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Rue aux Laines, 4
1000 Bruxelles
n° d’agrément : P601176
n° 39 avril 2014
bimestriel - ne paraît pas
en août et novembre
En route vers plus
d’agriculture familiale
p. 3 : 	 Actualités réseaux : Les 24h bénévoles de SOS Faim : une première bien réussie !
p. 4 : 	 2014 : l’agriculture familiale est mise à l’honneur !
pp. 6-7 :	 Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée...
p. 9 : 	 L’agriculture familiale au cœur de nos partenariats
pp. 10-11: 	 Quand une productrice de lait burkinabé rencontre un producteur de lait belge
Cela fait 50 ans que SOS Faim le clame haut et fort :
« Oui, l’agriculture familiale est une réelle solution au
problème de la faim dans le monde ! » Aujourd’hui il semble
que le message ait été entendu. La preuve: les Nations Unies
ont proclamé 2014, l’Année Internationale de l’agriculture
familiale (AIAF).
70%, le pourcentage clé… qui fait peur !
B 70% des 842 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde vit en
milieu rural 1
;
B 70% de la population des pays en développement vit de l’agriculture familiale 2
;
B 70% des aliments consommés dans le monde proviennent de l'agriculture familiale. 3
Olivier De Schutter, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimenta-
tion, l’affirme dans son dernier rapport datant de mars 2014 : « L’accès des personnes à
l’alimentation peut être assuré par: l’obtention de revenus provenant d’un emploi ou de
l’auto-emploi ; ou par la production personnelle, lorsque les individus ont accès à la terre
et d’autres moyens de production ; ou par des transferts sociaux.» 4
L’agriculture familiale répond à elle seule aux deux premières pistes proposées puisqu’elle
permet à la famille d’auto-employer ses membres au sein de l’exploitation familiale. Il
semblerait donc que l’on soit tous d’accord…
Pourtant, la réalité de terrain des producteurs familiaux ne reflète pas cette évidence. Peu
soutenus par les politiques locales et internationales, victimes des règles du commerce
mondial et trop souvent exclus de l’accès au financement et au foncier, les petits paysans
sont loin de bénéficier de conditions idéales. Ils ont donc plus que jamais besoin qu’on se
batte à leurs côtés pour changer les règles du jeu. En mettant ainsi l’agriculture familiale
sur le devant de la scène, l’AIAF contribue certainement à l’avancée de ce combat.
Parce que miser sur l’agriculture familiale, c’est miser sur un avenir où la souveraineté
alimentaire pourra être assurée.
 Maryse Williquet
L’agriculture familiale
sur le devant de la scène !
 	Pour celles et ceux qui
ne reçoivent pas encore
Dajaloo…
	Vous souhaitez garder
le contact avec SOS Faim ?
Abonnez-vous
en vous adressant
à cra@sosfaim.org,
ou à SOS Faim – Dajaloo,
rue aux Laines 4,
1000 Bruxelles.
Ed. resp. : Freddy Destrait
SOS Faim asbl
Rue aux Laines 4
1000 Bruxelles
T 02/548 06 70
F 02/514 47 77
cra@sosfaim.org
www.sosfaim.org
CCP : BE83 0000 0000 1515
BIC : BPOTBEB1
Réalisé avec le soutien
de la DGD
et de l’Union européenne
Comité éditorial :
Maryse Williquet, Mouna Guidiri,
Sylvie Guillaud, Nicolas Nikis,
Eric Guiot, Chantal Dumont,
Nathalie Dellere,
Astrid Ayral, Fredéric Charles
Comité de relecture :
Jean-Jacques Grodent,
Annabel Maisin
Crédits photos :
Anne Bastin (p.1),
Gael Turine (pp.2, 4, 9),
Jean-Louis Bocart (pp. 5, 8),
Patrick Galbats (p.9),
SOS Faim (pp. 1, 3, 10, 11),
GASAP Gasouill'X (p. 12)
[ édito ]
2
Le temps de 24 heures, une vingtaine de bénévoles et de permanents s’est
retrouvée dans un gite aux abords de la forêt de Hal. Au programme :
faire connaissance, s’informer sur les projets de SOS Faim et réfléchir
à son engagement en tant que bénévole.
Les 24h bénévoles de SOS Faim :
une première bien réussie !
i 
La chaine de la solidarité
commence avec les
bénévoles.
n° 39[ Ca bouge ]
En guise d’échauffement, quelques jeux,
parfois sportifs, nous ont permis de « briser
la glace ». Ensuite le groupe s’est séparé
en divers ateliers destinés à mieux appré-
hender l’action de SOS Faim, poser les
questions que l’on s’était toujours posées
et réfléchir sur différentes thématiques :
B Avec François Vandercam, responsable
de partenariats à SOS Faim et Mme
Gariko, une productrice de lait burki-
nabée partenaire de SOS Faim, nous
avons pu discuter plus précisément de
l’approche de partenariat, des projets
accompagnés dans le Sud et des réa-
lités de terrain.
B Jean-Jacques Grodent, responsable du
service Information, nous a exposé les
actions de plaidoyer politique menées
par SOS Faim, aussi bien au niveau lo-
cal et international, au Nord comme au
Sud et leurs impacts sur les politiques
et décisions visées.
B Amaury Ghijselings, de l’ONG Quinoa, a
animé un atelier autour des liens entre
le soutien de l’agriculture paysanne au
Sud et les alternatives pour la souverai-
neté alimentaire en Europe.
Après une soirée musicale et une courte
nuit pour certains, les réflexions entamées
la veille ont permis à chacun d’exposer
ses attentes et ses objectifs en tant que
bénévole, ainsi que sa vision du rôle joué
par le réseau. En sont ressorties pas mal
d’idées qui vont probablement alimenter
les réflexions ces prochains mois.
En plus petits groupes, les discussions se
sont portées sur des projets plus concrets :
Quelles actions mener pour clore la cam-
pagne contre la spéculation alimentaire ?
Comment rendre SOS Faim plus visible et
élargir son réseau de sympathisants ?
En tant que nouveau bénévole, ce week-
end (le premier d’une longue série j’es-
père), fut un agréable moyen de découvrir
SOS Faim, faire des rencontres et pousser
la réflexion sur mon engagement… Et de
le confirmer!
 Nicolas Nikis, bénévole
1	 www.ifad.org/events/iyff/IYFF_f.pdf
2	Défis Sud n° 116 – « Agricultures
familiales : au pluriel ! »
3	 http://www.familyfarmingcampaign.
net/fr/agriculture-familiale/en-chiffres
4	 http://www.srfood.org/images/
stories/pdf/officialreports/20140310_
finalreport_fr.pdf
3
Pour la première fois dans notre histoire, une Année
Internationale des Nations Unies est issue d’une initiative
soutenue par plus de 360 organisations de la société civile
et d'agriculteurs des cinq continents.
C’est grâce à la mobilisation et au militan-
tisme du Forum Rural Mondial (forum de
rencontre, d’analyse et d’observation du
développement rural composé d’organisa-
tions paysannes, d’ONG et du monde aca-
démique) que l’ONU a décidé de mettre
l’agriculture familiale sur le devant de la
scène en proclamant 2014 Année Interna-
tionale de l’Agriculture Familiale (AIAF).
