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1967-1969
Jean-Claude Woog
Le paysage
Oui, la charge était lourde. On n’imagine pas à quel point le paysage déontologique des
années 1950 était austère.

A cette époque, la discipline de l’avocat était ferme, très bonne pratique certes, mais les
règles en étaient bien exiguës, comme en attestent quelques exemples. Nous ne pouvions pas
recevoir l’adversaire. Nous ne pouvions pas nous rendre librement dans les administrations.
Nous ne pouvions pas participer à toutes les phases de la vie des affaires. La liberté de se
grouper était très restreinte.

Les singulières techniques d’Eric Azoulay
Eric Azoulay est un avocat de première ligne, compétent, talentueux et habile. Il a toujours
su gagner les subconscients et je le soupçonne même d’émettre à ses heures perdues des ima-
ges subliminales. Il nous a subtilement attirés en nous demandant de citer les moments forts
de notre présidence et, aussitôt après, il a eu l’imprudence d’ajouter la référence à des anec-
dotes marquantes.

L’anecdote
Ne conseillez donc jamais aux avocats de recourir aux anecdotes. Nous en avons fait le plein
et c’est toujours l’hésitation qui saisit les enseignants face aux élèves des CRFPA ! Faut-il
raconter nos histoires d’anciens combattants ou faut-il faire du droit ? Je m’efforcerai d’in-
tercaler dans mes écrits quelques moments plus marquants sans être pathétique.

Mes modèles
J’eus pour prédécesseur immédiat Gérard de GUBERNATIS. Tout pouvait nous séparer. Le
roturier rencontrait l’aristocrate. Ce dernier était un seigneur, fils de bâtonnier, issu d’une
grande famille remontant au royaume de Savoie. Puis, sur le plan de l’idéologie, nous pou-
vions aussi être marqués par quelques oppositions. Il affirmait volontiers qu’il avait trois maî-
tres, Aristote, Saint-Thomas et Maurras. Comme j’ai le tempérament porté à la conciliation
- pas à la médiation nenni ! - je lui consentis mon accord quant aux deux premiers seule-
ment. Moyennant quoi j’ai trouvé en lui un maître de culture et d’esprit. Je lui dois beaucoup.

Puisque j’ai pratiqué une incursion dans le domaine affectif, j’éprouve le besoin de célébrer
quelques amis que j’ai eu le bonheur de connaître.

16
Le chef de file, bien sûr, Henri DELMONT. Sans lui, rien ne serait. Il m’a enseigné le cou-
rage et le sens de l’opportunité.

Puis ce fut celui qui m’a introduit à l’UJA et à la FNUJA, Albert ZURFLUH, sagacité et dis-
crétion aux confins helvétiques, excellent juriste - mais oui, un avocat, déjà, pouvait être
juriste - il m’a entraîné, conseillé, montré la voie, à l’UJA, puis l’Ordre pour l’enseignement.
J’entends encore ses métaphores qui faisaient florès. Ainsi, pour flétrir l’inaction : “C’est
comme les carabiniers d’Offenbach, qui dans les opérettes, disent toujours qu’ils vont tirer,
mais qui ne tirent jamais”. Ou bien, pour se gausser de l’immobilisme il observait que “rien
n’avait évolué d’Agamemnon à Louis-Philippe”.


Jean-Paul CLÉMENT, le plus présent des amis. A qui l’on pouvait se raccrocher les jours
d’inquiétude, parce qu’il avait avis sur tout et parce qu’il est bienveillant. Une compétence
extrême en matière de franchisage. Une imagination rayonnante, une activité fertile et pas-
sionnée, créatrice dans les domaines les plus variés.

Didier CAYOL qui, avant d’être aujourd’hui le maître des eaux, était spécialisé en procédure,
en déontologie, en bons usages, aussi chaleureux que compétent et excellent stratège finan-
cier à ses heures. Il l’est demeuré, dans toutes les instances professionnelles où il jouera un
rôle si important.

Jean-Marie LELOUP, qui est le fondateur de l’université d’été, passionné d’enseignement, et
qui, avocat largement internationaliste, savait faire oublier l’étendue de sa science par une
amitié toujours proche à l’affût de l’autre et aussi par une culture dont l’étendue ne cesse de
nous impressionner.

Pierre GATÉ, dont le mérite est d’avoir affronté plusieurs horizons, la médiation, les loisirs,
la région, la nature. Il le prouve encore.

Claude CHAMBONNAUD avait dû se jurer de réussir ses entreprises, tout en se montrant
odieux. C’est ce qu’il fit avec volupté, même avec ostentation et je le détestai aussitôt, autant
que j’ai pu par la suite l’aimer et l’admirer. Un homme d’esprit, courageux, talentueux, créa-
teur, qui serait même modeste à ses heures.

J’ai connu la rigueur juridique auprès de Pierre MOREAU, aujourd’hui personnage essentiel
dans le fonctionnement du Conseil national des barreaux.

Puis la rigueur des mœurs, incarnée par Bernard CAHEN, aux multiples facettes, moralisa-
teur écouté, détenteur de la règle d’or et maître en gastronomie, orale et écrite, entre autres
talents.

La FNUJA a encore fourni d’autres bons produits.

J’entends d’abord faire référence à Paul-Albert IWEINS, notre bâtonnier bien aimé !

                                                                                              17
II faut ensuite remarquer Edouard de LAMAZE, dont on fit un Délégué Interministériel
aux Professions Libérales.

Parmi ceux qui ne sont plus, je citerai d’abord Alain CAILLE, lequel, sous des dehors bri-
tanniques, nous regardait silencieusement, quelque peu ironiquement, étrange volcan qui
paraissait éteint, pour à la fin projeter sa coulée de lave faite d’esprit et de compétence.

