Sur tout le territoire de Svalbard, il est fortement déconseillé de se promener sans arme à feu. Les habitants sont tous équipés d’un fusil. Et toute nouvelle personne s’installant sur l’île doit passer par un stage de sécurité obligatoire. Pourtant, zéro crime ici,…
2. Dans les environs de Longyearbyen et
sur tout le territoire de Svalbard, il est
fortement déconseillé de se promener
sans arme à feu. Dès que vous vous
éloignez de quelques centaines de
mètres du village, vous devez être
équipé d'un fusil (et accessoirement
savoir vous en servir...). Pourtant, zéro
crime ici, on laisse les clés sur le
contact dans sa voiture, les portes des
maisons sont ouvertes, et les
patrouilles de police passent le plus
clair de leur temps à rapatrier touristes
ou promeneurs perdus dans la
montagne. Loin d'être des fous furieux
de la gâchette, les habitants courent
donc un seul danger : rencontrer un
ours polaire, dont le nombre s'élèverait
à 3000 sur la totalité de l'archipel.
Animal maritime, l'ours polaire est
surtout présent près des côtes et
pendant l'hiver, sur la banquise. Mais il
est possible de tomber nez à nez avec
un ours partout, en haut d'une
montagne ou d'un glacier, surtout à la
sortie de l'hiver, quand il est en quête
de nourriture.
3. Au stand de tir de la ville, sur les hauteurs,
les balles claquent. Des hommes et des
femmes s'entraînent pour la saison de chasse
qui va ouvrir bientôt . « Ici, presque tout le
monde a un fusil, c'est normal, rappelle un
policier, en plein entraînement. Nous devons
toujours en avoir un avec nous pour nous
protéger contre les ours polaires, mais aussi
parce que beaucoup de gens chassent le
renne. Moi je fais les deux. Cet automne je
vais aller chasser, et je dois avoir un fusil
avec moi à chaque fois que l'on sort de la
ville... » Rennes, phoques, oiseaux, la chasse
est contrôlée mais fait partie de la vie des
habitants, estime encore ce policier en civil.
« Nous chassons pour manger, si vous n'avez
jamais goûté la viande de rennes du
Svalbard, vous devriez, c'est délicieux ! »
4. Pour toute personne qui s'installe sur l'île, un stage de sécurité
est donc obligatoire. Martin Indreiten est le chef de la logistique à
l'Unis, en charge de la formation des étudiants, à leur arrivée.
« Tout le monde ici doit avoir un cours de survie de base, et cela
comprend une initiation au tir et aux règles de sécurité. On
apprend aussi à manier le fusil de la manière la plus sécurisée
possible. Chaque année, 1000 personnes sont formées dans la
ville. » Dans la réserve de matériel de cette université un peu
spéciale, on peut trouver des combinaisons pour résister à l'eau
gelée, des caisses de survie, des skis ou du matériel de camping
extrême. Surtout, un système de prêt gratuit de fusils a été mis
en place, pour permettre aux étudiants de partir en expédition ou
se promener quand ils le souhaitent, en toute sécurité. Partout
dans cette ville paisible, il y a des casiers pour ranger son arme,
dans les dortoirs des étudiants, à l'entrée du supermarché, à la
poste ou dans les établissements municipaux.
« Le plus important, c'est de savoir comment réagir si vous
rencontrez un ours polaire, explique Martin. Le fusil est plutôt un
outil d'auto-défense, votre dernière chance. Avant ça, vous devez
essayer de quitter la zone, tenter d'effrayer l'ours et de vous
signaler. Le principal défi est de ne pas être en situation de
blesser ou tuer un ours polaire. » Car à Svalbard plus qu'ailleurs,
les ours polaires sont une espèce protégée, les tuer est un crime
puni par la loi. A chaque décès d'ours provoqué par l'homme, une
enquête est d'ailleurs lancée pour déterminer s'il s'agissait bel et
bien de légitime défense.