Objectifs de l’AIAF ?
Révéler à l’ensemble de la société et aux
gouvernements le rôle stratégique et la
contribution de l’agriculture familiale :
B dans la lutte contre la pauvreté et la
faim dans le monde
B à la sécurité alimentaire
B dans la protection de l’environnement
L’AIAF a également la volonté de susciter
des réflexions en vue de politiques plus
favorables aux exploitations familiales,
qui faciliteraient l’accès au foncier, aux
crédits et aux technologies et qui re-
connaitraient le statut spécifique de la
femme en milieu rural.
Cette AIAF est donc un indéniable coup
de projecteur sur l'agriculture familiale. De
nombreuses activités (salons, ciné-débats,
conférences, marchés…) sont organisées
un peu partout, à destination des citoyens
comme des décideurs politiques et éco-
nomiques. Le tout sera d’évaluer les réels
impacts qu’auront ces initiatives sur l’état
de l’agriculture paysanne dans le monde.
Pour SOS Faim, « si l’Année internatio-
nale de l’agriculture familiale contribue
à ressouder les familles autour de l’acti-
vité agricole et à freiner la diminution des
agriculteurs, c’est bien. Si elle contribue,
par des orientations politiques et des ini-
tiatives concrètes, à une réelle prise de
conscience en faveur d’une agriculture
durable et solidaire, c’est mieux. Si elle
incite l’ensemble des agriculteurs, petits
ou grands, à s’adapter pour durer, ça l’est
encore davantage! » 5
 Chantal Dumont, bénévole
l’agriculture familiale
est mise à l’honneur !
n° 39
i 
Pour aller plus loin,
consultez le site de
l’Année internationale de
l’agriculture familiale :
http://www.fao.org/
family-farming-2014/fr/
4
5	 Défis Sud n° 116 :
« Agricultures familiales : au pluriel ! »
téléchargeable gratuitement
sur www.sosfaim.org
Souvent opposée « simplement » au modèle de l’agro-business, ce
concept recouvre en vérité de nombreuses réalités. On pourrait
presque dire qu’il existe autant d’agricultures familiales que
d’agriculteurs familiaux. Il n’est donc pas aisé de définir ce
modèle agricole en quelques mots, mais heureusement plusieurs
critères peuvent aider à le caractériser.
L’agriculture familiale
en quelques mots…
i 
Il y a plus de 500 millions
de petites fermes familiales
dans le monde et elles
constituent plus de 98 % des
exploitations agricoles. 6
6	 http://www.fao.org/family-farming-
2014/fr/
Pour plus de précisions,
n’hésitez pas à télécharger le
Défis Sud n° 116 – « Agricultures
familiales : au pluriel ! »
sur www.sosfaim.org
5
n° 39
L’agriculture familiale, comme son nom
l’indique, est liées aux ressources hu-
maines de la famille. Les travaux agricoles
sont intégrés dans les activités du ménage
et engendrent de l’auto-emploi. La produc-
tion de l’exploitation familiale est d’ail-
leurs indissociable du patrimoine familial.
Une partie de la production est consom-
mée par la famille et le surplus fournit les
marchés locaux, contribuant ainsi à garan-
tir une meilleure souveraineté alimentaire
locale et des revenus pour les producteurs.
D’un point de vue technique, l’agriculture
familiale s'appuie généralement sur un
usage écologique des ressources natu-
relles et a le souci de maintenir et d’amé-
liorer la terre.
Les exploitations familiales occupent par
ailleurs des territoires très diversifiés of-
frant une grande capacité d’adaptation.
La taille d’une exploitation dans le Sud ne
dépasse en moyenne pas les 5 ha ; les ¾
ne font même pas 1ha.
Un modèle agricole d'avenir
Face à la pauvreté rurale actuelle, l’agri-
culture familiale pourrait assurer une meil-
leure sécurité alimentaire aux populations
rurales. Surtout lorsqu’on sait que 70%
de la population des pays en voie de déve-
loppement vit d'activités agricoles. L’agri-
culture familiale dans sa généralité, mais
avec ses spécificités, est donc une réponse
efficace aux grands défis sociaux et envi-
ronnementaux de la planète.
 Eric Guiot, bénévole
La disparition progressive des petites exploitations familiales
au profit de l’agrobusiness n'est pas un processus qui s'est
imposé du jour au lendemain. Des politiques néolibérales,
l’intervention de l’industrie chimique et agro-alimentaire et des
cadres juridiques restreints ont sonné le glas de ce métier vital
pour la survie de l'humanité.
Les exploitations familiales à travers le
monde doivent faire face à de nombreux
obstacles. Des monopoles agro-alimen-
taires dictent les lois : la maximisation du
profit et la concurrence déloyale priment
sur l'agriculture familiale et la souverai-
neté alimentaire.
Quelques chiffres parlants 7
 :
B Dix sociétés contrôlent un tiers du mar-
ché des semences
B Six sociétés concentrent entre leurs
mains 85% du commerce global des
céréales
B Trois entreprises détiennent 80% de la
vente de cacao.
On constate donc qu’une poignée de
grosses entreprises agro-alimentaires détient
une grande partie du pouvoir de production,
de transformation et de commercialisation,
sans se soucier des conséquences de leurs
pratiques sur ces centaines de milliers de
paysans qui doivent lutter chaque jour pour
leur survie. Ces acteurs s'inscrivent dans une
approche purement économique de l'agri-
culture. Les produits issus de cette dernière
sont réduits à de simples marchandises et
la maximisation des profits prime sur les
enjeux sanitaires et environnementaux.
Dans ce jeu à armes inégales, il est généra-
lement impossible aux petits producteurs
de combattre ces géants de l’agrobusiness.
« Quand le dernier arbre sera
abattu la dernière rivière
empoisonnée...
n° 39
p 
Quand le dernier arbre
sera abattu, la dernière
rivière empoisonnée,
alors vous découvrirez
que l'argent ne se mange
pas » (Proverbe indien)
6
7	 Ziegler Jean,
« Destruction massive », 2012
Si ces multinationales ont aujourd’hui tant
de pouvoir c’est qu’elles ont été favorisées
par des organismes internationaux tels que
l'OMC et l'Union européenne.
La PAC et les subsides inéga-
lement répartis
L'Union européenne a toujours prôné l'in-
tensification de l'agriculture au travers de
sa Politique Agricole Commune (PAC). Elle
a progressivement engendré la chute des
prix des denrées alimentaires en compen-
sant avec des subsides à la production oc-
troyés aux agriculteurs. Mais ces subsides
sont très inégalement répartis : 80% pro-
fitent à seulement 20% des exploitations,
qui sont les plus importantes en termes de
superficie terrestre. Les petits agriculteurs
du Nord en profitent donc proportionnelle-
ment moins.
