilsdeproductiona
jouéunrôled’accélérateurdanssacroissance.
Lescoûtsdeproductionquiontgrimpérécem-
mentenChineetenIndedemeurentinférieurs
d’aumoins30%.Cesdernièressemaines,l’en-
trepriseadécidéd’investirdansunenouvelle
usinedansleSud-EstdesÉtats-Unis,nonloinde
l’industrie papetière. Un engagement d’au
moins 40 millions d’euros. « Nous avons de
nombreuxclientsoutre-Atlantiqueetmêmesi
nousprofitonsaujourd’huid’unbontauxde
changeeuros-dollars,ilfautquenoussoyons
protégésdemaindesaléasmonétaires»,expli-
queLaurentLabatut,lePDGdeDRT.Elleypro-
duiraducolophanedeTaloil,uneessenceissue
del’industriepapetière.L’usinedeVielle-Saint-
Gironsquiledistillepourlegroupeaujourd’hui
necesserapassonactivitémaisseraapprovi-
sionnéeparlespapeteriesscandinaves.«Nous
devonssanscesseinvestirpourresterdansla
coursemondialesurlelongterme»,explique
LaurentLabatut,aussimodesteetdiscretque
sonentrepriseestconquérante.
L’entrepriseaenfinparticipéauplandesau-
vetagedugroupeGascogneenyinjectant5mil-
lionsd’euros.Elleluiachètedepuisdeslustres
desécorcesdepin.«Noussommescousinset
Landais »,défendLaurentLabatutquireconnaît
uneprisederisque.«Maisilauraitétéplusgrave
pournotreterritoirequeGascognes’effondre»,
conclut-il,confiantdansleredressementenga-
géparsonPDG,DominiqueCoutière.
JEAN-BERNARD GILLES
RÉSINE DE PIN Ses actionnaires sont
des sylviculteurs. DRT est un industriel de la chimie
verte, depuis longtemps
La trajectoire mondiale
de DRT la Dacquoise
120salariés,17pointsdeventeet8millionsd’eu-
rosdechiffred’affaires.RaymondBaillardran,
pâtissierrueJudaïque,seraitfierdelatrajectoire
donnéeenvingt-cinqansparsonfilsPhilippe
etsonépouseAngèle.Iln’apasvraimentinven-
télecanelédeBordeaux,ungâteauderien(fa-
rine,œuf,lait,sucre,vanille,rhum)dontlalé-
gende,encoremystérieuse,remonteauXVIe
siècle.
Detrèsnombreuxpâtissiersbordelaisenpro-
posentdepuisdeslustrescedélicieuxgâteau
quiseconsommefrais,depréférencedansles
vingt-quatreheuresquisuiventsafabrication.
Maisalorsqu’ilétaitperduaumilieudesautres
viennoiseries,lecoupleenafaitunproduitstar,
unemarquedotéed’uncodecouleuretd’un
packagingoriginal.LecanelédeBordeaux,pour
lesdizainesdemilliersdetouristesquidécou-
vrent désormais la ville chaque année, c’est
Baillardran, même s’il n’est plus le seul au-
jourd’hui.Lesrecettesdusuccèsdelamarque
sonttriples.D’abord,laproductiondemeure
artisanaleendépitdes30000canelésprépa-
réschaquenuit.Lasociétéproduittoujoursde-
puisleslocauxhistoriquesducentredeBor-
deauxetdanssesboutiques.Maiselleinvestira
environ2,5millionsd’eurosdansunnouvelate-
lierdeproductionàBègles,plusmoderneet
d’uneplusgrandecapacité. Ledeuxièmeatout
estladistribution.Baillardanestbordelaispour
l’essentiel,aéroportdeBordeaux-Mérignaccom-
pris.Lamarqueestd’abordterritorialeetilreste
deslieuxdeventeàconquérirdanslaville.
Baillardranatransforméilyadeuxansson
kiosqueenboutique.Etouvrirad’icilafinde
cetteannéeunenouvelleboutiquequijouxte
l’Officedetourisme,lelieulepluscourudela
villetoutel’année.Uncoupdemaître.Letroi-
sièmeatouttientdanslemarketing.Lecode
couleur,rouge,estdéclinépartout,surlesboî-
tes,danslesboutiquesetlestabliersdespatis-
siers.Ilesttellementidentifiéquelesconcur-
rentsdeBaillardranquiontleventenpoupe,
s’ensontimprudemmentinspirésdansleur
publicité.«Nousacceptonslaconcurrencemais
nousavonsdemandéàlajusticedetrancherce
différend »,expliqueAngèleBaillardranquia
lahautemainsurunpackagingévoluantsans
cesse et qui pourrait encore surprendre à la
veilledesfêtes.C’estplutôtàBordeaux,surses
terres,queBaillardranentendtrouversespro-
chainsrelaisdecroissanceavecunnouveaucon-
ceptd’atelierdechocolaterieenpréparation.
J.-B. G.
Angèle Baillardran dans son bureau de
la rue judaïque à Bordeaux. ARCHIVES L.THEILLET
Baillardran, une marque territoriale
BORDEAUX Ses canelés s’arrachent. L’entreprise se développe à Bordeaux avant tout
Laurent Labatut, PDG de DRT : « Il faut sans cesse investir pour rester dans la course
mondiale sur le long terme. » PHOTO PHILIPPE SALVAT
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco14
S
necma,lemotoristedenombreuxAirbus
etBoeingmaisaussiduRafale,ainstallé
début 2015 en bords de Garonne à Bor-
deauxsadivisionmaintenancedesmoteursen
service.Avecunequinzainedesalariésdansune
équipequipourraitbientôtmonteràunecin-
quantaine.Cetteimplantationestlasuitelogi-
quedutransfertàMérignacdelaStructurein-
tégréedemaintienenconditionopérationnelle
desmatérielsaéronautiquesdedéfense(Sim-
mad),ledonneurd’ordresdeSnecma,quise
rapprocheaussidesonpartenaireindustriel
militaire,l’Atelierindustrieldel’aéronautique
(AIA)deBordeaux-Floiracàunmomentclé.Les
premiersmoteursdel’A400M,legrosporteur
européen,sontarrivésàFloiracetMarcheprime,
lesdeuxinstallationsgirondinesdel’AIA,pour
leurspremièresrévisions.LesRafalevontêtre
aussideplusenplusnombreuxàdevoirs’arrê-
terau«garage»pourdesopérationsdecon-
trôle,notammentceuxquisontsollicitéspar
l’arméefrançaisesurlesfrontsd’Afriqueetdu
Moyen-Orient.
LepoidsdeTurbomécaausud
LafilialedeSafranemploieunepetiteéquipe
dehautvolàBordeaux,composéed’ingénieurs,
despécialistesqualitéetdechargésd’affaires,
jusque-làrépartissurplusieurssitesenFrance.
EllevientgrossirlesrangsdeSafran,legroupe
aéronautiquefrançaisquis’imposediscrète-
mentcommeleplusimportantemployeurin-
dustrielprivédelafuturegranderégion.Safran
yemploiequelque8500salariés.
EnPoitou-Charentes,Snecmapossèdeune
importanteunitédemaintenanceàChâtelle-
rault(730salariés),dédiéeàlaréparationdes
moteursetquitravailledéjà étroitementavec
l’AIAdeBordeaux.Uneusine,Sagem,filialede
Safran spécialisée dans la sécurité, emploie
430personnesàSaint-Benoît,nonloindePoi-
tiers.Surlebassind’emploidel’agglomération
bordelaise,Heraklesestaujourd’huidéjàleplus
grosemployeurgirondinavecplusde2000sa-
lariés,répartissurdeuxsites,àSaint-Médardet
auHaillan.Ilssontspécialisésdanslafabrica-
tiondeslanceursdelafuséeArianeetdanscelle
dupropergol,lecarburantdeceslanceursain-
siquedesmissilesdelaforcedefrappefrançaise.
L’entrepriseestsurlepointderejoindreAir-
busSafranLaunchers,lanouvelleentitédédiée
àlafabricationdeslanceursd’Ariane.Plusau
sud,àBordesdanslesPyrénées-Atlantiqueset
àTarnosdanslesLandes,Safranproduiteten-
tretientdesmoteurspourhélicoptères,secteur
oùlegroupeestuneréférencemondiale.Ces
deuxsitesemploientàeuxdeuxplusde4000
salariés.L’usinedeBordesestflambantneuve
tandisquecelledeTarnosfaitl’objetd’impor-
tantsinvestissements,encours,del’ordrede60
millionsd’euros.Enfinc’estàBidos,toujours
danslesPyrénées-Atlantiques,queSafrancon-
çoitetfabriquedenombreuxtrainsd’atterris-
saged’avionsmilitairesetcommerciauxavec
prèsde1000salariés.Lesiteestd’oresetdéjà
montédiscrètementencadencepoursatisfaire
lecontratdesRafaleégyptiens.
JEAN-BERNARD GILLES
L’usine Messier Dowty de Bidos accentue la cadence de production pour le Rafale.
PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD
AÉRONAUTIQUE Au nord, au centre et au sud,
les filiales du groupe forment le plus gros employeur
industriel privé de la future grande région
Safran, le plus
gros industriel
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 15Publicité
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco16 Lesatoutsdelagranderégion
L
avilledeNiortestdiscrète.Elledomine
undépartementoùl’agroalimentaire,et
l’industrieaéronautiquesontbienpré-
sents.Maisc’estbiensonpôlemutualistequi
ladistingueparmitouteslesvillesdeFrance.
Niortestdevenuedansladeuxièmepartiedu
siècledernier,lacapitalefrançaisedelamutua-
lité.EdmondProustfutlepremieràyimplan-
terlapremièremutuelledesenseignants,de-
venuelaMaif(lirepage11).LaMaaf,laMutuelle
desArtisans,laSmacl,mutuelled’assurancedes
particuliers,desassociationsetdescollectivi-
téslocales,laMacif,ontdepuisrejointlamu-
tuellelongtempsobligatoirepourtouslesins-
tituteurssortisdel’ÉcoleNormale.
20%decadressupérieurs
Lepôleniortaisestpuissant.Àquelque192ki-
lomètresaunorddeBordeaux,ilreprésente17%
deseffectifsdelabrancheenFranceet16%du
chiffred’affaires.«Noussommesmêmelatroi-
sièmeplacefinancièrefrançaisederrièreParis
etLyon»,affirmePascalDemurger,ledirecteur
généraldelaMaif,soitprèsd’unecinquantaine
demilliardsd’eurosd’actifssousgestion.
Lessociétésniortaisesreprésentent4%des
placementsfinanciersdelabranche.Etquand
onconnaîtlapassiondesFrançaispourl’assu-
rance-vie,onpeutsedirequeNiortpourrait,de-
main,jouerunrôleimportantdanslaconstruc-
tion économique d’une grande région déjà
fortedesonpotentielagricoleetforestier,ate-
lierdepremierplandel’aéronautiquemaisen
manquedesiègessociauxd’entreprisesdepre-
mierplannational.«L’agglomérationniortaise
estledeuxièmepôletertiairesupérieurdela
granderégion»,assurePierreDelfaud,univer-
sitairebordelaisspécialisédansl’économie.
Avec 20 % de cadres supérieurs et de profes-
sionsintellectuellessurlelieudetravail,laville
égalelesscoresbordelais,loindevantPoitiers
(18,7 %),Pau(16,6 %),Limoges(15,5 %)etLa Ro-
chelle(15%).Sonpotentieldanslesecteurter-
tiairesupérieur,enjeufortdeconcurrenceen-
tre les principales métropoles françaises
puisque devenu essentiel à leur attractivité,
placeNiorttoutjustederrièrel’agglomération
bordelaise. Quilesait?
Les mutuelles niortaises sont de gros em-
ployeurs.7000salariéspourlaMaafselonune
étudedelaCCIdesDeux-Sèvres,9200pourla
Macif, 2 300, toujours sur l’ensemble de la
France,pourlegroupeInterMutuellesAssis-
tance,filialedesprincipalesmutuelles,quicon-
naîtunefortecroissance,de6%cetteannée.Il
assistedepuisunanlegroupeRenaultDaciaet
ilestdevenul’interlocuteurprivilégiédesdeux
constructeursautomobilesfrançais.L’IMAréa-
lise568millionsd’eurosdechiffred’affaires.
SurleNiortais,onestimeà9000lenombre
desalariésdesmutuellesd’assurance.Quedire
aussi,outrelepoidsfinancierparlagestiond’ac-
tifs,dusoutienapportéàlafilièredubâtiment?
LaconstructiondunouveausiègedelaMacif,
lenouveaubâtimentdelaMaaf quiaccueille
300salariés,oul’agrandissementdeslocaux
de Mutavie ainsi que les travaux de mainte-
nance,impactenttrèsdirectementlechiffre
d’affairesduBTPdeux-sévrienquines’enplaint
pas.
Enfin,lesmutuellesniortaisesontcréédes
outilsdeformationetderechercheàNiort,à
vocationnationale.C’estlecasdel’Institutdes
risquesindustriels,assurantielsetfinanciers,
quifaitdelaformation,etdeCalyxis,unpôle
reconnud’expertisedurisque.
Nuldoutequ’onreparleradupôlemutua-
listeniortaisàcompterdu1er
janvier2016.Un
pôled’attractivitédiscretmaisimportant.
JEAN-BERNARD GILLES
Avec son pôle mutualiste qui regroupe les sièges de la Maif, la Maaf, la Smacl ou encore
la Macif, Niort est la troisième place financière du pays. PHOTO ÉRIC POLLET/« LA NR »
NIORT Le discret chef-
lieu des Deux-Sèvres est
une puissance financière
Le deuxième centre
tertiaire après Bordeaux
Les gros employeurs
Il serait injuste de réduire l’économie deux-sé-
vrienne à son pôle mutualiste qui en demeure
toutefois le phare. Le département possède
quelques entreprises de rang national, que ce
soit dans l’aéronautique ou la métallurgie. Il est
d’abord un pôle logistique (800 salariés) mé-
connu du grand public mais pas des profes-
sionnels, avec les bases opérationnelles pour
les entreprises Norbert Dentressangle, Kueh-
ne Nagel ou la Stef qui emploie plus de
250 salariés localement.
Deux entreprises émergent dans le secteur
de la métallurgie. Poujoulat, le fabricant bien
connu de cheminées et conduits de cheminées
qui emploie plus de 700 salariés dans le dé-
partement, et Deya, un spécialiste des produits
du second-oeuvre bâtiment, qui emploie plus
de 600 salariés.
Dans le secteur aéronautique, ECE à Chau-
ray (570 salariés) qui travaille pour l’A350 et
Leach International (300 salariés), sont aussi
portés par la bonne santé du secteur en France
et dans le monde.
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
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JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco18
L
adécisionesthautementsymbolique.
Ilyaquelquesmois,DassaultAviation
aannoncésadécisiond’implanterson
nouveaupôledemaintenancedesesavions
d’affairesFalconàMérignacenGironde.Un
investissement de 20 millions d’euros, avec
à la clé 70 emplois créés d’ici 2018. Éric Trap-
pier,lePDGdeDassaultAviation,ajustifiéce
choix par « la qualité de l’écosystème aqui-
taindansl’aéronautiquecivileetmilitaire».
Historiquement tournée vers la Défense,
lafilières’estaussipositionnéecesdernières
années dans la maintenance aéronautique
civile et militaire. Ainsi, en avril 2011, la Ré-
gionAquitaineacrééAerocampusAquitaine,
uncentredeformationàlamaintenanceaé-
ronautique(lireci-dessous).
Uneplacemajeuredanslesecteur
Après quatre ans d’existence, il commence
déjà à se faire un nom à l’international et a
d’ailleurs été retenu pour former l’essentiel
des 70 techniciens du futur pôle de mainte-
nancedesFalconàMérignac.ÀMérignacen-
core,SabenaTechnicsdécolleégalementeta
désormais en charge la maintenance de
120 appareilscivilsparan.
Le cas de Dassault est loin d’être isolé. Ré-
cemment,c’estTurbomecaquiaannoncésa
volontédefairedesonsitedeTarnos(Landes)
soncentremondialpourlaréparationdetur-
binesd’hélicoptères.Autreexemple,mi-avril,
Snecma, le motoriste de nombreux Boeing,
AirbusetRafale,ainaugurédeslocauxàBor-
deauxdédiésàlamaintenanceaéronautique
militaire.Car,avecl’AIA(Atelierindustrielde
l’aéronautique de Bordeaux), qui gère la ré-
paration des moteurs d’aéronefs (Rafale…)
del’arméeetlaSimmad(Structureintégrée
dumaintienenconditionopérationnelledes
matériels aéronautiques du ministère de la
Défense),quicompte750salariés,laRégion
a des atouts qui en font une place majeure
danslesecteurenFrance.
EtdesliensexistentdéjàaveclePoitou-Cha-
rentes. Safran dispose d’une usine à Châtel-
lerault (Vienne), spécialisée dans la répara-
tiondesmoteursd’avionscivilsetmilitaires,
quitravailleavecl’AIA.Parailleurs,Aerocam-
pus Aquitaine va assurer la formation des
mécaniciens égyptiens dédiés au Rafale, en
association avec l’école de formation des
sous-officiersdeRochefort.
Autantdebonnesnouvellespourl’écono-
mierégionale.Cemarchédelamaintenance
aéronautiqueestimmense:10milliardsd’eu-
rosetencroissancede4%paran.
NICOLAS CÉSAR
L’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux) gère la réparation des moteurs aéronefs. PHOTO ARCHIVES FABIEN COTTEREAU
MÉRIGNAC
L’entretien représente
deux tiers du prix
d’un avion. L’Aquitaine
et le Poitou-Charentes ont
de nombreux atouts pour
s’imposer sur ce marché
En pole position dans
la maintenance aéronautique
Les sceptiques étaient nombreux, il y a
plus de quatre ans, lorsque le Conseil ré-
gional d’Aquitaine décidait de racheter,
pour un peu plus de 6 millions d’euros, le
centre de formation des ouvriers et des
techniciens de la maintenance du minis-
tère de la Défense. Il devait fermer ses por-
tes. Ils doivent aujourd’hui constater
qu’Aerocampus a su se faire une place de
choix dans le paysage aéronautique natio-
nal. Quelques chiffres suffisent à l’attester.
Lorsque Jérôme Verschave, qui dirigeait
le cabinet du président du Conseil régio-
nal, a pris les commandes de cet outil dont
Alain Rousset voulait faire, avec le soutien
d’Alain Juppé, un pôle de formation d’ex-
cellence à la maintenance aéronautique,
tout était à faire, ou plutôt à refaire. Au-
jourd’hui, il gère un budget de quelque
6 millions d’euros, accueille 280 élèves en
formation initiale (Bac, BTS) y compris en
alternance. Aerocampus a reçu sur ses ter-
res à Latresne des milliers de salariés ou
de demandeurs d’emploi en formation
continue ou à la recherche d’une qualifi-
cation, qu’ils travaillent pour Sabena Tech-
nics, Airbus Hélicoptère, Stélia Composi-
tes, l’AIA ou Dassault Aviation.
L’association qui demeure juridique-
ment est toujours soutenue, dans ses ef-
forts d’investissements, par la Région, les
Investissements d’avenir (PIA) ou le Fonds
de reconversion de la Défense. Et elle au-
tofinance aujourd’hui son fonctionne-
ment à 52 % :60 personnes travaillent à La-
tresne, y compris les personnels de
l’Éducation nationale.
Partenariats industriels
Aerocampus a noué quatre partenariats
sonnants et trébuchants significatifs. La
société Airbus Helicopters, basée à Mari-
gnane et qui, comme tous les grands cons-
tructeurs d’aéronefs, doit vendre des ser-
vices maintenance à ses clients, délocalise
en Gironde des formations de techniciens.
Avec Dassault Aviation qui est entré ré-
cemment au conseil d’administration, La-
tresne monte en puissance sur les contrats
de maintenance des avions Rafale vendus
au Qatar : « Les techniciens qataris vien-
nent chez nous en formation de base puis
vont sur les bases aériennes de Rochefort
et de Mont-de-Marsan pour la période pra-
tique sur les avions militaires », explique
Jérôme Verschave.
D’autres contrats sont en vue. À Istan-
bul, Aerocampus a gagné son premier
contrat export en début d’année. La Saft a
elle aussi fait de Latresne son centre de for-
mation mondial pour la maintenance des
batteries.
Aerocampus accueille également de
nombreux instituts de formation à la sou-
dure, à la peinture ou aux métiers d’hôtes-
ses et de stewards. Il accueillera enfin bien-
tôt le plateau technique des formations
régionales de l’Afpa aux métiers de l’aéro-
nautique. Et développe une offre hôtelière
significative (300 chambres) sur son site
de 26 hectares.
JEAN-BERNARD GILLES
Jérôme Verschave, directeur d’Aerocampus.
