"Que veulent les Destouriens" article paru le 21 nov 2013 sur Réalités. Hajer...
Livre noir une honte pour la république
1. actuel
Le “Livre noir” de la Présidence
Une honte
pour la République
''Le Système de propagande sous Ben Ali'' ou la «liste noire» des journalistes
corrompus, longtemps attendue par tous, vient de tomber ! Il ne s’agit pas
d’une liste établie par le syndicat des journalistes, pas plus que d’une
publication réalisée par le ministère de la Justice transitionnelle, mais d’un livre
édité par la présidence provisoire de la République !
De nombreuses personnes ont été surprises de voir le livre présenté par Salah
Attia, zeélateur réputé de Leila Ben Ali et du régime déchu, sur une chaîne de
télévision, Al Motawasset, connue pour être proche de la Troïka…
É
trangement, la scène d’une pareille
présentation nous projette dans le
passé, à une époque que nous
croyons révolue et que le livre même prétend combattre : l’avant 14 janvier et les
médias valorisant les «réalisations du régime.»
Publier les noms de personnes ayant aidé
l’ancien régime à tenir toutes ces années
et faire justice à tous ces gens dont la réputation a été éclaboussée, voire dont la
vie a été brisée par les écrits de journalistes à la solde du système est et reste,
une revendication légitime.
Les journalistes et les hommes de médias
8 - Réalités - N°1458 - du 5 au 11/12/2013
qui n’ont rien à se reprocher, demandent,
depuis deux ans, l’ouverture du dossier.
D’un côté, ils veulent connaître les noms
de ceux qui ont gangréné le secteur de
l’intérieur, empêchant toute possibilité de
liberté d’expression et d’épanouissement
personnel et d’un autre, ayant abattu la colère populaire sur les médias. Aujourd’hui, des journalistes honnêtes se
font agresser, insulter, sont chassés des
lieux de couverture des événements et
sont accusés d’appartenir aux «médias de
la honte» à cause de leurs collègues incriminés.
Les anciens militants, la population, l’élite
tous veulent connaître les noms de ceux
qui ont nourri le système et qui ont trahi
leur profession en étouffant la possibilité
de toute revendication et réclament le
droit de savoir. Mais la nouvelle de la sortie du livre ne comble pas ces attentes et
pour cause, un véritable court-circuit a été
opéré par cette publication.
État de droit
Le président provisoire, « ancien militant
des droits de l’Homme » et ayant toujours
vanté les mérites de la justice transitionnelle, a trouvé en la publication d’un pareil livre, la possibilité de faire passer ce
2. EN COUVERTURE
actuel
Néjiba Hamrouni, Présidente du SNJT
«Le Livre Noir sert la campagne présidentielle
de Marzouki avant l’heure»
Le Syndicat national des journalistes tunisiens
(SNJT) n’a pas tardé à réagir à la suite de la
publication du Livre Noir de Moncef Marzouki.
Pour Néjiba Hamrouni, sa présidente, il s’agit
d’une analyse incomplète de l’archive trouvée
au Palais et une tentative de la part du
président de la République de régler ses
comptes et de faire sa propre propagande.
Beaucoup pensent que le SNJT a fortement réagi à la
publication du Livre Noir, car il avait demandé d’avoir
accès à l’archive des journalistes impliqués dans le système Ben Ali et la Présidence avait refusé.
Nous avons une position de principe : le SNJT est contre le
traitement de l’archive, qui est la propriété de tout le peuple tunisien, par une institution ou une personne ou un parti. Cette
opération ne peut avoir lieu en dehors du système de la justice
transitionnelle et via des experts. Ces deux conditions n’étant
pas réunies, cela met en doute la crédibilité de ce livre, d’autant
plus qu’il y a eu des gens qui servaient le régime de Ben Ali et
dont les noms n’ont pas été cités. On se demande alors quels
sont les critères de sélection des journalistes cités dans le livre?
En ce qui concerne le contenu lui-même, nous ne nions pas que
ce bouquin contienne des vérités, mais elles auraient dû être
traitées autrement. En plus, nous avons noté que certaines informations étaient fausses ou exagérées. On ne peut pas mettre
sur un même pied d’égalité quelqu’un qui a écrit un seul article
dans sa vie où il faisait l’éloge de Ben Ali et un autre qui a
passé vingt ans à servir l’ancien régime !
Comment jugez-vous cette action de la part du président
de la République et quel est son objectif selon vous ?
Tout d’abord, nous voudrions comprendre pourquoi Le Livre
Noir ne concerne que les journalistes. Il y a aussi des avocats,
des juges, des hommes d’affaires qui ont servi l’ancien régime.
Ce livre pourrait être une introduction pour dévoiler la vérité
sur l’appareil de propagande de Ben Ali, mais cette affaire ne
devrait pas être traitée de cette manière. Car elle concerne tout
un pays. Il est impossible de la résoudre dans le cadre de règlements de comptes entre partis politiques ou pour servir une
campagne présidentielle avant l’heure, entreprise par Moncef
Marzouki.