L'agriculture du Sud souffre elle aussi de
cette politique déloyale. Les subsides oc-
troyés par l’Union européenne ont poussé
les agriculteurs du Nord à produire en sur-
plus. Certains de ces surplus agricole (lait,
tomates, oignons…) sont régulièrement
envoyés en Afrique à un prix très bas que
les petits paysans du Sud ne peuvent pas
concurrencer avec leurs conditions de pro-
duction. C’est donc un contexte qui n’est
pas viable à long terme pour la petite pay-
sannerie qu’elle soit du Sud ou du Nord.
Et, malheureusement, la nouvelle réforme
de la PAC ne va - pas mettre fin à cette
tendance. 8
Notre voix compte
Le pouvoir de l'OMC et des sociétés mul-
tinationales ne leur est pas tombé du ciel.
Il a été construit progressivement par des
choix politiques. On pourrait donc imagi-
ner renverser cette tendance en prenant
d’autres choix politiques. C'est donc aussi
à nous, citoyens de faire entendre notre
voix. Dans quelques semaines nous serons
appelés à voter. Faisons de ce vote, un vote
qui compte. Montrons par nos choix poli-
tiques que nous voulons protéger l’agri-
culture et nos exploitations familiales.
 Nathalie Dellere, bénévole
L'OMC c'est quoi?
L'Organisation Mondiale du Commerce a été fondée en 1995 et a
succédé au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce)
créé en 1947. L'OMC a comme mission de régler le commerce entre ses
pays membres. Elle s'organise autour de grands cycles de réunions, pour
le moment on se trouve dans le « Cycle de Doha ».
L'organisation plaide entre autres pour le démantèlement des barrières
douanières, la suppression des subventions (à l'agriculture entre autres)
et la libéralisation totale des flux commerciaux. Toute entrave au libre
marché est à condamner. Les pays qui s'y opposent, en mettant par
exemple des taxes sur l'importation, doivent payer.	
8	Pour aller plus loin, lire le Défis Sud
N° 115 – « Les laissés-pour-compte
de la Politique agricole commune »
téléchargeable sur www.sosfaim.org.
...alors vous découvrirez que
l'argent ne se mange pas »
7
n° 39
Archaïque, improductive, non-compétitive. Ces termes
sont souvent évoqués lorsqu’on parle d’agriculture familiale.
Pourtant, elle peut constituer le berceau de techniques agricoles
prometteuses. Au Mali, SOS Faim appuie le Syndicat
des Exploitants Agricoles de la zone Office du Niger (SEXAGON),
un partenaire qui tente, entre autres, de diffuser chez
les paysans une méthode de production de riz à haut rendement,
le « système de riziculture intensive » (SRI).
Le riz est la deuxième céréale alimentaire
la plus cultivée au monde et représente la
denrée de base dans de nombreux pays.
Traditionnellement, le système de rizicul-
ture est un mode de production peu res-
pectueux de l’environnement, notamment
à cause de sa consommation élevée en
eau et en intrants, ainsi que ses rejets de
méthane.
Par la maîtrise et la mise en application de
techniques de cultures complémentaires,
une nouvelle méthode de culture du riz,
le SRI a élaboré dans les années 80 à
Madagascar. Certains paysans ont appli-
qué cette méthode et ont vu leurs récoltes
doubler voire même tripler, en même
temps que se réduisait leur consommation
d’eau, de semences et d’intrants externes.
Au Mali, SOS Faim appuie un projet d’éva-
luation du SRI que le SEXAGON mène
avec 45 paysans volontaires. Après éva-
luation, il est apparu que les rendements
obtenus par les paysans avec le système
SRI pourraient atteindre environs 9t/ha
contre 4 à 6t/ha avec la pratique paysanne
traditionnelle, soit une augmentation de
rendement d’environ 30%.
Malgré les résultats convaincants de cette
technique, sa diffusion reste modeste.
C’est sans doute lié à une certaine crainte
du changement. Aujourd’hui le défi pour
SOS Faim et le SEXAGON consiste donc
à vaincre les résistances et à diffuser au
maximum cette méthode en s'appuyant
sur les dynamiques des communautés
paysannes locales.
 Astrid Ayral, bénévole
L’agriculture familiale,
un modèle durable
et compétitif
Zoom sur un projet du SEXAGON au Mali
n° 39
i 
Faleri Boly, le président
du SEXAGON, dans un
champ d'oignons.
8
Pour aller plus loin, téléchargez
le Dynamiques Paysannes
sur la capacité d’adaptation
des exploitations familiales :
http://www.sosfaim.org/
developpement-rural-FR-
publications-dynamiques_
paysannes-dynamiques_
paysannes_agriculture_
familiale.htm
SOS Faim est une ONG pionnière en matière d’agriculture
familiale. Très tôt elle a orienté ses actions pour définir, défendre
et faire évoluer ce mode de production agricole. Des actions
qu’elle a menées en partenariat avec les organisations paysannes
du Sud. Intéressons-nous à l’évolution de ce combat pour
l’agriculture familiale avec Jean-Jacques Grodent, responsable
du service Information à SOS Faim.
L’agriculture familiale
au cœur de nos partenariats
i 
Pour aller plus loin dans
la réflexion sur l’agriculture
familiale et avoir plus
d’idées concernant
nos actions concrètes,
téléchargez le Défis Sud
N° 117- « Cinquante ans
de SOS Faim » sur
www.sosfaim.org.
9
n° 39
Pourquoi SOS Faim a décidé de faire de
l’agriculture paysanne sa priorité ?
Comme l’indique son nom, SOS Faim s’est
donnée comme mission d’éradiquer la faim
dans le monde depuis ses débuts, mais les
premières actions n’étaient pas exclusive-
ment portées sur l’agriculture familiale.
C’est en 1984, 20 ans après sa création,
que SOS Faim décide de centrer sa mis-
sion principalement sur le soutien aux
organisations paysannes. Comme 70% de
la population des pays en voie de dévelop-
pement vit dans des zones rurales, encou-
rager l’agriculture familiale apparaissait
donc comme une perspective intéressante
et qui était déjà défendue par les organisa-
tions paysannes.
C’est d’ailleurs en renforçant les parte-
nariats avec ces-dernières que SOS Faim
s’est inscrit dans cette vision de l’agri-
culture, prônée par les organisations pay-
sannes. Elle les a dès lors accompagnées
pour réclamer des investissements publics
plus importants et faire du soutien à l’agri-
culture paysanne une priorité.
Quelle agriculture familiale pour demain ?
Ce sont sans doute essentiellement les orga-
nisations paysannes qui orienteront l’évo-
lution de l’agriculture familiale, explique
Jean-Jacques Grodent. Entre l’adaptation à
un monde qui évolue rapidement et le res-
pect des principes de base de l’agriculture
familiale, il s’agit aujourd’hui de trouver un
équilibre qui protégera cette dernière contre
l’hégémonie grandissante des multinatio-
nales opérant dans le secteur agricole.
SOS Faim continuera donc à accompa-
gner les organisations familiales dans cette
transformation de l’agriculture paysanne
qui, bien plus qu’une technique, constitue
un réel réseau de solidarité doublé d’un
modèle culturel.