J’ai perçu la classe, chez Claude MONTIGNY.

La finesse de la stratégie, chez André BRUGUIÈRE.


Pierre-André RENAUD fut mon complice pendant de longues années. On nous comparait
volontiers à De Gaulle et Pompidou. C’était l’époque. Et, comme Stuart Mill a constaté que
l’homme croit ce qu’il craint ou ce qu’il espère, j’ai fini par ne pas rejeter trop brutalement
cette comparaison. Sa souplesse faisait passer mon caractère trop souvent exécrable.
Langage-portrait, une boutade toujours prête, il assassinait quelqu’un en toute sympathie, à
travers quelques secondes. Le retour au réalisme se faisait avec les mêmes méthodes. Nous
pratiquions ensemble une stratégie qui ne fut pas innocente : nous feignions d’être crispés
dans le désaccord le plus profond, le plus violent, pour faire admettre nos idées. Les autres
voulaient alors nous réconcilier. Notre montage fonctionnait très bien et, de guerre lasse, nos
idées passaient.


Mon silence sur les autres ne doit pas être interprété comme une censure. Je les aime tous,
pour autant qu’ils aient fait preuve de qualités humaines et professionnelles, d’amour, de
courage et de dignité.

Un mot particulier, cependant, pour Xavier-Jean KEITA, qui m’a désigné comme parrain et
comme mascotte. Je suis très fier d’être mascotte. Jamais je n’aurais pensé que cela puisse
m’arriver.

L’odieux serpent de mer, Paris et province
Ma première réaction fut de tenter de lutter contre cet antagonisme que l’Histoire connaît
bien entre parisiens et provinciaux. Jean DESCAMPS m’avait dit un jour que j’étais le plus
provincial des parisiens. Propos bien lourd de signification, peut-être péjoratif après tout.

Quoi qu’il en soit, j’organisai d’abord une journée avec le si regretté Michel CRÉHANGE,
aux confins de la Lorraine et de l’Alsace, Lorraine d’abord parce qu’il commençait toujours
par citer la Lorraine. Puis auprès de Pierre GATÉ à Angers. Puis de Michèle BESANÇON,
à Besançon bien entendu.




18
Un dîner pédagogique
L’une de mes épreuves les plus difficiles fut ma soirée à Nancy. Nancy a toujours été une
ville très profonde, très sûre, mais aussi très froide. Michel SCHAMBER, Directeur du
CRFPA, citait même l’anecdote de cet ancien bâtonnier qui rencontre dans un couloir l’un
de ses confrères, lequel l’interpelle aimablement : “Justement je voulais vous voir. Eh bien,
lui répondit-il, vous m’avez vu.”

Au cours de ce dîner j’évoquai les préoccupations qui m’étaient chères, notamment la spé-
cialisation professionnelle. Je fus alors apostrophé par un de nos confrères nancéiens qui
avait assurément bonne allure et qui me tint en quelque sorte ce langage : “Spécialité, ouais,
rien d’intéressant. Nous savons tout. J’objectai timidement : Mais vous pouvez avoir à débat-
tre devant un magistrat qui en connaît beaucoup plus que vous. Réponse : Les magistrats,
ils ne savent rien. Enfin, dernière ressource, bien pauvre : et le client ? Le client, nous som-
mes là pour le rassurer. Rentrez chez vous, ne vous faites pas de souci, faut-il lui dire.” On
ne fait pas mieux en matière de repartie très spirituelle. A la réponse substantielle se substi-
tue l’un de ces bons mots qui, puisant leur racine dans l’esprit dit esprit gaulois, font rire les
foules et évincent la difficulté.

Lorsque j’écris ces lignes trente ans après, je me dis : Est-ce que je n’ai pas rêvé ? N’était-ce
pas là une méchante caricature de cet avocat de parade dont l’image nous faisait tant de mal ?
Eh, bien, je l’ai supportée. Bien pis, personne, parmi les membres de l’UJA locale, ne s’était
levé pour me porter secours. Superbe blessure narcissique. 43 ans après, j’y pense encore.
Mais quelle leçon aussi ! J’allais savoir tirer profit de l’expérience.

Les préliminaires des réformes
A l’époque, nos préoccupations essentielles étaient la spécialisation professionnelle, la parti-
cipation à la formation professionnelle, l’organisation horaire de la justice, les groupements
d’avocats, dans lesquels, déjà, Philippe JACOB faisait recette à travers les polygones variés
issus de ses figures complexes.

Mais, surtout, c’était l’époque du bouillonnement des réformes. De plus en plus, nos amis
avoués avaient pu créer des monopoles, par exemple devant le juge des référés, pour intro-
duire une procédure. Puis ils prenaient des libertés en écrivant dans les projets de jugement
“Ouï maître x...”, avocat inconnu ou absent, pour montrer que l’avoué passait le dossier en
l’absence d’avocat, lorsque la présence de ce dernier n’était pas absolument indispensable.
En réalité, nous serions devenus à court terme des “barristers”, mais des “barristers” sans
clients. La réforme des professions judiciaires était absolument nécessaire et urgente.