Le SNJT a demandé maintes fois d’avoir une copie de la
liste noire des journalistes ayant servi le régime, mais la
Présidence ne vous l’a pas donnée, pourquoi ?
qu’il n’a pu réaliser par les lois. Mais il a
oublié que l’exigence d’ouvrir le dossier
des journalistes corrompus vient de l’aspiration des Tunisiens à construire un État
de droit. Or, dans un État de droit, accuser
À maintes reprises nous avons demandé à la Présidence de
nous fournir cette liste et non l’archive retrouvée dans le Palais.
Pour nous, il s’agissait d’une couverture pour le syndicat quand
il allait la publier. Je me rappelle qu’Ayoub Massoudi, l’ancien
conseiller du président, m’avait montré une partie de cette archive et je lui avais formulé cette demande. À chaque fois nous
avons reçu de la Présidence des promesses qui n’ont jamais été
tenues.
Êtes-vous convaincue que, malgré tout, il est nécessaire
de publier la liste noire des journalistes ayant servi l’ancien régime ?
Nous avons besoin de connaître ceux qui avaient servi ce système, mais cela doit se faire dans le cadre de la loi sur la justice
transitionnelle, laquelle n’a toujours pas vu le jour. Nous réclamons que toute l’archive trouvée à la présidence soit révélée
et pas seulement la partie mise dans le livre. Il faut aussi dévoiler l’archive du ministère de l’Intérieur, du RCD et de l’exministère de l’Information, relative à ce système de
propagande.
Nous estimons que le rôle d’un président de la République est
de conserver l’archive et de la donner à la justice, au lieu de
l’utiliser comme instrument de chantage. Le chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur devraient faire de même.
Allez-vous entamer des actions concrètes après la publication du livre ?
Nous n’allons pas lui donner davantage de valeur. Il s’agit
d’une analyse partielle de l’archive trouvée au Palais. Il y a des
gens qui sont cités et qui sont réellement impliqués et d’autres
qui n’ont même pas été mentionnés.
les gens de corruption ne se passe pas en
dehors des tribunaux, mais via la voie de
la justice. Il passe ainsi outre les fondamentaux des Droits de l’Homme et affiche
un total mépris des lois et des institutions
Propos recueillis par H.Z.
en publiant une liste de personnes n’étant
pas passées devant le juge ni ayant pu
jouir de leur droit à la défense.
Le président provisoire fait preuve également d’un dépassement inacceptable dans
du 5 au 11/12/2013- N°1458 - Réalités - 9
➥
3. actuel
Réponse du Taïeb Zahar, président de la Fédération tunisienne des dire
“L’opinion publique saura discerner le m
de la vérité”
«
rité. Au niveau de la fédération, nous
nous réservons toutes les mesures légales et avons tous les droits, par la loi,
de défendre notre dignité et de faire
éclore la vérité.
Et M. Zahar de poursuivre : « Nous
n’avons pas attendu la sortie de ce torchon truffé de calomnies et de mensonges pour réclamer la lumière sur le
comportement concussionnaire de certains journalistes qui ont usé et abusé du
temps de l’ancien régime et qui aujourd’hui sont “récupérés” par la Troïka
pour continuer à faire leur sale boulot.
C’est ce qui vaut probablement à “Réalités” d’être à “l’honneur”.
Je souhaite rappeler les termes de
l’édito que j’ai signé dans notre édition
n°1317 du 24 mars 2011 qui porte le
titre : «ATCE et Police Politique : le
devoir de vérité ! » :« Il me parait évident d’affirmer que la presse tunisienne, tout medias confondus, est en
train de jouer un rôle déterminant dans
la réussite de la transition démocratique. Toutefois, pour se réconcilier
avec l’opinion publique et conquérir
son rang de quatrième pouvoir, il lui
faudrait solder le lourd legs du passé.
Car si un secteur est sorti sinistré des
23 ans de pouvoir de Ben Ali, c’est bien
celui de l’information. Pour les directeurs de publications, le choix était
clair, soit se soumettre au diktat de Abdelwaheb Abdallah et faire de la langue
de bois la seule ligne de conduite et du
harcèlement des démocrates le sport favori, soit d’essayer de résister en privilégiant un journalisme respectueux de
la déontologie et de ses lecteurs et s’attirer par voie de conséquence les foudres de guerre du Pouvoir. Vous
devenez de fait l’ennemi à abattre. Réalités a toujours adopté une attitude
digne et en conformité avec ses principes de respect de la liberté d’expression. Des compromis oui, des
compromissions jamais. Nous avons
souvent dû payer un lourd tribu pour
notre indépendance. Nos fidèles lecteurs pourront en témoigner. Bientôt
nous publierons pour ceux qui n’ont
pas eu l’opportunité de nous lire, et en
particulier les jeunes, des articles parus
tout au long des trente deux années
d’existence de notre journal et qui ont
suscité de la part du pouvoir des sanctions allant de la suspension de six mois
à la saisie du numéro incriminé, en
passant par des périodes plus au moins
longues de privation de publicité et
d’abonnements publics. Pressions financières (même si nous n’avions jamais bénéficié de plus d’une page de
publicité par numéro, alors que d’autres
en avaient dix fois plus et employaient
dix fois moins de journalistes) mais
également pressions politiques intolérables. Si aujourd’hui j’ai décidé d’en
parler, ce n’est pas pour rechercher une
quelconque reconnaissance pour Réalités, mais plutôt pour demander des
comptes à ceux qui ont mis en place et
utilisé un instrument (l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure)
créée dans le seul but de vassaliser la
presse libre. Le député Mohamed Yahiaoui ne s’est guère trompé en quali-
tion avec son bureau de presse et les
personnes ayant participé à l’élaboration du livre, une archive qui devait être consultée par un comité
spécial désigné pour trancher dans
cette affaire et composé d’historiens,
d’hommes de loi et de médias.
