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Jean-Claude Pascal
FCPI :
          FINANCIERS COMPLAISANTS,
           PRATIQUES INAVOUABLES


 « Toute ressemblance avec des personnes physiques ou
  morales ayant existé ou existant encore est délibérée
                 et facile à prouver ».



       En effet, lorsque Jean-Pierre a rencontré Charles-
Alexandre, ils ont décidé de se rapprocher de Fabrice, de
Boris, Jacques, François, Benjamin, Michel, Philippe,
Mathieu, Frédéric, David, Vincent, François, Franck,
Laurent, Benoît, Renaud, Pierre, Gael, Gérard, Gilles,

...mais surtout d’un intervenant actif sur internet où sa
position est régulièrement qu'il n’a que deux sortes de
vérité : celles qu'il faut toujours dire, et celles qu'il ne faut
jamais cacher. Il a mis son clavier à notre disposition
pour mettre en forme ce qui va suivre, premier volet d’une
série de révélations sulfureuses, exclusivement collectées
auprès des personnes mentionnées dans le paragraphe
précédent.
Introduction


   Cette rédaction fait donc suite à la constitution d’un collectif
de personnes et de moyens qui a décidé d’expliquer et de
publier les méthodes et les manœuvres par lesquelles un FCPI
(Fonds Commun de Placement dans l’Innovation) peut
optimiser sa performance et ses résultats. Nous verrons que
l’effet engendre de généreux résultats ; la tentation en est donc
grande, et y céder devient plus fréquent que ce qu’en disent
notoriété et réputation des acteurs. Les manœuvres peuvent
ainsi passer insensiblement du marginal au contestable et au
douteux, puis au suspect, pour arriver de proche en proche au
délictueux, avec un atterrissage dans le domaine du
franchement pénal. Les schémas frauduleux que nous allons
traiter sont malheureusement très appétissants. Dans ce milieu
les cow-boys ne manquent pas pour s’appliquer à conquérir
l’ouest en complet veston. Ils savent faire vite, et ils savent
faire fort. Les procédures judiciaires visant à obtenir
réparation sont nombreuses, et il conviendrait de leur donner
une meilleure visibilité. La justice est publique dans notre
pays, mais elle n’est pas voyante : les procès gagnés
(lentement et difficilement) par les victimes ne sont pas plus
connus que les actions intentées.

  La tentation est ainsi tellement pressante, et si bien connue
des professionnels, que certains décident de prendre des
mesures rigoureuses et de dicter à leurs employés des
comportements sans équivoque pour traiter ces affaires avec
une éthique irréprochable. Ce n’est ni angélisme ni rigueur de
Polytechnicien, mais ces illustrations à l’opposé de notre
propos sont réconfortantes. Il est vrai que la publicité des
turpitudes que nous allons évoquer peut avoir des effets

                                5
dévastateurs, en particulier sur la réputation, actif premier des
opérateurs du monde financier. Le cours des titres des
intervenants vertueux devrait en être favorablement affecté.
Encore faudrait-il que cette vertu soit célébrée. Un classement
en rendant compte viendra en 2009 jeter ici une lumière
cautionnée par la qualité de ses auteurs, de jeunes experts déjà
insérés dans le business. Les règles de « l’investissement
socialement responsable » y sont définies, selon des critères
reconnus outre-Atlantique.

   Notre collectif de moyens s’étoffe un peu plus chaque
semaine et puise sa force dans l’incroyable analogie entre les
affaires. Il compte désormais dans ses rangs, des capitaines
d’industrie, des business angels, des fonds vertueux, des
entrepreneurs-fondateurs spoliés et leurs conseils juridiques.
Ces contributeurs, qu’ils soient investigateurs ou rédacteurs
bénévoles ont rejoint le mouvement, scandalisés par des
pratiques distantes de la probité, mais en usage bien réel.
Également indignés par l’emploi qui est fait de l’épargne
consacrée à l’innovation.

   Certains lecteurs prendront pour des recommandations ce
qui n'est qu'observations. En « tiré à part » des notes renvoient
à une énumération de cas concrets, historiques, collectés
auprès de personnes ayant vécu les circonstances relatées. Les
intervenants impliqués dans ces situations ne seront
naturellement pas cités explicitement dans cet ouvrage, les
faits évoqués n'étant pas souvent flatteurs. La liste des
justifications est néanmoins disponible et exploitable
paragraphe par paragraphe à l'aide de références
consultables en ligne sur le blog www.fcpi-pratique.com

  Cet exposé est basé exclusivement sur un faisceau de faits
réels, historiques, vérifiables, et n’est entaché ni
d’élucubrations ni de fantaisies. Il est destiné à toutes les
personnes intéressées par le développement de l’innovation en
France, et par les arcanes de la sphère financière (moins en
odeur de sainteté partout dans le monde depuis quelque

                               6
temps). Les lecteurs se trouveront également parmi les
bailleurs de fonds, les sociétés de gestion de FCPI, toute la
filière de collecte, les souscripteurs actionnaires individuels ou
institutionnels, les journalistes financiers et économiques, les
enseignants, et toutes les professions qui gravitent autour de la
création, du financement et de la croissance des entreprises.

   Beaucoup seront surpris, car cette corporation est, nous
l’avons dit, très attachée à sa notoriété. Si bien que son image
est immaculée, non sans quelque culture intensive, confiée aux
meilleurs cabinets de la place. Dévoiler des manquements, a
fortiori des casseroles potentielles, se heurte à une incrédulité
bétonnée avec un soin jaloux. Il est facile de proclamer la
vérité sur une déontologie maltraitée, mais il est plus malaisé
de percer cette carapace dorée...




                                7
8
I
        Créer : une vertu française malgré tout


   Comme son nom l’indique, l’objet d’un FCPI est de
favoriser l’innovation. Nos dirigeants politiques ont
parfaitement compris son importance pour le développement
de l’économie. Ils ont avec raison entrepris de la soutenir, et
leurs initiatives méritent encouragements : l’innovation est
l’élément régénérateur du cycle économique classique, qu’elle
soit de rupture ou incrémentale.
   Nous nous trouvons à une époque où devient oppressante la
menace des pays émergents à bas salaires et à conditions
d’emploi élastiques : seule l’innovation plus vite qu’eux peut
encore nous aider à traverser la période longue qui sera
nécessaire pour que leur travail devienne aussi coûteux que le
nôtre. Cohérente avec ses intentions, la puissance publique a
donc mis en place des aides substantielles pour les FCPI, nous
y reviendrons.

   L’innovation n’est que l’application concrète de la créativité
à un besoin non encore correctement satisfait mais facile à faire
ressentir par un marché solvable.

   La créativité est une caractéristique heureuse, mais mal
connue, du caractère français. Seuls des usagers durables des
milieux internationaux peuvent formuler un tel jugement : les
Français sont souvent plus créatifs que les Américains, les
Japonais, ou les Coréens. C’est facile à constater, plus malaisé
à expliquer. Ce pourrait être la conséquence du modèle
d’enseignement scolaire reçu, ou d’une attitude de perpétuelle
critique, remettant volontiers en question ce qui se fait et est

                               9
prescrit : « comment le chef peut-il être aussi nul, il y a une
manière bien meilleure et bien plus efficace de s’y prendre ».
Domaine de prédilection, la cuisine française est l’une des plus
créatives au monde. Ailleurs, les chefs s’appliquent souvent à
réussir mieux que les autres la recette que tout le monde
connaît et demande. Le cuisinier français ne rêve que de rendre
célèbre une recette inédite à laquelle sera attaché pour
l’éternité son nom, ou celui de son restaurant.

   La créativité étant une vertu répandue, les idées fourmillent
dans notre pays. Le malheur est qu’une proportion d’entre elles
proviennent de gens qui ne savent pas les transformer en
innovation : ignorance des marchés, absence de métier pour
faire sortir l’idée de la chrysalide, médiocrité de la vision
marketing, incapacité à recruter et manager les équipes
nécessaires à la croissance accessible ; et surtout elles
manquent toutes de capitaux pour arriver à maturation..

   La meilleure des bonnes idées entre les mains d’un créatif
sans ressources financières est promise à un pillage rapide par
un capitaliste moins inventif mais plus argenté. Les brevets
sont difficiles et coûteux à obtenir, et tout le monde ne les
soumet pas à temps, laissant ainsi la porte ouverte à des dépôts
hostiles mais parfaitement licites. Et certains secteurs comme
les services se prêtent mal à la protection par la propriété
industrielle. L’idée de l’inventeur n’est en outre brevetable que
pour protéger l’exploitation industrielle de l’invention ; le
reste, c’est de la propriété intellectuelle, des droits d’auteur qui
sont encore plus mal protégés, et dans la plupart des cas pas du
tout. Très facile à piétiner. Le solitaire est donc bien démuni, et
il est le plus souvent promis à une disparition rapide s’il ne
trouve pas les concours financiers, et les talents en méthodes,
qui positionneront son idée là où elle le mérite.

  Sa démarche habituelle, celle qu’il pratique comme
particulier, est naturellement d’aller voir son banquier. Mais au

                                10
moment où il en ressent le besoin, son histoire n’a rien
d’éloquent. Le métier du banquier est de collecter l’argent de
déposants, et de le placer de manière à trouver un rapport
supérieur à celui qu’il sert. En France surtout, ce métier n’est
pas de prendre des risques, a fortiori des risques substantiels.
Le banquier répugne à jouer à la roulette avec l’argent de ses
déposants. Face à un emprunteur qui n’est pas encore capable
de montrer un compte d’exploitation avantageux, qui n’a
encore ni locaux ni brevets ni équipes, la réponse ne saurait
être bienveillante. Plus tard, quand tout commencerait à se
montrer sous un jour plus favorable, le regard serait différent,
mais ce plus tard serait trop tard pour commencer.




                              11
12
II
              FCPI, levier de l’innovation ?


   Le FCPI est beaucoup mieux placé, puisqu'ici se trouve le
cœur de son métier. Il accepte des niveaux de risque
supérieurs, non sans se prémunir des désastres par des examens
minutieux des idées, des protections, des marchés, des business
plans, des retours escomptés, de leur jalonnement. Il est
disposé à compléter ses chances de ne pas perdre en apportant
des conseils, du savoir faire, du recul, et, quand c’est
nécessaire, de l’encadrement, de la direction effective. Nombre
d’innovateurs sont en effet riches d’une excellente idée, mais
n’ont ni la formation, ni l’expérience, ni donc la compétence
pour conduire leur affaire au succès. Bouder de telles
opportunités serait stupide, puisqu’il suffit de compenser ces
limitations en mettant à disposition les talents nécessaires et de
les piloter et motiver correctement.

  Le FCPI a en outre le privilège d’opérer dans de nombreuses
entreprises en démarrage, et il moyenne donc les risques.
Certaines seront des réussites météoritiques, d’autres
végéteront malgré tous les efforts de tout le monde. Au total le
FCPI s’en tirera honorablement, les succès des unes
compensant les déboires des autres. Cette vision a pour
heureuse conséquence que le FCPI n’a pas peur d’un échec
(même s’il y répugne et fait tout pour l’éviter) et peut se
montrer patient (les premiers exercices d’une innovation ne
pouvant pas souvent être profitables : il faut mettre le produit
au point, communiquer, obtenir la notoriété, préparer les
argumentaires et le marketing, investir en publicité, créer les
courants de chalandise, recruter, former, acheter les

                               13
équipements, les matières premières ou les assemblages
intermédiaires, bien des frais avant que les clients n’aient enfin
réglé les premières factures). Non seulement le FCPI n’est pas
dissuadé par le devoir de patience, dans nombre de cas il y
trouve son avantage, comme nous le verrons.
Les premiers contacts seront réconfortants, pour la raison
qu’ils seront marqués par la plus grande cordialité, et par la
plus franche sympathie. L’inventeur racontera son idée, et elle
sera écoutée. Les représentants du FCPI s’avoueront sans peine
plus financiers qu’industriels, et feront comprendre qu’il leur
faut l’avis de quelques experts compétents avant de s’engager.
Une structure a été montée pour permettre ce genre de
discussion. Elle s’appelle « incubateur », et il en existe
actuellement une bonne vingtaine en France.

   L'inventeur y est convié. Il va expliquer son idée avec tout le
luxe de détails dont il est capable, et qu'on lui a dit nécessaire.
Il faut convaincre, ne pas se planter, sortir les meilleurs
arguments, les meilleures perspectives. Les examinateurs,
attentionnés, se sont rarement présentés individuellement. Ils
ne font que former un collège aux bonnes intentions affichées.
Qui se méfierait ? Le problème, mal connu et encore plus mal
perçu, est que les experts ne sont pas experts par hasard. Ils ont
été invités (et rémunérés) pour la raison qu'ils opèrent dans le
même domaine industriel, le plus souvent dans de grandes
affaires de la région. Excellente occasion pour eux de
découvrir au niveau de la conception l'idée qui pourrait leur
être fort nuisible quand elle aura pris son envol.

   Mais comment le FCPI pourrait-il fonder son jugement sans
cette caution de la compétence ? Quoi qu'il en soit, c'est la
première occasion qui permettrait le pillage de l'idée apportée
par l'inventeur : il vient de dévoiler ses secrets, ses intentions
et ses espoirs, à ses plus féroces compétiteurs. Et personne ne
le lui a dit. Si en plus l'expert silencieux ainsi présent est

                                14
l'employé de la filiale bien franco-française-franchouillarde
d'une multinationale d'origine étrangère (pourquoi pas, c'est un
expert français comme un autre), c'est la fuite de notre
innovation vers une autre puissance économique. Le
désastre… Peut-être aussi un potentiel acquéreur ou repreneur
futur, quand tout aura mal tourné : la croissance de l'arbre
prend un moment avant que ne soit récoltable le premier fruit.
L'acheter à la veille de la première floraison peut être une
excellente affaire, tous les frais préliminaires ayant été déjà
épongés, et la fertilité étant alors bien prévisible à horizon
perceptible, sans encore affecter la valeur de la société. Nous
en reparlerons plus loin.

