2. Le domaine de BODINIO (autrefois BOTIGNEAU ou BODIGNEAU) une antique terre noble.
Il appartenait en 1426 à Jehan DRONIOU, d’une famille qui a produit à la même époque un
trésorier des Ducs de Bretagne.
Un fils de Jehan DRONIOU, Bernard, fut le premier à adopter le seul nom patronymique de
BOTIGNEAU. Ses armes, « de sable à l’aigle éployé d’argent, becquée et membrée de gueules » sont
aussi attribuées dès 1241 aux Comtes de Fouesnant par le Duc de Bretagne, ce qui peut passer pour
une anomalie. Aussi bien trouve-t-on mention pour BOTIGNEAU « d’azur à l’aigle éployé d’or » : la
figure est la même, mais non les couleurs.
Jean de BOTIGNEAU, fils du précédent, épousa vers 1480 Françoise de KERHOËNT et fit
bâtir les plus anciens éléments de l’actuel château.
A la fin du XVI ème , le domaine appartenait à Jeanne de BODIGNEAU, épouse de François de
KERHOENT, seigneur de KERRRGOURNADEC’H. (Les blasons des deux familles figurent sur la
chapelle de St. CADOU en Gouesnac’h). Les deux époux riches et fastueux, firent reconstruire d’une
façon monumentale leurs châteaux de KERGOURNADEC’H (en CLEDER ° et de BODIGNEAU,
dont d’HOZIER écrivait en 1640 qu’ils étaient l’un et l’autre « au rang des belles maisons de France ».
Entouré de douves et de remparts, BODIGNEAU constituait alors, l’une des plus fortes places du
pays : les ligueurs y tirent garnison jusqu’à la prise de QUIMPER par le Maréchal d’AUMONT.
Kerhoënt (de)
Armes antiques
Losangé d’argent
et de sable.
Devise : sur mon
Honneur
de Kerhoënt (bis)
Kergournadech (de)
Moderne écartelé
de Kergournadec’h
et de Kerriec-Coëtanfao
d’azur et de fleurs
Echiqueté d’or et de gueules
(sceau 1288)
Devise : En diex est et
Chevalerie de Kergournadec’h
En 1631, après le décès de François de KERHOENT, sa veuve prit le voile des
Carmélites à VANNES. Ils laissaient une fille, Renée de KERHOENT, « le plus considérable party qui
fut alors dans la Bretagne ». Elle épousa en 1632 Sébastien, marquis de ROSMADEC, baron de
MOLAC, dont le père avait été compagnon d’armes de HENRI IV.
En 1662, Sébastien donna BODINIO à son frère Barthélémy, Comte des CHAPELLES. (1)
Palé d’argent et d’azur
De six pièces
(Sceau 1365)
Ecartelé
1 : de Rosmadec
2 :Kergournadec’h
3 :de Kerriec – Coëtanfao
4 : de Botigneau
Devise En bon espoir
(1) : le frère cadet FRANÇOIS fut décapité en 1627, en place de Grêve, à PARIS, pour avoir
bravé l’édit de Louis XIII interdisant le duel. LE FAIT A INSPIR2 UNE BALLADE BRETONNE
PUBLI2E PAR LUZEL, puis par La VILLEMARQUÉ dans son célèbre « BARZAZ BREIZ ».
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3. En 1665, Bbarthélémy de ROSMADEC vendit le domaine à Jean de PENFEUNTENIO,
seigneur de KERMORUZ (en SIBIRIL, Finistère nord ) et de KERGOËT ( en CLOHARS
FOUESNANT ).
La seigneurerie de CHEFFONTAINES fut créée en 1680 par fusion de celles de BODINIO et de
KERGOËT. Elle devint baronnie, puis marquisat en 1766.
Emanché d’argent
Et d’azur
Burelé à dix pièces
D’argent et de gueules.