PHOTO ARCHIVES MARIE HUGUENIN
LATRESNE En quatre ans, le centre de formation aux métiers de la maintenance s’est imposé
Aerocampus a mis pleins gaz
Lesatoutsdelagranderégion
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WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco20
A
vecl’avènementdelagranderégion,
les équilibres viticoles ne devraient
pasêtrechamboulés.L’Aquitaineest
bien campée dans son rôle de vignoble de
référence avec le Bordelais en figure de
proue. Le cognac est l’eau-de-vie de vin la
mieux valorisée de la planète et mise pres-
quetoutsurl’exportation.Enfin,leLimou-
sin n’apporte pas de pierre à cet édifice vi-
ticole, au-delà de quelques parcelles ici et
là.
Cettenouvelledonnepolitiquepourrait
enrevancheamenerquelquechosedansle
rapprochemententreBordelaisetCognac,
deux mondes vivant côte à côte mais qui
s’ignorentroyalement.D’ailleurs,deprime
abord,ilsontpeuàpartagersauf àinvestir
deconcertpourtrouverdessolutionstech-
niques aux maux communs. Par exemple
pour vaincre l’esca (maladie entraînant la
dégénérescenceducep),unfléaunational.
Cetéloignementauneraison: vineteau-
de-vie de vin ne jouent pas dans la même
cour. Et ce à tous les niveaux, en commen-
çant par le raisin : mur pour un bon rouge
ou blanc, acide et de faible degré (9 à 10)
pour le spiritueux. Il suffit d’assister aux
vendanges respectives pour le saisir : ren-
dements réduits pour le premier, récolte
volumineuse (deux fois plus) pour le se-
cond.
Place ensuite à la distillation, étape clé
dans les Charentes et inexistante en Gi-
rondeouailleursenAquitaine,sauf pourla
production confidentielle de Fine de Bor-
deaux. Enfin,l’élevageenfûtsestquasisys-
tématiqueaunorddel’estuaireetplutôtré-
servé aux beaux vins au sud. Mise en avant
systématique du millésime au sud, un cas
particulier au nord avec la logique inverse
d’un produit régulier et homogène. Les
exemples sont légion, à se demander pres-
que si les vignerons font le même métier...
Le bal à quatre pour cognac
Mêmeconstatdedivergencedansl’organi-
sation même de la filière. Dans l’univers
aquitain, producteurs (indépendants ou
coopératives) cohabitent avec un négoce
relativement éclaté même si deux sociétés
prédominent (hors grands crus), en l’es-
pèce Castel et Grands Chais de France. Bon
anmalan,chacuntientlemancheàtourde
rôle lors des négociations commerciales
(surtoutenfonctiondesvolumesrécoltés).
Dans les Charentes, le système est beau-
coupplusintégréverticalement :lesvigne-
ronssontessentiellementdesfournisseurs
de « matière première » pour les négo-
ciants. Il y a d’ailleurs peu de producteurs
vendantdirectementleursbouteilles,àl’in-
versedeBergeracoudeJurançonparexem-
ple.
Qui plus est, quatre maisons puissantes
(Hennessy, Martell, Rémy Martin, Courvoi-
sier),appartenantàdesgroupesmondiali-
sés, concentrent la commercialisation. Le
Cognacétantexportéà97 %,l’Hexagonen’y
est la priorité de personne. Alors que les
rayons des linéaires à Rennes, Paris ou Li-
moges sont des débouchés de choix pour
le Marmandais, Buzet ou l’AOC Bordeaux.
Le cognac est dans l’univers des whiskies,
vodkaetautresgin,làoùlepackagingaune
place primordiale... et où les marges sont
élevées.
Alors que les interprofessions de Bor-
deaux ou Bergerac (désormais marié à Du-
ras) dépensent des millions pour commu-
niquer(presse,affichage...),celledeCognac
n’a pratiquement pas de budget en la ma-
tière. Les négociants préfèrent jouer leur
carte personnelle partout sur le globe.
Avectoutesceslogiquesprofessionnelles
opposées,oùtrouverdemaindessynergies
éventuellesentrenordetsuddelarégion ?
Les pistes sont maigres, sauf au plan envi-
ronnemental(traitermoinslavigne,coha-
bitation avec les riverains...) ou pour ame-
nerensembledesproducteursàvendredes
bouteilles au bout du monde, comme le
propose l’Agence aquitaine de promotion
agroalimentaire (Aapra). On verra par
exemple si le salon Bordeaux Vinipro qui
s’ouvre grand à tout le Sud-Ouest pour sa
deuxièmeéditionenjanvierprochain,réus-
sira à attirer quelques producteurs de co-
gnac ou de pineau des Charentes.
CÉSAR COMPADRE
Bordeaux et Cognac sont deux champions à l’exportation... mais c’est à peu près leur seul point commun. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE MÉNARD
VIGNE Difficile de dégager des synergies chez deux voisins aussi différents
Vin et cognac : deux
univers bien distincts
Trois points forts
■ Grandes surfaces
Le Bordelais compte 115 000 ha de vigne
et produira pour le millésime 2015 (selon les
estimations officielles) 5,7 millions d’hl.Avec
bien moins - 74 000 ha - les Charentes sont
à 9 millions d’hl. La superficie des autres vigno-
bles aquitains (Bergerac, Lot-et-Garonne, Ju-
rançon,Tursan...) est égale à celle du Médoc.
■ Toute la gamme
Peu d’autres vignobles hexagonaux proposent
toute la gamme des produits : rouge, rosé,
blanc sec et liquoreux, crémant, eau-de-vie ou
vin de liqueur (Pineau des Charentes). Un atout
pour la future grande région.
■ Tous les poids lourds
Le poids viticole du Sud-Ouest est tel que tous
les poids lourds du métier sont là. Négociants
(Castel, Grands Chais de France...) et fournis-
seurs (bouchons Amorim...), sans oublier la re-
cherche et le développement (ISVV à Villenave-
d’Ornon...). Même constat au nord avec les
champions mondiaux des alcools (LVMH, Per-
nod Ricard, Suntory...), les pépiniéristes ou les
tonneliers (Seguin Moreau, Radoux...).
La récolte 2015 s’annonce de qualité.
PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD
Le pineau des Charentes, un vin de niche
original. PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST »
Joseph Helfrich, fondateur des Grands
Chais de France, à Landiras (33). ARCHIVES C. P.
Lesatoutsdelagranderégion
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L
orsdelatempêteKlausdejanvier2009,
lesforestierslandaisontreçulerenfortde
leursvoisinsduLimousinetdesCharen-
tes.Le1er
janvierprochain,tousseretrouveront
dansunemêmerégionqui,d’entrée,sehisse-
raàlapremièreplacenationale. Avec2,8mil-
lionsd’hectaresboisés,lagranderégionAqui-
taine,Limousin,Poitou-Charentes,dépassesa
voisined’Auvergne-Rhône-Alpes.
Commepourl’agriculture,lafilièreforêt-bois
delanouvelleentitéreprésenterauneforceéco-
nomique:9,7millionsdemètrescubesdebois
récoltés(lequartdelaproductiontotalefran-
çaiseet38%duboisd’industrie),unchiffred’af-
fairesde10milliardsd’euroset50000emplois,
soitplusquel’aéronautique.Autrecaractéristi-
que:cetteforêtestdétenueà90%pardespro-
priétairesprivés,lesforêtspubliquescouvrant
toutefoisplusde230000hectares.
«Essencescomplémentaires »
EntrePoitouetPyrénées,«lesessencessontdif-
férentesmaiscomplémentaires »,souligneSté-
phaneViéban,directeurgénérald’AllianceFo-
rêts Bois. Un contexte forestier qu’il connaît
bien.Lacoopérativeesteneffetdéjàprésente
surl’ensembleduterritoiredelagranderégion,
etmêmeau-delà.«Aujourd’hui,onsedéveloppe
surl’ensembledesesmassifs»,préciseStéphane
Viéban.
Unerécenteétuded’Agreste,leservicestatis-
tiqueduministèredel’AgricultureetdelaFo-
rêt,délimitequatregrandeszonesforestières:
leslandesdeGascogneaveclepinmaritime,les
plateauxduHautLimousin,terresdefeuillus
etderésineux,laVienne,laCharente,laDordo-
gneetlesPyrénées-Atlantiques,oùdominent
lesfeuillus,etenfinlesplainesdesDeux-Sèvres,
deCharente,deCharente-MaritimeetduLot-
et-Garonne,aveclespeupliers.
Leboisexploitédanscestaillisetforêtsali-
mentetouteslesfilières:lesciage,ledéroulage
etl’emballage,lebâtiment,lepapier-carton,le
meuble,lebois-énergie. Avecdesentreprises
surtoutceterritoireetengénéralspécialisées
selonl’essencedominantedelazonegéogra-
phique.Lesscieriesderésineuxsontimplan-
téesdanslesLandes,laGironde,leLot-et-Ga-
ronne et la Charente-Maritime pour le pin
maritime,dansleLimousinpourl’épicéaetle
douglas.LaDordogneestentêtepourlesciage
defeuillus.L’industriedupapieretducarton
estbienimplantéeenGironde(SmurfitKappa
àFacture),danslesLandes(groupeGascogne),
laHaute-Vienne(InternationalPaperàSaillat),
enDordogne(Condat),enCharente,avecauto-
tal10000salariés.PrésenteenCharente-Mari-
timeetdanslesDeux-Sèvres,lafabricationde
meublesemploie4800personnes.
Lacréationd’unegranderégionforestièreva
permettredemettreenplacedes«synergies»,
estimelacoopérativeForêtsBois.Lesavoir-faire
desunsetdesautresenrésineuxetenfeuillus
peutprofiterauxvoisins.Ceciexistedéjàenpar-
tie : la scierie Archimbaud par exemple, née
danslesDeux-Sèvres,aouvertuneunitédans
lesLandes.NéaussidanslesDeux-Sèvresautour
de la transformation du bois de peuplier, le
groupeThébaults’estdiversifiédanslesbois
exotiquespuis,ens’installantàSolférino(Lan-
des),danslepinmaritimepourlafabrication
depanneaux.
«Dynamiserlarécolteforestière »
Commelesautressecteursdel’économie,lafi-
lièreforêt-boisdevrapasserparunephased’har-
monisation.Lestroisquartsdelarécoltedebois
delagranderégionsontportésparlesrésineux
(pin,douglas,épicéa)alorsquelesdeuxtiersde
laressourcesurpiedestconstituéedefeuillus.
L’exploitationdeboisd’œuvredechêne esten
reculrégulier.Agresteparlemêmede«situa-
tionpréoccupante ».Tropdeboisdefeuillusdu
sudduLimousinetdesPyrénéesvontentota-
litéversl’énergiefautededébouchésindustriels
rémunérateurs.
Agrestesuggèrelamiseenplaced’outilsde
gestionsylvicoledurable,commeilenexiste
pourlepinmaritime,envisantunemeilleure
répartitionhiérarchiqueentreboisd’œuvre,
boisd’industrieetboisénergie.End’autrester-
mes,«ilfautdynamiserlarécolteforestière»,ré-
sumeStéphaneViéban.Uncentredetechnique
sylvicolevientainsid’êtrecréépourlechêne.
Lespartenariatsauseindelafuturerégion
devraientaussitoucherlesentreprisesdetrans-
formation. Dansunpremiertemps,desallian-
cescommercialessontenvisageables.Lesinter-
professionsactuellessontamenéesàcollaborer.
Lagranderégionforestièredevraitenfinbéné-
ficierdelaprésencesursonsoldeXylofutur,le
seulpôledecompétitivité deFrancedédiéaux
industriesdubois.
MICHEL MONTEIL
La société Bost et Grandchamps, à Négrondes (24), est spécialisée dans le sciage
et la menuiserie. PHOTO ARCHIVES J.-CHRISTOPHE SOUNALET
FILIÈRE BOIS La nouvelle région est en haut
du podium avec une diversité d’essences intéressante
La première forêt de France
■ Au fil des forêts cultivées et des taillis de la
grande région, six grandes essences peuplent
ses 2,8 millions d’hectares.
D’abord le pin maritime, sur plus de
800 000 hectares dans les Landes, la Gironde,
le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime, de-
puis les dunes littorales jusqu’à l’intérieur des
terres. Il aime les sols sableux et pousse vite
(une trentaine d’années pour les dernières gé-
nérations) et haut (il peut dépasser 40 mètres).
Autrefois utilisé comme poteau de mine, son
bois sert aujourd’hui dans l’industrie du papier-
carton, la menuiserie (parquets et lambris), la
charpente (avec la technique du lamellé-collé).
Autre résineux, le pin douglas, qui couvre
64 000 hectares essentiellement dans le nord-
est du Limousin et ses vallons de moyenne
montagne.Venu des États-Unis, il est de plus
en plus planté en France et dans la région en
reconstitution de peuplements.
Les propriétés de son bois (une bonne résis-
tance mécanique) lui procurent un usage dans
la construction, en particulier pour les maisons
à ossature bois.Toujours en résineux, l’épicéa
couvre près de 40 000 hectares de la grande
région, principalement sur les hauteurs du Li-
mousin. Pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres
de haut, résistant aux grands froids, il est utilisé
dans la construction (charpentes).
Côté feuillus, le chêne est le plus répandu
(800 000 hectares) sous forme de chêne pé-
donculé, de chêne sessile, de chêne vert. Grâce
au temps, du haut de ses 40 mètres, il fournit
un bois utilisé pour la construction (charpen-
tes), la menuiserie (le chêne représente le tiers
de l’approvisionnement de ce secteur), la fabri-
cation de barriques et le chauffage.
Vient ensuite le châtaignier, présent sur
250 000 hectares de la grande région à une al-
titude de quelques centaines de mètres. Son
bois marron clair est utilisé pour les piquets,
des éléments de charpente et en menuiserie.
Les vallées de l’Adour, de la Garonne, de la
Dordogne, de la Charente et de la Sèvre sont le
territoire du peuplier (35 000 hectares). Il four-
nit la moitié du bois d’œuvre de feuillus de la
région et est utilisé principalement dans la fa-
brication de caisses d’emballage.
Au fil des forêts et des taillis, la région voit
aussi pousser du hêtre, du robinier (le faux
acacia), du sapin, du frêne...
M. M.
Pin maritime, épicéa, chêne,
peuplier, hêtre...
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco22
L
eschiffresparlentd’eux-mêmes.Biensûr,
la future grande région ne sera pas la
LombardieoulaCatalogne.Évidemment,
ellenepossèdequ’uneseuleentreprisecotée
auCac40,lasociétéLegranddeLimoges,dont
plusde90 %ducapital,flottantdonc,estaux
mainsd’investisseurs.Maisavec26entreprises
cotées,c’est-à-direayantfaitappelàlabourse,
onnepeutpasparlerd’engouement.«Nousvi-
vonstoujoursdansuneéconomietrèsbancaire
quin’apasdecultureboursière »,regretteAxel
Champeildelasociétédeboursebordelaise
Champeil Asset Management, la seule de la
granderégion.
Ilaprislasuccessiondesonpèreetsesou-
vientdel’époqueoù lasociétéGascogne,laplus
anciennecotedelaplace(1991)faisaitsonen-
tréeenbourse,à70eurosl’action,etfigurait,
comme un emblème, dans tous les porte-
feuillesdesinvestisseursgirondins.Elleestau-
jourd’huiendeçàde5eurosmaisfaitl’objet
d’unsolideplanderelanceparDominiqueCou-
tières,laBPIetleCréditAgricole.En2011,Bor-
deauxÉcoledeManagement(Bem)etlaCCIde
Bordeauxcessaientdepublier leurindicebour-
sierrégional,« enraisond’untrèsfaibletaux
d’activité »,résumePierreGruson,professeur
definancesàl’écoledecommercebordelaise.
Descoûtstropimportants
Lacrisefinancièrede 2008adouchélesplus
optimistessurcettemanièredesefinancer.Le
rachatdeGuyenneetGascogneparCarrefour,
lasortiedeGifietlesdifficultésdeGascogne,
ontachevédedissuaderceuxquiétaientten-
tés.« C’estvraiquenoussommesenterrede
missionici »,admet Nicolas-GastonEllie,res-
ponsableSud-Ouestd’Euronext.Iln’aquehuit
introductionsenbourseàmettreenavantde-
puis2011. Concoursmania(jeuxvidéo),Impla-
net(prothèsesdugenouetdurachis)ouInno-
veox(valorisationénergétiquedesdéchets),
ont trouvé des financements sur ce marché
boursierpourfinancerleurdéveloppement.
Maisc’estenMidi-Pyrénéessurtoutquecertains
entrepreneursontsautélepas(Cerenis,Figeac
Aéro).
Lesreprochesfaitsàlaboursesontdeplu-
sieursordres.Lescoûtsd’abord:entre5à10%
dumontantdesfondslevés,etunforfaitannuel
de l’ordre de 7 600 euros en moyenne pour
unePME.Ilenacoûté100000eurosautotalà
unepetitesociétédeservicesquifaitunmillion
d’eurosdechiffred’affairespourentrersurle
marchélibre.Troismoisplustard,ellen’apas
encorelevél’équivalentdecemontant.«Lors-
quevousêtescoté,vouspassezbeaucoupde
temps à communiquer sur vos intentions,
doncàinformervosconcurrents »,explique
Jean-LouisBlouin,lepatrond’I2S,dont30%du
capitalsontauxmainsdupublic.Ilyvoitaussi
«uneimpassepatrimoniale».Detrèsbellesen-
treprisessavents’enpasser.
«Tropfluctuant»
FayatagrandisanslaBourseetsursesfonds
propres.«Iln’étaitpaspossibledansnotreac-
tivité,defaireappelaumarchécarquelquesoit
lesoinquevousapportezàvosvins,vousêtes
tributaired’aléasclimatiquesquedesaction-
nairesnesauraientprendreencompte »,ex-
pliqueBernardMagrezquis’esttoujoursfinan-
céhorsdelacorbeille.«C’estunmarchétrop
fluctuant, nous avons choisi le modèle des
fondsavecquinouspartageonslavisionstra-
tégique »,expliqueMarcPrikazsky,lePDGde
CevaSantéAnimalequiyvoituneopportuni-
tépourlesstart-upoulesgrandesentreprises.
Maislabourse,outredesfinancements,ap-
porteuneréellenotoriété.Lasociétéd’ambu-
lancesgirondineIntegralafaitconnaîtreau
printempsderniersesprojetsdecroissanceex-
ternesurunmarchénationaltrèsatomisé.
«Nousavonsbénéficiéd’un coupdeprojec-
teurmondialavecl’entréeenboursedeFer-
mentalg»,assurePierreCalleja,sonPDG.Ila
levé44millionsd’euros,déjà enpartieinvestis
àLibournedanssanouvelleusined’huilepour
nutritionhumaineàpartirdesmicroalgues.
Untiersdesoncapitalestdésormaisflottant
mais il se considère protégé surtout par ses
200brevets.
JEAN-BERNARD GILLES
La société libournaise Fermentalg, dirigée par Pierre Calleja, a placé pour 44 millions d’euros de titres l’an passé sur Euronext, une des plus
belles levées de fonds de l’année, destinés à l’investissement. PHOTO ARCHIVES STÉPHANE KLEIN
FINANCEMENT Il n’y a que vingt-six sociétés cotées dans la future grande région. Les entreprises
sont encore méfiantes. Pourtant certaines se développent grâce aux petits porteurs
La bourse avec modération
On entend par capitalisation boursière (ou
valorisation)lavaleurd’uneentreprisecotée,
c’est-à-direlemontantdel’action,ci-dessous
arrêtéau30septembredernier,multipliépar
lenombred’actions.C’estaufondlavaleurde
l’entrepriseàuninstantdonné.Ellevariede
jourenjourenfonctionducoursdel’action,
soumisàlaloidel’offreetdelademande.On
appelleenfinflottantlapartducapitaldel’en-
trepriseauxmainsdupublic. Engénéral,tous
lesactionnairespossédantmoinsde5 %.
Legrand. Limoges (Haute-Vienne), fabricant
dematérielélectrique:12,6milliardsd’euros
devalorisation,95%ducapitalflottant.(lire
page11).
Lectra.ParisetCestas(Gironde),leadermon-
dial de logiciels et équipements de concep-
tion et fabrication assistées par ordinateur,
300millionsd’eurosdevalorisation,43%de
flottant.
LeBélier.Vérac(Gironde),fonderiealuminium
pourautomobiles,187millionsd’eurosdeva-
lorisation,34,5%deflottant.
SermaTechnologie.Pessac(Gironde),services
et ingénierie technologique, 140 millions
d’eurosdevalorisation,1%deflottant.
Poujoulat.Saint-Symphorien(Deux-Sèvres),fa-
bricationdeconduitsdecheminée, 75,4mil-
lionsd’eurosdevalorisation,30,6%deflottant.
Fermentalg.Libourne(Gironde),bioproduc-
teurd’huilesetdeprotéinesàbasedemicroal-
gues,70millionsd’eurosdevalorisation,71 %
deflottant.
