2. Femmes en religion : un nouvel
angle de recherches ?
● Aujourd'hui, l’histoire des femmes et du genre
prend une place très importante dans le champ
des études historiques ou sociologiques.
● Du même coup, se pose avec acuité la
question de l'histoire spécifique du sentiment
religieux, des pratiques, des croyances dans
les esprits - et les corps – féminins.
3.
4. ● Il s'agit moins d'étudier les dispositifs
institutionnels – les ordres monastiques par
exemple – ou les préceptes de la hiérarchie
catholique que de réfléchir sur l'expérience des
individus, leur vécu, leurs itinéraires singuliers.
● Malgré un paradoxe essentiel dans le domaine
des sources :
- comment donner la voix à celles qui ont fait
voeu de silence ?
- comment retrouver des expériences
individuelles dans des vies volontairement
fondues dans le collectif ?
5. ● Le cinéma, surtout dans ses manifestations
"grand public" est un formidable vecteur ( ou
créateur ?) des principales représentations
collectives. Il témoigne, avec certains biais, des
évolutions des mentalités, des enjeux
idéologiques de telle ou telle période.
● Mais le "cinématographe" est également, pour
un certain nombre de réalisateurs, un moyen
d'investigation intellectuelle, un outil
d'interrogation du réel et d'élaboration de
concepts.
6. Religieuses au Cinéma
A-Clichés et stéréotypes populaires.
B- Polémiques et légendes noires
C- Itinéraires de femmes : de l'hagiographie
édifiante à l'interrogation existentielle...
7. A- Clichés
et stéréotypes populaires.
A1- Un personnage pittoresque
et sympathique
A2- La "bonne" soeur
A3- La nonne chantante
8. A1- Un personnage pittoresque
et sympathique
A2- La "bonne" soeur
L’un des plus grands succès du cinéma
français, La Grande Vadrouille (Gérard Oury,
France, 1966) réactive dans le cadre‑
patrimonial des hospices de Beaune -
le thème de la sympathique Sœur de Charité
motif littéraire bien repéré par Claude Langlois
pour le XIXe siècle.
19. B- Polémiques et légendes noires
B1 - Le diable au couvent : la sexualité
en question
entre genre pornographique, allègresse
libertaire
et folies hystériques
42. Religieuses au Cinéma
C- Itinéraires de femmes : de l'hagiographie
édifiante à l'interrogation existentielle...
C2 – Approches romanesques de destins
exceptionnels (pure fiction littéraire ou
inspiration de faits réels)
Le soin des corps et des âmes = anges de douceur, bonnes soeurs dévouées, femmes à poigne...
Nonnes sympathiques et amusantes
Enjouées et chantantes...
Le monachine (1963)
Un film di Luciano Salce.
Two nuns Catherine Spaak, Sylca Koscina) come to Rome to protest to an airline about its jet planes which have been flying over their convent school, disrupting teaching of the little orphans who study there and damaging the ancient fresco of their patron saint through sound vibrations.
France Rumilly = soeur Clotilde
Catherine Spaak : Les petites nonnes
Second foyer de production, l’Amérique du Nord compte onze films (soit un cinquième du corpus), réalisés au fil d’un flot assez régulier entre 1951 et 1996. Il s’agit souvent d’une présentation très valorisante et enjouée de la vie religieuse : comédies musicales (The Miracle ; The Singing Nun et son héroïne dominicaine, sœur Anna ; Sister Act)
"Biopic" retraçant de manière approximative le succès de la chanteuse belge Sœur Sourire, incarnée par Debbie Reynolds.
Second foyer de production, l’Amérique du Nord compte onze films (soit un cinquième du corpus), réalisés au fil d’un flot assez régulier entre 1951 et 1996. Il s’agit souvent d’une présentation très valorisante et enjouée de la vie religieuse : comédies musicales (The Miracle ; The Singing Nun et son héroïne dominicaine, sœur Anna ; Sister Act) ;
Le copain de Yolanda, chanteuse et droguée, meurt d'une overdose. La police la recherche et elle décide de se cacher dans un couvent de bonnes sœurs. Mais la vie des religieuses n'est pas seulement faite de prières et d'amour du Seigneur. Drogue, sexualité, complots, secrets, tigre sauvage… s'y côtoient.
En plus d'un violent réquisitoire anti-religieux (Almodóvar fut élevée par des franciscains et en gardera un souvenir terrible), le réalisateur, dont c'est le troisième film, développe comme toujours les thèmes qu'il lui sont chers (les femmes, la drogue, l'homosexualité…). Cependant, un nouvel aspect de son œuvre s'y dévoile : les références au cinéma.
