2. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
*A *B
*A *B
sténoses du TC sont visibles en incidence de face, ou en discrète
oblique antérieure droite (OAD) : 10°, en oblique antérieure gauche
(OAG) : 50° ou en spider (OAG 45° + caudal 25°) (fig 3). On se limite
aux incidences strictement nécessaires d’une part au diagnostic de
sténose significative du tronc, et d’autre part à la visualisation du lit
d’aval qui guide le geste de revascularisation. Deux incidences
suffisent, dans la plupart des cas, en retirant la sonde entre les
injections.
Retentissement physiologique de la sténose : aspect théorique
Lorsque le sang traverse une sténose, il subit une perte de pression
(énergie). Cette perte de pression peut être estimée par l’équation
simplifiée suivante [8] :
DP = 1,8 . Q + 6,1 . Q2
d 4
stén d 4
stén
(1)
– DP est la chute de pression au travers de la sténose en mmHg ;
– Q est le débit au travers de la sténose en mL/s ;
– dstén est le diamètre minimal de la sténose en millimètres.
Le premier terme reflète les forces de friction qui s’exercent sur le
flux sanguin lorsqu’il traverse le segment sténosé, dues à la viscosité
sanguine. Le second terme reflète la perte de pression qui survient
lorsque l’énergie transportée par la colonne sanguine est transformée
en énergie cinétique en raison de l’accélération du flux dans la
sténose et en turbulences à la sortie de la sténose (forces de
séparation).
· Flux coronaire
Lorsque le flux augmente, les forces de séparation, qui augmentent
comme le carré de Q, prennent une part prédominante sur les forces
de friction, celles-ci devenant négligeables. Ainsi, l’augmentation du
flux et la chute de pression au travers de la sténose sont reliées par
une courbe exponentielle. L’augmentation du flux coronaire entraîne
une augmentation du gradient de pression au travers de la sténose
2 Athérome tritronculaire.
A. Coronaire gauche en OAD 30° : sténose serrée
de l’artère circonflexe et sténoses étagées de l’IVA
(interventriculaire antérieure).
B. Coronaire droite en OAG 45° : sténoses serrées
au segment 2 et au trépied.
3 Sténose serrée calcifiée et excentrée du tronc com-mun
de la coronaire gauche.
A. En incidence OAD 30°.
B. En incidence OAG 45° et craniocaudale 25°.
et une baisse de la pression de perfusion poststénotique pouvant
aboutir à son collapsus. Ce phénomène peut être responsable d’une
ischémie myocardique dans trois situations cliniques
s’accompagnant d’une augmentation du flux sanguin coronaire : lors
de la prise de vasodilatateurs des artérioles coronaires comme le
dipyridamole et l’adénosine, à l’effort [17] et en cas d’anémie.
· Sévérité de la sténose
Quelle que soit la valeur du flux coronaire, le déterminant le plus
important de la résistance à l’écoulement sanguin induite par une
sténose est le diamètre minimal de l’artère à son niveau. La chute de
pression induite par la sténose est en effet, comme le montre la
formule ci-dessus, inversement proportionnelle au diamètre minimal
de l’artère élevé à la puissance quatre. Ainsi, un changement
modeste de diamètre de l’artère peut avoir des conséquences
hémodynamiques importantes en présence d’une sténose sévère. Par
exemple, lorsque le degré de sténose passe de 80 à 90 %, la résistance
d’une sténose est multipliée par trois [27].
· Effet d’entrée et de sortie de sténose
La vitesse du flux sanguin augmente (énergie cinétique) et sa
pression (énergie statique) diminue dans un segment artériel rétréci.
La transformation de l’énergie statique en énergie cinétique
entraînerait une perte d’énergie modérée si le flux restait laminaire
dans la sténose. Or celui-ci ne reste laminaire que si l’entrée et la
sortie du segment rétréci se font de façon graduelle, et la plupart
des sténoses ont des zones de transition abruptes entraînant une
perte importante d’énergie due aux forces de séparation mises en
jeu dans la formation de turbulences.
Quantification de la sténose
C’est un temps important de l’analyse angiographique, le degré de
sténose permettant d’estimer son éventuel retentissement
hémodynamique sur le flux d’aval.
2
3. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
*A *B
Les sténoses peuvent être quantifiées :
– en comparant le diamètre minimal de l’artère au diamètre du
segment artériel sain d’amont et d’aval, si possible sur deux
incidences orthogonales. Ce critère est le plus souvent utilisé en
raison de sa simplicité. Les difficultés sont liées au choix du segment
de référence, en cas de naissance d’une collatérale ou de dilatation
coronaire juste avant ou après la sténose ;
– en mesurant le diamètre absolu du rétrécissement en millimètres,
après calibration de la sonde ;
– en mesurant la longueur de la sténose en millimètres. Cependant,
ce facteur n’a qu’un retentissement physiologique modeste et
n’intervient que pour de très longs segments rétrécis [19].
Les mesures des diamètres coronaires doivent être faites sur une
artère bien opacifiée et en diastole, avant et après injection
intracoronaire d’un vasodilatateur (trinitrine ou molsidomine) qui
permet de lever un éventuel spasme surajouté. En cas de sténose
très excentrée, la fiabilité des mesures de diamètre en une ou deux
incidences est moindre. L’acquisition numérique permet l’utilisation
de logiciels de détection automatique des contours, soit par analyse
de l’échelle des gris, soit par vidéodensitométrie, et le calcul
automatique du pourcentage et de la longueur des sténoses (fig 4).
La corrélation entre les valeurs obtenues par ces méthodes semi-automatiques
et la réserve coronaire est en effet excellente en cas
d’atteinte monotronculaire et de sténose focalisée [45]. Elle l’est moins
lorsque l’atteinte coronaire est pluritronculaire et diffuse [44]. Ces
méthodes semi-automatisées doivent être préférées à la simple
estimation visuelle de la sténose, celle-ci entraînant une grande
variabilité intra- et interindividuelle, même lorsqu’elle est pratiquée
par des coronarographistes chevronnés.
Classiquement, la coronarographie permet de détecter les sténoses
supérieures à 20 % de toute artère coronaire dont le diamètre interne
est supérieur à 1 mm. Une sténose est dite « significative » pour une
réduction de diamètre supérieure à 50 %, ce qui correspond à une
réduction de surface de 75 %. Une sténose est dite « serrée » pour
une réduction de diamètre supérieure ou égale à 75 %,
correspondant à une réduction de surface de plus de 90 %, ce degré
de sténose étant susceptible d’entraîner au repos une diminution du
flux coronaire d’aval [45]. Il convient cependant de rappeler le
manque de prédictivité du degré de sténose mesuré par
l’angiographie coronaire quant à la survenue d’un infarctus du
myocarde, celui-ci survenant la plupart du temps dans les suites
d’une rupture de plaque sur une sténose initialement modérée et
compliquée d’une thrombose responsable de l’occlusion complète
de l’artère [3].
Aspect
L’aspect morphologique de la sténose est important à prendre en
compte. Il faut ainsi préciser la longueur, le caractère concentrique
ou excentrique de la sténose, le caractère anfractueux, creusant, voire
franchement très irrégulier de ses berges, l’existence de calcifications
ou de boucles de la coronaire sur le site de la sténose ou en amont
4 A. Quantification semi-automatique d’une sténose siégeant au
segment 2 de la coronaire droite par le système Philips DCI-St.
B. Calcul automatique du pourcentage de sténose en diamètre (%
D), en surface (% A), du diamètre absolu de la sténose (D obs)
et du segment de référence (D réf), et de la réserve de flux coronaire
transsténotique (SFR).
5 Classification de l’aspect morpholo-gique
des sténoses coronariennes.
Tableau I. – Classification ACC/AHAdes lésions coronaires.
Lésions de type A (taux de succès élevé, > 85 %, faible risque)
- courte > 10 mm - peu ou pas de calcifications
- concentrique - pas d’occlusion complète
- aisément accessible - à distance de l’ostium
- dans un segment dont l’angle est < 45° - pas de branche collatérale importante
incluse dans la sténose
- contours lisses - absence de thrombose
Lésions de type B (taux de succès modéré, 60-85 %, risque modéré)
- 10 à 20 mm de longueur - calcifications modérées
- excentrique - occlusion datant de moins de 3 mois
- segment proximal modérément
- localisation ostiale
tortueux
- 45° < angulation du segment < 90° - bifurcation nécessitant une technique à
deux guides
- contours irréguliers - thrombus intracoronaire
Lésions de type C (taux de succès faible, > 60 %, haut risque)
- longueur > 20 mm - occlusion complète plus de 3 mois
- segment proximal très tortueux - impossibilité de protection d’une
branche importante
- angulation du segment > 90° - greffon veineux avec lésions friables
de celle-ci. Plusieurs tentatives de classification de l’aspect des
sténoses ont été proposées. La figure 5 reproduit la classification
proposée par Ambrose à partir d’une étude sur 110 patients en angor
stable ou instable. Dans cette étude, l’aspect morphologique est
relativement bien corrélé au statut clinique du patient. Ainsi, les
sténoses excentriques dont les berges sont anfractueuses ou qui
présentent des irrégularités multiples sont beaucoup plus souvent
rencontrées dans un contexte d’angor instable [4]. Le tableau I décrit
la classification ACC/AHA des lésions coronaires employées dans
la plupart des publications internationales, celle-ci permettant de
prédire de façon satisfaisante la faisabilité et les risques d’une
éventuelle angioplastie [35].
3
4. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
Lit d’aval
L’anatomie, le calibre et la qualité du lit artériel situé en aval d’une
sténose sont primordiaux pour l’indication d’une éventuelle
revascularisation chirurgicale. On note la présence de calcifications,
de branches suffisamment développées pour permettre l’anastomose
d’un greffon ayant un bon débit, de sténoses distales étagées. En cas
d’occlusion ou de sténose très serrée, on doit rechercher
systématiquement, lors de temps tardifs ou d’injection
controlatérale, une circulation collatérale réinjectant plus ou moins
complètement le lit d’aval de l’artère occluse (fig 6). L’existence
d’une suppléance a une valeur pronostique (préservation de la
viabilité myocardique) et thérapeutique. Les suppléances les plus
fréquentes sont homocoronaires (entre deux des trois branches de la
coronaire gauche, ou d’un segment à l’autre de la coronaire droite
par de petites branches collatérales) ou controlatérales (anastomoses
entre la circonflexe distale et l’interventriculaire postérieure [IVP],
récurrente de la pointe ou réseau des septales entre l’IVA et l’IVP).
