3. Le travail collectif
• Le travail collectif désigne
« l’articulation de compétences et/
ou de tâches individuelles
nécessaires à l’accomplissement
d’un but commun » (Karsenty &
Pavard, 1997).
• Le travail collectif peut revêtir
différentes formes : coopération,
coopération distribuée, coordination,
collaboration, coaction, co-action,
concertation, etc.
4. Le travail collectif
Trois principales activités collectives :
Coopérer
tâche 1 / tâche 2
Se coordonner
tâche 1 tâche 2
Communiquer
tâche 1 tâche 2
5. 23
Le travail collectif : coopérer
• Coopérer : actions vers le même
but, communes ou séparées (Maggi,
1996).
Actions séparées Actions communes
6. Le travail collectif : coopérer
• Coopérer : actions vers le même
but, communes ou séparées (Maggi,
1996).
• Repose sur la construction d’un
référentiel commun, c’est-à-dire une
représentation commune et
partagée du but à atteindre.
7. Le travail collectif : coopérer
• Coopérer : actions vers le même
but, communes ou séparées (Maggi,
1996).
• Repose sur la construction d’un
référentiel commun, c’est-à-dire une
représentation commune et
partagée du but à atteindre.
• Repose sur une synchronisation
cognitive : les acteurs doivent se
mettre d’accord sur l’objectif, sur les
plans d’actions, sur les méthodes....
8. Le travail collectif : coopérer à distance
• A distance, il faut favoriser la
construction d’un référentiel commun
à travers la création d’une
conscience mutuelle partagée.
• La conscience mutuelle permet à
chaque membre d’une équipe d’avoir
connaissance de l’activité des
autres membres.
9. 24
Le travail collectif : se coordonner
• Se coordonner est une action de
régulation des activités
coopératives.
10. 24
Le travail collectif : se coordonner
• Se coordonner est une action de
régulation des activités
coopératives.
• Cela repose sur l’utilisation
d’artefacts, aussi appelés objets
intermédiaires (Jeantet, 1998) :
plans, maquettes, planning, compte-rendus,
etc.
11. 24
Le travail collectif : se coordonner
• Se coordonner est une action de
régulation des activités
coopératives.
• Cela repose sur l’utilisation
d’artefacts, aussi appelés objets
intermédiaires (Jeantet, 1998) :
plans, maquettes, planning, compte-rendus,
etc.
• Repose sur une synchronisation
opératoire (Darses et Falzon, 1996) :
ce sont les actions individuelles qu’il
s’agit de synchroniser pour qu’elles
soient efficaces.
12. Le travail collectif : communiquer
Communiquer est un processus
coopératif.
La réussite d’un projet de conception
dépendra en partie de la façon dont les
acteurs se seront compris sur :
• les objectifs du projet
• ce que sera le futur produit (à quoi il
ressemblera)
• à quels besoins il répondra
12
13. Le travail collectif : communiquer
Chaque individu possède une
«sphère personnelle» (Moles,
1984).
Chaque sphère personnelle va
regrouper :
• les connaissances (le répertoire)
de la personne et les codes de
langage (jargon, expression,
langue...) ;
• sa connaissance de
l’interlocuteur.
Se comprendre va consister à faire
coïncider les sphères personnelles.
13
14. Le travail collectif : communiquer
14
R
E
E E
R R R
E
Compréhension
totale
Compréhension
partielle
Compréhension
optimale
Compréhension
nulle
R : récepteur
E : émetteur
16. Le travail collectif à distance
Coopération
Face à face
SDC
workflow
Cloud
forum
email
Coordination Communication
D’après Favier (1998)
Skype
téléphone
Chat
18. Le collectif de travail
Le collectif de travail est un groupe
restreint d’individus qui a pour
caractéristiques :
• une structuration élevée ;
• composé d’un petit nombre d’individus
(3 à 8) ;
• une forte conscience des buts
communs ;
• de nombreuses actions communes,
spontanées et novatrices ;
• forte interdépendance des membres
et sentiments de solidarité ;
• différenciation des rôles entre les
membres ;
• constitution de normes, de croyances
et de rites propres.
18
19. Le collectif de travail
Pour Bales, le groupe a toujours un
problème (de conception) à résoudre,
ce qui crée une tension chez les
individus : le groupe va fonctionner afin
de diminuer les tensions et trouver une
solution.
19
20. Solidarité : fait preuve de solidarité,
aide, encourage, valorise les autres
Détente : cherche à diminuer la tension,
blague, rit, se déclare satisfait
Accord : approuve passivement,
accepte tacitement, comprend
Donne des suggestions : donne des
directives, des indications
Donne son opinion : analyse, évalue,
exprime son sentiment, son souhait
Donne des orientations : apporte une
information, explique, répète, clarifie
Demande une orientation : demande
une information, une confirmation
Demande une opinion : demande une
analyse, un avis, une évaluation
Demande des suggestions : demande
ce qu’il doit faire, des directions
Désaccord : désapprouve, rejette
passivement, refuse l’aide
Tenstion : se montre tendu, réclame de
l’aide, se retire de la discussion
Antagoniste : fait preuve d’hostilité,
d’opposition, dévalorise autrui
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Domaine
émotionnel
positif
Domaine
de la tâche :
réponses
Domaine
de la tâche :
questions
Domaine
émotionnel
négatif
a b c d e f
Types de problème :
a : Orientation : communication visant à aboutir à une définition
commune de la situation
b : Evaluation : évaluation de la production du groupe
c : Contrôle : influence, contrôle des autres
d : Décision : élaboration d’une décision
e : Tension : réduction ou tensions enter les membres du groupe
f : Intégration : cohésion et intégration du groupe
Le collectif de travail
Pour Bales, le groupe a toujours un
problème (de conception) à résoudre,
ce qui crée une tension chez les
individus : le groupe va fonctionner afin
de diminuer les tensions et trouver une
solution.
