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Les personnages du Pays de Fouesnant - phpsfk won
1. René BLEUZEN
JEAN BOISSEL.
C'EST BENODET, LE TOURISME, LA JOIE DE VIVRE AU PAYS DE L'ODET.
" Bénodet, ô bourgade idéale et sereine !
" La divine Sarah y fit un long séjour "
Ce sont ces deux vers de Frédéric LE GUYADER que Jean BOISSEL avait choisis
pour présenter " SI LE GRAND HOTEL M'ETAIT CONTE"
Car c'est bien au Grand Hôtel à Bénodet que la grande Sarah BERNHARDT occupa
un étage avec sa suite en 1897.
Jean BOISSEL a été pendant des décennies le personnage central, incontournable, de l'activité
touristique à Bénodet. Il y dirigeait le plus grand et le plus renommé des établissements
hôteliers, et dans le même temps il était le Président du Syndicat d'initiative devenu Office du
Tourisme par lequel passaient la plupart des activités de l'industrie du tourisme en plein essor.
Il est commun de dire que l'on ne peut parler de Jean BOISSEL sans en référer au
Grand Hôtel; nous ferons une exception, sachant que l'histoire du Grand Hôtel est déjà
évoquée dans le bulletin N° 7 (nouvelle série) de décembre 1995, de FOEN IZELLA.
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2. ENFANT DE BENODET.
Jean BOISSEL est né au Grand HOTEL qui était tenu par ses parents. Il ne parlait
pas beaucoup de son jeune âge, si ce n'est pour rappeler qu'il vivait dans une boutique où la
ménagère trouvait aussi bien un savon de Marseille ou un bidon de luciline pour sa lampe à
pétrole, ou encore les diligences puis les premières autos qui débarquaient les clients qu'ils
avaient pris en charge à la gare de Quimper. Et il avait un souvenir fort, celui d'avoir
participé à sonner les cloches de l'église Saint-Thomas qui annonçaient l'armistice du 11
novembre 1918; il avait alors 11 ans, étant né le 26 mars 1907.
En février 1928
Théatre au patronage
de BENODET.
« la
cartomancienn
e »
De gauche à droite
Jean BOISSEL,
Charles NICOLAS
Youenn CAPP
Et des années qui suivirent, sa mémoire était remplie de personnages qui avaient
fait la réputation de l'hôtel. André CHEVRILLON, le peintre, Jean PUY, le couturier
parisien POIRIER, Jean ROSTAND, madame Jean COCTEAU, et des britanniques
comme KENNETH MOOR, Golden BEAVEA et autres célébrités, et tous les équipages de
la " Royal Océan Racing Club " qui faisaient escale à Bénodet.
UN CHEMIN TOUT TRACE.
Jean BOISSEL fait de solides études secondaires, option commerciale. Le bac en
poche il est déjà orienté à prendre la succession à Bénodet et comme il tient à diriger un
établissement de standing, il va parfaire sa formation au « PIAZZA » à Nice, complété
par un stage dans un autre hôtel en Angleterre, histoire de se familiariser avec la langue de
la clientèle haut de gamme qu'il entendait garder aux mouillages de l'Odet.
Notre homme met toute sa jeune science au service de ses parents et n'a qu'une idée
en tête; faire du Grand Hôtel la référence des établissements chics recevant les Grands du
monde artistique et de la politique, des dirigeants. Arrive 1939, la guerre est déclarée, Jean
BOISSEL est mobilisé au 113e régiment d'infanterie. Il est fiancé à Geneviève BICHAT
qui venait depuis plusieurs années à l'hôtel avec ses parents qui ont construit avenue de
Kercréven. La cérémonie de mariage a lieu à Briey le 27 septembre 1939. Juste quelques
jours de permission et Jean rejoint son unité, ensuite il est fait prisonnier et ira jusque dans
les camps de la Prusse dont il revient en 1945, les mains gelées, réduites à l'état de
moignons. Et durant ces années noires la jeune dame Geneviève BOISSEL était dans la
Croix Rouge et soignait les blessés dans les hôpitaux.
