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Aux détours des paroisses - Pays de Fouesnant tsm-sdy
1. Clohars Fouesnant
LE TRESOR D’ORFEVRERIE DE L’EGLISE SAINT-HILAIRE
par Yves-Pascal CASTEL
Tout d"abord, une précision sur le titre. Pour le sujet analogue concernant Pleuven
nous avions intitulé Le trésor d"orfèvrerie de la paroisse. A la relecture le mot traditionnel de
paroisse nous a paru susceptible d’induire le lecteur dans l’ambiguïté. Car en fait il faut
distinguer l’affectation des objets qui est proprement paroissiale, de leur propriété qui est
communale.
Il est bon de le préciser. Car dans un pays où entre l’Eglise et l’Etat n’existe pas de
Concordat, le régime de propriété des églises est en général mal connu du grand public. L’on
croit que tout cela est à l’évêque Or les églises sont propriété communales et pour ce qui est
du mobilier qu’elles contiennent, c"est aussi propriété communale, du moins ce qui en faisait
partie lors des Inventaires de 1905.
Il faut dire que depuis lors les choses ont évolué dans les esprits. Ce qui a paru être à
l’origine aux yeux des fidèles une usurpation du patrimoine s’est par la suite tourné à son
bénéfice. Ainsi~ nul ne peut aliéner sans formalités le mobilier des églises. Et quand cela ce
produit ce n"est pas normal. Ceux qui ont de la mémoire se souviennent du reliquaire de
Commana... Cette affaire ayant fait jurisprudence, c"est une leçon. Chaque responsable doit
veiller sur un patrimoine d’église qui est communal face à I"avidité jamais assouvie du
commerce d’objets anciens.
Ainsi, titrant Le trésor de l’église, nous confirmons que le trésor de Clohars appartient
tout comme 1’édifice lui-même à la commune et qu’il est inalténable. Tout citoyen de Clohars
quel que soit son sentiment religieux, doit être au courant qu’il y a ici une part importante
d"un patrimoine qui est sien.
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Le trésor compte dix pièces d’orfèvrerie antérieures à la Révolution. Forgées et
ciselées par des orfèvres bretons cet ensemble constitue une véritable leçon de l’évolution de
l’orfèvrerie dans la basse Bretagne. En particulier la comparaison des calices et des ciboires
nous promène sur trois siècles, du début du XVI ème avec le calice de François Mocam, au
XVlll ème avec le ciboire de Jean-Jacques Moreau de Vannes et le calice de 1782 de Jacques
Joseph Vée de Ouimper, ultime pièce d’un trésor que les fontes de la Révolution ont
singulièrement épargné.
Et si nous en énumérons les pièces dans le détail c’est pour, en cas de disparition,
permettre ces repérages précis qui sont la base de toute enquête. Le trésor de Clohars dépasse
en valeur ce que l’on peut déclarer aux assurances. Perdu ou volé il serait irremplaçable.
1. Calice et patène n° 1. Premier quart XVI è siècle. Argent, dorures. Christ du pied
soudé à l'étain. H.: 0,23m, diam. pied: 0,17 m, diam. coupe: 0,10m., poids 420 g. Patène: D.:
15,5 m, poids: 100 g.27. Poinçons (sous un lobe du pied en partie recouverts par une soudure
maladroite. I) maître François Mocam: lettres F et M couronnées; 2) une hermine passante
avec des lettres peu lisibles, ville de Quimper ?
M. H. : classement le 15 septembre 1957.
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2. Bibliographie: AUZAS (P.-M.), L'orfèvrerie religieuse bretonne, p. 76.
CASTEL (Y.-P.), DANIEL (T.),
THOMAS
(G.-M.),
Artistes en
Bretagne dictionnaire des artistes artisans... en Cornouaille et en Léon sous l’Ancien Régime,
p. 263. COUFFON (R.), Recherches sur les ateliers d'orfèvrerie quimpérois, p. 45.
COUFFON (R.), LE BARS (A.), Nouveau Répertoire des églises et chapelles du diocèse de
Quimper et de Léon p. 66. Exposition: Pont Aven, 1955
Le calice fait partie d'une série caractérisée par un pied à six accolades et par une tige à deux
niveaux. Le premier est une petite architecture gothique avec des contreforts, le second, ou
noeud proprement dit, est une grosse boule chargée de bouquets ciselés avec six boutons
ornés. Mais ici, pas de flammes comme au calice et au pied analogue de Kergloff, la fausse
coupe se réduisant à une courte terrasse de feuilles. L'importance de ce calice nous a amené à
donner la même notice que nous lui accordons dans l'important ouvrage qui va paraître en
1992 sous le titre Les orfèvres de Basse-Bretagne édité par le Ministère de la Culture.