Propos recueillis par Mouna Guidri, bénévole
Erwin Schöpges et Madame Gariko ont quelques points
communs : ils sont tous les deux agriculteurs, ils produisent du
lait et aiment leur métier. Mais à part cela, bien des éléments
divergent dans leur quotidien respectif.
Erwin vit en Belgique et bénéficie de ce
fait d’un climat humide et tempéré, idéal
pour la production laitière. Les cultures
fourragères, c’est-à-dire l’alimentation du
bétail, y croissent de manière optimale et
les vaches sont de ce fait bien nourries et
très productives. Madame Gariko vit quant
à elle au Burkina Faso, où les tempéra-
tures élevées et la faible pluviométrie ne
permettent pas d’obtenir de bons rende-
ments fourragers.
Erwin possède 70 vaches au sein de son
exploitation laitière située dans les Can-
tons de l’Est et produit entre 1000 et 1300
litres de lait par jour. Par an, il a le droit
de produire 500.000 litres de lait, c’est le
quota, autrement dit le volume, imposé
par la législation européenne, afin de limi-
ter et de stabiliser la production laitière.
Il est seul à gérer son troupeau mais il
peut compter sur un coup de main familial
quand il en a besoin. Grâce à son savoir-
faire et à un bon équipement technique,
comme des tracteurs et différents intrants
agricoles, il parvient à produire le fourrage
pour ses bêtes. Il possède également une
machine à traire qui mécanise et facilite la
traite qu’il doit réaliser deux fois par jour.
Son lait est ensuite stocké jusqu’à 3 jours
dans un tank réfrigéré, en attendant que le
camion de la laiterie passe le prendre afin
de le conditionner et de le transformer en
lait pasteurisé, en fromage, en yaourt, etc.
De l’autre côté du globe, la petite exploi-
tation familiale de Madame Gariko ne
possède malheureusement pas un tel
équipement. Au Burkina Faso, il est dif-
ficile de trouver des crédits afin d’investir
dans la modernisation d’une exploitation
agricole. En plus, l’électricité coûte cher
et n’est pas très fiable. Madame Gariko ne
peut donc pas stocker son lait de la même
façon qu’Erwin. Le lait doit être transfor-
mé dans les heures qui suivent la traite au
sein d'une mini-laiterie familiale, ce qui
n’aide pas à diminuer les coûts.
Quand une productrice
de lait burkinabé rencontre
un producteur de lait belge
n° 39
p 
Erwin Shöpges est
producteur de lait à
Amblève. Il est également
vice-président de la
MIG (Organisation
des producteurs de
lait) et président de la
coopérative FAIRCOOP.
10
Son troupeau est composé de 55 animaux,
veaux et génisses compris. Seule une tren-
taine de vaches adultes sont donc aptes à
produire du lait et fournissent environ 20
litres par jour. Une vache de Mme Gariko
produit en moyenne 1/10 d’une vache
d’Erwin…
A côté de cela, une des principales dif-
ficultés de Madame Gariko est de vendre
son lait à un prix couvrant ses coûts de
production. Le marché local est envahi par
la poudre de lait européenne dont le prix
est artificiellement très bas. La surproduc-
tion et l’exportation de ce lait ont en effet
été subsidiées par des aides européennes ;
il vient donc concurrencer déloyalement le
lait local qui ne bénéficie, lui, d’aucune
aide. Sur le marché local de Mme Gariko
le lait reconstitué à partir de poudre de lait
européen coûte 350 francs CFA, contre
500 pour le litre de lait frais local.
Heureusement, Madame Gariko a créé un
groupement de productrices de lait, com-
posé de 60 femmes, afin de lutter pour
continuer à produire et à commercialiser
leur lait local. La production du Groupe-
ment Portal Djama est évaluée à environ
68 000 litres par an, ce qui constitue une
source importante de revenus pour l’amé-
lioration des conditions de vie et l’autono-
misation économique des femmes.
Le plus paradoxal, c’est qu’Erwin ren-
contre lui aussi des difficultés à vendre
son lait à un prix couvrant ses coûts de
production. Cela peut paraître étonnant
mais à cause de la surproduction le prix
de vente du lait sur le marché européen
est lui aussi très bas, bien en dessous des
coûts de production. Malgré les aides qu’il
reçoit de l’Union Européenne et la haute
productivité de son exploitation, ce n’est
pas évident de joindre les deux bouts. La
plupart des fermes familiales européennes
sont d’ailleurs dans la même situation. Les
chiffres parlent d’eux-mêmes : la Belgique
a perdu 75% de ses fermes depuis 1950 !
Malheureusement, comme aime le pro-
clamer Madame Gariko : « La prochaine
bombe sera la bombe alimentaire ». Alors,
pour éviter qu’elle nous éclate à la figure,
il existe pour elle, comme pour Erwin, une
formule miracle pour soutenir la petite
agriculture: manger local et privilégier les
filières courtes.
 Sylvie Guillaud, bénévole
f 
Korotoumou Gariko est
productrice de lait au
Burkina Faso. Elle est à
la tête du Groupement
féminin Potal Djama et de
l’Union des mini-laiteries
et des productrices de lait
local.
11
n° 39
39
Aimons la terre
pour ce qu’elle nous donne !
L’agriculture familiale n’est pas propre aux pays du Sud :
Denis Dal est un petit cultivateur à la ferme du Trieu à Joncret
(Province du Hainaut). Il travaille notamment pour les GASAPS
(Groupe d’Achats Solidaire de l’Agriculture Paysanne) à Bruxelles.
SOS Faim : Pourquoi avoir choisi le métier
d’agriculteur ?
D.D. : J’étais étudiant à l’Ecole de Recherche
Graphique de Bruxelles où j’apprenais la pein-
ture et la photographie. Le week-end, je ren-
trais chez ma mère qui possédait un terrain.
Cette terre m’attirait beaucoup, je me deman-
dais ce qu’elle pourrait m’apporter. J’ai pris
cette attirance comme un signe et ai décidé
de faire ce que la vie me dictait : cultiver la
terre en la respectant. Elle ne m’a pas déçu.
SOS Faim : Quelles sont les principales
difficultés à franchir pour devenir cultivateur ?
D.D. : J’ai dû tout apprendre sur le tas. Il me
fallait aussi un accès à une terre bio car le
potager du début ne pouvait pas suffire, et
ce n’est pas si simple à trouver ! Acquérir
du matériel ne s’est pas non plus fait en cla-
quant des doigts. Et puis, il me fallait assez
de rentrées pour pouvoir prendre le statut
d’indépendant. J’ai été pris quelquefois pour
un rigolo et montré du doigt parce que je
voulais produire du bio. Aujourd’hui, je suis
respecté dans la profession.
SOS Faim : Que représentent pour vous les
groupements d’achats et autres associations de
citoyens ?
D.D. : Ils sont très importants. C’est grâce
à mon épouse Nathalie, véritable pilier dans
notre ferme et notre famille, que tout a com-
mencé puisque mon premier groupe d’achats
était constitué de ses amis. Les GASAPS
m’assurent un revenu annuel stable vu qu’ils
s’engagent à acheter mes produits pendant
un an. Leur soutien m’est donc essentiel. Il y
a une vraie relation entre les consommateurs
et moi, le producteur.