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3. Mais dans le même temps la France était occupée et les troupes allemandes
réquisitionnaient le Grand Hôtel; à leur débâcle en 1944, ce sont les soldats de la libération
qui prennent la place. Lorsque Jean revient à Bénodet son père est décédé et sa mère s'efforce
de faire redémarrer l'hôtel, aidée de ses deux filles, Anne-Marie et Germaine qui ont, elles
aussi, bien mérité de l'hôtel. Jean vénérait sa mère et après sa disparition toutes les réunions
de travail à l’hôtel se faisaient sous un portrait de la défunte.
LA PARENTHESE ENTRE 1940 ET 1945.
Avant d'en venir à son action pour le tourisme à Bénodet, faisons une parenthèse sur
ces cinq années qui éprouvèrent l'homme dans sa chair mais aussi le responsable opiniâtre,
prêt à aller jusqu’au bout voire à se sacrifier pour faire respecter une charge qui lui est
confiée.
L'aspirant Jean BOISSEL, décoré de la Croix de Guerre, est fait prisonnier et aboutit
jusqu'en Prusse Orientale, au stalag 1 A où il est désigné responsable des cuisines du camp
dont l'approvisionnement passait par une unité allemande locale. Soucieux de la santé de ses
camarades, il constate un disfonctionnement entre les denrées prévues et réceptionnées. Il en
fait un rapport au colonel VON PIRSCH, commandant du camp, et à partir de ce moment,
pendant 18 mois, jusqu'à l'évacuation en 1945, les denrées arrivent bien et la gestion est
bonne. Le rapport mettant en cause des militaires de l'armée victorieuse était audacieux,
presque suicidaire, mais il réussit, ce qui permit ensuite au colonel REMY, grand Résistant,
de dire: « Au stalag 1 A, BOISSEL a fait un sacré boulot.»
LE PARCOURS PROFESSIONNEL ET MILITANT DE JEAN BOISSEL.
Retour de captivité, la santé progressivement retrouvée, Jean BOISSEL; réadapte le
Grand Hôtel à sa destination d'hôtel de luxe, recevant les personnages et parallèlement déploie
une énergie débordante au service de ses concitoyens et des activités liées au tourisme en
général. C'est là que les gens vont découvrir l'homme, ses capacités d'organisation,
d'anticipation, son désintéressement, et le visionnaire qu'il était, envers et contre tous s'il le
fallait, hanté par cette idée: « BIEN FAIRE ET LAISSER DIRE ».
LE TOURISME NOURRICIER DE BENODET.
A 17 ans, en 1934, Jean BOISSEL
participait avec son père à la création du
Syndicat d'Initiative dont, Joseph BOISSEL
fut le premier président; un poste qu'il laissa
en 1936 à Louis CHARRETOUR qui
l'occupera jusqu'à la déclaration de la guerre
en 1939. En 1950 Jean BOISSEL était
pressenti pour redonner vie au Syndicat
d'Initiative mais une santé toujours précaire
le conduisait à la différer ; ce fut Pierre
CORNEC qui fut président pendant 2 ans et
il fut remplacé par monsieur COURTAY
jusqu'en 1954
A l’office du Tourisme, Jean BOISSEL penché
sur son courrier et Madame BOISSEL
Geneviève qui participe à la gestion
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4. Jean BOISSEL prit alors la présidence et ne la quittera plus jusqu'en 1988 où il
abandonne en même temps sa propre affaire et ses fonctions au service de ses concitoyens.
Il est remplacé par Pierre MONFORT, le patron des Vedettes de l'Odet.
