2. À vivre éditions
Le magazine de l’architecture et de l’urbanisme éco-responsables
Actuellement en kiosque et librairies spécialisées
Retrouvez toutes nos offres d’abonnements sur
Harmonies 06 — page 2
3. édito
Quel est le point commun entre
Rudy Ricciotti, architecte-star qui
critique avec virulence le label
HQE, et Gilles Clément, paysagiste
incontournable, qui défend avec
poésie “les herbes folles qui tentent
de pousser dans les pavés” ? Entre la
catastrophe de Fukushima et Desertec,
un projet démesuré qui prévoit de
fournir de l’énergie à l’Europe grâce
au soleil du Sahara ?
Quel est le lien entre le concept
“d’achats responsables”, et Francis
Hallé, le “commandant Cousteau”
des forêts primaires ? Entre une borne
de recharge pour véhicules électriques
et des ombrières de parking qui pro-
duisent de l’énergie photovoltaïque ?
La réponse, c’est le magazine
que vous tenez entre les mains.
Pour l’édition 2012 de notre revue
Harmonies, Aubrilam a souhaité
mettre en lumière des points de vue
singuliers, parfois opposés, mais
toujours pertinents, autour de l’idée
“aménagement extérieur éco-
responsable”. Ils sont concepteurs-
lumière, architectes, paysagistes,
professeurs, industriels, designers,
leurs préoccupations environne-
mentales sont de petites pierres du
grand édifice du Développement
Durable, ils ont choisi Harmonies
pour en parler.
Bonne lecture,
Jacques Gouteyron
Harmonies n°6 / 05.2012 / édité par Aubrilam
83, rue Fontgiève / 63057 Clermont-Ferrand Cedex 1
France
Tél. 33 (0)4 73 31 86 86
Fax 33 (0)4 73 31 86 87
Directeur de la publication : Jacques Gouteyron
Rédacteur en chef : Bruno Benchetrit
Conception : OH!MG. www.oh-mg.fr
Coordination : Corine Hillairet
Photos : Anne-Claude Barbier, Agence Rudy Ricciotti,
Xavier Boymond, Jack Byant, Jean-Michel Gueugnot,
ON Agence de Conception Lumière, Saguez & Partners, Seignette
Lafontan, Shutterstock, Wild Studio, www.gillesclement.com
Imprimé sur papier issu de sources responsables (FSC), sur
les presses de l’imprimerie Chirat labellisée Imprim’vert.
Sommaire
—Numéro 06, mai 2012
Marques d’engagement
L’aménagement extérieur
éco-responsable
L’éco-comparateur
Borne de recharge Bamboo
avis d’experts
Entretien avec Vincent Thiesson
Entretien avec Aubin Ribeyron
Entretien avec Soufyane Miloudi
Retours sur l’actu
Fukushima, 11 mars 2011
Le projet Desertec
coups de cœur
Francis Hallé, spécialiste
des forêts primaires
Gilles Clément,
tiers-jardinier planétaire
beaux projets
Ambrussum
Parly 2
St-Marcel-Lès-Valence
Amiens
coup de Gueule
Rudy Ricciotti,
pourfendeur du label HQE
— pages 04-05
— pages 06-07
— pages 08-09
— page 10
— page 11
— pages 20-21
— pages 12-13
— pages 14-15
— pages 16-17
— pages 18-19
— pages 22-23
— pages 24-25
— pages 26-27
— pages 28-29
— pages 30-31
Harmonies 06 — page 3
4. Ils nous font confiance :
TGV Vallée du Rhône, McDonald’s, Center Parcs, Belambra Clubs,
Leclerc, Botanic, Flunch, Autogrill, Courtepaille, Léon de Bruxelles
Mât Moshi Aubrilam,
mention spéciale du jury prix
“Entreprise et Environnement”
+ Marque d’engagement
avis d’expert
Retour sur l’actu
coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
—Aubrilam
l’aménagement
extérieur
éco-responsable
400.000 produits Aubrilam
ont été installés en Europe
depuis 35 ans. Plus qu’en
industriel du mobilier
urbain et des supports
d’éclairage public, c’est
en partenaire de tous les
projets d’aménagements
extérieurs éco-responsables
que la marque Aubrilam se
positionne naturellement.
Harmonies 06 — page 4
5. ISO 9001 ISO 14001
La société CODDE, filiale du groupe Bureau Veritas,
organisme indépendant, a accompagné Aubrilam dans
cette démarche et certifie tous les résultats publiés.
— Aubrilam publie l’empreinte environnementale
de ses produits et les bureaux de contrôle certifient
ces resultats.
Grâce à une méthodologie rigoureuse, qui s’appuie
sur les normes ISO 14040 et ISO 14025 et en utili-
sant l’Analyse du Cycle de Vie, Aubrilam quantifie
11 impacts environnementaux représentatifs pour
tous ses produits.
— Aubrilam répond à vos contraintes écologiques
et économiques.
Aubrilam vous accompagne dans le calcul de l’im-
pact environnementaldevotreprojetafind’améliorer
son potentiel écologique. Les produits boisAubrilam
vous permettent de réduire :
- les émissions de CO2
,
- la production de déchets dangereux,
- la consommation d’énergie.
Harmonies 06 — page 5
6. Eco-Comparateur d’Aubrilam :
pouvoir choisir en toute conscience.
L’éco-comparateur est un aboutissement
concret : un outil vous permettant de
comparer le potentiel écologique d’un projet
d’éclairage public selon qu’on utilise des
mâts Aubrilam ou des mâts métalliques à
fonctionnalité identique.
Pratique, il est disponible depuis le site web
d’Aubrilam (www.aubrilam.com). Il permet
de mieux choisir les produits dans le cadre
d’un projet d’éclairage extérieur éco-conçu.
Les résultats aident en outre à combattre
une tenace idée reçue : en éclairage
extérieur, la lanterne n’est pas la seule
source d’amélioration environnementale.
Les efforts environnementaux s’arrêtent
souvent au traitement d’une évidence :
réduire la consommation énergétique.
C’est insuffisant : un candélabre, c’est une
lanterne et un mât. Le choix du mât, de par son
volume de matière, est tout aussi important. #
Scannez-moi et remplissez
le formulaire en ligne sur
www.aubrilam.fr/evaluate/
—L’éco-comparateur
la comparaison
concrète mâtAubrilam / mât métallique,
un service unique
Tous les produits Aubrilam présentent
des données précises quantifiant leur
impact environnemental.
Les organismes certificateurs proposent
par la méthode de l’Analyse de Cycle de
Vie (ACV) la possibilité d’établir les Profils
Environnementaux des Produits (PEP).
La fiche PEP est l’expression de l’empreinte
environnementale d’un produit, mesurée
par onze critères précis et chiffrés, depuis la
genèse de la matière première jusqu’à la fin
de vie du produit.
Aubrilam a été le premier acteur de l’éclairage
public à publier les PEP de ses produits.
+ Marque d’engagement
avis d’expert
Retour sur l’actu
coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
— Le choix de la
matière est impactant
et donc à prendre
en compte dans les
différentes étapes
d’un projet.
Harmonies 06 — page 6
7. L’éco-comparateur, mettant en
valeur les gains compensés par
le choix de mâts bois Aubrilam,
vous permet de communiquer
auprès de vos interlocuteurs.
Profils environnementaux réalisés à partir
du modèle “Aubrilam process” développé
par CODDE avec le logiciel EIME.