Tant d’infractions commises par le Prési-
dent provisoire dans cette publication
dans un pays qui se veut démocrate… Pis
encore le Président tente, à travers ce
livre, de gagner des voix et de se faire
«apprécier» , dans un geste plutôt populiste et irréfléchi dans une période de crise
où le citoyen perd confiance en la classe
politique.
Le livre constitue un véritable
blanchissement de nombreuses
personnes impliquées et dont le nom
n’a pas été cité. Il témoigne d’une bassesse politique jamais constatée auparavant, surtout venant d’une personne
qui se targue d’être militante en Droits
de l’Homme mais qui, en éditant cette
liste, ne respecte ni la loi ni l’éthique. Il
n’y a jamais eu recours à ce genre de
procédure par le passé. Nous n’avons
non plus jamais connu autant de diffamations dans les journaux comme on en
connaît depuis deux ans sans aucune
réaction de la part du locataire intérimaire de Carthage.
Dans un édito paru en 2011, nous avons
exigé l’ouverture du dossier de la corruption et nous continuons aujourd’hui
à exiger de faire la lumière sur le financement occulte qui arrose la presse et
qui vient de milieux douteux.
Jamais auparavant on n’a essayé de
faire mesure de rétention sur la presse
pour la mettre à genoux sur le plan financier, telle la suppression des abonnements publics, et par l’absence de
transparence et d’équité dans la distribution de la publicité publique. On
trouve aujourd’hui le moyen de sortir
un torchon rempli de contre vérités et
de mensonges qui fait honte au président et à tout le pays.
Aujourd’hui nous exigeons que ces archives soient remises à la justice et non
pas livré à l’apanage d’un clan pour régler des comptes partisans.
De toutes les façons, l’opinion publique
saura discerner le mensonge de la vé-
➥
un pays ayant connu une Révolution :
celui du pouvoir exécutif qui s’immisce
dans la justice. Le ministère de la Justice
transitionnelle est ainsi court-circuité. Le
président provisoire – éditeur – court-circuite aussi le syndicat des journalistes tunisiens…
Il a également ouvert, en collabora-
10 - Réalités - N°1458 - du 5 au 11/12/2013
4. EN COUVERTURE
actuel
directeurs de journaux
e mensonge
fiant l’ATCE, au moment de sa création en 1990, d’outil de propagande
digne de l’Allemagne Nazi et de
Goebbels. D’ailleurs suite à sa déclaration, Ben Ali décida de boycotter la
cérémonie de célébration de la fête de
la République. Aujourd’hui, si l’on
veut définitivement tourner la page et
construire une presse digne de la Révolution, il faut que les Tunisiens sachent comment a été dépensé leur
argent. Sur quels critères cette publicité publique a été distribuée aussi
bien aux journaux locaux qu’aux journaux étrangers, et pour quels usages ?
Quels étaient les mercenaires qui ont
bénéficié de sommes d’argent pour
faire de la désinformation ou harceler
les opposants ? Beaucoup de surprises nous attendent, mais pour cela
il faut que les pouvoirs publics jouent
le jeu de la transparence. De même, et
loin de nous l’idée d’instaurer une
chasse aux sorcières, il me paraît impératif, au moment où nous venons
juste de dissoudre la Police Politique,
de voir quels étaient les «confrères»
qui étaient payés pour faire de la délation. Certains faisaient des rapports
quotidiens en contrepartie d’avantages
de toutes sortes. C’est à ce prix seulement qu’on parlera d’assainissement
du secteur et qu’on pourra distinguer
le bon grain de l’ivraie. C’est à ce prix
enfin que nous distinguerons les vrais
journalistes des mercenaires qui, profitant de cette révolution, tentent de se
retrouver une nouvelle virginité. Nous
exigeons la vérité ».
L’arroseur arrosé
Et si l’on voulait procéder dans cette logique de délation sur laquelle s’est appuyée la présidence et ses collaborateurs
dans l’élaboration du livre, nous découvrirons rapidement que le nom du président provisoire Moncef Marzouki
Les articles rédigés
par Moncef Marzouki
en soutien à Ben Ali
figurerait en tout mérite sur la liste en
question. Ainsi, lui qui a toujours assuré
s’être toujours opposé à Ben Ali, a écrit
dans un article titré « Pour que réussise
l’élève la Tunisie » et paru le 25 mars
1989 sur les pages d’Essabah : «Pour que
viennent ces 99% non pas en réveillant
en nous l’ironie mais pour exprimer la
confiance que nous avons en l’homme du
consensus, pour qu’il soit le président de
tous les Tunisiens et non pas celui des
uns et pas des autres et de l’attente que
cette confiance soit réciproque ».
En matière d’articles, les phrases ci-dessus citées, parues en soutien à l’ancien
président Ben Ali à la veille des élections
d’avril 1989, ne constituent nullement une
exception puisqu’il avait publié d’autres
écrits allant dans le même sens.