2. Calice et patène n° 2. Vers 1630. Argent repoussé ciselé, H.: 0,26,5 m, diam. pied: 0,17,5
m, diam. coupe: O,ll m. poids: 820 g. Patène: D: 0,17 m. Poids: 120 g. Classé M. H. le 17
sept. 1957. Inscription sous la bâte du pied: A CLOZAR. Poinçon (sur la coupe) lettres F et L
séparées par une hermine, un oiseau au-dessus, maître François Lapous de Morlaix. Couffon
signale un second poinçon de Morlaix, que nous n'avons pas réussi à voir: hermine passante
avec au-dessous la lettre M et au-dessus la lettre F (Couffon, R. Recherches sur les ateliers
d'orfèvrerie quimpérois, p. 45).
Le profil "à la romaine", vers les années 1630 remplace le profil à la fois médiéval et
Renaissance tel qu'on le voit sur le calice n°1. Le dessin à la romaine comporte des anges au
noeud. Ici les Instruments de la Passion au pied rappellent que le culte de la messe fut
renouvelé à la suite du concile de Trente.
3. Calice et patène n° 3. 1782-1784. Argent, repoussé ciselé, fonte. H.: 0,26m, diam. pied:
0,15,5 m, diam. coupe: 0,6 m. Poids: 500g. Patène: D.: 0,15 m, poids: 120 g. Poinçonssous le
pied et sur la patène. 1) lettres I I et V, séparées par une hermine, une couronne au-dessus,
maître Jacques-Joseph Vée, Quimper; 2) un 9 fleuroné et couronné, poinçon de charge de la
Généralité de Rennes, 1781-1789; 3) une croche, poinçon de décharge de la Généralité de
Rennes, 1781-1789; 4) lettre B courronnée, ville de Quimper, 1782-1784.
Calice de forme classique avec le noeud en toupie et d'ornementation baroque, avec les
canaux tors à la bordure du pied.
Le calice servait à la chapelle du Drennec.
4. Ciboire n°1 Vers 1672. Argent, dorures au mercure, repoussé ciselé, estampes. Coupe
moderne H.: 0,24 m, diam. pied: 0,12 m, diam. coupe: 0,115 m. Poinçons (sous le pied, 1 et 2,
dessus le 3): 1) lettre I et P une hermine et une fleur de lis les séparant, deux grains de
remède, une couronne, maître Innocent Peltier de Quimper; 2) lettre K trois hermines en ligne
au-dessus, le tout couronné, marque de Quimper vers 1675; 3) lettre K, décharge de Quimper?
La coupe a été refaite pour satisfaire aux nécessités de la liturgie moderne.
5. Ciboire n° 2. 1760-1764. Argent, repoussé ciselé. Poinçons (sous le pied): 1) lettres R et L
séparées par une hermine, un M au-dessous, une couronne au-dessus, maître René-Louis
Moreau, Vannes; 2) incomplet, hermine passante, une couronne au-dessus, une hermine
héraldique entre les pattes, charge de Vannes, 1727-1760...; 3) lettre D, une fleur de lis audessous, un point à gauche, une couronne au-dessus, ville de Vannes, 1760-1764; 4) espèce
d'hermine, décharge de Vannes. L'ornemention rocaille, mise à part la croix du couvercle, ne
comportant aucun élémént religieux, est bien de son époque.
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3. 6. Coquille de baptême. ..1737... Argent repousséciselé; L. 11 cm. Poinçons (sur les ailes): 1)
maître Jean-Marie Amblard: lettres I et A séparées par une hermine et une fleur de lis, deux
grains de remède et une couronne au-dessus; 2) charge de Quimper: un sanglier (?) sur deux
massues en sautoir; 3) décharge de Quimper: une rosette à trois pétales couronnée.
Bibliographie: AUZAS (P.-M.), L’orfèvrerie..., p. 54, n° 5. CASTEL (Y.P.), Les
orfèvres de Brest..., p. 204-205.. CASTEL (V.-P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.-M.),
Artistes..., p.20. COUFFON (R.), Recherches sur les ateliers...quimpérois~ p.41-71.
COUFFON (R.), LE BARS (A.), Nouveau Répertoire, p. 66. GRANGES DE SURGERES
(A.-L.), Orfèvrerie bretonne~ p. 20, n° 4. D'inspiration naturaliste la coquille reproduit
exactement la coquille Saint-Jacques connue sous le nom de Pecten maximus. On peut le
vérifier en comptant le nombre de côtes qui s'élève à 13. (Comme le calice n° I, la coquille de
Clohars figurera dans I~ouvrage e n préparation cité plus haut).
7. Croix de procession. Datée 1713. Argent, repoussé ciselé, fonte. H.: 0,75 m; L.: 0,42 cm.
Inscription sur le manchon: M I SOVDER R (ECTEUR) DE CLOHAR 1713. Poinçons sur la
douille: 1) lettres I et B séparées par une hermine, un C au-dessous, une couronne au-dessus:
maître Jean-Baptiste Coqueteaux, de Quimper; 2) Lettre K couronnée flanquée d'une demi
fleur de lis, charge de Quimper, 17061724; 3) couronne fermée, décharge de Quimper17061724.