  Un inventeur moins innocent et moins crédule pourrait
demander une garantie de confidentialité, sous forme d’un
document bien signé en assurant la protection. Mais la requête
serait facilement accueillie avec des glapissements outragés.
Cette seule demande évoque un soupçon déshonorant pour
celui qui la formule et insultant pour celui qui la reçoit. Entre
gens de bonne compagnie, la confiance se doit de régner. Un
comportement un peu trop opiniâtre sur ce point vaudra de
mauvaises notes, et le projet continuera de moisir dans les
oubliettes, sauf peut-être pour un observateur expert qui en
aura vite fait son profit et sera parti avec de bonnes idées
glanées gratuitement. L’inventeur sollicitant aura toujours
envie de déballer toute son histoire, avec les risques graves que
nous signalons. Il le fait avec la fierté de celui qui présente son
enfant récemment diplômé d’une grande école prestigieuse. Il
est donc prolixe, d’autant plus que c’est ce qui lui a été
recommandé avec insistance.

   Plus frappant, mais rarement observé par le fondateur, il est
rarissime que plus d’un FCPI s’intéresse à son projet. Il se
trouve un traité tacite, mais bien observé, dans ce milieu.
Quand un FCPI se trouve sur un coup, les autres s’effacent

                                15
instantanément : ils laissent toute l’action au premier dans la
place. La concurrence n’existe pas vraiment sur le projet de
l’inventeur. Il se persuadera d’autant plus volontiers de sa
bonne fortune en observant qu’il n’a réussi à convaincre qu’un
seul investisseur, mais que celui-ci est solidement accroché :
« j’ai eu de la chance, les autres étaient trop idiots pour
vouloir m’écouter, mais j’ai au moins réussi à convaincre
celui-ci. Ouf !... »

  Pour achever la séduction, les FCPI bénéficient de l’illustre
protection d’une structure regroupant au moins 300 d’entre eux
parmi les 400 opérant dans l’hexagone : l’AFIC, garante de la
déontologie de la profession. Tous ceux qui fréquentent cette
instance en témoignent, on y est entre gens civilisés, de bonne
éducation. Ce n’est pas ici que l’on s’attendrait à trouver des
forbans.

   Le FCPI est vite perçu comme un partenaire
exceptionnellement bien placé pour assister, piloter, soutenir
une entreprise d’innovation émergeante, pour l’amener à la
prospérité et à la conquête de ses marchés. Il n’est donc pas
étonnant que cette analyse, complétée d’incitations fiscales
alléchantes assure le succès et la popularité de la formule.




                              16
III
              Recette de la sauce financière


   Il faut réaliser que le FCPI n’est pas une société et qu’il n’a
pas la personnalité morale. C’est une ligne de compte dans une
autre entité, et ici se trouve la raison pour laquelle le FCPI est
souvent désigné comme le « véhicule d’investissement ». La
société qui l’a créé, en même temps que de nombreux autres,
est moins visible que lui, mais quand même tout à fait
accessible. C’est la « Société de gestion de FCPI ». Elle
collecte ses fonds via son réseau de partenaires bancaires et
d’assurances durant les cinq premières années, auprès de
souscripteurs à la recherche de fiscalité avantageuse.
L’exploitation de la formule ne peut excéder dix ans. Elle est
donc à la tête de plusieurs dizaines, et bientôt d’une centaine de
millions d’euros. Elle perçoit sur ces FCPI des frais de gestion
qui oscillent le plus souvent entre 2,5 et 3,75 % du chiffre
d’affaires, en contrepartie des services qu’elle fournit : c’est
considérable. Mais elle n’est enfin qu’une émanation, une
filiale en général, d’une structure plus vaste, plus réputée dans
les milieux compétents, et plus discrète, qui sera désignée sous
le terme de « Société de gestion de fonds ». C’est à un
délégataire, en particulier, que sera confiée la gestion « moins
risquée » de 40% des sommes collectées. Le grand public en
entend très peu parler. Auprès de l’inventeur elle sera évoquée
sur le ton de la confidence, pour expliquer sa robustesse et
donner encore plus confiance : « je suis maintenant dans de
bonnes mains… »

  Mais cette perception idéalisée mérite un bémol. Le FCPI
n’est pas une initiative caritative, mais encore une activité dans

                               17
laquelle des apporteurs de capital attendent un retour sur leur
investissement. Les dirigeants du FCPI sont le plus souvent
salariés, directeurs de participations, intéressés aux résultats ;
et ils ont une claire conscience de ces attentes énoncées non
sans flegme par leurs employeurs du niveau supérieur.
D’ailleurs ces capitalistes sont assez vigilants pour comparer la
rentabilité de leur investissement ici avec ce qui est démontré
ailleurs. La pression en vue de la performance est donc élevée,
le business plan se veut ambitieux ainsi que le plan
d’intéressement assorti (stock options) et personne ne peut en
critiquer la légitimité. De bons résultats assurent de bonnes
rémunérations et de bonnes perspectives de carrière.
D’excellents résultats… Comme partout dans le monde des
affaires, la tendresse et l’angélisme ne sont que de peu de
durée, et ceux qui croient en rencontrer devraient toujours se
demander s’ils ne sont pas spectateurs d’un simulacre.

   Certains innovateurs découvrent cette réalité comme une
déception. C’est d’autant plus naturel que l’intervenant
premier du FCPI, avec lequel ils ont travaillé, est toujours
devenu un proche, et souvent un ami. C’est lui qui, à l’époque
de l’étude et de la présentation, est tombé amoureux de l’idée,
l’a mise en forme, l’a expliquée, l’a vendue à ses patrons, en y
engageant son propre crédit. Une fois les accords passés, il faut
exécuter et réussir, l’atmosphère peut devenir plus tendue,
l’urgence s’installe et la pression monte. D’autant plus que
l’intervenant primitif n’est pas forcément durable. Il ira faire
carrière ailleurs, dans ce FCPI ou dans un autre, et son
successeur n’aura pas le même capital de passion partagée. La
relation deviendra plus alimentaire, moins sentimentale.

  Fort d’une longue expérience, le FCPI traite maintenant avec
un innovateur qui, lui, est totalement puceau dans ce genre
d’exercice. En outre, il ne traite pas qu’avec lui, le tour de table
contenant aussi nombre d’investisseurs privés attirés par les
facilités de défiscalisation.

                                18
IV
                  Audaces Fortuna Juvat


   La nation souhaite en effet mobiliser ici des personnes
fortunées, et leur propose de soustraire à la douloureuse
fiscalité de la solidarité sur la fortune (ISF) les apports en
capital versés au profit de sociétés répondant à des critères
précis. C’est une excellente idée, cet impôt étant stupide en ce
qu’il rapporte moins qu’il ne coûte, et qu’il motive
l’émigration à Bruxelles, Genève et Marrakech de retraités qui
veulent planquer leur fric ; et à Londres ou dans le Kent de
ceux qui ont encore une entreprise à conduire et cherchent le
théâtre d’opérations où leur résultat sera plus consacré à
l’investissement et à la croissance qu’à la solidarité et à la
protection sociale.

   Gigantesque perte sèche pour notre économie, tous ces
revenus étant dépensés au-delà de nos frontières en y créant
des emplois et en faisant tourner la machine étrangère. Mais la
suppression de cet impôt serait tellement impopulaire auprès
de ceux qui n’y sont pas soumis qu’elle est perçue comme
impossible. Reste à le contourner en proposant des
investissements astucieux qui en diminuent, voire en annulent,
la charge et génèrent un profit. Financer l’innovation est une
avenue excellente, personne ne pouvant quand même nier
l’importance du sujet.

  Nous verrons que le schéma n’est pas toujours aussi limpide
dans son fonctionnement. Une idée proche avait présidé à un
système dit « loi Pons » pour favoriser l’investissement dans le
dispositif touristique des DOM TOMs. Dans nombre de cas il

                              19
a été démontré que le tourisme avait été effectivement favorisé,
mais que tout le monde y avait gagné de l’argent sauf
l’investisseur lui-même: par exemple le constructeur du bateau
de plaisance, le loueur du même bateau, le port, les facilités de
maintenance, etc... Au total ne restait plus du tout pour le
propriétaire du bateau ce qui avait miroité lors des propositions
et des commandes. L’investisseur se trouvait floué, mais ne
pouvait rien entreprendre, tout étant parfaitement ficelé
contractuellement, et ses jérémiades n’intéressant personnes
puisque sa fortune interdisait la commisération. La richesse est
surtout médiatique pour susciter l’envie et pour entraîner
l’indignation alimentée par la jalousie et soutenue par le
soupçon de malhonnêteté.

   La même déconvenue guette ceux qui investissent dans
l’innovation, plus souvent qu’il ne leur est dit ou que la rumeur
n’en court. Avec, en plus, la désillusion d’avoir enrichi des
intervenants puissants et avides, mais de n’avoir guère réussi à
soutenir comme ils en rêvaient l’innovation, et encore moins
d’avoir créé des emplois et de la valeur économique sérieuse.
Ici aussi, doléances et pleurnicheries ne trouveraient dans
l’opinion qu’un écho de « c’est bien fait pour lui, il y a enfin
une justice en ce bas monde ». Elles ne seront donc pas
exprimées.




                               20
V
            Coulisses d’un accord unilatéral


   Les acteurs autour de la table sont donc en général :
l’innovateur généralement inventeur, souvent appelé
fondateur, le FCPI, les autres investisseurs. Le fonctionnement
harmonieux d’une équipe aussi disparate demande un code
spécifiant comment les décisions seront prises, et comment les
pouvoirs seront attribués : qui fait quoi, comment se conduit la
destinée de l’entreprise en évitant que chacun tire à hue et à dia
de son côté. Des textes officiels et généraux veulent
réglementer et garantir la concorde dans ce fonctionnement,
mais ils ne peuvent pas traiter de tous les cas particuliers. Il
convient donc de mettre au point dès le début une charte
appelée « pacte d’actionnaires » ainsi que la transformation de
la structure en Directoire et Conseil de surveillance afin d’en
assurer la bonne gouvernance. Le FCPI, nanti de son
expérience, ne manquera pas d’en proposer une rédaction qui a
fait ses preuves ailleurs... C’est surtout le premier moyen de
répartir les pouvoirs de manière à assurer le mode de conduite
conduisant à l’optimisation du résultat qu’il espère, par les
chemins qu’il a déjà en tête. Les ambitions de la démarche ne
seront pas divulguées à ce stade, mais les décisions prises aussi
précocement permettront de s’approcher de l’ambition ultime,
d’en rendre la réalisation bien plus probable.

   Le fondateur a toutes chances d’accepter ici d’autant plus
facilement que le choix ne lui est pas donné. Ses libertés sont
réduites : ou bien il accepte les conditions de ce FCPI, ou bien
il repart en chasse, après avoir été déjà boudé par d’autres
investisseurs qui ne croyaient pas en son idée et s’en sont

                               21
détournés rapidement en donnant l’impression qu’elle ne valait
pas tripette à leurs yeux. Maintenant qu’il en tient un qui
semble accroché, il faudrait pour rejeter ses conditions une
force d’âme et une certitude qui ont été fatales à nombre de ses
collègues animés antérieurement d’espoirs analogues. Le
marché est vite mis en main : « nos apporteurs de capitaux
nous imposent les conditions que nous vous proposons. Ils
comprendraient très bien que vous décliniez, mais nous les
savons inébranlables. Ces conditions ont été acceptées avec
bonheur par tous les inventeurs que nous fréquentons dans les
très nombreuses entreprises dont nous soutenons la
croissance. Il ne serait pas compris qu’elles puissent ne pas
vous convenir… »

  L’accord sera conclu. La confiance présidera encore à sa
conclusion. Les conventions ainsi ratifiées seront activement
mises en service dans les étapes suivantes.




                              22
VI
              L’implacable mise sous tutelle


   Car faire prospérer l’idée dont le fondateur est l’inventeur, et
avec elle la société qu’il a fondée, c’est bien. Mais augmenter
à petit prix la part de propriété dans le capital de la société,
puis, dans un deuxième temps la faire prospérer dès que le
FCPI est devenu l’actionnaire majoritaire (par procuration),
c’est beaucoup beaucoup mieux. Tout est question de tactique,
et de timing. Ce sera toujours au service de l’innovation qu’a
apportée l’inventeur, mais ce sera alors beaucoup plus
avantageux, car bien plus rémunérateur pour les capitalistes qui
soutiennent l’idée. Leur métier étant forcément de rentabiliser
le capital qu’ils ont investi, ils vont s’appliquer à faire que les
profits tombent majoritairement dans leur escarcelle. Il faut dès
maintenant commencer par augmenter la part détenue
directement et indirectement dans la société avant qu’elle ne
s’épanouisse en apothéose.

   Il suffit donc augmenter la participation dans le capital de
l’entreprise quand le succès n’a pas encore fait grimper sa
valeur. Il faut tirer de bonne heure. En outre, évidemment, si
elle se mettait soudainement à progresser de manière
vertigineuse, elle n’aurait guère besoin d’argent
supplémentaire pour assurer sa croissance. L’hypothèse est peu
vraisemblable. Nous l’avons vu, les débuts sont toujours
laborieux et consommateurs de ressources. Les premiers
exercices n’arriveront pas à boucler en trésorerie, les fonds
manqueront pour payer le personnel et les fournisseurs, sans
insister sur les plus exigeants, à commencer par l’URSSAF.
Faute de pouvoir encore convaincre un banquier, le fondateur

                                23
toujours dirigeant en discutera avec son conseil, où le FCPI est
largement présent, puissant, compétent, organisé et déterminé.