¦ Occlusions et thromboses
Il est bien établi que l’occlusion aiguë thrombotique d’une artère
coronaire est la cause et non la conséquence de l’infarctus aigu du
myocarde [14]. Cette certitude n’a été possible qu’avec la pratique
systématique d’une coronarographie dans les premières heures de
l’infarctus, justifiée par le développement de la thrombolyse
intracoronaire. Les grands essais thérapeutiques portant sur la
thrombolyse intracoronaire et intraveineuse optent généralement
pour la classification des lésions coronarographiques mise au point
dans l’étude TIMI [42] :
– TIMI 0 : occlusion sans passage du produit de contraste ;
– TIMI 1 : occlusion avec passage du contraste, sans opacifier le lit
d’aval ;
– TIMI 2 : occlusion avec passage retardé du contraste dans le lit
d’aval ;
– TIMI 3 : sténose avec opacification normale du lit d’aval.
Bien que pratique pour décrire les images angiographiques, on sait
maintenant que cette classification ne permet pas d’individualiser
des entités cliniques distinctes après une thrombolyse à la phase
aiguë d’un infarctus, un flux TIMI 2 ayant la même signification
pronostique qu’un flux TIMI 0.
Comme nous l’avons vu pour les sténoses serrées, la recherche d’une
circulation de suppléance homo- ou controlatérale est d’une
importance capitale pour le pronostic (préservation du myocarde en
aval de l’occlusion [36]) et pour poser l’indication de revascularisation
(fig 6).
Il est à noter que certaines occlusions coronaires distales ne sont pas
directement visualisables à la coronarographie (pas d’image
d’amputation, pas de reprise rétrograde de l’artère) et ne se
manifestent que par un vide vasculaire dans un territoire défini
(pauvreté d’un réseau diagonal ou marginal gauche avec coronaire
droite dominée par exemple).
Les thrombus coronaires non occlusifs se traduisent par des images
claires, inhomogènes intracoronaires (filling defect) (fig 7). Ils
peuvent survenir sur une artère coronaire angiographiquement
saine, mais compliquent le plus souvent une sténose athéromateuse
sous-jacente.
¦ Sténoses dynamiques
Elles peuvent être dues à un spasme artériel ou à une compression
de l’artère coronaire par le myocarde.
Les spasmes coronaires peuvent être provoqués mécaniquement par
la sonde. Ils siègent à l’extrémité de la sonde, entraînant rapidement
une ventricularisation, voire un amortissement complet des courbes
de pression en bout de sonde, et cèdent spontanément au retrait de
celle-ci. Ils n’ont pas de signification pathologique. On les observe le
plus souvent sur la coronaire droite. Il peut être difficile de faire la
distinction entre une sténose ostiale et un spasme en bout de sonde.
On peut alors s’aider de la présence de calcifications, en faveur
d’une sténose organique, de la séquence injection-test normale, bon
reflux et bonne pression en bout de sonde-amortissement des
courbes avec absence de reflux souvent observée lors de
l’installation du spasme, et surtout d’injections non sélectives dans
le sinus de Valsalva pour faire la distinction entre ces deux entités.
Les spasmes spontanés ont, en revanche, une grande valeur
diagnostique, surtout s’ils reproduisent les signes fonctionnels
(douleurs thoraciques, palpitations, lipothymies) et/ou les signes
électrocardiographiques (anomalies de la repolarisation, troubles du
rythme) qui ont motivé la coronarographie. Ils réalisent des sténoses
serrées régulières et assez longues, sont parfois diffus et peuvent
être occlusifs. Pour être significatifs, ils doivent réduire de plus de
30 % le diamètre de l’artère. Enfin, les spasmes peuvent être
déclenchés par des agents pharmacologiques (test à la
méthylergométrine [Méthergint] 0,2 à 0,4 mg en intraveineux direct
[IVD]) ou par certaines manoeuvres (hyperpnée). La présence d’une
image compatible avec un spasme impose l’administration IV ou
intracoronaire d’un dérivé nitré ou équivalent (Lénitralt, Risordant,
Corvasalt). La disparition ou la nette régression de l’aspect de
sténose à l’injection de contrôle réalisée quelques minutes après
dérivé nitré, confirme la composante spastique pure ou partielle de
la sténose.
Les compressions coronaires surviennent lorsque l’artère coronaire
a un trajet intramyocardique (pont musculaire) et/ou qu’il existe
une hypertrophie ventriculaire gauche. La sténose n’apparaît qu’en
systole (milking syndrome, syndrome de traite des Anglo-Saxons).
Ils siègent dans la plupart des cas sur l’IVA et ses branches
diagonales, et ne sont qu’exceptionnellement responsables
d’ischémie.
6 Occlusion ostiale du tronc commun de la coronaire gauche avec suppléance totale
controlatérale. Aux temps tardifs, l’injection de la coronaire droite opacifie de façon ré-trograde
l’ensemble du réseau coronaire gauche.
7 Thrombus non occlusif de l’artère
coronaire droite : aspect de filling defect.
4
5. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
¦ Autres atteintes
Anomalies de naissance des artères coronaires
Chez l’adulte, elles sont le plus souvent découvertes fortuitement
en cours d’examen. Certaines peuvent être responsables d’une
ischémie myocardique, voire d’une mort subite [10]. Ce sont :
– la naissance anormale de la coronaire gauche à partir de l’artère
pulmonaire (AP) ;
– la naissance du TC du sinus antérodroit lorsque le TC passe entre
l’AP et l’aorte, ou la coronaire droite naissant du sinus antérogauche
et passant elle aussi entre les deux gros vaisseaux de la base. Le
mécanisme de l’ischémie serait une compression du vaisseau
anormal entre AP et aorte lorsque celles-ci se dilatent lors de l’effort.
Dans le cas de la naissance du TC du sinus antérodroit, trois autres
trajets anormaux du tronc ont été rapportés : l’un postérieur, le TC
partant vers la droite puis cravatant en arrière l’aorte puis l’AP avant
de donner l’IVA et la circonflexe, et deux trajets antérieurs, le TC
partant d’abord vers la gauche avant de passer juste devant l’AP
(trajet « antérieur ») ou en dessous et en avant de celle-ci (trajet
« septal »). Ces trois dernières anomalies ont été exceptionnellement
rendues responsables d’une ischémie myocardique sans que l’on
puisse en expliquer le mécanisme de façon satisfaisante ;
– d’autres anomalies ont été décrites et ne sont pas responsables
d’une ischémie. Elles sont retrouvées chez 0,5 à 1 % des patients
coronarographiés. Ce sont :
– la naissance de la circonflexe du sinus antérodroit ou de la
partie initiale de la coronaire droite, celle-ci partant d’abord vers
la droite avant de cravater l’aorte par l’arrière pour rejoindre, par
un trajet postérieur, le sillon auriculoventriculaire ;
– l’artère coronaire unique ;
– la naissance haute de la coronaire droite, au-dessus du sinus de
Valsalva.
Anévrysmes coronaires
On distingue :
– les coronaires ectasiques, dans lesquelles l’ensemble du vaisseau,
voire du réseau coronaire, a un aspect anévrysmal. Cette anomalie
est retrouvée chez 1 à 3 % des patients dans les séries
angiographiques ou autopsiques. Elle ne semble pas s’accompagner
de risque particulier ou altérer la survie des patients [25] ;
– les anévrysmes localisés, touchant le plus souvent l’IVA et
pratiquement toujours associés à des sténoses sévères et diffuses.
Leur rupture semble exceptionnelle et les résultats de la résection
chirurgicale incertains.
Fistules coronaires
Ce sont des communications anormales entre les artères coronaires
et les cavités cardiaques : oreillette droite (OD), ventricule droit
(VD), ventricule gauche (VG), veines caves, AP. Elle sont parfois
responsables d’ischémie myocardique par un phénomène de « vol
coronaire ».
Sténoses non athéroscléreuses
Citons les sténoses syphilitiques, ostiales et historiques, les sténoses
postradiques, les sténoses ostiales des artérites inflammatoires et de
la maladie de Takayashu et, plus récemment apparue, la maladie
coronaire du greffon chez les transplantés cardiaques.
ANOMALIES DU MYOCARDE ET DE LA VALVE MITRALE
Les anomalies myocardiques et valvulaires mitrales des
cardiopathies ischémiques sont précisées par le cathétérisme et
l’angiographie ventriculaires gauches.
¦ Cathétérisme
Il permet de mettre en évidence des anomalies de la fonction globale
du VG :
*A
*B
8 Angiographies ventriculaires gauches en OAD 30° montrant une akinésie apicale
(A) et une dyskinésie avec anévrysme antérieur (B).
– lors du cathétérisme droit : élévation des pressions capillaire
pulmonaire (PCP) et artérielle pulmonaire (PAP), diminution du
débit et de l’index cardiaque. En cas d’insuffisance mitrale (IM),
onde v sur la courbe capillaire pulmonaire ;
– lors du cathétérisme gauche : élévation de la pression
télédiastolique ventriculaire gauche (PTDVG) supérieure ou égale à
12 mmHg.
¦ Angiographie ventriculaire gauche
Réalisée en double incidence OAD 30° et OAG 45° ou 60°, elle reste
l’examen de référence pour l’analyse de la fonction myocardique
dans les cardiopathies ischémiques. Elle apprécie :
– les volumes ventriculaires : degré de dilatation ventriculaire en
systole et/ou diastole ;
– la fonction systolique globale : diminution du volume d’éjection
systolique (VES), de la fraction d’éjection ventriculaire gauche ;
– la contraction régionale (fig 8) : elle peut être diminuée
(hypokinésie), absente (akinésie) ou paradoxale avec mouvement
5
6. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
d’expansion en systole d’un segment de paroi ventriculaire
(dyskinésie). La déformation du contour du VG en diastole et son
aspect dyskinétique en systole signent la présence d’un anévrysme.
Les anomalies de cinétique des parois antérieure, apicale et postéro-inférieure
sont visibles en OAD 30°, les troubles de cinétique des
parois latérales et septale en OAG 50-60° ;
– la continence de la valve mitrale : l’opacification plus ou moins
complète de l’oreillette gauche (OG) par une régurgitation systolique
du produit de contraste, en dehors d’extrasystoles ventriculaires,
permet d’affirmer une IM et d’apprécier son importance de façon
semi-quantitative.
