2. 17 mars / 18 mars
2012 Fresque un art
Exposition organisée
dans le cadre du
« Parcours des artistes »
d’Orgeval.
Fresques : Minh Hanh Maudoux
Catalogue : Minh Hanh Maudoux
Impression 10 exemplaires : Multirepro
Tous les textes sont tirés du blog
www.fresquemoderne.wordpress.com
Informations vente et contact :
fresquemoderne@hotmail.fr
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3. 09
Novembre 2009
Interprétation
moderne
de la fresque
Portraits ancienne
Fresque moderne ou pourquoi la peinture murale petit format ?
Tout artiste qui débute va se poser logiquement 3 questions :
- sur quel support travailler ;
- sur quel format ;
- et enfin quel style d’expression adopter ?
J’ai été introduite à la technique de la fresque par hasard,
lors d’une formation à Florence en août 2008. « Art mort »
par excellence, il n’a cessé de péricliter jusqu’à nos jours,
les matériaux modernes et notre style de vie rendant difficile
son application.
Cependant, tout comme il faut attendre que le mortier (ou
intonaco) soit dans son état « innamorato » pour peindre,
je pense que l’on peut tomber également « amoureux »
d’un support et qu’il serait dommage de ne pas trouver des
moyens de l’adapter à nos contraintes actuelles.
C’est la raison pour laquelle, je propose désormais un travail
dans le respect de la tradition italienne telle que décrite au
e
15 siècle mais avec un format qui reste tout à fait compatible
Autoportrait II, 2009
avec nos intérieurs … d’où des œuvres qui ne pèsent pas
27*37 cm plus de 5 kg en moyenne.
référence 09-02
4
4. 09
Novembre 2009
Question
de style
Lignes et aplats I Naît-on avec un style ? Assurément, l'éducation, l'expérience,
la personnalité sont des composantes qui entrent en ligne de
compte. Pour ma part, j'ai opté pour un mode de représenta-
tion spécifique à la technique de la peinture murale a fresco.
L’exemple de ce portrait revisité d’Egon Schiele, montre
un travail de la ligne et des aplats, qui correspond en fait,
à la mise en valeur d’une étape essentielle de cette technique :
celle du report du dessin à la sinopia (pigment ocre rouge)
à l’aide d’un calque sur l'intonaco. Il s'agit de relier les points
laissés au travers du calque pour retrouver les grandes lignes
du dessin d'origine.
L’utilisation d’aplats de couleurs, quant à elle, permet
d’exploiter la propriété couvrante de la carbonatation
(réaction chimique de la chaux et du sable au contact de l’air,
qui permet la fixation de la couleur à la surface) et qui a
pour résultat la formation de la fine couche de « craie »
colorée si caractéristique de la fresque.
De cette expérimentation, est né ce que j'appellerais
le « style de la fresque moderne », forme de représentation
adaptée à mon passé de formation classique, à mon expérience
graphique et au support choisi.
Schiele, 2008
d’après photo
(Anton Joseph Trcka, 1914)
30*40 cm
référence 08-01
6
5. 22
Novembre 2009
Quelques
repères
Technique La fresque est une technique particulière de peinture murale
dont la réalisation s’opère, avant qu’il ne soit sec, sur un
enduit appelé intonaco. Le terme vient de l’italien
« a fresco » qui signifie « dans le frais » .
Le fait de peindre sur un enduit qui n’a pas encore séché
permet aux pigments de pénétrer dans la masse, et donc
aux couleurs de durer plus longtemps qu’une simple pein-
ture en surface sur un substrat. Son exécution nécessite
une grande dextérité, et se fait très rapidement, entre
la pose de l’enduit et son séchage complet : c’est-à-dire
en quelques heures (maximum 5, pour une fresque de format
32*46 cm).
David Giton, 2009
d’après photo
(René de Giton,1945)
30*30 cm
référence 09-04
8
6. Fresque
12
Décembre 2009
contemporaine
ou objet mural ?
In situ Même s’il s’agit de l’intégrer dans un décor moderne,
la fresque d'aujourd'hui doit conserver quelque chose
d'ancien. Elle doit raconter une histoire.