Bales (1950) a développé une grille
d’analyse des communications :
Interaction Process Analysis (IPA). La
grille de codage permet d’identifier les
communications relatives au domaine
«émotionnel» (positif/négatif) et au
domaine de la «tâche» (question/
réponse).
20
21. Le collectif de travail
L’Interaction Process Analysis repose
sur le principe que les groupes se
construisent sur un équilibre permanent
entre leurs actions orientées vers
l’action (tâches), et leurs actions pour
obtenir un état émotionnel positif
stable.
Les conflits permettent de faire avancer
la tâche, en mettant le groupe en
situation de crise et en l’obligeant à
trouver une solution satisfaisante. En
revanche, ils mettent à mal l’équilibre
émotionnel du groupe.
21
22. Le collectif de travail
La pensée groupale (effet Janis)
illustre le risque d’erreur provoqué par
une trop forte cohésion de groupe, qui
cherche à éviter le conflit.
L’effet Janis se constitue lorsqu’un
groupe établit un consensus sur la
solution la plus acceptable pour
sauvegarder la cohésion du groupe.
22
23. Le collectif de travail
Les membres évitent de prendre des
initiatives ou de suggérer des contre-hypothèses
: c’est la solution préférée
par le groupe qui est soutenue et
sélectionnée.
Il en résulte :
• une illusion collective (illusion de
moralité, de rationalité, d’unanimité,
d’invulnérabilité)
• une censure collective (envers soi-même
et les autres)
23
24. Le collectif de travail : l’expérience de Asch
Expérience de Asch : étude du
conformisme lorsque l’individu est
dans un groupe.
Des étudiants sont invités à un prétendu
“test de vision”. En réalité, tous les
participants étaient complices avec
l’expérimentateur, sauf un (le sujet naïf).
Tous les participants sont réunis dans
une même pièce. On leur demande de
juger de la longueur d’une ligne, en la
comparant avec 3 autres lignes
24
25. Le collectif de travail : l’expérience de Asch
Lorsque le sujet est seul, il ne se
trompe jamais et désigne la bonne
ligne.
Lorsque le sujet est soumis à un groupe
qui ne fait pas l’unanimité des réponses,
il se trompe très peu.
Lorsque les complices donnent
systématiquement une réponse fausse,
33% des sujets naïfs se conforment à
cette réponse.
Après l’annonce des résultats, les sujets
attribuent leur mauvaise performance à
leur propre “mauvaise vue”
25
26. Le collectif de travail : l’expérience de Asch
https://www.youtube.com/watch?v=uuvGh_n3I_M 26
28. Performance et tâches collectives
La performance du groupe, et de ses
membres, va dépendre du type de
tâches auxquelles il est confronté.
Steiner (1972) distingue 4 types de
tâches dans les activités collectives :
• les tâches disjonctives
• les tâches conjonctives
• les tâches additives
• les tâches élaboratives
28
29. Tâche n°1 : disjonctive
Le groupe bénéficie de l’apport du
membre le plus compétent.
C’est une tâche de résolution de
problème.
La tâche peut être réalisée par un
individu au bénéfice du groupe.
29
30. Tâche n°2 : conjonctive
La production du groupe est réduite à
celle de son membre le moins
compétent.
Les activités individuelles sont
similaires et dépendantes les unes
des autres.
Par exemple : une cordée d’alpinistes
30
31. Tâche n°3 : additive
Le résultat est constitué par l’addition
de la production de chaque membre.
Plus il y a de personnes qui travaillent,
plus la production du groupe est
importante.
Par exemple : les vendangeurs.
31
32. Tâche n°4 : élaborative
Elle nécessite que les membres
organisent leur contribution et
choisissent leur procédure.
La réussite du groupe dépend de la
façon dont sont organisées les
contributions.
Il s’agit d’élaborer une méthode de
travail collective.
32
34. Bibliographie
Asch, S.E. (1951). Effects of group pressure upon the modification and distortion of judgments. In H. Guetzkow
(ed.) Groups, leadership and men. Pittsburgh, PA: Carnegie Press.
Bales, R. F. (1950). A set of categories for the analysis of small group interaction. American Sociological Review,
15(2), 257–263.
Darses, F., & Falzon, P. (1996). La conception collective : une approche de l’ergonomie cognitive. In G. de Terssac,
& E. Friedberg (Eds.), Coopération et Conception (pp. 123-135). Toulouse : Octarès.
Jeantet, A. (1998). Les objets intermédiaires dans la conception. Eléments pour une sociologie des processus de
conception. Sociologie du travail, 3, 291-316.
Karsenty, L., & Pavard, B. (1997). Différents niveaux d’analyse du contexte dans l’étude ergonomique du travail
collectif. Réseaux, 85, 73-99.
Maggi, B. (1996). La régulation du processus d’action de travail. In P. Cazamian, F. Hubault, & M. Noulin (Eds.),
Traité d’ergonomie (pp. 637-662). Toulouse : Octarès.
Moles, A. (1986). Théorie structurale de la communication et société. Paris : Masson.
Steiner, I.D. (1972). Group Processes and Productivity. Academic Press.
34