L’infarctus du myocarde entraîne généralement une akinésie d’un
ou de plusieurs segments ventriculaires, voire une hypokinésie si
son étendue a pu être limitée par une reperfusion précoce ou
l’existence d’une circulation de suppléance. Ces anomalies peuvent
être définitives, partiellement ou totalement régressives (sidération
de myocarde ischémié mais viable). Rarement, la cinétique régionale
à l’état basal paraît normale et les anomalies n’apparaissent qu’après
un test de provocation (effort isométrique, cycles postextra-systoliques,
pacing auriculaire). Dans 10 à 15 % des cas, l’infarctus
évolue vers la constitution d’un anévrysme ventriculaire. En
l’absence d’infarctus, seules les sténoses coronaires significatives
s’accompagnent de troubles de cinétique segmentaires, le plus
souvent d’une hypokinésie. La topographie des anomalies de
cinétique régionale est étroitement liée à celle des lésions coronaires.
Les cardiopathies ischémiques évoluées peuvent conduire à un
aspect de cardiopathie dilatée avec hypokinésie globale. L’évaluation
de la cinétique régionale basale, après test de provocation ou
administration de dérivés nitrés, de la dilatation et de la fonction
systolique du VG est capitale dans le choix des indications de
revascularisation coronaire. Une atteinte pluritronculaire à fraction
d’éjection basse ou associée à un anévrysme réséquable oriente vers
une revascularisation chirurgicale. L’indication de revascularisation
par pontage ou angioplastie d’une artère coronaire sténosée ou
occluse est quasi systématique si le territoire myocardique d’aval est
normo- ou hypokinétique, alors qu’en cas d’akinésie, elle n’est
proposée que si des signes de viabilité du myocarde d’aval sont
présents (récidive ischémique, redistribution du thallium). Enfin,
rappelons que la fraction d’éjection du VG est un des principaux
facteurs prédictifs de mortalité globale et de mort subite après
infarctus du myocarde.
Les IM ischémiques peuvent relever de deux mécanismes :
dysfonction (voire rupture) de pilier, dans le cadre des infarctus
postérieurs ou surtout latéraux ; dilatation de l’anneau mitral
secondaire à la dilatation du VG. Elles sont à rechercher
systématiquement lors de l’exploration des cardiopathies
ischémiques car elles conditionnent le pronostic et peuvent modifier
les indications thérapeutiques.
Cardiopathies valvulaires
RÉTRÉCISSEMENT AORTIQUE
Seules les sténoses aortiques fixes, par opposition à la sténose
dynamique de la myocardiopathie hypertrophique obstructive sont
décrites ici.
¦ Rétrécissement aortique valvulaire
Protocole de l’exploration hémodynamique
L’exploration complète comprend un cathétérisme droit et gauche,
une coronarographie, une angiographie ventriculaire gauche et une
angiographie sus-sigmoïdienne. La mesure du débit cardiaque (Qc)
doit être effectuée de façon synchrone à la mesure du gradient
aortique transsténotique. En pratique, le cathéter de Swan-Ganz est
laissé en place dans l’AP, sa voie distale perfusée de façon continue
afin d’éviter tout caillotage, et l’on ne mesure le débit qu’après
franchissement de l’orifice aortique et avant la ventriculographie.
9 Schéma des courbes de pressions obte-nues
lors du retrait d’une sonde à bout distal
unique en cas de rétrécissement aortique
(Rao) sous-orificiel (myocardiopathie hyper-trophique
obstructive par exemple), supraori-ficiel
(sténose aortique congénitale supraval-vulaire)
et de rétrécissement valvulaire
aortique.
10 Rétrécissement aortique.
Schéma d’une superposition des
courbes de pressions ventricu-laires
gauches (VG) et aortique
(Ao). La planimétrie de la
surface grisée permet d’obtenir
le gradient systolique moyen
VG-aorte et de calculer la sur-face
fonctionnelle aortique.
TES : temps d’éjection systo-lique
ventriculaire gauche ;
¢Pmax : gradient de pression
systolique maximale VG-aorte ;
¢P pic à pic : différence entre
la pression maximale VG et la
pression maximale aortique.
L’orifice aortique sténosé n’est franchi que dans 90 à 95 % des cas.
Ce franchissement peut nécessiter différentes sondes et guides et
comporte un risque d’embolie calcaire.
On ne se passe de l’examen hémodynamique avec franchissement
du rétrécissement aortique que dans les cas où il est possible de
mesurer de façon parfaitement fiable les gradients et la surface
valvulaire par échocardiographie couplée au doppler. L’examen se
résume alors à une coronarographie, une lésion significative des
artères coronaires étant retrouvée dans 10 à 30 % des cas, et cela
même en l’absence de tout signe clinique d’insuffisance coronaire [18].
Dans tous les autres cas, l’exploration complète avec franchissement
du rétrécissement aortique est nécessaire afin de poser l’indication
chirurgicale de façon formelle.
Profil hémodynamique
Les pressions droites sont le plus souvent normales. L’intérêt du
cathétérisme droit est la mesure du Qc nécessaire à la mesure de la
surface aortique par la formule de Gorlin.
Le cathétérisme gauche permet le diagnostic de sténose aortique en
montrant l’existence d’un gradient de pression systolique entre le
VG et l’aorte. On constate également une élévation de la pression
systolique du VG, une élévation variable des pressions de
remplissage du VG, et un amortissement de l’ascension de la
pression aortique en systole (fig 9, 10).
La meilleure méthode de mesure du gradient de pression
transvalvulaire est l’enregistrement simultané des pressions
ventriculaires gauches et aortiques par un cathéter à double lumière
ou par deux cathéters différents, l’un placé dans l’aorte et l’autre
dans le VG. On peut aussi obtenir une courbe de retrait de la pointe
6
7. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
du VG dans l’aorte par le même cathéter, mais cette dernière
méthode nécessite d’utiliser la superposition d’une courbe
ventriculaire gauche et d’une courbe aortique obtenues sur des
cycles de durée strictement identique pour le calcul du gradient
moyen transaortique, ce qui n’est pas toujours possible. Enfin, on
peut également utiliser l’enregistrement de la pression fémorale par
la voie latérale d’un désilet dont le diamètre est supérieur d’au
moins 1 French à celui de la sonde ventriculaire gauche. Plusieurs
paramètres sont mesurés sur l’enregistrement à haute vitesse
(50 cm/s) (fig 10) :
– le gradient maximal ;
– le gradient moyen par planimétrie de l’aire située entre la courbe
ventriculaire gauche et la courbe aortique ;
– le gradient pic à pic.
Ce dernier n’a pas de support physiologique réel, mais il permet
une estimation rapide de l’importance du gradient transvalvulaire.
Il est en effet très proche du gradient moyen dans les sténoses
sévères. L’idéal est d’effectuer ces mesures sur plusieurs cycles et de
les moyenner afin de tenir compte des variations dues à la
respiration ou à l’existence d’un trouble du rythme (fibrillation
auriculaire notamment). En cas de suspicion de sténose sous-aortique
associée (cardiomyopathie obstructive [CMO]), il faut
enregistrer une courbe de retrait depuis la pointe du VG jusqu’à
l’aorte avec une sonde à trou distal unique.
Un gradient moyen transaortique important (supérieur à 50 mmHg)
traduit toujours un rétrécissement aortique significatif. Un gradient
moyen modéré de l’ordre de 20 à 30 mmHg peut lui aussi
correspondre à une sténose serrée avec bas Qc. Pour cette raison, la
sévérité d’une sténose aortique est appréciée avec plus de précision
par le calcul de la surface aortique fonctionnelle.
La surface aortique est calculée à partir du gradient moyen
transorificiel (DP) en mmHg, du Qc en mL/min, de la fréquence
cardiaque (FC) et du temps d’éjection systolique (TES) en s·min-1,
par la formule de R et SG Gorlin [20] :
Surface aortique (cm2) =
Qc
TES x FC
44,5 DP
Le calcul de la surface aortique est faussé par la présence d’une
insuffisance aortique (IA) car le flux exact antérograde transorificiel
ne peut être quantifié et la surface calculée est alors inférieure à la
surface réelle. Le rétrécissement aortique est considéré comme
significatif pour une surface inférieure à 1 cm2, serré pour une
surface inférieure à 0,7 cm2 ou une surface indexée à la surface
corporelle inférieure à 0,5 cm2 (la surface aortique normale est de
3 cm2).
Une formule simplifiée, basée sur le fait qu’à l’état de repos le
produit de la FC par le TES et la constante de Gorlin est proche de
1, a été proposée [23] et permet une estimation rapide de la surface
en cours de cathétérisme chez les patients non tachycardes :
Surface = Qc (L / min)
DP
Angiographie
L’angiographie ventriculaire gauche en OAD 30° renseigne sur le
siège de l’obstruction, le volume, la cinétique et l’épaisseur du VG,
la présence de calcifications des sigmoïdes et l’atteinte associée de
l’aorte ascendante. Il faut toutefois savoir que l’injection de produit
de contraste peut être mal tolérée chez les patients en défaillance
ventriculaire gauche et dont la PCP est élevée. Le rapport
bénéfice/risque de l’angiographie doit être soigneusement évalué
dans ce cas particulier.
L’angiographie sus-sigmoïdienne recherche une fuite aortique
associée. Elle n’est pas réalisée de façon systématique et son
indication est actuellement guidée par les données de l’échodoppler.
¦ Rétrécissements aortiques fixes
sous- et supravalvulaires
Les sténoses aortiques sous-valvulaires fixes, qui représentent
environ 30 % des rétrécissements aortiques congénitaux, sont liées à
la présence d’une membrane semi-lunaire en diaphragme, d’un
bourrelet fibreux, ou d’un long rétrécissement en tunnel
fibromusculaire en dessous des sigmoïdes aortiques. Le siège de
l’obstruction peut être précisé sur une courbe de retrait avec une
sonde à trou distal unique. Les différents rétrécissements sous-aortiques
apparaissent bien à l’angiographie ventriculaire gauche,
surtout en incidence OAG crâniale, sous la forme d’un defect de
produit de contraste, plus ou moins large selon le type de l’obstacle
(diaphragme ou bourrelet), situé sous la valve aortique.