                                                                                               19
Mai 1968
Puis il fallut traverser la tourmente de Mai 1968. Notre congrès était prévu pour mai. J’avais
à l’époque une collaboratrice de grande classe qui me dit par une après-midi ensoleillée
“Permettez-moi d’emmener une de nos dactylos. Pourquoi faire ? Aux Champs Elysées,
pour contester. Contester quoi ?” J’ai dû écarquiller les yeux. Enfin, j’ai compris que je n y
comprenais rien et que je n’étais pas dans le coup. C’était mai 1968. Je n’avais peut-être pas
d’option politique bien précise, mais, ce beau jour de Mai, cela a commencé à se faire jour.
Surtout, lorsque notre beau congrès, un an de travail, fut reporté. Je voulais, à tout prix, le
maintenir. L’UJA de Paris me résistait. Notre Bâtonnier aussi. Je dus m’incliner. Griefs qui
relèvent sous doute d’un ordre subjectif !

C’était, il est vrai, l’époque où l’on entendait des choses merveilleuses, par exemple en ce jour
inoubliable, où, devant 400 avocats en robe dans la bibliothèque, un de nos confrères eut le
malheur de dire “Les femmes”, pour s’attirer la riposte dont le souvenir demeure : “Mon
cher Confrère, il n’y a pas de sexe sous la robe”. Dont acte.

Je me montre néanmoins quelque peu ingrat envers cette agitation, parce que les événements
de mai devaient décider de notre sort, comme on va le voir.

Printemps 1968
Un nouveau ministre, dont je n’ai jamais oublié la chaleur, l’humanité, l’agilité spirituelle,
René CAPITANT et son directeur de cabinet ROZIER. Je fus convoqué devant le Garde
des Sceaux, accompagné, bien entendu, de l’inévitable Pierre-André RENAUD. Moi tout
seul, devant le des Sceaux ! Inimaginable à mes propres yeux. Je lui exposai les difficultés de
nos procédures et je lui fournis comme modèle l’assignation à jour fixe. Nous avons failli
l’obtenir. Mais, pour mettre en place l’institution, il manquait, à l’époque, à Paris, un juge, un
greffier et une secrétaire. Cependant, la procédure fut nettement améliorée et les décrets de
1971 le prouvèrent bien.


La psychopathologie des prérogatives

Nous avons continué nos travaux sur la réforme. Il existait à l’époque un groupement
innommé, comportant le Bâtonnier de Paris, la Conférence des bâtonniers, l’association
nationale des avocats, l’ANA, devenue CNA, et moi. Je m’efforçais de tenir ma place, mais
j’avais souvent le sentiment de découvrir ce que j’ai appelé plus tard la psychopathologie des
prérogatives “C’est moi qui ai vu le premier le Garde des Sceaux. Mais c’est moi qui, ai vu
le premier le Président de l’Assemblée nationale”. Cela me rappelait certaines scènes célè-
bres du film Le dictateur, lorsque Benito Mussolini et Adolph Hitler, dans le salon de coif-
fure, élèvent peu à peu leur fauteuil respectif pour être le plus élevé des deux.


20
La réforme
Grande réforme, qui engloberait les conseils juridiques ? Petite réforme, limitée aux profes-
sions judiciaires ?

Certes, si à l’époque nous avions eu la grande réforme, il ne serait pas né une organisation
structurée de conseils juridiques. En revanche, est-ce que la profession était mûre à cette fin ?

Nous eûmes déjà assez de difficultés à faire admettre dans les faits ce que l’on appelait la
petite réforme, c’est-à-dire la réforme de l’unification des professions judiciaires, avocats,
avoués et agréés.

Puis on créa des commissions. J’étais assurément très impressionné. Et puis il me fallut par-
ler. Cet homme qui parlait, était-ce bien moi ? N’y-avait-il pas là un étrange dédoublement
de la personnalité ? Le Président de la FNUJA qui parlait, et moi qui l’écoutais ? Comme on
le dit, trop commodément, la fonction crée l’organe.

La durée de la présidence
Ces deux années, passées sous le signe de Mai 1968, puis des réformes, avaient aspiré nos
forces vives.

C’est là que la sagesse et la conscience du devoir de nos successeurs, le souci de leurs actions,
la prise en compte de leur disponibilité, entraîna notre décision de faire réduire la durée de
la présidence à une année.

Un défi qu’il fallait relever
C’est à cette occasion que je dus après cela relever un défi, au cours d’une des périodes les
plus exaltantes de mon cursus FNUJA et de ses suites. On entendait souvent à l’époque,
mais ce mal a en partie disparu, “ah oui, l’UJA, des beaux parleurs, des poètes, des doux
rêveurs mais incapables de réaliser ce qu’ils ont imaginé.” J’étais assurément concerné. Mais
au-delà de moi, je pensais bien que j’avais la charge de soutenir nos couleurs et de chasser
cette réputation de jeunes bavards fantaisistes.

Je suis obligé de m’en référer sur ce point déjà, au centre de formation professionnelle.

Notre cher bâtonnier Bernard BAUDELOT me dit : “Woog, ... la procédure, vous connais-
sez, n’est-ce pas, vous pouvez nous faire une assignation-type du modèle classique et une
assignation-type à jour fixe. Puis, comme vous entretenez des relations amicales avec Pierre
Bellet, Président du tribunal, demandez-lui donc son avis”. C’est ce que je fis en quelques
jours, et un peu tremblant, j’allai voir Pierre BELLET, qui réunit sur-le-champ neuf magis-
trats spécialisés et ce furent les neuf chapitres du Livre de Procédure de l’Ordre et du Centre,


                                                                                              21
rapidement dénommé, en raison de sa couleur, Livre noir. Pendant six mois, grâce à une
équipe extraordinaire qui marqua ici le vrai sens de l’effort commun qui animait des avocats,
des avoués et des juges. Que de conscience, d’intelligence créatrice, et d’amour de son pro-
chain !