Ainsi, si nous voulions passer outre le
mépris des lois et des droits dont le président se réclame, et supposons même
que le droit lui revenait d’écrire aujourd’hui pareil livre, en consultant les
pages, l’on constate qu’il tombe luimême dans une campagne de diffamation
qu’il dirige à l’encontre de ceux qu’il
cite. Il éclabousse la réputation de personnes innocentes et omet de citer celles
qui sont fortement et publiquement impliquées…
Menaces
Outre les dépassements commis et le fait
de tenter, via ce livre, de manipuler l’opinion dans la promotion de sa propre
image, le Président met en danger la vie
des personnes citées. On ne peut trancher
de l’acquittement ou de l’implication des
personnes dont le nom a été publié, car
cela nécessiterait une procédure judiciaire, mais la certitude est que certaines
d’entre elles peuvent être agressées, harcelées, si ce n’est pire…
Le président aura choisi une période d’insécurité, où nous avons connu deux assassinats politiques et où des listes de
journalistes menacés de mort sont établies, afin d’en rajouter «une couche» et
d’offrir à qui le souhaite le prétexte de de
légitimer ses violences. …
Hajer Ajroudi
du 5 au 11/12/2013- N°1458 - Réalités - 11
5. Actuel
Bchira Ben M’Rad
L’éternelle…
Sur un écran au Théâtre municipal nous pouvions voir la
photo, en noir et blanc, d’une
femme dont le visage exprime
la volonté et la force. Un sourire se dessine sur ses lèvres et
son regard et déterminé…
C’est feu Bchira Ben M’rad,
militante des Droits de la femme à une époque où la femme
tunisienne était reléguée au
rang d’objet. Née en 1913 et
décédée en 1993, c’est
dimanche 1er décembre, au
théâtre municipal, que de nombreuses personnalités,
hommes et femmes, sont
venues célébrer son centenaire. Ils sont venus rendre hommage à celle qui voua sa vie à
l’émancipation des femmes
tunisiennes et à leur libération
du joug de l’ignorance.
F
ondatrice, en 1936, de l’Union
musulmane des femmes de
Tunisie, Ben Bchira M’rad, filleule
d’illustres cheikhs d’Islam, a entamé le
militantisme âgée d’à peine 22 ans,
quelques années plus tôt, par la simple
initiative d’une soirée de dons.
Loin de l’extrémisme ou de l’agressivité
d’un féminisme moderne, Bchira Ben
M’Rad a caressé le rêve d’une société où
hommes et femmes pouvaient avancer
ensemble. Avant que le sujet des droits de
la femme ne soit évoqué dans d’autres
pays occidentaux, elle a commencé à
bâtir la société dont elle rêvait en Tunisie,
alors colonisée.
Elle a milité tout d’abord pour améliorer
les conditions de la femme tunisienne,
pour arracher son droit à l’éducation,
elle-même ayant joui d’une éduction
rarement disponible aux femmes de sa
génération.
14 - RéAlités - N°1458 du 5 au 11/12/2013
Bchira Ben M’Rad, une icône du militantisme féminin
Bchira Ben M’Rad n’a pas seulement
pensé à l’éducation des mères, mais aussi aux enfants de la patrie qui étaient
également un peu les siens. Elle collectait les dons, voire fournissait son propre
argent pour aider les étudiants à l’étranger à poursuivre leur cursus universitaire. Cette générosité naturelle venant
d’une femme qui, dans un noble geste de
pardon, a offert l’héritage légué par son
Quand les jeunes découvrent une phase lumineuse
de leur histoire !
6. NATION
Actuel
Une équipe provenant de générations différentes
a animé la cérémonie
mari à ses enfants d’une autre femme,
découverts après sa mort, n’étonne pas.
Car à cette bonté naturelle s’ajoutait la
clairvoyance et la conviction que la
Tunisie ne pouvait obtenir son indépendance sans une jeunesse éduquée et
diplômée. Son combat d’alors n’excluait
pas les hommes, mais si elle les soutenait par les dons financiers, elle se sacrifiait presque pour les femmes et leur
émancipation.
Convaincue également que les femmes
devraient participer à l’Indépendance,
elle fut parmi les premières à être d’une
façon ou d’une autre sur les rangs. Sans
porter les armes, elle fut une menace et
les autorités françaises ne tardèrent pas à
le savoir et à agir en conséquence. Ainsi,
à une époque où la réputation de la femme était d’une telle fragilité que le simple
fait de sortir même pouvait l’anéantir,
elle ne s’est point retirée malgré les arrestations et l’emprisonnement.
Bchira M’Rad, qui échappa à l’exil lors
de sa lutte pour l’Indépendance, eut à le
subir après sa proclamation. La femme
qui avait lutté contre les ténèbres et qui
avait ouvert la porte à ses compatriotes
pour qu’elles puissent s’épanouir dans la
lumière, se retrouva alors dans la
«chambre noire» «Bit Dhlem»… exilée
sans avoir quitté la Tunisie, oubliée par
ceux qu’elle avait soutenus, trahie
presque par ceux en qui elle avait cru…
Les dizaines d’années que cette militante
a dû passer dans les oubliettes n’ont pourtant effacé ni son souvenir, ni
la grandeur de son œuvre, ni
même la gratitude qu’éprouvent des gens qui ne l’ont pas
connue, mais qui savent que
c’est en partie grâce à elle et à
des militantes de sa trempe
que les droits ont été octroyés
et l’éducation a pu être différente et riche.