Les sténoses supra-aortiques, toujours congénitales, sont très rares,
s’accompagnent d’une atteinte des sigmoïdes aortiques et des artères
coronaires et s’intègrent souvent dans un syndrome
polymalformatif. L’aspect de la courbe de retrait est caractéristique
(fig 9), de même que l’angiographie ventriculaire gauche qui montre
un aspect dit en « calebasse », l’aorte initiale normale ou dilatée
étant surmontée par une zone d’étranglement correspondant au
rétrécissement.
INSUFFISANCE AORTIQUE
Les IA, définies par une régurgitation diastolique de sang de l’aorte
dans le VG, ont des causes multiples, que l’on peut grouper en deux
mécanismes :
– les lésions organiques des sigmoïdes aortiques : rhumatisme
articulaire aigu, endocardite, rhumatisme à HLA (human leukocyte
antigen) B27, lésion traumatique, bicuspidie, syphilis ;
– les IA fonctionnelles par anomalie de l’anneau aortique :
dissection aortique, maladie annuloectasiante, anévrysmes de l’aorte
ascendante.
Certaines relèvent des deux mécanismes (maladie de Marfan). Sur
le plan du diagnostic hémodynamique et de l’évolution, il faut
distinguer les IA chroniques des IA aiguës.
¦ Insuffisances aortiques chroniques
Protocole de l’exploration hémodynamique
L’exploration angiographique a pour but principal de quantifier l’IA,
mais également d’en préciser l’étiologie, d’apprécier son
retentissement ventriculaire et de rechercher des lésions associées.
L’ensemble de ces éléments est précieux pour résoudre la question
difficile de la date optimale de la chirurgie. L’exploration complète
comprend un cathétérisme droit avec mesure du Qc, un cathétérisme
gauche, une angiographie sus-sigmoïdienne, éventuellement une
ventriculographie et une coronarographie. Les indications de la
coronarographie sont précisées dans le fascicule 32-005-C-30 de
l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
Profil hémodynamique
Les pressions droites sont généralement normales. La mesure du Qc,
effectuée juste avant la ventriculographie, est nécessaire au calcul de
la fraction de régurgitation (FR).
Le cathétérisme gauche montre une pression aortique diastolique
abaissée (augmentation de la différentielle). L’élévation de la PTDVG
dépend de la sévérité de l’IA, de la compliance du VG, du degré
d’hypertrophie et d’une coronaropathie associée.
Angiographie
L’angiographie ventriculaire gauche montre un VG hypertrophié et
dilaté, parfois de façon considérable. La fraction d’éjection
ventriculaire gauche, longtemps normale, s’abaisse dans les formes
évoluées. Une IM fonctionnelle par dilatation de l’anneau est
possible. Lorsque la fuite aortique est importante, le VG est
suffisamment opacifié lors de l’angiographie sus-sigmoïdienne, et la
ventriculographie sélective n’est pas nécessaire.
L’angiographie sus-sigmoïdienne en OAD 30 à 45°, en injectant au
moins 40 mL/s de produit de contraste à 20 mL/s par une sonde
« queue-de-cochon » dont la boucle est positionnée au contact du
7
8. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
plancher valvulaire, est un temps capital de l’exploration. Le reflux
du contraste dans le VG en diastole affirme l’IA et permet une
appréciation semi-quantitative. Plusieurs méthodes de cotation,
dérivant de celle établie par Sellers, ont été proposées. Une des plus
utilisées définit quatre grades (Grossman, 1989) :
– IA légère (+) : léger reflux diastolique dans la chambre de chasse
du VG. Le produit de contraste est lavé à chaque systole ;
– IA modérée (++) : la régurgitation entraîne une opacification
modérée de tout le VG, qui persiste lors de la systole suivante, mais
dont la densité est inférieure à celle de l’aorte ;
– IA importante (+++) : opacification dense de tout le VG, qui
s’accentue avec les cycles suivants. La densité du VG est égale à
celle de l’aorte ;
– IA massive (++++) : le VG est opacifié dès la première diastole et
paraît plus dense que l’aorte.
L’angiographie sus-sigmoïdienne permet également de préciser la
taille de l’anneau et de la portion ascendante de l’aorte thoracique,
de rechercher une image de dissection de l’aorte.
Calcul de la FR : la FR est égale au rapport de la différence entre
débit angiographique et débit effectif (Fick, thermodilution ou
indicateur coloré) sur le débit angiographique. En termes de
volumes, l’équation devient :
FR (%) = VS - VSE
VS
– VS (en angiographie) = VTD - VTS.
– VSE (volume systolique effectif) = Qc (thermodilution, Fick, en
mL/min) divisé par la FC.
Une IA légère correspond à une FR inférieure à 20 %, une IA
modérée à une FR comprise entre 20 et 40 %, une IA importante à
une FR comprise entre 40 et 60 % ; elle est supérieure à 60 % en cas
d’IA massive. La FR ne peut pas être calculée en cas de double fuite
mitrale et aortique, ou aortique et transseptale (communication
interventriculaire [CIV]).
Indication opératoire
En cas de gêne fonctionnelle importante, l’indication opératoire ne
se discute pas. En présence d’une IA chronique modérée ou
importante, peu ou pas symptomatique, on retient généralement les
critères d’opérabilité suivants [1, 18] :
– fraction d’éjection du VG inférieure à 50 % ;
– index cardiaque inférieur à 2,2 L/min/m2 ;
– PCP supérieure à 12 mmHg ;
– volume télédiastolique du VG indexé supérieur à 200 mL/m2 ;
– volume télésystolique du VG indexé supérieur à 100 mL/m2 ;
– rapport volume régurgitant/volume télédiastolique inférieur à
25 %.
¦ Insuffisances aortiques aiguës
Protocole de l’exploration
Il est le même que dans le cas de l’IA chronique, à savoir un
cathétérisme droit avec mesure du Qc, un cathétérisme gauche, une
angiographie sus-sigmoïdienne, éventuellement une
ventriculographie et une coronarographie. Les indications de la
coronarographie sont précisées dans le fascicule 32-005-C-30 de
l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
Profil hémodynamique
Dans cette situation, les mécanismes d’adaptation ventriculaire
gauche n’ont pas le temps de se développer.
Les pressions droites sont élevées, le Qc abaissé.
L’oxymétrie est utile pour détecter un shunt gauche-droit dans
certaines situations (endocardite avec abcès de l’anneau aortique).
11 Rétrécissement mitral : superposition
des courbes de pression capillaire pulmonaire
et ventriculaire gauches montrant l’existence
d’un gradient de pression en diastole.
Le cathétérisme gauche montre une PTDVG très élevée. Le VG n’est
pas dilaté, ni hypertrophié. L’IA est le plus souvent importante.
Dans certains cas, la situation hémodynamique trop précaire contre-indique
l’angiographie sus-sigmoïdienne et l’exploration doit se
focaliser sur les données nécessaires au chirurgien (coronaires, shunt
gauche-droit, anatomie de l’aorte ascendante).
RÉTRÉCISSEMENT MITRAL
Le rétrécissement mitral (RM) est le plus souvent rhumatismal,
beaucoup plus rarement congénital par calcification de l’anneau ou
par coeur triatrial. Bien qu’un gradient soit présent dès que la surface
mitrale est inférieure à 2 cm2 (normale : de 4 à 6 cm2), les symptômes
n’apparaissent que lorsque la surface mitrale devient voisine de
1 cm2.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
L’évaluation échodoppler des RM étant particulièrement fiable, le
cathétérisme n’est pas toujours réalisé en préopératoire.
L’exploration complète d’un RM comporte un cathétérisme droit et
gauche avec enregistrement simultané des PCP et ventriculaires
gauches et mesure du Qc. L’angiographie ventriculaire, gauche ou
droite, n’est pas systématique et n’est réalisée que si l’on suspecte
une fuite valvulaire associée. Les indications de la coronarographie
sont précisées dans le fascicule 32-005-C-30 de l’Encyclopédie
Médico-Chirurgicale.
¦ Profil hémodynamique
Les pressions droites, et surtout la PCP, sont élevées en cas de RM
serré, réalisant un tableau d’hypertension artérielle pulmonaire
(HTAP) postcapillaire. Les résistances artérielles pulmonaires sont
élevées, le Qc abaissé. À un stade plus avancé, apparaît un gradient
artériolocapillaire (PAP diastolique - PCP > 10 mmHg) témoignant
d’une HTAP mixte, pré- et postcapillaire. D’autres modifications
peuvent être notées en cas d’insuffisance ou de rétrécissement
tricuspidien associés. On emploie de préférence une sonde à trou
distal de type Cournand. Celle-ci permet de débuter l’examen par
des prélèvements de sang dans la veine cave inférieure (VCI), la
veine cave supérieure (VCS), l’OD et l’AP, afin d’éliminer un shunt
gauche-droit associé (association communication interauriculaire
[CIA] + RM ou syndrome de Lutembacher).
Le cathétérisme gauche permet la mesure du gradient transmitral. Il
nécessite un enregistrement simultané des pressions ventriculaire et
auriculaire gauches (fig 11, 12) en vitesse 50 mm/s. La mesure la
plus précise est obtenue par une sonde introduite dans le VG par
voie artérielle rétrograde et une autre introduite dans l’OG par voie
transseptale. Dans la plupart des cas, pour simplifier la procédure,
on assimile la pression auriculaire gauche à la PCP. Celle-ci est au
mieux enregistrée par la sonde Cournand, les cathéters souples de
type Swan-Ganz ayant été rendus responsables de surestimations
du gradient transvalvulaire par certains auteurs. On peut s’assurer
de la position « capillaire » du cathéter en vérifiant que la pression
capillaire moyenne est bien inférieure à la PAP moyenne, et en
prélevant un échantillon de sang capillaire dont la saturation doit
8
9. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
être égale à la saturation artérielle systémique. Il est conseillé
d’effectuer un deuxième enregistrement simultané des courbes
ventriculaire gauche et capillaire, en ayant inversé les cathéters reliés
aux têtes de pression afin de vérifier que le gradient enregistré n’est
pas dû à un défaut de calibration de ces têtes. Du fait du délai
physiologique de transmission de l’onde de pression auriculaire
gauche à travers les veines pulmonaires et le lit capillaire, les deux
courbes doivent être superposées, en faisant coïncider le sommet de
l’onde « v » de la courbe capillaire avec la descente rapide de la
courbe ventriculaire gauche. Les valeurs du gradient maximal
protodiastolique et du gradient moyen (planimétrie) sont mesurées
(fig 12).