Juin 1972
Le Livre noir était prêt. C’est a posteriori que j’ai encore mieux saisi la passion et l’affection
qui peuvent animer un groupe bien soutenu. Oh ! Assurément, je connaissais un peu déjà la
procédure. Néanmoins, je puis vous affirmer que, au sortir de l’expérience, il y avait au moins
un bénéficiaire, c’était moi. Mais la profession fut rassurée. Nous avions relevé le défi. Nous
avions tenu le pari. L’honneur de l’UJA était sauf.

C’est ici que, dans le même mouvement, j’ai continué mon articulation sur la formation pro-
fessionnelle. Je pris l’habitude d’initier nos confrères aux pratiques de la réforme, tâche
encore plus passionnante.

L’honneur de l’UJA était sauf. Mais, allons, il est temps pour moi de ranger cet ego récur-
rent et honteusement tenace !

Une confession, confidentielle bien entendu
Le souci d’authenticité nous invite à ne pas nous en tenir aux faits qui nous honorent. Or,
je dois une confession. Trente années après, c’est peut-être après tout prescrit.

C’était au congrès de Colmar, en 1972. A la soirée de clôture se trouvaient deux dames,
inconnues de moi. Elles étaient peut-être belles. Mais je n’en ai aucun souvenir. Je me rap-
pelle seulement qu’elles se trouvaient là en robe de soirée, très dignes, très élégantes.

Voilà que l’un de nos confrères se mit à les asperger d’eau, tenant à sa main une bouteille
menaçante d’eau de Vittel. Je lui demandai courtoisement de bien vouloir cesser ce jeu. Mais
c’était peu après 1968 et tout était permis, n’est-il pas vrai ?

Comme notre confrère était insensible à mes demandes, que pouvais-je faire ? Un référé ?
Mais il n’ y a pas de référé dans un restaurant des Vosges, pas plus qu’ailleurs. Ne pouvant
supporter un tel spectacle, j’attrapai le congressiste en question par la cravate. Derrière lui se
trouvaient deux vantaux, qui se situaient dans une ouverture donnant apparemment accès
aux cuisines.

Je l’ai jeté contre les deux vantaux et il a atterri dans les cuisines. J’avoue que, sur le moment,
j’ai craint de l’avoir blessé. Mais, une fois que je l’eus aidé à se relever, j’ai pensé que cela avait
tout de même été le seul moyen concret d’assurer notre dignité.



22
Aussi, je ne regrette rien. Que l’on oublie ce western, couvert par l’amnistie. Le contenu ces
anecdotes saura-t-il satisfaire Eric AZOULAY ?

La vie spirituelle
Les anecdotes, toutefois, ne suffisent pas.

Nous avions aussi des activités annexes, telles que les colloques, les rencontres les publica-
tions.

J’eus la joie de contribuer à la naissance de la Revue de l’UJA. Cette magnifique invention de
l’UJA de Paris se répandit dans plusieurs villes de province. Nous perdions là encore, peu à
peu, la trace de ce conflit Paris Province qui revient trop souvent comme une si perfide
antienne.

Le rayonnement de la FNUJA
La FNUJA, c’est plus que l’instant présent. Elle engendre une idéologie commune, un désir
d’action et elle suscite des amitiés durables. Elle secrète notre foi et notre volonté d’essaimer
dans les réseaux les plus divers qui garantissent la sauvegarde et l’essor de notre profession.

La FNUJA est un creuset pour les Conseils de l’Ordre, pour les Carpa, pour les activités
diverses des avocats.

L’apport permanent de la présidence de la FNUJA
Plus particulièrement, dans les CRFPA, j’ai retrouvé nombre de nos amis, dont Jean-Paul
CLÉMENT et Philippe COVILLARD. Ils n’ont pas ménagé leur peine pour construire cette
formation, si nécessaire, si difficile. D’autres exemples, ceux-ci contemporains, sont ceux de
Georges PÉRIDIER et de Xavier CIRADE qui, respectivement aux CRFPA de Montpellier
et Versailles, maintiennent notre idéal avec ardeur et perspicacité.

La présidence de la FNUJA, c’est plus qu’un moment de ma vie. C’est une construction de
mon existence, qui a collé à ma peau comme j’ai adhéré au personnage. Des années après,
on me dit : “Ah ! Mais n’est-ce pas vous qui étiez le président de la FNUJA ?” Ainsi, j’ai
peut-être fabriqué d’autres choses dans mon existence, mais c’est la FNUJA dont on se sou-
vient et j’en suis fier. Pourquoi ? Parce que la présidence de la FNUJA a été pour moi l’ou-
verture, le socle, le moteur, la motivation.

Ce sont cette fonction et cette activité qui n’ont pas cessé de m’habiter. Je n’oublie pas les
amis que je m’y suis faits. Je n’oublie pas tout ce que je dois à ma profession, et, plus parti-
culièrement, à cette présidence. Qu’ai-je fait pour les autres ? Ils le diront. Ils ont fait pour
moi. Ici, c’est moi qui proclame, parce que j’en suis seul juge.

                                                                                              23
La rançon et l’amitié
Mais, la présidence de la FNUJA, c’est aussi quelquefois un poids qu’il faut supporter. J’ai
rencontré, comme tout un chacun, de nombreuses difficultés parce que certains voulaient
s’affranchir de moi ou tout au moins atteindre mes pouvoirs et mes initiatives.

Bien entendu, lorsqu’on rencontre une difficulté, on a tendance à chercher un alibi. Nous
devons savoir admettre que nous pouvons avoir -et c’est heureux- des ennemis, des adver-
saires, du moins des personnes qui ne partagent pas notre opinion.