En 1953, aux élections municipales, Jean BOISSEL est élu conseiller municipal puis
adjoint au maire Jean-Louis YVONNOU, poste qu'il occupa jusqu'en 1959. Durant cette
période, il eut à représenter la commune dans les instances départementales, régionales,
nationales, dans les associations professionnelles liées à l'industrie du tourisme.
Durant ce temps il s'est efforcé de donner de Bénodet l'image de la station idéale,
offrant toutes les garanties d'un séjour agréable. En réalité il jouait sur du velours pour
parler des agréments que l'on peut être en droit de rencontrer dans un site privilégié;
Bénodet est une accolade harmonieuse que viennent baigner tous les bleus qui se glissent
et irisent sa baie qui s'offre sans pudeur à tous ses amoureux, se sachant bien gardée par les
sentinelles de Saint-Gilles et de Sainte Marine et allant déverser son trop-plein de douceur
entre les bois qui mènent jusqu'à Saint Corentin. Encore fallait-il avoir une belle conviction
et la volonté de se battre pour faire valoir ses atouts et se faire reconnaître par ses pairs.
A ce titre, en 1957, devant la Commission Départementale du Tourisme, Jean
BOISSEL exposait le programme de développement touristique de Bénodet.
L'aménagement du square du petit phare, qui fut réalise et baptisé square Marteville. Il
faisait valoir la station météo qu'il avait réussi à obtenir et installer dans le jardin du
gardien de phare. Il avait aussi contribué à créer une section hôtelière au lycée Chaptal à
Quimper et y enseigna pendant 9 ans. Il exposait aussi les projets de la municipalité d'une
promenade piétonnière le long du littoral, qui est devenue réalité ensuite, au fil des
municipalités et qui n'a pas sa pareille dans toute la région côtière. Et il avait également
dans ses cartons le projet de port de plaisance à Penfoul, celui que nous connaissons.
A l'actif de Jean BOISSEL on mettra aussi qu'il a été le cofondateur du comité
départemental du tourisme et de l'union départementale des offices du Tourisme et des
Syndicats d'Initiative du Finistère. Par ses relations avec les dirigeants du tourisme au plan
national il obtint pour Bénodet une publicité en faveur de Bénodet dans le plan d'étalement
des vacances. Et ce sont également ses relations dans les milieux de la plaisance qui a fait
maintenir longtemps Bénodet dans les courses croisières du « Royal Océan Racing Club ».
Le Président Jean
BOISSEL un jour de
réception.
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5. On peut encore citer dans les nombreuses opérations qu'il a menées pour la
promotion du tourisme; les tournées publicitaires qu' il a effectuées, avec ou sans Vincent
CLEMENT, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, ou dans les îles britanniques. Plus
près de nous, il participa activement à la création du golf de Cornouaille de 9 trous à La
Forêt-Fouesnant. Pendant ces 34 années où il présida et dirigea le Syndicat d'Initiative,
Office du Tourisme, Jean BOISSEL fut de tous les engagements pour faire de Bénodet la
première station balnéaire de la région. Et ses collaborateurs précisent: Tous ses déplacements, à Paris ou à l'étranger, étaient payés par lui-même; il ne touchait pas au budget de
l'Office.
VISIONNAIRE PEUT-ETRE.
L'homme, qui n'a jamais quitté le tourbillon du développement touristique de sa
petite commune, a montré dans de multiples occasions qu'il avait à la fois la vision d'un
site qui devait être préservé dans son cadre naturel et, dans le même temps élargir son
influence pour que Bénodet (tête de l'Odet) prenne toute sa signification.
Citons deux actions dans lesquelles Jean BOISSEL a montré toute sa personnalité
et son opiniâtreté à défendre ses idées.
Pour le pont sur l'Odet. On parlait déjà depuis 20 ans d'un pont enjambant l'Odet
entre Bénodet et Sainte Marine lorsque, en 1955, le projet du conseil général se précise.