   La première difficulté de cette sorte est l’instant hautement
pénible où le FCPI est obligé de dévoiler sa vraie nature. Il était
hier un « partner » sincère, engagé, fraternel. Tout à coup il
devient un prêteur qui fait jouer les garanties qu’il a
accumulées sans s’encombrer de sensiblerie. Au pire on se
retranchera derrière la sauvagerie de dirigeants poussés par
leurs propres contraintes, et qu’il sera toujours impossible de
rencontrer dans l’espoir de les ramener à la raison. Le
représentant du FCPI offrira donc d’apporter du capital pour
assurer le passage des échéances délicates. La part du
fondateur dans le capital diminuera à proportion, en parallèle à
celles des autres apporteurs initiaux, les gens fortunés attirés
par les placements déductibles de l’ISF. En quelques
opérations successives, le FCPI obtiendra une position
dominante.




                                24
VII
                  Garde-fous bien gardés


  Il serait objecté qu’un FCPI ne peut pas jouir d’une telle
participation à hauteur de plus de 35 % dans une société
innovante. C’est la limite supérieure assignée à ce que l’on
appelle le « ratio d’emprise ». La loi la prescrit. Et une instance
officielle, l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) est là pour
y veiller. Mais ses effectifs et ses moyens sont limités, et elle y
veille avec moins de capacités d’investigation que les
gendarmes à la recherche de la conduite avec alcoolémie
excessive. D’ailleurs ses ressources exiguës semblent la faire
opter en priorité pour des actions consécutives à des demandes
de médiation. Les situations scandaleuses dénoncées motivent
ses interventions. Mais son rôle de police préventive est
malheureusement bien limité.

  Ses responsables reconnaissent que les anomalies
prolifèrent, et prient instamment les victimes de les aider de
leur délation pour permettre la poursuite des délinquants. Un
collège disciplinaire de douze sages est chargé de distribuer
des sanctions. Mais leur densité ne semble pas suffisante pour
que leur probabilité soit intimidante. La conduite en état
d’ivresse et les excès de vitesse ont diminué quand les procès
verbaux ont commencé à pleuvoir. Les morts au volant ont
diminué en parallèle : peu de sanction, peu d’effet. Il en va de
même ici.

  L’AMF devrait aussi publier les statuts et les structures des
FCPI. La nature risquée de l’investissement, par essence,
justifie que le public soit très soigneusement informé. Les

                                25
OPCVM (aussi appelées encore SICAV) ne sont pas obligées
au même devoir de transparence. Une bonne information
exigeante ferait ainsi apparaître les écarts entre la réalité et ce
qui a été déposé à l’AMF. Le législateur s’est entendu sur un
mode opératoire précis et bien rédigé. Or il est ici facile de s’en
soustraire sans vraiment risquer de sanction. Le public a un
droit à l’information factuelle et honnête, à toutes les notices
d’information prévues : et ce droit est aisément bafoué dans
bien trop de cas.




                                26
VIII
          Cousins, cousines, coquins, coquines


  Qui plus est, il est toujours possible de faire appel à un autre
FCPI, d’autant plus connu pour son sérieux qu’il est de la
même origine, sous un nom différent, et souvent animé par la
même équipe de dirigeants que l’intervenant du début, le FCPI
du jour de la fondation. Pas forcément les mêmes personnes
dans les mêmes postes officiels et représentatifs, mais la même
équipe de professionnels solidaires, animés des mêmes
préoccupations, et poursuivant les mêmes objectifs de prise de
contrôle.

   La Société de gestion des FCPI en a tout un lot à sa
disposition. Si elle redoutait une accusation de collusion par
trop grande proximité, il est des plus faciles de présenter un
autre FCPI en apparence et en réalité fort lointain, mais qui
profite de participations croisées entre ses parents et ceux dont
le FCPI enfant demande un secours : « je prends 20 % dans ton
capital, et tu prends 20 % dans le mien, et ton FCPI introduit
le mien dans sa société, à charge de revanche au plus vite ».
Les parents aiment bien les alliances et les mariages de leurs
enfants compatibles et désireux.

   Il existe encore d'autres formules, comme la participation
dans une société de holding commune. Tout cela ressemble
fortement à du contournement des intentions du législateur,
mais démontrer qu'il y aurait ici délit sera régulièrement
impossible. Ce sont des FCPI différents, éloignés,
irréprochables. Et pourtant, allez voir leur patrimoine


                               27
génétique et leurs parents… Consanguinité, certitude de la
bonne entente, pas de vagues dans la famille…

   Le capital de la société donnera toujours ainsi l'impression
d'être réparti entre des mains dont la séparation officielle
garantira l'indépendance. En fait, une structure lointaine et
invisible aura tout le pouvoir absolu, à travers des relais
immaculés et dont les liens sont difficiles à tracer.




                              28
IX
              Mal investi ne profite jamais


   Une fois cette majorité confortablement acquise, les risques
sont réduits pour le FCPI, et il va commencer à être temps de
faire exploser la croissance et donc la valeur de la société mise
ainsi sous contrôle.
Si le fondateur renâcle devant les démarches et les orientations
maintenant décidées par des technocrates compétents, riches
de carnets d’adresses fournis, et pas trop encombrés de
scrupules, la solution peut arriver en deux temps.

   Première méthode, le chantage. « Ou bien nous faisons
comme nous le recommandons, et c’est la bonne solution, ou
bien nous laissons tomber et on dépose le bilan ». Pour
l’inventeur-fondateur, le choix est vite fait : compromettre en
mettant son mouchoir par-dessus, ou s’insurger et entrer dans
l’affrontement avec le risque de tout perdre rapidement. Si son
accord n’est pas obtenu, il n’est nullement nécessaire de
déposer le bilan.

   Deuxième méthode bien plus simple : il suffit de s’en
débarrasser. Comme il aura été conservé dans un rôle de
Président auquel il tient, ou au minimum d’administrateur ou
d’associé, il sera congédié « ad nutum », comme la loi le
permet, c’est-à-dire sans préavis, sans indemnité et sans
inscription aux ASSEDICs. Dans le meilleur des cas, le marché
lui sera mis en main, et il n’aura le choix qu’entre se soumettre
enfin dans une amertume piteuse, ou aller pointer à l’ANPE.
Dans le pire des cas, c’est le second trajet par la voie directe.
Certes, il a encore des actions, une part du capital, mais
tellement diluées que leur valeur n’en est plus que marginale.

                               29
Si ses protestations rendent l'atmosphère insupportable, une
proposition de rachat de ses parts sera faite. Parfois pour une
valeur proche de sa mise de fond initiale. Probablement pour
beaucoup moins, le tableau de performance étant alors au pire
de son évolution. Peut-être avec une modeste valorisation des
brevets qu'il aura apportés à l'affaire. Racheter les brevets à vil
prix est souvent une excellente affaire. Pour l'inventeur qui a
tout perdu, c'est le dernier acte, mais qui peut encore rapporter
trois sous. Ils valent toujours mieux que rien du tout, et il faut
bien jeter l'éponge à un moment ou à un autre et essayer de
sauver au moins un meuble quand tout ou presque s'est déjà
consumé dans l'incendie soigneusement attisé...
Beaucoup, pris à la gorge et écœurés, finissent ainsi par céder
leurs parts au FCPI, pour la valeur ridicule que ce dernier a la
générosité d'encore leur proposer. A ce stade, ils ont en fait tout
perdu.

   Il est bien connu que la durée de vie d'un fondateur-
inventeur à la tête de son entreprise n'est qu'exception-
nellement supérieure à trois ans. Il est alors remplacé par un
« dirigeant de transition » fourni par le FCPI, qui a toute sa
confiance, et qui ne se signale pas par son indépendance
d'esprit et sa capacité de rébellion par rapport à ce dernier. Sa
mission est alors claire : mettre la société dans la meilleure des
formes possibles pour le destin tracé secrètement par le FCPI.
Ce peut être la développer un peu plus, ce peut être la parer de
tous ses atours pour la vendre, ce peut être augmenter sa
rentabilité immédiatement au détriment de sa croissance, ou
l'inverse, ce peut être la décomposer par appartements pour
mieux en négocier la cession, ou lui faire afficher des résultats
inattendus en diminuant radicalement le temps consacré à la
formation de ses employés (toujours prélevé sur le temps
consacré à la production), ou couper dans les effectifs avec un
bon plan de sauvegarde de l'emploi afin d'alléger soudainement
la masse salariale et augmenter le résultat apparent au

                                30
détriment de l'avenir. Tout est devenu possible pour le FCPI, le
gêneur ayant disparu du champ d'intervention. Et sa vision de
long terme, de destinée pour la société, pour ses employés,
pour son idée et pour lui-même ayant disparu miraculeusement
avec lui.

  La tâche est facilitée si le FCPI a obtenu du fondateur ce qui
est habituellement exigé : de la chair mise dans l'affaire. Ces
investisseurs professionnels n'accepteront pas souvent une
opération dans laquelle l'inventeur ne mettrait pas au départ
une proportion notable du capital, ou plus précisément de SON
capital, sous la forme d'une contribution bien substantielle de
sa fortune personnelle. Le but n'est pas qu'il soit influent,
puisque la suite visera à réduire son pourcentage, mais le but
est qu'il soit impliqué. Au mieux cela garantira qu'il ne se
désintéressera pas des opérations tant qu'on pensera avoir
besoin de lui. Au pire, au moment d'une éventuelle séparation,
ou même des premières difficultés, la perspective de la perte
ainsi devenue probable, assurera sa docilité.

   Les fondateurs découvrent vite, d’ailleurs, que la docilité est
attendue, là où ils avaient imaginé que régneraient la solidarité
et l’échange dans la recherche commune de la destinée la
meilleure pour l’entreprise. Ceux qui résistent apprennent vite
que plus ils s’insurgent, et plus les manœuvres vont les rejeter
sur le côté de la route, jusqu’à ce que la vie ensemble soit
pestilentielle, et que la séparation soit alors naturelle. Mieux
vaut à ce stade ne pas avoir de casserole qui se prêterait à une
exploitation facile. Certaines bévues, certains manquements
anciens sortiront rapidement du tombeau discret qui les avait
ensevelis, et deviendront des armes de choix. Le fondateur,
moins prévoyant et moins rompu à ce genre de duel n’aura pas
toujours gardé le compte rendu précis des manquements,
inévitables aussi, du côté du FCPI. Mais tout ce qui pourrait lui
être reproché le sera sans faille et sans faute. Cruelle prise de

                               31
conscience… Quand les armes blanches sont dégainées… Il
découvrira que les fleurets qu’il avait vus mouchetés l’étaient
bien, mais que celui du FCPI avait été trempé dans le curare.
Ses égratignures pouvaient être fatales. Il suffisait d’y penser.

   Les procédés sont innombrables. Nous ne pouvons pas tous
les décrire, et pourtant leur exposé servirait de mise en garde
aux inventeurs débutants. Il aura, par exemple, suffi
d’indemniser le fondateur pour des dépenses qui seront
subitement découvertes comme de l’abus de bien social. Ou
encore d’inciter celui-ci dans l’engagement de dépenses vis à
vis de tiers pour lui reprocher plus tard son inconséquence. A
l’époque, tout semblait naturel et couvert de la bonne volonté
générale. Une autre accusation fréquente et facile est celle de
« faux intellectuel ». Vous en commettez plus souvent que vous
ne le pensez, mais personne ne vous le reproche ; et donc vous
l’ignorez. Un chèque signé dans une localité autre que celle où
s’est déroulée la transaction, un formulaire rempli par une
personne autre que l’inventeur, mais signé par lui… Un autre
grand classique consiste à dénoncer des actes de gestion
courante que le fondateur pratiquerait dans son intérêt
personnel à l’insu des organes de contrôle.

   Déviations innocentes, et sans conséquence, mais pourtant
répréhensibles. Tout cela peut devenir argument explosif dans
une procédure d’éviction. Sans beaucoup compter sur la
chance une condamnation peut être prononcée contre le
dirigeant par le tribunal saisie, et sera utilisée à toute occasion,
avec le bénéfice d’un effet dévastateur sur le moral de la
victime.




                                32
X
                Artefacts et gestion de fait


   La docilité peut aller aussi jusqu’à devoir tolérer des
agissements à la frontière de la légalité, mais avec toujours
l’assentiment de tous les participants, devenus signataires.
Rien de bien condamnable, mais il n’y a que le premier pas qui
coûte.

Nous avons trouvé des procès-verbaux de réunions où des
décisions auraient été prises à l’unanimité, alors même que
quelques-uns qui vont les approuver de leur paraphe n’étaient
pas présents, des réunions « papier » tenant lieu de réunions
physiques avec l’accord de tous, c’est la vie… Il est des cas où
ça va plus loin, mais le « faux et usage de faux » ne se connaît
que lorsque la plainte arrive au pénal. Ni facile ni possible tant
que l’on est pas en guerre ouverte et déclarée. Les
manquements peuvent donc s’accumuler… C’est peut-être la
vie, mais ce n’est pas simple à vivre…

   Ont ainsi été observées des manipulations sordides mais
juteuses. Un cabinet d’audit sera appelé pour examiner le
fonctionnement de l’entreprise, et produire des recom-
mandations. Ses honoraires (tout sauf modestes) seront
facturés à la société examinée, c’est normal. Mais pour la
même prestation ils peuvent aussi être facturés à la Société de
gestion du FCPI, qui les réglera une nouvelle fois, et les
imputera au FCPI, qui les fera redescendre sur la société où il
a investi. Une enquête difficile, pour ne pas dire impraticable,
a parfois révélé que ce cabinet d’audit était proche, si ce n’est
propriété directe de la distante société de gestion de fonds, la

                               33
maison mère, tout en haut. L’argent tourne en rond. C’est
délictueux, mais que peut faire le fondateur, si même il arrive
à voir le subterfuge ?
  En cours de conduite, il sera, par exemple demandé des
suppléments : la maison, le domicile familial résultat d’une vie
de patiente et méritoire épargne, sera apportée en nantissement
à une banque, souvent proche du FCPI, qui tiendra le
propriétaire par une hypothèque de premier rang. Jolie épée de
Damoclès, et ruine garantie si les opérations ne se résolvent pas
comme espéré par les investisseurs devenus dominants.

