Mairies communes du Pays de Fouesnant --php8ui pki
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1. Fouesnant
En dehors des affaires courantes que connaît la municipalité (droit de passage, limites
de terrains, entretien des dunes, eau potable suite à la sécheresse de 1896, échanges ou achats
de terrains), quelles pouvaient bien être les préoccupations des fouesnantais durant la période
1895-1905 ? Au travers des délibérations des conseils municipaux, nous allons tenter d 'y
répondre.
Indiquons tout d'abord que pendant ces dix années, deux maires se sont succédés :
- M. Pierre Le Corre, maire du 17juillet 1892 au 20 mai 1900.
- M. Corentin Keroulin, élu le 20 mai 1900.
15 mars 1895 : « Suite au constat qu'un chien atteint d'hydrophobie furieuse 1 et ayant mordu
un grand nombre d'autres chiens...
- Tous les chiens mordus seront abattus immédiatement, ainsi que ceux errants et dépourvus
de collier ;
- les autres chiens devront être tenus en laisse ou munis d'une muselière pendant une durée de
deux mois. »
28 mai 1895 : A partir de cette date apparaissent de plus en plus les difficultés financières
éprouvées par la commune pour mener à bien son évolution et répondre aux besoins des
citoyens les plus déshérités. Les recettes communales ordinaires étant insuffisantes, le conseil
doit voter des ressources spéciales, notamment pour assurer le service de l'assistance médicale
et pharmaceutique gratuite prévue par la loi du 15 juillet 1893.
1 : Hydrophobie: crainte de l'eau. Synonyme inexact de rage; le chien enragé n'a pas peur de
l'eau, il a toujours soif au contraire, et boit avidement.
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2. Les ressources spéciales sont fournies par des taxes d’octroi, des centimes additionnels, des
demandes de subventions au Département; on vote une augmentation des droits de place selon
la superficie occupée par les marchandises exposées à la vente (droit au mètre carré occupé
par les charrettes, voitures ou brouettes chargées ou vides, baraques, échoppes, etc...) ; les
taxes d'octroi sur les boissons hygiéniques (vin, cidre, poiré, hydromel) sont diminuées, mais
les alcools surtaxés.
12 avril 1896 : Session extraordinaire pour l’agrandissement de l'école de garçons du bourg,
avec construction d'une troisième classe
24 juillet 1896: Session extraordinaire pour un emprunt communal à la Caisse Nationale des
Retraites pour la Vieillesse (2 787 francs au taux de 3,85 %).
Depuis août 1896 jusqu'à février 1898, les problèmes budgétaires de la commune font
apparaître dans les séances du conseil municipal les principaux refus suivants :
25.08.1896 : Refus de l'ouverture d'un cours d'adulte par l'instituteur, M. Kernéis, par
manque de finances.
22.08.1897 : Refus de l'installation d'une chaîne d'amarrage pour les marins pêcheurs
de Mousterlïn, au vu de la situation budgétaire de la commune.
Refus d'une demande de secours intéressant les vieillards indigents, infirmes ou âgés de plus
de 70 ans, au motif que ces indigents sont secourus chez eux ou mendient.
22. 02.98 : Faute de ressources, refus de nouveaux centimes pour l'assistance médicale
gratuite.
21 juin 1900 : Grâce à un don de MM. Buzaré Arthur et Alfred d'un montant de 1 000 francs,
il sera créé un Bureau de Bienfaisance en vue de l'extinction de la mendicité. Les ressources
de ce Bureau proviendront essentiellement de dons :
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3. Le 11.11.1900, don de 100 francs du député Hémon
don annuel de 200 francs du Docteur Guyon, de l'Institut.
Le 17.02.1901: Legs de 2000 francs 1 de M. Piédalu, pour l'achat de rentes au profit du
Bureau.
Peu d'arrêtés apparaissent à la fin du siècle dernier. Il faut attendre le 28 mars 1901
pour prendre connaissance de celui pris par le maire, M. Keroulin à propos d'un problème de
circulation dans le bourg, et rédigé ainsi :
Arrêté du 28 mars 1901 : « Considérant que le dépôt de matériaux divers sur la voie publique
dans la traversée du bourg, et le stationnement parfois prolongé de voitures non attelées
gênent la circulation et peuvent occasionner des accidents, arrêtons : Est interdit le
stationnement des voitures non attelées sur les places publiques et les rues ».
10 juin 1902 : Décision par le Préfet, relative à la suppression des distributions postales dans
l’après-midi des dimanches et jours fériés, et demande par la commune de Fouesnant d'un
service de deux courriers entre Quimper et Fouesnant, l'un vers midi et l'autre vers 18 heures,
en considération du développement toujours croissant de la commune.
14 septembre 1902 : Déclaration d'ouverture d'une école libre et d'un pensionnat primaire
privé au bourg de Fouesnant, avec annexe d'une classe enfantine, par M. Joseph de Poulpiquet
de Brescanvel et Mme Christiane de La Jonchère, son épouse.