Europlasma.Pessac(Gironde)etMorcenx(Lan-
des), traitement et valorisation de déchets
dangereux, 62 millions d’euros, 72 % de flot-
tant
Gascogne.Saint-Paul-lès-Dax(Landes),fabrica-
tion de produits bois et papier, 61 millions
d’euros,11,7%deflottant.
Fountaine-Pajot. Aigrefeuille-d’Aunis (Cha-
rente-Maritime),constructeurdecatamarans,
57,4millionsd’eurosdevalorisation, 29,1%de
flottant.
I. Ceram. Limoges (Haute-Vienne), implants
orthopédiques,43,5millionsd’eurosdevalo-
risation,14,66 %deflottant.
Innoveox. ParisetPessac(Gironde),transfor-
mationdedéchetstoxiqueseneaueténergie,
37,7millionsd’eurosdevalorisation,51%de
flottant.
Axel Champeil, PDG de Champeil Asset
Management, société de bourse bordelaise.
PHOTO DR
Elles valent plus de 30 millions d’euros
Champeil a listé les onze plus grosses valorisations boursières de la grande région au 30 septembre
Lesatoutsdelagranderégion
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 23Publicité
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.COMSudOuestéco24
■■ La première étape du prix des Aquitains de l’année a consisté à sélectionner dans les cinq
départements des entreprises fiables et performantes. Cette opération est le fruit d’une
collaboration pédagogique entre les étudiants de Kedge Business School,
les journalistes de « Sud Ouest » et la Banque Populaire.
Pour dresser leur liste, les étudiants se sont appuyés sur les données fournies
par Pouey International, société spécialisée dans l’information commerciale garantie et
le recouvrement de créances.
Dans un second temps, un jury, présidé par Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, constitué de
personnalités du monde économique régional (lire page 26) et animé par un journaliste
de « Sud Ouest », a désigné deux lauréats parmi les huit sociétés les plus performantes de l’année
dans le département. Deux dirigeants ont donc été élus Aquitains de l’année 2015 pour la Gironde.
La dernière mission du jury était de désigner un lauréat régional parmi les dix prétendants.
Il sera dévoilé le 1er
décembre lors de la dernière soirée des Aquitains de l’année à Bordeaux,
au sein de Kedge.
Vous pourrez par ailleurs lire dans « Sud Ouest » du 3 décembre le récapitulatif intégral du pal-
marès, département par département.
Le prix, mode d’emploi
Aquitains de l’année : les lau
I
nventer. En économie, plus qu’ailleurs,
c’est le maître mot. Un nouvel écrin, la
grande région, de nouveaux atouts, de
nouvelles synergies, de nouvelles perspecti-
ves.Lefuturs’imagineets’écritaujourd’hui.
Lepalmarèsdévoilédanslespagesquisuivent
raconteunemanièred’appréhenderl’avenir.
Fortdebasessolides,d’histoiresaulongcours,
dessavoir-fairedéployés,déclinés,réexplorés.
Àl’instard’unordinateur,lesentreprisessont
engagéesdansdesmisesàjourquotidiennes.
Que l’on façonne l’un des emblèmes gour-
mands de Bordeaux (Baillardran), que l’on
soit dans la nourriture lyophilisée, dans le
marketing numérique (Aquitem/Alienor),
l’exigencerestelamême:innoverpouravan-
cer. Dans le sillage de ces fleurons économi-
ques,ilyabienévidemmentl’emploiquicon-
court à l’attractivité d’un territoire. Car
derrièrechaqueinitiative,chaqueprojet,c’est
dedéveloppementdontilestquestion.
AinsilaGirondeetBordeaux,saported’en-
trée,ontaujourd’huienmainunatoutclé,un
levier de croissance incomparable : le tou-
risme. Un nouvel Eldorado? Vraisemblable-
ment.IlsuffitderegarderlaGaronnedepuis
les quais de Bordeaux : on y croise des dizai-
nes de bateaux promenant des milliers de
touristes. Impensable il y a vingt ans. Bor-
deaux, best european destination, véritable
locomotive du reste de la Gironde. Qui dis-
posed’atoutsclés:sonlittoralbiensûretses
vignes.Unpatrimoinequiseracélébréparla
CitéduVinquiouvriraaumoisdejuin.Plus
qu’un geste architectural audacieux, une
rampedelancementpourletourisme.
Gironde
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.COM SudOuestéco 25
réats de votre département
Gironde
C’est la neuvième édition desAquitains de l’an-
née:commentseportecepalmarès?
ChristianChapothin.Noussommestrèsfiersde
notrepromotion2015quirévèledenouvelles
pépites.Noussommestrèsattentifsauchoix
desdossiers.LesétudiantsdeKedgesélection-
nentenamont,avecl’aidedePoueyInterna-
tionallescandidatssurdescritèresdeplusen
pluspointus.Aufildesannées,cepalmarèsa
gagnéennotoriété.Ilestaujourd’huireconnu.
PatrickVenries.Ilestdésormaisinstalléaucen-
tredelavieéconomiquerégionale.Ilmeten
lumière denouvellesentreprises,souventdis-
crètes,toujoursplusinnovantesetplusagiles
surleursmarchés.Destrajectoirespositives
quenoussouhaitonsmettreenlumière.
Qu’apporte t-il à la Banque Populaire et à
«SudOuest»?
C.P.Ilnousapporteunevisibilitéaccrueauprès
desentreprisesdenotreterritoire.Ilnousper-
metdeprendrelepoulsdel’économierégio-
nale.Notremodèlecoopératifapourambition
«d’additionnerlesforcespourmultiplierles
chances».Banquierhistoriquedesentrepre-
neurs,noussouhaitonsêtrelesacteursetles
amplificateursdecessuccès.
P. V. Ce palmarès a cimenté notre rôle pivot
dansl’informationéconomiqueetlaviedenos
territoires.AvecnospagesspécialiséesÉcono-
mie,leslundietjeudi,notrenewsletteréconu-
mériqueetnosdébats,ilsymbolisenotrestra-
tégieéconomiquemulticanal.
Quediredececru2015?
P.V.Ilmontreunenouvellefoislaforcedenos
entreprises,souventpetitesetmoyennes,aux
prisesaveclacompétitionnationaleetinter-
nationale. Il met en évidence des entrepre-
neursdecaractèreanimantdeséquipespro-
fessionnelles. Nous sommes fiers de nos
lauréatscommeàchaquefois.Etd’avoircon-
vaincuÉricTrappier,PDGdugroupeDassault
Aviation,deprésiderànoschoixcetteannée.
C. P. Nous avons la chance, une fois de plus,
d’avoirunprésidentdejuryemblématique,
en la personne d’Éric Trappier. Nos lauréats
cetteannéeencoreincarnentclairementlady-
namiquedenotrerégion.Notrejuryafaitdes
choixrigoureuxetexigeants.Pourrésumer:le
cru2015clôtureenbeautélapremièredécen-
niedesAquitains.
Commentpourraitévoluerceprixen2016 dans
lecadredelafuturegranderégion?
P. V. Ilseraplusdigital,devraintégrerlanou-
velledonnerégionaleetdonneralieuàdesma-
nifestations plus denses dans les départe-
ments.
C.P.Nousréfléchissonsàunnouveaufonction-
nementquicolleraitàlanouvelleentitéetà
sondécoupageadministratifquisontceuxde
laBPACA.Lesdiscussionssontencoursavec
nospartenaires.Unechoseestacquise.Nous
avonsrendez-vous l’anprochainpourdécou-
vrirlesAquitainsdel’Année,définition2.0.
Christian Chapothin (BPACA) et Patrick Venries (« Sud Ouest »). PHOTOS ARCHIVES LAURENT THEILLET
En 2016, le prix intégrera
le nouveau découpage
POINT DE VUE Interview de Christian Chapothin, directeur
général adjoint de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique
et de Patrick Venries, directeur général délégué de « Sud Ouest ».
Les deux partenaires ont relancé ce palmarès il y a dix ans
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco26
Présidé par Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, le jury des
Aquitains de l’année a décerné les deux trophées départementaux à Lectra et Exosun
Le jury et les deux
lauréats
« C’est un concentré de l’économie française
sur lequel nous avons travaillé avec le jury
des Aquitains de l’année. Nous avons vu de
vraies démarches d’industriels qui font face,
investissent, développent leurs activités. Il
est aujourd’hui difficile d’entreprendre en
France et de recruter. Les coûts de production
sont plus élevés qu’aux États-Unis par exem-
ple. L’innovation est devenue impérative
pour maintenir notre compétitivité. »
PRÉSIDENT DU JURY
ÉricTrappier
Président-directeur général
de Dassault Aviation
Les membres du jury 2015 des Aquitains de l’année,réunis le vendredi 4 septembre à Bordeaux au siège de notre journal. PHOTO GUILLAUME BONNAUD
« C’estd’abordladiversitédecettepromotion
quim’amarquée.Desmétierstraditionnels
auxnouvellestechnologies,noslauréatsdé-
partementauxsontanimésparunvéritable
espritd’excellenceincarnéparl’Aquitain2015.»
OECA
Anne
Jallet-Auguste
Représentante de
l’Ordre des experts-
comptables
d’Aquitaine
« Ce qui me frappe le plus lorsque sonne
l’heure de ce palmarès, c’est le renouvelle-
ment des entreprises. Il y a partout sur nos
territoires des entreprises discrètes qui avan-
cent et qui prennent les bonnes décisions. »
POUEY
INTERNATIONAL
Bertrand
Lacampagne
Président
du directoire de
Pouey International
« CettesaisondesAquitainsdel’annéeestunex-
cellentcru.Descentainesdedonnéestraitéespar
nosétudiants,desentretiensconduitssurtoute
larégion,desentreprisesquiseconfirmentmais
aussideshistoiresméconnuesouendevenir.»
KEDGE
BUSINESS
SCHOOL
Jacques-Olivier
Pesme
Directeur associé
développement
international
« Cesontunenouvellefoisdebelleshistoires
quisontmisesenlumièreparcepalmarès,des
histoiresd’hommesetdefemmesquientre-
prennentsurnosterritoires.Ilsméritentnotre
respectetnotreengagementàleurscôtés.»
BANQUE
POPULAIRE
Christian
Chapothin
Directeur général
adjoint Banque
Populaire Aquitaine
Centre Atlantique
« Lasélection2015estreprésentativedenotre
tissuéconomiquerégional.Elledémontre,s’il
enétaitbesoin,quelacroissanceestau-
jourd’huitiréeparl’exportationetl’innovation,
lesdeuxpiliersdel’interventiondebpiFrance.»
BPIFRANCE
Yannick
Cambacedes
Directeur délégué
financement et
garantie Aquitaine
de bpiFrance
« Comme chaque année,ce palmarès des
Aquitains de l’année apparaît comme un an-
tidote à la morosité générale.Il nous offre une
sélection renouvelée d’entreprises et d’entre-
preneurs qui font la vie de nos territoires. »
JOURNAL
« SUD OUEST »
Patrick
Venries
Directeur général
délégué et directeur
de la publication
Gironde
JEUDI3DÉCEMBRE2015
WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 27
■■ Lorsdelapublicationdesrésultatsfinan-
ciersdu3e
trimestre2015,Lectraamisengarde:
lesprévisionspourl’annéeserontlégèrement
inférieuresàcellesenvisagées.Lafauteàlafai-
blessedumarchéchinoisetdeceluidel’auto-
mobile. Iln’empêche,Lectraestsuruneten-
dancedehausseduchiffred’affairesdeplusde
10%etdurésultatnetdeplusde30%.
Endépitd’une«visibilitélimitée»,lespers-
pectivesdecroissancesontbonnespourlelea-
dermondialdeslogicielsetdessystèmesdedé-
coupeparlaserouparlamedestissusetdes
matériauxsouples.Unbonsignalpourl’usine
deCestas,sitedenaissancedelasociétéen1973,
quiemploieaujourd’hui 1500personnesdans
lemonde.AndréHarari,71ans,présidentdu
conseild’administration,etsonfrèreDaniel,
61ans,directeurgénéralontpris37%ducapi-
taldelasociétédanslesannées1990.Lajeune
pousse fondée vingt ans plus tôt par des ju-
meaux,BernardetJeanEtcheparre,étaitalors
confrontéeàdesdifficultésfinancières.
23000clients
LesfrèresHarariontredressélabarre.En2012,
ils ont lancé un plan d’investissement de
50millionsd’eurosaxésurlarecherche(10%du
chiffred’affaires,50ingénieursrecrutés),ledé-
veloppement,laformation,lalogistique.Plu-
tôtquededélocaliserenChine(àl’exemplede
sonprincipalconcurrentaméricain)etdeseli-
vreràuneguerredesprix,Lectraaoptépourla
montéeengammedeseslogicielsetdesesma-
chinespourdesclientsaussidiversquelacou-
tureetlamode(Vuitton,Hermès),lessiègesde
voitures(Faurecia),lachaussureetmêmeles
siègespourbateauxetavions.Entout,23000
clientsdansunecentainedepays.
Nouvellegénérationdemachines
Quelquesexemplesd’innovations:lesnouvel-
lesmachinesdedécoupesontdotéesdecap-
teursquianalysentletissuetoptimisentleur
travail.En2014,leurventeaprogresséde45%.
Surlemarchédessiègespourvoitures,lapart
de Lectra est passée de 15 à 70 % en sept ans.
Dansl’ameublement,lesventesontétémulti-
pliéespartroisdepuis2012. Depuisquelques
mois,lemarchéchinoisestmoinsporteuret
lasociétéadûrevoirsesprévisions àlabaisse.
Envisagéuntempsà240 millionsd’euros,
lechiffred’affairesde2015devraits’établiren-
tre235et238millionsd’euros.L’entreprisede-
meureconfiante,forted’unfaibletauxd’endet-
tement et, souligne Daniel Harari, de
«fondamentaux(...)plussolidesqu’ilsn’ontja-
maisété»dansl’histoiredeLectra.
Michel Monteil
Daniel Harari, directeur général de Lectra. PHOTO ARCHIVES STÉPHANE LARTIGUE
LECTRA
■■ Ledésertchiliend’Atacama.C’estlà,aunord
d’unpaysquisouhaiteproduire20%desonélec-
tricitéàpartird’énergiesrenouvelables,qu’EDF
énergiesnouvelles (EDF-EN)etsonpartenaire
local(Marubeni)vontconstruireunegigantes-
quecentralesolaire.Ellecompteraplusde277
000modulesphotovoltaïques.Lesdeuxtiers
d’entreeuxserontéquipésdessystèmesdesui-
vidusoleil,destrackers,conçusparleGirondin
Exosun.EDF-ENavaitdéjàutilisécestrackers
dansunprojetaquitain.
À l’été 2007, Frédéric Conchy, venu du do-
mainebiomédical,s’associeàJean-NoëldeCa-
rentenayetàDominiqueRochier,pourcréer
Exosundanslapépinièred’entreprisesdeBor-
deaux-MontesquieuàMartillac.Lajeuneentre-
prisebénéficiedusoutiendel’incubateurrégio-
naletestlauréateduconcoursnationald’aide
àlacréationd’entreprisesdetechnologiesinno-
vantes.
Suivrelesoleildumatinausoir
L’ambitiondelajeunesociété,surunmarché
del’énergiesolairepromisàunbelavenir,estde
fabriquerdessystèmesdesuividusoleil.Lespan-
neauxphotovoltaïquessontengénéralfixes.En
lesposantsurleséquipementsmobiles,ilspeu-
vents’orienterdefaçonàêtreenpermanence
faceauxrayonnementssolaires,dumatinau
soir.Avecundoubleeffet:l’augmentationlapro-
ductiond’énergiede30%etlaréductionducoût
dukilowatt/heuresolaire.
Huit ans plus tard, Frédéric Conchy,
49ans,présidentdelasociété,avendudestrack-
ers dans le monde entier.Ils équipent au-
jourd’huiplusde270MWc(mégawattcrête)de-
puislafermesolairede CestasoucelleduGabar-
dandanslesLandesjusqu’àlacentralepilotede
CaborcaauMexique.
Quatrefilialesàl’étranger
Enprésenced’unmarchénationaltimide,Fré-
déricConchyatrèsvitemisésurl’exportation.
LasociétéaouvertdesfilialesauxÉtats-Unis(San
FranciscoetPhœnix),enAfriqueduSud(Cape
Town)et,ilyaquelquessemaines,auBrésil(Sal-
vador),enpartenariataveclegroupeEcoluzPart
SA.ElledisposeaussidebureauxauMexique,au
Chili,auPortugaletenEspagne.
LesrécentscontratsauBrésiletauChilicon-
fortentlastratégied’Exosun.«Nousnousréjouis-
sonsàlaperspectivedepouvoirprouversurle
terrainlasupérioritétechniquedenotrepro-
duitetl’excellencedenosservicesdesupport»,
s’estfélicitéFrédéricConchyaprèslasignature
ducontratchilien,leplusimportantdelajeune
entreprisegirondinedésormais (depuis2014)
bénéficiaireetinstallédepuispeudansunbâti-
mentde1200mètrescarrésàMartillac.
M.M.