Mais, parfois, l’opposition a pour origine des facteurs idéologiques et tel est bien le cas ici
dans la mesure où je me suis rendu compte qu’à travers moi, même des années après, on en
voulait encore à l’UJA d’avoir conduit son action. Nous avons assumé.

C’est là que nous retrouvons toujours le sens de notre amitié. Je n’aime pas l’emploi de l’ad-
jectif confraternel parce qu’il recouvre des devoirs hétérogènes et parfois imaginaires. Je
n’apprécie pas davantage le terme solidarité, parce qu’il a été employé pour soutenir un zèle
politique, connotation à laquelle je n’adhère pas toujours.

Mais, ici, j’ai apprécié la présence et l’action de tous nos amis qui m’ont aidé à faire front. Ce
soutien, nous le devons aujourd’hui, avec bonheur, à Jean-Luc MEDINA, objet de notre
infinie confiance.




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Jean-Claude Woog - Ancien Président de la FNUJA

  • 1. 1967-1969 Jean-Claude Woog Le paysage Oui, la charge était lourde. On n’imagine pas à quel point le paysage déontologique des années 1950 était austère. A cette époque, la discipline de l’avocat était ferme, très bonne pratique certes, mais les règles en étaient bien exiguës, comme en attestent quelques exemples. Nous ne pouvions pas recevoir l’adversaire. Nous ne pouvions pas nous rendre librement dans les administrations. Nous ne pouvions pas participer à toutes les phases de la vie des affaires. La liberté de se grouper était très restreinte. Les singulières techniques d’Eric Azoulay Eric Azoulay est un avocat de première ligne, compétent, talentueux et habile. Il a toujours su gagner les subconscients et je le soupçonne même d’émettre à ses heures perdues des ima- ges subliminales. Il nous a subtilement attirés en nous demandant de citer les moments forts de notre présidence et, aussitôt après, il a eu l’imprudence d’ajouter la référence à des anec- dotes marquantes. L’anecdote Ne conseillez donc jamais aux avocats de recourir aux anecdotes. Nous en avons fait le plein et c’est toujours l’hésitation qui saisit les enseignants face aux élèves des CRFPA ! Faut-il raconter nos histoires d’anciens combattants ou faut-il faire du droit ? Je m’efforcerai d’in- tercaler dans mes écrits quelques moments plus marquants sans être pathétique. Mes modèles J’eus pour prédécesseur immédiat Gérard de GUBERNATIS. Tout pouvait nous séparer. Le roturier rencontrait l’aristocrate. Ce dernier était un seigneur, fils de bâtonnier, issu d’une grande famille remontant au royaume de Savoie. Puis, sur le plan de l’idéologie, nous pou- vions aussi être marqués par quelques oppositions. Il affirmait volontiers qu’il avait trois maî- tres, Aristote, Saint-Thomas et Maurras. Comme j’ai le tempérament porté à la conciliation - pas à la médiation nenni ! - je lui consentis mon accord quant aux deux premiers seule- ment. Moyennant quoi j’ai trouvé en lui un maître de culture et d’esprit. Je lui dois beaucoup. Puisque j’ai pratiqué une incursion dans le domaine affectif, j’éprouve le besoin de célébrer quelques amis que j’ai eu le bonheur de connaître. 16
  • 2. Le chef de file, bien sûr, Henri DELMONT. Sans lui, rien ne serait. Il m’a enseigné le cou- rage et le sens de l’opportunité. Puis ce fut celui qui m’a introduit à l’UJA et à la FNUJA, Albert ZURFLUH, sagacité et dis- crétion aux confins helvétiques, excellent juriste - mais oui, un avocat, déjà, pouvait être juriste - il m’a entraîné, conseillé, montré la voie, à l’UJA, puis l’Ordre pour l’enseignement. J’entends encore ses métaphores qui faisaient florès. Ainsi, pour flétrir l’inaction : “C’est comme les carabiniers d’Offenbach, qui dans les opérettes, disent toujours qu’ils vont tirer, mais qui ne tirent jamais”. Ou bien, pour se gausser de l’immobilisme il observait que “rien n’avait évolué d’Agamemnon à Louis-Philippe”. Jean-Paul CLÉMENT, le plus présent des amis. A qui l’on pouvait se raccrocher les jours d’inquiétude, parce qu’il avait avis sur tout et parce qu’il est bienveillant. Une compétence extrême en matière de franchisage. Une imagination rayonnante, une activité fertile et pas- sionnée, créatrice dans les domaines les plus variés. Didier CAYOL qui, avant d’être aujourd’hui le maître des eaux, était spécialisé en procédure, en déontologie, en bons usages, aussi chaleureux que compétent et excellent stratège finan- cier à ses heures. Il l’est demeuré, dans toutes les instances professionnelles où il jouera un rôle si important. Jean-Marie LELOUP, qui est le fondateur de l’université d’été, passionné d’enseignement, et qui, avocat largement internationaliste, savait faire oublier l’étendue de sa science par une amitié toujours proche à l’affût de l’autre et aussi par une culture dont l’étendue ne cesse de nous impressionner. Pierre GATÉ, dont le mérite est d’avoir affronté plusieurs horizons, la médiation, les loisirs, la région, la nature. Il le prouve encore. Claude CHAMBONNAUD avait dû se jurer de réussir ses entreprises, tout en se montrant odieux. C’est ce qu’il fit avec volupté, même avec ostentation et je le détestai aussitôt, autant que j’ai pu par la suite l’aimer et l’admirer. Un homme d’esprit, courageux, talentueux, créa- teur, qui serait même modeste à ses heures. J’ai connu la rigueur juridique auprès de Pierre MOREAU, aujourd’hui personnage essentiel dans le fonctionnement du Conseil national des barreaux. Puis la rigueur des mœurs, incarnée par Bernard CAHEN, aux multiples facettes, moralisa- teur écouté, détenteur de la règle d’or et maître en gastronomie, orale et écrite, entre autres talents. La FNUJA a encore fourni d’autres bons produits. J’entends d’abord faire référence à Paul-Albert IWEINS, notre bâtonnier bien aimé ! 17