La mesure du Qc, nécessaire au calcul de la surface mitrale, doit être
effectuée immédiatement après cet enregistrement des pressions
capillaire et ventriculaire gauches, en raison de la possibilité de
changement des conditions hémodynamiques en cours de
cathétérisme (FC notamment).
Comme pour l’orifice aortique, le calcul de la surface mitrale est
obtenu à partir du gradient moyen DP en mmHg, du Qc mesuré
juste avant ou après (en cm3/min), de la FC et du temps de
remplissage diastolique (TRD en s·min-1), par la formule de
Gorlin [20] :
Qc
S (cm2) = TRD
37,7 DP
La formule de Gorlin n’est pas applicable pour le calcul de la surface
mitrale en présence d’une IM ou d’un gradient transmitral trop
faible (< 10 mmHg). Le RM est considéré comme significatif pour
une surface inférieure à 2 cm2, moyennement serré pour une surface
inférieure à 1,5 cm2, serré pour une surface inférieure à 1 cm2.
¦ Angiographie
L’angiographie ventriculaire gauche en OAD 30° peut montrer une
IM associée, des troubles de la cinétique segmentaire postérobasale
et un aspect déformé en « trèfle » de la cavité ventriculaire, liés aux
lésions de l’appareil sous-valvulaire. La fonction systolique est en
général normale.
L’angiographie ventriculaire droite permet de quantifier une
insuffisance tricuspide associée et au temps gauche d’évaluer la taille
de l’OG et l’aspect de la valve mitrale.
INSUFFISANCE MITRALE
L’IM est définie comme une régurgitation de sang du VG dans l’OG
en systole.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Comme pour l’IA, l’exploration hémodynamique a pour but la
quantification de la fuite, la recherche d’une étiologie, l’appréciation
du retentissement ventriculaire et la recherche de lésions associées
(coronaires notamment). Elle comprend :
– un cathétérisme cardiaque droit avec mesure du Qc pour estimer
le retentissement de la fuite sur les pressions pulmonaires ;
– un cathétérisme gauche avec enregistrement simultané des
courbes ventriculaire gauche et capillaire afin de déterminer le
gradient transmitral et d’éliminer un RM associé (maladie mitrale) ;
– une ventriculographie gauche en deux incidences pour quantifier
l’importance de la fuite et calculer la fraction d’éjection systolique et
la FR.
Les indications de la coronarographie sont précisées dans le fascicule
précédent.
¦ Profil hémodynamique
Les pressions droites peuvent être élevées, témoignant d’une HTAP
postcapillaire. En cas d’IM aiguë ou d’IM chronique moyenne à
importante avec OG peu compliante, on enregistre sur la courbe
capillaire pulmonaire une onde v ample. Celle-ci n’est pas
pathognomonique d’une fuite mitrale sévère. On peut notamment
voir de grandes ondes v à la phase aiguë d’une défaillance
ventriculaire gauche, lorsque l’OG est peu compliante. Ce signe
garde néanmoins une bonne valeur et une onde v dont l’amplitude
est supérieure à deux fois celle de la pression capillaire moyenne
suggère fortement une IM sévère [21, 22]. Celle-ci est quasi certaine
lorsque l’onde v est supérieure à trois fois la pression capillaire
moyenne. Elle peut cependant faire totalement défaut, notamment
dans les IM chroniques avec dilatation auriculaire importante, et son
absence n’élimine en aucun cas une IM sévère. Elle est d’autre part
très sensible à la postcharge ; elle peut par exemple totalement
disparaître après injection IV de vasodilatateurs.
¦ Angiographie ventriculaire gauche.
Quantification de l’insuffisance mitrale
L’angiographie ventriculaire gauche est effectuée en OAD 30° et
éventuellement en OAG 60°. Le reflux de contraste dans l’OG en
systole et en l’absence d’extrasystoles ventriculaires qui peuvent
créer de fausses fuites, affirme l’IM. La direction du jet régurgitant
en OAD est évocatrice du feuillet mitral atteint et parfois de
l’étiologie : jet « antihoraire » en cas d’incompétence de la petite
valve, jet « horaire » en cas d’incompétence de la grande valve [43],
jet « central » dans les IM rhumatismales. L’angiographie
ventriculaire gauche précise également la taille du VG et de l’anneau
mitral, l’existence d’un bombement systolique de l’une ou des deux
valves en arrière du plan de l’anneau mitral (prolapsus), l’existence
d’un trouble de la cinétique segmentaire ventriculaire gauche. Les
calcifications de la valve mitrale sont vues en cas d’IM rhumatismale
et les calcifications de l’anneau dans les IM dégénératives.
La quantification des IM repose, comme pour les IA, sur une
gradation semi-quantitative et sur le calcul de la FR. Une
classification usuelle, dérivée de celle de Sellers, propose quatre
grades de régurgitation, symbolisés par une à quatre croix selon
l’importance de la fuite :
– IM légère (+) : contraste n’opacifiant pas l’ensemble de l’OG et
chassé à chaque systole, ce qui correspond à une FR inférieure à
20 % ;
– IM modérée (++) : opacification complète de l’OG mais de densité
inférieure au VG, FR de 20 à 40 % ;
– IM importante (+++) : opacification de l’OG de densité égale à
celle du VG, FR de 40 à 60 % ;
– IM massive (++++) : opacification intégrale de l’OG en une systole
et reflux dans les veines pulmonaires, FR supérieure à 60 % (fig 13).
12 Rétrécissement mitral. Schéma d’une superposition des courbes de pression ven-triculaire
gauche (VG) et auriculaire gauche (OG). La planimétrie de la surface grisée
permet d’obtenir le gradient diastolique moyen transmitral et de calculer la surface
fonctionnelle mitrale. Les pressions sont exprimées en mmHg.
TRD : temps de remplissage diastolique ventriculaire gauche ; ¢Pmax : gradient
de pression diastolique OG-VG maximal.
9
10. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
Le calcul de la FR repose sur le même principe que dans le cas de
l’IA : elle est égale au rapport de la différence entre débit
angiographique et le débit effectif (Fick, thermodilution ou
indicateur coloré) sur le débit angiographique. En terme de volumes,
l’équation devient :
FR = VS - VSE
VS
– VS = VTD -VTS.
– VSE = Qc (thermodilution, Fick, en mL/min) divisé par la FC.
Une IM légère correspond à une FR inférieure à 20 %, une IM
modérée à une FR entre 20 et 40 %, une IM importante à une FR
entre 40 et 60 % ; elle est supérieure à 60 % en cas d’IM massive. La
FR ne peut pas être calculée en cas de double fuite, mitrale et
aortique.
Enfin, le calcul de la fraction d’éjection est un temps très important
de l’exploration invasive des IM, l’atteinte de la fonction systolique
du VG avec une FE inférieure à 50 % étant un signe de mauvais
pronostic signalé par de nombreux auteurs.
¦ Indication opératoire
Elle ne se discute pas en cas d’IM massive chez un patient
symptomatique. En présence d’une IM chronique modérée ou
importante chez un patient peu ou pas symptomatique, l’étiologie
de la fuite est un facteur important à prendre en compte, l’attitude
étant généralement plus agressive si une plastie de bonne qualité
est envisageable (prolapsus de la petite valve). On a par ailleurs déjà
évoqué l’importance de la fraction d’éjection systolique en temps
que facteur pronostique et l’opération est proposée dès que la
fraction d’éjection commence à s’altérer et s’approche de 50 %.
RÉTRÉCISSEMENT ET INSUFFISANCE TRICUSPIDES
¦ Rétrécissement tricuspide
Le cathétérisme droit montre une augmentation de la pression
auriculaire droite, avec grande onde a en rythme sinusal, un
gradient de pression diastolique entre l’OD et le VD (significatif si
supérieur à 4 mmHg), une diminution du Qc. Le calcul de la surface
tricuspide utilise la formule de Gorlin. Une atteinte mitrale, aortique
rhumatismale, ainsi qu’une insuffisance tricuspide associée sont
recherchées en fonction des données de l’échodoppler. Un
rétrécissement tricuspide est significatif pour une surface inférieure
à 1,5 cm2, serré pour une surface inférieure à 1 cm2.
¦ Insuffisance tricuspide
Elle est le plus souvent fonctionnelle, liée à une surcharge et une
dilatation du VD par HTAP pré- ou postcapillaire. Elle est plus
rarement organique : rhumatisme articulaire aigu, endocardite
(toxicomane) ou causes rares (tumeur, fibrose endocardique,
traumatisme). Le cathétérisme droit montre une grande onde v sur
la courbe auriculaire droite, des PAP normales en cas d’insuffisance
tricuspide organique isolée, élevées en cas d’insuffisance tricuspide
secondaire à une HTAP. L’angiographie ventriculaire droite en OAD
15-45° permet une évaluation semi-quantitative, selon le même
principe que pour les IM.
RÉTRÉCISSEMENT ET INSUFFISANCE PULMONAIRES
Le rétrécissement ou sténose pulmonaire fait partie des
cardiopathies congénitales et est décrit dans cet article. L’insuffisance
pulmonaire est généralement secondaire à une HTAP, rarement à
une endocardite. Les volumes et la PTDVD sont augmentés.
L’angiographie pulmonaire est peu utile au diagnostic (valeur de
l’échographie, gêne liée à la sonde).
Myocardiopathies
Elles regroupent les atteintes du muscle cardiaque d’origines
inflammatoire, immunologique, dégénérative, métabolique, toxique
ou idiopathique. Anatomiquement et fonctionnellement, elles sont
classées en plusieurs groupes : myocardiopathies dilatées,
hypertrophiques, restrictives et oblitératives.
MYOCARDIOPATHIES DILATÉES
La forme la plus fréquente est la myocardiopathie dilatée
idiopathique, anciennement dénommée cardiomyopathie non
obstructive (CMNO).
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
L’exploration hémodynamique et angiographique peut être
indiquée, soit à titre diagnostique devant l’association d’une
cardiomégalie et de signes d’insuffisance cardiaque congestive, soit
à titre d’évaluation, notamment si une transplantation cardiaque est
envisagée. Dans le premier cas, elle comprend un cathétérisme droit
et gauche, une coronarographie et une angiographie ventriculaires
gauches. Dans le deuxième cas, elle comprend un cathétérisme droit
avec mesure des résistances artérielles pulmonaires.