Frédéric Conchy sur le site de la centrale solaire du Gabardan (Landes). PHOTO NICOLAS LE LIÈVRE
EXOSUN
La découpe de tissus
est montée en gamme
Gironde
ACTIVITÉ : Supports mobiles
de panneaux photovoltaïques
DATE DE CRÉATION : 2007
DIRIGEANT : Frédéric Conchy
EFFECTIF : 90
CHIFFRE D’AFFAIRES : 20 millions
d’euros
ACTIVITÉ : Fabrication de machines
et de logiciels pour l’industrie textile
DATE DE CRÉATION : 1973
DIRIGEANTS : André et Daniel Harari
EFFECTIF : 1 500 dont 728 en France
CHIFFRE D’AFFAIRES : 211 millions
d’euros
Des panneaux qui tournent (bien) avec le soleil
L'Economie et le Tourisme dans la nouvelle Aquitaine
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L'Economie et le Tourisme dans la nouvelle Aquitaine

  • 1. Ils ont marqué l’année 2015 Frédéric Conchy (Exosun) Daniel Harari (Lectra) Novateurs, audacieux et confiants. Découvrez pourquoi Daniel Harari et Frédéric Conchy sont les Aquitains de l’année 2015 Internet TousnosdossierssurleWeb Larégion,ledépartement, lesentreprisesettoutes lesinformationséconomiques sontsurwww.sudouest.fr Palmarès Classement Retrouvezlepalmarès des50premièresentreprises dudépartement avecPoueyInternational Dossier grande région Infrastructures,savoir-faire, leaders... Tourd’horizondesatoutséconomiques delafuturegranderégion Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin Tourisme, le nouvel Eldorado GIRONDE Lessupplémentsduquotidien
  • 3. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 3 Supplémentgratuitaujournaldu3décembre Président-DirecteurGénéral:OlivierGérolami Directeurgénéraldéléguéetdirecteurdelapublication: PatrickVenries Réalisation:Agencededéveloppement Directriceetrédactriceenchefadjointe: Marie-LuceRibot Chefderédaction:XavierSota Responsabledusecrétariatderédaction:CoralieMorin IllustrationdeUne:ArchivesThierryDavid Secrétariatderédaction:SophieLiskawetz Siègesocial: Journal« SudOuest » 23,QuaidesQueyries,33094BordeauxCedex Tél.0535313131 www.sudouest.fr RégieSud-Ouestpublicité: Tél.05 35 31 27 06 N°decommissionparitaire:0420C86477 Dossier régional : les atouts de la grande région Les contours du nouveau cadre régional.... 4-5 La Rochelle, le port de la future région......... 4-5 Vers la privatisation des aéroports ?.................... 6 Les effets économiques de l’aéroportuaire..... 7 Les retombées de la LGV Tours-Bordeaux....... 8 L’A89, un lien bénéfique................................................. 9 Les grands ports de la région................................. 10 Legrand à l’heure d’internet.................................... 11 La Maif vise l’économie numérique .................. 12 La trajectoire mondiale de DRT............................. 13 Baillardran, une marque territoriale .................. 13 Safran, le plus gros industriel................................. 14 Niort, puissance financière....................................... 16 Maintenance aéronautique .................................... 18 Vin et Cognac, deux univers différents............ 20 La première forêt de France.................................... 21 La bourse avec modération ..................................... 22 Les Aquitains de l’année Le Prix, mode d’emploi ...................................... 24-25 Le jury...................................................................................... 26 Les deux lauréats : Lectra et Exosun................ 27 Les six nominés : Aquitec/Aliénor Net, Falières Nutrition, Transports William A2B, Le Petit Basque, Baillardran et Belco Courtage........................................................................ 28-29 DossierTourisme, le nouvel Eldorado ITV Arino........................................................................ 30-31 L’hôtellerie bordelaise ................................................. 34 Bienvenue à « Accor land »...................................... 35 Le luxe la joue modeste.............................................. 36 Tourisme culinaire, un vecteur de croissance38 Le bal des grands chefs.............................................. 39 Congrès et expos : Bordeaux fait l’affaire40-41 Le tourisme d’affaires s’envole ........................... 42 Chambre avec table étoilée..................................... 43 Le phare viticole bordelais........................................ 44 « Le consommateur n’est plus passif »........... 45 Ils veulent comprendre la vigne.................. 46-47 Les « petits » malins du fleuve............................... 49 Le service aux navires en plein essor.............. 50 Pontons : qui va payer ?.............................................. 52 Les touristes « flottants » rapportent............... 53 Internet court-circuite les agences immo .... 54 Campings, la belle étoile............................................ 55 Un Bassin où l’eau vaut de l’or.............................. 56 Mettre les touristes au vert...................................... 58 L’e-tourisme leur fait pousser des ailes.... 60-61 Palmarès Tableau : Les 50 premières entreprises en chiffre d’affaires du département .......... 32 Comment lire les tableaux ? .................. 33 Trois questions à Bertrand Lacampagne, président du directoire de Pouey International ............................... 33 Les 50 premières dans l’industrie ...... 48 Les 50 premières dans les services .. 49 Les 50 premières dans l’export .............50 Les 50 premières dans le commerce ..... 54 Les 50 premières dans le BTP ....................... 57 Les 50 premières dans l’agroalimentaire ................................................ 62 SOMMAIREÉDITORIAL Élargissement du champ Il ne s’agira pas que d’une simple addition, de moyens, de lignes budgétaires inscrites ou du nombre de salariés des groupes (Fayat, Safran, Legrand…) travaillant dans les trois régions Aquitaine, Poitou-Charen- tes et Limousin. La création de la nouvelle entité régionale rassemblant ces trois for- cesobéitàd’autreslogiques,économiques etterritoriales.Etderrièrelesbeauxdiscours déjà affûtés sur la plus grande région agri- coleouforestière,lapremièreoulaseconde sur les drones, le pôle maintenance aéro- nautiquerenforcéoulepôleimageAngou- lême-Bordeaux, se profilent des évolutions territorialeslourdesquigagneraientàêtre davantage mises en lumière au cours de la campagne électorale. D’abordetavanttout,laprééminencede lamétropolebordelaise,trônantdésormais aucentred’unterritoiregrandcommel’Au- triche.ÀLaRochelleetàAngoulême,ons’en félicite.ÀPauouPérigueux,ons’inquièteda- vantage de ces nouvelles hiérarchies terri- toriales en gestation. La deuxième ligne de force est le poids grandissantdesdépartementsdel’intérieur, vaste zone rurale allant de la Charente à la Creuse, de la Haute-Vienne au Lot-et-Ga- ronne et qui n’auront pas d’autres alterna- tives que de s’unir pour éviter d’être sub- mergésparledynamismelittoralatlantique renforcé par le pôle rochelais. Commeàchaquefoisqu’ils’agitdecons- truireunnouveaucadre,laquestiondesin- frastructuresvaenfinseposerdansdenou- veaux termes. Routes nationales, liaisons ferroviairesest-ouestetaéroportsvontvite sehisserenhautdelapiledesdossiersprio- ritaires.C’estsurcesenjeuxque«SudOuest éco » tente de vous éclairer dans ce dossier annuel. JEAN-BERNARD GILLES Lesatoutsdelagranderégion
  • 4. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.COMSudOuestéco4 Dossier B iensûr,lenouvelensembleAquitaine, Poitou-CharentesetLimousindontla fusion sera scellée le 1er janvier pro- chain, sera un poids lourd européen de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Avec sescoopérativespuissantes,sesindustriels de l’agroalimentaire de premier plan et sa forêt, où les feuillus du Limousin et les ré- sineux des Landes de Gascogne pourront sans doute nouer de futures alliances, la nouvelle Aquitaine aura les atouts pour être dans la course. Évidemment les renforts corréziens, ro- chefortais et les usines du groupe Safran, du département de la Vienne, donneront un poids supplémentaire à l’industrie aé- ronautiqueaquitaine,tiréeaunordparles succès du Rafale, au sud par les développe- ments de Turboméca et partout, en Lot-et- Garonne et Landes notamment, par la montée en puissance des cadences de pro- duction toulousaines des Airbus A320 et A350, dont la région est la sous-traitante. « Nouvelle hiérarchie urbaine » Mais il faudra aussi lire les enjeux écono- miques de la grande région avec d’autres paires de lunettes. «C’est une nouvelle hié- rarchie urbaine qui s’imposera de fait sur un territoire très vaste », explique Pierre Delfaud, universitaire bordelais et spécia- liste d’économie. Bordeaux dominera le nouvel ensemble et ne sera pas contesté avec son aire urbaine de plus d’un million d’habitants, de Lacanau à Biscarrosse. Au centre de ce futur territoire grand comme l’Autriche,elledisposera,commelaFrance des années 1960, d’agglomérations d’équi- libre:troisaunord,PoitiersetLimoges,vil- les universitaires et hospitalières ainsi que La Rochelle, l’ambitieuse, et deux au sud, Pauetl’agglomérationlittoralebasque,qui nemanquerontpasdesebagarrerdemain pour les financements régionaux. Et de vil- les d’environ 100 000 habitants, spéciali- sées comme Niort avec son pôle mutua- liste,oustructurantespourl’ensembledes territoiresrurauxqu’ellesfédèrentcomme Périgueux,Mont-de-MarsanouAngoulême. D’autres dossiers économiques et d’in- frastructures vont animer la future assem- blée régionale qui ne sera pas seulement tiraillée par les déséquilibres entre les ag- glomérationslittoralesetlesdépartements ruraux de l’intérieur. « On s’est beaucoup battu en Aquitaine pour relier Bordeaux et Pau, la deuxième agglomération de la ré- gion. Je vois mal comment on pourrait faire l’économie de liaisons plus rapides entre Bordeaux et Limoges », estime Pierre Delfaud. Il y a fort à parier que les leaders politiques et les chefs d’entreprise de la Haute-Vienne, plaident rapidement pour que la voie ferrée Bordeaux-Périgueux-Li- moges d’une part et la liaison routière An- goulême-Limoges (la fameuse Route Cen- tre Europe Atlantique jamais bouclée) d’autre part, soient lancées. Chaque terri- Limoges, Niort, Bordeaux, La Rochelle, seront par DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les poids économiques de Limoges, Niort et La Rochelle redistribuent les cartes territoriales de la grande région Changement de cadre LaRochelleadosséeàl’Aquitainedanslagrande région,cela ne vous pose pas de problème ? Cela nous va très bien. Nous avons des filiè- reséconomiquesfortesmaispasdecapitale régionale qui nous apporte ce que nous n’avons pas sur place. Nous vivions en Poi- tou-Charentesdansunterritoired’équilibre avecdesvillesdetaillessemblables.Nousau- ronsdemainunevraiecapitalerégionalequi nousapporterauneattractivitéutileànotre développement. Quelleprééminenceaccordez-vousàlamétro- pole bordelaise ? C’estlefruitdenotrehistoire.L’organisation politique suit notre organisation économi- queaufinal.Lessiègesdesgrandesbanques denotreterritoiresontdéjààBordeaux,que cela soit la Banque Populaire, la Caisse d’Épargne, le CIC Sud-Ouest ou les déléga- tionsSud-Ouestdesbanquesnationales,hor- misleCréditAgricolequivas’installerchez nous pour ce qui est de notre Caisse régio- nale. Elles irriguent tout le territoire. Les groupesnationauxoulesgrandesentrepri- sespubliquesontleurreprésentationGrand Sud-OuestàBordeaux.C’estlecasdelaSNCF par exemple. Ce regroupement est aussi le sens de notre histoire. La Rochelle est née d’Aliénor d’Aquitaine. On est, enfin, mieux reliéàBordeauxqu’àNantesentermesd’in- frastructures. Voussouhaitezuneplusgranderéactivitérégio- naledanslenouvelensemble.Necraignez-vous pas l’émergence d’un nouveau « grand ma- chin » administratif ? Cela ne m’angoisse pas du tout. La réactivi- té est une question d’hommes avant tout. Lesgrandesrégionsallemandessontréacti- ves et elles sont plus grosses que les nôtres. Ilfautsurtoutquelagranderégionsoitbien gérée.Avecungrandsensderesponsabilité des territoires. Nous devons structurer no- tre message territorial. Si, les uns après les autres, le maire de La Rochelle, celui de Ro- chefort,lesgensd’Aunisetdel’ÎledeRé,vont à Bordeaux pour porter leurs dossiers res- pectifs,onpeutêtresûrqu’iln’yaurapasde réactivitérégionale.Sinousyallonsavecun projetpartagésurnosprioritéstouristiques, d’infrastructures, d’enseignement supé- rieur,nousfaciliteronslaviedelagranderé- gion. Quellesgarantiesavez-vousquelesdossiersdu contrat de plan État-Région, signé à Poitiers, soient financés demain par Bordeaux ? Il n’y a pas d’amour mais des preuves d’amour. Nous tenons beaucoup au ferro- viaire et portons un gros dossier d’aména- gementdelagaredeLaRochelle.Ilaétéévo- quéavecleprésidentdelaSNCFenprésence dumairedeBordeauxetduprésidentactuel de la Région Aquitaine. Nous sommes déjà dans cette relation. Je souhaite que le futur présidentdelagranderégionportedemain ce dessein de pôle gare, nos projets agroali- mentairesoulepôleaéronautiquedeRoche- fort. VousvoulezfaireduportdeLaRochellelesiège des trois ports atlantiques de la future région. C’est une provocation ? Ilestdansunedynamiquedecroissance.Ce n’estpaslecasduportdeBordeaux.Comme le dit aujourd’hui le maire de Bordeaux, on avoulufaireungrandportmaritimeàBor- deaux en oubliant la route et le fer. Le port de La Rochelle est en eaux profondes. Il est legrandportdemarchandisesdelagrande région. Sa faiblesse est d’avoir un « hinter- land » (arrière-pays, NDLR) un peu faible. Bordeaux, qui a des réserves foncières, sera une partie de l’hinterland du port de La Ro- chelle.L’écartentreLaRochelleetBordeaux est plus important qu’il n’y paraît car l’acti- vité de la raffinerie pétrolière d’Ambès est un acquis. Notre dynamique est beaucoup plus forte. Nous souhaitons aujourd’hui mettrelepaquetsurletraficdesconteneurs. C’est un des axes forts de notre contrat de projet. RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES « La Rochelle est le grand port de marchandises ENTRETIEN Le territoire rochelais prépare ses dossiers. Il sera un lobby de poids dans le nouveau paysage régional le 1er janvier. Son président, le chef d’entreprise Jean-François Fountaine, précise ses intentions
  • 5. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.COM SudOuestéco 5 Les atouts de la grande région mi les futures places stratégiques. PHOTOS GUILLAUME BONNAUD, « SUD OUEST », QUENTIN SALINIER ET PASCAL COUILLAUD EN CHIFFRE 5,86 millionsLe nombre d’habitants de la future grande région qui rassemblera 3,335 millions d’Aquitains, 1,784 millions de Pictocharentais et 741 000 Limousins. Elle se classe en troisième position parmi les 13 futures grandes régions en termes démographiques, derrière l’Ile-de-France (12 millions d’habitants) et Rhône-Alpes-Auvergne (7,75). Elle contribuera à hauteur de 7,8%AUPIB NATIONAL, ce qui la classe au 3e rang des nouvelles régions derrière l’Ile-de-France (29,5 %) et Rhône-Alpes-Auvergne (11,5 %). La grande région s’étendra sur UNTERRI- TOIREDE84036KILOMÈTRESCARRÉS, soit un huitième du territoire national, ce qui en fait la plus vaste région française métropole et outre-mer confondus. Le budget cumulé des trois Conseils régionaux d’Aquitaine, de Poitou- Charentes et du Limousin est de 2,8 MILLIARDSD’EUROS. L’aire urbaine de Bordeaux est la plus peuplée avec 1180000HABITANTS, suivi des aires urbaines de Bayonne (284 000 habitants) et Limoges (283 000 habitants). Du nord charentais au sud basque, la grande région dispose de 800KILOMÈTRESDEFAÇADEMARITIME. Avec près de 3MILLIONSD’HECTARESDE SURFACESBOISÉES, les forêts représen- tent 34 % de l’occupation des sols contre 28 % en moyenne sur l’ensemble du ter- ritoire français. 11GRANDSPÔLESDECOMPÉTITIVITÉET 5 PÔLESUNIVERSITAIRES(Bordeaux, La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers) jalonnent la grande région. Turboméca, avec près de 6 000SALARIÉS, Maïsadour (5 700 salariés), Dassault Aviation (3 000 salariés), Legrand (3 000 salariés), la Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes (2 800 sala- riés) et la Maaf (2 200 employés sur Niort) figurent parmi les plus gros employeurs privés de la grande région. La grande région dispose du premier cheptel allaitant de France et ses éle- veurs détiennent 36%DEL’EFFECTIF NATIONALDECHÈVRES en Poitou- Charentes surtout. À SAVOIR SUR LA GRANDE RÉGION toires’arrimerasansdoutedavantageàson aéroportrégionalsurlesquelslagranderé- gion ne pourra plus faire l’impasse. Cette dernière dispose aussi d’atouts forts avec sonpôleimageàAngoulême,sonpôlecuir et luxe dans le centre du futur ensemble (Thiviers), son port rochelais, son pôle mu- tuelles de rang européen à Niort, son pôle chimiqueàLacqenBéarnetsonfuturquar- tierd’affairessurEuratlantiqueàBordeaux, dont aucun autre territoire ne pourra dis- puterlasuprématierégionale.Ilappartien- dra à la future équipe aux commandes du gros navire de fixer le cap en acceptant ce changement de cadre régional. JEAN-BERNARD GILLES « Le port de La Rochelle est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas de celui de Bordeaux », plaide Jean-François Fountaine. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD de la nouvelle région »
  • 6. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco6 I lestplusqueprobablequeledossieraé- roportuaire s’invite rapidement sur le haut de la pile des nombreux dossiers à réglerpourle(oula)futur(e)président(e)de lafuturegranderégionAquitaine-Poitou-Cha- rentes-Limousin.Lesperspectivesdeprivati- sationdesaéroportsdeNiceetdeLyonl’an- néeprochaine,aprèsceluideToulouse,passé souspavillonchinoisl’anpassé,témoignent du vent de libéralisation qui souffle sur ces plateformesd’infrastructuresessentiellesà laviedesterritoires. ThomasJuin,ledirecteurdel’aéroportde LaRochelle,estsurtoutleprésidentenexer- cicedel’Associationinternationaledesaéro- portsfrancophones.Ilpointelanécessitéab- soluederéalisercequepeuderégionsontsu faireàcejour:unschémarégionaldedéve- loppementaéroportuaire.Surlepapierledo- cumentneserapasdifficileàétablir.Oncon- naît assez bien les dix plateformes aéroportuairesdestroisrégions,leurmode degestion,lenombredepassagerstranspor- tés(lireci-contre). La question du financement de ces infra- structures va vite se poser. Avec pour corol- laire le niveau d’engagement de la future grande région pour soutenir tout ou partie decesaéroports.Poursimplifier,onpeutdire quetroisaéroportsdelagranderégionsont aujourd’huiau-dessusdes700000passagers annuels:Bordeaux,BiarritzetPau. Desdéficitsentre300 000et3millionsd’euros Ilssontrentables,trèsrentablemêmepour cequiestdeBordeaux-Mérignac,bénéficiai- respourBiarritzetpourPau,mêmesiceder- nierconnaîtdesdifficultésaujourd’huipour financersesinvestissements.Pourtouslesau- tres,dontletraficestinférieurà700 000 pas- sagersetpourlesquelsl’Unioneuropéenne, pourtanttoujourstrèsàchevalsurcesques- tions,autoriselessubventionsd’équilibre,les déficitssontlarègle.Entre300 000euroset 3millionsd’eurosselonlesplateformesetles années. Jusque-là,lescollectivitéslocalesactionnai- resetlesChambresdecommerceetd’indus- trie(CCI)territorialesbouclaientsouventles finsdemois.« Onnepeutpasnepassoutenir uneinfrastructurequijoueunrôleclédans ledéveloppementéconomiquedenotreter- ritoire»,ditsouventJean-AlainMariotti,lepré- sident de la CCI du Lot-et-Garonne. Mais les CCIontétésoumisesàunediètefinancièresé- vèredepuistroisansparBercy.Etnepeuvent plusassumer.CelledeLa Rochelle,quigérait directementl’aéroportdepuissadécentrali- sation, a jeté l’éponge. « Nous ne pouvions plussuivre»,confirmeRobertButel,leprési- dentdelaCCIlocale.ÀLimoges,ledéficitan- nuelestde3millionsd’eurosenviron.Etc’est laRégionquil’absorbe,jusqu’àlafindel’an- née. L’aéroport de Bergerac doit trouver lui aussidenouveauxactionnairespublics. Leproblèmequivaseposerestsimple.Au- jourd’hui,larégionAquitainen’amisqu’un petitdoigtdanslesaéroports.Ellevapeut-être, demainouaprès-demain,fairefaceàlapriva- tisationdel’aéroportdeBordeaux,probable- menten2017.Etintervenir,financièrement au moins, dans la modernisation des aéro- ports régionaux : « C’est impératif », estime mêmeJean-FrançoisFountaine,leprésident del’agglomérationdeLaRochelle.Maisilfau- drasansdoutefairedeschoixentrelesplate- formes.Leplusdifficileestàvenir. JEAN-BERNARD GILLES Bordeaux-Mérignac domine largement avec 5 millions de passagers annuels, contre 7 600 pour le plus petit, Périgueux. PHOTO ARCHIVES THIERRY DAVID AÉRIEN Ce sera l’un des premiers dossiers chauds pour la future équipe aux commandes Aéroports sans balises Lesatoutsdelagranderégion