Pourquoi ?
Parce qu'il serait ridicule de faire de l'abstrait. Cela reviendrait
à donner un effet à un mur, soit à effectuer le travail d'un
peintre en bâtiment.
Parce qu'il serait ridicule de se cantonner à des motifs,
sur du petit format, cela reviendrait à recréer le carrelage.
Enfin, parce que la modernité ne doit pas être synonyme de
vide intersidéral.
Bien au contraire, comme le dit Jeff Jarvis dans sa « méthode
Google », la simplicité, c'est la complexité bien pensée.
L'art de la fresque ne doit pas être dépouillé de son essence.
Le mur doit être peint, et non « lavé » timidement. Ce n'est
pas la transparence du mur qui nous intéresse - on n'a pas
besoin de « sentir » le béton pour savoir qu'il existe - mais
l'étrange pouvoir de captation de la lumière des pigments :
celle du soleil en particulier. L'ensemble des formes colorées
qui compose la composition murale est donc mis en valeur
par cette propriété unique.
De Staël, 2009
d’après photo
(Denise Colomb, 1954)
Il faut voir une fresque moderne installée dans son intérieur.
27*37 cm Il faut trouver sa place à l'objet mural. Tout comme une
référence 09-05 plante, il pourra s'épanouir ou mourir, briller de mille feux
ou s'éteindre.
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7. Comment
18
Janvier 2010
habiller un fond ?
C’est quoi au juste, la fresque moderne ? Traiter de sujets
d’aujourd’hui, dans des décors d’aujourd’hui ? Faire de la
copie de l’ancien (en attendant d’avoir quelque chose à dire)
Inspirations et rendre « actuel » le contexte ?
Les peintres italiens du 16e siècle privilégiaient la gaieté
des décors bucoliques : jardinets, oiseaux, feuillages, fruits
et tentures… dans leur monde, le verre est à moitié plein,
il fait beau et les personnages étalent leurs postures lascives,
opulentes et bien heureuses sur toute la surface du tableau.
Un siècle plus tard, la peinture flamande rappelait qu’il y a
des endroits du monde où c’est moins drôle, que dans la journée
on ne peut pas toujours se balader tout nu en chantant avec
des anges. Par conséquent, puisqu’il faut rappeler la triste
condition de l’homme, les artistes se concentrèrent sur
la représentation détaillée des intérieurs (souvent crades),
de la campagne (souvent triste, nostalgique) et sur la
retranscription de la lumière particulière qui règne aux Pays Bas.
En 2010, l’inspiration minimaliste des designers modernes,
« Le presque rien qui fait tout », « Le beau pas cher mais
utile », impliquerait la conception d’une scène à fond vide.
Suivant la même logique, la mise en lumière de l’intrique
devrait-elle alors passer par un éclairage LED basse
consommation à haute qualité environnementale ?
Puisqu’il s’agit du sujet et de rien d’autre, exit la symbolique
L’enfant prodigue, 2010 (trop compliquée à expliquer par SMS) et les objets de déco
d’après une peinture flamande
30*30 cm
intérieure (on a tous les mêmes achetés chez But). De l’utile
référence 10-01 donc, mais comment le joindre à l’agréable ?
C’est le nœud que nous tentons de résoudre avec cet enfant
prodigue, qui profite, lui, bien de la vie.
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8. La peinture
31
Janvier 2010
murale
pour support
Une question fréquente qui m'a été posée: « Mais pourquoi
FAQ la peinture murale, pourquoi avoir choisi cette technique,
qui est si compliquée ? »
1/ La réponse du philosophe
J’ ai assisté dernièrement à une intervention de Michel Serres.
A la question du maintien des traditions dans nos modes
de vie désormais bouleversés par l’arrivée des nouvelles
technologies, il répondit que chaque génération relisait à sa
façon une histoire donnée : la portée que l’on donne donc
aux événements du passé est fonction des connaissances
scientifiques et technologiques disponibles. La fresque
moderne, c’est bien l’interprétation d’une technique du 15e
siècle selon une conception du monde du 21e.