¦ Profil hémodynamique
Les pressions droites peuvent être normales au début de l’évolution
de la cardiopathie et/ou en cas de traitement par diurétiques ou
vasodilatateurs. Il est alors nécessaire de recourir à une épreuve de
remplissage (Plasmiont ou sérum physiologique). Lors des poussées
d’insuffisance cardiaque ou à un stade tardif, il existe une élévation
des pressions auriculaire droite, ventriculaire droite, PAP et PCP
(HTAP postcapillaire), une diminution du débit et de l’index
cardiaques.
Les résistances artérielles pulmonaires sont mesurées à l’état basal
et après perfusion d’un agent vasodilatateur (nitroprussiate de
sodium) ou inotrope (dobutamine, énoximone). Des résistances
artérielles pulmonaires datant de moins de 3 mois inférieures à
5 unités Wood (400 dynes·s·cm-5) à l’état basal, inférieures à 3 unités
Wood après nitroprussiate et/ou ne s’élevant pas après
augmentation pharmacologique du Qc, sont habituellement requises
pour la transplantation cardiaque.
Le cathétérisme gauche montre une élévation de la PTDVG
(> 12 mmHg), des pressions systoliques ventriculaire gauche et
aortique normales ou modérément abaissées.
Des biopsies endomyocardiques peuvent être faites dans un but
diagnostique, au niveau du VD ou du VG. Leur rendement dans les
cardiopathies dilatées est faible. Elles sont en revanche actuellement
irremplaçables dans le suivi des transplantations cardiaques pour
dépister les rejets de façon précoce.
¦ Angiographie
L’angiographie ventriculaire gauche en OAD 30° montre une
augmentation des volumes télédiastolique et télésystolique
13 Angiographie ventri-culaire
gauche en OAD 30°
centrée sur l’oreillette gau-che
: insuffisance mitrale
massive opacifiant en tota-lité
une oreillette gauche
dilatée.
10
11. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
ventriculaires gauches. Le VES est abaissé, ainsi que la fraction
d’éjection et la vitesse de raccourcissement des fibres
circonférentielles. L’hypokinésie est globale mais peut prédominer
sur un segment. Une fuite mitrale centrale, fonctionnelle, par
dilatation de l’anneau, est fréquente. L’étude de la courbe pression-volume
n’est pas réalisée en pratique courante. La courbe est
resserrée et nettement déplacée vers la droite.
La coronarographie montre l’absence de lésions coronaires
significatives, excluant une cardiopathie ischémique dont la
présentation peut être voisine. Elle est indispensable au diagnostic
de myocardiopathie dilatée idiopathique. Les coronaires sont de fort
diamètre et paraissent « étirées » par le processus de dilatation du
VG, avec une relative pauvreté de leurs branches de division.
MYOCARDIOPATHIES HYPERTROPHIQUES
Les myocardiopathies hypertrophiques (MCH) sont des maladies
primitives du muscle cardiaque caractérisées par une hypertrophie
inappropriée du VG sans cause identifiable (sténose aortique,
hypertension artérielle [HTA], etc) et sans dilatation cavitaire. Dans
plus de 50 % des cas, l’hypertrophie ventriculaire gauche (septale
surtout) peut entraîner un obstacle dynamique à l’éjection : on parle
alors de MCH obstructives, le terme de MCH étant réservé aux
formes sans obstruction.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
L’exploration complète comprend un cathétérisme droit avec mesure
du Qc, un cathétérisme gauche avec enregistrement d’une courbe
de retrait intraventriculaire, éventuellement sensibilisé par une
épreuve pharmacologique (test à l’Isuprelt), et une angiographie
ventriculaire gauche. Les indications de la coronarographie ont déjà
été envisagées précédemment.
¦ Profil hémodynamique
Le cathétérisme droit retrouve une PAP systolique le plus souvent
normale. Une élévation de la PCP est retrouvée dans 50 % des cas,
avec l’onde a supérieure à l’onde v, témoignant du trouble de
remplissage ventriculaire gauche. Le Qc est le plus souvent normal,
parfois abaissé. Un gradient intraventriculaire droit est exceptionnel.
Le cathétérisme gauche montre une augmentation de la PTDVG à
l’état basal. Un gradient intraventriculaire gauche est présent dans
50 à 90 % des cas.
Il est dynamique, corrélé positivement à la fraction d’éjection,
mésosystolique. Les courbes de retrait ont une morphologie
caractéristique, différente des gradients statiques valvulaire ou
supravalvulaire aortiques (fig 9). Le gradient dynamique des MCH
obstructives augmente avec l’accroissement de la contractilité
(isoprotérénol, digitaliques, effort, potentiation postextrasystolique),
la réduction de la postcharge (nitrite d’amyle, vasodilatateurs
artériels) et la baisse du remplissage ventriculaire (dérivés nitrés,
saignée, expiration, fibrillation auriculaire). Il diminue avec la
réduction de la contractilité (bêtabloquants, vérapamil),
l’accentuation des résistances périphériques (vasopresseurs,
angiotensine), l’hypervolémie, l’inspiration. La perfusion
intraveineuse d’isoprotérénol (2 à 6 íg/min) permet de faire
apparaître un gradient intraventriculaire absent ou non significatif à
l’état basal (fig 14) et permet d’évaluer l’évolutivité de la
cardiopathie ou l’efficacité d’un traitement médical ou chirurgical.
Ses effets arythmogènes peuvent toutefois être délétères et il ne doit
être utilisé qu’à proximité d’une unité de soins intensifs
cardiologiques. D’autres tests de provocation utilisant des dérivés
nitrés ou du nitrite d’amyle par voie intraveineuse ou sublinguale
sont également réalisables.
¦ Angiographie
Dans les formes obstructives de MCH, la ventriculographie gauche
en OAD 30° montre un aspect caractéristique en « pied-de-danseu-se
» : désaxation de la cavité ventriculaire par rapport à l’aorte
14 Myocardiographie hypertrophique. Superposition des courbes de pression VG-artère
fémorale. Après administration intraveineuse d’isoprénaline (Isuprelt), appari-tion
d’un gradient de pression qui se majore lors des complexes postextrasystoliques
(ESV).
formant un angle de 100°, bord inférieur concave en bas (empreinte
du pilier postérolatéral), bord supérieur convexe en haut, encoche
sous-aortique antérieure. En systole, cet aspect se majore (image en
« sablier »). Les parois ventriculaires sont hypertrophiées, les
volumes ventriculaires télédiastolique et télésystolique sont
normaux ou diminués. Malgré la dysfonction systolique, la fraction
d’éjection est normale ou augmentée. Une IM modérée fonctionnelle
est présente dans 40 à 80 % des cas. Rarement, il existe une fuite
mitrale plus importante, autonome, diminuant avec les
vasodilatateurs, par lésion organique de la valve mitrale. L’aspect
en OAG est également caractéristique, avec une chambre de chasse
ventriculaire gauche réduite à un triangle dont la base supérieure
correspond aux sigmoïdes aortiques, le bord droit au septum
hypertrophié, et le bord gauche à la valve mitrale antérieure.
L’injection biventriculaire n’est plus nécessaire à la mesure de
l’épaisseur du septum interventriculaire, parfaitement réalisable par
échocardiographie.
Dans les formes non obstructives de MCH, il existe un
épaississement des parois ventriculaires sans dilatation cavitaire,
avec parfois un aspect d’oblitération systolique de la pointe
(hypertrophie apicale ou diffuse) (fig 15). Ces oblitérations peuvent
participer à la création d’un gradient de pression intraventriculaire
gauche, difficile à distinguer du gradient dynamique lié à
l’obstruction.
Cardiomyopathies restrictives
et oblitératives
CARDIOMYOPATHIES RESTRICTIVES
On regroupe sous ce terme différentes affections du muscle
cardiaque marquées par une fibrose myocardique diffuse
responsable d’un tableau hémodynamique d’adiastolie, similaire à
celui rencontré dans les péricardites chroniques constrictives (PCC).
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Il comprend un cathétérisme droit et gauche avec enregistrement
simultané des courbes de pressions ventriculaires droites et gauches,
dans une sensibilité suffisante pour pouvoir estimer avec précision
les pressions diastoliques. Cet enregistrement s’effectue à l’état basal,
pendant une manoeuvre de Valsalva, et éventuellement après une
épreuve de remplissage. On fait également une mesure du Qc et
une angiographie ventriculaire gauche.
11
12. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
*A *B
¦ Profil hémodynamique
Le tableau hémodynamique d’adiastolie des cardiomyopathies
restrictives associe :
– une élévation et une égalisation des pressions de remplissage
droites et gauches, une égalisation des pressions auriculaire droite
moyenne, télédiastolique ventriculaire droite, artérielle pulmonaire
diastolique et capillaire pulmonaire moyenne ;
– un aspect de « dip-plateau » des courbes auriculaires et
ventriculaires en diastole. Le remplissage ventriculaire débute
normalement, avec un creux « y » accentué (dip), puis s’interrompt
brutalement et précocement en raison de la baisse de compliance
ventriculaire. Il en résulte une ascension rapide de la pression qui se
maintient en plateau. La courbe dessine un « W » ou le symbole de
racine carrée ;
– une fonction systolique conservée, sans dilatation cavitaire ni
régurgitation valvulaire.
La difficulté du diagnostic des cardiomyopathies restrictives n’est
pas de mettre en évidence l’adiastolie, mais de déterminer le siège
myocardique ou péricardique de la constriction. Les signes cliniques
et hémodynamiques à l’état basal sont identiques dans les deux
affections. La dissociation des pressions de remplissage gauche et
droite lors de l’épreuve de remplissage est un argument en faveur
d’une constriction d’origine myocardique. La PAP systolique est
généralement élevée dans les restrictions, dépassant très souvent
50 mmHg, alors qu’elle est normale ou peu augmentée dans les
PCC. L’ensemble du contexte clinique (hémochromatose, amylose),
des données échocardiographiques, radiographiques,
tomodensitométriques, ou les biopsies endomyocardiques évitent le
plus souvent de recourir à la thoracotomie d’exploration
péricardique.