  • 7. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 7 E videmment c’est un plaidoyer. Les CCI sontencoremajoritairementgestionnai- resdesaéroportsrégionauxetprésentes aucapitaldessyndicatsmixtespropriétaires. Etellessontsoumises,delapartdel’État,àune pressionfinancièrecommejamaisdansl’his- toire récente des territoires. Il n’empêche. L’étuderécentequelaCCIAquitaineaproduite surl’impactéconomiquedesaéroportsrégio- nauxaquitainsadequoifaireréfléchir.Lespas- sagersdel’avionsontnettementmoinsnom- breuxqueceuxdestrainsduquotidienoude laroutemaisleurcontributionàlavieécono- miquedesterritoiresmériterad’êtrebienéva- luéeparlafutureéquipeauxcommandesde lagranderégion. Prèsde7millionsdepassagersonttransité parsixaéroportsrégionauxaquitainsen2014, ycomprisdoncceuxd’AgenlaGarenneetde Périgueux-Bassillacquiontdesobligationsde servicespublicsversParissurtout.Laclientèle internationaledanscetraficpassagercumu- léestenfortecroissancedepuiscinqans(plus 42%)aupointdereprésenteraujourd’huiplus de40%dutotalavec2,7millionsdepassagers. Ilfautbiensûryvoirlesuccèscroissantdes compagnieslowcostquiboostentletraficà BergeracetBordeauxquileuramêmeconsa- cré un terminal dédié récemment agrandi. Quin’apasencoreprisunvolEasyJetouVolo- teadepuisMérignac ? 9000emploisdirectementrattachés Àlasuited’uneenquêteréaliséeauprèsde1762 passagerset77entreprisesdesquatrepremiers aéroportsaquitains(Bordeaux,Pau,Biarritzet Bergerac),ilapparaîtquel’aériengénèrequel- que9 000 emploisindustrielsetdeservices répartisauseinde159établissements,ycom- prisdesusinescommeDassault,SabenaTech- nicsoulabaseaérienne 106.Cequiautorise lesauteursdel’étudeàavancerunimpactéco- nomiquedirect,trèslargementgrâceàlapla- teformegirondine,de709millionsd’euros. Lesdépensesdepersonnel,lafiscalitépro- duiteetlesdépensesdeconsommationetd’in- vestissementsontprisesencomptedansce chiffre.L’impactéconomiqueindirectestlui jugéencoresupérieur,del’ordrede972mil- lionsd’euros,quicorrespondentauxdépen- seseffectuéeshorsdesaéroports,danslacon- sommationdebiensetdeservices.Enouvrant encorelespectreàl’impactéconomiquein- duit,c’est-à-direaurôled’entraînementdeces plateformesaéroportuairesdansl’économie régionale,lesauteursdel’étudeaboutissent auchiffrede6milliardsd’euros.Onpeutdonc évaluer, prétend la CCI Aquitaine, à 7,7 mil- liardsd’euroslavaleuréconomiquegénérée parlessixaéroportsdelarégion. «Lorsque la future grande région mettra toutescesdonnéessurlatable,ons’apercevra vitequelesbesoinsdefinancement,soitpour lesinvestissements,soitpourlessubventions d’équilibredecertainesplateformes,nesont passiélevés »,estimeThomasJuin,directeur del’aéroportdeLaRochelle.Àtitredecompa- raison,lesTERcoûtentchaqueannée140 mil- lionsd’eurosaubudgetdelarégionAquitaine. Sansparlerdesinvestissementsdanslagrande vitesse. JEAN-BERNARD GILLES Les passagers de l’aéroport de Biarritz dépensent 123 millions d’euros chaque année sur le territoire. PHOTO ARCHIVES BERTRAND LAPÈGUE ANALYSE Les CCI d’Aquitaine ont mesuré les effets économiques des aéroports régionaux L’impact aéroportuaire Lesatoutsdelagranderégion
  • 8. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco8 A vecBordeauxàdeuxheuresetcinqmi- nutes de Paris mi-2017, la gare Saint- Jean va changer de dimension. À l’ho- rizon2020,elledevraitaccueillir18millions depassagers,contre11 millionsaujourd’hui. Mais ne nous méprenons pas, « la LGV ne crée pas de dynamisme économique, sans opérationsd’aménagementduterritoireen parallèle », rappelle Pierre Delfaud, profes- seur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux.C’estpourquoiaétélancélepro- grammeEuratlantique,quivatransformer pasmoinsde738hectaressurBordeaux,Bè- glesetFloiracd’ici2030.Leschiffresdonnent letournis :480000 m²debureaux,dontun quartierd’affairesde300000m²autourde la gare. Mais aussi 15 000 logements, 150 000 m² de locaux d’activité, 50 000 m² de commerces, 140 000 m² d’espaces pu- blics...Autotal,5milliardsd’eurosd’argent public et privé vont être investis. Objectif : attirer des entreprises innovantes et 250 000nouveauxhabitantsenquinzeans danslamétropole. Lenumériquebordelaisattire Pour l’heure, les premiers indicateurs sont encourageants. La demande est là. Sur les 100 000m²debureauxquiserontlivrésprès de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a déjàétéattribuée.Maisils’agitenbonnepar- tiedesociétésdéjàinstalléessurleterritoire, comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poi- tou-Charentes, qui déplace son siège social deMériadeckverslesquaisdePaludate.Des choixquiconsolidentetrenforcentlespuis- santes filières tertiaires de Bordeaux, à l’imagedusecteurbancaireoudupôlesan- té,quivasecréeraucœurd’Euratlantique. Ceci étant, « phénomène nouveau, deux entreprises américaines, une coréenne et une britannique sont venues récemment nousvoirdansl’idéed’installerleursiègeeu- ropéen dans la cité numérique à Bègles », dévoile Stéphane de Faÿ, directeur général de l’établissement public d’aménagement Bordeaux-Euratlantique. Les raisons sont connues.Bordeauxjouitd’uneimagedeville oùilfaitbonvivre.Maissurtout,lafilièrenu- mérique bordelaise, auréolée de son label FrenchTech,estenpleinessor.Stéphanede Faÿestconvaincuque«Bordeauxpeutdeve- nir la première ville en Europe pour créer son entreprise », en particulier dans ce sec- teur d’activité, qui emploie déjà près de 25 000personnesdansl’agglomération. Angoulême,lerenouveau C’estl’autregrandegagnantedel’arrivéede laLGV,quilaplaceàtrente-cinqminutesde Bordeauxetuneheurequarante-cinqdePa- ris.Denombreusesréunionspourpréparer la grande région se déroulent déjà au- jourd’hui à Angoulême. « Cette ancienne villeindustriellenepouvaitretrouverunse- cond souffle que par de l’activité tertiaire. C’est ce que vont insuffler les opérations d’aménagement autour de la gare, jusque- làconsidéréecommeunezonerepoussoir », analyse Pierre Delfaud. Première pierre de cerenouveauurbain,l’îlotRenaudin,unes- pacede6 500m²dédiéauxactivitéstertiai- res,quidevraitêtrelivrédébut2018prèsde la gare et de la médiathèque. Il va notam- ment accueillir un « Business center », qui regroupera de l’immobilier d’entreprises modulable, pépinière et espace de cowor- king. Pourséduire,lavillemisesurdesprix dufoncierdeuxàtroisfoismoinsélevésqu’à Bordeaux. « Jusque-là, nous n’avions pas as- sez de start-up sur le territoire », déplore Jean-François Dauré, le président du Grand Angoulême. Pour y remédier, « nous allons créer un fonds d’investissement de crois- sance, doté de plus de 2 millions d’euros et un fonds d’amorçage pour inciter les étu- diantsàselancerdansl’aventure». Deuxièmepierreàl’édifice,l’îlotDidelon, prèsdelaplaceSaint-Jacques,oùvontpous- ser sur 13 000 m² des logements à louer ou àacheterenaccessionàlapropriété. Lesconditionspourréussir Mais pour que les bénéfices de la LGV irri- guentleterritoire,«ilfaudraunbonréseau enétoiledeTERverslagareSaint-Jeanetcelle d’Angoulême, et de bonnes articulations multimodales »,insisteClaudeLacour, pro- fesseur émérite d’économie de l’Université deBordeaux,quiamenéuneétudesurlesu- jetpourlecomptedeLisea,filialedeVinciet sociétéconcessionnairedelaligne.Autrein- certitude :quelseraleprixdubillet ?Lepar- tenariat public-privé, noué pour financer cette LGV, a pour conséquence des péages auxtarifsélevés.EtlaSNCF,quilimitelesdes- sertes,n’estpasprêteà« sacrifier »sarenta- bilité. Parailleurs,lesprixdel’immobiliervont- ilsflamberprèsdecesgares?Yaura-t-ilune arrivée massive des Parisiens sur les bords deGirondedanslesdixprochainesannées, quipourraientrendrelavilledeplusenplus inaccessibleauxBordelais?Enréalité,«tout sejoueradanslesdeuxprochainesannées», estimeClaudeLacour. NICOLAS CÉSAR Le chantier de raccordement de la LGV à la gare d’Angoulême suit son cours. La préfecture de la Charente sera à trente-cinq minutes de Bordeaux et à une heure quarante-cinq de Paris. De quoi dynamiser son secteur tertiaire. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST » TRANSPORTS Cette nouvelle ligne profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême LGV Tours-Bordeaux : quelles retombées ? LE CHIFFRE 715millions d’euros. Ce sont les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées dans les six départements traversés par la ligne. « [Pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire], il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême » Lesatoutsdelagranderégion
  • 9. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 9 «A l’époque,c’étaitunegageure ! » FrédéricMasprésidelasociétéde produitscosmétiquesSothysbasée àBrive. Elleaétéfondéeen1966parsonpère, Bernard,aprèslerachatd’uneparfumeriepa- risienne.Dèsledébut,BernardMasafaitlepari del’exportationquireprésenteaujourd’hui 65 %duchiffred’affaires.Àl’époque,Parisétait àseptheuresderoute,Bordeauxàplusdetrois heures.«Laconstructiondel’A20etdel’A89a facilitéleschoses»,seféliciteFrédéricMas. Sothyspossèdeaujourd’huideuxentrepôts. L’unestàSingapouretl’autre,leprincipal,est àUssac,aunorddeBrive,àlajonctiondel’A89 avecl’A20.«Lestransporteursn’ontpasbesoin derouleruneheuresurunerocade,legainde tempsesttrèsprécieux »,souligneFrédéric Mas.Danslemêmesecteurd’activité,l’A89a permisàlachaînedemagasinsBeautySuc- cessderegroupersesquatreplates-formesen Dordogne. «Unpoumond’air » Lesentreprisesdetransportetdelogistique ontétélespremièresàprofiterdel’autoroute. ÀUssac,SothyscôtoieNorbertDentressangle, lestransportsfrigorifiquesTRM,Géodis-Ber- nis,LaPoste… Dès2007,l’observatoiresocio- économiquedel’A89relevaitdes«concentra- tions » d’entreprises de transport à Brive, PérigueuxetLibourne. Beaucoupdecesentreprisessesontinstal- léesenprévisionmêmedel’ouverturedel’au- toroute. À l’exempledeCasinoqui,dès2007, s’estdotéd’unentrepôtde20 000m²auLar- din-Saint-LazareenDordogne.Ilestriverain de la Société Vézérienne de logistique qui stocke et transporte le papier de l’usine de Condat.Àdéfautd’attirerquantitédenouvel- lesentreprises,l’A89aintéresséletissuécono- miqueexistant.Enfévrier2015,Périgueuxaac- cueillilesdeuxièmesRencontresd’affairesde l’A89 ;pour90 %desacteurséconomiques, l’autorouteaeudes«effetsbénéfiques ».« Elle nousaapportéunpoumond’air »,résume SylvainBoucher,dirigeantdeLaChanteracoise (unebiscotterieartisanalequilivredesbou- langers,desépiceriesfines,desmagasinsbio), installéeàSaint-Germain-du-Salembre(Dor- dogne),à5kmdel’A89. Cetteproximitéfaciliteleslivraisonsdela PME versBordeauxetLyon. Lesgrandsprojetséconomiquesdesvilles desserviess’appuientaussisurcetaxe.Unsyn- dicatmixted’aménagementaouvertlazone d’activitédeLaMontaneaunorddeTulle.Elle estentréeenserviceavantladesserteparl’A89. L’usinecorréziennedel’équipementierauto- mobileBorgWarner(500salariés)s’estdépla- céesurcettezone«plutôtquedesedélocali- ser à l’étranger ». À l’ouest de Brive, la pépinièreNovapôle,spécialiséedansl’agroa- limentaire,aaccueilli21 entreprisesdepuis sonouvertureen2007. Dans le même esprit d’anticipation, Cré@vallée,prèsdePérigueux,avulejourdès lafindesannées1990. Lesite(53hectaresac- tuellement)disposerabientôtde85 hectares avecdesentreprisesdesecteursdivers :Vol- vo,coopérativeLaPérigourdine,supermar- ché,hôtellerie-restauration,PMEdeservices. Del’avisdesCCIriveraines,l’autorouteaper- mis«d’accroîtrelepotentieléconomiquedes régionsqu’elletraverse ».Maislamargededé- veloppementresteencoregrande. Etlesen- trepreneursdeDordogneplaidenttoujours pouruneaméliorationdeladessertenord- sudaucœurdelagranderégion,entreAngou- lêmeetSarlat.EntreLimoges,AgenetlesPyré- nées sur une nationale 21 en quête d’amélioration depuis deux décennies. Commepourl’A89,ilfaudradelapatience. MICHEL MONTEIL Une zone de logistique et d’activités s’est développée près de Brive au croisement de l’A89 et de l’A20. PHOTO F. LHERPINIERE/« LA MONTAGNE » BORDEAUX-LYON L’autoroute A89 a facilité les transports et généré de nouvelles zones d’activités L’A89, un lien à renforcer Raccordée à la voie rapide Bordeaux-Li- bourne, l’A89 déroule un ruban de 505 kilo- mètresjusqu’auxportesdeLyon.Décidéepar unComitéinterministérield’aménagement duterritoire(CIAT)enavril1987,elleaétéins- criteauschémadirecteurroutierl’annéesui- vanteetconcédéeauxAutoroutesduSudde laFrance(ASF,aujourd’huiVinciAutoroutes) en1992. Cettevoietransversaleirrigantl’Aquitaine, le Limousin et l’Auvergne, « l’autoroute des présidents » (Giscard-d’Estaing, Chirac, Hol- lande),amisplusdetrenteansàseconcréti- ser. Le premier tronçon a été inauguré le 3 mars2000parJacquesChirac,ledernierle 7 février2015parFrançoisHollande.Biensûr, cesdeuxtronçonssesituentenCorrèze. ASFainvesti plusde6milliardsd’euros.Le relief du Périgord et du Massif central a im- posé ses contraintes : 37 viaducs, 500 ponts au fil des 167 communes traversées (dont 12 en Gironde, 34 en Dordogne et 33 en Cor- rèze)etdesserviespar29échangeurs. Faiblefréquentation Tronçonaprèstronçon,augrédesimpératifs techniquesetdelapressiond’associationsde riverains, l’A89 a progressivement fait avan- cerses2x2voies.Surleseulplanautoroutier, elle se trouve désormais en connexion avec l’A10(Paris-Bordeaux),l’A20(Paris-Toulouse), l’A71(Orléans-Clermont-Ferrand)et,peut-être en2018,l’A6(Paris-Méditerranée).Ilmanque eneffetunultimetronçondemoinsde20ki- lomètresàl’ouestdeLyon. Lesespoirssuscitésparcettevoietransver- sale demeurent les mêmes qu’en 1987 : dés- enclaverleLimousinetl’Auvergne,favoriser le tourisme, offrir une alternative à la route Centre-Europe Atlantique, passant par le nord du Limousin et de Poitou-Charentes, gratuite mais saturée et accidentogène par endroits. L’A89 permet le trajet Lyon-Bor- deauxencinqheuresetquinzeminutes.Ilen coûte 48,80 € pour une voiture et 154,90 € pourunpoidslourd. Sil’A89aeudeseffetsbénéfiquessurl’éco- nomie locale, elle reste faiblement fréquen- tée. Le parcours entre Bordeaux et Brive via Périgueuxesteffectuéquotidiennementpar 11 500 voitures et camions (2014), en hausse de2,3 %parrapportà2013.Àtitredecompa- raison, la même année, Vinci Autoroutes a transportéchaquejour30 300véhiculessur l’A62entreBordeauxetToulouse.Maisl’A65 Langon-Pauplafonneà5 200véhicules. M. M. L’échangeur de Saint-Laurent-sur-Manoire près de Périgueux. PHOTO ARCHIVES J.-C. S. HISTOIRE VGE, Chirac et Hollande ont soutenu ce projet lancé en 1992 et presque achevé Lesatoutsdelagranderégion C’est « l’autoroute des présidents »
  • 11. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 11 Q uelques chiffres suffisent à évo- quer le poids de Legrand dans l’économie du pays. L’entreprise d’électricité née il y a cent cinquante ans à Limoges,oùellepossèdetoujourssonsiège mondial,aréalisél’anpasséunchiffred’af- faires de 4,5 milliards d’euros dont la moi- tiéenEuropeetàpeine20 %enFrance.Elle emploie sur les trois continents majeurs 36 000 salariés dont encore 2 500 en Li- mousin (190 à La Rochelle, 120 à Pau), en productioncommedanssesbureauxd’étu- desetlaboratoires.Legrand,sociétéduCac 40, évolue sur trois marchés principaux : l’industrie, le bâtiment et le tertiaire. L’enjeu des objets connectés Sesquelque215 000référencesdeproduits sont dans le top 3 des pays où la société ex- porte la moitié de sa production. La crois- sance de l’entreprise depuis trente ans est impressionnante. Pour moitié, elle s’est faite par croissance externe : « En Russie, nous n’existions pas il y a quinze ans et nous avons racheté au bout de quelques annéesquelquesentreprisesquidiffusent désormaisnosproduits »,expliquePatrice Soudan, directeur adjoint et directeur des opérationsdugroupe.L’entrepriseestain- si devenue le numéro 7 sur ce grand mar- ché.Legrandarachetétroissociétéstotali- sant 130 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le début de l’année : IME, spécialisteitaliendelamesuredesparamè- tresdel’installationélectrique,Raritan,lea- der américain dans les unités de distribu- tion intelligentes et Valrack, acteur indien spécialisédansleséquipementspourdata centers. Elles sont plus que nécessaire. Car les dernières prévisions présentées par le groupe au creux de l’été laissent apparaî- treunefaibleperspectivedecroissanceor- ganique, voire même négative. Si le mar- ché nord-américain reste tonique, la croissance a été modeste au premier se- mestre en Europe et même négative en Asie, notamment en Chine. L’internet des objets est le nouvel enjeu. Ilpourraitébranlerlesfondementsdel’en- treprise française dont les appareils ou les armoiresélectriques,lescâbles,leséclaira- ges,lesprisesoulescompteursontpeuou prou irrigué les bâtiments de plus de 80 pays.« Nousdevonsclairementbienné- gociercevirage »,expliquePatriceSoudan. Avec plus de 50 milliards d’objets connec- tés dans le monde annoncés d’ici à 2020, les positions se prennent maintenant. Le numérique investit les bâtiments, l’éner- gie, les transports, la santé. Et la concur- rence s’annonce puissante du côté des fa- bricants d’objets d’une part, qui y voient une possibilité de nouvelles marges et des spécialistesdeladata(desmessagestrans- mis) aux aguets sur tout. Legrandn’estpasrestélesbrascroisés.Il a lancé cette année le programme Eliot, une nouvelle référence dédiée à l’internet desobjetsqu’ilvadevoirimposerpourgar- der son rang. Plus de 200 millions d’euros sont investis dans ce programme pour le- quel la mobilisation générale a été décla- rée par le PDG du groupe, Gilles Schnepp. Avec ses centres de recherche, le niveau de ses fonds propres et sa culture de l’innova- tion, les atouts de Legrand sont sérieux. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance. JEAN-BERNARD GILLES Gilles Schnepp, le PDG de Legrand, mise sur la culture de recherche et d’innovation du groupe pour aborder l’avenir. PHOTO JACQUES DEMARTHON LIMOGES Le groupe français d’électricité de taille mondiale doit négocier le virage de l’internet des objets Legrand en prise mondiale Lesatoutsdelagranderégion Lors d’un tournage au studio d’animation solidanim à l’Isle d’Espagnac. ARCHIVES CÉLINE LEVAIN L’année2016seracelledetouslesdévelop- pementspourSolidAnim,lajeunesociété, mi-francilienne mi-charentaise, installée surlePôleImaged’Angoulêmedepuisdeux ans. Elle prévoit d’y accroître son activité decapturedemouvementspourlecinéma et la télévision, ce qui pourrait se traduire parlacréationd’emploissurplaceen2016. LestroisassociésfondateursdecettePME dehautetechnologiesontIsaacPartouche, Emmanuel Linot et Jean-François Szlapka. Ils ont mis au point à Paris une nouvelle technologie,lesystèmeSolidTrack.Ils’agit d’intégrerentempsréel,dansl’œildelaca- méra, les effets spéciaux issus d’images de synthèse. «Jusqu’àcetteinnovationlesréalisateurs tournaientlesimagesdeleurfilmpuisyin- troduisaient, en studio, les images virtuel- les»,expliqueEmmanuelLinot.Leprocédé a vite gagné en notoriété au point de con- vaincre James Cameron de l’acheter pour l’utiliser lors du tournage du prochain « Avatar ». Rêver plus haut Unautreréalisateur,RobertZemeckis,alui aussichoisi,SolidTrackpoursontournage de « The Walk : Rêver plus haut ». Mais le ci- néma n’est pas la seule cible de cette PME quiadéjàparticipéà«HarryPotter»ouau jeu vidéo « The Crew ». SolidAnim emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes, dontdixàAngoulême,pourunchiffred’af- fairesd’1,5 milliond’eurosenvironen2015 après quatre années d’existence. «Noussommesdeplusenplussollicités par des producteurs de télévision », indi- que Emmanuel Linot. Un contrat récent a étésignéaveclasociétédeproductiond’Ar- thur. Un autre avec la société canadienne Ross Video, un gros du secteur, lui ouvre d’oresetdéjàdenombreuxmarchésinter- nationaux. Cequiintéressecesproducteursestlaca- pacité de l’entreprise à proposer des solu- tionscomplètesd’imagesdesynthèse,dès letournage.SolidAnimaaussicrééuneso- ciété filiale, Iteca, spécialisée dans la cap- ture d’image des acteurs pendant les tour- nages de longs métrages. Le créneau semble porteur. L’entreprise prévoit de re- cruterunequarantainedecollaborateurs. « Nous serons 50 à Angoulême fin 2016 », annonce Emmanuel Linot. J.-B. G. ANGOULÊME La société d’effets spéciaux va créer des emplois l’an prochain et lorgne sur les marchés industriels de la grande région SolidAnim confortera le Pôle Image en 2016