Yolanda Bell, chanteuse de cabaret portée sur la drogue, assiste impuissante à la mort de Jorge, son ami, victime d'une overdose d'héroïne mélangée à de la strychnine. Prise de panique, elle s'enfuit. Ne sachant où aller, Yolanda se souvient cependant de la visite de la Mère Supérieure du couvent des Rédemptrices Humiliées, il y a de cela quelque temps, un soir, dans sa loge du "Molino Rojo". C'est au sein de cette congrégation qu'elle trouve refuge. Les Rédemptrices Humiliées essaient de remettre sur le bon chemin les jeunes filles perdues. La Mère Supérieure, qui dirige temporairement la communauté, s'adonne elle aussi à la drogue et entretient avec ses protégées délinquantes des relations équivoques. Le couvent est pourtant en crise. La Mère Supérieure trouve les fonds nécessaires au fonctionnement de l'institution en faisant chanter la marquise, donatrice.
À l'intérieur du couvent, les religieuses mènent une vie bien étrange. L'une écrit des romans policiers, l'autre élève un tigre, une troisième est amoureuse du chapelain. Une fête est organisée en l'honneur de la Mère Supérieure. A cette occasion, Yolanda Bell exécute son numéro de chanteuse et remporte un vif succès. Mais la situation se dégrade peu à peu. Une nouvelle Mère Générale entend bien se faire respecter et remettre de l'ordre dans la maison ! L'argent manque de plus en plus. Pour y remédier, la Mère Supérieure accepte de servir d'intermédiaire dans un trafic de drogue avec la Thaïlande; mais la Mère Générale annonce sa décision de fermer le couvent. Yolanda quitte l'institution et laisse la Mère Supérieure à sa détresse.
Italie méridionale, vers 1400. Une jeune femme, Flavia Gaetani, est recluse dans un couvent par son père pour s'être émue du sort d'un guerrier sarrasin, mortellement blessé.
Supportant mal les contraintes de la vie monacale, la jeune femme ressent très vite, de façon toujours plus pressante, les élans d'une sensualité qu'elle ne peut assouvir…
À partir de ce moment, Flavia se rebelle progressivement contre une société entièrement dominée par les hommes ; cependant, l'incursion d'une bande de Sarrasins lui fournit l'occasion de retrouver sa liberté…
Au sein des productions européennes, il faut souligner l’importance des « Sexfilms » c’est-à-dire des films pornographiques, qui constituent quand même un cinquième du corpus global : tous ont été produits entre 1971 et 1986, le plus souvent en Italie.
Jeanne de Belcier, également connue sous le nom de sœur Jeanne des Anges, née le 2 février 1602 à Cozes et morte le 29 janvier 1665 à Loudun est une religieuse ursuline française. Elle est restée célèbre pour avoir été, en 1632, la protagoniste principale de l'affaire des possédées de Loudun, qui conduisit, en 1634, à la mort sur le bûcher du prêtre Urbain Grandier, après un procès en sorcellerie instruit à la demande du cardinal de Richelieu.
Ses écrits autobiographiques et une abondante littérature consacrée à sa personnalité ont permis de conclure qu'elle souffrait de troubles du comportement et de faire de son histoire clinique un cas d'école de « Grande Hystérie1 ».
Ken Russell
Jerzy Kawalerowitz
En italie, nombreux mélodrames dans lesquels le couvent matérialise une rupture forte dans la vie amoureuse d’une femme (La storia di una capinera, 1993, inspiré du roman éponyme de Giovanni Verga) ou dans son rapport à la maternité (Suor Letizia, 1956 avec Anna Magnani).
Le livre à succès Storia d’una capinera (1871) transforma Verga en le maître reconnu du «vérisme», la popularité de ce roman court s'explique par deux raisons: le motif des vœux monastiques forcés à la manière de Manzoni et Diderot et l'aveu poignant d'un amour impossible qui condamne à la folie et à la mort.
L’amour est narré sans rien épargner, dépassant ainsi, comme en France avait fait avec Madame Bovary Flaubert, les «règles» de la morale commune.
Maria, la "fauvette à tête noire" malheureux, est forcée par une méchante belle-mère à prendre le voile. Lors d'un court séjour dans la famille pour éviter la contagion du choléra elle tombe en amour avec un jeune homme, Nino, qui tout en découvrant une attraction obscure pour elle, en effet lui préfère la demi-sœur, qui a la dot. Après les vacances et retournée au couvent la petite pauvre ne réussit pas à oublier ni à s'habituer de nouveau à ce mode de vie qui lui semble maintenant devenu absurde et insupportable. À ce stade, son amour secret devient une sorte de frénésie obsessionnelle, qui est résolue dans la consommation totale jusqu'à sa mort, dernière option lui accordée, lieu unique de calme laissé désormais à la petite pauvre.