Conformément aux principes des normes
ISO 14020 relative aux principes généraux
des déclarations environnementales,
ISO 14025 relative aux déclarations
environnementales de type III et IEC
PAS 62545 relative aux informations
environnementales des produits électriques
et électroniques, ce document établit la
comparaison des profils environnementaux
de mâts Aubrilam et de mâts métalliques*
de performances équivalentes
* Le mât métallique est par définition le mât conventionnel représentatif de l’utilisation de l’acier et de l’aluminium
sur le marché européen de l’éclairage public.
SUMU 140 Mât métallique*
Eco-comparateur
— mât Sumu 5m / mât métallique équivalent
Indicateurs environnementaux SUMU 140
Poids : 30 kg
Mât
métallique
Poids : 41 kg
Unités
Gains SUMU
140
Empreinte carbone 59 157 kg ~CO2 2,7 fois moins
Déchets dangereux 0,9 5,4 kg 5,8 fois moins
Consommation Energie Totale 414 525,5 kWh 1,3 fois moins
Consommation Energie non-renouvelable 263 493 kWh 1,9 fois moins
Consommation Energie renouvelable 150 32 kWh 4,6 fois plus
Epuisement des ressources naturelles 1,14E-15 6,26E-15 /Année 5,5 fois moins
Toxicité de l’air 1,34E+07 2,72E+07 m3
2,0 fois moins
Toxicité de l’eau 10 16 m3
1,7 fois moins
Consommation d'eau 0,2 0,5 m3
2,1 fois moins
Formation d’ozone photochimique 25 25 g ~C2
H4
1,0 fois plus
Acidification de l’air 10 20 g ~H+
2,1 fois moins
Eutrophisation de l’eau 1,5 3,5 g ~PO4
3
2,3 fois moins
Appauvrissement de la couche d’ozone 0,01 0,01 g ~CFC11
2,6 fois plus
Déch
etsdangereux
Consommationd’énergie
non-renouvelable
Empreinte carbone
Acidification de l’air
Eutrophisation
de
l’eau
Consommationd’eau
Toxicité de l’eau
50
100
150
200
250
300
350
400
SUMU 140 - Hauteur 5m
Harmonies 06 — page 7
8. Descriptif technique :
Bois, polycarbonate et céramique.
Fonction éclairage diffusant à base de Leds.
En phase repos : vert palpitant.
En phase de charge : blanc chaud.
En phase fin de charge : vert.
Hors service : rouge.
Partie électrique : 2 prises, une Mode 2 et
une Mode 3. Borne montée et câblée dans
les usines Hager.
Design Marc Aurel et Aa.
100.000
véhicules électriques dans les flottes
des grandes organisations (EDF, La
poste, Vinci, Bouygues…) d’ici 2015
+ Marque d’engagement
avis d’expert
Retour sur l’actu
coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
entre Hager
et Aubrilam,
le courant
passe
—Bamboo
à véhicule “décarboné”, mobilier
“décarboné” : la borne Bamboo est
une borne de recharge éco-conçue
pour véhicules électriques, en bois et
céramique, matériaux choisis pour leur
faible impact environnemental. C’est
à Hager, leader dans la distribution
sécurisée et intelligente de l’énergie
électrique depuis plus de 50 ans,
qu’Aubrilam a confié le développement
de toute la partie électrique de Bamboo.
— Bamboo : toute la
technologie Hager dans
une borne éco-conçue par
Aubrilam : belle, élégante,
palpitante !
Harmonies 06 — page 8
9. Depuis plus de 50 ans,
le groupe Hager, entreprise
familiale indépendante,
développe et commercialise
des systèmes pour la distribution
et la gestion sécurisée et
intelligente de l’énergie électrique
dans le résidentiel et le tertiaire.
Acteur de rang mondial de
l’installation électrique,
Hager compte près de 11.200
collaborateurs sur 20 sites
de production dans 12 pays,
avec un CA dépassant 1,42
milliard d’euros. Hager axe son
développement sur l’innovation
et la proximité.
44.000 2 millionspoints de charges
d’ici 2014
de véhicules en France
à l’horizon 2020
Histoire d’une borne co-développée par
Aubrilam et Hager.
Harmonies : Nous avons l’impression que les
véhicules électriques sont pour l’instant plus
présents dans les medias que dans nos rues.
DominiqueWeber: Mais c’est un fait ! La commu-
nication est allée beaucoup plus vite que le marché.
2.200 véhicules de ce type ont été immatriculés
en France en 2011, mais c’est tout de même 12 fois
plus qu’en 2010 (186 véhicules). Et le gouvernement
prévoit 2 millions de véhicules, hybrides ou 100%
électriques, à l’horizon 2020.
H : Le particulier est encore hésitant.
DW : Oui, mais l’exemple est donné par les grandes
entreprises, administrations ou collectivités, qui
équipent leurs flottes de véhicules. L’avantage pour
les grandes organisations, c’est que c’est un produit
qui se voit et qui marque leur engagement en faveur
de l’environnement. Elles envoient un signal de plus
en plus visible pour les futurs utilisateurs du grand
public. Nous sommes prêts. On a beaucoup parlé
de l’AutoLib de Bolloré à Paris, mais le concept
AutoBleue à Nice, dont Hager est le partenaire,
a été en avril 2011 le premier service d’autopartage
100% électrique lancé à si grande échelle.
H : Il semble y avoir pléthore d’offres en ce
domaine. Comment les collectivités ou les par-
ticuliers vont-ils s’y retrouver pour choisir la
bonne solution ?
DW : Nous en sommes au tout début. Les fabricants
ont des offres plus ou moins abouties, et beaucoup
de nouveaux entrants, parfois des petits acteurs locaux,
se lancent sur le marché. Pendant un temps, il y aura
un flou c’est sûr, mais les choses vont rapidement
s’assainir. Ce n’est pas tout de proposer des points
de chargement. La clé réside dans la capacité de
gérer la charge sur le réseau global. Les véhicules
électriques sont de gros consommateurs d’énergie.
Hager et les deux ou trois autres grands industriels
du secteur prennent en compte l’impact sur le réseau
avec des techniques de report de charge par exemple.
On appelle cela de l’energy management.
H : Pourquoi un partenariat avec Aubrilam ?
DW : Nous n’avions pas d’offre en développement
pour une solution “publique” à la fois très desi-
gnée et très environnementale. La borne Bamboo
d’Aubrilam est exactement cela : beau design et
faible impact. C’est un beau partenariat ; Aubrilam
profite de notre savoir-faire dans le domaine de
l’électricité, Hager profite de l’expérience d’Aubrilam
dans la conception d’un matériel urbain orienté
Développement Durable. Hager partage avec
Aubrilam les mêmes valeurs environnementales,
ce partenariat est une preuve de notre philosophie
E3 (Ethique, Environnement, Eco-efficacité). Entre
les deux sociétés, le courant est passé si l’on
peut dire. Nous nous sommes bien rencontrés :
deux entreprises familiales, indépendantes, au ma-
nagement stable. Aubrilam a eu la réactivité d’une
start-up tout en ayant une vision claire des objectifs
à atteindre.
Entretien avec
Dominique Weber
sales manager EVCS de Hager Electro SAS
Harmonies 06 — page 9
10. “on” en version “off”
—Vincent Thiesson
“ON” est une agence de Conception Lumière créée en
2003 par Vincent Thiesson, architecte de formation. Elle
intervient principalement dans la définition de la dimension
nocturne des projets d’aménagement urbain et de mises
en lumière de bâtiments contemporains. Vincent Thiesson
nous livre sa vision de l’éclairage éco-responsable.
marque d’engagement
+ avis d’expert
Retour sur l’actu
Coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
Aménagement du Parvis de l’Ecole
Nationale de Musique de Villeurbanne.