  Pourtant, même quand cette répartition du capital permet une
gestion effective, avec toutes les décisions entre les mêmes
mains, aucun des FCPI présents n’est supposé exercer une
gestion de fait.

   Le FCPI est là pour aider et accompagner, non pour gérer.
Quoi qu'il en soit, la dérive de répartition du capital rend cet
exercice confortable. Mais, bien en amont, avant même d’y
arriver, le FCPI peut sans peine, et très innocemment, exercer
ce pouvoir. La dispersion des autres actionnaires, leur faible
niveau de concertation, souvent leur inexpérience, se
conjuguent pour ouvrir la porte à cette évolution. Le FCPI,
témoin attristé des difficultés actuelles ou prévisibles de la
société, aura toujours beau jeu à proposer un directeur
financier, un expert industriel compétent, un juriste éminent,
miraculeusement disponibles, qui viendront occuper le poste
où leur qualification est requise. Il est naturel de faire appel à
des proches déjà connus, et reconnus comme fiables et fidèles
qu’à des indépendants inconnus et lointains. Mais c’est autant
de pions possibles sur l’échiquier.
Autant d’informateurs. Autant de recommandeurs de décisions
allant dans le bon sens, et que le dirigeant encore en place
acceptera et fera siennes, sans diagnostiquer ce qui les aura
inspirées.

                               34
XI
                      Experts et profits


   Ce tableau sombre, mais réaliste, devrait être allégé quand
même par la protection et le conseil qu’offrent les intervenants
libéraux qui sont appelés dans l’entreprise aux moments
judicieux : avocats, consultants, experts comptables,
commissaires aux comptes, commissaires aux apports. Ils ont
leur déontologie, et sont indépendants. Leurs statuts l’affirment
avec solennité. Leur chambre syndicale ou leur ordre en est le
garant. La qualité et l’équité de leurs conseils sont donc
garanties, et le fondateur trouve ici un confort qu’il apprécie.
Nombreux sont pourtant les cas où la réalité est un peu
différente. Le, ou les FCPI peuvent être pour ces
professionnels réputés, des donneurs d’ordre importants. Les
contrats qui se passent ici, les réputations qui se dressent sont
immenses, et de nature à susciter des convoitises justifiées. De
là à se montrer compréhensif, il n’y a qu’un pas. La loyauté est
égale vis-à-vis de tous les actionnaires, y compris du fondateur,
mais il se trouve des circonstances où certains actionnaires sont
plus égaux que les autres. Il est rare que cette distorsion
nullement préméditée profite aux plus modestes. Le FCPI est
donc le plus souvent bien placé pour que ses recommandations
soient déclarées intelligentes et honnêtes par les observateurs
indépendants. D’ailleurs, il est toujours facile de changer tel
intervenant obtus au profit d’un autre plus ouvert. N’est-ce pas
ce qui a été reproché à Arthur Andersen dans un autre pays ?
L’indépendance et l’intégrité sont des vertus essentielles. Les
compromettre est aussi irréversible que la perte de la virginité.
La suite est dangereuse. Mais les signes extérieurs de cette
dérive ne sont pas apparents.

                               35
36
XII
           Rotten-City, capitale du Nolawland


   La boucle est ainsi bouclée. C’est inexplicable et ce peut être
soudain : l’affaire devient enfin rentable, voire très rentable, au
profit de ses seuls propriétaires ultimes. Dans le meilleur des
cas, le FCPI pourrait découvrir subitement une entreprise
lointaine, inconnue jusqu’ici de tous les autres actionnaires ;
elle était précisément à la recherche de ce type précis
d’innovation, et plus particulièrement des brevets qui la
couvrent. Son offre s’apparente au miracle tant la cession va
être bonne.

   Mais, qui sait, ce miracle pourrait, comme la plupart de ses
congénères, avoir une explication banalement rationnelle : il
est bien possible que l'opportunité ait été identifiée quelques
mois ou années auparavant puis mise au réfrigérateur en
attendant la conjonction favorable entre le désir pressant d’un
côté, et de l’autre l’avancement des projets convaincants dans
la société du FCPI, et surtout son positionnement maintenant
majoritaire (par alliances directes) dans le capital. On ne le
saura jamais. La présence ancienne d’un éventuel acquéreur, à
cultiver certes, aurait ainsi influencé la décision du FCPI de
s’intéresser à cet innovateur français, à ses procédés et à ses
brevets. La veille technologique est une source inépuisable, et
elle est forcément plus accessible à un FCPI qu’à un
investisseur particulier soumis à l’ISF, ou qu’à un inventeur,
quel que génial qu’il soit. Et les présentations détaillées en
présence des jurys assemblés au sein de l’incubateur ou ailleurs
on été faites devant des experts, nous l’avons expliqué. Ils sont
dès lors très bien placés pour dire discrètement à la société de

                                37
gestion « si tu prends cette boîte en FCPI, tiens-nous au
courant, nous pourrions être intéressés quand elle aura fait
marcher son truc », ou aussi « je connais à Rotten-City
(capitale du Nolawland) une affaire qui cherche ce genre
d’idée, il faut que vous fassiez vite, et que vous les contactiez
quand ce sera prêt ». L’inventeur croira qu’il vendait un lopin
de terre, il ne saura jamais que la richesse du sous-sol, et son
gisement aurifère, étaient déjà subodorés par ses nouveaux
partenaires et amis les plus sincères.

   C’est alors le méga-jackpot. L’histoire rend compte de mise
de fonds multipliée par vingt-cinq en quelques mois, et une fois
la bonne structure capitalistique en place, c’est 30 % de ce
pactole pour chacun des FCPI présents, et pourquoi pas la
somme du tout par remontée jusqu’à un échelon financier
supérieur commun et mal identifiable pour le commun des
mortels.




                               38
XIII
             Sauf à risque, ou le Golden sofa


   Tout cet exposé n’enlève rien au fait que l’entreprise peut
échouer, y compris quand le FCPI est majoritaire avec ses
alliés directs. Tout leur investissement est alors promis à la
disparition dans les poubelles de l’histoire, avec ceux des
autres actionnaires encore présents. Il y aurait donc une justice,
le jackpot quand ça marche, et la misère quand le navire se
brise sur un récif. La noblesse du risque industriel ? En réalité,
le navire ne se brise pas pour tout le monde. Certes les
actionnaires particuliers y perdent leur mise de fond, et le
fondateur parmi eux s’il y est encore ; mais qui va plaindre
l’infortune de ces nababs ? D’ailleurs, trop honteux de leur
fortune (répréhensible en France) et de leur investissement
aventureux, ils se garderont bien d’aller crier sur les toits leurs
malheurs. De la dignité, que Diable !

   Mais le FCPI, lui, jouit d’une protection mise en place par
l’État pour susciter les vocations en soutien attendu à
l’innovation. La SOFARIS devenue « France Investissement
Garantie », agence officielle, fournit une garantie évitant les
conséquences de tels désastres pour le FCPI : ses pertes seront
remboursées par l’État à hauteur de 70 % de leur montant.
Superbe incitation dans cette loterie : si tout marche bien, c’est
la sortie grandiose par le haut, si ça ne marche pas comme
sincèrement espéré, le parachute s’ouvre et garantit une arrivée
en douceur tout à fait supportable.

  Une plantureuse proportion des sociétés de gestion de FCPI
annoncent des résultats nets placés confortablement entre 30 et

                                39
40 % de rendement sur les capitaux investis. Or aucune des
entreprises dans lesquelles leurs FCPI ont investi n’arrive à ce
niveau de performance. Ni même en approche. Cherchez
l’erreur… Il faudrait expliquer, comme nous venons de tenter
de le faire…

   Il faudrait aussi agir, de préférence en justice. Mais les
victimes sont démunies, le plus souvent peu compétentes,
maintenant peu capables financièrement de rémunérer de
coûteux avocats. Leur indigence a été organisée, et elle sert de
protection à ceux qui l’auront orchestrée. Un adversaire ruiné
est moins dangereux que son cousin roulant sur l’or. Pire, ces
victimes sont isolées, chacun dans sa province, ignorant des
autres, se prenant pour un cas exceptionnel, la presse étant peu
informée de cette situation, et donc peu bavarde à son sujet.
Les magistrats ayant à en traiter sont aussi isolés, tout comme
les avocats : que des hommes de bonne volonté, soucieux de la
justice, mais qui ne sont pas confrontés à la complexité de ces
dossiers assez souvent pour en construire une compétence et
une compréhension des machinations profondes. L’inventeur a
bien peu de chances dans le conflit ouvert…




                              40
XIV
                   Horizons chimériques


   Dans la crise financière actuelle au niveau mondial, et même
dans la période qui l’a immédiatement précédée, nous avons vu
émerger une nouvelle préoccupation : celle de l’Investissement
Socialement Responsable. L’investissement qui ne se
préoccuperait pas exclusivement de la seule rentabilité,
approche bornée dont la planète vient de découvrir où elle a
conduit. Mais un investissement soucieux de l’humain et d’un
développement durable. C’est maintenant l’ère de l’économie
immatérielle, qui trouve sa richesse dans la production
intellectuelle, dans l’innovation cérébrale. Les FCPI devraient
y exercer le rôle de puissante machine à propulser, mais les
contraintes et les pressions exercées sur eux leur interdisent
l’accès à ce type de préoccupation. Est-ce bien ce que
souhaitaient le pays et ses législateurs ?

   Pour certains FCPIs, ceux fréquentés ici, et pour ceux qui
leur ont donné naissance, il suffit donc de multiplier les coups,
et de bien les gérer individuellement. La bonne conscience est
garantie. L’associé ou l’employé candide du FCPI aura pris
l’habitude de toutes les situations, et naturellement des
situations douteuses ou extrêmes ; il ne percevra nulle part le
machiavélisme de ses intrigues, et ne s’inquiétera pas de la
multiplication des schémas amoraux sinon répréhensibles. Il se
sera accoutumé aux « dommages collatéraux » tout autant que
le chirurgien s’habitue aux mutilations qu’occasionne
inévitablement son bistouri. Tel le poisson dans l’eau, il ne
réalisera plus qu’il est mouillé.


                               41
Ce directeur de participations ou cet employé ingénu dira
« nous avons trouvé un inventeur avec une idée, elle était utile
à notre pays. Il était incapable de la financer, nous lui en avons
fourni les moyens. Il était incapable de gérer la croissance,
nous l’y avons aidé de nos conseils, de nos interventions et des
recrutements que nous avons conseillés. Il était incapable de
diriger ses équipes, nous avons pallié ses carences de charisme
et de méthodes. Il s’est indigné des approches modernes et
éprouvées que nous souhaitions mettre en place : l’entreprise
s’en est séparée, et a prospéré dès qu’il a quitté le bureau
directorial. Nous l’avons alors conduite au succès, et nous
l’avons vendue avec une plus value dans laquelle les
observateurs n’ont reconnu que la juste rémunération de nos
efforts, de notre implication et de notre savoir faire. Encore
une idée de plus qui aurait pu mourir faute d’oxygène, et que
nous aurons amenée à la dimension méritée ».

   Le directeur de participations ou l’employé réaliste et lucide
conduira les mêmes démarches, avec une bonne dose de
cynisme et d’impudence à la place de la candeur et de
l’accoutumance. Il s’en est trouvé pour penser : « cet inventeur
avait une idée superbe. Nous avons réussi par un cheminement
qu’il n’a pas déchiffré à nous l’approprier. Nous nous
sommes copieusement enrichis, et il n’a pas réussi à retirer ce
qu’il aurait pu espérer s’il avait été moins inepte. Inventer est
bien, mais il fallait aussi réussir. La loi de la vie est que les
plus forts y gagnent les batailles que perdent les plus faibles.
Qu’y puis-je ? ».

   Et le vrai investisseur, celui qui, de loin, bâtit et fait opérer
les FCPI au sein de l’une des sociétés de gestion, en particulier
de la très discrète et bien lointaine « société de gestion de fonds
de fonds » dira : « il n’y a pas que du propre dans la vie. Dieu
merci mes fonds se chargent d’une besogne dont tous les
aspects ne sont pas parfumés. Je n’ai qu’à me féliciter de leur

                                42
efficacité et de leur performance. Le reste ne me concerne pas,
chacun son métier et chacun à sa place. » N’est-il pas dans la
nature des choses que le pot de fer soit plus fort que le pot de
terre, et n’arrive à le détruire dès que la discorde amène leur
confrontation ? De là à en faire un métier, la distance est
courte, d’autant plus courte que la cupidité en abrège bien
souvent l’itinéraire.

   Au total une très belle et très généreuse intention de la nation
et de ses élus, trop souvent transformée en une usine à fortune,
mais pas pour ceux qu’elle avait visés à bon escient. Toute
initiative a des effets pervers, et est facile à pervertir. Le
soutien de l’innovation par les FCPI arrive à en donner
l’illustration et confirme l’opinion populaire selon laquelle il
est facile et courant que « les riches deviennent plus riches, et
les pauvres deviennent plus pauvres ».

  Ceux qui penseraient que la vérité mériterait d’être
bâillonnée dès qu’elle est dérangeante sont invités à réagir en
apportant leur contradiction, et en tentant de démentir les faits
que nous avons observés et analysés.