Le conte décrit l'histoire d'une âme pure et simple qui s'ouvre à la profondeur de l'amour et la répression de la société pour la force révolutionnaire même de l'amour.
Le thème de l'amour-passion en même temps intense et romantique génère un état d'empathie et de distance critique d’un sentiment si idéal et vous fait penser à quelles alternatives il y a à ce destin "cynique et tricheur" que la protagoniste incarne sans aucune chance de rédemption.
Consacré au rôle des religieuses dans l’internement et l’exploitation économique de femmes considérées comme déviantes (« Madeleines » travaillant quasiment gratuitement dans des blanchisseries et y subissant souvent des violences) dans l’Irlande des années 1960, le film de Peter Mullan, lauréat du Lion d’or à Venise en septembre 2002, internationalisa en quelque sorte la crise qui secouait la société irlandaise depuis les années 1990 sur les abus commis au sein d’institutions catholiques.
Face aux accusations de ce film, solidement documenté mais clairement dénonciateur, l’Église catholique conserva une certaine réserve et se limita à une critique des excès de ce film : L’Osservatore romano souligna ainsi les généralisations abusives d’« un scénario qui se révèle immédiatement à thèse », avant de définir le film comme une « provocation haineuse et rancunière » que le festival de Venise « fait passer pour une œuvre d’art » mais qui ne permettra pas de lancer une démarche de repentance à laquelle l’Église s’estime toutefois disponible.
La polémique autour du film donna donc l’occasion à différentes voix, « foyers » producteurs de « discours sur la société », de s’exprimer sur ce passé, notamment des victimes, qui portent leurs accusations en justice pour obtenir reconnaissance et indemnisations.
a vie de sainte Thérèse de Lisieux portée à l'écran L'adaptation au cinéma de la vie de la "petite Thérèse" : depuis sa sortie aux États-Unis, ce film connaît un immense succès. Sa parution en France est un événement important. Des premières années avec sa famille au Carmel de Lisieux, il montre le cheminement vers la sainteté de la "plus grande sainte des temps modernes". Quand elle écrit son autobiographie, sainte Thérèse ne se doute pas du succès et de la fécondité qu'elle va susciter : l'"Histoire d'une âme" est le best-seller religieux du XXe siècle. "Thérèse Le film" en est l'adaptation, parfaitement fidèle. Enfin disponible en France Un film dédié au pape Jean-Paul II et qui a reçu son approbation. "Je donne ma bénédiction non seulement au film mais aussi à tous ceux qui le verront." (Jean-Paul II, à l'issue de la projection au Vatican, 8 mai 2003)
The biography of Ana de los Angeles Monteagudo, an outstanding nun of the Monastery of Santa Catalina, in Arequipa, Peru. A mystical character that reformed live in the monastery. An example of a living full of loyalty for her convictions and ideals.
Le Dialogue des carmélites est un film franco-italien de Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger, d'après les dialogues de Georges Bernanos inspiré de la nouvelle La Dernière à l'échafaud de Gertrud von Le Fort, et sorti sur les écrans en 1960.
La nouvelle de Gertrud von Le Fort parue en 1931 avait donné l'idée d'un scénario aux cinéastes Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger. Georges Bernanos en conçut les dialogues juste avant sa mort en 1948, mais le projet fut finalement abandonné. Jacques Hébertot décide néanmoins de porter à la scène le travail de Bernanos et crée Dialogues des carmélites le 23 mai 1952 au théâtre Hébertot.
En 1953, le compositeur Francis Poulenc choisit le livret que le dramaturge italien Flavio Testi a tiré de la pièce montée par Hébertot comme base de son nouvel opéra. Il adapte lui-même le texte de Bernanos pour une version française qui est créée le 21 juin 1957 à l'Opéra de Paris sous le titre Dialogues des carmélites. Le succès de l'œuvre incite Agostini et Bruckberger à reprendre leur projet cinématographique initial dont le tournage a lieu en septembre-octobre 1959.
Née sourde et aveugle, incapable de communiquer, Marie Heurtin est une "sauvage". Les médecins n'ont pas d'autre solution que l'asile. Ses parents s'y refusent et la confient à un institut tenu par des religieuses : on y accueille déjà des jeunes filles sourdes. Sr Marguerite se prend d'affection pour elle. Bientôt elle n'a plus qu'un seul but : faire sortir le "petit animal sauvage" de sa nuit...