  • 3. II faut ensuite remarquer Edouard de LAMAZE, dont on fit un Délégué Interministériel aux Professions Libérales. Parmi ceux qui ne sont plus, je citerai d’abord Alain CAILLE, lequel, sous des dehors bri- tanniques, nous regardait silencieusement, quelque peu ironiquement, étrange volcan qui paraissait éteint, pour à la fin projeter sa coulée de lave faite d’esprit et de compétence. J’ai perçu la classe, chez Claude MONTIGNY. La finesse de la stratégie, chez André BRUGUIÈRE. Pierre-André RENAUD fut mon complice pendant de longues années. On nous comparait volontiers à De Gaulle et Pompidou. C’était l’époque. Et, comme Stuart Mill a constaté que l’homme croit ce qu’il craint ou ce qu’il espère, j’ai fini par ne pas rejeter trop brutalement cette comparaison. Sa souplesse faisait passer mon caractère trop souvent exécrable. Langage-portrait, une boutade toujours prête, il assassinait quelqu’un en toute sympathie, à travers quelques secondes. Le retour au réalisme se faisait avec les mêmes méthodes. Nous pratiquions ensemble une stratégie qui ne fut pas innocente : nous feignions d’être crispés dans le désaccord le plus profond, le plus violent, pour faire admettre nos idées. Les autres voulaient alors nous réconcilier. Notre montage fonctionnait très bien et, de guerre lasse, nos idées passaient. Mon silence sur les autres ne doit pas être interprété comme une censure. Je les aime tous, pour autant qu’ils aient fait preuve de qualités humaines et professionnelles, d’amour, de courage et de dignité. Un mot particulier, cependant, pour Xavier-Jean KEITA, qui m’a désigné comme parrain et comme mascotte. Je suis très fier d’être mascotte. Jamais je n’aurais pensé que cela puisse m’arriver. L’odieux serpent de mer, Paris et province Ma première réaction fut de tenter de lutter contre cet antagonisme que l’Histoire connaît bien entre parisiens et provinciaux. Jean DESCAMPS m’avait dit un jour que j’étais le plus provincial des parisiens. Propos bien lourd de signification, peut-être péjoratif après tout. Quoi qu’il en soit, j’organisai d’abord une journée avec le si regretté Michel CRÉHANGE, aux confins de la Lorraine et de l’Alsace, Lorraine d’abord parce qu’il commençait toujours par citer la Lorraine. Puis auprès de Pierre GATÉ à Angers. Puis de Michèle BESANÇON, à Besançon bien entendu. 18
  • 4. Un dîner pédagogique L’une de mes épreuves les plus difficiles fut ma soirée à Nancy. Nancy a toujours été une ville très profonde, très sûre, mais aussi très froide. Michel SCHAMBER, Directeur du CRFPA, citait même l’anecdote de cet ancien bâtonnier qui rencontre dans un couloir l’un de ses confrères, lequel l’interpelle aimablement : “Justement je voulais vous voir. Eh bien, lui répondit-il, vous m’avez vu.” Au cours de ce dîner j’évoquai les préoccupations qui m’étaient chères, notamment la spé- cialisation professionnelle. Je fus alors apostrophé par un de nos confrères nancéiens qui avait assurément bonne allure et qui me tint en quelque sorte ce langage : “Spécialité, ouais, rien d’intéressant. Nous savons tout. J’objectai timidement : Mais vous pouvez avoir à débat- tre devant un magistrat qui en connaît beaucoup plus que vous. Réponse : Les magistrats, ils ne savent rien. Enfin, dernière ressource, bien pauvre : et le client ? Le client, nous som- mes là pour le rassurer. Rentrez chez vous, ne vous faites pas de souci, faut-il lui dire.” On ne fait pas mieux en matière de repartie très spirituelle. A la réponse substantielle se substi- tue l’un de ces bons mots qui, puisant leur racine dans l’esprit dit esprit gaulois, font rire les foules et évincent la difficulté. Lorsque j’écris ces lignes trente ans après, je me dis : Est-ce que je n’ai pas rêvé ? N’était-ce pas là une méchante caricature de cet avocat de parade dont l’image nous faisait tant de mal ? Eh, bien, je l’ai supportée. Bien pis, personne, parmi les membres de l’UJA locale, ne s’était levé pour me porter secours. Superbe blessure narcissique. 43 ans après, j’y pense encore. Mais quelle leçon aussi ! J’allais savoir tirer profit de l’expérience. Les préliminaires des réformes A l’époque, nos préoccupations essentielles étaient la spécialisation professionnelle, la parti- cipation à la formation professionnelle, l’organisation horaire de la justice, les groupements d’avocats, dans lesquels, déjà, Philippe JACOB faisait recette à travers les polygones variés issus de ses figures complexes. Mais, surtout, c’était l’époque du bouillonnement des réformes. De plus en plus, nos amis avoués avaient pu créer des monopoles, par exemple devant le juge des référés, pour intro- duire une procédure. Puis ils prenaient des libertés en écrivant dans les projets de jugement “Ouï maître x...”, avocat inconnu ou absent, pour montrer que l’avoué passait le dossier en l’absence d’avocat, lorsque la présence de ce dernier n’était pas absolument indispensable. En réalité, nous serions devenus à court terme des “barristers”, mais des “barristers” sans clients. La réforme des professions judiciaires était absolument nécessaire et urgente. 19