Croix de procession simple, avec comme de coutume, une Vierge à l'enfant au revers du
crucifix.
8. Encensoir. 1741-1768. Argent, repoussé-ciselé. Classé, M. H. 17 sept. 1957, Exposition
Pont-Aven, 1955. Couffon, Recherches sur les ateliers d'orfèvrerie quimpérois, p. 15.
Poinçons 1) lettres C et A séparées par deux points, une couronne au-dessus, maître Claude
Apert de Quimper; 2) charge lettre T italique couronnée; 3) illisible; 4) illisible. La disparition
de cet encensoir qui était classé parmi les monuments historiques et réparé par les soins de
l'Administration en 1962, montre combien il faut être attentif à la conservation du patrimoine
religieux.
9. Navette. 1786. Argent, repoussé-ciselé. Classé le 17 sept. 1957, H.: 0,085 m, L: 0,14m.,
1.0,07 m, poids: 200 g. Poinçons à l'intérieur ): 1) lettres V et Q couronnées; maître Urbain
Quéméneur de Rennes; 2) un 9 fleuronné et couronné, poinçon de charge de la Généralité de
Rennes, 1781-1789; 3) une cruche, poinçon de décharge de la Généralité de Rennes, 17811789; 4) un singe avec les chiffres 86, ville de Rennes pour 1786.
9 bis. Cuiller à encens. Argent. Quatre poinçons: 1) lettre X couronnée, Paris, 1761, ce
poinçon est frappé trois fois; dans l'une des frappes il couvre en partie le poinçon de l'orfèvre
2) lettres I et P couronnées, maître de Paris non identifié, XVIII e siècle; 3) une lyre, poinçon
des ouvrages vieux entre 1780 et 1789.
Cette cuiller est un bel exemple de la manière dont un objet peut raconte son histoire au
travers des poinçons qu'il porte.
Lors de sa fabrication, à Paris, en 1761, c'était une petite cuiller à café bien ordinaire d'une
série de six ou de douze. Elle fut forgée chez un petit cuilleriste aux initiales I P, un petit
malin, nous l'allons voir. En plus de sa propre marque, il fait apposer sur l'objet le poinçon de
la maison des orfèvres, en ayant soin de le faire frapper trois fois dont une sur son propre
poinçon afin qu'on ne puisse pas le reconnaître. Cette triple frappe fera croire à l'acheteur que
la cuiller porte la série des quatre poinçons habituels. En fait, notre cuilleriste fraude.
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4. Sa cuiller ne porte ni le poinçon de charge ni celui de décharge du fermier général Eloy
Brichard qui attesteraient le paiement des droits dus au Roi... Un tel procédé frauduleux était
Assez fréquent.
Le temps passe. La petite cuiller rentrée dans le commerce à une date que l'on ne
connaît pas arrive à Rennes dans la boutique d'Urbain Querméneur, maître orfèvre. Ayant à
munir une navette commandée pour Clohars, sans doute par l'intermédiaire d'un confrère de
Quimper, d'une cuiller à encens, c'était une aubaine pour Querméneur que d'utiliser cette
petite cuiller à café parisienne sans doute dépareillée, dont il n'aurait su que faire autrement!
Mais, plus exact dans son métier que le parisien, il va faire de nouveau marquer la
cuiller à café d'occasion qui va devenir une cuiller à encens neuve. C'est ainsi que l'on y
relève sur la branche le poinçon à la lyre, un poinçon de contrôle, réservé pour marquer les
objets vieux comme on disait! Un poinçon qui garantissait le paiement des droits, et qui fut en
usage de 1780 à 1789 dans toute la France.
10. Reliquaire de Saint- Vital. XVIII e siècle. Bois habillé de velours rouge, garnitures
argent. H.: 0,28m, L. 0,20 m.
Reliquaire d'une forme courante au XVIII e siècle, on a tenu, à l'époque de sa fabrication sans
doute, à insérer sur le sommet le vestige d'un objet du XVI e siècle représentant un évêque.
LISTES SUPPLEMENTAIRE
Boîte aux saintes huiles. XIX e siècle. Laiton argenté. A I'intérieur deux ampoules en
argent.
Ostensoir n° I. 1819-1838. Argent. Repoussé ciselé. Deux rayons manquent au soleil.
H.:0,50 m, L. 0,23 m. poids: 0,700 k. Poinçons (intérieur du pied, sur les rayons du haut): I)
tête de femme grecque, poinçon de l'Association des orfèvres de Paris, 2) Cérès, garantie de
1819-1838; 3) Raphaël, chiffre 2, deuxième titre de l'argent, 1819-1838.
Ostensoir N° 2, XIX e siècle. Laiton.
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