Ancien parking clôturé par un mur, rendu
accessible au public et transformé en
petit jardin (architecte Agnès Deldon,
paysagiste Laurence Médion). Nous
nous sommes volontairement écartés
des “règles” d’éclairage dictées par
la norme NF-EN 13201. Les espaces
accessibles aux piétons sont en majorité
laissés dans le noir. La compréhension
de l’espace n’est donnée que par l’éclai-
rage de plans verticaux produits par
des structures métalliques, supports de
plantes grimpantes. En partie arrière, la
façade de l’école de musique est révélée
par des traits de lumière reprenant le
vocabulaire des structures végétales.
Harmonies : Outre les parties
évidentes (choix de l’éclairage,
consommation, gestion des inten-
sités, maintenance…) intégrez-vous
le choix des matériaux dans vos
critères environnementaux ?
Vincent Thiesson : Il y a quelques
années, nous avions interrogé l’ensem-
ble des fabricants avec lesquels nous
travaillions sur la politique vis-à-vis de
la recyclabilité ou de l’économie de
matière, etc. Les réponses avaient été
très “politiquement correctes”, se
retranchant derrière le respect des
normes et un formidable travail sur
les emballages ! Aujourd’hui des
fabricants lèvent un peu plus le voile
et proposent des données de compa-
raisons telles que les PEP. C’est une
avancée sensible qu’il faudra faire
évoluer rapidement. Face au progrès
technologique et esthétique de la
plupart des industriels, le critère en-
vironnemental doit devenir un élé-
ment de choix et de comparaison.
Vaste programme. Cela passera par
une compréhension de ces critères,
accessibles à tous, et une validation
extérieure et impartiale. Hier, nous
comparions les différents produits en
fonction de leurs performances pho-
tométriques. Dès demain nous les
comparerons sur leurs performances
environnementales également.
H : Les donneurs d’ordre ont-ils
vraiment tous une démarche
environnementale ?
VT : Tous ne le sont pas au même
niveau.Ilssontsensiblesauxconsom-
mations énergétiques puisqu’ils sont
confrontés à la hausse des tarifs.
Mais la prise en compte des différen-
tes dimensions d’un projet durable
est très inégale.
H : Concrètement, c’est quoi un
projet éco-responsable en éclairage
public ?
VT : Une attitude qui nous pousse à
mettre en place une “grille de lecture”
permettant d’aborder toutes les
dimensions d’un projet responsable.
La dimension nocturne et humaine est
évidemment au cœur de notre métier,
avec une question de base : “pour qui
et pourquoi ?”. D’autres éléments
sont quantifiables (consommations
énergétiques,niveauxd’éclairements,
— Replacer le projet lumière dans un ensemble,
au-delà de sa simple valeur esthétique ou sécuritaire
Entretien avec
Vincent Thiesson
concepteur lumière
La maîtrise d’ouvrage nous a suivis
dans cette démarche en nous deman-
dant de “cerner” l’espace de part et
d’autre du jardin par des candélabres
piétonniers. Ceux-ci ne sont mis en
fonctionnement qu’en fin de soirée,
lorsque les éclairages des structures et
de la façade s’éteignent.
Si nous devions refaire le projet
maintenant, nous aurions rajouté des
boutons poussoirs dans ce jardin,
avec une base d’éclairage à 10%. Un pié-
ton venant se reposer dans le jardin
aurait la possibilité de rester dans la
pénombre ou de rehausser la lumière en
déclenchant le minuteur. Et ce, quelque
soit l’heure de la nuit !
Harmonies 06 — page 10
11. “Je l’ai fait un peu par dépit et beaucoup par pas-
sion. Par dépit parce que je ne trouvais aucune
information sur le web concernant l’éclairage
public, mis à part les sites des fabricants. Et par
passion, parce que depuis que j’ai 4 ans, je suis
fasciné par les lumières dans la ville…” Aubin
décide donc de créer un site qui regrouperait
historique, informations pratiques, études des
produits et acteurs du marché, forum, etc.
31.000 messages…
… et 460 membres actifs sont le signe d’une
activité quasi-quotidienne, sans oublier une
newsletter et une page Facebook très active ;
presque un full-time job qui pourrait susciter
des envies et des idées : à quand un site de la
collective de l’éclairage aussi bien doté ?
Aubin Ribeyron
—Lumière sur le web
C’est le benjamin de ces pages :
à seulement 23 ans, Aubin Ribeyron
est déjà un vétéran de notre métier.
Son site web, dédié entièrement à
l’éclairage public, vient de fêter
7 ans d’activité. Il était encore lycéen
lorsqu’il a lancé cette mini-bible du
secteur, véritable mine d’informations.
“La ville c’est comme les enfants, elle
dort la lumière allumée”, écrit-il.
— La ville c’est
comme les enfants,
elle dort la lumière
allumée…
Un site web sans équivalent,
ancré dans la réalité.
L’analyse des visites prouve que le site est
fréquenté par des professionnels de l’éclairage
plus que par des amateurs-passionnés-illuminés.
Pour marquer sa différence, Aubin Ribeyron
a fait le choix d’une approche “usage et inté-
gration du luminaire dans son environnement”,
plutôt qu’une compilation de produits et de
performances théoriques.
“Mon site a été également un outil de valorisation
personnelle. Des industriels commencent à me
contacter.” C’est vrai, Aubrilam en est la preuve.
Aujourd’hui en stage chez Philips Lighting,
il vient de terminer une licence en conception et
management de l’éclairage à l’IEA de Lyon 3.
Celui qui se destine au métier de concepteur-
lumière est déjà diplômé en “Design d’Espace”
de l’école de design de Nantes Atlantique.
Et que pense le futur professionnel de l’éclairage
public de demain ?
“Il faut vraiment sortir de ce qui n’est que
“visible” : par exemple, quels impacts quant à
la fabrication du produit ? Une fois posé, quel
entretien nécessitera-t-il ? Sera-t-il réparable
en cas de dommage ? Qu’en est-il du recyclage
du produit en fin de vie ? Quel sera l’impact
environnemental du recyclage ? Tout en faisant
attention à ce que l’éco-conception ne soit pas
réductrice… ♥
Plus d’infos sur eclairagepublic.eu
maintenance, pollution lumineuse),
permettant de mener un projet au plus
juste.
Mais il reste des sujets en pleine
évolution ; l’origine et le devenir des
appareils d’éclairage au regard des
matières utilisées. L’énergie, avec
tout le débat sur les équipements
photovoltaïques autonomes ou sous
forme de centrale de production.
Je pense que nous avons un vrai rôle
auprès de la maîtrise d’ouvrage, sur
des projets de grande ampleur, pour
initier des réflexions si l’on est capable
de s’entourer de bureaux d’études
spécialisés, à l’image de ce que font
les urbanistes dans les écoquartiers sur
les solutions d’apports énergétiques.
Il y a un dernier sujet, plus vaste et
ambitieux qui nous préoccupe.
Il s’agit de la dimension citoyenne
d’un projet. Nous savons que l’enjeu
des projets d’éclairage sera leur
capacité à s’adapter en fonction des
usages réels nocturnes. Les systèmes
de commandes dits intelligents
(détections de présence ou de véhi-
cule) sont en plein développement
chez la plupart des fabricants. L’ar-
rivée de la diode a permis d’ouvrir
ce vaste chantier. Notre ambition est
de coupler l’état lumineux de certains
espaces à un vrai choix de l’utilisateur.