SOS Faim : Comment envisagez-vous l’avenir ?
D.D. : Je vais continuer à privilégier les cir-
cuits courts en travaillant directement avec
des citoyens conscients de l’importance
d’une nourriture de saison et de proximité et
qui soutiennent les petits producteurs comme
moi. L’agriculture est le premier métier du
monde, il serait dommage de le gâcher !
[ Et vous ? ]
i Les membres
du GASAP
viennent parfois
donner un coup
de main à la
ferme.
Editeurresponsable :FreddyDestrait,RueauxLaines,4-1000Bruxelleswww.debie.com
Vous pouvez également soutenir l’agriculture
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  • 1. Rue aux Laines, 4 1000 Bruxelles n° d’agrément : P601176 n° 39 avril 2014 bimestriel - ne paraît pas en août et novembre En route vers plus d’agriculture familiale p. 3 : Actualités réseaux : Les 24h bénévoles de SOS Faim : une première bien réussie ! p. 4 : 2014 : l’agriculture familiale est mise à l’honneur ! pp. 6-7 : Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée... p. 9 : L’agriculture familiale au cœur de nos partenariats pp. 10-11: Quand une productrice de lait burkinabé rencontre un producteur de lait belge
  • 2. Cela fait 50 ans que SOS Faim le clame haut et fort : « Oui, l’agriculture familiale est une réelle solution au problème de la faim dans le monde ! » Aujourd’hui il semble que le message ait été entendu. La preuve: les Nations Unies ont proclamé 2014, l’Année Internationale de l’agriculture familiale (AIAF). 70%, le pourcentage clé… qui fait peur ! B 70% des 842 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde vit en milieu rural 1 ; B 70% de la population des pays en développement vit de l’agriculture familiale 2 ; B 70% des aliments consommés dans le monde proviennent de l'agriculture familiale. 3 Olivier De Schutter, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimenta- tion, l’affirme dans son dernier rapport datant de mars 2014 : « L’accès des personnes à l’alimentation peut être assuré par: l’obtention de revenus provenant d’un emploi ou de l’auto-emploi ; ou par la production personnelle, lorsque les individus ont accès à la terre et d’autres moyens de production ; ou par des transferts sociaux.» 4 L’agriculture familiale répond à elle seule aux deux premières pistes proposées puisqu’elle permet à la famille d’auto-employer ses membres au sein de l’exploitation familiale. Il semblerait donc que l’on soit tous d’accord… Pourtant, la réalité de terrain des producteurs familiaux ne reflète pas cette évidence. Peu soutenus par les politiques locales et internationales, victimes des règles du commerce mondial et trop souvent exclus de l’accès au financement et au foncier, les petits paysans sont loin de bénéficier de conditions idéales. Ils ont donc plus que jamais besoin qu’on se batte à leurs côtés pour changer les règles du jeu. En mettant ainsi l’agriculture familiale sur le devant de la scène, l’AIAF contribue certainement à l’avancée de ce combat. Parce que miser sur l’agriculture familiale, c’est miser sur un avenir où la souveraineté alimentaire pourra être assurée. Maryse Williquet L’agriculture familiale sur le devant de la scène ! Pour celles et ceux qui ne reçoivent pas encore Dajaloo… Vous souhaitez garder le contact avec SOS Faim ? Abonnez-vous en vous adressant à cra@sosfaim.org, ou à SOS Faim – Dajaloo, rue aux Laines 4, 1000 Bruxelles. Ed. resp. : Freddy Destrait SOS Faim asbl Rue aux Laines 4 1000 Bruxelles T 02/548 06 70 F 02/514 47 77 cra@sosfaim.org www.sosfaim.org CCP : BE83 0000 0000 1515 BIC : BPOTBEB1 Réalisé avec le soutien de la DGD et de l’Union européenne Comité éditorial : Maryse Williquet, Mouna Guidiri, Sylvie Guillaud, Nicolas Nikis, Eric Guiot, Chantal Dumont, Nathalie Dellere, Astrid Ayral, Fredéric Charles Comité de relecture : Jean-Jacques Grodent, Annabel Maisin Crédits photos : Anne Bastin (p.1), Gael Turine (pp.2, 4, 9), Jean-Louis Bocart (pp. 5, 8), Patrick Galbats (p.9), SOS Faim (pp. 1, 3, 10, 11), GASAP Gasouill'X (p. 12) [ édito ] 2
  • 3. Le temps de 24 heures, une vingtaine de bénévoles et de permanents s’est retrouvée dans un gite aux abords de la forêt de Hal. Au programme : faire connaissance, s’informer sur les projets de SOS Faim et réfléchir à son engagement en tant que bénévole. Les 24h bénévoles de SOS Faim : une première bien réussie ! i  La chaine de la solidarité commence avec les bénévoles. n° 39[ Ca bouge ] En guise d’échauffement, quelques jeux, parfois sportifs, nous ont permis de « briser la glace ». Ensuite le groupe s’est séparé en divers ateliers destinés à mieux appré- hender l’action de SOS Faim, poser les questions que l’on s’était toujours posées et réfléchir sur différentes thématiques : B Avec François Vandercam, responsable de partenariats à SOS Faim et Mme Gariko, une productrice de lait burki- nabée partenaire de SOS Faim, nous avons pu discuter plus précisément de l’approche de partenariat, des projets accompagnés dans le Sud et des réa- lités de terrain. B Jean-Jacques Grodent, responsable du service Information, nous a exposé les actions de plaidoyer politique menées par SOS Faim, aussi bien au niveau lo- cal et international, au Nord comme au Sud et leurs impacts sur les politiques et décisions visées. B Amaury Ghijselings, de l’ONG Quinoa, a animé un atelier autour des liens entre le soutien de l’agriculture paysanne au Sud et les alternatives pour la souverai- neté alimentaire en Europe. Après une soirée musicale et une courte nuit pour certains, les réflexions entamées la veille ont permis à chacun d’exposer ses attentes et ses objectifs en tant que bénévole, ainsi que sa vision du rôle joué par le réseau. En sont ressorties pas mal d’idées qui vont probablement alimenter les réflexions ces prochains mois. En plus petits groupes, les discussions se sont portées sur des projets plus concrets : Quelles actions mener pour clore la cam- pagne contre la spéculation alimentaire ? Comment rendre SOS Faim plus visible et élargir son réseau de sympathisants ? En tant que nouveau bénévole, ce week- end (le premier d’une longue série j’es- père), fut un agréable moyen de découvrir SOS Faim, faire des rencontres et pousser la réflexion sur mon engagement… Et de le confirmer! Nicolas Nikis, bénévole 1 www.ifad.org/events/iyff/IYFF_f.pdf 2 Défis Sud n° 116 – « Agricultures familiales : au pluriel ! » 3 http://www.familyfarmingcampaign. net/fr/agriculture-familiale/en-chiffres 4 http://www.srfood.org/images/ stories/pdf/officialreports/20140310_ finalreport_fr.pdf 3