Devise :
Plura quam opto
Jean de PENFEUNTENIO de CHEFFONTAINES fit subir au château de BODINIO
de vastes « transformations » ; l’un des pavillons flanqué de tourelles et le corps de logis
central furent rasés ; des ponts de pierre furent construits sur les douves de nouvelles voies
d’accès aménagées. Les pierres provenant de cette démolition devaient servir plus tard à la
construction du château de CHEFFONTAINES.
Le domaine resta propriété des marquis de CHEFFONTAINES jusqu’à la révolution
de 1789. Le marquis Jonathas ayant émigré, ses biens furent confisqués et vendus comme
« biens nationaux ». La plus plus grande partie dont le château de BODINIO, fut acquise en
1794 par le citoyen François Thomas HERNIO, chirurgien à l’hôpital militaire de Quimper.
Son fils Edouard habitait encore BODINIO en 1866, sa fille Cécile y est décédée en 1884.
Quant aux descendants des de PENFEUNTENIO de CHEFFONTAINES, ils se sont
efforcé, passée la tourmente révolutionnaire, de reconstituer leur patrimoine. Ils ont réussi en
partie, mais sans parvenir à retrouver le domaine de BODINIO qui est actuellement la
propriété des descendants de la famille NOUËT du TAILLY.
Le CHÂTEAU :
A l’origine, il était adossé à l’étang,
élevé sur une terrasse rectangulaire. Son
enceinte était flanqué de tours, défendue
par de larges douves que franchissaient
deux ponts protégés par des meurtrières.
L’habitation comportait un corps de
logis terminé par deux hauts pavillons
flanqués de tourelles. De l’ensemble, il ne
subsiste qu’un seul de ces pavillons, les
communs, le four à pain et le colombier.
Le pavillon de BODIGNEAU élevé
de trois étages, est décoré de
monumentales lucarnes. L’un de ses angles
s’appuie sur une tourelle à pans coupés,
coiffée d’un dôme d’ardoises.
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4. Sur les faîtages et quelques lucarnes s’érigent de jolis épis de plomb historiés, avec
anses et petites têtes humaines. On distingue aux deux lucarnes du côté nord un écusson en
bannière de KERGOURNADEC’H (un échiqueté et un mi-parti de TREANNA) une mâcle et
d’un chevronné de six pièces (PLOËSQUELLEC ?). Le blason des TREANNA rappelle
l’alliance de Pierre, seigneur de BODIGNEAU te de Jeanne, dame de TREANNA, qui
vivaient en 1505 et dont on voyait encore au XVIII ème siècle, les effigies peintes en armure de
chevalier et en surcot de châtelaine, dans un vitrail de l’église de CLOHARS.
L’escalier de la tourelle offre, sur
les nervures de ses paliers voûtés, les
armoiries de BODIGNEAU ET DE
KERGOURNADEC’H. Il y a lieu aussi de
remarquer deux jolies niches renaissance à
coquilles, où l’on posait des lampes
d’éclairage.
Aperçu à quelques distance, avec
ses toitures élancées émergeant du
feuillage ses fossés envahis par la
végétation, ses restes de courtine fortifiée,
son colombier et son étang, le pavillon de
BODIGNEAU rappelle tout un passé
seigneurial et dominateur qui a pour nous
l’amer attrait des grandes choses mortes.
( extrait de choses et gens de Bretagne de
Louis LE GUENNEC )
En 1967, les propriétaires actuels
du château entreprirent des travaux de
restauration intéressant en particulier la
charpente et la toiture du pavillon et visant
à rendre les communs habitables.
Ces travaux venaient d’être achevés
et le pavillon en cours de classement par
les monuments histiriques, quand le 4
février 1969, un violent incendie anéantit
toute la toiture les boiseries sculptées, les
panneaux, les lambris…
La toiture a été refaite aussitôt, pour
éviter la ruine définitive de l’ensemble.
Mais in ne reste plus de l’antique
château de BODINIO qu’une carcasse
vide, riche de souvenirs…
Documentation réunie par Foën Izella et empruntée pour la plus grande part à Louis LE GUENNEC.
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