Face à une norme qui pousse les villes
à éclairer chaque centimètre carré de
l’espace public, il est possible à mon
sens et avec l’accord de la maîtrise
d’ouvrage d’aller plus loin : laisser
des espaces dans le noir, proposer
des cheminements alternatifs peu
ou pas éclairés, ou laisser le choix
à l’usager d’éclairer ou non les espa-
ces. La ville de Préfailles a mis à la
disposition de ses administrés un
numéro de téléphone qu’ils composent
s’ilsveulentéclairerleursespacespublics
par exemple.
Peut-être pouvons-nous considérer
l’éclairage public comme un service
public dont nous devons prendre soin,
faire des choix et parfois assumer
des déplacements dans une relative
pénombre ou au contraire grâce à
l’éclairage public habituel, en fonction
de son état psychique ou physique.
Harmonies 06 — page 11
12. MARQUE D’ENGAGEMENT
AVIS D’EXPERT
+ Retour sur l’actu
COUP DE CŒUR
BEAU PROJET
coup de Gueule 20.000 nombre de morts à ce jour
après le séisme et le tsunami
Fukushima,
l’année d’après
En France, où 80% de l’électricité
consommée est d’origine nucléaire,
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre
de l’écologie, en coopération avec
l’Agence de l’OCDE pour l’énergie
nucléaire (AEN), a organisé à Paris
en 2011 un séminaire ministériel dédié
à la sûreté nucléaire. 33 pays se sont
rassemblés pour tenter de mutualiser
les moyens et les connaissances, sur
les audits de sûreté, sur la transparence
ou encore sur les dispositifs de soli-
darité technique et humaine en cas
de crise. “On ne peut pas continuer
à penser comme on pensait avant
Fukushima.
L’accident nucléaire de Fukushima du 11 mars 2011 est
classé au niveau 7 (le plus élevé) de l’échelle INES, ce qui
le place au même degré de gravité que la catastrophe de
Tchernobyl (1986), compte tenu du volume important des
rejets. Il fait partie des conséquences d’un séisme de
magnitude 9 sur la côte Pacifique du Japon, qui a déclenché
un tsunami, dévasté la côte, et provoqué plus de 20 000 morts.
C’était il y a un an.
La question de la sûreté nucléaire
occupe plus que jamais le devant de la
scène : l’Union Européenne compte
143centralesenservice.L’Allemagne,
première grande puissance industrielle
à renoncer à l’énergie nucléaire, a dé-
cidé de fermer ses derniers réacteurs
en 2022. Elle devra donc trouver
d’ici là comment produire 22 %
de ses besoins en électricité, actuel-
lement couverts par ses centrales
atomiques. 15 jours après la décision
allemande, l’Italie aussi, par réfé-
rendum, s’est prononcée contre.
01
02
Harmonies 06 — page 12
13. 80% de l’électricité consommée est
d’origine nucléaire en France
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’il
suffit d’un accident dans une centrale
pour avoir des conséquences terribles
et irréversibles sur l’humain et sur
l’environnement. Il est impératif
d’améliorer la coopération en matière
de sûreté nucléaire civile, au niveau
international, car elle n’est pas encore
à son meilleur niveau.”
Et envisager la “sortie du nucléaire”?
Encore faut-il, comme on le rappelle
au ministère français de l’énergie, dire
par quoi on le remplace ; préciser le
futur prix de l’électricité ; expliquer
comment la sécurité d’approvisionne-
ment du pays sera assurée ; indiquer
quelles énergies (fossiles ou renou-
velables) seront privilégiées pour
remplacer l’atome ; et définir l’impact
de ces choix sur la politique de lutte
contre le réchauffement climatique…
Dans sa séance du 10 janvier 2012,
l’Académie des sciences a fait le
point sur le défi nucléaire qui se pose
à notre pays. Selon elle, l’énergie
nucléaire demeure actuellement “une
composante essentielle” des ressources
énergétiques françaises et “le restera
longtemps en raison d’avantages
reconnus.”
L’académie met en avant l’argument
principal qui consiste à dire que “les
centrales nucléaires sont aujourd’hui
le seul moyen de produire en base de
l’électricité concentrée, permanente
et sans émission de gaz à effet de
serre.” ●
— On ne peut pas
continuer à penser
comme on pensait
avant Fukushima
01 — Scène de désastre
02 — La vie après
Harmonies 06 — page 13
14. L’abandon du nucléaire en
Allemagne, en Italie et en Suisse,
et sa remise en cause un peu
partout en Europe, bénéficient
aux projets axés sur les énergies
renouvelables, comme celui
qu’a lancé en Afrique du nord le
consortium Desertec.
Un projet pharaonique – comme
toujours dans le désert – qui
prouve que la réalité dépasse enfin
la science-fiction : une centrale
solaire de plusieurs milliers
de kilomètres carrés capable
de produire 15% des besoins
énergétiques européens.
0,3%
des déserts de la planète couverts en
centrales thermiques permettait de couvrir
les besoins électriques de la planète en 2009
01
03
Le soleil
d’Afrique
au secours
de l’Europe
—Desertec
Desertec, un projet très prometteur pour que
l’Union atteigne ses objectifs de réduction
d’émissions de CO2
et de production d’énergies
renouvelables. Et un espoir de développement
pour les populations locales.
“Une surface de 300 kilomètres sur 300 kilomètres
dans le Sahara, équipée de miroirs paraboliques,
suffirait pour couvrir les besoins en énergie de
la planète entière”, explique-t-on chez Siemens,
partenaire du consortium Desertec. Mais nous
n’en sommes pas encore là.
Concrètement, Desertec vise à connecter
plusieurs grandes centrales solaires thermiques
et peut-être d’autres installations d’énergies
renouvelables (fermes éoliennes) entre elles,
ainsi qu’un réseau de distribution de l’électricité
qui alimentera l’Afrique du Nord, l’Europe et le
Moyen-Orient. Le projet serait totalement opéra-
tionnel à l’horizon 2040, avec une première tranche
en 2020, mais c’est au Maroc dès 2012, avec trois
ans d’avance sur le calendrier que Desertec lance
les travaux de ce méga-projet : douze kilomètres
carrés de panneaux solaires, un investissement
de deux milliards d’euros, le tout pour une pro-
duction de 500 mégawatts soit la moitié de celle
d’une centrale nucléaire.
MARQUE D’ENGAGEMENT
AVIS D’EXPERT
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COUP DE CŒUR
BEAU PROJET
coup de Gueule
Harmonies 06 — page 14
15. 1km2
de désert reçoit annuellement
une énergie solaire équivalente
à 1,5 million de barils de pétrole
02
02 — Cartographie sommaire
permettant de visualiser la structure
et les noeuds du réseau électrique du
projet Desertec. (photos Editoriale)
03 — Solar farm
Deux à quatre ans de travaux sont prévus pour
cette première étape marocaine. Dans le meilleur
des cas, cette centrale solaire gigantesque pourrait
produire de l’électricité dès fin 2014. L’initiative
Desertec lancée en Allemagne et soutenue par de
grandes entreprises comme Siemens, E.on, la
Deutsche Bank, Enel en Italie et Saint-Gobain en
France se concrétise plus vite que prévu. Desertec
pourrait rendre superflues la construction de nou-
velles centrales thermiques et la prolongation de
la durée de vie des centrales nucléaires. ▲
www.desertec.org
fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Desertec
— Desertec pourrait
rendre superflues la
construction de nouvelles
centrales thermiques et la
prolongation de la durée de
vie des centrales nucléaires
Wind
Concentrating
Solar Power
Photovoltaics
Hydro
Biomass
Geothermal
Harmonies 06 — page 15
16. des forêts primaires de la planète n’ont
pas encore été exploitées par l’homme5 à 10%
Découvreur de “l’architecture botanique”, auteur de
nombreux livres d’amour fervent pour le végétal,
il n’a jamais cessé de s’émerveiller de l’ingéniosité
et de la beauté des arbres. Depuis des années,
Francis Hallé travaille à la réalisation d’un grand
film consacré aux forêts tropicales primaires
menacées de disparition à très brève échéance,
pour “montrer toute cette splendeur, tant qu’elle
est encore là”.