Alors, quand la voix suave de
Sonia M’Barek s’est mise à
déchirer le silence du théâtre
municipal cantonnant «la perle», tous ont eu une pensée
émue et reconnaissante pour
Bchira Ben M’Rad qui n’a
certes pas été présente pour
assister à un pareil hommage,
mais dont le souvenir sera
éternel chez les générations
tunisiennes.
De nombreuses personnalités ont assisté au centenaire de Bchira Ben M’Rad
Hajer Ajroudi
du 5 au 11/12/2013 - N° 1458 - RéAlités - 15
7. Actuel
Situation politique
Entre amendements et blocages
Au moment où les différentes
parties se réunissaient, entamant
un dialogue qui peine, des
amendements ont été effectués
au niveau du règlement interne
de l’ANC. Le blocage et la
méfiance régnant sur le dialogue
national se sont alors propagés
au sein de l’Assemblée. D’un
côté, Ennahdha insistait pour
imposer Ahmed Mestiri, ce qui a
été jugé par certains comme une
tentative d’installer au pouvoir
quelqu’un sur qui le parti aurait
de l’influence et, de l’autre,
apportait des modifications
pouvant lui octroyer plus de
pouvoir au sein de l’ANC. Des
deux côtés, Ennahdha semblait
ne pas vouloir lâcher le pouvoir,
mais aussi gagner du temps en
cultivant la diversion…
Décryptage
D
écidés le 4 novembre dernier, les
amendements introduits sur les articles 38 et 79 du règlement interne
de l’Assemblée constituante (ANC) ont
été annulés le 27 du même mois. D’autres
modifications apportées aux articles 106 et
126 ont par contre été maintenues.
Un vif débat national et politique a été provoqué par ces amendements. L’opposition
a souligné qu’ils servent l’intérêt d’Ennahdha et lui octroie plus de pouvoir au sein
de l’ANC. Hormis les amendements effectués sur l’article 106 prévoyant d’accélérer
le rythme de l’ANC et l’adoption de la
Constitution, ceux ayant touché les autres
articles ont été rejetés, provocant le boycott de la part de l’opposition.
Ettakatol, partenaire dans la Troïka, a également exprimé son refus des mêmes modifications, notamment celles touchant à
l’article 79, jugeant qu’elles visent particulièrement le président du parti et de
l’ANC, Mustapha Ben Jâafer.
Après presque trois semaines de négociations, le 27 novembre 2013, l’ANC a annulé lors d’une séance plénière les
amendements apportés aux articles 36 et
79. Le vote a été emporté grâce à 150 voix
appuyant le retrait contre 49 objections et
14 abstentions.
On semble alors avoir dépassé le blocage…
Néanmoins, les amendements ont été apportés lors d’une période critique où quartet, opposition et gouvernement essayaient
de trouver un terrain d’entente pour pouvoir avancer sur le terrain du dialogue national. L’issue de ce dialogue aurait limité
le pouvoir d’Ennahdha puisqu’elle aurait
abouti à un nouveau gouvernement constitué de technocrates indépendants. Le parti
au pouvoir aurait alors cherché à s’assurer
plus de pouvoir à travers l’ANC, institution dont la dissolution fut en été exigée,
mais que la Troïka a «réussi à sauver.»
Est-ce le blocage du dialogue qui aurait,
en cas de réussite, limité le pouvoir d’Ennahdha, qui a rassuré le parti islamiste et
l’a incité à revenir sur les amendements
pour ne pas ouvrir plusieurs fronts au
même moment ?
Sahbi Atig a par ailleurs déclaré qu’Ennahdha «revient sur les amendements pour
renforcer le consensus et faire aboutir le
dialogue national et la transition démocratique». Ennahdha ne semble donc plus
avoir besoin de ces amendements puisque
le parti est toujours en place dans le gouvernement et fait preuve de bonne foi en
revenant sur ces modifications. Mais, encore une fois, le pays en pleine crise perd
un temps précieux à résoudre des problèmes aléatoires et collatéraux.
La situation à l’ANC ne s’améliore pas
pour autant puisque l’Assemblée n’est pas
encore sortie de l’impasse. Ainsi, même si
le différend autour des amendements a été
résolu, la question de l’ISIE demeure
figée.
En effet, le tribunal administratif a annulé
pour la troisième fois les travaux de la
commission chargée du tri des candidatures. Les raisons de l’annulation sont
«non-conformité à la grille d’évaluation
des candidatures à l’ISIE» et «défaut de
promulgation et publication de la loi organique sur l’ISIE II au JORT.»
La commission menace de son côté d’instaurer une loi, en dernier recours, empêchant le tribunal d’annuler ses propres
travaux.
Outre l’impasse concernant l’ISIE, dont la
constitution est l’un des points de la feuille
de route proposée par le Quartet, d’autres
blocages parsèment le dialogue national,
déclaré par ailleurs cliniquement mort par
Lazher Akremi.
16 - RéAlités - N°1458 - du 5 au 11/12/2013
Dialogue national
en réanimation
Depuis deux semaines dure le blocage, à
cause de la personnalité du chef du gouvernement, et à l’heure actuelle plus personne ou presque n’y croit. Rappelons que
le gouvernement et l’opposition se sont retrouvés au point mort, les premiers soutenant la candidature d’Ahmed Mestiri et les
derniers la rejetant.