                                43
Imprimé en France
Février 2009
Premier tirage : 5 000 exemplaires
http://www.fcpi-pratique.com
« Nous avons trouvé un inventeur avec une idée,
elle était utile à notre pays.

  Il était incapable de la financer, nous lui en avons
fourni les moyens.

  Il était incapable de gérer la croissance, nous l’y
avons aidé de nos conseils, de nos interventions et
des recrutements que nous avons conseillés.

  Il était incapable de diriger ses équipes, nous
avons pallié ses carences de charisme et de
méthodes.

   Il s’est indigné des approches modernes et
éprouvées que nous souhaitions mettre en place :
l’entreprise s’en est séparée, et a prospéré dès qu’il
a quitté le bureau directorial.

   Nous l’avons alors conduite au succès, et nous
l’avons vendue avec une plus value dans laquelle les
o b servateurs n’ont reconnu que la juste
rémunération de nos efforts, de notre implication et
de notre savoir faire.

  Encore une idée de plus qui aurait pu mourir faute
d’oxygène, et que nous aurons amenée à la dimension
méritée ».

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  • 2.
  • 3. FCPI : FINANCIERS COMPLAISANTS, PRATIQUES INAVOUABLES « Toute ressemblance avec des personnes physiques ou morales ayant existé ou existant encore est délibérée et facile à prouver ». En effet, lorsque Jean-Pierre a rencontré Charles- Alexandre, ils ont décidé de se rapprocher de Fabrice, de Boris, Jacques, François, Benjamin, Michel, Philippe, Mathieu, Frédéric, David, Vincent, François, Franck, Laurent, Benoît, Renaud, Pierre, Gael, Gérard, Gilles, ...mais surtout d’un intervenant actif sur internet où sa position est régulièrement qu'il n’a que deux sortes de vérité : celles qu'il faut toujours dire, et celles qu'il ne faut jamais cacher. Il a mis son clavier à notre disposition pour mettre en forme ce qui va suivre, premier volet d’une série de révélations sulfureuses, exclusivement collectées auprès des personnes mentionnées dans le paragraphe précédent.
  • 4.
  • 5. Introduction Cette rédaction fait donc suite à la constitution d’un collectif de personnes et de moyens qui a décidé d’expliquer et de publier les méthodes et les manœuvres par lesquelles un FCPI (Fonds Commun de Placement dans l’Innovation) peut optimiser sa performance et ses résultats. Nous verrons que l’effet engendre de généreux résultats ; la tentation en est donc grande, et y céder devient plus fréquent que ce qu’en disent notoriété et réputation des acteurs. Les manœuvres peuvent ainsi passer insensiblement du marginal au contestable et au douteux, puis au suspect, pour arriver de proche en proche au délictueux, avec un atterrissage dans le domaine du franchement pénal. Les schémas frauduleux que nous allons traiter sont malheureusement très appétissants. Dans ce milieu les cow-boys ne manquent pas pour s’appliquer à conquérir l’ouest en complet veston. Ils savent faire vite, et ils savent faire fort. Les procédures judiciaires visant à obtenir réparation sont nombreuses, et il conviendrait de leur donner une meilleure visibilité. La justice est publique dans notre pays, mais elle n’est pas voyante : les procès gagnés (lentement et difficilement) par les victimes ne sont pas plus connus que les actions intentées. La tentation est ainsi tellement pressante, et si bien connue des professionnels, que certains décident de prendre des mesures rigoureuses et de dicter à leurs employés des comportements sans équivoque pour traiter ces affaires avec une éthique irréprochable. Ce n’est ni angélisme ni rigueur de Polytechnicien, mais ces illustrations à l’opposé de notre propos sont réconfortantes. Il est vrai que la publicité des turpitudes que nous allons évoquer peut avoir des effets 5
  • 6. dévastateurs, en particulier sur la réputation, actif premier des opérateurs du monde financier. Le cours des titres des intervenants vertueux devrait en être favorablement affecté. Encore faudrait-il que cette vertu soit célébrée. Un classement en rendant compte viendra en 2009 jeter ici une lumière cautionnée par la qualité de ses auteurs, de jeunes experts déjà insérés dans le business. Les règles de « l’investissement socialement responsable » y sont définies, selon des critères reconnus outre-Atlantique. Notre collectif de moyens s’étoffe un peu plus chaque semaine et puise sa force dans l’incroyable analogie entre les affaires. Il compte désormais dans ses rangs, des capitaines d’industrie, des business angels, des fonds vertueux, des entrepreneurs-fondateurs spoliés et leurs conseils juridiques. Ces contributeurs, qu’ils soient investigateurs ou rédacteurs bénévoles ont rejoint le mouvement, scandalisés par des pratiques distantes de la probité, mais en usage bien réel. Également indignés par l’emploi qui est fait de l’épargne consacrée à l’innovation. Certains lecteurs prendront pour des recommandations ce qui n'est qu'observations. En « tiré à part » des notes renvoient à une énumération de cas concrets, historiques, collectés auprès de personnes ayant vécu les circonstances relatées. Les intervenants impliqués dans ces situations ne seront naturellement pas cités explicitement dans cet ouvrage, les faits évoqués n'étant pas souvent flatteurs. La liste des justifications est néanmoins disponible et exploitable paragraphe par paragraphe à l'aide de références consultables en ligne sur le blog www.fcpi-pratique.com Cet exposé est basé exclusivement sur un faisceau de faits réels, historiques, vérifiables, et n’est entaché ni d’élucubrations ni de fantaisies. Il est destiné à toutes les personnes intéressées par le développement de l’innovation en France, et par les arcanes de la sphère financière (moins en odeur de sainteté partout dans le monde depuis quelque 6
  • 7. temps). Les lecteurs se trouveront également parmi les bailleurs de fonds, les sociétés de gestion de FCPI, toute la filière de collecte, les souscripteurs actionnaires individuels ou institutionnels, les journalistes financiers et économiques, les enseignants, et toutes les professions qui gravitent autour de la création, du financement et de la croissance des entreprises. Beaucoup seront surpris, car cette corporation est, nous l’avons dit, très attachée à sa notoriété. Si bien que son image est immaculée, non sans quelque culture intensive, confiée aux meilleurs cabinets de la place. Dévoiler des manquements, a fortiori des casseroles potentielles, se heurte à une incrédulité bétonnée avec un soin jaloux. Il est facile de proclamer la vérité sur une déontologie maltraitée, mais il est plus malaisé de percer cette carapace dorée... 7
  • 8. 8
  • 9. I Créer : une vertu française malgré tout Comme son nom l’indique, l’objet d’un FCPI est de favoriser l’innovation. Nos dirigeants politiques ont parfaitement compris son importance pour le développement de l’économie. Ils ont avec raison entrepris de la soutenir, et leurs initiatives méritent encouragements : l’innovation est l’élément régénérateur du cycle économique classique, qu’elle soit de rupture ou incrémentale. Nous nous trouvons à une époque où devient oppressante la menace des pays émergents à bas salaires et à conditions d’emploi élastiques : seule l’innovation plus vite qu’eux peut encore nous aider à traverser la période longue qui sera nécessaire pour que leur travail devienne aussi coûteux que le nôtre. Cohérente avec ses intentions, la puissance publique a donc mis en place des aides substantielles pour les FCPI, nous y reviendrons. L’innovation n’est que l’application concrète de la créativité à un besoin non encore correctement satisfait mais facile à faire ressentir par un marché solvable. La créativité est une caractéristique heureuse, mais mal connue, du caractère français. Seuls des usagers durables des milieux internationaux peuvent formuler un tel jugement : les Français sont souvent plus créatifs que les Américains, les Japonais, ou les Coréens. C’est facile à constater, plus malaisé à expliquer. Ce pourrait être la conséquence du modèle d’enseignement scolaire reçu, ou d’une attitude de perpétuelle critique, remettant volontiers en question ce qui se fait et est 9
  • 10. prescrit : « comment le chef peut-il être aussi nul, il y a une manière bien meilleure et bien plus efficace de s’y prendre ». Domaine de prédilection, la cuisine française est l’une des plus créatives au monde. Ailleurs, les chefs s’appliquent souvent à réussir mieux que les autres la recette que tout le monde connaît et demande. Le cuisinier français ne rêve que de rendre célèbre une recette inédite à laquelle sera attaché pour l’éternité son nom, ou celui de son restaurant. La créativité étant une vertu répandue, les idées fourmillent dans notre pays. Le malheur est qu’une proportion d’entre elles proviennent de gens qui ne savent pas les transformer en innovation : ignorance des marchés, absence de métier pour faire sortir l’idée de la chrysalide, médiocrité de la vision marketing, incapacité à recruter et manager les équipes nécessaires à la croissance accessible ; et surtout elles manquent toutes de capitaux pour arriver à maturation.. La meilleure des bonnes idées entre les mains d’un créatif sans ressources financières est promise à un pillage rapide par un capitaliste moins inventif mais plus argenté. Les brevets sont difficiles et coûteux à obtenir, et tout le monde ne les soumet pas à temps, laissant ainsi la porte ouverte à des dépôts hostiles mais parfaitement licites. Et certains secteurs comme les services se prêtent mal à la protection par la propriété industrielle. L’idée de l’inventeur n’est en outre brevetable que pour protéger l’exploitation industrielle de l’invention ; le reste, c’est de la propriété intellectuelle, des droits d’auteur qui sont encore plus mal protégés, et dans la plupart des cas pas du tout. Très facile à piétiner. Le solitaire est donc bien démuni, et il est le plus souvent promis à une disparition rapide s’il ne trouve pas les concours financiers, et les talents en méthodes, qui positionneront son idée là où elle le mérite. Sa démarche habituelle, celle qu’il pratique comme particulier, est naturellement d’aller voir son banquier. Mais au 10
  • 11. moment où il en ressent le besoin, son histoire n’a rien d’éloquent. Le métier du banquier est de collecter l’argent de déposants, et de le placer de manière à trouver un rapport supérieur à celui qu’il sert. En France surtout, ce métier n’est pas de prendre des risques, a fortiori des risques substantiels. Le banquier répugne à jouer à la roulette avec l’argent de ses déposants. Face à un emprunteur qui n’est pas encore capable de montrer un compte d’exploitation avantageux, qui n’a encore ni locaux ni brevets ni équipes, la réponse ne saurait être bienveillante. Plus tard, quand tout commencerait à se montrer sous un jour plus favorable, le regard serait différent, mais ce plus tard serait trop tard pour commencer. 11
  • 12. 12
  • 13. II FCPI, levier de l’innovation ? Le FCPI est beaucoup mieux placé, puisqu'ici se trouve le cœur de son métier. Il accepte des niveaux de risque supérieurs, non sans se prémunir des désastres par des examens minutieux des idées, des protections, des marchés, des business plans, des retours escomptés, de leur jalonnement. Il est disposé à compléter ses chances de ne pas perdre en apportant des conseils, du savoir faire, du recul, et, quand c’est nécessaire, de l’encadrement, de la direction effective. Nombre d’innovateurs sont en effet riches d’une excellente idée, mais n’ont ni la formation, ni l’expérience, ni donc la compétence pour conduire leur affaire au succès. Bouder de telles opportunités serait stupide, puisqu’il suffit de compenser ces limitations en mettant à disposition les talents nécessaires et de les piloter et motiver correctement. Le FCPI a en outre le privilège d’opérer dans de nombreuses entreprises en démarrage, et il moyenne donc les risques. Certaines seront des réussites météoritiques, d’autres végéteront malgré tous les efforts de tout le monde. Au total le FCPI s’en tirera honorablement, les succès des unes compensant les déboires des autres. Cette vision a pour heureuse conséquence que le FCPI n’a pas peur d’un échec (même s’il y répugne et fait tout pour l’éviter) et peut se montrer patient (les premiers exercices d’une innovation ne pouvant pas souvent être profitables : il faut mettre le produit au point, communiquer, obtenir la notoriété, préparer les argumentaires et le marketing, investir en publicité, créer les courants de chalandise, recruter, former, acheter les 13
  • 14. équipements, les matières premières ou les assemblages intermédiaires, bien des frais avant que les clients n’aient enfin réglé les premières factures). Non seulement le FCPI n’est pas dissuadé par le devoir de patience, dans nombre de cas il y trouve son avantage, comme nous le verrons. Les premiers contacts seront réconfortants, pour la raison qu’ils seront marqués par la plus grande cordialité, et par la plus franche sympathie. L’inventeur racontera son idée, et elle sera écoutée. Les représentants du FCPI s’avoueront sans peine plus financiers qu’industriels, et feront comprendre qu’il leur faut l’avis de quelques experts compétents avant de s’engager. Une structure a été montée pour permettre ce genre de discussion. Elle s’appelle « incubateur », et il en existe actuellement une bonne vingtaine en France. L'inventeur y est convié. Il va expliquer son idée avec tout le luxe de détails dont il est capable, et qu'on lui a dit nécessaire. Il faut convaincre, ne pas se planter, sortir les meilleurs arguments, les meilleures perspectives. Les examinateurs, attentionnés, se sont rarement présentés individuellement. Ils ne font que former un collège aux bonnes intentions affichées. Qui se méfierait ? Le problème, mal connu et encore plus mal perçu, est que les experts ne sont pas experts par hasard. Ils ont été invités (et rémunérés) pour la raison qu'ils opèrent dans le même domaine industriel, le plus souvent dans de grandes affaires de la région. Excellente occasion pour eux de découvrir au niveau de la conception l'idée qui pourrait leur être fort nuisible quand elle aura pris son envol. Mais comment le FCPI pourrait-il fonder son jugement sans cette caution de la compétence ? Quoi qu'il en soit, c'est la première occasion qui permettrait le pillage de l'idée apportée par l'inventeur : il vient de dévoiler ses secrets, ses intentions et ses espoirs, à ses plus féroces compétiteurs. Et personne ne le lui a dit. Si en plus l'expert silencieux ainsi présent est 14