  • 12. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco12 Lesatoutsdelagranderégion A vec quelque 2,5 milliards d’euros de fondspropresetaucunedette,laMaifa lesmoyensdesesambitions.Sessuccès remontent à l’entre-deux-guerres. Edmond Proustfutlepremieràcréer,àLaRoche-sur-Yon unemutuellepourlesenseignants.Ilétaitins- tituteurets’installeàNiortoù,danslesannées 1960,lerejoignentcellesquideviendrontles autresmajorsdelamutualitéfrançaise.Jusque danslesannées1990,toutinstituteursortide l’ÉcoleNormaledevenait,enprenantsesfonc- tions,adhérentMaif ainsiqu’àlaMGENpour lacouverturesanté.Croissancegarantie ! En1987,laMaifouvresesprestationsauxen- fantsdessociétairesainsiqu’àtoutautrenou- veladhérentpourpeuqu’ilsoitprésentépar deuxparrains,uneobligationquitombeen 2000,annéedespremièrespublicitéstélévi- sées,quiinsistentsurlarelationdeconfiance. LaMaifyconsacreaujourd’hui15millionsd’eu- rosparan.C’estainsiqu’elleestdevenuele5e as- sureurfrançaispourl’automobileetleloge- ment. «Nousappartenonsànos3,6millionsdeso- ciétaires,cequinousobligeàunerelationde confianceetnouspermetderéaffecterl’ensem- bledenosrésultatsaudéveloppementdel’en- treprise »,expliquePascalDemurger,directeur général.Depuisonzeans,TNSSofresréaliseun palmarèsindépendantsurcesujetquiplace lamutuelleniortaiseàchaquefoisentêtedans sacatégorieetdansletop 3françaistoussec- teursd’activitésconfondus. Maiscettedouceassurancen’estpaséter- nelle.Laconcurrenceestrude.Etl’espritmu- tualisten’occultepaslesimpératifsderentabi- lité.Commed’autres,laMaifadûrestructurer son organisation en France où elle emploie 7000personnes.«Nousavionsunréseautrès émietté,héritédel’histoiremaispastoujours adapté », se souvient Pascal Demurger. Cet énarquede50ans,venudeBercy,estarrivéà Niorten2003.D’abordpours’occuperdecette réorganisationquiacréédestensions.Ilbrise un tabou. Les salariés, bien que bénéficiant d’un contrat de droit privé, étaient traités commedesfonctionnaires,notammentcon- cernantlesévolutionsdesalaires.Unerévolu- tionindiciaireaujourd’huiapaisée.Deuxième étage de la réforme : le réseau. Des dizaines d’agencesfermentenFranceàlafindesannées 2000, les centres de traitement de sinistres sontregroupéspourplusd’efficacité.Autotal, plusde1000salariésontdûdéménager. «Tsunami »numérique Maisleprincipaldéfiestàvenir:larévolution digitale.Denouveauxacteursvenusduwebse préparent.Ilspourrontsansdouteunjourpro- poserdesassurancesindividuellesàbonprix. Lestarifspeuventeneffetêtrebaspourlesass- surésquineconnaissentpasdesinistres...Et nuldoutequ’ilsserontlacibleprivilégiéedes nouveauxentrants.Lavoitureconnectéegénè- rerademaindesmilliersd’informationssur notrefaçondeconduire.Lesconstructeursau- tomobilesàlarecherchedenouveauxservices financiersàplusfortevaleurajoutéeserontca- pablesdeproposerdesassurancesindividua- liséesauxconducteurs.Unevraiemenaceàla- quellelaMaif entendfaireface.Elleadécidé, au mois de juillet dernier, la création d’un fonds d’intervention numérique doté de 125millionsd’euros.Ellerachètedéjàdesstart- upquiluipermettrontdenégociercevirage commecettejeunepoussetoulousainequia imaginéunsystèmedepaiementdescotisa- tionsentrelesparticuliersetleurassociation, unautresegmentoùlaMaifestprésente.D’au- tressuivront.«C’estuntsunamiquiseprépare danslemondedel’assurance »,estimePascal Demurger. JEAN-BERNARD GILLES L’imposant siège social de la Maif à Niort, où travaillent 2 245 personnes. PHOTO MAIF MUTUELLE La Maif vient de créer un fonds pour investir dans l’économie numérique La tranquille assurance
  • 13. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 13 L ’entrepriseDRTestnéedelarésinedepin. Elletientd’ailleursàsonnom.DérivésRé- siniquesetTerpéniques.Difficiledefaire pireentermesdecommunication.Maistouty est.L’entreprisedacquoise,propriétédefamilles desylviculteurslandais,extrait,depuis1932,de larésinedespinsdelacolophaneetdel’essence detérébenthinequ’ellevalorise.Pourlavendre àdesindustriesd’adhésifs,d’encresd’imprime- rieoudesfabricantsdebitume.Elleextraitaus- sidesterpènes,issusdelaproductiondecer- tains papiers comme le kraft. Ils trouvent preneur dans l’industrie du parfum. On re- trouveautotal,sanslesavoir,lesproduitsDRT dansquelque250produitsd’unevingtainede secteursindustrielsoùl’entreprisedacquoise proposeunealternativefiableauxdérivésdes produitspétroliers.Delachimievertepureet dure! 700salariésdanslesLandes LeslaboratoiresdeDRTàCastetsdanslesLan- des,oùtravaillentquelque50chercheurs,trou- ventencoreettoujoursdenouvellesessences naturellesissuesdupinmaisaussidesfeuilles d’olivier,dontlesdébouchésdansl’industriede lasanté,del’alimentationetdumédicament sontd’oresetdéjàtrèsprometteurs.Ilsmettent aupointdenouvellesmoléculesdontilsamé- liorentsanscesselerendementpourresterau top.L’industriedumondeentierconnaîtlespro- duitsDRTquiestuneentreprisemondialede 1200salariésdont700danslesLandes.Elleréa- lise80%desonchiffred’affairesàl’exportation, soitautotal350millionsd’euros.C’était140mil- lionsd’eurosilyadixans. Rapidementdanslesannées1970,DRTadû allerchercherloindesesbaseslesessencesna- turellesqu’ellenepouvaitplusexploiteràdo- micile.EllepossèdequatreusinesenFrance, troisenIndeetuneenChine,indispensables pourvoyeusesd’unematièrepremièrenaturelle quin’existepasenFranceouquenotrepaysne peut plus exploiter à des prix suffisamment compétitifssurleplanmondial.Laproduction derésinedepinsacessédanslesLandesdans lesannées1960. NouvelleusineauxÉtats-Unis Cettedélocalisationd’outilsdeproductiona jouéunrôled’accélérateurdanssacroissance. Lescoûtsdeproductionquiontgrimpérécem- mentenChineetenIndedemeurentinférieurs d’aumoins30%.Cesdernièressemaines,l’en- trepriseadécidéd’investirdansunenouvelle usinedansleSud-EstdesÉtats-Unis,nonloinde l’industrie papetière. Un engagement d’au moins 40 millions d’euros. « Nous avons de nombreuxclientsoutre-Atlantiqueetmêmesi nousprofitonsaujourd’huid’unbontauxde changeeuros-dollars,ilfautquenoussoyons protégésdemaindesaléasmonétaires»,expli- queLaurentLabatut,lePDGdeDRT.Elleypro- duiraducolophanedeTaloil,uneessenceissue del’industriepapetière.L’usinedeVielle-Saint- Gironsquiledistillepourlegroupeaujourd’hui necesserapassonactivitémaisseraapprovi- sionnéeparlespapeteriesscandinaves.«Nous devonssanscesseinvestirpourresterdansla coursemondialesurlelongterme»,explique LaurentLabatut,aussimodesteetdiscretque sonentrepriseestconquérante. L’entrepriseaenfinparticipéauplandesau- vetagedugroupeGascogneenyinjectant5mil- lionsd’euros.Elleluiachètedepuisdeslustres desécorcesdepin.«Noussommescousinset Landais »,défendLaurentLabatutquireconnaît uneprisederisque.«Maisilauraitétéplusgrave pournotreterritoirequeGascognes’effondre», conclut-il,confiantdansleredressementenga- géparsonPDG,DominiqueCoutière. JEAN-BERNARD GILLES RÉSINE DE PIN Ses actionnaires sont des sylviculteurs. DRT est un industriel de la chimie verte, depuis longtemps La trajectoire mondiale de DRT la Dacquoise 120salariés,17pointsdeventeet8millionsd’eu- rosdechiffred’affaires.RaymondBaillardran, pâtissierrueJudaïque,seraitfierdelatrajectoire donnéeenvingt-cinqansparsonfilsPhilippe etsonépouseAngèle.Iln’apasvraimentinven- télecanelédeBordeaux,ungâteauderien(fa- rine,œuf,lait,sucre,vanille,rhum)dontlalé- gende,encoremystérieuse,remonteauXVIe siècle. Detrèsnombreuxpâtissiersbordelaisenpro- posentdepuisdeslustrescedélicieuxgâteau quiseconsommefrais,depréférencedansles vingt-quatreheuresquisuiventsafabrication. Maisalorsqu’ilétaitperduaumilieudesautres viennoiseries,lecoupleenafaitunproduitstar, unemarquedotéed’uncodecouleuretd’un packagingoriginal.LecanelédeBordeaux,pour lesdizainesdemilliersdetouristesquidécou- vrent désormais la ville chaque année, c’est Baillardran, même s’il n’est plus le seul au- jourd’hui.Lesrecettesdusuccèsdelamarque sonttriples.D’abord,laproductiondemeure artisanaleendépitdes30000canelésprépa- réschaquenuit.Lasociétéproduittoujoursde- puisleslocauxhistoriquesducentredeBor- deauxetdanssesboutiques.Maiselleinvestira environ2,5millionsd’eurosdansunnouvelate- lierdeproductionàBègles,plusmoderneet d’uneplusgrandecapacité. Ledeuxièmeatout estladistribution.Baillardanestbordelaispour l’essentiel,aéroportdeBordeaux-Mérignaccom- pris.Lamarqueestd’abordterritorialeetilreste deslieuxdeventeàconquérirdanslaville. Baillardranatransforméilyadeuxansson kiosqueenboutique.Etouvrirad’icilafinde cetteannéeunenouvelleboutiquequijouxte l’Officedetourisme,lelieulepluscourudela villetoutel’année.Uncoupdemaître.Letroi- sièmeatouttientdanslemarketing.Lecode couleur,rouge,estdéclinépartout,surlesboî- tes,danslesboutiquesetlestabliersdespatis- siers.Ilesttellementidentifiéquelesconcur- rentsdeBaillardranquiontleventenpoupe, s’ensontimprudemmentinspirésdansleur publicité.«Nousacceptonslaconcurrencemais nousavonsdemandéàlajusticedetrancherce différend »,expliqueAngèleBaillardranquia lahautemainsurunpackagingévoluantsans cesse et qui pourrait encore surprendre à la veilledesfêtes.C’estplutôtàBordeaux,surses terres,queBaillardranentendtrouversespro- chainsrelaisdecroissanceavecunnouveaucon- ceptd’atelierdechocolaterieenpréparation. J.-B. G. Angèle Baillardran dans son bureau de la rue judaïque à Bordeaux. ARCHIVES L.THEILLET Baillardran, une marque territoriale BORDEAUX Ses canelés s’arrachent. L’entreprise se développe à Bordeaux avant tout Laurent Labatut, PDG de DRT : « Il faut sans cesse investir pour rester dans la course mondiale sur le long terme. » PHOTO PHILIPPE SALVAT Lesatoutsdelagranderégion
  • 14. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco14 S necma,lemotoristedenombreuxAirbus etBoeingmaisaussiduRafale,ainstallé début 2015 en bords de Garonne à Bor- deauxsadivisionmaintenancedesmoteursen service.Avecunequinzainedesalariésdansune équipequipourraitbientôtmonteràunecin- quantaine.Cetteimplantationestlasuitelogi- quedutransfertàMérignacdelaStructurein- tégréedemaintienenconditionopérationnelle desmatérielsaéronautiquesdedéfense(Sim- mad),ledonneurd’ordresdeSnecma,quise rapprocheaussidesonpartenaireindustriel militaire,l’Atelierindustrieldel’aéronautique (AIA)deBordeaux-Floiracàunmomentclé.Les premiersmoteursdel’A400M,legrosporteur européen,sontarrivésàFloiracetMarcheprime, lesdeuxinstallationsgirondinesdel’AIA,pour leurspremièresrévisions.LesRafalevontêtre aussideplusenplusnombreuxàdevoirs’arrê- terau«garage»pourdesopérationsdecon- trôle,notammentceuxquisontsollicitéspar l’arméefrançaisesurlesfrontsd’Afriqueetdu Moyen-Orient. LepoidsdeTurbomécaausud LafilialedeSafranemploieunepetiteéquipe dehautvolàBordeaux,composéed’ingénieurs, despécialistesqualitéetdechargésd’affaires, jusque-làrépartissurplusieurssitesenFrance. EllevientgrossirlesrangsdeSafran,legroupe aéronautiquefrançaisquis’imposediscrète- mentcommeleplusimportantemployeurin- dustrielprivédelafuturegranderégion.Safran yemploiequelque8500salariés. EnPoitou-Charentes,Snecmapossèdeune importanteunitédemaintenanceàChâtelle- rault(730salariés),dédiéeàlaréparationdes moteursetquitravailledéjà étroitementavec l’AIAdeBordeaux.Uneusine,Sagem,filialede Safran spécialisée dans la sécurité, emploie 430personnesàSaint-Benoît,nonloindePoi- tiers.Surlebassind’emploidel’agglomération bordelaise,Heraklesestaujourd’huidéjàleplus grosemployeurgirondinavecplusde2000sa- lariés,répartissurdeuxsites,àSaint-Médardet auHaillan.Ilssontspécialisésdanslafabrica- tiondeslanceursdelafuséeArianeetdanscelle dupropergol,lecarburantdeceslanceursain- siquedesmissilesdelaforcedefrappefrançaise. L’entrepriseestsurlepointderejoindreAir- busSafranLaunchers,lanouvelleentitédédiée àlafabricationdeslanceursd’Ariane.Plusau sud,àBordesdanslesPyrénées-Atlantiqueset àTarnosdanslesLandes,Safranproduiteten- tretientdesmoteurspourhélicoptères,secteur oùlegroupeestuneréférencemondiale.Ces deuxsitesemploientàeuxdeuxplusde4000 salariés.L’usinedeBordesestflambantneuve tandisquecelledeTarnosfaitl’objetd’impor- tantsinvestissements,encours,del’ordrede60 millionsd’euros.Enfinc’estàBidos,toujours danslesPyrénées-Atlantiques,queSafrancon- çoitetfabriquedenombreuxtrainsd’atterris- saged’avionsmilitairesetcommerciauxavec prèsde1000salariés.Lesiteestd’oresetdéjà montédiscrètementencadencepoursatisfaire lecontratdesRafaleégyptiens. JEAN-BERNARD GILLES L’usine Messier Dowty de Bidos accentue la cadence de production pour le Rafale. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD AÉRONAUTIQUE Au nord, au centre et au sud, les filiales du groupe forment le plus gros employeur industriel privé de la future grande région Safran, le plus gros industriel Lesatoutsdelagranderégion
  • 16. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco16 Lesatoutsdelagranderégion L avilledeNiortestdiscrète.Elledomine undépartementoùl’agroalimentaire,et l’industrieaéronautiquesontbienpré- sents.Maisc’estbiensonpôlemutualistequi ladistingueparmitouteslesvillesdeFrance. Niortestdevenuedansladeuxièmepartiedu siècledernier,lacapitalefrançaisedelamutua- lité.EdmondProustfutlepremieràyimplan- terlapremièremutuelledesenseignants,de- venuelaMaif(lirepage11).LaMaaf,laMutuelle desArtisans,laSmacl,mutuelled’assurancedes particuliers,desassociationsetdescollectivi- téslocales,laMacif,ontdepuisrejointlamu- tuellelongtempsobligatoirepourtouslesins- tituteurssortisdel’ÉcoleNormale. 20%decadressupérieurs Lepôleniortaisestpuissant.Àquelque192ki- lomètresaunorddeBordeaux,ilreprésente17% deseffectifsdelabrancheenFranceet16%du chiffred’affaires.«Noussommesmêmelatroi- sièmeplacefinancièrefrançaisederrièreParis etLyon»,affirmePascalDemurger,ledirecteur généraldelaMaif,soitprèsd’unecinquantaine demilliardsd’eurosd’actifssousgestion. Lessociétésniortaisesreprésentent4%des placementsfinanciersdelabranche.Etquand onconnaîtlapassiondesFrançaispourl’assu- rance-vie,onpeutsedirequeNiortpourrait,de- main,jouerunrôleimportantdanslaconstruc- tion économique d’une grande région déjà fortedesonpotentielagricoleetforestier,ate- lierdepremierplandel’aéronautiquemaisen manquedesiègessociauxd’entreprisesdepre- mierplannational.«L’agglomérationniortaise estledeuxièmepôletertiairesupérieurdela granderégion»,assurePierreDelfaud,univer- sitairebordelaisspécialisédansl’économie. Avec 20 % de cadres supérieurs et de profes- sionsintellectuellessurlelieudetravail,laville égalelesscoresbordelais,loindevantPoitiers (18,7 %),Pau(16,6 %),Limoges(15,5 %)etLa Ro- chelle(15%).Sonpotentieldanslesecteurter- tiairesupérieur,enjeufortdeconcurrenceen- tre les principales métropoles françaises puisque devenu essentiel à leur attractivité, placeNiorttoutjustederrièrel’agglomération bordelaise. Quilesait? Les mutuelles niortaises sont de gros em- ployeurs.7000salariéspourlaMaafselonune étudedelaCCIdesDeux-Sèvres,9200pourla Macif, 2 300, toujours sur l’ensemble de la France,pourlegroupeInterMutuellesAssis- tance,filialedesprincipalesmutuelles,quicon- naîtunefortecroissance,de6%cetteannée.Il assistedepuisunanlegroupeRenaultDaciaet ilestdevenul’interlocuteurprivilégiédesdeux constructeursautomobilesfrançais.L’IMAréa- lise568millionsd’eurosdechiffred’affaires. SurleNiortais,onestimeà9000lenombre desalariésdesmutuellesd’assurance.Quedire aussi,outrelepoidsfinancierparlagestiond’ac- tifs,dusoutienapportéàlafilièredubâtiment? LaconstructiondunouveausiègedelaMacif, lenouveaubâtimentdelaMaaf quiaccueille 300salariés,oul’agrandissementdeslocaux de Mutavie ainsi que les travaux de mainte- nance,impactenttrèsdirectementlechiffre d’affairesduBTPdeux-sévrienquines’enplaint pas. Enfin,lesmutuellesniortaisesontcréédes outilsdeformationetderechercheàNiort,à vocationnationale.C’estlecasdel’Institutdes risquesindustriels,assurantielsetfinanciers, quifaitdelaformation,etdeCalyxis,unpôle reconnud’expertisedurisque. Nuldoutequ’onreparleradupôlemutua- listeniortaisàcompterdu1er janvier2016.Un pôled’attractivitédiscretmaisimportant. JEAN-BERNARD GILLES Avec son pôle mutualiste qui regroupe les sièges de la Maif, la Maaf, la Smacl ou encore la Macif, Niort est la troisième place financière du pays. PHOTO ÉRIC POLLET/« LA NR » NIORT Le discret chef- lieu des Deux-Sèvres est une puissance financière Le deuxième centre tertiaire après Bordeaux Les gros employeurs Il serait injuste de réduire l’économie deux-sé- vrienne à son pôle mutualiste qui en demeure toutefois le phare. Le département possède quelques entreprises de rang national, que ce soit dans l’aéronautique ou la métallurgie. Il est d’abord un pôle logistique (800 salariés) mé- connu du grand public mais pas des profes- sionnels, avec les bases opérationnelles pour les entreprises Norbert Dentressangle, Kueh- ne Nagel ou la Stef qui emploie plus de 250 salariés localement. Deux entreprises émergent dans le secteur de la métallurgie. Poujoulat, le fabricant bien connu de cheminées et conduits de cheminées qui emploie plus de 700 salariés dans le dé- partement, et Deya, un spécialiste des produits du second-oeuvre bâtiment, qui emploie plus de 600 salariés. Dans le secteur aéronautique, ECE à Chau- ray (570 salariés) qui travaille pour l’A350 et Leach International (300 salariés), sont aussi portés par la bonne santé du secteur en France et dans le monde. Lesatoutsdelagranderégion