  • 5. Mai 1968 Puis il fallut traverser la tourmente de Mai 1968. Notre congrès était prévu pour mai. J’avais à l’époque une collaboratrice de grande classe qui me dit par une après-midi ensoleillée “Permettez-moi d’emmener une de nos dactylos. Pourquoi faire ? Aux Champs Elysées, pour contester. Contester quoi ?” J’ai dû écarquiller les yeux. Enfin, j’ai compris que je n y comprenais rien et que je n’étais pas dans le coup. C’était mai 1968. Je n’avais peut-être pas d’option politique bien précise, mais, ce beau jour de Mai, cela a commencé à se faire jour. Surtout, lorsque notre beau congrès, un an de travail, fut reporté. Je voulais, à tout prix, le maintenir. L’UJA de Paris me résistait. Notre Bâtonnier aussi. Je dus m’incliner. Griefs qui relèvent sous doute d’un ordre subjectif ! C’était, il est vrai, l’époque où l’on entendait des choses merveilleuses, par exemple en ce jour inoubliable, où, devant 400 avocats en robe dans la bibliothèque, un de nos confrères eut le malheur de dire “Les femmes”, pour s’attirer la riposte dont le souvenir demeure : “Mon cher Confrère, il n’y a pas de sexe sous la robe”. Dont acte. Je me montre néanmoins quelque peu ingrat envers cette agitation, parce que les événements de mai devaient décider de notre sort, comme on va le voir. Printemps 1968 Un nouveau ministre, dont je n’ai jamais oublié la chaleur, l’humanité, l’agilité spirituelle, René CAPITANT et son directeur de cabinet ROZIER. Je fus convoqué devant le Garde des Sceaux, accompagné, bien entendu, de l’inévitable Pierre-André RENAUD. Moi tout seul, devant le des Sceaux ! Inimaginable à mes propres yeux. Je lui exposai les difficultés de nos procédures et je lui fournis comme modèle l’assignation à jour fixe. Nous avons failli l’obtenir. Mais, pour mettre en place l’institution, il manquait, à l’époque, à Paris, un juge, un greffier et une secrétaire. Cependant, la procédure fut nettement améliorée et les décrets de 1971 le prouvèrent bien. La psychopathologie des prérogatives Nous avons continué nos travaux sur la réforme. Il existait à l’époque un groupement innommé, comportant le Bâtonnier de Paris, la Conférence des bâtonniers, l’association nationale des avocats, l’ANA, devenue CNA, et moi. Je m’efforçais de tenir ma place, mais j’avais souvent le sentiment de découvrir ce que j’ai appelé plus tard la psychopathologie des prérogatives “C’est moi qui ai vu le premier le Garde des Sceaux. Mais c’est moi qui, ai vu le premier le Président de l’Assemblée nationale”. Cela me rappelait certaines scènes célè- bres du film Le dictateur, lorsque Benito Mussolini et Adolph Hitler, dans le salon de coif- fure, élèvent peu à peu leur fauteuil respectif pour être le plus élevé des deux. 20
  • 6. La réforme Grande réforme, qui engloberait les conseils juridiques ? Petite réforme, limitée aux profes- sions judiciaires ? Certes, si à l’époque nous avions eu la grande réforme, il ne serait pas né une organisation structurée de conseils juridiques. En revanche, est-ce que la profession était mûre à cette fin ? Nous eûmes déjà assez de difficultés à faire admettre dans les faits ce que l’on appelait la petite réforme, c’est-à-dire la réforme de l’unification des professions judiciaires, avocats, avoués et agréés. Puis on créa des commissions. J’étais assurément très impressionné. Et puis il me fallut par- ler. Cet homme qui parlait, était-ce bien moi ? N’y-avait-il pas là un étrange dédoublement de la personnalité ? Le Président de la FNUJA qui parlait, et moi qui l’écoutais ? Comme on le dit, trop commodément, la fonction crée l’organe. La durée de la présidence Ces deux années, passées sous le signe de Mai 1968, puis des réformes, avaient aspiré nos forces vives. C’est là que la sagesse et la conscience du devoir de nos successeurs, le souci de leurs actions, la prise en compte de leur disponibilité, entraîna notre décision de faire réduire la durée de la présidence à une année. Un défi qu’il fallait relever C’est à cette occasion que je dus après cela relever un défi, au cours d’une des périodes les plus exaltantes de mon cursus FNUJA et de ses suites. On entendait souvent à l’époque, mais ce mal a en partie disparu, “ah oui, l’UJA, des beaux parleurs, des poètes, des doux rêveurs mais incapables de réaliser ce qu’ils ont imaginé.” J’étais assurément concerné. Mais au-delà de moi, je pensais bien que j’avais la charge de soutenir nos couleurs et de chasser cette réputation de jeunes bavards fantaisistes. Je suis obligé de m’en référer sur ce point déjà, au centre de formation professionnelle. Notre cher bâtonnier Bernard BAUDELOT me dit : “Woog, ... la procédure, vous connais- sez, n’est-ce pas, vous pouvez nous faire une assignation-type du modèle classique et une assignation-type à jour fixe. Puis, comme vous entretenez des relations amicales avec Pierre Bellet, Président du tribunal, demandez-lui donc son avis”. C’est ce que je fis en quelques jours, et un peu tremblant, j’allai voir Pierre BELLET, qui réunit sur-le-champ neuf magis- trats spécialisés et ce furent les neuf chapitres du Livre de Procédure de l’Ordre et du Centre, 21