Francis Hallé explique son projet, en bonne voie
grâce au réalisateur Luc Jacquet (la Marche de
l’empereur), mais toujours en quête de financements.
Harmonies : Que souhaitez-vous montrer avec
votre film sur les forêts tropicales ?
Francis Hallé : Il y a deux manières de résumer le
projet. Une manière triste : c’est foutu, les
forêts tropicales vont disparaître à jamais d’ici
dix ans, et ce film constituera une archive de ce
que nous aurons perdu. Pour qu’au moins les
générations suivantes disposent d’un témoignage
de cette splendeur. Et il y a une autre hypothèse,
plus ambitieuse, à laquelle je veux me rallier : que
ce film puisse contribuer à freiner la déforestation.
Je me souviens de l’impact qu’a eu le Monde du
SilencedeJacquesCousteauetLouisMalle,en1956.
Ce film a véritablement lancé l’océanographie,
c’est grâce à lui que les océanographes ont pu
avoir de gros budgets de recherche.
H: À quelles forêts vous intéressez-vous ?
FH : Les forêts primaires des tropiques proches de
la latitude zéro, de l’équateur abritent une extraor-
dinaire biodiversité. Ce sont des réserves de vie :
la forêt tropicale, qui ne constitue que 6% des
terres émergées, abrite au moins 75% de la
biodiversité mondiale. Elles sont nécessaires à la
préservation de l’eau, des sols, de la vie sauvage,
ainsi qu’à l’existence de populations humaines en
symbiose avec eux. Ces forêts sont le berceau de
l’humanité, selon les paléanthropologues.
H : Pourquoi disparaissent-elles ?
FH : Elles contiennent des ressources écono-
miques considérables, à commencer par le bois.
Et elles sont vécues comme antagonistes avec le
développement économique : alors on tape dedans
pour faire des aéroports ou des autoroutes.
La courbe de déforestation s’accroît de manière
exponentielle. En Indonésie par exemple, c’est
fini, il n’y a plus de forêts primaires sauf en très
haute altitude où elles ne sont pas exploitables.
Même chose en Thaïlande.
H : La lutte contre le bois illégal aide à lutter
contre la déforestation ?
FH : L’éco-certification a été un espoir, en parti-
culier le label FSC (Forest Stewardship Council).
Je continue à être pour… Le malentendu est que
le public s’imagine que ce label protège la forêt.
Mais dans 15 ou 20 ans, là-bas, il n’y a plus de
forêt. Si les labels sont utiles d’un point de vue
social, aucun ne peut certifier qu’une exploitation
forestière industrielle soit durable. Dès lors que
l’on touche à un fil de cet écosystème basé sur les
interactions entre les êtres vivants, c’est toute la
pelote qui se défait.
H : Il y a encore un espoir ?
FH : Mon espoir, ce serait que les grandes
firmes pharmaceutiques réalisent enfin que ces
forêts représentent un trésor biochimique, que les
canopées contiennent énormément de molécules
actives très intéressantes pour développer de
nouveaux médicaments. Et que ces firmes nous
aident à les protéger.
Pour aider à la réalisation du film :
foretstropicaleslefilm.wordpress.com
marque d’engagement
avis d’expert
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+ Coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
À près de 75 ans,
Francis Hallé est un jeune
retraité qui croule sous le travail :
ancien Professeur de botanique
à l’Université de Montpellier,
spécialiste de l’écologie des
forêts tropicales humides, grand
défenseur des forêts primaires
(jamais exploitées par l’homme
et qui ne représenteraient plus
aujourd’hui que 5 à 10 % des
forêts de la planète), il a dirigé
de 1986 à 2003 des expéditions
scientifiques sur les canopées des
forêts tropicales, cette partie la
plus élevée des forêts, en contact
avec l’atmosphère et les rayons
du soleil, où se concentre une
très grande part de la vie.
Le com-
mandant
Cousteau
des forêts
—Francis Hallé
Entretien avec
Francis Hallé
botaniste, spécialiste des forêts primaires
— Je me souviens de l’impact
qu’a eu le Monde du Silence
de Jacques Cousteau et Louis
Malle en 1956
Harmonies 06 — page 16
18. Le Jardin en Mouvement s’inspire
de la friche : “espace de vie laissé au libre
développement des espèces qui s’y installent”.
Le jardin, l’espace, le paysage, ne sont pas
immuables,lesplantes,lesgrainessedéplacent
et transforment les lieux où elles s’implantent.
Le choix s’offre alors au jardinier : laisser
faire la nature ou intervenir. Cet état d’es-
prit conduit le jardinier à observer plus
et jardiner moins. À mieux connaître les
espèces et leurs comportements pour
mieux exploiter leurs capacités naturelles
sans dépense excessive d’énergie contraire
et de temps.
marque d’engagement
avis d’expert
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+ Coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
Jardinier (le Parc André Citroën,
le jardin du Musée du quai Branly,
avec Jean Nouvel, c’est lui),
ingénieur horticole, enseignant à
l’école Nationale Supérieure du
Paysage de Versailles, Grand prix du
paysage 1998, brillant conférencier
et écrivain prolifique, Gilles Clément
est surtout l’auteur de plusieurs
concepts qui ont marqué les acteurs
du paysage, dont notamment le
“jardin planétaire”, le “tiers-paysage”,
et le “jardin en mouvement”.
Il a fortement influencé la profession
des architectes paysagistes en
apportant un regard nouveau
sur la nature et sa dynamique.
Sa vision globale prenant en compte
l’ensemble de notre planète a
entraîné une nouvelle façon de
penser la conception des espaces.
—Gilles Clément
tiers-jardinier
planétaire
Le Jardin Planétaire est un concept
qui prend en compte à la fois, la diversité
des êtres qui existent sur notre planète, et
le rôle de l’homme en tant que gestionnaire
de cette diversité. C’est une manière
de considérer l’écologie en intégrant l’homme
– le jardinier – dans le moindre de ses
espaces. La philosophie qui le dirige
emprunte directement au Jardin en
Mouvement : “Faire le plus possible avec,
le moins possible contre”. La finalité du
Jardin Planétaire consiste à chercher com-
ment exploiter la diversité sans la détruire.
Comment continuer à faire fonctionner la
“machine” planète, faire vivre le jardin,
donc le jardinier.