  • 18. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco18 L adécisionesthautementsymbolique. Ilyaquelquesmois,DassaultAviation aannoncésadécisiond’implanterson nouveaupôledemaintenancedesesavions d’affairesFalconàMérignacenGironde.Un investissement de 20 millions d’euros, avec à la clé 70 emplois créés d’ici 2018. Éric Trap- pier,lePDGdeDassaultAviation,ajustifiéce choix par « la qualité de l’écosystème aqui- taindansl’aéronautiquecivileetmilitaire». Historiquement tournée vers la Défense, lafilières’estaussipositionnéecesdernières années dans la maintenance aéronautique civile et militaire. Ainsi, en avril 2011, la Ré- gionAquitaineacrééAerocampusAquitaine, uncentredeformationàlamaintenanceaé- ronautique(lireci-dessous). Uneplacemajeuredanslesecteur Après quatre ans d’existence, il commence déjà à se faire un nom à l’international et a d’ailleurs été retenu pour former l’essentiel des 70 techniciens du futur pôle de mainte- nancedesFalconàMérignac.ÀMérignacen- core,SabenaTechnicsdécolleégalementeta désormais en charge la maintenance de 120 appareilscivilsparan. Le cas de Dassault est loin d’être isolé. Ré- cemment,c’estTurbomecaquiaannoncésa volontédefairedesonsitedeTarnos(Landes) soncentremondialpourlaréparationdetur- binesd’hélicoptères.Autreexemple,mi-avril, Snecma, le motoriste de nombreux Boeing, AirbusetRafale,ainaugurédeslocauxàBor- deauxdédiésàlamaintenanceaéronautique militaire.Car,avecl’AIA(Atelierindustrielde l’aéronautique de Bordeaux), qui gère la ré- paration des moteurs d’aéronefs (Rafale…) del’arméeetlaSimmad(Structureintégrée dumaintienenconditionopérationnelledes matériels aéronautiques du ministère de la Défense),quicompte750salariés,laRégion a des atouts qui en font une place majeure danslesecteurenFrance. EtdesliensexistentdéjàaveclePoitou-Cha- rentes. Safran dispose d’une usine à Châtel- lerault (Vienne), spécialisée dans la répara- tiondesmoteursd’avionscivilsetmilitaires, quitravailleavecl’AIA.Parailleurs,Aerocam- pus Aquitaine va assurer la formation des mécaniciens égyptiens dédiés au Rafale, en association avec l’école de formation des sous-officiersdeRochefort. Autantdebonnesnouvellespourl’écono- mierégionale.Cemarchédelamaintenance aéronautiqueestimmense:10milliardsd’eu- rosetencroissancede4%paran. NICOLAS CÉSAR L’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux) gère la réparation des moteurs aéronefs. PHOTO ARCHIVES FABIEN COTTEREAU MÉRIGNAC L’entretien représente deux tiers du prix d’un avion. L’Aquitaine et le Poitou-Charentes ont de nombreux atouts pour s’imposer sur ce marché En pole position dans la maintenance aéronautique Les sceptiques étaient nombreux, il y a plus de quatre ans, lorsque le Conseil ré- gional d’Aquitaine décidait de racheter, pour un peu plus de 6 millions d’euros, le centre de formation des ouvriers et des techniciens de la maintenance du minis- tère de la Défense. Il devait fermer ses por- tes. Ils doivent aujourd’hui constater qu’Aerocampus a su se faire une place de choix dans le paysage aéronautique natio- nal. Quelques chiffres suffisent à l’attester. Lorsque Jérôme Verschave, qui dirigeait le cabinet du président du Conseil régio- nal, a pris les commandes de cet outil dont Alain Rousset voulait faire, avec le soutien d’Alain Juppé, un pôle de formation d’ex- cellence à la maintenance aéronautique, tout était à faire, ou plutôt à refaire. Au- jourd’hui, il gère un budget de quelque 6 millions d’euros, accueille 280 élèves en formation initiale (Bac, BTS) y compris en alternance. Aerocampus a reçu sur ses ter- res à Latresne des milliers de salariés ou de demandeurs d’emploi en formation continue ou à la recherche d’une qualifi- cation, qu’ils travaillent pour Sabena Tech- nics, Airbus Hélicoptère, Stélia Composi- tes, l’AIA ou Dassault Aviation. L’association qui demeure juridique- ment est toujours soutenue, dans ses ef- forts d’investissements, par la Région, les Investissements d’avenir (PIA) ou le Fonds de reconversion de la Défense. Et elle au- tofinance aujourd’hui son fonctionne- ment à 52 % :60 personnes travaillent à La- tresne, y compris les personnels de l’Éducation nationale. Partenariats industriels Aerocampus a noué quatre partenariats sonnants et trébuchants significatifs. La société Airbus Helicopters, basée à Mari- gnane et qui, comme tous les grands cons- tructeurs d’aéronefs, doit vendre des ser- vices maintenance à ses clients, délocalise en Gironde des formations de techniciens. Avec Dassault Aviation qui est entré ré- cemment au conseil d’administration, La- tresne monte en puissance sur les contrats de maintenance des avions Rafale vendus au Qatar : « Les techniciens qataris vien- nent chez nous en formation de base puis vont sur les bases aériennes de Rochefort et de Mont-de-Marsan pour la période pra- tique sur les avions militaires », explique Jérôme Verschave. D’autres contrats sont en vue. À Istan- bul, Aerocampus a gagné son premier contrat export en début d’année. La Saft a elle aussi fait de Latresne son centre de for- mation mondial pour la maintenance des batteries. Aerocampus accueille également de nombreux instituts de formation à la sou- dure, à la peinture ou aux métiers d’hôtes- ses et de stewards. Il accueillera enfin bien- tôt le plateau technique des formations régionales de l’Afpa aux métiers de l’aéro- nautique. Et développe une offre hôtelière significative (300 chambres) sur son site de 26 hectares. JEAN-BERNARD GILLES Jérôme Verschave, directeur d’Aerocampus. PHOTO ARCHIVES MARIE HUGUENIN LATRESNE En quatre ans, le centre de formation aux métiers de la maintenance s’est imposé Aerocampus a mis pleins gaz Lesatoutsdelagranderégion
  • 20. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco20 A vecl’avènementdelagranderégion, les équilibres viticoles ne devraient pasêtrechamboulés.L’Aquitaineest bien campée dans son rôle de vignoble de référence avec le Bordelais en figure de proue. Le cognac est l’eau-de-vie de vin la mieux valorisée de la planète et mise pres- quetoutsurl’exportation.Enfin,leLimou- sin n’apporte pas de pierre à cet édifice vi- ticole, au-delà de quelques parcelles ici et là. Cettenouvelledonnepolitiquepourrait enrevancheamenerquelquechosedansle rapprochemententreBordelaisetCognac, deux mondes vivant côte à côte mais qui s’ignorentroyalement.D’ailleurs,deprime abord,ilsontpeuàpartagersauf àinvestir deconcertpourtrouverdessolutionstech- niques aux maux communs. Par exemple pour vaincre l’esca (maladie entraînant la dégénérescenceducep),unfléaunational. Cetéloignementauneraison: vineteau- de-vie de vin ne jouent pas dans la même cour. Et ce à tous les niveaux, en commen- çant par le raisin : mur pour un bon rouge ou blanc, acide et de faible degré (9 à 10) pour le spiritueux. Il suffit d’assister aux vendanges respectives pour le saisir : ren- dements réduits pour le premier, récolte volumineuse (deux fois plus) pour le se- cond. Place ensuite à la distillation, étape clé dans les Charentes et inexistante en Gi- rondeouailleursenAquitaine,sauf pourla production confidentielle de Fine de Bor- deaux. Enfin,l’élevageenfûtsestquasisys- tématiqueaunorddel’estuaireetplutôtré- servé aux beaux vins au sud. Mise en avant systématique du millésime au sud, un cas particulier au nord avec la logique inverse d’un produit régulier et homogène. Les exemples sont légion, à se demander pres- que si les vignerons font le même métier... Le bal à quatre pour cognac Mêmeconstatdedivergencedansl’organi- sation même de la filière. Dans l’univers aquitain, producteurs (indépendants ou coopératives) cohabitent avec un négoce relativement éclaté même si deux sociétés prédominent (hors grands crus), en l’es- pèce Castel et Grands Chais de France. Bon anmalan,chacuntientlemancheàtourde rôle lors des négociations commerciales (surtoutenfonctiondesvolumesrécoltés). Dans les Charentes, le système est beau- coupplusintégréverticalement :lesvigne- ronssontessentiellementdesfournisseurs de « matière première » pour les négo- ciants. Il y a d’ailleurs peu de producteurs vendantdirectementleursbouteilles,àl’in- versedeBergeracoudeJurançonparexem- ple. Qui plus est, quatre maisons puissantes (Hennessy, Martell, Rémy Martin, Courvoi- sier),appartenantàdesgroupesmondiali- sés, concentrent la commercialisation. Le Cognacétantexportéà97 %,l’Hexagonen’y est la priorité de personne. Alors que les rayons des linéaires à Rennes, Paris ou Li- moges sont des débouchés de choix pour le Marmandais, Buzet ou l’AOC Bordeaux. Le cognac est dans l’univers des whiskies, vodkaetautresgin,làoùlepackagingaune place primordiale... et où les marges sont élevées. Alors que les interprofessions de Bor- deaux ou Bergerac (désormais marié à Du- ras) dépensent des millions pour commu- niquer(presse,affichage...),celledeCognac n’a pratiquement pas de budget en la ma- tière. Les négociants préfèrent jouer leur carte personnelle partout sur le globe. Avectoutesceslogiquesprofessionnelles opposées,oùtrouverdemaindessynergies éventuellesentrenordetsuddelarégion ? Les pistes sont maigres, sauf au plan envi- ronnemental(traitermoinslavigne,coha- bitation avec les riverains...) ou pour ame- nerensembledesproducteursàvendredes bouteilles au bout du monde, comme le propose l’Agence aquitaine de promotion agroalimentaire (Aapra). On verra par exemple si le salon Bordeaux Vinipro qui s’ouvre grand à tout le Sud-Ouest pour sa deuxièmeéditionenjanvierprochain,réus- sira à attirer quelques producteurs de co- gnac ou de pineau des Charentes. CÉSAR COMPADRE Bordeaux et Cognac sont deux champions à l’exportation... mais c’est à peu près leur seul point commun. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE MÉNARD VIGNE Difficile de dégager des synergies chez deux voisins aussi différents Vin et cognac : deux univers bien distincts Trois points forts ■ Grandes surfaces Le Bordelais compte 115 000 ha de vigne et produira pour le millésime 2015 (selon les estimations officielles) 5,7 millions d’hl.Avec bien moins - 74 000 ha - les Charentes sont à 9 millions d’hl. La superficie des autres vigno- bles aquitains (Bergerac, Lot-et-Garonne, Ju- rançon,Tursan...) est égale à celle du Médoc. ■ Toute la gamme Peu d’autres vignobles hexagonaux proposent toute la gamme des produits : rouge, rosé, blanc sec et liquoreux, crémant, eau-de-vie ou vin de liqueur (Pineau des Charentes). Un atout pour la future grande région. ■ Tous les poids lourds Le poids viticole du Sud-Ouest est tel que tous les poids lourds du métier sont là. Négociants (Castel, Grands Chais de France...) et fournis- seurs (bouchons Amorim...), sans oublier la re- cherche et le développement (ISVV à Villenave- d’Ornon...). Même constat au nord avec les champions mondiaux des alcools (LVMH, Per- nod Ricard, Suntory...), les pépiniéristes ou les tonneliers (Seguin Moreau, Radoux...). La récolte 2015 s’annonce de qualité. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD Le pineau des Charentes, un vin de niche original. PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST » Joseph Helfrich, fondateur des Grands Chais de France, à Landiras (33). ARCHIVES C. P. Lesatoutsdelagranderégion
  • 21. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 21 L orsdelatempêteKlausdejanvier2009, lesforestierslandaisontreçulerenfortde leursvoisinsduLimousinetdesCharen- tes.Le1er janvierprochain,tousseretrouveront dansunemêmerégionqui,d’entrée,sehisse- raàlapremièreplacenationale. Avec2,8mil- lionsd’hectaresboisés,lagranderégionAqui- taine,Limousin,Poitou-Charentes,dépassesa voisined’Auvergne-Rhône-Alpes. Commepourl’agriculture,lafilièreforêt-bois delanouvelleentitéreprésenterauneforceéco- nomique:9,7millionsdemètrescubesdebois récoltés(lequartdelaproductiontotalefran- çaiseet38%duboisd’industrie),unchiffred’af- fairesde10milliardsd’euroset50000emplois, soitplusquel’aéronautique.Autrecaractéristi- que:cetteforêtestdétenueà90%pardespro- priétairesprivés,lesforêtspubliquescouvrant toutefoisplusde230000hectares. «Essencescomplémentaires » EntrePoitouetPyrénées,«lesessencessontdif- férentesmaiscomplémentaires »,souligneSté- phaneViéban,directeurgénérald’AllianceFo- rêts Bois. Un contexte forestier qu’il connaît bien.Lacoopérativeesteneffetdéjàprésente surl’ensembleduterritoiredelagranderégion, etmêmeau-delà.«Aujourd’hui,onsedéveloppe surl’ensembledesesmassifs»,préciseStéphane Viéban. Unerécenteétuded’Agreste,leservicestatis- tiqueduministèredel’AgricultureetdelaFo- rêt,délimitequatregrandeszonesforestières: leslandesdeGascogneaveclepinmaritime,les plateauxduHautLimousin,terresdefeuillus etderésineux,laVienne,laCharente,laDordo- gneetlesPyrénées-Atlantiques,oùdominent lesfeuillus,etenfinlesplainesdesDeux-Sèvres, deCharente,deCharente-MaritimeetduLot- et-Garonne,aveclespeupliers. Leboisexploitédanscestaillisetforêtsali- mentetouteslesfilières:lesciage,ledéroulage etl’emballage,lebâtiment,lepapier-carton,le meuble,lebois-énergie. Avecdesentreprises surtoutceterritoireetengénéralspécialisées selonl’essencedominantedelazonegéogra- phique.Lesscieriesderésineuxsontimplan- téesdanslesLandes,laGironde,leLot-et-Ga- ronne et la Charente-Maritime pour le pin maritime,dansleLimousinpourl’épicéaetle douglas.LaDordogneestentêtepourlesciage defeuillus.L’industriedupapieretducarton estbienimplantéeenGironde(SmurfitKappa àFacture),danslesLandes(groupeGascogne), laHaute-Vienne(InternationalPaperàSaillat), enDordogne(Condat),enCharente,avecauto- tal10000salariés.PrésenteenCharente-Mari- timeetdanslesDeux-Sèvres,lafabricationde meublesemploie4800personnes. Lacréationd’unegranderégionforestièreva permettredemettreenplacedes«synergies», estimelacoopérativeForêtsBois.Lesavoir-faire desunsetdesautresenrésineuxetenfeuillus peutprofiterauxvoisins.Ceciexistedéjàenpar- tie : la scierie Archimbaud par exemple, née danslesDeux-Sèvres,aouvertuneunitédans lesLandes.NéaussidanslesDeux-Sèvresautour de la transformation du bois de peuplier, le groupeThébaults’estdiversifiédanslesbois exotiquespuis,ens’installantàSolférino(Lan- des),danslepinmaritimepourlafabrication depanneaux. «Dynamiserlarécolteforestière » Commelesautressecteursdel’économie,lafi- lièreforêt-boisdevrapasserparunephased’har- monisation.Lestroisquartsdelarécoltedebois delagranderégionsontportésparlesrésineux (pin,douglas,épicéa)alorsquelesdeuxtiersde laressourcesurpiedestconstituéedefeuillus. L’exploitationdeboisd’œuvredechêne esten reculrégulier.Agresteparlemêmede«situa- tionpréoccupante ».Tropdeboisdefeuillusdu sudduLimousinetdesPyrénéesvontentota- litéversl’énergiefautededébouchésindustriels rémunérateurs. Agrestesuggèrelamiseenplaced’outilsde gestionsylvicoledurable,commeilenexiste pourlepinmaritime,envisantunemeilleure répartitionhiérarchiqueentreboisd’œuvre, boisd’industrieetboisénergie.End’autrester- mes,«ilfautdynamiserlarécolteforestière»,ré- sumeStéphaneViéban.Uncentredetechnique sylvicolevientainsid’êtrecréépourlechêne. Lespartenariatsauseindelafuturerégion devraientaussitoucherlesentreprisesdetrans- formation. Dansunpremiertemps,desallian- cescommercialessontenvisageables.Lesinter- professionsactuellessontamenéesàcollaborer. Lagranderégionforestièredevraitenfinbéné- ficierdelaprésencesursonsoldeXylofutur,le seulpôledecompétitivité deFrancedédiéaux industriesdubois. MICHEL MONTEIL La société Bost et Grandchamps, à Négrondes (24), est spécialisée dans le sciage et la menuiserie. PHOTO ARCHIVES J.-CHRISTOPHE SOUNALET FILIÈRE BOIS La nouvelle région est en haut du podium avec une diversité d’essences intéressante La première forêt de France ■ Au fil des forêts cultivées et des taillis de la grande région, six grandes essences peuplent ses 2,8 millions d’hectares. D’abord le pin maritime, sur plus de 800 000 hectares dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime, de- puis les dunes littorales jusqu’à l’intérieur des terres. Il aime les sols sableux et pousse vite (une trentaine d’années pour les dernières gé- nérations) et haut (il peut dépasser 40 mètres). Autrefois utilisé comme poteau de mine, son bois sert aujourd’hui dans l’industrie du papier- carton, la menuiserie (parquets et lambris), la charpente (avec la technique du lamellé-collé). Autre résineux, le pin douglas, qui couvre 64 000 hectares essentiellement dans le nord- est du Limousin et ses vallons de moyenne montagne.Venu des États-Unis, il est de plus en plus planté en France et dans la région en reconstitution de peuplements. Les propriétés de son bois (une bonne résis- tance mécanique) lui procurent un usage dans la construction, en particulier pour les maisons à ossature bois.Toujours en résineux, l’épicéa couvre près de 40 000 hectares de la grande région, principalement sur les hauteurs du Li- mousin. Pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres de haut, résistant aux grands froids, il est utilisé dans la construction (charpentes). Côté feuillus, le chêne est le plus répandu (800 000 hectares) sous forme de chêne pé- donculé, de chêne sessile, de chêne vert. Grâce au temps, du haut de ses 40 mètres, il fournit un bois utilisé pour la construction (charpen- tes), la menuiserie (le chêne représente le tiers de l’approvisionnement de ce secteur), la fabri- cation de barriques et le chauffage. Vient ensuite le châtaignier, présent sur 250 000 hectares de la grande région à une al- titude de quelques centaines de mètres. Son bois marron clair est utilisé pour les piquets, des éléments de charpente et en menuiserie. Les vallées de l’Adour, de la Garonne, de la Dordogne, de la Charente et de la Sèvre sont le territoire du peuplier (35 000 hectares). Il four- nit la moitié du bois d’œuvre de feuillus de la région et est utilisé principalement dans la fa- brication de caisses d’emballage. Au fil des forêts et des taillis, la région voit aussi pousser du hêtre, du robinier (le faux acacia), du sapin, du frêne... M. M. Pin maritime, épicéa, chêne, peuplier, hêtre... Lesatoutsdelagranderégion