2/ La réponse du consultant en réduction de coûts
L’optimisation temps de travail / coût des matières premières /
qualité du résultat final était déjà à la mode au 15e. La fresque
murale allie en effet tous ces avantages. Certains allaient même
jusqu’à commander des œuvres en bichromie. Efficace, car
pour si peu de moyens déployés, le rendu était inégalable.
3/ La réponse du publicitaire
Un des directeurs artistiques avec qui je travaillais résumait
le concept de modernité ainsi : sobriété, dépouillement,
fond blanc, afin de mettre en valeur la force graphique des
Madone à l’écran d’osier, 2010 objets représentés. La modernité des peintures murales que
d’après une peinture flamande
30*30 cm je produis n'est ni dans le sujet choisi, ni dans le choix du
référence 10-02 support... mais dans la production d’un objet de design à
part entière, destiné à trouver sa place dans nos intérieurs
et nos décorations modernes.
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9. 09
mars 2010
Renoncer à
l’original pour
se concentrer
Sujet mural sur l’originel
Crise économique, chômage, précarité... Je fais partie
« d'une période faible, soûlée de télévision, d'argent et
de performances où le métier d'artiste est très prisé ».
Obsédée par son existence médiatique, qu’a la jeunesse
d’aujourd’hui à raconter ou à montrer ?
Gérard Garouste, dans son autoportrait défend une autre
théorie : « On ne peut peindre que si l’on va bien. (…) le lien
légendaire entre la folie et l’art s’est trop souvent changé en un
raccourci romantique. Le délire ne déclenche pas la peinture, et
l’inverse n’est pas plus vrai ».
La question du sujet est en effet secondaire. C’est dans
la manière de le mettre en scène que tout va se jouer.
Prenons le cas de La jupe blanche de Balthus. Que voyons-
nous ? Une jeune fille blonde assise sur une chaise.
C'est un sujet classique. Concentrés sur notre fresque murale,
que copions-nous ? Une jeune fille blonde, au chemisier ou-
vert, aux jambes interminables, à la tête légèrement inclinée
qui lui donne un air franchement indécent. « J’aime l’idée
La jupe blanche, 2010 qu’on représente une chose et qu’on en raconte une autre »,
d’après l’œuvre de Balthus (1937) écrit encore Garouste.
30*30 cm
référence 10-03 Dans ce contexte, qu’il s’agisse d’art de la fresque ou de
toute autre forme d’expression, la gestation dans la
souffrance et la névrose sont en effet, tout à fait inutiles.
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10. 11
Avril 2010
Au fondement
était la ligne
Lignes et aplats II Déstabiliser toutes nos certitudes, « nos positions dans
l'existence » afin de lâcher prise, de retrouver un état apte
à la création, tel aurait été l'héritage de Socrate.
François Roustang écrit « une thérapie réussie est une thérapie
dans laquelle le patient devient l'artiste de sa propre existence »,
et apprend à remplacer le narcissisme du « je » par le « jeu »
avec soi et le monde.
Puisqu'il est si difficile d'appliquer cet adage à la vie réelle,
pourquoi ne pas en faire profiter son art ? Chacune de mes
lignes est une synthèse : travail de nu, travail à l'encre,
travail typographique... entièrement modelée par les
enseignements reçus et l’environnement. Et pourtant,
malgré le poids de leur histoire, ces lignes sont spontanées.
Il en va de même pour le choix des couleurs, je n'y réfléchis
à vrai dire, que très peu. « Je ne sais pas ce que je fais et
pourtant je le fais ».
La rapidité d'exécution exigée par la technique de la fresque
est un garde fou contre une oeuvre qui se révélerait trop
calculée, trop réfléchie... Le secret est dans la mesure :
Sainte famille, 2010 c'est le cas pour cette famille sainte, douce inspiration rose
d’après l’œuvre du Caravage (1571) et bleue tirée du Caravage.
30*30 cm
référence 10-04
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11. 19
Juillet 2010
Fresque
mainstream
La fresque moderne pourrait être « le symbole de la contre-cul-
ture, de l’indépendance et du cool, au cœur même de la
A vendre machine à fabriquer du mainstream » (Mainstream de Frédéric
Martel, p.145).