MYOCARDIOPATHIE OBLITÉRATIVE :
FIBROSE ENDOMYOCARDIQUE
La fibrose endomyocardique (FEM) est une myocardiopathie
chronique rare caractérisée par un important épaississement fibreux
de l’endocarde et du myocarde sous-jacent. Il en résulte :
– un comblement des cavités cardiaques par le processus fibreux et
la formation de thrombi muraux (d’où le terme de
« myocardiopathie oblitérative »). Ce comblement est bien visible en
angiographie ventriculaire ;
– un tableau hémodynamique de restriction ou d’adiastolie
cardiaque, avec HTAP postcapillaire, diminution du Qc, élévation
de la PTDVG, sans altération de la fonction contractile ;
– une régurgitation mitrale ou tricuspidienne par atteinte fibreuse
des piliers présente dans près de 80 % des cas ;
– dans 25 % des cas, des calcifications endocardiques visibles à la
radiographie dans la région apexienne.
15 Myocardiopathie hypertrophique concentrique et
apicale. Angiographie ventriculaire gauche en télédiastole
(A) et en télésystole (B) : effacement de la pointe en systole.
Péricardites et tumeurs cardiaques
PÉRICARDITE CHRONIQUE CONSTRICTIVE
La PCC est due à un épaississement fibreux des deux feuillets du
péricarde qui devient rigide, parfois calcifié, et constitue un obstacle
au remplissage ventriculaire.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Il est le même que dans les restrictions, à savoir un cathétérisme
droit et gauche avec enregistrement simultané des courbes de
pression ventriculaires droite et gauche en échelle normale (100 ou
200 mmHg) et dans une échelle suffisamment petite (20 ou
40 mmHg) pour pouvoir estimer avec précision les pressions
diastoliques, à l’état basal et pendant une manoeuvre de Valsalva et
après une épreuve de remplissage, une mesure du Qc, une
angiographie ventriculaire gauche avec recherche de calcifications
péricardiques.
¦ Profil hémodynamique
Le tableau hémodynamique d’adiastolie ou de constriction
chronique est identique à celui décrit pour les myocardiopathies
restrictives (fig 16). Dans certains cas (atteinte modérée,
déshydratation ou déplétion du malade par des diurétiques), le
syndrome de restriction n’apparaît pas à l’état basal et doit être
démasqué par une épreuve de remplissage.
16 Péricardite chronique
constrictive : aspect caracté-ristique
de la courbe
de pression ventriculaire
droite avec « dip-plateau »
en diastole.
12
13. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
Sont en faveur d’une constriction chronique : une élévation
concomitante de la PTDVG et de la PTDVD lors de l’épreuve de
remplissage (alors que l’élévation de la PTDVG est plus importante
que celle de la PTVD dans le cas d’une restriction myocardique).
Les calcifications péricardiques se voient essentiellement dans les
PCC d’origine tuberculeuse.
Les autres étiologies sont représentées par les fibroses radiques,
post-traumatiques et dans l’insuffisance rénale dialysée.
PÉRICARDITE AIGUË : TAMPONNADE
Les péricardites aiguës ne donnent de signes hémodynamiques
qu’en cas de tamponnade, définie par une compression aiguë des
cavités cardiaques, par un épanchement péricardique abondant
et/ou rapidement constitué. L’échocardiographie suffit en général
au diagnostic en urgence. Le recours à l’exploration hémo-dynamique
est devenu rare.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Il comprend un cathétérisme droit et gauche avec enregistrement
simultané des pressions auriculaires droite et gauche et des
pressions ventriculaires droite et gauche, une mesure du Qc.
¦ Profil hémodynamique
Les modifications hémodynamiques sont différentes de celles
observées dans les constrictions péricardiques. Contrairement à la
constriction, la compression des cavités cardiaques par
l’épanchement péricardique est continue tout au long du cycle
cardiaque. Elle gêne le remplissage rapide du VD lors de l’ouverture
de la valve tricuspide. D’autre part, la pression négative
intrathoracique est transmise à l’OD par le péricarde rempli de
liquide pendant l’inspiration, entraînant une augmentation du
remplissage ventriculaire droit et donc de l’éjection ventriculaire
droite, celle-ci se faisant aux dépens de l’éjection ventriculaire
gauche, le péricarde ne pouvant se distendre. On a ainsi, à la
différence des constrictions péricardiques :
– un creux x prédominant et un creux y faible ou absent sur la
courbe auriculaire droite ;
– l’absence de dip-plateau sur la courbe ventriculaire droite ;
– une chute de la pression auriculaire droite (absence de signe de
Kussmaul) et de la pression artérielle systolique systémique lors de
l’inspiration (pouls « paradoxal »).
On observe également une élévation et une égalisation des pressions
diastoliques auriculaire droite, ventriculaire droite et ventriculaire
gauche et un effondrement du Qc.
TUMEURS CARDIAQUES
Les tumeurs cardiaques primitives sont représentées par les
myxomes, les fibromes et les rarissimes sarcomes. Elles sont 30 fois
moins fréquentes que les tumeurs secondaires. Les fibromes et les
myxomes sont des tumeurs bénignes, sessiles ou plus souvent
pédiculées, qui naissent de l’endocarde et donnent lieu à des signes
d’obstruction du flux sanguin (pseudo-RM ou rétrécissement
tricuspidien). Les sarcomes (fibro- et rhabdomyosarcomes) sont des
tumeurs plutôt infiltratives et sont d’expression variée : obstructive,
restrictive, congestive. Le diagnostic des tumeurs cardiaques repose
actuellement sur l’échocardiographie, la tomodensitométrie et
l’imagerie par résonance magnétique, rendant le cathétérisme et
l’angiocardiographie le plus souvent inutiles et dangereux (risque
d’embolie cruorique).
Cardiopathies congénitales
Nous nous limitons dans ce chapitre aux résultats de l’exploration
des principales cardiopathies congénitales rencontrées chez
17 Communication interauriculaire. Trajet anormal de la sonde : veine sous-clavière
gauche, veine pulmonaire inférieure droite.
l’adolescent ou l’adulte jeune. Les techniques d’oxymétrie et le calcul
du rapport de débits ont été détaillés dans le fascicule 32-005-C-30
de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale. Pour les rappels
anatomiques et physiopathologiques, ainsi que pour l’exploration
invasive des cardiopathies congénitales chez le nouveau-né et le
nourrisson, nous renvoyons le lecteur aux ouvrages spécialisés
(Kachaner, 1991).
COMMUNICATION INTERAURICULAIRE
Le cathétérisme n’est que rarement pratiqué à titre diagnostique
dans cette pathologie. On lui demande en revanche de quantifier le
shunt gauche-droit, d’éliminer l’existence d’un retour veineux
pulmonaire anormal et de préciser les anomalies associées, de
quantifier les résistances pulmonaires avant un éventuel geste
chirurgical.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Il comprend une oxymétrie complète avec prélèvements sanguins
étagés et étude du trajet des sondes, un calcul des débits cardiaques
systémiques et pulmonaires effectif et total, un cathétérisme droit
avec mesure des pressions, un calcul des résistances artérielles
pulmonaire et systémique, éventuellement une angiographie
auriculaire droite ou gauche.
¦ Trajet de sonde (fig 17)
Le passage de la sonde de l’OD dans l’OG n’est pas un critère
suffisant pour affirmer la CIA, le foramen ovale restant perméable
chez plus de 30 % des sujets normaux. Le cathétérisme d’une veine
pulmonaire gauche à partir de l’OD permet le diagnostic. Celui
d’une veine pulmonaire droite peut correspondre au passage de la
sonde dans celle-ci au travers d’une CIA type ostium secundum ou
à un retour veineux pulmonaire anormal partiel dans l’OD.
¦ Oxymétrie
Elle montre, sur les prélèvements étagés, un enrichissement
significatif à l’étage auriculaire, avec une saturation en oxygène (O2)
de l’OD supérieure de plus de 10 % à celle de la VCS. On préfère se
référer à la VCS plutôt qu’à la VCI, celle-ci risquant d’une part d’être
« contaminée » par le shunt si la direction de celui-ci se fait vers la
partie inférieure de l’OD, et étant d’autre part le siège du lavage des
veines rénales qui y apportent un sang riche en O2. L’enrichissement
en O2 de la VCS basse suggère l’existence d’un retour veineux
pulmonaire anormal. Il faut toutefois rappeler que l’enrichissement
en O2 de l’OD n’est pas pathognomonique d’une CIA, celui-ci
s’observant également en cas de retour veineux pulmonaire anormal,
de communications VG vers OD, de rupture du sinus de Valsalva
dans l’OD, de fistule coronaire aboutissant dans l’OD.
13
14. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
L’obtention de la saturation des veines pulmonaires, de l’aorte, de
l’AP et du sang veineux mêlé permet en outre le calcul du rapport
des débits pulmonaire total (DPT) et systémique total (DST) sans
avoir à mesurer la consommation en O2. Un rapport DPT/DST
supérieur à 2 indique un shunt important nécessitant une correction
chirurgicale.
¦ Pressions
Elles sont généralement normales. Dans les shunts importants, il
existe fréquemment un gradient fonctionnel VD/AP pouvant
atteindre 30 mmHg, avec une PAP normale. Si ce gradient est
constaté alors que le shunt est par ailleurs modéré, il faut évoquer
une sténose pulmonaire associée. L’existence d’une HTAP avec
résistances artérielles pulmonaires élevées impose une nouvelle
évaluation pendant administration d’agents vasodilatateurs (dérivés
nitrés, inhibiteurs de l’enzyme de conversion [IEC], inhibiteurs
calciques...) pour juger de sa réversibilité potentielle. Une différence
de pression moyenne entre l’OG et l’OD inférieure ou égale à
2 mmHg, ou de leurs ondes a et v de moins de 4 mmHg est un bon
signe en faveur d’une CIA au moins moyenne.
¦ Angiographie
Elle n’est pas faite de façon systématique. L’angiographie sélective
dans la branche droite de l’AP est probablement la plus contributive
car elle permet de dépister les retours veineux pulmonaires
anormaux supérieurs droits, de loin les plus fréquents, et en cas de
retour veineux pulmonaire normal d’opacifier l’OG, de bien voir les
CIA de type sinus venosus, et de préciser la taille de la
communication. L’angiographie auriculaire gauche en OAG 45° +
craniale 45° peut également être proposée. Elle est faite de façon
systématique avant tentative de fermeture percutanée de la CIA.