Abdessatar Ben Moussa, président de la
Ligue des Droits de l’Homme en Tunisie,
membre du Quartet, a proposé une solution «neutre», à savoir laisser aux quatre
organismes initiateurs du dialogue le choix
du nouveau chef de gouvernement.
La solution pourrait en effet dénouer la situation à défaut d’un refus par les uns ou
les autres du nom qui sera proposé.
Néanmoins le dialogue national entamé
malgré maints obstacles se déroule de plus
en plus dans une ambiance plombée par la
méfiance. Lazhar Akermi a souligné dans
sa déclaration à Mosaïque FM que la raison de la mort du dialogue national est le
manque de confiance entre les différents
partis. Quant à Yassine Ibrahim, il a démontré que la crise autour du nom du chef
du gouvernement prouve l’irréalisme et le
manque de pragmatisme des acteurs politiques et des forces syndicales.
Il est alors difficile de croire en une possibilité de réanimation du processus du dialogue, même si le quartet peut encore y
apporter une solution en proposant un
nom.
En attendant le dénouement, la situation
sécuritaire est plus précaire que jamais.
Sahbi Jouini, chargé des affaires juridiques
auprès de l’Union nationale des syndicats
des forces de sûreté (UNSFS) a déclaré il
y a quelques jours que 2 tonnes d’explosifs
ont été saisis et que la situation ne présage
rien de bon. Il a souligné par ailleurs que
les autorités n’ont pas encore commencé à
lutter contre le terrorisme.
D’un autre côté, l’effondrement économique et l’approche des dates commémoratives de la Révolution des 17 décembre
2010 – 14 janvier 2011 alimentent les tensions et les revendications socio-politiques. Aujourd’hui et plus que jamais, le
dialogue national devrait aboutir à des prémices de solution, quant à l’ANC, elle devrait commencer à présenter des projets et
des institutions concrets et finis…
Hajer Ajroudi
8. Actuel
Maroc
Sur tous les fronts
Inauguré par l’actrice américaine,
Sharon Stone, le Festival international
du film de Marrakech fait du Maroc
l’une des capitales du cinéma mondial
Le Maroc continue à s’imposer dans la région. Cinéma, industrie,
économie, opportunités d’investissements, tourisme et partenairiat
dans la lutte contre le terrorisme, en constituent les points de force.
Appuyé par Washington dans son plan d’autonomie du Sahara et
considéré comme un allié stratégique au Maghreb, le royaume se
trouve aujourd’hui sur tous les fronts…
D
u festival international du film de
Marrakech, inauguré par l’actrice
américaine, Sharon Stone,vendredi dernier, au forum maroco-russe, expression d’une diplomatie active, le Maroc
donne l’impression d’être le seul pays du
Maghreb à stable et sûr de lui-même.
Une cinquantaine d’entreprises russes participent par exemple, entre le 1er et le 4
décembre, au forum organisé par le
Conseil d’affaires maroco-russe, présidé
par Hassan Sentissi El Idrissi du côté ma-
rocain, en partenariat avec Maroc Export
et l’ASMEX (Association marocaine des
exportateurs.)
L’objectif est de démontrer les opportunités et les leviers de croissance que peut offrir le Maroc en tant que marché et passage
vers l’Afrique.
De même que le royaume veut constituer
une opportunité pour les asiatiques et entend être «leur carrefour». Ainsi se sont
réunis les 21 et 22 novembre les hommes
d’affaires marocains et asiatiques à Skhi-
26 - RéAlités - N°1458 - du 5 au 11/12/2013
rate pour discuter des opportunités de partenariat entre les deux continents, africain
et asiatique, en faisant du Maroc le point
de passage pour l’Afrique. La Chine, qui
est le 4e partenaire du Maroc, a par ailleurs
été l’invité d’honneur de la rencontre.
Avec l’Espagne, le royaume vient de
conclure la création d’un comité stratégique présidé par les deux chefs des services de sécurité, Bouchaib Rmail et
Ignacio Cosido. Une réunion ordinaire est
organisée d’une façon annuelle et des rencontres peuvent être tenues entre les deux
chefs respectifs à n’importe quel moment
si besoin est. Rappelons que les attentats
du 11 mars 2004 à Madrid ont ouvert la
porte à une collaboration maroco-espagnole en matière de sécurité.
Le comité entend aussi renforcer la lutte
contre l’immigration illégale et le terrorisme.
9. MAGHREB
Actuel
Algérie/France
Convergence de vues ?
Face au rapprochement Rabat – Washington,
l’Algérie conserve «sa ligne diplomatique» et
continue à travailler en étroite collaboration
avec la France. Les sujets discutés entre le
président américain et le souverain marocain
reflètent les mêmes enjeux qui animent la
France et l’Algérie.
Dans le cadre d’un entretien accordé à Al Watan, Hélène Le Gal,
conseillère Afrique à la présidence de la République française qui
était à Alger dans le cadre de la préparation du sommet Elysée –
Afrique sur la paix et la sécurité, a déclaré que la France et l’Algérie avaient des préoccupations et des défis communs.