  • 15. l'employé de la filiale bien franco-française-franchouillarde d'une multinationale d'origine étrangère (pourquoi pas, c'est un expert français comme un autre), c'est la fuite de notre innovation vers une autre puissance économique. Le désastre… Peut-être aussi un potentiel acquéreur ou repreneur futur, quand tout aura mal tourné : la croissance de l'arbre prend un moment avant que ne soit récoltable le premier fruit. L'acheter à la veille de la première floraison peut être une excellente affaire, tous les frais préliminaires ayant été déjà épongés, et la fertilité étant alors bien prévisible à horizon perceptible, sans encore affecter la valeur de la société. Nous en reparlerons plus loin. Un inventeur moins innocent et moins crédule pourrait demander une garantie de confidentialité, sous forme d’un document bien signé en assurant la protection. Mais la requête serait facilement accueillie avec des glapissements outragés. Cette seule demande évoque un soupçon déshonorant pour celui qui la formule et insultant pour celui qui la reçoit. Entre gens de bonne compagnie, la confiance se doit de régner. Un comportement un peu trop opiniâtre sur ce point vaudra de mauvaises notes, et le projet continuera de moisir dans les oubliettes, sauf peut-être pour un observateur expert qui en aura vite fait son profit et sera parti avec de bonnes idées glanées gratuitement. L’inventeur sollicitant aura toujours envie de déballer toute son histoire, avec les risques graves que nous signalons. Il le fait avec la fierté de celui qui présente son enfant récemment diplômé d’une grande école prestigieuse. Il est donc prolixe, d’autant plus que c’est ce qui lui a été recommandé avec insistance. Plus frappant, mais rarement observé par le fondateur, il est rarissime que plus d’un FCPI s’intéresse à son projet. Il se trouve un traité tacite, mais bien observé, dans ce milieu. Quand un FCPI se trouve sur un coup, les autres s’effacent 15
  • 16. instantanément : ils laissent toute l’action au premier dans la place. La concurrence n’existe pas vraiment sur le projet de l’inventeur. Il se persuadera d’autant plus volontiers de sa bonne fortune en observant qu’il n’a réussi à convaincre qu’un seul investisseur, mais que celui-ci est solidement accroché : « j’ai eu de la chance, les autres étaient trop idiots pour vouloir m’écouter, mais j’ai au moins réussi à convaincre celui-ci. Ouf !... » Pour achever la séduction, les FCPI bénéficient de l’illustre protection d’une structure regroupant au moins 300 d’entre eux parmi les 400 opérant dans l’hexagone : l’AFIC, garante de la déontologie de la profession. Tous ceux qui fréquentent cette instance en témoignent, on y est entre gens civilisés, de bonne éducation. Ce n’est pas ici que l’on s’attendrait à trouver des forbans. Le FCPI est vite perçu comme un partenaire exceptionnellement bien placé pour assister, piloter, soutenir une entreprise d’innovation émergeante, pour l’amener à la prospérité et à la conquête de ses marchés. Il n’est donc pas étonnant que cette analyse, complétée d’incitations fiscales alléchantes assure le succès et la popularité de la formule. 16
  • 17. III Recette de la sauce financière Il faut réaliser que le FCPI n’est pas une société et qu’il n’a pas la personnalité morale. C’est une ligne de compte dans une autre entité, et ici se trouve la raison pour laquelle le FCPI est souvent désigné comme le « véhicule d’investissement ». La société qui l’a créé, en même temps que de nombreux autres, est moins visible que lui, mais quand même tout à fait accessible. C’est la « Société de gestion de FCPI ». Elle collecte ses fonds via son réseau de partenaires bancaires et d’assurances durant les cinq premières années, auprès de souscripteurs à la recherche de fiscalité avantageuse. L’exploitation de la formule ne peut excéder dix ans. Elle est donc à la tête de plusieurs dizaines, et bientôt d’une centaine de millions d’euros. Elle perçoit sur ces FCPI des frais de gestion qui oscillent le plus souvent entre 2,5 et 3,75 % du chiffre d’affaires, en contrepartie des services qu’elle fournit : c’est considérable. Mais elle n’est enfin qu’une émanation, une filiale en général, d’une structure plus vaste, plus réputée dans les milieux compétents, et plus discrète, qui sera désignée sous le terme de « Société de gestion de fonds ». C’est à un délégataire, en particulier, que sera confiée la gestion « moins risquée » de 40% des sommes collectées. Le grand public en entend très peu parler. Auprès de l’inventeur elle sera évoquée sur le ton de la confidence, pour expliquer sa robustesse et donner encore plus confiance : « je suis maintenant dans de bonnes mains… » Mais cette perception idéalisée mérite un bémol. Le FCPI n’est pas une initiative caritative, mais encore une activité dans 17
  • 18. laquelle des apporteurs de capital attendent un retour sur leur investissement. Les dirigeants du FCPI sont le plus souvent salariés, directeurs de participations, intéressés aux résultats ; et ils ont une claire conscience de ces attentes énoncées non sans flegme par leurs employeurs du niveau supérieur. D’ailleurs ces capitalistes sont assez vigilants pour comparer la rentabilité de leur investissement ici avec ce qui est démontré ailleurs. La pression en vue de la performance est donc élevée, le business plan se veut ambitieux ainsi que le plan d’intéressement assorti (stock options) et personne ne peut en critiquer la légitimité. De bons résultats assurent de bonnes rémunérations et de bonnes perspectives de carrière. D’excellents résultats… Comme partout dans le monde des affaires, la tendresse et l’angélisme ne sont que de peu de durée, et ceux qui croient en rencontrer devraient toujours se demander s’ils ne sont pas spectateurs d’un simulacre. Certains innovateurs découvrent cette réalité comme une déception. C’est d’autant plus naturel que l’intervenant premier du FCPI, avec lequel ils ont travaillé, est toujours devenu un proche, et souvent un ami. C’est lui qui, à l’époque de l’étude et de la présentation, est tombé amoureux de l’idée, l’a mise en forme, l’a expliquée, l’a vendue à ses patrons, en y engageant son propre crédit. Une fois les accords passés, il faut exécuter et réussir, l’atmosphère peut devenir plus tendue, l’urgence s’installe et la pression monte. D’autant plus que l’intervenant primitif n’est pas forcément durable. Il ira faire carrière ailleurs, dans ce FCPI ou dans un autre, et son successeur n’aura pas le même capital de passion partagée. La relation deviendra plus alimentaire, moins sentimentale. Fort d’une longue expérience, le FCPI traite maintenant avec un innovateur qui, lui, est totalement puceau dans ce genre d’exercice. En outre, il ne traite pas qu’avec lui, le tour de table contenant aussi nombre d’investisseurs privés attirés par les facilités de défiscalisation. 18
  • 19. IV Audaces Fortuna Juvat La nation souhaite en effet mobiliser ici des personnes fortunées, et leur propose de soustraire à la douloureuse fiscalité de la solidarité sur la fortune (ISF) les apports en capital versés au profit de sociétés répondant à des critères précis. C’est une excellente idée, cet impôt étant stupide en ce qu’il rapporte moins qu’il ne coûte, et qu’il motive l’émigration à Bruxelles, Genève et Marrakech de retraités qui veulent planquer leur fric ; et à Londres ou dans le Kent de ceux qui ont encore une entreprise à conduire et cherchent le théâtre d’opérations où leur résultat sera plus consacré à l’investissement et à la croissance qu’à la solidarité et à la protection sociale. Gigantesque perte sèche pour notre économie, tous ces revenus étant dépensés au-delà de nos frontières en y créant des emplois et en faisant tourner la machine étrangère. Mais la suppression de cet impôt serait tellement impopulaire auprès de ceux qui n’y sont pas soumis qu’elle est perçue comme impossible. Reste à le contourner en proposant des investissements astucieux qui en diminuent, voire en annulent, la charge et génèrent un profit. Financer l’innovation est une avenue excellente, personne ne pouvant quand même nier l’importance du sujet. Nous verrons que le schéma n’est pas toujours aussi limpide dans son fonctionnement. Une idée proche avait présidé à un système dit « loi Pons » pour favoriser l’investissement dans le dispositif touristique des DOM TOMs. Dans nombre de cas il 19
  • 20. a été démontré que le tourisme avait été effectivement favorisé, mais que tout le monde y avait gagné de l’argent sauf l’investisseur lui-même: par exemple le constructeur du bateau de plaisance, le loueur du même bateau, le port, les facilités de maintenance, etc... Au total ne restait plus du tout pour le propriétaire du bateau ce qui avait miroité lors des propositions et des commandes. L’investisseur se trouvait floué, mais ne pouvait rien entreprendre, tout étant parfaitement ficelé contractuellement, et ses jérémiades n’intéressant personnes puisque sa fortune interdisait la commisération. La richesse est surtout médiatique pour susciter l’envie et pour entraîner l’indignation alimentée par la jalousie et soutenue par le soupçon de malhonnêteté. La même déconvenue guette ceux qui investissent dans l’innovation, plus souvent qu’il ne leur est dit ou que la rumeur n’en court. Avec, en plus, la désillusion d’avoir enrichi des intervenants puissants et avides, mais de n’avoir guère réussi à soutenir comme ils en rêvaient l’innovation, et encore moins d’avoir créé des emplois et de la valeur économique sérieuse. Ici aussi, doléances et pleurnicheries ne trouveraient dans l’opinion qu’un écho de « c’est bien fait pour lui, il y a enfin une justice en ce bas monde ». Elles ne seront donc pas exprimées. 20
  • 21. V Coulisses d’un accord unilatéral Les acteurs autour de la table sont donc en général : l’innovateur généralement inventeur, souvent appelé fondateur, le FCPI, les autres investisseurs. Le fonctionnement harmonieux d’une équipe aussi disparate demande un code spécifiant comment les décisions seront prises, et comment les pouvoirs seront attribués : qui fait quoi, comment se conduit la destinée de l’entreprise en évitant que chacun tire à hue et à dia de son côté. Des textes officiels et généraux veulent réglementer et garantir la concorde dans ce fonctionnement, mais ils ne peuvent pas traiter de tous les cas particuliers. Il convient donc de mettre au point dès le début une charte appelée « pacte d’actionnaires » ainsi que la transformation de la structure en Directoire et Conseil de surveillance afin d’en assurer la bonne gouvernance. Le FCPI, nanti de son expérience, ne manquera pas d’en proposer une rédaction qui a fait ses preuves ailleurs... C’est surtout le premier moyen de répartir les pouvoirs de manière à assurer le mode de conduite conduisant à l’optimisation du résultat qu’il espère, par les chemins qu’il a déjà en tête. Les ambitions de la démarche ne seront pas divulguées à ce stade, mais les décisions prises aussi précocement permettront de s’approcher de l’ambition ultime, d’en rendre la réalisation bien plus probable. Le fondateur a toutes chances d’accepter ici d’autant plus facilement que le choix ne lui est pas donné. Ses libertés sont réduites : ou bien il accepte les conditions de ce FCPI, ou bien il repart en chasse, après avoir été déjà boudé par d’autres investisseurs qui ne croyaient pas en son idée et s’en sont 21
  • 22. détournés rapidement en donnant l’impression qu’elle ne valait pas tripette à leurs yeux. Maintenant qu’il en tient un qui semble accroché, il faudrait pour rejeter ses conditions une force d’âme et une certitude qui ont été fatales à nombre de ses collègues animés antérieurement d’espoirs analogues. Le marché est vite mis en main : « nos apporteurs de capitaux nous imposent les conditions que nous vous proposons. Ils comprendraient très bien que vous décliniez, mais nous les savons inébranlables. Ces conditions ont été acceptées avec bonheur par tous les inventeurs que nous fréquentons dans les très nombreuses entreprises dont nous soutenons la croissance. Il ne serait pas compris qu’elles puissent ne pas vous convenir… » L’accord sera conclu. La confiance présidera encore à sa conclusion. Les conventions ainsi ratifiées seront activement mises en service dans les étapes suivantes. 22
  • 23. VI L’implacable mise sous tutelle Car faire prospérer l’idée dont le fondateur est l’inventeur, et avec elle la société qu’il a fondée, c’est bien. Mais augmenter à petit prix la part de propriété dans le capital de la société, puis, dans un deuxième temps la faire prospérer dès que le FCPI est devenu l’actionnaire majoritaire (par procuration), c’est beaucoup beaucoup mieux. Tout est question de tactique, et de timing. Ce sera toujours au service de l’innovation qu’a apportée l’inventeur, mais ce sera alors beaucoup plus avantageux, car bien plus rémunérateur pour les capitalistes qui soutiennent l’idée. Leur métier étant forcément de rentabiliser le capital qu’ils ont investi, ils vont s’appliquer à faire que les profits tombent majoritairement dans leur escarcelle. Il faut dès maintenant commencer par augmenter la part détenue directement et indirectement dans la société avant qu’elle ne s’épanouisse en apothéose. Il suffit donc augmenter la participation dans le capital de l’entreprise quand le succès n’a pas encore fait grimper sa valeur. Il faut tirer de bonne heure. En outre, évidemment, si elle se mettait soudainement à progresser de manière vertigineuse, elle n’aurait guère besoin d’argent supplémentaire pour assurer sa croissance. L’hypothèse est peu vraisemblable. Nous l’avons vu, les débuts sont toujours laborieux et consommateurs de ressources. Les premiers exercices n’arriveront pas à boucler en trésorerie, les fonds manqueront pour payer le personnel et les fournisseurs, sans insister sur les plus exigeants, à commencer par l’URSSAF. Faute de pouvoir encore convaincre un banquier, le fondateur 23