COMMUNICATION INTERVENTRICULAIRE
L’exploration invasive des CIV est rarement pratiquée en raison des
performances de l’échodoppler cardiaque. Elle connaît un regain
d’intérêt en raison de la possibilité, dans certains cas, d’envisager la
fermeture percutanée du défaut septal par une ombrelle.
¦ Protocole de l’exploration hémodynamique
Il comprend une oxymétrie complète avec prélèvements sanguins
étagés et étude du trajet des sondes, un calcul des débits cardiaques
systémiques et pulmonaires effectif et total, un cathétérisme droit
avec mesure des pressions, un calcul des résistances artérielles
pulmonaire et systémique, un cathétérisme gauche par voie artérielle
rétrograde si la CIV n’a pas pu être franchie lors du cathétérisme
droit, et éventuellement une angiographie ventriculaire gauche. On
complète l’examen par une angiographie aortique sus-sigmoïdienne
en cas d’IA associée (syndrome de Pezzi-Laubry).
¦ Trajet de sonde
On peut souvent franchir la CIV chez l’enfant lors du cathétérisme
droit, et atteindre directement l’aorte ascendante en cas de CIV
périmembraneuse, ou le VG dans les CIV musculaires. Si le
franchissement est impossible, notamment chez l’adulte, il faut
effectuer un cathétérisme gauche rétrograde.
¦ Oxymétrie
Un enrichissement en oxygène de plus de 5 % entre l’OD et le VD
signe le diagnostic. Dans les CIV infundibulaires, cet enrichissement
ne se voit que sur les échantillons prélevés dans l’AP. Elle permet de
quantifier le shunt gauche-droit par le calcul du rapport DPT/DST.
Un rapport DPT/DST supérieur à 2 indique une CIV importante.
¦ Pressions
Elles sont le plus souvent élevées. La pression ventriculaire droite
systolique peut être supérieure à la PAPs sans qu’il n’y ait de sténose
18 Persistance du canal artériel. Trajet anormal de la sonde : veine sous-clavière gau-che,
veine cave supérieure, oreillette droite, ventricule droit, artère pulmonaire, canal
artériel, aorte thoracique descendante.
pulmonaire organique. La constatation d’une égalité de pression
VG/VD ne signe pas forcément la présence d’un large defect, celle-ci
pouvant également se voir dans les CIV de petite taille avec HTAP.
La pression capillaire est également élevée, supérieure à la PTDVG
(gradient transmitral de débit). En cas d’HTAP, il faut mesurer le
rapport résistance artérielle systémique totale/résistance artérielle
pulmonaire totale : si celui-ci est inférieur à 1,3, il est classique de
recourir, comme dans le cas des CIA, aux épreuves
pharmacodynamiques pour juger de la réversibilité de l’HTAP.
¦ Angiographie
L’incidence OAG 70° + craniale 20° (incidence de Bargeron) montre
un passage de contraste du VG dans le VD et parfois une IM. Une
fuite aortique par capotage d’une sigmoïde dans une CIV haute et
large est possible (syndrome de Pezzi-Laubry).
CANAL ARTÉRIEL PERSISTANT
Là encore, la possibilité de traiter l’anomalie par le cathétérisme
interventionnel a entraîné un regain d’intérêt pour l’hémo-dynamique.
¦ Trajet de sonde
La persistance du canal artériel peut être diagnostiquée par le trajet
anormal de la sonde qui passe du tronc de l’AP dans l’aorte (fig 18).
¦ Oxymétrie
Elle montre un enrichissement significatif dans le tronc ou une des
branches de l’AP. Du fait de l’absence de chambre de mélange dans
ce type de shunt, les saturations de l’AP tronc, de ses branches droite
et gauche sont différentes et il est difficile de calculer avec précision
le rapport de débit DPT/DST, et donc l’importance du shunt.
¦ Pressions
Habituellement le shunt est modéré et n’entraîne pas d’HTAP ni de
dilatation des cavités gauches ou de l’AP. En cas d’HTAP, il peut
être utile d’effectuer une épreuve d’occlusion du canal par un ballon
et de remesurer les pressions pulmonaires dans ces conditions afin
d’estimer la réversibilité de l’hypertension pulmonaire.
¦ Angiographie
L’opacification directe du canal est bien vue sur l’aortographie de
profil, le canal se projetant sur le bord antérieur de la trachée.
14
15. Radiodiagnostic Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies 32-005-C-35
STÉNOSE PULMONAIRE
Les sténoses pulmonaires sont actuellement dépistées et confirmées
par l’échocardiographie dès les premières semaines de vie.
L’exploration hémodynamique garde des indications, pour éliminer
des anomalies fréquemment associées (CIA, CIV, sténoses des
branches de l’AP) ou dans le cadre d’une valvuloplastie percutanée
par ballon, qui est devenue le traitement de référence de cette
affection. Le franchissement de la sténose peut être difficile ou mal
toléré (hypotension avec les sondes à ballonnet). La courbe de retrait
montre le gradient de pression entre l’AP et le VD, précise son siège
(infundibulaire, valvulaire, supravalvulaire), permet la mesure de
surface pulmonaire par la formule de Gorlin. La surcharge de
pression ventriculaire droite peut entraîner une hypertrophie
ventriculaire droite avec élévation des pressions de remplissage
droites et grande onde a sur la courbe OD. L’oxymétrie est
systématique pour éliminer un shunt associé. L’angiographie VD en
biplan, face et profil, est habituellement suffisante pour visualiser la
lésion et les branches distales de l’AP.
MALADIE D’EBSTEIN
Elle est caractérisée par une insertion anormalement basse de la
valve tricuspide dans le VD. Certaines formes ne sont pas
compatibles avec la survie jusqu’à l’âge adulte. Le cathétérisme peut
être indiqué chez un patient symptomatique si une chirurgie de
réparation ou de remplacement valvulaire tricuspidien est
envisagée. Le diagnostic repose sur l’enregistrement des pressions
droites, généralement basses, correspondant à trois chambres
fonctionnelles : l’OD, le VD et, entre les deux, une volumineuse
chambre ventriculaire « auricularisée » (courbe de pression de type
auriculaire avec électrocardiogramme [ECG] endocavitaire de type
ventriculaire). Les angiographies sélectives OD et VD en OAD 30°
montrent que la valve tricuspide, qui apparaît en négatif, est insérée
au milieu du VD, à distance de l’anneau auriculoventriculaire. Il
faut signaler la fréquence particulière de déclenchement de troubles
du rythme supraventriculaires lors du cathétérisme, ceux-ci étant
souvent mal tolérés dans cette pathologie.
TÉTRALOGIE DE FALLOT
Elle associe une CIV large, un chevauchement de l’aorte au-dessus
du septum interventriculaire, une sténose pulmonaire, une
hypertrophie du VD. C’est la plus fréquente des cardiopathies
congénitales cyanogènes après 2 ans. Le cathétérisme peut être
potentiellement dangereux dans les formes sévères, susceptible de
déclencher des crises anoxiques, notamment lors du franchissement
de l’infundibulum pulmonaire. La perfusion de sérum isotonique
pendant et après l’examen, ainsi que l’éviction des drogues sédatives
hypotensives sont recommandées.
Les anomalies hémodynamiques découlent de ce qui précède :
– l’oxymétrie a peu d’intérêt : elle montre une shunt droit-gauche
avec des saturations en O2 monotones dans les cavité droites, depuis
l’OD jusqu’à l’AP, et une désaturation du sang aortique ;
– la pression dans l’OD est normale et l’on note une égalité de
pression systolique VD- VG-aorte, avec des niveaux de pression
normaux dans ces cavités ;
– il existe un gradient de pression VD-AP par sténose pulmonaire
infundibulaire et/ou valvulaire pulmonaire.
L’angiocardiographie est probablement l’examen le plus utile
(fig 19). Elle comprend une ventriculographie droite de face et de
profil pour étudier le VD et la voie pulmonaire, éventuellement
complétée par une injection dans le tronc de l’AP, une
ventriculographie gauche en OAD 30° et éventuellement en OAG
75° + cranial 30° pour apprécier la fonction VG et éliminer des CIV
multiples. Enfin, une aortographie dans les deux obliques, le
cathéter ayant été introduit dans l’aorte ascendante par la CIV,
permet de s’assurer qu’il n’existe pas d’anomalie coronaire qui
contre-indiquerait la réparation complète.
Chez l’adulte ou le grand enfant, l’exploration concerne presque
toujours une tétralogie de Fallot opérée. Les interventions palliatives
19 Tétralogie de Fallot. Angiographie ventriculaire droite de face.
20 Coarctation aortique mise en évidence
par aortographie de face.
ont des résultats hémodynamiques variables : les anastomoses type
Blalock-Taussig deviennent insuffisantes ou se thrombosent, avec
des pressions pulmonaires basses, alors que les anastomoses type
Potts-Watterston-Cooley ont tendance à créer une hypertension
pulmonaire. Après cure complète, il n’y a plus de shunt, mais la
persistance d’une sténose pulmonaire résiduelle est possible.
COARCTATION AORTIQUE
Les coarctations aortiques représentent environ 6 % des
malformations cardiaques à la naissance. Malgré un dépistage de
plus en plus précoce, le diagnostic est encore souvent fait à l’âge
adulte, lors du bilan étiologique d’une HTA. Le diagnostic a
bénéficié du développement des méthodes ultrasonores, surtout
chez l’enfant. Le cathétérisme et l’aortographie restent utiles,
particulièrement chez l’adulte, moins échogène, pour apprécier le
siège et la sévérité de la coarctation (fig 20), préciser l’anatomie de
l’arc aortique et des vaisseaux collatéraux, rechercher des sténoses
coronaires. La dilatation par ballon, utile pour les recoarcations
postopératoires de l’enfant, reste expérimentale chez l’adulte.
TRANSPOSITION DES GROS VAISSEAUX
Dans la transposition des gros vaisseaux (TGV), l’aorte naît du VD
et l’AP du VG. C’est une urgence néonatale. Elle est rapidement
fatale en l’absence de shunt associé (CIA, CIV, canal artériel). Son
diagnostic repose sur l’échocardiographie. Le cathétérisme est
interventionnel et consiste en une atrioseptostomie percutanée au
ballon réalisée en urgence (manoeuvre de Rashkind, 1966).
15
16. 32-005-C-35 Cathétérisme cardiaque, angiocardiographie et coronarographie dans le diagnostic des cardiopathies Radiodiagnostic
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