Comment une religieuse a sauvé une jeune fille considérée comme perdue par les médecins parce que, sourde et aveugle, elle ne parvenait pas à communiquer...
Ce film est magnifique. C'est, d'abord, une histoire vraie. Cet institut et la méthode de Sr Marguerite sont aujourd'hui des références pour l'apprentissage des déficients sensoriels. Les deux actrices sont extraordinaires : Isabelle Carré campe une religieuse rayonnante de foi et de générosité, Ariana Rivoire, elle-même sourde, est impressionnante de justesse.
Et puis, quelle émotion... Devant chaque infime progrès, devant cette jeune fille qui sort des ténèbres, ce film emprunt de beauté et de contemplation (les images sont superbes) est un récit émerveillé et plein de fraîcheur, un hommage bouleversant.
Deborah Kerr
À 21 ans, Gabrielle Van der Mal, fille d'un chirurgien de grande réputation, décide d'entrer dans un couvent de Bruges. Devenue sœur Luc, elle participe avec ferveur à la cérémonie de prise de voile. L'apprentissage de la vie religieuse devient une épreuve cruelle, car la jeune femme supporte difficilement la règle d'obéissance absolue, dont elle ne perçoit guère le sens. Elle résiste aux efforts de persuasion d'une mère supérieure qui, au nom de la valeur d'humilité, lui demande d'échouer à l'examen final de l'École de médecine tropicale. Finalement reçue à cet examen, sœur Luc est envoyée dans un asile de malades mentaux à Bruxelles. Son esprit d'initiative mal contrôlé fait qu'elle réussit mal. Elle part pour le Congo où la Congrégation des sœurs Augustines lui confie un poste d'assistante médicale auprès du chirurgien Fortunati, homme de devoir, fier de son athéisme…
Après de nombreuses épreuves physiques et psychologiques, elle rentre en Belgique alors que la guerre menace. Elle se met au service d'un hôpital et est très vite confrontée à un cas de conscience. Pour rejoindre les rangs de la résistance, elle quittera le voile dans une scène finale dure de sens et de solitude… Seule, elle laisse ses habits rituels, récupère les quelques effets personnels et par une porte dérobée qui s'ouvre sur une ruelle vide. Les bruits de la ville accompagnent uniquement cette dernière scène sans musique. Seuls trois coups de cloche sont perceptibles sur le carton en surimpression : « The End ».
Ida
Pawel Pawlikowski
Memento Films , (juillet 2014)Dvd
L'avis de La Procure
Quelques semaines dans la vie d'Ida, une jeune polonaise qui, au moment de prononcer ses voeux, est rattrapée par son passé et sa famille juive incarnée par sa tante. Ce film tourné dans un noir et blanc admirable laisse sans voix. La Pologne des années 60 est austère, et la vie y est rude. Deux portraits de femme portés par deux grandes comédiennes. Ida marche face à nous vers son destin, et ce final ne s'oublie pas !
Anne-Marie quitte sa famille bourgeoise pour rejoindre le couvent des dominicaines de Béthanie qui recueille des jeunes femmes à leur sortie de prison. Anne-Marie se voue à cette nouvelle mission avec une ardeur qui va bouleverser la vie de la congrégation... Ce premier film de Robert Bresson, Les Anges du péché, a longtemps été difficile à voir avant d'être parfaitement restauré. Il a été réalisé pendant l'Occupation et tranche assez nettement avec la production de l'époque, ne serait-ce que par son sujet. Bresson en a écrit le scénario en s'inspirant d'un livre écrit par le père Lelong que lui a conseillé son ami le père Bruckberger, conseiller sur le tournage. Les dialogues sont signés Jean Giraudoux dont la notoriété a joué un grand rôle dans l'aboutissement du projet.
Même s'il se déroule presque entièrement dans un couvent, Les Anges du péché n'est pas tant un film sur la religion mais plutôt sur la quête d'absolu. Le chemin que la jeune Anne-Marie emprunte est celui d'une dévotion totale, plus dans la recherche d'un accomplissement personnel que par altruisme. La jeune femme en quête de rédemption qu'elle veut sauver devient même un obstacle à ses yeux, au même titre que les règles pourtant très strictes de la communauté. Bresson ne porte pas de jugement mais a le talent de montrer l'enchainement des mécanismes, les chemins suivis. Il montre beaucoup mais de façon non ostentatoire, dans une mise en scène très limpide.