  • 22. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco22 L eschiffresparlentd’eux-mêmes.Biensûr, la future grande région ne sera pas la LombardieoulaCatalogne.Évidemment, ellenepossèdequ’uneseuleentreprisecotée auCac40,lasociétéLegranddeLimoges,dont plusde90 %ducapital,flottantdonc,estaux mainsd’investisseurs.Maisavec26entreprises cotées,c’est-à-direayantfaitappelàlabourse, onnepeutpasparlerd’engouement.«Nousvi- vonstoujoursdansuneéconomietrèsbancaire quin’apasdecultureboursière »,regretteAxel Champeildelasociétédeboursebordelaise Champeil Asset Management, la seule de la granderégion. Ilaprislasuccessiondesonpèreetsesou- vientdel’époqueoù lasociétéGascogne,laplus anciennecotedelaplace(1991)faisaitsonen- tréeenbourse,à70eurosl’action,etfigurait, comme un emblème, dans tous les porte- feuillesdesinvestisseursgirondins.Elleestau- jourd’huiendeçàde5eurosmaisfaitl’objet d’unsolideplanderelanceparDominiqueCou- tières,laBPIetleCréditAgricole.En2011,Bor- deauxÉcoledeManagement(Bem)etlaCCIde Bordeauxcessaientdepublier leurindicebour- sierrégional,« enraisond’untrèsfaibletaux d’activité »,résumePierreGruson,professeur definancesàl’écoledecommercebordelaise. Descoûtstropimportants Lacrisefinancièrede 2008adouchélesplus optimistessurcettemanièredesefinancer.Le rachatdeGuyenneetGascogneparCarrefour, lasortiedeGifietlesdifficultésdeGascogne, ontachevédedissuaderceuxquiétaientten- tés.« C’estvraiquenoussommesenterrede missionici »,admet Nicolas-GastonEllie,res- ponsableSud-Ouestd’Euronext.Iln’aquehuit introductionsenbourseàmettreenavantde- puis2011. Concoursmania(jeuxvidéo),Impla- net(prothèsesdugenouetdurachis)ouInno- veox(valorisationénergétiquedesdéchets), ont trouvé des financements sur ce marché boursierpourfinancerleurdéveloppement. Maisc’estenMidi-Pyrénéessurtoutquecertains entrepreneursontsautélepas(Cerenis,Figeac Aéro). Lesreprochesfaitsàlaboursesontdeplu- sieursordres.Lescoûtsd’abord:entre5à10% dumontantdesfondslevés,etunforfaitannuel de l’ordre de 7 600 euros en moyenne pour unePME.Ilenacoûté100000eurosautotalà unepetitesociétédeservicesquifaitunmillion d’eurosdechiffred’affairespourentrersurle marchélibre.Troismoisplustard,ellen’apas encorelevél’équivalentdecemontant.«Lors- quevousêtescoté,vouspassezbeaucoupde temps à communiquer sur vos intentions, doncàinformervosconcurrents »,explique Jean-LouisBlouin,lepatrond’I2S,dont30%du capitalsontauxmainsdupublic.Ilyvoitaussi «uneimpassepatrimoniale».Detrèsbellesen- treprisessavents’enpasser. «Tropfluctuant» FayatagrandisanslaBourseetsursesfonds propres.«Iln’étaitpaspossibledansnotreac- tivité,defaireappelaumarchécarquelquesoit lesoinquevousapportezàvosvins,vousêtes tributaired’aléasclimatiquesquedesaction- nairesnesauraientprendreencompte »,ex- pliqueBernardMagrezquis’esttoujoursfinan- céhorsdelacorbeille.«C’estunmarchétrop fluctuant, nous avons choisi le modèle des fondsavecquinouspartageonslavisionstra- tégique »,expliqueMarcPrikazsky,lePDGde CevaSantéAnimalequiyvoituneopportuni- tépourlesstart-upoulesgrandesentreprises. Maislabourse,outredesfinancements,ap- porteuneréellenotoriété.Lasociétéd’ambu- lancesgirondineIntegralafaitconnaîtreau printempsderniersesprojetsdecroissanceex- ternesurunmarchénationaltrèsatomisé. «Nousavonsbénéficiéd’un coupdeprojec- teurmondialavecl’entréeenboursedeFer- mentalg»,assurePierreCalleja,sonPDG.Ila levé44millionsd’euros,déjà enpartieinvestis àLibournedanssanouvelleusined’huilepour nutritionhumaineàpartirdesmicroalgues. Untiersdesoncapitalestdésormaisflottant mais il se considère protégé surtout par ses 200brevets. JEAN-BERNARD GILLES La société libournaise Fermentalg, dirigée par Pierre Calleja, a placé pour 44 millions d’euros de titres l’an passé sur Euronext, une des plus belles levées de fonds de l’année, destinés à l’investissement. PHOTO ARCHIVES STÉPHANE KLEIN FINANCEMENT Il n’y a que vingt-six sociétés cotées dans la future grande région. Les entreprises sont encore méfiantes. Pourtant certaines se développent grâce aux petits porteurs La bourse avec modération On entend par capitalisation boursière (ou valorisation)lavaleurd’uneentreprisecotée, c’est-à-direlemontantdel’action,ci-dessous arrêtéau30septembredernier,multipliépar lenombred’actions.C’estaufondlavaleurde l’entrepriseàuninstantdonné.Ellevariede jourenjourenfonctionducoursdel’action, soumisàlaloidel’offreetdelademande.On appelleenfinflottantlapartducapitaldel’en- trepriseauxmainsdupublic. Engénéral,tous lesactionnairespossédantmoinsde5 %. Legrand. Limoges (Haute-Vienne), fabricant dematérielélectrique:12,6milliardsd’euros devalorisation,95%ducapitalflottant.(lire page11). Lectra.ParisetCestas(Gironde),leadermon- dial de logiciels et équipements de concep- tion et fabrication assistées par ordinateur, 300millionsd’eurosdevalorisation,43%de flottant. LeBélier.Vérac(Gironde),fonderiealuminium pourautomobiles,187millionsd’eurosdeva- lorisation,34,5%deflottant. SermaTechnologie.Pessac(Gironde),services et ingénierie technologique, 140 millions d’eurosdevalorisation,1%deflottant. Poujoulat.Saint-Symphorien(Deux-Sèvres),fa- bricationdeconduitsdecheminée, 75,4mil- lionsd’eurosdevalorisation,30,6%deflottant. Fermentalg.Libourne(Gironde),bioproduc- teurd’huilesetdeprotéinesàbasedemicroal- gues,70millionsd’eurosdevalorisation,71 % deflottant. Europlasma.Pessac(Gironde)etMorcenx(Lan- des), traitement et valorisation de déchets dangereux, 62 millions d’euros, 72 % de flot- tant Gascogne.Saint-Paul-lès-Dax(Landes),fabrica- tion de produits bois et papier, 61 millions d’euros,11,7%deflottant. Fountaine-Pajot. Aigrefeuille-d’Aunis (Cha- rente-Maritime),constructeurdecatamarans, 57,4millionsd’eurosdevalorisation, 29,1%de flottant. I. Ceram. Limoges (Haute-Vienne), implants orthopédiques,43,5millionsd’eurosdevalo- risation,14,66 %deflottant. Innoveox. ParisetPessac(Gironde),transfor- mationdedéchetstoxiqueseneaueténergie, 37,7millionsd’eurosdevalorisation,51%de flottant. Axel Champeil, PDG de Champeil Asset Management, société de bourse bordelaise. PHOTO DR Elles valent plus de 30 millions d’euros Champeil a listé les onze plus grosses valorisations boursières de la grande région au 30 septembre Lesatoutsdelagranderégion
  • 24. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.COMSudOuestéco24 ■■ La première étape du prix des Aquitains de l’année a consisté à sélectionner dans les cinq départements des entreprises fiables et performantes. Cette opération est le fruit d’une collaboration pédagogique entre les étudiants de Kedge Business School, les journalistes de « Sud Ouest » et la Banque Populaire. Pour dresser leur liste, les étudiants se sont appuyés sur les données fournies par Pouey International, société spécialisée dans l’information commerciale garantie et le recouvrement de créances. Dans un second temps, un jury, présidé par Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, constitué de personnalités du monde économique régional (lire page 26) et animé par un journaliste de « Sud Ouest », a désigné deux lauréats parmi les huit sociétés les plus performantes de l’année dans le département. Deux dirigeants ont donc été élus Aquitains de l’année 2015 pour la Gironde. La dernière mission du jury était de désigner un lauréat régional parmi les dix prétendants. Il sera dévoilé le 1er décembre lors de la dernière soirée des Aquitains de l’année à Bordeaux, au sein de Kedge. Vous pourrez par ailleurs lire dans « Sud Ouest » du 3 décembre le récapitulatif intégral du pal- marès, département par département. Le prix, mode d’emploi Aquitains de l’année : les lau I nventer. En économie, plus qu’ailleurs, c’est le maître mot. Un nouvel écrin, la grande région, de nouveaux atouts, de nouvelles synergies, de nouvelles perspecti- ves.Lefuturs’imagineets’écritaujourd’hui. Lepalmarèsdévoilédanslespagesquisuivent raconteunemanièred’appréhenderl’avenir. Fortdebasessolides,d’histoiresaulongcours, dessavoir-fairedéployés,déclinés,réexplorés. Àl’instard’unordinateur,lesentreprisessont engagéesdansdesmisesàjourquotidiennes. Que l’on façonne l’un des emblèmes gour- mands de Bordeaux (Baillardran), que l’on soit dans la nourriture lyophilisée, dans le marketing numérique (Aquitem/Alienor), l’exigencerestelamême:innoverpouravan- cer. Dans le sillage de ces fleurons économi- ques,ilyabienévidemmentl’emploiquicon- court à l’attractivité d’un territoire. Car derrièrechaqueinitiative,chaqueprojet,c’est dedéveloppementdontilestquestion. AinsilaGirondeetBordeaux,saported’en- trée,ontaujourd’huienmainunatoutclé,un levier de croissance incomparable : le tou- risme. Un nouvel Eldorado? Vraisemblable- ment.IlsuffitderegarderlaGaronnedepuis les quais de Bordeaux : on y croise des dizai- nes de bateaux promenant des milliers de touristes. Impensable il y a vingt ans. Bor- deaux, best european destination, véritable locomotive du reste de la Gironde. Qui dis- posed’atoutsclés:sonlittoralbiensûretses vignes.Unpatrimoinequiseracélébréparla CitéduVinquiouvriraaumoisdejuin.Plus qu’un geste architectural audacieux, une rampedelancementpourletourisme. Gironde
  • 25. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.COM SudOuestéco 25 réats de votre département Gironde C’est la neuvième édition desAquitains de l’an- née:commentseportecepalmarès? ChristianChapothin.Noussommestrèsfiersde notrepromotion2015quirévèledenouvelles pépites.Noussommestrèsattentifsauchoix desdossiers.LesétudiantsdeKedgesélection- nentenamont,avecl’aidedePoueyInterna- tionallescandidatssurdescritèresdeplusen pluspointus.Aufildesannées,cepalmarèsa gagnéennotoriété.Ilestaujourd’huireconnu. PatrickVenries.Ilestdésormaisinstalléaucen- tredelavieéconomiquerégionale.Ilmeten lumière denouvellesentreprises,souventdis- crètes,toujoursplusinnovantesetplusagiles surleursmarchés.Destrajectoirespositives quenoussouhaitonsmettreenlumière. Qu’apporte t-il à la Banque Populaire et à «SudOuest»? C.P.Ilnousapporteunevisibilitéaccrueauprès desentreprisesdenotreterritoire.Ilnousper- metdeprendrelepoulsdel’économierégio- nale.Notremodèlecoopératifapourambition «d’additionnerlesforcespourmultiplierles chances».Banquierhistoriquedesentrepre- neurs,noussouhaitonsêtrelesacteursetles amplificateursdecessuccès. P. V. Ce palmarès a cimenté notre rôle pivot dansl’informationéconomiqueetlaviedenos territoires.AvecnospagesspécialiséesÉcono- mie,leslundietjeudi,notrenewsletteréconu- mériqueetnosdébats,ilsymbolisenotrestra- tégieéconomiquemulticanal. Quediredececru2015? P.V.Ilmontreunenouvellefoislaforcedenos entreprises,souventpetitesetmoyennes,aux prisesaveclacompétitionnationaleetinter- nationale. Il met en évidence des entrepre- neursdecaractèreanimantdeséquipespro- fessionnelles. Nous sommes fiers de nos lauréatscommeàchaquefois.Etd’avoircon- vaincuÉricTrappier,PDGdugroupeDassault Aviation,deprésiderànoschoixcetteannée. C. P. Nous avons la chance, une fois de plus, d’avoirunprésidentdejuryemblématique, en la personne d’Éric Trappier. Nos lauréats cetteannéeencoreincarnentclairementlady- namiquedenotrerégion.Notrejuryafaitdes choixrigoureuxetexigeants.Pourrésumer:le cru2015clôtureenbeautélapremièredécen- niedesAquitains. Commentpourraitévoluerceprixen2016 dans lecadredelafuturegranderégion? P. V. Ilseraplusdigital,devraintégrerlanou- velledonnerégionaleetdonneralieuàdesma- nifestations plus denses dans les départe- ments. C.P.Nousréfléchissonsàunnouveaufonction- nementquicolleraitàlanouvelleentitéetà sondécoupageadministratifquisontceuxde laBPACA.Lesdiscussionssontencoursavec nospartenaires.Unechoseestacquise.Nous avonsrendez-vous l’anprochainpourdécou- vrirlesAquitainsdel’Année,définition2.0. Christian Chapothin (BPACA) et Patrick Venries (« Sud Ouest »). PHOTOS ARCHIVES LAURENT THEILLET En 2016, le prix intégrera le nouveau découpage POINT DE VUE Interview de Christian Chapothin, directeur général adjoint de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et de Patrick Venries, directeur général délégué de « Sud Ouest ». Les deux partenaires ont relancé ce palmarès il y a dix ans
  • 26. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FRSudOuestéco26 Présidé par Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, le jury des Aquitains de l’année a décerné les deux trophées départementaux à Lectra et Exosun Le jury et les deux lauréats « C’est un concentré de l’économie française sur lequel nous avons travaillé avec le jury des Aquitains de l’année. Nous avons vu de vraies démarches d’industriels qui font face, investissent, développent leurs activités. Il est aujourd’hui difficile d’entreprendre en France et de recruter. Les coûts de production sont plus élevés qu’aux États-Unis par exem- ple. L’innovation est devenue impérative pour maintenir notre compétitivité. » PRÉSIDENT DU JURY ÉricTrappier Président-directeur général de Dassault Aviation Les membres du jury 2015 des Aquitains de l’année,réunis le vendredi 4 septembre à Bordeaux au siège de notre journal. PHOTO GUILLAUME BONNAUD « C’estd’abordladiversitédecettepromotion quim’amarquée.Desmétierstraditionnels auxnouvellestechnologies,noslauréatsdé- partementauxsontanimésparunvéritable espritd’excellenceincarnéparl’Aquitain2015.» OECA Anne Jallet-Auguste Représentante de l’Ordre des experts- comptables d’Aquitaine « Ce qui me frappe le plus lorsque sonne l’heure de ce palmarès, c’est le renouvelle- ment des entreprises. Il y a partout sur nos territoires des entreprises discrètes qui avan- cent et qui prennent les bonnes décisions. » POUEY INTERNATIONAL Bertrand Lacampagne Président du directoire de Pouey International « CettesaisondesAquitainsdel’annéeestunex- cellentcru.Descentainesdedonnéestraitéespar nosétudiants,desentretiensconduitssurtoute larégion,desentreprisesquiseconfirmentmais aussideshistoiresméconnuesouendevenir.» KEDGE BUSINESS SCHOOL Jacques-Olivier Pesme Directeur associé développement international « Cesontunenouvellefoisdebelleshistoires quisontmisesenlumièreparcepalmarès,des histoiresd’hommesetdefemmesquientre- prennentsurnosterritoires.Ilsméritentnotre respectetnotreengagementàleurscôtés.» BANQUE POPULAIRE Christian Chapothin Directeur général adjoint Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique « Lasélection2015estreprésentativedenotre tissuéconomiquerégional.Elledémontre,s’il enétaitbesoin,quelacroissanceestau- jourd’huitiréeparl’exportationetl’innovation, lesdeuxpiliersdel’interventiondebpiFrance.» BPIFRANCE Yannick Cambacedes Directeur délégué financement et garantie Aquitaine de bpiFrance « Comme chaque année,ce palmarès des Aquitains de l’année apparaît comme un an- tidote à la morosité générale.Il nous offre une sélection renouvelée d’entreprises et d’entre- preneurs qui font la vie de nos territoires. » JOURNAL « SUD OUEST » Patrick Venries Directeur général délégué et directeur de la publication Gironde
  • 27. JEUDI3DÉCEMBRE2015 WWW.SUDOUEST.FR SudOuestéco 27 ■■ Lorsdelapublicationdesrésultatsfinan- ciersdu3e trimestre2015,Lectraamisengarde: lesprévisionspourl’annéeserontlégèrement inférieuresàcellesenvisagées.Lafauteàlafai- blessedumarchéchinoisetdeceluidel’auto- mobile. Iln’empêche,Lectraestsuruneten- dancedehausseduchiffred’affairesdeplusde 10%etdurésultatnetdeplusde30%. Endépitd’une«visibilitélimitée»,lespers- pectivesdecroissancesontbonnespourlelea- dermondialdeslogicielsetdessystèmesdedé- coupeparlaserouparlamedestissusetdes matériauxsouples.Unbonsignalpourl’usine deCestas,sitedenaissancedelasociétéen1973, quiemploieaujourd’hui 1500personnesdans lemonde.AndréHarari,71ans,présidentdu conseild’administration,etsonfrèreDaniel, 61ans,directeurgénéralontpris37%ducapi- taldelasociétédanslesannées1990.Lajeune pousse fondée vingt ans plus tôt par des ju- meaux,BernardetJeanEtcheparre,étaitalors confrontéeàdesdifficultésfinancières. 23000clients LesfrèresHarariontredressélabarre.En2012, ils ont lancé un plan d’investissement de 50millionsd’eurosaxésurlarecherche(10%du chiffred’affaires,50ingénieursrecrutés),ledé- veloppement,laformation,lalogistique.Plu- tôtquededélocaliserenChine(àl’exemplede sonprincipalconcurrentaméricain)etdeseli- vreràuneguerredesprix,Lectraaoptépourla montéeengammedeseslogicielsetdesesma- chinespourdesclientsaussidiversquelacou- tureetlamode(Vuitton,Hermès),lessiègesde voitures(Faurecia),lachaussureetmêmeles siègespourbateauxetavions.Entout,23000 clientsdansunecentainedepays. Nouvellegénérationdemachines Quelquesexemplesd’innovations:lesnouvel- lesmachinesdedécoupesontdotéesdecap- teursquianalysentletissuetoptimisentleur travail.En2014,leurventeaprogresséde45%. Surlemarchédessiègespourvoitures,lapart de Lectra est passée de 15 à 70 % en sept ans. Dansl’ameublement,lesventesontétémulti- pliéespartroisdepuis2012. Depuisquelques mois,lemarchéchinoisestmoinsporteuret lasociétéadûrevoirsesprévisions àlabaisse. Envisagéuntempsà240 millionsd’euros, lechiffred’affairesde2015devraits’établiren- tre235et238millionsd’euros.L’entreprisede- meureconfiante,forted’unfaibletauxd’endet- tement et, souligne Daniel Harari, de «fondamentaux(...)plussolidesqu’ilsn’ontja- maisété»dansl’histoiredeLectra. Michel Monteil Daniel Harari, directeur général de Lectra. PHOTO ARCHIVES STÉPHANE LARTIGUE LECTRA ■■ Ledésertchiliend’Atacama.C’estlà,aunord d’unpaysquisouhaiteproduire20%desonélec- tricitéàpartird’énergiesrenouvelables,qu’EDF énergiesnouvelles (EDF-EN)etsonpartenaire local(Marubeni)vontconstruireunegigantes- quecentralesolaire.Ellecompteraplusde277 000modulesphotovoltaïques.Lesdeuxtiers d’entreeuxserontéquipésdessystèmesdesui- vidusoleil,destrackers,conçusparleGirondin Exosun.EDF-ENavaitdéjàutilisécestrackers dansunprojetaquitain. À l’été 2007, Frédéric Conchy, venu du do- mainebiomédical,s’associeàJean-NoëldeCa- rentenayetàDominiqueRochier,pourcréer Exosundanslapépinièred’entreprisesdeBor- deaux-MontesquieuàMartillac.Lajeuneentre- prisebénéficiedusoutiendel’incubateurrégio- naletestlauréateduconcoursnationald’aide àlacréationd’entreprisesdetechnologiesinno- vantes. Suivrelesoleildumatinausoir L’ambitiondelajeunesociété,surunmarché del’énergiesolairepromisàunbelavenir,estde fabriquerdessystèmesdesuividusoleil.Lespan- neauxphotovoltaïquessontengénéralfixes.En lesposantsurleséquipementsmobiles,ilspeu- vents’orienterdefaçonàêtreenpermanence faceauxrayonnementssolaires,dumatinau soir.Avecundoubleeffet:l’augmentationlapro- ductiond’énergiede30%etlaréductionducoût dukilowatt/heuresolaire. Huit ans plus tard, Frédéric Conchy, 49ans,présidentdelasociété,avendudestrack- ers dans le monde entier.Ils équipent au- jourd’huiplusde270MWc(mégawattcrête)de- puislafermesolairede CestasoucelleduGabar- dandanslesLandesjusqu’àlacentralepilotede CaborcaauMexique. Quatrefilialesàl’étranger Enprésenced’unmarchénationaltimide,Fré- déricConchyatrèsvitemisésurl’exportation. LasociétéaouvertdesfilialesauxÉtats-Unis(San FranciscoetPhœnix),enAfriqueduSud(Cape Town)et,ilyaquelquessemaines,auBrésil(Sal- vador),enpartenariataveclegroupeEcoluzPart SA.ElledisposeaussidebureauxauMexique,au Chili,auPortugaletenEspagne. LesrécentscontratsauBrésiletauChilicon- fortentlastratégied’Exosun.«Nousnousréjouis- sonsàlaperspectivedepouvoirprouversurle terrainlasupérioritétechniquedenotrepro- duitetl’excellencedenosservicesdesupport», s’estfélicitéFrédéricConchyaprèslasignature ducontratchilien,leplusimportantdelajeune entreprisegirondinedésormais (depuis2014) bénéficiaireetinstallédepuispeudansunbâti- mentde1200mètrescarrésàMartillac. M.M. Frédéric Conchy sur le site de la centrale solaire du Gabardan (Landes). PHOTO NICOLAS LE LIÈVRE EXOSUN La découpe de tissus est montée en gamme Gironde ACTIVITÉ : Supports mobiles de panneaux photovoltaïques DATE DE CRÉATION : 2007 DIRIGEANT : Frédéric Conchy EFFECTIF : 90 CHIFFRE D’AFFAIRES : 20 millions d’euros ACTIVITÉ : Fabrication de machines et de logiciels pour l’industrie textile DATE DE CRÉATION : 1973 DIRIGEANTS : André et Daniel Harari EFFECTIF : 1 500 dont 728 en France CHIFFRE D’AFFAIRES : 211 millions d’euros Des panneaux qui tournent (bien) avec le soleil