Le dossier du Sahara occidental, discuté entre Obama et le monarque Mohamed VI, est également l’un des sujets étudié entre
le ministre des Affaires étrangères algérien Lamamra, le ministre
délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Bouguerra
et Le Gal. La sécurité et les frontières sont également au cœur
Hélène Le Gal
des discussions, notamment avec la dégradation de la situation
au Mali, en Libye et au Niger. L’éradication des groupes terroristes et de l’AQMI sont, selon Le Gal, l’un des enjeux communs,
ainsi que la lutte contre le trafic de drogue aux frontières. L’économie et le développement ont également été évoqués dans les
réunions entre les représentants des deux diplomaties.
Libye
Zone de grandes turbulences
Un semblant de dénouement de la crise sécuritaire s’est fait ressentir la semaine dernière, mais
pour peu de temps. La Libye, dont le facteur tribal alimente les frictions et les clivages, continue
d’être la proie des différents clans qui s’y affrontent. Avec l’implantation des cellules de l’AQMI, la
fragilité des institutions de l’État, dont celle de la sécurité, et l’artillerie dont dispose les milices, la
situation se fait difficile à contrôler.
A
insi, un soldat des forces spéciales a
été tué par balles en fin de semaine.
Le quartier général de la section a été également attaqué par des assaillants disposant de mini
anti-chars, de
roquettes RPG
et de mitraillettes.
Les groupes
terroristes s’en
prennent
à
l’armée dans
un affrontement dont qui
vise la destruction de l’État
Libyen, si la
lutte était emEn Libye, comme en Tunisie, les combattants d’Ansar Achariaa portée par les
représentent une menace sérieuse pour toute la région
djihadistes, ou
le début de la fin des troubles pour les Libyens, si l’armée et les forces de l’ordre
l’emportaient.
La Libye devient également une menace
pour la région. Les cellules qui y sont installées représentent une expansion de
celles du Mali et du Niger. La Tunisie et
l’Algérie peuvent payer le prix d’un renforcement interterritorial de l’AQMI et les
frontières des deux pays du Maghreb sont
menacées.
Ansar Alchariaa, combattant actuellement
en Libye et dont les hommes opèrent également en Tunisie, représente la plus
grande menace la Tunisie surtout avec
l’implication de puissances qui, en combattant l’organisation en Libye, et la poussent à chercher refuge en Tunisie.
Hajer Ajroudi
du 5 au 11/12/2013- N°1458 - RéAlités - 27
10. actuel
MONDE
Égypte
Une loi sur le droit de manifester
attise les controverses
La semaine dernière, l’Égypte a
de nouveau connu de violents
affrontements entre manifestants
et forces de l’ordre. Jeudi, un
étudiant a été tué lors d’une
manifestation des pro-Morsi, le
président déchu. Néanmoins les
manifestations ont continué,
ainsi que les violences.
Seulement, cette fois-ci, les
«révoltés» ne se limitent plus
aux islamistes. Deux visages
laïcs connus de la Révolution de
2011 ont été arrêtés : Alaa Abdel
Fattah et Ahmed Maher,
fondateur du mouvement
«6 avril». Aujourd’hui les
militants égyptiens sortent de
nouveau dans la rue protestant
contre la loi relative aux
manifestations.
D
imanche, le gouvernement a décrété une loi exigeant une autorisation délivrée par la police pour
pouvoir manifester. La demande de l’autorisation devra être présentée trois jours
avant le rassemblement et comporter le
lieu et la trajectoire de la manifestation, les
revendications, mais aussi les slogans qui
y seront scandés.
Les réseaux sociaux égyptiens se sont vite
enflammés, jugeant cette initiative comme
un retour à l’ère de la dictature. Les Égyptiens sortis protester avant le 2011 pour
lutter ne l’ont pas fait uniquement contre
le régime de Moubarek, mais également
contre le pouvoir militaire et l’État d’urgence dont ils subissaient les abus.
La loi promulguée stipule par ailleurs que
les autorités peuvent interdire certaines
manifestations pouvant représenter une
menace à la sécurité publique. Elle leur
permet de sévir contre les contrevenants et
d’user de répression policière violente en
Violents affrontements entre forces de l’ordre
et manifestants refusant la loi relative
aux manifestations
cas de rassemblement. Le port de cagoule,
tout comme le port d’arme lors de manifestations seront punis d’un an à cinq ans
de prison. Dans le cadre de l’utilisation
graduée de la force en cas de violence de
la part des manifestants, les forces de l’ordre peuvent user d’avertissements, tirs de
chevrotine, canons à eau, matraques et gaz
lacrymogène. Aujourd’hui certains militants expliquent que la loi tend à les empêcher de protester, surtout à la veille d’un
referendum national sur les amendements
apportés à la Constitution.
Le comité des 50 se chargeant de la révision
28 - Réalités - N°1458 - du 5 au 11/12/2013
de la Constitution a entamé samedi le vote
final sur la nouvelle loi fondamentale. Elle
sera ensuite soumise à référendum. Certains
articles sont déjà critiqués pour avoir maintenu les privilèges de l’armée, tel le jugement d’un civil par les militaires ou le droit
de regard sur la nomination du ministre de
la Défense pendant deux mandants.
De son côté, le gouvernement égyptien
soutient que la loi a été adoptée pour organiser l’exercice de ce droit, sauvegarder la
paix civile et mettre fin aux manifestations
pro-Morsi.