Et si la fresque moderne devenait mainstream ? A la question
« Ton week end c’était comment ? » on pourrait répondre
(sans passer pour un intello élitiste et passéiste) : « J’ai fait
de la fresque, c’est une expérience tellement hip et trendy,
c’est véritablement trop cooOOOOOLLLL » ; ou : « J’ai acheté
une fresque portative pour mon salon, c’est design, pratique,
lavable à l’eau, ça se conserve des années…et avec la lumière,
les couleurs elles changent aussi, c’est trop interactif, c’est trop
moi ».
La fresque moderne, bientôt aussi tendance que d’aller se
« taper » l’exposition Picasso au Grand Palais à 1h ou 2h
du mat (« Le » nouveau concept pour éviter la foule) ?
Mais est-ce qu’on peut tout rendre mainstream ? Tout est
question de marketing. Prenons un sujet improbable : Balthus.
Version pas mainstream : « Balthus, homme apparemment
obsédé par les figures de jeunes filles nubiles, représentées
dans des attitudes provocantes et dont la récurrence dans
l’œuvre, semblant exprimer un souci personnel de stimulation
La famille MC, 2010
érotique… » (Balthus, sous la direction de Jean Clair, p.117).
d’après l’œuvre de Balthus (1935) Version mainstream : Balthus, c’est du porno chic en 4*3 m.
27*37 cm
référence 10-05 A vendre, copie moins chère que l’original.
La famille Mourron-Cassandre, une version mainstream
de l’original ?
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12. De l’art
15
Décembre 2010
du portrait
e
au 16 siècle
Bas les masques « La douceur des mœurs et la convenance des manières
et des paroles sont plus utiles que les vertus proprement dites
quand on est en société, parce que les vertus se
mettent rarement en œuvre » (penseur florentin, autour de
1545 dans Bronzino de Maurice Brock, p.66).
Certains se demanderont pourquoi je prends toujours
des références aussi anciennes pour évoquer des concepts
aussi actuels : les anciens n’avaient en effet, pas une manière
si différente de la nôtre de briller sous les projecteurs.
Ils transformaient leur image, se représentaient avec des
« masques » de bienséance… les portraits de l’époque
relevaient plutôt d’un manège amoureux qui ne devait pas
grand-chose aux vertus ou à l’intériorité. Heureusement
qu’ils n’avaient pas le son ! On se serait retrouvé devant
une de nos bonnes émissions de télé-réalité préférées.
Est-ce que, comme on le pensait au 16e siècle, les peintres
(ne peuvent) qu’imiter principalement l’extérieur, à savoir
les corps et l’allure des choses ; aux poètes l’intérieur,
à savoir les concepts et les passions de l’âme ?
Je répondrais : plutôt faux. On oublie les passions de l’âme
du peintre. Un de mes professeurs de nu aux Beaux Arts
Madame Vasari, 2010 m’avait dit « On peint comme on est ».
d’après reproduction
32*46 cm
Cette Madame Vasari, inspirée de la vraie Madame Vasari,
référence 10-07 peinte sur un des murs de sa maison d’Arezzo par son mari,
est-ce vraiment Madame Vasari ou une image travestie de
moi-même ?
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13. 04 Demander « aux sculpteurs
de peindre des plafonds,
et pourquoi pas, frotter des
Janvier 2011 parquets ? »
Tourisme
à la chapelle Lorsque Michel-Ange fut mandaté par le Pape Jules II pour
Sixtine travailler à la rénovation du plafond de la chapelle Sixtine,
il pensait torcher le boulot en 6 ou 7 mois, pour revenir à
des occupations « plus nobles ». Mais les travaux durèrent
jusqu’en 1512, c’est-à-dire 4 ans.
Un passage de Michel-Ange face aux murs d’Armand Farrachi,
décrit les difficultés de la technique de la fresque, même au
temps des grands maîtres.