13 septembre 1903 : Refus d'un projet de construction d'une école mixte aux îles Glénan,
« ...d'autant plus que les enfants de ces îles sont déjà instruits par les gardiens ».
1 : 2 000 francs 1901 équivalent à environ 40 000 francs 1999
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4. Arrêté du 14 février 1904: Même crainte d'épidémie qu'en mars 1895, avec mise en
quarantaine.
« Considérant que de nombreux cas de rage ont été signalés dans les communes
limitrophes de Fouesnant, considérant que des chiens suspectés d'être atteints de la rage ont
été abattus à Fouesnant, arrêtons :
Article 1 : La circulation des chiens non muselés ou non tenus en laisse est interdite
pendant un délai de 40 jours à dater de la publication du présent arrêté.
Articles 2 et 3 : Mise en fourrière des chiens non muselés ou non tenus en laisse.
Article 4 : Passé ce délai, les chiens seront abattus. »
Arrêté du 25 août 1904 : « Considérant que la traversée du bourg de Fouesnant à grande
vitesse par les voitures automobiles présente un danger permanent pour la sécurité publique,
tant à cause des détours brusques situés aux points extrêmes du bourg qu'en raison du peu de
largeur de la rue principale qu'ils limitent,
Arrêtons : Il est expressément défendu dans le bourg de Fouesnant de circuler à une
vitesse dépassant dix kilomètres à l'heure. »
Arrêté du 1 er avril 1905 : « . . . Considérant que des coups de fusil, des pétards, etc...sont
souvent tirés à des heures très avancées de la nuit, ou trop matinales, et que cet amusement a
pour effet de troubler la tranquillité des citoyens paisibles, Arrêtons : « Ce genre de
divertissement est interdit dans la commune de Fouesnant sans autorisation spéciale du
maire. Contraventions au présent arrêté seront constatées par procès verbaux et poursuivies»
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5. « L 'histoire est un éternel recommencement » : Écoles, voirie, solidarité, assistance ou
protection sociale, lutte contre les nuisances et les délinquances. . .Les années ont passé, mais
les préoccupations des fouesnantais ont-elles changé ?
Pour information, quelques chiffres de l'évolution de la population de la commune de
F ouesnant :
1901 : 3214 habitants.
1905 : 3350
1999 : 8076
Marc Thommen
Terminons par un extrait d'une lettre datée du 3 mars 1905, écrite par Jeanne de
Poulpiquet (elle avait alors 14 ans) et adressée à son frère Joseph. Elle raconte les incidents
qui, à Fouesnant, ont émaillé l'établissement des inventaires, en application des lois sur la
Séparation des Eglises et de l'Etat. Ces incidents, qui dans certaines communes ont pris des
allures d'émeutes, semblent n'avoir que modérément agité la population fouesnantaise :
« Après le dîner, Maman et moi sommes allées dans l'église. Nous y étions depuis un
moment lorsque Georges vint nous dire que trois gendarmes à cheval, de Rosporden, étaient
arrivés...Il était alors midi. Nous étions une soixantaine de personnes dans l'église. Vers les
deux heures, nous avons entendu du tambour, et une grosse voix qui cria par trois fois à la
porte de côté, en face du presbytère: « Voulez-vous bien ouvrir ... » Après, nous avons
entendu quelqu'un qui disait quelque chose que nous ne comprenions pas, car nous chantions.
C'était Papa qui lisait sa protestation qui était très belle. Quelques minutes après, nous avons
entendu frapper à la même porte des coups de hache, puis à celle de la sacristie. Le crochetage
dura à peu près une heure. Nous chantions tout le temps. Tout à coup, la porte qui se trouve
entre la sacristie et l'église s'ouvrit et laissa passage au commissaire qui fit ouvrir une des
portes, et l'église fut immédiatement remplie... Nous sommes sorties par la sacristie dont la
porte était gardée par des gendarmes car le commissaire et le percepteur faisaient à ce moment
l'inventaire de la sacristie. Sur les bords de la porte défoncée se tenaient les deux crocheteurs
qui avaient l'air de se railler de tout le monde. Nous avons ramassé quelques morceaux de la
porte pour les garder en souvenir. Nous sommes allées ensuite chez Madame Cocheril d'où
nous avons vu les gendarmes qui se trouvaient sur la place; à peine étions-nous à la fenêtre
que trois gendarmes à cheval sont partis dans la direction de Kerbader, ainsi que les deux
crocheteurs, le commissaire et le percepteur .
Nous sommes rentrées à la maison où nous nous sommes couchés le plus tôt possible,
car nous étions très fatigués. Yves, qui était resté dans le cimetière nous a dit que les
gendarmes ont chargé dans le cimetière, mais que ça n'a servi à rien car les personnes se
cachaient derrière les tombes et que sur une qui partait, dix arrivaient. L'inventaire s'est passé
très simplement à Kerbader. Samedi matin, l'inventaire a eu lieu à Sainte-Anne. Il n'y avait
qu'une centaine de personnes en tout, car on n'était pas prévenu. On a crocheté la porte de la
sacristie. . . »
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