H.A.
11. ACTUALITÉS
Aujourd’hui, certes les langues se sont
déliées et il est plus facile de dénoncer
des crimes, mais il est impératif de
mettre en place un observatoire spécialisé qui aura la mission de gérer ces dossiers. Bien qu’on soit toujours dans le
théorique, à travers le CTAF, le pôle
juridique et financier pourrait être l’institution adéquate. Ceci dit, ce pôle intervient après coup, il nous faudra donc
une institution qui permet d’agir en
amont pour la prévention contre le blanchiment d’argent. Ceci est indispensable
lors des appels d’offres. D’ailleurs, la
Tunisie a failli vendre les parts de la
Banque de Tunisie à un donds suspect, il
s’agit d’un Fonds de Luxembourg dont
les sources de financement étaient
inconnues. À l’échelle internationale,
sur le marché mondial, une affaire de
blanchiment d’argent, à travers une
société écran implantée en Tunisie, a été
démasquée. Deux millions d’euros ont
été gelés et l’affaire est actuellement
entre les mains du Pôle juridique et
financier.
Comment prévenir
le blanchiment d’argent
Les moyens de prévention du blanchiment d’argent sont multiples mais difficiles à réaliser actuellement dans l’environnement d’insécurité qui règne dans le
pays. Une mesure serait efficace dans
l’immédiat et qui a été saluée par l’Ordre
des experts comptables et faisant partie
de la loi des Finances de 2014. Cette
mesure propose de baisser les transactions cash à moins de 20.000 dinars.
Cela permettra de baisser le flux illicite
d’argent. Abderrahman Ladgham, ministre auprès du chef du gouvernement
chargé de la Gouvernance et de la lutte
contre la corruption, insiste sur le renforcement du cadre juridique, la diffusion de la culture de l’honnêteté et l’intégrité et la création de nouvelles sources
de revenus stables. Selon le ministre, le
département chargé de la gouvernance et
de la lutte contre la corruption a adopté
une démarche globale basée sur l’identification des zones à risques, le renforcement de la coordination entre les différents intervenants à l’échelle nationale
et internationale, la réforme des systèmes financier, fiscal, douanier et bancaire, la protection des divulgateurs, ainsi que le renforcement de la loi sur la
déclaration des biens.
Économie
Femmes et intégration économique
Une «Compétition
pour la diversité des Genres»
Le programme EconoWin – bureau Tunis (Intégration économique des femmes dans la région MENA) soutenu par la
Coopération internationale allemande GTZ et financé par le
ministère fédéral de la Coopération économique et du
Développement BMZ – a lancé vendredi dernier l’initiative
«Compétition pour la diversité des Genres.»
L’initiative englobe la Tunisie, l’Égypte, la Jordanie et le
Maroc. Huit entreprises et 32 consultants locaux bénéficieront de l’appui du programme dans le cadre de l’intégration
économique des femmes dans la région MENA, deux pour
chaque pays.
L
a compétition pour la diversité
des genres apportera son appui,
en Tunisie, aux entreprises voulant
promouvoir la mixité. Des experts
internationaux assisteront ces entreprises durant 16 mois.
En effet, en Tunisie, le taux de chômage atteint 22.5% des femmes
contre 13.1% pour les hommes. 45%
des femmes poursuivent un cursus
universitaire contre 30% des hommes
en Tunisie. 39% des femmes diplômées du supérieur sont au chômage
contre 16% des hommes sans travail.
Nous comptons seulement une seule
femme sur 10 personnes dans des
postes de responsabilité.
Elles ne représentent, en Tunisie, que
24.3% de l’ensemble de la maind’œuvre.
Dans la situation actuelle, où la décision d’achat dans le monde est prise à
85% par des femmes, ce pouvoir
féminin devient un atout de compétitivité.
En effet, les entreprises dominant le
marché sont celles justement ayant
favorisé l’équilibre entre le nombre
d’hommes et de femmes dans les
lieux de travail. Les équipes mixtes
sont plus performantes et trouvent
plus facilement réponse aux problèmes posés que des équipes homogènes.
Promouvoir la mixité
Outre la culture de l’entreprise qui
devrait croître, promouvoir et donner
la chance aux femmes, un appui au
capital féminin s’impose.
Ainsi, proposer des modalités de travail souples, prendre en charge la
garde d’enfants ou de personnes
âgées en offrant un service de garderie ou des cours supplémentaires,
offrir des possibilités de mentorat aux
jeunes employées, et lutter contre le
harcèlement sexuel, optimiseraient le
potentiel féminin et la présence des
femmes dans le marché du travail.
Des actions devraient être réalisées
en Tunisie, améliorant l’évolution de
la carrière professionnelle des
femmes comme le mentorat, la formation, le coaching, la création d’un
réservoir de talents et de plans de carrière pour les employées prometteuses. Les actions peuvent également être effectuées dans le développement de processus d’évaluation et
de promotion transparent et sans préjugé de genre, la sensibilisation et la
formation des managers en ressources humaines sur les préjugés
liés au genre, la promotion des
modèles de réussite de femmes
cadres… À suivre.
Hajer Ajroudi
N.J
du 5 au 11/12/2013 - N° 1458 - RÉalitÉs - 41