« Les cartons, tracés par lui-même (Michel-Ange) à la sanguine
ou au fusain sur de grandes feuilles, étaient fixés au mur, puis
on procédait au décalque en les tamponnant avec une ponce
ou en versant de la poudre de charbon par de petits trous percés
sur le carton pour y laisser un pointillé à relier ensuite au pinceau.
(…) La surface à peindre dans la journée devait au préalable
avoir été fraîchement enduite pour que les couleurs se fixent
en séchant avec leur support, ce qui interdisait toute retouche,
sinon en détruisant et en recommençant. Des garçons préparaient
les couleurs en broyant les pigments (…) D’un seau à l’autre,
l’homogénéité des couleurs se perdait, et si l’on découvrait le
lendemain qu’elles s’étaient nuancées en séchant, tout était
à recommencer. La prise du mortier variait selon la température
Sculpture du jardin de Boboli, 2011 et l’humidité, obligeant parfois à travailler plus vite ou plus
d’après étude sur place
32*46 longtemps, ou à tout reprendre si la surface avait séché. On
référence 11-01 défaisait parfois plus qu’on avait fait, la fresque, au lieu
d’avancer, reculait et se trouvait le lendemain moins étendue
que la veille, ce qui décourageait. »
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14. Faites
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Février 2011
le mur !
Le graffiti serait-il le représentant actuel de l’art mural
moderne ? Art de la rue certes, mais également de la
référence : poétique, revendicatif, personnel ou tout simplement
gratuit, le graffiti ne saurait être appréhendé hors contexte.
Gentleman Un certain dénommé Banksy, graphiste de rue britannique,
graffeur défraie la chronique depuis quelques mois. Décryptons
ensemble les méthodes de ce people en pleine ascension.
1. Il fait des choses illégales. Si toi aussi tu veux devenir
un artiste en vogue, n’hésite pas à sortir des sentiers battus,
à critiquer les fondements de notre société et à t’exprimer
partout (bâtiments publics, murs, rues très fréquentées...)
surtout si c’est interdit. En bref, sois impertinent afin
d’augmenter ta cote créative.
2. Il entretient le mystère et vit caché. Quoiqu’il arrive,
apparais toujours masqué. Pour booster ta notoriété,
communique sans communiquer et prends exemple sur lui,
qui a produit un film (Faites le mur !, 2010) sur un mec
improbable qui l’aurait rencontré et qui donc, parle de lui.
3. Il est riche et fait le bien autour de lui. Son 'Save or
Delete Jungle Book' (campagne Greenpeace, 2001) s’est
vendu à 78 000 £ à la Bonham’s urban sale en janvier 2011.
Il a récemment essayé de sortir de prison 2 artistes russes
grâce aux bénéfices de la vente d’une de ses œuvres
(Collectif Voïna, décembre 2010).
Et la fresque dans tout cela ? « On distingue généralement
La Sybille de Lybie, 2011 le graffiti de la fresque par le statut illégal, ou en tout cas
d’après l’œuvre de Michel-Ange clandestin, de l'inscription.», dixit Wikipédia.
(1506-1512)
32*46 cm La fresque est la forme longue du graffiti. Alors que ce dernier
référence 11-02 prend quelques minutes à mettre en scène, prévoir
quelques heures pour la fresque moderne !
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15. Tribute
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Juillet 2011
to Bronzino
La « jeune fille à la fenêtre » est une composition directement
inspirée de l’œuvre de Bronzino. Revenons sur les méthodes
artistiques du peintre.
Le fond Privilégier le « Comment » sur le « Quoi »
et la forme En bon florentin du 16e siècle, Bronzino pratique l’art de la
référence, qui consiste à partir d’éléments existants et à leur
faire subir de légères modifications de manière à en transformer
l’effet final. Il en résulte que le spectateur, pour pouvoir
comprendre l’allusion, doit être aussi un initié. Ainsi, loin de
tendre à rester fidèle à la nature, l’art de Bronzino consiste
prioritairement à imiter l’art.