  • 24. toujours dirigeant en discutera avec son conseil, où le FCPI est largement présent, puissant, compétent, organisé et déterminé. La première difficulté de cette sorte est l’instant hautement pénible où le FCPI est obligé de dévoiler sa vraie nature. Il était hier un « partner » sincère, engagé, fraternel. Tout à coup il devient un prêteur qui fait jouer les garanties qu’il a accumulées sans s’encombrer de sensiblerie. Au pire on se retranchera derrière la sauvagerie de dirigeants poussés par leurs propres contraintes, et qu’il sera toujours impossible de rencontrer dans l’espoir de les ramener à la raison. Le représentant du FCPI offrira donc d’apporter du capital pour assurer le passage des échéances délicates. La part du fondateur dans le capital diminuera à proportion, en parallèle à celles des autres apporteurs initiaux, les gens fortunés attirés par les placements déductibles de l’ISF. En quelques opérations successives, le FCPI obtiendra une position dominante. 24
  • 25. VII Garde-fous bien gardés Il serait objecté qu’un FCPI ne peut pas jouir d’une telle participation à hauteur de plus de 35 % dans une société innovante. C’est la limite supérieure assignée à ce que l’on appelle le « ratio d’emprise ». La loi la prescrit. Et une instance officielle, l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) est là pour y veiller. Mais ses effectifs et ses moyens sont limités, et elle y veille avec moins de capacités d’investigation que les gendarmes à la recherche de la conduite avec alcoolémie excessive. D’ailleurs ses ressources exiguës semblent la faire opter en priorité pour des actions consécutives à des demandes de médiation. Les situations scandaleuses dénoncées motivent ses interventions. Mais son rôle de police préventive est malheureusement bien limité. Ses responsables reconnaissent que les anomalies prolifèrent, et prient instamment les victimes de les aider de leur délation pour permettre la poursuite des délinquants. Un collège disciplinaire de douze sages est chargé de distribuer des sanctions. Mais leur densité ne semble pas suffisante pour que leur probabilité soit intimidante. La conduite en état d’ivresse et les excès de vitesse ont diminué quand les procès verbaux ont commencé à pleuvoir. Les morts au volant ont diminué en parallèle : peu de sanction, peu d’effet. Il en va de même ici. L’AMF devrait aussi publier les statuts et les structures des FCPI. La nature risquée de l’investissement, par essence, justifie que le public soit très soigneusement informé. Les 25
  • 26. OPCVM (aussi appelées encore SICAV) ne sont pas obligées au même devoir de transparence. Une bonne information exigeante ferait ainsi apparaître les écarts entre la réalité et ce qui a été déposé à l’AMF. Le législateur s’est entendu sur un mode opératoire précis et bien rédigé. Or il est ici facile de s’en soustraire sans vraiment risquer de sanction. Le public a un droit à l’information factuelle et honnête, à toutes les notices d’information prévues : et ce droit est aisément bafoué dans bien trop de cas. 26
  • 27. VIII Cousins, cousines, coquins, coquines Qui plus est, il est toujours possible de faire appel à un autre FCPI, d’autant plus connu pour son sérieux qu’il est de la même origine, sous un nom différent, et souvent animé par la même équipe de dirigeants que l’intervenant du début, le FCPI du jour de la fondation. Pas forcément les mêmes personnes dans les mêmes postes officiels et représentatifs, mais la même équipe de professionnels solidaires, animés des mêmes préoccupations, et poursuivant les mêmes objectifs de prise de contrôle. La Société de gestion des FCPI en a tout un lot à sa disposition. Si elle redoutait une accusation de collusion par trop grande proximité, il est des plus faciles de présenter un autre FCPI en apparence et en réalité fort lointain, mais qui profite de participations croisées entre ses parents et ceux dont le FCPI enfant demande un secours : « je prends 20 % dans ton capital, et tu prends 20 % dans le mien, et ton FCPI introduit le mien dans sa société, à charge de revanche au plus vite ». Les parents aiment bien les alliances et les mariages de leurs enfants compatibles et désireux. Il existe encore d'autres formules, comme la participation dans une société de holding commune. Tout cela ressemble fortement à du contournement des intentions du législateur, mais démontrer qu'il y aurait ici délit sera régulièrement impossible. Ce sont des FCPI différents, éloignés, irréprochables. Et pourtant, allez voir leur patrimoine 27
  • 28. génétique et leurs parents… Consanguinité, certitude de la bonne entente, pas de vagues dans la famille… Le capital de la société donnera toujours ainsi l'impression d'être réparti entre des mains dont la séparation officielle garantira l'indépendance. En fait, une structure lointaine et invisible aura tout le pouvoir absolu, à travers des relais immaculés et dont les liens sont difficiles à tracer. 28
  • 29. IX Mal investi ne profite jamais Une fois cette majorité confortablement acquise, les risques sont réduits pour le FCPI, et il va commencer à être temps de faire exploser la croissance et donc la valeur de la société mise ainsi sous contrôle. Si le fondateur renâcle devant les démarches et les orientations maintenant décidées par des technocrates compétents, riches de carnets d’adresses fournis, et pas trop encombrés de scrupules, la solution peut arriver en deux temps. Première méthode, le chantage. « Ou bien nous faisons comme nous le recommandons, et c’est la bonne solution, ou bien nous laissons tomber et on dépose le bilan ». Pour l’inventeur-fondateur, le choix est vite fait : compromettre en mettant son mouchoir par-dessus, ou s’insurger et entrer dans l’affrontement avec le risque de tout perdre rapidement. Si son accord n’est pas obtenu, il n’est nullement nécessaire de déposer le bilan. Deuxième méthode bien plus simple : il suffit de s’en débarrasser. Comme il aura été conservé dans un rôle de Président auquel il tient, ou au minimum d’administrateur ou d’associé, il sera congédié « ad nutum », comme la loi le permet, c’est-à-dire sans préavis, sans indemnité et sans inscription aux ASSEDICs. Dans le meilleur des cas, le marché lui sera mis en main, et il n’aura le choix qu’entre se soumettre enfin dans une amertume piteuse, ou aller pointer à l’ANPE. Dans le pire des cas, c’est le second trajet par la voie directe. Certes, il a encore des actions, une part du capital, mais tellement diluées que leur valeur n’en est plus que marginale. 29
  • 30. Si ses protestations rendent l'atmosphère insupportable, une proposition de rachat de ses parts sera faite. Parfois pour une valeur proche de sa mise de fond initiale. Probablement pour beaucoup moins, le tableau de performance étant alors au pire de son évolution. Peut-être avec une modeste valorisation des brevets qu'il aura apportés à l'affaire. Racheter les brevets à vil prix est souvent une excellente affaire. Pour l'inventeur qui a tout perdu, c'est le dernier acte, mais qui peut encore rapporter trois sous. Ils valent toujours mieux que rien du tout, et il faut bien jeter l'éponge à un moment ou à un autre et essayer de sauver au moins un meuble quand tout ou presque s'est déjà consumé dans l'incendie soigneusement attisé... Beaucoup, pris à la gorge et écœurés, finissent ainsi par céder leurs parts au FCPI, pour la valeur ridicule que ce dernier a la générosité d'encore leur proposer. A ce stade, ils ont en fait tout perdu. Il est bien connu que la durée de vie d'un fondateur- inventeur à la tête de son entreprise n'est qu'exception- nellement supérieure à trois ans. Il est alors remplacé par un « dirigeant de transition » fourni par le FCPI, qui a toute sa confiance, et qui ne se signale pas par son indépendance d'esprit et sa capacité de rébellion par rapport à ce dernier. Sa mission est alors claire : mettre la société dans la meilleure des formes possibles pour le destin tracé secrètement par le FCPI. Ce peut être la développer un peu plus, ce peut être la parer de tous ses atours pour la vendre, ce peut être augmenter sa rentabilité immédiatement au détriment de sa croissance, ou l'inverse, ce peut être la décomposer par appartements pour mieux en négocier la cession, ou lui faire afficher des résultats inattendus en diminuant radicalement le temps consacré à la formation de ses employés (toujours prélevé sur le temps consacré à la production), ou couper dans les effectifs avec un bon plan de sauvegarde de l'emploi afin d'alléger soudainement la masse salariale et augmenter le résultat apparent au 30
  • 31. détriment de l'avenir. Tout est devenu possible pour le FCPI, le gêneur ayant disparu du champ d'intervention. Et sa vision de long terme, de destinée pour la société, pour ses employés, pour son idée et pour lui-même ayant disparu miraculeusement avec lui. La tâche est facilitée si le FCPI a obtenu du fondateur ce qui est habituellement exigé : de la chair mise dans l'affaire. Ces investisseurs professionnels n'accepteront pas souvent une opération dans laquelle l'inventeur ne mettrait pas au départ une proportion notable du capital, ou plus précisément de SON capital, sous la forme d'une contribution bien substantielle de sa fortune personnelle. Le but n'est pas qu'il soit influent, puisque la suite visera à réduire son pourcentage, mais le but est qu'il soit impliqué. Au mieux cela garantira qu'il ne se désintéressera pas des opérations tant qu'on pensera avoir besoin de lui. Au pire, au moment d'une éventuelle séparation, ou même des premières difficultés, la perspective de la perte ainsi devenue probable, assurera sa docilité. Les fondateurs découvrent vite, d’ailleurs, que la docilité est attendue, là où ils avaient imaginé que régneraient la solidarité et l’échange dans la recherche commune de la destinée la meilleure pour l’entreprise. Ceux qui résistent apprennent vite que plus ils s’insurgent, et plus les manœuvres vont les rejeter sur le côté de la route, jusqu’à ce que la vie ensemble soit pestilentielle, et que la séparation soit alors naturelle. Mieux vaut à ce stade ne pas avoir de casserole qui se prêterait à une exploitation facile. Certaines bévues, certains manquements anciens sortiront rapidement du tombeau discret qui les avait ensevelis, et deviendront des armes de choix. Le fondateur, moins prévoyant et moins rompu à ce genre de duel n’aura pas toujours gardé le compte rendu précis des manquements, inévitables aussi, du côté du FCPI. Mais tout ce qui pourrait lui être reproché le sera sans faille et sans faute. Cruelle prise de 31
  • 32. conscience… Quand les armes blanches sont dégainées… Il découvrira que les fleurets qu’il avait vus mouchetés l’étaient bien, mais que celui du FCPI avait été trempé dans le curare. Ses égratignures pouvaient être fatales. Il suffisait d’y penser. Les procédés sont innombrables. Nous ne pouvons pas tous les décrire, et pourtant leur exposé servirait de mise en garde aux inventeurs débutants. Il aura, par exemple, suffi d’indemniser le fondateur pour des dépenses qui seront subitement découvertes comme de l’abus de bien social. Ou encore d’inciter celui-ci dans l’engagement de dépenses vis à vis de tiers pour lui reprocher plus tard son inconséquence. A l’époque, tout semblait naturel et couvert de la bonne volonté générale. Une autre accusation fréquente et facile est celle de « faux intellectuel ». Vous en commettez plus souvent que vous ne le pensez, mais personne ne vous le reproche ; et donc vous l’ignorez. Un chèque signé dans une localité autre que celle où s’est déroulée la transaction, un formulaire rempli par une personne autre que l’inventeur, mais signé par lui… Un autre grand classique consiste à dénoncer des actes de gestion courante que le fondateur pratiquerait dans son intérêt personnel à l’insu des organes de contrôle. Déviations innocentes, et sans conséquence, mais pourtant répréhensibles. Tout cela peut devenir argument explosif dans une procédure d’éviction. Sans beaucoup compter sur la chance une condamnation peut être prononcée contre le dirigeant par le tribunal saisie, et sera utilisée à toute occasion, avec le bénéfice d’un effet dévastateur sur le moral de la victime. 32
  • 33. X Artefacts et gestion de fait La docilité peut aller aussi jusqu’à devoir tolérer des agissements à la frontière de la légalité, mais avec toujours l’assentiment de tous les participants, devenus signataires. Rien de bien condamnable, mais il n’y a que le premier pas qui coûte. Nous avons trouvé des procès-verbaux de réunions où des décisions auraient été prises à l’unanimité, alors même que quelques-uns qui vont les approuver de leur paraphe n’étaient pas présents, des réunions « papier » tenant lieu de réunions physiques avec l’accord de tous, c’est la vie… Il est des cas où ça va plus loin, mais le « faux et usage de faux » ne se connaît que lorsque la plainte arrive au pénal. Ni facile ni possible tant que l’on est pas en guerre ouverte et déclarée. Les manquements peuvent donc s’accumuler… C’est peut-être la vie, mais ce n’est pas simple à vivre… Ont ainsi été observées des manipulations sordides mais juteuses. Un cabinet d’audit sera appelé pour examiner le fonctionnement de l’entreprise, et produire des recom- mandations. Ses honoraires (tout sauf modestes) seront facturés à la société examinée, c’est normal. Mais pour la même prestation ils peuvent aussi être facturés à la Société de gestion du FCPI, qui les réglera une nouvelle fois, et les imputera au FCPI, qui les fera redescendre sur la société où il a investi. Une enquête difficile, pour ne pas dire impraticable, a parfois révélé que ce cabinet d’audit était proche, si ce n’est propriété directe de la distante société de gestion de fonds, la 33