A Bénodet, les élus affirment que toute la population veut un pont aboutissant au
milieu de l'agglomération. En séance extraordinaire le 10 octobre 1955, le voeu du Maire
est voté à l'unanimité moins 1 voix, celle de Jean BOISSEL qui présente un autre voeu
qu'il sera le seul à approuver, pour la construction entre Kergoz et le Cosquer, son
emplacement définitif, où il a été construit plus tard, entre 1968 et 1972.
Avec son épouse, chapeau
claque à la main, le jour de leurs
noces d’or, Jean BOISSEL chantait
« DZIM LA
BOUM »
Plus près de nous, une action que l'on peut rapprocher des efforts des élus pour une
entité économique dans le pays de Quimper, le président de l'Office du Tourisme Jean
BOISSEL préconisait il y a 20 ans, de rassembler dans le même pôle touristique, toutes les
richesses complémentaires des communes du bassin de l'Odet, depuis Saint Goazec jusqu'à
la " porte du large ", citant André CHEVRILLON " il y a de la sorcellerie dans ce pays de
la rivière "
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6. LE LEGS BOISSEL A LA COMMUNE DE BENODET.
Longtemps, Jean BOISSEL a espéré participer avec la commune de Bénodet à la
création d'un musée qui montrerait à nos visiteurs d'aujourd'hui ce qu'y trouvaient
leurs devanciers, ce qui ont fait sa réputation il y a cent ans et plus et qu'une
modernisation galopante a fait disparaître.
A ses proches, à son entourage, il parlait beaucoup des poèmes et des peintures
que les artistes et écrivains ont laissés du pays idyllique qu'ils avaient trouvé, des plus
humbles objets témoignant des modes de vie, et longuement, selon ses interlocuteurs
des guises de ce pays qui s'étend depuis l'Odet jusqu'au Morbihan, avec Rosporden ( le
berceau de la coiffe ), Pont-Aven, Scaër, Quimperlé, Elliant, et autres petites communes
où les variantes de dentelles, ou simplement d'attaches, témoignaient de leur identité.
Jean BOISSEL n'aura pas vu cette réalisation. En mars 1994, lucide et
sentant ses forces décliner, il appelait un Notaire pour recevoir son testament
par lequel il faisait de la commune de Bénodet sa légataire universelle de
préférence, à charge pour celle-ci d’affecter son patrimoine à la réalisation d'un
écomusée témoignant des modes de vie et de culture des gens ayant vécu en
bordure de l'estuaire de l'Odet.
Il est décédé le 27 décembre 1995. Réuni le 30 août 1996, le conseil municipal de
Bénodet acceptait le legs BOISSEL et le Préfet l'a rendu exécutoire le 18 mars 1997.
Immédiatement un architecte a été chargé de la réalisation en couplant l'écomusée et
une bibliothèque. Ce sera, disait le Maire le jour de l'inauguration de l'espace BOISSEL
" un lieu de vie de la jeunesse par le savoir, du souvenir par le musée et du tourisme
facteur économique de la station. La bibliothèque fonctionne, l'installation du musée
avance et son ouverture est prévue au printemps 2003.
Dans le patrimoine légué par Jean BOISSEL pour ce musée on trouve des
meubles bretons (buffets, armoires ...), beaucoup de faïences de Quimper; des dessins,
huiles et aquarelles de Jules NOEL, PORQUIER, CHAUVET, PARTURIER,
HIRSCHFELD, DEYROLLE, CRESPEL et autres artistes qui ont peint ou dépeint le pays.
Et aussi de très nombreux ustensiles de cuisine et de table, des vases, une quantité
d'objets parfois insolites et qui rappellent les modes vie de la population locale à une
époque relativement récente mais révolue.
Au-delà de l'intérêt qu'il représente pour la station de tourisme c’est la
confirmation de la volonté du testateur de tout faire pour que Bénodet " soit le meilleur
le plus beau et la plus accueillant des séjours résidentiels de vacances. "
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