Peinture contre sculpture, l’éternelle lutte des classes
Au jeu de celle qui l’emportera par une plus haute noblesse
de statut, Bronzino justifie sa préférence pour la peinture en
usant de 3 artifices : la ligne, la complémentarité des points
de vue, la couleur. Aussi traite-t-il de façon linéaire toutes
les limites, qu’il s’agisse des contours extérieurs des objets
ou de leurs formes intérieures. Il pallie à l’impossibilité de
Passages tirés de l’ouvrage
«tourner » autour du sujet (comme on le ferait avec une
de Maurice Brock, Bronzino, sculpture) soit en étalant les corps dans la surface, soit en
Editions du Regard, 2002. représentant plusieurs personnages dont les morphologies
se « répondent », de manière à les faire se combiner en un
seul et même corps, vu de face et de dos.
Enfin, l’impact d’une lumière réelle sur une sculpture ne
produira jamais les changements de teinte que Bronzino
Jeune fille à la fenêtre, 2011 multiplie dans les plissés des vêtements de ses personnages.
d’après l’œuvre de Bronzino (1538)
32*46 cm Plus jeune, je croyais que le fond primait sur la manière de
référence 11-03 faire. Aujourd’hui je défendrais plutôt la thèse de Bronzino
selon laquelle le « beau »serait à chercher dans l’art, plus
que dans la nature.
28
16. 13
Septembre 2011
Egon Schiele aurait-il
peint de la même manière
s’il était né 60 ans
plus tard ?
Retour
aux sources Au début du 20e siècle, Egon Schiele, formé aux arts décoratifs,
avait pour contemporains Munch, Klimt, Gauguin, Rodin…
tous ont contribué à l’élaboration de son style.
L’expressionnisme autrichien : « Avec la notion de creuser
sous la peau au sens vrai du mot, c’est-à-dire mettre à nu les
muscles et les nerfs et tenter avec des preuves cliniques
d’atteindre une expression similaire pour les états spirituels »
(Egon Schiele, Erwin Mitsch, Phaidon, p.19), telle était la manière
de représentation « à la mode » plébiscitée en son temps.
Il est bien possible, que né un demi-siècle plus tard, le talent
de Schiele se soit exprimé autrement. Alors que signifie
« trouver son style » ? Cela ne veut rien dire, ce dernier étant
par définition, lié à l’histoire de l’auteur et à son époque : il
est donc amené à varier tout au long de sa vie.
Au final, il existe deux choses. La manière de faire (le style)
et l’interprétation.
En effet, à procédé similaire, résultat souvent différent.
Nous n’avons pas tous, ni la même appréhension de la
problématique à résoudre ni la même sensibilité aux sujets
abordés.
Jeune fille au ruban, 2011
d’après étude sur place Je conclurais en disant que Schiele aussi a représenté sa
30*30 cm « Sainte famille » et que les sujets varient peu, contraire-
référence 11-05
ment à leurs interprétations, qui se comptent par milliers.
30
17. 10
Octobre 2011
Czech
architectural
cubism
Cuisine tchèque Si vous avez l’opportunité de vous arrêter pour quelques
jours à Prague, une fois le pont Charles franchi et gavé de
Goulash local, ne manquez pas la visite de la Black Madonna
House et de sa galerie, véritables témoignages du cubisme
tchèque.
Né et mort à Prague (1911-1920), ce courant architectural,
redécouvert en 1960, fut directement inspiré du cubisme
français incarné à cette période par Pablo Picasso.
Il prit sa source en la personne de Pavel Janák, un artiste
fortement lié à la communauté parisienne, qui le premier
en développa les principes au travers de la publication
d’un essai : The Prism and the Pyramid et la création d’un
groupe de pensée, the Group of Fine artists. Il fut ainsi rejoint
par des personnalités telles que Otto Gutefreund (sculpteur)
Josef Gočár (peintre, également concepteur de la Black
Madonna House), Vlastislav Hofman (architecte)… qui
s’attachèrent à appliquer les figures de style de ce cubisme
particulier en peinture, architecture, design d’intérieur,
objets d’arts et ameublement…
A la recherche des motifs géométriques de la pyramide,
du polygone ou encore de la facette du cristal, vous vous
Jeune fille dans l’eau, 2011
d’après étude sur place
apercevrez que Prague regorge de petites merveilles cubistes :
32*46 cm façades, lampadaires, garde corps ou encore cages d’escaliers.
référence 11-06
La Jeune fille dans l’eau présentée aujourd’hui, cache aussi
son secret cubiste… à vous de le découvrir.