  • 34. maison mère, tout en haut. L’argent tourne en rond. C’est délictueux, mais que peut faire le fondateur, si même il arrive à voir le subterfuge ? En cours de conduite, il sera, par exemple demandé des suppléments : la maison, le domicile familial résultat d’une vie de patiente et méritoire épargne, sera apportée en nantissement à une banque, souvent proche du FCPI, qui tiendra le propriétaire par une hypothèque de premier rang. Jolie épée de Damoclès, et ruine garantie si les opérations ne se résolvent pas comme espéré par les investisseurs devenus dominants. Pourtant, même quand cette répartition du capital permet une gestion effective, avec toutes les décisions entre les mêmes mains, aucun des FCPI présents n’est supposé exercer une gestion de fait. Le FCPI est là pour aider et accompagner, non pour gérer. Quoi qu'il en soit, la dérive de répartition du capital rend cet exercice confortable. Mais, bien en amont, avant même d’y arriver, le FCPI peut sans peine, et très innocemment, exercer ce pouvoir. La dispersion des autres actionnaires, leur faible niveau de concertation, souvent leur inexpérience, se conjuguent pour ouvrir la porte à cette évolution. Le FCPI, témoin attristé des difficultés actuelles ou prévisibles de la société, aura toujours beau jeu à proposer un directeur financier, un expert industriel compétent, un juriste éminent, miraculeusement disponibles, qui viendront occuper le poste où leur qualification est requise. Il est naturel de faire appel à des proches déjà connus, et reconnus comme fiables et fidèles qu’à des indépendants inconnus et lointains. Mais c’est autant de pions possibles sur l’échiquier. Autant d’informateurs. Autant de recommandeurs de décisions allant dans le bon sens, et que le dirigeant encore en place acceptera et fera siennes, sans diagnostiquer ce qui les aura inspirées. 34
  • 35. XI Experts et profits Ce tableau sombre, mais réaliste, devrait être allégé quand même par la protection et le conseil qu’offrent les intervenants libéraux qui sont appelés dans l’entreprise aux moments judicieux : avocats, consultants, experts comptables, commissaires aux comptes, commissaires aux apports. Ils ont leur déontologie, et sont indépendants. Leurs statuts l’affirment avec solennité. Leur chambre syndicale ou leur ordre en est le garant. La qualité et l’équité de leurs conseils sont donc garanties, et le fondateur trouve ici un confort qu’il apprécie. Nombreux sont pourtant les cas où la réalité est un peu différente. Le, ou les FCPI peuvent être pour ces professionnels réputés, des donneurs d’ordre importants. Les contrats qui se passent ici, les réputations qui se dressent sont immenses, et de nature à susciter des convoitises justifiées. De là à se montrer compréhensif, il n’y a qu’un pas. La loyauté est égale vis-à-vis de tous les actionnaires, y compris du fondateur, mais il se trouve des circonstances où certains actionnaires sont plus égaux que les autres. Il est rare que cette distorsion nullement préméditée profite aux plus modestes. Le FCPI est donc le plus souvent bien placé pour que ses recommandations soient déclarées intelligentes et honnêtes par les observateurs indépendants. D’ailleurs, il est toujours facile de changer tel intervenant obtus au profit d’un autre plus ouvert. N’est-ce pas ce qui a été reproché à Arthur Andersen dans un autre pays ? L’indépendance et l’intégrité sont des vertus essentielles. Les compromettre est aussi irréversible que la perte de la virginité. La suite est dangereuse. Mais les signes extérieurs de cette dérive ne sont pas apparents. 35
  • 36. 36
  • 37. XII Rotten-City, capitale du Nolawland La boucle est ainsi bouclée. C’est inexplicable et ce peut être soudain : l’affaire devient enfin rentable, voire très rentable, au profit de ses seuls propriétaires ultimes. Dans le meilleur des cas, le FCPI pourrait découvrir subitement une entreprise lointaine, inconnue jusqu’ici de tous les autres actionnaires ; elle était précisément à la recherche de ce type précis d’innovation, et plus particulièrement des brevets qui la couvrent. Son offre s’apparente au miracle tant la cession va être bonne. Mais, qui sait, ce miracle pourrait, comme la plupart de ses congénères, avoir une explication banalement rationnelle : il est bien possible que l'opportunité ait été identifiée quelques mois ou années auparavant puis mise au réfrigérateur en attendant la conjonction favorable entre le désir pressant d’un côté, et de l’autre l’avancement des projets convaincants dans la société du FCPI, et surtout son positionnement maintenant majoritaire (par alliances directes) dans le capital. On ne le saura jamais. La présence ancienne d’un éventuel acquéreur, à cultiver certes, aurait ainsi influencé la décision du FCPI de s’intéresser à cet innovateur français, à ses procédés et à ses brevets. La veille technologique est une source inépuisable, et elle est forcément plus accessible à un FCPI qu’à un investisseur particulier soumis à l’ISF, ou qu’à un inventeur, quel que génial qu’il soit. Et les présentations détaillées en présence des jurys assemblés au sein de l’incubateur ou ailleurs on été faites devant des experts, nous l’avons expliqué. Ils sont dès lors très bien placés pour dire discrètement à la société de 37
  • 38. gestion « si tu prends cette boîte en FCPI, tiens-nous au courant, nous pourrions être intéressés quand elle aura fait marcher son truc », ou aussi « je connais à Rotten-City (capitale du Nolawland) une affaire qui cherche ce genre d’idée, il faut que vous fassiez vite, et que vous les contactiez quand ce sera prêt ». L’inventeur croira qu’il vendait un lopin de terre, il ne saura jamais que la richesse du sous-sol, et son gisement aurifère, étaient déjà subodorés par ses nouveaux partenaires et amis les plus sincères. C’est alors le méga-jackpot. L’histoire rend compte de mise de fonds multipliée par vingt-cinq en quelques mois, et une fois la bonne structure capitalistique en place, c’est 30 % de ce pactole pour chacun des FCPI présents, et pourquoi pas la somme du tout par remontée jusqu’à un échelon financier supérieur commun et mal identifiable pour le commun des mortels. 38
  • 39. XIII Sauf à risque, ou le Golden sofa Tout cet exposé n’enlève rien au fait que l’entreprise peut échouer, y compris quand le FCPI est majoritaire avec ses alliés directs. Tout leur investissement est alors promis à la disparition dans les poubelles de l’histoire, avec ceux des autres actionnaires encore présents. Il y aurait donc une justice, le jackpot quand ça marche, et la misère quand le navire se brise sur un récif. La noblesse du risque industriel ? En réalité, le navire ne se brise pas pour tout le monde. Certes les actionnaires particuliers y perdent leur mise de fond, et le fondateur parmi eux s’il y est encore ; mais qui va plaindre l’infortune de ces nababs ? D’ailleurs, trop honteux de leur fortune (répréhensible en France) et de leur investissement aventureux, ils se garderont bien d’aller crier sur les toits leurs malheurs. De la dignité, que Diable ! Mais le FCPI, lui, jouit d’une protection mise en place par l’État pour susciter les vocations en soutien attendu à l’innovation. La SOFARIS devenue « France Investissement Garantie », agence officielle, fournit une garantie évitant les conséquences de tels désastres pour le FCPI : ses pertes seront remboursées par l’État à hauteur de 70 % de leur montant. Superbe incitation dans cette loterie : si tout marche bien, c’est la sortie grandiose par le haut, si ça ne marche pas comme sincèrement espéré, le parachute s’ouvre et garantit une arrivée en douceur tout à fait supportable. Une plantureuse proportion des sociétés de gestion de FCPI annoncent des résultats nets placés confortablement entre 30 et 39
  • 40. 40 % de rendement sur les capitaux investis. Or aucune des entreprises dans lesquelles leurs FCPI ont investi n’arrive à ce niveau de performance. Ni même en approche. Cherchez l’erreur… Il faudrait expliquer, comme nous venons de tenter de le faire… Il faudrait aussi agir, de préférence en justice. Mais les victimes sont démunies, le plus souvent peu compétentes, maintenant peu capables financièrement de rémunérer de coûteux avocats. Leur indigence a été organisée, et elle sert de protection à ceux qui l’auront orchestrée. Un adversaire ruiné est moins dangereux que son cousin roulant sur l’or. Pire, ces victimes sont isolées, chacun dans sa province, ignorant des autres, se prenant pour un cas exceptionnel, la presse étant peu informée de cette situation, et donc peu bavarde à son sujet. Les magistrats ayant à en traiter sont aussi isolés, tout comme les avocats : que des hommes de bonne volonté, soucieux de la justice, mais qui ne sont pas confrontés à la complexité de ces dossiers assez souvent pour en construire une compétence et une compréhension des machinations profondes. L’inventeur a bien peu de chances dans le conflit ouvert… 40
  • 41. XIV Horizons chimériques Dans la crise financière actuelle au niveau mondial, et même dans la période qui l’a immédiatement précédée, nous avons vu émerger une nouvelle préoccupation : celle de l’Investissement Socialement Responsable. L’investissement qui ne se préoccuperait pas exclusivement de la seule rentabilité, approche bornée dont la planète vient de découvrir où elle a conduit. Mais un investissement soucieux de l’humain et d’un développement durable. C’est maintenant l’ère de l’économie immatérielle, qui trouve sa richesse dans la production intellectuelle, dans l’innovation cérébrale. Les FCPI devraient y exercer le rôle de puissante machine à propulser, mais les contraintes et les pressions exercées sur eux leur interdisent l’accès à ce type de préoccupation. Est-ce bien ce que souhaitaient le pays et ses législateurs ? Pour certains FCPIs, ceux fréquentés ici, et pour ceux qui leur ont donné naissance, il suffit donc de multiplier les coups, et de bien les gérer individuellement. La bonne conscience est garantie. L’associé ou l’employé candide du FCPI aura pris l’habitude de toutes les situations, et naturellement des situations douteuses ou extrêmes ; il ne percevra nulle part le machiavélisme de ses intrigues, et ne s’inquiétera pas de la multiplication des schémas amoraux sinon répréhensibles. Il se sera accoutumé aux « dommages collatéraux » tout autant que le chirurgien s’habitue aux mutilations qu’occasionne inévitablement son bistouri. Tel le poisson dans l’eau, il ne réalisera plus qu’il est mouillé. 41
  • 42. Ce directeur de participations ou cet employé ingénu dira « nous avons trouvé un inventeur avec une idée, elle était utile à notre pays. Il était incapable de la financer, nous lui en avons fourni les moyens. Il était incapable de gérer la croissance, nous l’y avons aidé de nos conseils, de nos interventions et des recrutements que nous avons conseillés. Il était incapable de diriger ses équipes, nous avons pallié ses carences de charisme et de méthodes. Il s’est indigné des approches modernes et éprouvées que nous souhaitions mettre en place : l’entreprise s’en est séparée, et a prospéré dès qu’il a quitté le bureau directorial. Nous l’avons alors conduite au succès, et nous l’avons vendue avec une plus value dans laquelle les observateurs n’ont reconnu que la juste rémunération de nos efforts, de notre implication et de notre savoir faire. Encore une idée de plus qui aurait pu mourir faute d’oxygène, et que nous aurons amenée à la dimension méritée ». Le directeur de participations ou l’employé réaliste et lucide conduira les mêmes démarches, avec une bonne dose de cynisme et d’impudence à la place de la candeur et de l’accoutumance. Il s’en est trouvé pour penser : « cet inventeur avait une idée superbe. Nous avons réussi par un cheminement qu’il n’a pas déchiffré à nous l’approprier. Nous nous sommes copieusement enrichis, et il n’a pas réussi à retirer ce qu’il aurait pu espérer s’il avait été moins inepte. Inventer est bien, mais il fallait aussi réussir. La loi de la vie est que les plus forts y gagnent les batailles que perdent les plus faibles. Qu’y puis-je ? ». Et le vrai investisseur, celui qui, de loin, bâtit et fait opérer les FCPI au sein de l’une des sociétés de gestion, en particulier de la très discrète et bien lointaine « société de gestion de fonds de fonds » dira : « il n’y a pas que du propre dans la vie. Dieu merci mes fonds se chargent d’une besogne dont tous les aspects ne sont pas parfumés. Je n’ai qu’à me féliciter de leur 42
  • 43. efficacité et de leur performance. Le reste ne me concerne pas, chacun son métier et chacun à sa place. » N’est-il pas dans la nature des choses que le pot de fer soit plus fort que le pot de terre, et n’arrive à le détruire dès que la discorde amène leur confrontation ? De là à en faire un métier, la distance est courte, d’autant plus courte que la cupidité en abrège bien souvent l’itinéraire. Au total une très belle et très généreuse intention de la nation et de ses élus, trop souvent transformée en une usine à fortune, mais pas pour ceux qu’elle avait visés à bon escient. Toute initiative a des effets pervers, et est facile à pervertir. Le soutien de l’innovation par les FCPI arrive à en donner l’illustration et confirme l’opinion populaire selon laquelle il est facile et courant que « les riches deviennent plus riches, et les pauvres deviennent plus pauvres ». Ceux qui penseraient que la vérité mériterait d’être bâillonnée dès qu’elle est dérangeante sont invités à réagir en apportant leur contradiction, et en tentant de démentir les faits que nous avons observés et analysés. 43
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  • 45. Imprimé en France Février 2009 Premier tirage : 5 000 exemplaires http://www.fcpi-pratique.com
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  • 48. « Nous avons trouvé un inventeur avec une idée, elle était utile à notre pays. Il était incapable de la financer, nous lui en avons fourni les moyens. Il était incapable de gérer la croissance, nous l’y avons aidé de nos conseils, de nos interventions et des recrutements que nous avons conseillés. Il était incapable de diriger ses équipes, nous avons pallié ses carences de charisme et de méthodes. Il s’est indigné des approches modernes et éprouvées que nous souhaitions mettre en place : l’entreprise s’en est séparée, et a prospéré dès qu’il a quitté le bureau directorial. Nous l’avons alors conduite au succès, et nous l’avons vendue avec une plus value dans laquelle les o b servateurs n’ont reconnu que la juste rémunération de nos efforts, de notre implication et de notre savoir faire. Encore une idée de plus qui aurait pu mourir faute d’oxygène, et que nous aurons amenée à la dimension méritée ».