Le Tiers-Paysage désigne tous les
espaces que l’homme a abandonnés et où
seule la nature est à l’œuvre. C’est-à-dire,
les délaissés urbains ou ruraux, les espaces
de transition, les friches, les bords de route,
les rives, les talus de voies ferrées…
— Je considère
avec une même
bienveillance les
“herbes folles” qui
tentent de pousser sur
les pavés des villes et
les essences les plus
rares plantées dans
les jardins de prestige
Harmonies 06 — page 18
19. 01 — Parc André Citroën Paris 15ème
Commanditaire : Ville de Paris, 15 hectares, réalisation 1986-1992
Paysagiste associé : Allain Provost
Architectes associés : Patrick Berger, Jean-Paul Viguier
02 — Jardins du Musée du Quai Branly
01
02
Auxquels il faut ajouter les lieux inacces-
sibles : sommets de montagnes, déserts et
réserves institutionnelles telles que les
parcs nationaux, régionaux etc.
Il est intéressant de placer dans
notre magazine Harmonies la manière
dont Gilles Clément égratigne le concept
de Développement Durable :
“C’est un mauvais oxymore. Comme
le dit un économiste américain, dans un
système fini comme celui de la planète, il
faut être fou ou économiste pour imaginer
un développement infini. Sous des appa-
rences de belles idées, le développement
durable sert de caution à des pratiques non
écologiques. L’exemple le plus frappant,
ce sont les biocarburants. Ce n’est que
de la poudre aux yeux. Sur un plan
environnemental, c’est une aberration.
Ils polluent à peine moins l’atmosphère
que les carburants traditionnels, et pour
faire un litre de biocarburant, il faut
un litre de pétrole !” ✿
Réalisations, interviews et bibliographie
sur www.gillesclement.com
Harmonies 06 — page 19
20. marque d’engagement
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Coup de cœur
beau projet
coup de Gueule
nombre estimé
d’acheteurs
en France100.000
Selon la définition officielle du site de l’Obsar
(www.obsar.asso.fr) “L’Achat Responsable
correspond à tout achat intégrant dans un esprit
d’équilibre entre parties prenantes des exi-
gences, spécifications et critères en faveur
de la protection et de la mise en valeur de
l’environnement, du progrès social et du
développement économique.”
L’acheteur recherche l’efficacité, l’amélioration
de la qualité des prestations et l’optimisation des
coûts globaux (immédiats et différés) au sein
d’une chaîne de valeur et en mesure l’impact.
Pas encore une norme donc, même si les achats
responsables peuvent entrer dans le champ de
la nouvelle norme ISO 26000, (responsabilité
sociétale des organisations), il s’agit plutôt
d’une belle tendance de fond : l’information
passe doucement et un vrai besoin de formation
se fait sentir, mais l’intention est là. Du respect
de l’environnement à l’impact des délais de
paiement sur la trésorerie, en passant par un
accès facilité pour les TPE aux divers marchés,
le spectre d’intervention des membres de
l’OBSAR est large.
l’observatoire, 100.000 acheteurs
—Achats responsables,
c’est quoi ?
du haut de
vous contemplent
Harmonies 06 — page 20
21. On compte plus de 100.000
“acheteurs” en France : trop
d’achats n’ayant encore de
‘’responsables’’ que l’adjectif,
un Observatoire des Achats
Responsables (destiné à
répertorier les bonnes pratiques)
a été initié en septembre 2010.
Ouvert aux secteurs public et
privé, entreprises, collectivités
locales, services de l’Etat et
institutions s’intéressant au
secteur, ce think tank a pour but
d’être un ‘’réceptacle des bonnes
pratiques’’ en matière d’achats
responsables, et vise surtout à
les faire progresser.
Harmonies : On ne s’improvise pas
acheteur…
Soufyane Miloudi : Après une formation
Master achat et une expérience de 4 ans
chez Michelin aux achats, j’ai pris le pari de
tenter l’expérience dans une PME conceptrice
de ses propres produits avec un besoin de
structuration du service achat. Arrivé chez
Aubrilam en 2008, je prends conscience de
la fibre développement durable, valeur fon-
damentale de l’entreprise, et j’en conclus
que les achats, qui représentent plus de 60%
du CA, doivent permettre à l’entreprise de
dérouler son plan stratégique sur les 3 aspects
du développement durable, environnemental,
économique et sociétal.
H : Concrètement, l’achat responsable
chez Aubrilam, c’est quoi ?
SM:Surunplanenvironnemental,c’estl’achat
de bois certifiés FSC ou PEFC pour toutes nos
activités. La sélection de transporteurs adhérant
à la charte objectif CO2
. La démarche de pro-
grès sur la gestion des déchets auprès de nos
fournisseurs représentant 80% des dépenses.
Sur le plan économique : c’est un objectif
de zéro fournisseur chez qui nous représen-
tons plus de 25% du CA(seuil de dépendance),
le respect de la loi LME sur les délais de
paiement, l’intégration des fournisseurs en
amont à la conception et le partage de valeur
ajoutée, la réflexion sur la limitation des sur-
coûts dus à la matière mise en œuvre ou aux
procédés non adaptés.
Sur le plan sociétal : c’est réserver certains
marchés à des personnes éloignées de l’emploi
(travailleurs handicapés, etc.) ; des partenariats
locaux pour les domaines d’activités au
cœur de la région (logistique, transport,
mécano-soudure)…
H : On peut rester performant en étant
responsable ?
SM : Cette démarche doit justement permettre
à Aubrilam d’être performant tout en étant
responsable. Afin d’être “à la pointe” sur le
sujet, j’adhère à L’Observatoire des Achats
Responsables où nous faisons la promotion
des bonnes pratiques et nous nous efforçons
de les faire progresser. Les décideurs Achats
ont longtemps été cantonnés à la performance
économique, soit 1/3 du champ possible. Les
Achats Responsables, c’est viser l’Excellence.
C’est ce que nous essayons de faire.
Entretien avec
Soufyane Miloudi
directeur des achats chez Aubrilam
Harmonies 06 — page 21
22. 45
places de stationnement couvertes
par 2 ombrières (20 et 25 mètres de
long, 10 mètres de large)
Aubrilam couvre
les parkings d’Ambrussum
—France
A
marque d’engagement
Avis d’expert
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Coup de cœur
+ Beau projet
coup de Gueule
Aire d’Ambrussum Sud, France, 2011
Maîtrise d’ouvrage : Total et Autogrill
Architecte : France Ducres,
L’Atelier d’Architectes
Bureau d’études : Hom & Ter
Produits : 2 ombrières photovoltaïques Area 1
Harmonies 06 — page 22
23. Une aire de repos sur l’autoroute A9,
à proximité de Lunel, entre Nîmes
et Montpellier. 45 places à l’ombre
qui fournissent 15% de l’électricité
de la station. ASF souhaitait à la
fois une aire plus respectueuse de
l’environnement et améliorer le
confort des usagers en installant
des abris voitures.
Total et Autogrill, gestionnaires
des lieux, ont réalisé un projet
d’envergure combinant énergie et
matériaux renouvelables, esthétisme
et fonctionnalité. Deux ombrières
conçues, fabriquées et installées
par Aubrilam fournissent un nouveau
confort à l’automobiliste, et aussi une
partie de l’énergie consommée par
la station.
450 m2 de panneaux
photovoltaïques 36kva Puissance
totale installée
— “ASF souhaitait absolument des parkings à l’ombre.
Comme le bâtiment est HQE + BBC, nous avons choisi une
solution dans la continuité de notre souci environnemental,
les ombrières d’Aubrilam”
AREA 1 est la 1ère
ombrière
photovoltaïque réalisée par Aubrilam.
Compte tenu de l’engouement pour
ce concept (et du manque de solutions
alliant esthétique et respect de
l’environnement), Aubrilam a créé
un produit industrialisé adapté
à 2 places de stationnement de parking
“standard”, multi-usages (autos/
vélos/chariots) et intégré à ses
collections de mobilier urbain
(unité de design).