  • 4. Pour la première fois dans notre histoire, une Année Internationale des Nations Unies est issue d’une initiative soutenue par plus de 360 organisations de la société civile et d'agriculteurs des cinq continents. C’est grâce à la mobilisation et au militan- tisme du Forum Rural Mondial (forum de rencontre, d’analyse et d’observation du développement rural composé d’organisa- tions paysannes, d’ONG et du monde aca- démique) que l’ONU a décidé de mettre l’agriculture familiale sur le devant de la scène en proclamant 2014 Année Interna- tionale de l’Agriculture Familiale (AIAF). Objectifs de l’AIAF ? Révéler à l’ensemble de la société et aux gouvernements le rôle stratégique et la contribution de l’agriculture familiale : B dans la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde B à la sécurité alimentaire B dans la protection de l’environnement L’AIAF a également la volonté de susciter des réflexions en vue de politiques plus favorables aux exploitations familiales, qui faciliteraient l’accès au foncier, aux crédits et aux technologies et qui re- connaitraient le statut spécifique de la femme en milieu rural. Cette AIAF est donc un indéniable coup de projecteur sur l'agriculture familiale. De nombreuses activités (salons, ciné-débats, conférences, marchés…) sont organisées un peu partout, à destination des citoyens comme des décideurs politiques et éco- nomiques. Le tout sera d’évaluer les réels impacts qu’auront ces initiatives sur l’état de l’agriculture paysanne dans le monde. Pour SOS Faim, « si l’Année internatio- nale de l’agriculture familiale contribue à ressouder les familles autour de l’acti- vité agricole et à freiner la diminution des agriculteurs, c’est bien. Si elle contribue, par des orientations politiques et des ini- tiatives concrètes, à une réelle prise de conscience en faveur d’une agriculture durable et solidaire, c’est mieux. Si elle incite l’ensemble des agriculteurs, petits ou grands, à s’adapter pour durer, ça l’est encore davantage! » 5 Chantal Dumont, bénévole l’agriculture familiale est mise à l’honneur ! n° 39 i  Pour aller plus loin, consultez le site de l’Année internationale de l’agriculture familiale : http://www.fao.org/ family-farming-2014/fr/ 4 5 Défis Sud n° 116 : « Agricultures familiales : au pluriel ! » téléchargeable gratuitement sur www.sosfaim.org
  • 5. Souvent opposée « simplement » au modèle de l’agro-business, ce concept recouvre en vérité de nombreuses réalités. On pourrait presque dire qu’il existe autant d’agricultures familiales que d’agriculteurs familiaux. Il n’est donc pas aisé de définir ce modèle agricole en quelques mots, mais heureusement plusieurs critères peuvent aider à le caractériser. L’agriculture familiale en quelques mots… i  Il y a plus de 500 millions de petites fermes familiales dans le monde et elles constituent plus de 98 % des exploitations agricoles. 6 6 http://www.fao.org/family-farming- 2014/fr/ Pour plus de précisions, n’hésitez pas à télécharger le Défis Sud n° 116 – « Agricultures familiales : au pluriel ! » sur www.sosfaim.org 5 n° 39 L’agriculture familiale, comme son nom l’indique, est liées aux ressources hu- maines de la famille. Les travaux agricoles sont intégrés dans les activités du ménage et engendrent de l’auto-emploi. La produc- tion de l’exploitation familiale est d’ail- leurs indissociable du patrimoine familial. Une partie de la production est consom- mée par la famille et le surplus fournit les marchés locaux, contribuant ainsi à garan- tir une meilleure souveraineté alimentaire locale et des revenus pour les producteurs. D’un point de vue technique, l’agriculture familiale s'appuie généralement sur un usage écologique des ressources natu- relles et a le souci de maintenir et d’amé- liorer la terre. Les exploitations familiales occupent par ailleurs des territoires très diversifiés of- frant une grande capacité d’adaptation. La taille d’une exploitation dans le Sud ne dépasse en moyenne pas les 5 ha ; les ¾ ne font même pas 1ha. Un modèle agricole d'avenir Face à la pauvreté rurale actuelle, l’agri- culture familiale pourrait assurer une meil- leure sécurité alimentaire aux populations rurales. Surtout lorsqu’on sait que 70% de la population des pays en voie de déve- loppement vit d'activités agricoles. L’agri- culture familiale dans sa généralité, mais avec ses spécificités, est donc une réponse efficace aux grands défis sociaux et envi- ronnementaux de la planète. Eric Guiot, bénévole
  • 6. La disparition progressive des petites exploitations familiales au profit de l’agrobusiness n'est pas un processus qui s'est imposé du jour au lendemain. Des politiques néolibérales, l’intervention de l’industrie chimique et agro-alimentaire et des cadres juridiques restreints ont sonné le glas de ce métier vital pour la survie de l'humanité. Les exploitations familiales à travers le monde doivent faire face à de nombreux obstacles. Des monopoles agro-alimen- taires dictent les lois : la maximisation du profit et la concurrence déloyale priment sur l'agriculture familiale et la souverai- neté alimentaire. Quelques chiffres parlants 7  : B Dix sociétés contrôlent un tiers du mar- ché des semences B Six sociétés concentrent entre leurs mains 85% du commerce global des céréales B Trois entreprises détiennent 80% de la vente de cacao. On constate donc qu’une poignée de grosses entreprises agro-alimentaires détient une grande partie du pouvoir de production, de transformation et de commercialisation, sans se soucier des conséquences de leurs pratiques sur ces centaines de milliers de paysans qui doivent lutter chaque jour pour leur survie. Ces acteurs s'inscrivent dans une approche purement économique de l'agri- culture. Les produits issus de cette dernière sont réduits à de simples marchandises et la maximisation des profits prime sur les enjeux sanitaires et environnementaux. Dans ce jeu à armes inégales, il est généra- lement impossible aux petits producteurs de combattre ces géants de l’agrobusiness. « Quand le dernier arbre sera abattu la dernière rivière empoisonnée... n° 39 p  Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas » (Proverbe indien) 6 7 Ziegler Jean, « Destruction massive », 2012
  • 7. Si ces multinationales ont aujourd’hui tant de pouvoir c’est qu’elles ont été favorisées par des organismes internationaux tels que l'OMC et l'Union européenne. La PAC et les subsides inéga- lement répartis L'Union européenne a toujours prôné l'in- tensification de l'agriculture au travers de sa Politique Agricole Commune (PAC). Elle a progressivement engendré la chute des prix des denrées alimentaires en compen- sant avec des subsides à la production oc- troyés aux agriculteurs. Mais ces subsides sont très inégalement répartis : 80% pro- fitent à seulement 20% des exploitations, qui sont les plus importantes en termes de superficie terrestre. Les petits agriculteurs du Nord en profitent donc proportionnelle- ment moins. L'agriculture du Sud souffre elle aussi de cette politique déloyale. Les subsides oc- troyés par l’Union européenne ont poussé les agriculteurs du Nord à produire en sur- plus. Certains de ces surplus agricole (lait, tomates, oignons…) sont régulièrement envoyés en Afrique à un prix très bas que les petits paysans du Sud ne peuvent pas concurrencer avec leurs conditions de pro- duction. C’est donc un contexte qui n’est pas viable à long terme pour la petite pay- sannerie qu’elle soit du Sud ou du Nord. Et, malheureusement, la nouvelle réforme de la PAC ne va - pas mettre fin à cette tendance. 