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Organisation, productivité et sens du métier dans des élevages innovants d’Europe du Nord
1. Journée ADEVIA – SPACE – 18 septembre 2014
Organisation, productivité et sens
du métier dans des élevages
innovants d’Europe du Nord
Synthèse des enquêtes réalisées dans le cadre du
projet CASDAR « travail 3D »
Sylvain GALLOT, Institut Technique de l’Aviculture (ITAVI)
Financement CASDAR/ DGER-Ministère de l’Agriculture
2. Contexte : le « miracle nordique » ?
Depuis plusieurs années : la productivité du travail apparente
des élevages des pays du Nord de l’Europe (Danemark, Pays-Bas
principalement) pose question
Toutes les filières d’élevage concernées
Quelle organisation du travail pour atteindre une productivité
du travail si élevée ?
Quelles conséquences sur le métier d’éleveur ?
Questions posées dans le cadre du volet international d’un
projet CASDAR « travail 3D (1) »
(1) Travail 3D : organisation, économie, sens du métier
3. Déroulement de l’étude
sélection d’exploitations avec contexte travail particulier dans
pays étrangers
préférence pour des systèmes à forte productivité du travail
et/ou forte main d’oeuvre (atypique dans contexte français)
20 exploitations dans 4 pays européens (Royaume-Uni, Pays-
Bas, Danemark, Allemagne)
Regards croisés sur le travail, 3 angles d’observation
(économie, organisation du travail, sociologique)
une approche similaire à une série d’enquêtes menées en
France dans 6 régions
5. Un contexte socio-économique indispensable
à prendre en compte
Les forces s’exerçant sur les exploitations : durcissement du
contexte économique, aspirations à vivre autrement (loisirs),
orientation vers le « business », concurrence la ressource main
d’oeuvre
Mouvement prononcé vers la concentration rapide (une dizaine
d’années) qui a transformé les structures, la taille du collectif
de travail, l’organisation du travail, et la conception du métier
(Danemark, Pays-Bas surtout, un peu RU)
Exemples : DK : 6000 éleveurs en 2000, 3900 élevages en 2011
(projection : 3000 en 2015)
3 voies (non antagonistes) explorées par la majorité des éleveurs
Accroissement de Externalisation
la MO
Automatisation/rationalisation
des process de production
6. 1 - Les adaptations des élevages :
Développement de la main d’oeuvre
Collectif de travail jusqu’à 17 personnes (5 à 8 fréquemment)
Essentiellement sous forme de salariés, occasionnels ou
permanents, parfois partagés (deux mi-temps), mais aussi
stagiaires, travailleurs handicapés,…
Motivations : améliorer la productivité du travail, sécuriser
l’organisation, mais aussi améliorer les rythme de travail (limiter le
poids des astreintes, enjeu de fidélisation des salariés)
Recherche d’un compromis (difficile) entre une spécialisation des
salariés (productivité) ou une polyvalence (pour les astreintes WE)
Des initiatives collectives très avancées sur la gestion de la MO :
coopératives de « force de travail » pour MO occasionnelle (65%)
mais aussi pour salariés permanents, à temps partiel (25%) ou à
temps plein (10%)
7. 2 - Les adaptations des élevages :
l’automation /rationalisation des process
Robots de traite (jusqu’à 7 à 8) en lait
Stations de tri porcs engraissement (pesées automatiques)
Dimensions importantes, mécanisation poussée (pailleuse…) et
rationalisation process en aviculture
Motivations : améliorer la productivité du travail, mais aussi offrir
rendre le métier attractif (enjeu de fidélisation des salariés)
8. 3 - Les adaptations des élevages :
Externalisation des tâches
Forte tendance à l’externalisation, quelle que soit la taille du collectif (82%)
Objectif : recentrer les ressources de l’exploitation sur les tâches les plus
stratégiques, se concentrer sur son métier de base
Nombreuses tâches externalisées :
- productions végétales (semis, traitements, récoltes, taille…),
- soins aux animaux (insémination, contrôle gestation, alimentation, soins
véto, etc…),
- mise en place et enlèvement volailles, nettoyage/désinfection, gestion
effluents
Toutes les filières externalisent (pas forcément les mêmes tâches)
9. 3 - Les adaptations des élevages :
Externalisation des tâches
Des motivations multiples… : rechercher un savoir-faire spécifique,
éviter des travaux pénibles, gérer pic de main d’oeuvre, simplifier
les démarches administratives, supprimer du stress, limiter les
coûts
Externalisation souvent choisie mais parfois subie : mais
finalement une large satisfaction, la tendance qui peut encore
s’accentuer (la moitié pensent accroître encore l’externalisation)
Une voie pour gérer les transmissions progressives parents / enfant
(externalisation quand retraite des parents)
Une réponse pour les éleveurs les moins à l’aise avec le management
10. changement de compétences des éleveurs et
évolutions du métier
Passage d’un métier d’éleveur-technicien à un métier d’éleveur
manager d’équipe
Largement ressentis, plus ou moins bien vécu, adaptation sur le tas
(formation continu, conseils travail, cercles d’échanges entre
éleveurs…)
« J’étais un éleveur, je suis devenu un manager, demain je serai un chef
d’entreprise »
« Avant, on gérait des vaches, maintenant on gère des gens »
Les éleveurs unipersonnels : pas envie de suivre cette voie,
préfèrent optimiser la productivité du travail pour se libérer du
temps et construire d’autres projets (sur l’exploitation ou en
dehors)
ð Projet de vie ou stratégie défensive ?
11. changement de compétences des éleveurs et
évolutions du métier
Fidéliser les salariés
Une des préoccupations fortes des éleveurs-managers
Assurer de bonnes conditions de travail : l’automatisation est une
réponse, mais implique une taille critique, donc un agrandissement, lui-même
facteur d’augmentation de la MO effet spirale
Large autonomie des salariés sur les questions techniques (très peu sur
les aspects financiers et stratégiques) surtout dans grands collectifs
Beaucoup de réunions d’échange et de communication avec les
équipes (fiches de procédure, etc..)
Assurer des conditions de vie comparables à des salariés d’autres
secteurs (congés, WE, malgré astreintes)
Des réponses parfois extrêmes (mise à disposition d’habitation)
12. changement de compétences des éleveurs et
évolutions du métier
Veille permanente et développement des réseaux
Beaucoup de temps consacré à s’informer, par tous les canaux disponibles
: cercles ou clubs d’éleveurs, structures de conseil (plutôt privé, payant),
internet, presse nationale et internationale, travaux de chercheurs
Objectif : améliorer la gestion de l’exploitation, l’organisation, la
productivité, la stratégie d’entreprise
S’entourer de compétences diverses
Cas extrême : mise en place d’un « conseil stratégique » (banquier, responsable
coopérative, conseiller gestion, responsable professionnel, chercheur en
économie, entrepreneur hors agriculture...)
13. Conclusions…
Evolutions majeures et rapides d’une part significative des élevages du
nord de l’Europe
Impacts forts sur les structures, sur les compétences des chefs
d’exploitation et la nature même du métier
Des systèmes aux avantages indéniables, qui suscitent cependant des
questions :
Quelle résilience de ces systèmes face à des aléas ?
Quelle pérennité dans le temps (transmission ?
Un modèle (à défaut d’être LE modèle), auquel il faut sans doute
commencer à préparer les éleveurs
Des atouts en termes d’attractivité, mais assurément très différents
des atouts qui motivent les installations d’aujourd’hui