C’est l’agence l’Atelier d’Architectes
(Vaucluse) qui a remporté le concours
initié par Autogrill et Total pour ASF.
L’architecte France Ducres
nous précise :
Harmonies 06 — page 23
24. Superficie totale : 107 000 m²
Nombre de niveaux : 3
Nombre de commerces : 191
Parking : 5 050 places
Parly 2
—Les ombrières Area d’Aubrilam
équipent Parly 2
marque d’engagement
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Coup de cœur
+ Beau projet
coup de Gueule
01
Harmonies 06 — page 24
25. Environnement chic
dès le parking.
Parly 2 fut l’un des premiers
centres commerciaux à faire
la part belle à l’automobile.
Les parkings sont plus visibles,
pour un meilleur accueil. Dès
l’arrivée, le marquage au sol
et la signalétique donnent le ton.
Le mobilier urbain est fabriqué
avec des matériaux nobles :
huisseries noires et dorées, bois
sombre des mâts d’éclairage…
à proximité de Versailles,
c’est l’un des premiers grands
centres commerciaux français :
son ouverture en 1969 fut
commentée par Jean Baudrillard
qui publia peu après “La Société
de consommation”, un ouvrage
majeur de la sociologie française.
Le “Nouveau” Parly 2, redesigné par
l’agence Saguez & Partners a été
inauguré le 28 novembre 2011.
Un vibrant hommage à
l’esthétique pop des années 60.
Le centre avait été malmené au fil
des années et de ses extensions.
Saguez & Partners a renoué
avec l’exigence de qualité de vie
et d’élégance de sa création
pour l’inscrire à nouveau dans
le meilleur d’aujourd’hui. En
s’inspirant des Sixties Chic,
l’agence de design a retrouvé
la qualité des jeux de graphisme
et la noblesse des matériaux.
Les volumes retrouvent leur
hauteur. Les plafonds font un
clin d’œil à Paco Rabanne.
L’axe central devient un lounge-
cathédrale. Trois espaces repos
sont meublés par les plus grands
designers des sixties : Ray &
Charles Eames, Eero Saarinen,
Arne Jacobsen, Jean Prouvé,
Jaime Hayon, Louis Poulsen…
— Jeux de graphisme
et noblesse des matériaux
Centre commercial Parly 2,
Le Chesnay, France, 2011
Maîtrise d’ouvrage :
Syndicat des copropriétaires Parly 2
Maîtrise d’ouvrage déléguée :
Groupe Espace Expansion
Agence conseil en identité de marque :
Saguez & Partners
Maître d’œuvre : Performance Partner
Designer : ENT Design
Produits : 42 mâts Dôme XL 8m,
16 mâts Dôme XL 4m avec console
Catelam, 4 abris 2 roues monopente
4x5m, 3 abris caddies monopente 5x5m,
40 jardinières Orlam, 12 cendriers Moshi,
10 jalons porte-vélos Moshi, 18 corbeilles
tri sélectif Moshi, 11 barrières Orlam
02-03 crédit photos : Saguez & Partners /
Seignette Lafontan.
02
04
03
10 466 kWh
économisés
- 407 kg
de déchets dangereux
9,54 tonnes
de CO2
compensées
Harmonies 06 — page 25
26. marque d’engagement
Avis d’expert
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Coup de cœur
+ Beau projet
coup de Gueule
ZAE Le Pas du Buis,
Saint-Marcel-Lès-Valence,
France, 2011
Promoteur : Groupe Secyvest
Produits : 52 mâts Moshi 6m,
2 mâts Moshi 3,5m,
3 bancs Alba,
4 corbeilles Moshi,
24 jalons Moshi
— à St-Marcel,
nous voulions absolument
du bois, comme McDonald’s
Harmonies 06 — page 26
27. Ensemble paysagé comprenant plusieurs
restaurants et un hôtel de 71 chambres,
le projet Saint-Marcel-Lès-Valence est à
l’initiative du Groupe Secyvest. “à l’origine,
nous étions de purs investisseurs, mais
devant la qualité de moins en moins
évidente des dossiers, nous avons décidé
de devenir promoteurs de nos propres
projets”, nous explique Erwann Coiquaud,
directeur des programmes de Secyvest.
“à Saint-Marcel, nous voulions absolument
du bois, comme McDonald’s ; nous avons
choisi logiquement Aubrilam et imposé
le même design sur tous les espaces,
publics ou privatifs.” Un vrai parti-pris
environnemental qu’on retrouve dans
la gestion des eaux pluviales. L’intensité
lumineuse est aussi gérée à divers
moments de la nuit.
St-Marcel-lès-Valence
—France
12 762 kWh
économisés
- 313 kg
de déchets dangereux
6,46 tonnes
de CO2
compensées
Harmonies 06 — page 27
28. marque d’engagement
Avis d’expert
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Coup de cœur
+ Beau projet
coup de Gueule
Réalisation primée par le Ministère de
l’Ecologie, du Développement Durable,
des Transports et du Logement*
*
au titre des belles pratiques et des bons
usages en matière d’accessibilité de la cité
Les mâts bois moisés ATHENA supportent
l’ensemble des projecteurs nécessaires à l’éclai-
rage de l’esplanade. La hauteur des mobiliers
(14,00m) donne de l’ampleur à l’espace public
et permet des interdistances jusqu’à 30m.
La matière bois apporte une présence chaleu-
reuse à cet espace minéral, la finition soignée
des matériels confère une grande qualité à
l’aménagement. Le choix du bois vient conforter
le positionnement HQE du projet, en garantissant
un bilan carbone positif dans la fabrication des
supports.
Les supports sont implantés selon un axe
parallèle à la limite SNCF et à l’aménagement
paysager. Trois files successives permettent
d’assurer un parcours piéton linéaire et continu
le long des bâtiments. Les “caisses vertes” de
l’aménagement paysager règlent les interdis-
tances. La clôture béton existante a été supprimée,
remplacée par un saut-de-loup. Avec cette
ouverture, les éclairages des voies perturbent
la perception nocturne de l’esplanade. La rigueur
des implantations sur cet espace organise
cette perturbation bienvenue et cadre les vues
sur les voies.
Les matériels installés sur les mâts ont deux
régimes distincts : les uns fonctionnent de la
tombée du jour à minuit, les autres prennent le
relais et assurent le régime de veille aux heures
creuses de la nuit. L’éclairage est uniforme le
long des bâtiments alors que côté voies SNCF,
Esplanade de l’îlot Tellier à Amiens.
Premier axe aménagé de la ZAC Gare La Vallée,
qui s’étend, à terme, de la gare à la Somme ;
l’esplanade longe les voies SNCF (1ère tranche) et
doit se poursuivre (tranche conditionnelle à venir)
en parc selon un axe Nord-Sud orienté vers l’eau.
les projecteurs placés sur les mâts dessinent
des jardins d’ombre et lumière.
Le long de la limite SNCF, un mobilier équipé
de Leds éclaire la piste cyclable. La teinte bleue
sera conservée dans les tranches ultérieures
pour identifier la piste cyclable, comme le fil
d’Ariane de la ZAC.
Esplanade de l’Îlot Tellier, Amiens, France, 2011
Maîtrise d’ouvrage : Amiens Amenagement
Architecte : AUA Paul Chemetov
Paysagiste : Empreinte
Concepteurlumière:Scènepublique,AgatheArgod
assistée de Flore Siesling
BET : OGI
Produits : 11 mâts Athena XL 14m
14 905 kWh
économisés
- 459 kg
de déchets dangereux
11,1 tonnes
de CO2
compensées
Harmonies 06 — page 28
29. Amiens
—France — La matière bois apporte
une présence chaleureuse à
l’espace minéral.