8 Notre voix compte Le pouvoir de l'OMC et des sociétés mul- tinationales ne leur est pas tombé du ciel. Il a été construit progressivement par des choix politiques. On pourrait donc imagi- ner renverser cette tendance en prenant d’autres choix politiques. C'est donc aussi à nous, citoyens de faire entendre notre voix. Dans quelques semaines nous serons appelés à voter. Faisons de ce vote, un vote qui compte. Montrons par nos choix poli- tiques que nous voulons protéger l’agri- culture et nos exploitations familiales. Nathalie Dellere, bénévole L'OMC c'est quoi? L'Organisation Mondiale du Commerce a été fondée en 1995 et a succédé au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) créé en 1947. L'OMC a comme mission de régler le commerce entre ses pays membres. Elle s'organise autour de grands cycles de réunions, pour le moment on se trouve dans le « Cycle de Doha ». L'organisation plaide entre autres pour le démantèlement des barrières douanières, la suppression des subventions (à l'agriculture entre autres) et la libéralisation totale des flux commerciaux. Toute entrave au libre marché est à condamner. Les pays qui s'y opposent, en mettant par exemple des taxes sur l'importation, doivent payer. 8 Pour aller plus loin, lire le Défis Sud N° 115 – « Les laissés-pour-compte de la Politique agricole commune » téléchargeable sur www.sosfaim.org. ...alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas » 7 n° 39
  • 8. Archaïque, improductive, non-compétitive. Ces termes sont souvent évoqués lorsqu’on parle d’agriculture familiale. Pourtant, elle peut constituer le berceau de techniques agricoles prometteuses. Au Mali, SOS Faim appuie le Syndicat des Exploitants Agricoles de la zone Office du Niger (SEXAGON), un partenaire qui tente, entre autres, de diffuser chez les paysans une méthode de production de riz à haut rendement, le « système de riziculture intensive » (SRI). Le riz est la deuxième céréale alimentaire la plus cultivée au monde et représente la denrée de base dans de nombreux pays. Traditionnellement, le système de rizicul- ture est un mode de production peu res- pectueux de l’environnement, notamment à cause de sa consommation élevée en eau et en intrants, ainsi que ses rejets de méthane. Par la maîtrise et la mise en application de techniques de cultures complémentaires, une nouvelle méthode de culture du riz, le SRI a élaboré dans les années 80 à Madagascar. Certains paysans ont appli- qué cette méthode et ont vu leurs récoltes doubler voire même tripler, en même temps que se réduisait leur consommation d’eau, de semences et d’intrants externes. Au Mali, SOS Faim appuie un projet d’éva- luation du SRI que le SEXAGON mène avec 45 paysans volontaires. Après éva- luation, il est apparu que les rendements obtenus par les paysans avec le système SRI pourraient atteindre environs 9t/ha contre 4 à 6t/ha avec la pratique paysanne traditionnelle, soit une augmentation de rendement d’environ 30%. Malgré les résultats convaincants de cette technique, sa diffusion reste modeste. C’est sans doute lié à une certaine crainte du changement. Aujourd’hui le défi pour SOS Faim et le SEXAGON consiste donc à vaincre les résistances et à diffuser au maximum cette méthode en s'appuyant sur les dynamiques des communautés paysannes locales. Astrid Ayral, bénévole L’agriculture familiale, un modèle durable et compétitif Zoom sur un projet du SEXAGON au Mali n° 39 i  Faleri Boly, le président du SEXAGON, dans un champ d'oignons. 8 Pour aller plus loin, téléchargez le Dynamiques Paysannes sur la capacité d’adaptation des exploitations familiales : http://www.sosfaim.org/ developpement-rural-FR- publications-dynamiques_ paysannes-dynamiques_ paysannes_agriculture_ familiale.htm
  • 9. SOS Faim est une ONG pionnière en matière d’agriculture familiale. Très tôt elle a orienté ses actions pour définir, défendre et faire évoluer ce mode de production agricole. Des actions qu’elle a menées en partenariat avec les organisations paysannes du Sud. Intéressons-nous à l’évolution de ce combat pour l’agriculture familiale avec Jean-Jacques Grodent, responsable du service Information à SOS Faim. L’agriculture familiale au cœur de nos partenariats i  Pour aller plus loin dans la réflexion sur l’agriculture familiale et avoir plus d’idées concernant nos actions concrètes, téléchargez le Défis Sud N° 117- « Cinquante ans de SOS Faim » sur www.sosfaim.org. 9 n° 39 Pourquoi SOS Faim a décidé de faire de l’agriculture paysanne sa priorité ? Comme l’indique son nom, SOS Faim s’est donnée comme mission d’éradiquer la faim dans le monde depuis ses débuts, mais les premières actions n’étaient pas exclusive- ment portées sur l’agriculture familiale. C’est en 1984, 20 ans après sa création, que SOS Faim décide de centrer sa mis- sion principalement sur le soutien aux organisations paysannes. Comme 70% de la population des pays en voie de dévelop- pement vit dans des zones rurales, encou- rager l’agriculture familiale apparaissait donc comme une perspective intéressante et qui était déjà défendue par les organisa- tions paysannes. C’est d’ailleurs en renforçant les parte- nariats avec ces-dernières que SOS Faim s’est inscrit dans cette vision de l’agri- culture, prônée par les organisations pay- sannes. Elle les a dès lors accompagnées pour réclamer des investissements publics plus importants et faire du soutien à l’agri- culture paysanne une priorité. Quelle agriculture familiale pour demain ? Ce sont sans doute essentiellement les orga- nisations paysannes qui orienteront l’évo- lution de l’agriculture familiale, explique Jean-Jacques Grodent. Entre l’adaptation à un monde qui évolue rapidement et le res- pect des principes de base de l’agriculture familiale, il s’agit aujourd’hui de trouver un équilibre qui protégera cette dernière contre l’hégémonie grandissante des multinatio- nales opérant dans le secteur agricole. SOS Faim continuera donc à accompa- gner les organisations familiales dans cette transformation de l’agriculture paysanne qui, bien plus qu’une technique, constitue un réel réseau de solidarité doublé d’un modèle culturel. Propos recueillis par Mouna Guidri, bénévole