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18. 13
Novembre 2011
Pourquoi Michel Ange
n’a-t-il jamais achevé
les Esclaves ?
Michel Ange n’a jamais achevé les Esclaves. Etonnant en
Philosophie 1513 mais curieusement précurseur vu de notre époque.
esthétique Alors, paresseux Michel Ange ou tout simplement génial ?
Le projet de Michel Ange pour le tombeau de Jules II était
destiné à être érigé au centre de la basilique Saint-Pierre de
Rome. Initialement le tombeau était conçu pour représenter
l’ascension progressive de la Terre vers le Ciel, avec à sa base,
les fameux Esclaves du sculpteur. De nombreuses hypothèses
ont été faites. Les unes sont liées au courant néoplatonicien
qui avait cours au quattrocento et décrivent des âmes tour-
mentées par leurs incarcérations corporelles qui s’efforcent
de s’arracher au corps mortel (la matière). Les autres, se réfèrent
à la religion en évoquant des Esclaves en résurrection vers
la vie éternelle.
Michel Ange partageait ainsi avec son temps un certain
culte de l’Antiquité, dans lequel, « Le corps humain dans son
état présent est une œuvre inachevée, dépravée et qui ne réalise
pas encore la forme qui la fera paraître en acte, et de toute
éternité : la création de l’homme, abîmée par le premier péché,
ne sera restaurée qu’avec la fin des temps. L’homme est ainsi
l’esclave d’un corps grossier qui ne redeviendra lui-même,
c'est-à-dire corps glorieux, qu’avec sa transfiguration dans
la vie éternelle ».
Ange déchu, 2011 Les Esclaves de Michel-Ange sont l’image d’une force spirituelle
d’après étude sur place
32*46 cm qui s’arrache à la matière, travaillée par le désir de l’éternité.
référence 11-07 C’est ce à quoi nous a fait penser cet ange, inspiré d’une
étude pour sculpture du Bernin, tout de paille, fils de fer et
terre séchée vêtu…
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19. 27
Novembre 2011
Mademoiselle
Gravillon
Le deuxième sexe Qui peut bien être Mademoiselle Gravillon ?
Et d’ailleurs comment se fait-il qu’à 70 ans passés Mademoiselle
Gravillon s’appelle toujours Mademoiselle ? Portrait par
Diane Airbus. (Extrait du texte Mae West : Once Upon Our
Time, janvier 1965, Diane Airbus Magazine Work).
« Je n’ai jamais été capable de dormir avec quelqu’un. J’ai besoin
d’un lit double entier afin de m’allonger au milieu et d’étendre
mes bras des deux côtés, sans être dérangée.
Le sexe ? C’est une sorte d’émotion fluctuante. L’amour est
ce que vous en faites et avec qui vous le faites.
Les hommes : je veux pouvoir les absorber tous.
On m’a demandé une fois, quels seraient les dix hommes que
j’aimerais rencontrer et fréquenter. Pourquoi seulement dix ?
Pourquoi pas cent ? Ni un millier ?
Pas tous en même temps, ça c’est sûr.
Mais toutes les possibilités qui en découlent titillent mon ima-
gination. Je me rappelle toujours leurs visages.
Leurs noms, au contraire, ne m’ont jamais paru importants.
Il y a un homme pour chacune de mes humeurs… Tous
les hommes ne sont pas préparés ou formés à l’amour.
Deux femmes uniquement ont leur importance :
Mademoiselle Gravillon, 2011 la première, c’est leur mère, la seconde, leur maîtresse.
d’après photo (Diane Airbus, 1965) J’ai trouvé des hommes qui ne savaient pas comment embrasser.
32*46 cm
référence 11-08 J’ai toujours pris le temps de le leur apprendre...»
Mademoiselle Gravillon
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