L’ensemble du projet d’éclairage de
la ZAC s’appuie sur une démarche
soucieuse des impacts écologiques
et économiques de l’éclairage sur
l’environnement :
- assurer la maîtrise des énergies
consommées
- rechercher une grande efficacité
lumineuse des éclairages
fonctionnels
- choisir les optiques adaptées, les
hauteurs de feux et les longueurs
de crosse afin de limiter le nombre
de points lumineux
- adapter les sources au système
de télégestion de la ville afin
d’accroître la durée de vie des
lampes et de maîtriser les
consommations.
- utiliser des matériaux dont la
fabrication et l’acheminement ont
un impact écologique minimum
- proposer l’installation de matériels
utilisant de nouvelles technologies
d’éclairage sans maintenance.
Harmonies 06 — page 29
30. marque d’engagement
avis d’expert
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Coup de cœur
beau projet
+ Coup de Gueule
—Rudy Ricciotti
pourfendeur
du label HQE
Architecte et ingénieur, Grand Prix national
d’architecture en 2006, Rudy Ricciotti peut
se vanter d’un CV impressionnant de classe
internationale : la spectaculaire Passerelle
de la Paix à Séoul, le Pavillon Noir d’Aix en
Provence, l’agrandissement du musée du
Louvre, le MUCEM à Marseille, le nouveau
stade Jean Bouin à Paris, le palais des
festivals à Venise…
Son franc-parler lapidaire, imagé et accentué
façon midi de la France, et sa dégaine de
play-boy chevelu (“j’ai une tête de voleur
de poules”, dit-il lui-même) lui valent une
réputation de pourfendeur du politiquement
correct. On l’adore ou on le déteste, mais
l’homme ne laisse pas indifférent.
Il s’emporte contre les normes et prône la
résistance anti HQE dans son pamphlet
“HQE : les renards du temple”, paru aux
éditions Al Dante. “Un ouvrage qui m’a coûté
cher, je suis devenu tricard avec ce discours”,
explique celui qui est à la fois Chevalier de
la Légion d’honneur et cavalier solitaire qui
donne de grands coups d’éperon dans le
système. Il dirige, depuis Bandol, une agence
de 30 personnes.
Harmonies 06 — page 30
31. H : N’empêche qu’il faut bien s’imposer des
contraintes environnementales ; y a-t-il une autre
solution que l’encadrement normatif selon vous ?
RD : Il faut, pour répondre à votre question, libérer
les énergies et les intelligences constructives. Il faut
déréglementer et obliger aux résultats, ce qui est autre
chose. Il faut “bilanter” l’empreinte environnementale
et pour cela, réduire la pression confort et le bling-bling
technologique. La durabilité, c’est aussi fabriquer des
bâtiments qui impliquent un besoin important de main
d’œuvre. Si l’on veut réduire l’empreinte environne-
mentale, il faut construire des bâtiments sur une chaîne
courte de production, en privilégiant le recours à la
main d’œuvre plutôt que les produits fabriqués en série
à des milliers de kilomètres.
H : Chez Aubrilam, nous avons beaucoup investi
pour “éco-concevoir nos produits”, pour diminuer
l’impact environnemental de notre site de production,
offrir à nos clients la liberté de choisir (ou pas) nos
produits qui présentent le meilleur profil environ-
nemental à ce jour. Nous présentons des analyses de
cycle de vie, des PEP. Nous avons été précurseurs en
ce domaine, depuis 5 ans. Nous n’avons pas trouvé
d’autres solutions que les normes pour démontrer
objectivement nos avantages environnementaux.
RD : Je ne crois absolument pas à la sanctification
par la norme. Les questions que vous devez évaluer
devraient être : longueur de la chaîne de production,
énergie primaire consommée, nombre d’emplois de
proximité créés, bénéfice techno-scientifique et mémoire
du travail non-délocalisable, etc.
H : Si on se passe des normes, quelle est la définition
d’une architecture (d’un architecte) responsable ?
RD : Celle qui honore les valeurs du travail. Celle qui
renouvelle la mémoire du travail. Celle qui évite
aux composants de traverser la moitié de la planète…
et surtout combattre le consumérisme industriel en
proposant la désobéissance technologique.
— le contexte
méditerranéen
est un véritable
antidote à
la névrose
conceptuelle
HQE La Haute Qualité Environnementale,
initiative associative d’origine privée
Entretien avec
Rudy Ricciotti
Architecte et ingénieur
“S’il faut être vulgaire pour
refuser l’escroquerie à la
morale environnementale,
alors soyons tous vulgaires.
S’il faut être asocial pour refuser
l’infantilisation d’un débat de
société aussi impérieux, alors
soyons asociaux. S’il faut être
violent pour refuser le tribunal
d’exception qui conduira au
racisme culturel, alors je serai
violent.
Le sigle HQE®
est frappé d’un
“registered mark”. Que chacun
médite sur l’autoévaluation
de cette doctrine dans notre
économie libérale. Le sigle
le plus démagogue jamais
inventé protège ses initiales,
confirmant là ce désir de pouvoir
sur un territoire d’intérêt public,
et réfutant aux trois lettres
la propriété de n’être pas
appropriables.”
Harmonies : Vous raillez le fait que les architectes
doivent être aujourd’hui “green, voire hypergreen”.
L’architecte “vert” serait une sorte de gendre idéal.
Le HQE serait donc du “politiquement correct”. Le
label HQE est selon vous un “eldorado de l’arnaque”.
Rudy Ricciotti : Ce qui est grave, c’est que ces normes sont
le résultat de lobbyings industriels et les bureaucrates,
l’ombre portée de ce dispositif nécrophage. Prenez l’exemple
de la réglementation thermique : elle ne fait que promouvoir
davantage de machinerie et de suréquipement. Souffler plus
d’air dans des conduits pour l’aspirer plus est devenu le
projet révolutionnaire et romantique de tout bâtiment public.
Peuimportesil’énergieprimaireconsomméepourfabriquer
une pompe à chaleur réchauffe d’abord la planète avant de
réchauffer son propriétaire ! L’indifférence générale à cette
inflation réglementaire est critiquable mais compréhensible :
elle permet de renouveler le champ existentiel de nombreux
parasites.
H : Vous dites à propos du HQE : “les architectes,
comme les édifices, sont pris en otage”.
En effet, il n’est plus possible de répondre à la question :
“voulez-vous un projet HQE ou un projet non HQE” ?
On fait quoi alors ??
RD : Ce label est de nature à créer du négatif sur les
systèmes de raisonnement scientifique. Il prend en
otage également la question environnementale par des
inexpertises lourdes de conséquences sur l’empreinte
environnementale. La première victime est l’environne-
ment, la deuxième l’emploi. Soyons clair. La magouille
aujourd’hui est de fabriquer du bénéfice sur le dos de la
question environnementale. Les banques, les industries
chimiques, l’industrie de l’acier, les publicistes, tous sont
“verts” sans aucun doute. La manipulation est devenue
au-delà du lobby industriel une machine à fabriquer des
marchés de communication pris sur les budgets recherche
et développement. L’industrie nucléaire, l’industrie phar-
maceutique sont également HQE. Le bêlement caprin sur
le sujet a atteint un niveau pornographique.
Harmonies 06 — page 31