  • 10. Erwin Schöpges et Madame Gariko ont quelques points communs : ils sont tous les deux agriculteurs, ils produisent du lait et aiment leur métier. Mais à part cela, bien des éléments divergent dans leur quotidien respectif. Erwin vit en Belgique et bénéficie de ce fait d’un climat humide et tempéré, idéal pour la production laitière. Les cultures fourragères, c’est-à-dire l’alimentation du bétail, y croissent de manière optimale et les vaches sont de ce fait bien nourries et très productives. Madame Gariko vit quant à elle au Burkina Faso, où les tempéra- tures élevées et la faible pluviométrie ne permettent pas d’obtenir de bons rende- ments fourragers. Erwin possède 70 vaches au sein de son exploitation laitière située dans les Can- tons de l’Est et produit entre 1000 et 1300 litres de lait par jour. Par an, il a le droit de produire 500.000 litres de lait, c’est le quota, autrement dit le volume, imposé par la législation européenne, afin de limi- ter et de stabiliser la production laitière. Il est seul à gérer son troupeau mais il peut compter sur un coup de main familial quand il en a besoin. Grâce à son savoir- faire et à un bon équipement technique, comme des tracteurs et différents intrants agricoles, il parvient à produire le fourrage pour ses bêtes. Il possède également une machine à traire qui mécanise et facilite la traite qu’il doit réaliser deux fois par jour. Son lait est ensuite stocké jusqu’à 3 jours dans un tank réfrigéré, en attendant que le camion de la laiterie passe le prendre afin de le conditionner et de le transformer en lait pasteurisé, en fromage, en yaourt, etc. De l’autre côté du globe, la petite exploi- tation familiale de Madame Gariko ne possède malheureusement pas un tel équipement. Au Burkina Faso, il est dif- ficile de trouver des crédits afin d’investir dans la modernisation d’une exploitation agricole. En plus, l’électricité coûte cher et n’est pas très fiable. Madame Gariko ne peut donc pas stocker son lait de la même façon qu’Erwin. Le lait doit être transfor- mé dans les heures qui suivent la traite au sein d'une mini-laiterie familiale, ce qui n’aide pas à diminuer les coûts. Quand une productrice de lait burkinabé rencontre un producteur de lait belge n° 39 p  Erwin Shöpges est producteur de lait à Amblève. Il est également vice-président de la MIG (Organisation des producteurs de lait) et président de la coopérative FAIRCOOP. 10
  • 11. Son troupeau est composé de 55 animaux, veaux et génisses compris. Seule une tren- taine de vaches adultes sont donc aptes à produire du lait et fournissent environ 20 litres par jour. Une vache de Mme Gariko produit en moyenne 1/10 d’une vache d’Erwin… A côté de cela, une des principales dif- ficultés de Madame Gariko est de vendre son lait à un prix couvrant ses coûts de production. Le marché local est envahi par la poudre de lait européenne dont le prix est artificiellement très bas. La surproduc- tion et l’exportation de ce lait ont en effet été subsidiées par des aides européennes ; il vient donc concurrencer déloyalement le lait local qui ne bénéficie, lui, d’aucune aide. Sur le marché local de Mme Gariko le lait reconstitué à partir de poudre de lait européen coûte 350 francs CFA, contre 500 pour le litre de lait frais local. Heureusement, Madame Gariko a créé un groupement de productrices de lait, com- posé de 60 femmes, afin de lutter pour continuer à produire et à commercialiser leur lait local. La production du Groupe- ment Portal Djama est évaluée à environ 68 000 litres par an, ce qui constitue une source importante de revenus pour l’amé- lioration des conditions de vie et l’autono- misation économique des femmes. Le plus paradoxal, c’est qu’Erwin ren- contre lui aussi des difficultés à vendre son lait à un prix couvrant ses coûts de production. Cela peut paraître étonnant mais à cause de la surproduction le prix de vente du lait sur le marché européen est lui aussi très bas, bien en dessous des coûts de production. Malgré les aides qu’il reçoit de l’Union Européenne et la haute productivité de son exploitation, ce n’est pas évident de joindre les deux bouts. La plupart des fermes familiales européennes sont d’ailleurs dans la même situation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Belgique a perdu 75% de ses fermes depuis 1950 ! Malheureusement, comme aime le pro- clamer Madame Gariko : « La prochaine bombe sera la bombe alimentaire ». Alors, pour éviter qu’elle nous éclate à la figure, il existe pour elle, comme pour Erwin, une formule miracle pour soutenir la petite agriculture: manger local et privilégier les filières courtes. Sylvie Guillaud, bénévole f  Korotoumou Gariko est productrice de lait au Burkina Faso. Elle est à la tête du Groupement féminin Potal Djama et de l’Union des mini-laiteries et des productrices de lait local. 11 n° 39
  • 12. 39 Aimons la terre pour ce qu’elle nous donne ! L’agriculture familiale n’est pas propre aux pays du Sud : Denis Dal est un petit cultivateur à la ferme du Trieu à Joncret (Province du Hainaut). Il travaille notamment pour les GASAPS (Groupe d’Achats Solidaire de l’Agriculture Paysanne) à Bruxelles. SOS Faim : Pourquoi avoir choisi le métier d’agriculteur ? D.D. : J’étais étudiant à l’Ecole de Recherche Graphique de Bruxelles où j’apprenais la pein- ture et la photographie. Le week-end, je ren- trais chez ma mère qui possédait un terrain. Cette terre m’attirait beaucoup, je me deman- dais ce qu’elle pourrait m’apporter. J’ai pris cette attirance comme un signe et ai décidé de faire ce que la vie me dictait : cultiver la terre en la respectant. Elle ne m’a pas déçu. SOS Faim : Quelles sont les principales difficultés à franchir pour devenir cultivateur ? D.D. : J’ai dû tout apprendre sur le tas. Il me fallait aussi un accès à une terre bio car le potager du début ne pouvait pas suffire, et ce n’est pas si simple à trouver ! Acquérir du matériel ne s’est pas non plus fait en cla- quant des doigts. Et puis, il me fallait assez de rentrées pour pouvoir prendre le statut d’indépendant. J’ai été pris quelquefois pour un rigolo et montré du doigt parce que je voulais produire du bio. Aujourd’hui, je suis respecté dans la profession. SOS Faim : Que représentent pour vous les groupements d’achats et autres associations de citoyens ? D.D. : Ils sont très importants. C’est grâce à mon épouse Nathalie, véritable pilier dans notre ferme et notre famille, que tout a com- mencé puisque mon premier groupe d’achats était constitué de ses amis. Les GASAPS m’assurent un revenu annuel stable vu qu’ils s’engagent à acheter mes produits pendant un an. Leur soutien m’est donc essentiel. Il y a une vraie relation entre les consommateurs et moi, le producteur. SOS Faim : Comment envisagez-vous l’avenir ? D.D. : Je vais continuer à privilégier les cir- cuits courts en travaillant directement avec des citoyens conscients de l’importance d’une nourriture de saison et de proximité et qui soutiennent les petits producteurs comme moi. L’agriculture est le premier métier du monde, il serait dommage de le gâcher ! [ Et vous ? ] i Les membres du GASAP viennent parfois donner un coup de main à la ferme. Editeurresponsable :FreddyDestrait,RueauxLaines,4-1000Bruxelleswww.debie.com Vous pouvez également soutenir l’agriculture familiale au Sud, en soutenant SOS Faim de diverses manières : bénévolat, relais d’opinion, dons… Retrouvez-nous sur www.sosfaim.org ou via notre page Facebook !