  • 7. rapidement dénommé, en raison de sa couleur, Livre noir. Pendant six mois, grâce à une équipe extraordinaire qui marqua ici le vrai sens de l’effort commun qui animait des avocats, des avoués et des juges. Que de conscience, d’intelligence créatrice, et d’amour de son pro- chain ! Juin 1972 Le Livre noir était prêt. C’est a posteriori que j’ai encore mieux saisi la passion et l’affection qui peuvent animer un groupe bien soutenu. Oh ! Assurément, je connaissais un peu déjà la procédure. Néanmoins, je puis vous affirmer que, au sortir de l’expérience, il y avait au moins un bénéficiaire, c’était moi. Mais la profession fut rassurée. Nous avions relevé le défi. Nous avions tenu le pari. L’honneur de l’UJA était sauf. C’est ici que, dans le même mouvement, j’ai continué mon articulation sur la formation pro- fessionnelle. Je pris l’habitude d’initier nos confrères aux pratiques de la réforme, tâche encore plus passionnante. L’honneur de l’UJA était sauf. Mais, allons, il est temps pour moi de ranger cet ego récur- rent et honteusement tenace ! Une confession, confidentielle bien entendu Le souci d’authenticité nous invite à ne pas nous en tenir aux faits qui nous honorent. Or, je dois une confession. Trente années après, c’est peut-être après tout prescrit. C’était au congrès de Colmar, en 1972. A la soirée de clôture se trouvaient deux dames, inconnues de moi. Elles étaient peut-être belles. Mais je n’en ai aucun souvenir. Je me rap- pelle seulement qu’elles se trouvaient là en robe de soirée, très dignes, très élégantes. Voilà que l’un de nos confrères se mit à les asperger d’eau, tenant à sa main une bouteille menaçante d’eau de Vittel. Je lui demandai courtoisement de bien vouloir cesser ce jeu. Mais c’était peu après 1968 et tout était permis, n’est-il pas vrai ? Comme notre confrère était insensible à mes demandes, que pouvais-je faire ? Un référé ? Mais il n’ y a pas de référé dans un restaurant des Vosges, pas plus qu’ailleurs. Ne pouvant supporter un tel spectacle, j’attrapai le congressiste en question par la cravate. Derrière lui se trouvaient deux vantaux, qui se situaient dans une ouverture donnant apparemment accès aux cuisines. Je l’ai jeté contre les deux vantaux et il a atterri dans les cuisines. J’avoue que, sur le moment, j’ai craint de l’avoir blessé. Mais, une fois que je l’eus aidé à se relever, j’ai pensé que cela avait tout de même été le seul moyen concret d’assurer notre dignité. 22
  • 8. Aussi, je ne regrette rien. Que l’on oublie ce western, couvert par l’amnistie. Le contenu ces anecdotes saura-t-il satisfaire Eric AZOULAY ? La vie spirituelle Les anecdotes, toutefois, ne suffisent pas. Nous avions aussi des activités annexes, telles que les colloques, les rencontres les publica- tions. J’eus la joie de contribuer à la naissance de la Revue de l’UJA. Cette magnifique invention de l’UJA de Paris se répandit dans plusieurs villes de province. Nous perdions là encore, peu à peu, la trace de ce conflit Paris Province qui revient trop souvent comme une si perfide antienne. Le rayonnement de la FNUJA La FNUJA, c’est plus que l’instant présent. Elle engendre une idéologie commune, un désir d’action et elle suscite des amitiés durables. Elle secrète notre foi et notre volonté d’essaimer dans les réseaux les plus divers qui garantissent la sauvegarde et l’essor de notre profession. La FNUJA est un creuset pour les Conseils de l’Ordre, pour les Carpa, pour les activités diverses des avocats. L’apport permanent de la présidence de la FNUJA Plus particulièrement, dans les CRFPA, j’ai retrouvé nombre de nos amis, dont Jean-Paul CLÉMENT et Philippe COVILLARD. Ils n’ont pas ménagé leur peine pour construire cette formation, si nécessaire, si difficile. D’autres exemples, ceux-ci contemporains, sont ceux de Georges PÉRIDIER et de Xavier CIRADE qui, respectivement aux CRFPA de Montpellier et Versailles, maintiennent notre idéal avec ardeur et perspicacité. La présidence de la FNUJA, c’est plus qu’un moment de ma vie. C’est une construction de mon existence, qui a collé à ma peau comme j’ai adhéré au personnage. Des années après, on me dit : “Ah ! Mais n’est-ce pas vous qui étiez le président de la FNUJA ?” Ainsi, j’ai peut-être fabriqué d’autres choses dans mon existence, mais c’est la FNUJA dont on se sou- vient et j’en suis fier. Pourquoi ? Parce que la présidence de la FNUJA a été pour moi l’ou- verture, le socle, le moteur, la motivation. Ce sont cette fonction et cette activité qui n’ont pas cessé de m’habiter. Je n’oublie pas les amis que je m’y suis faits. Je n’oublie pas tout ce que je dois à ma profession, et, plus parti- culièrement, à cette présidence. Qu’ai-je fait pour les autres ? Ils le diront. Ils ont fait pour moi. Ici, c’est moi qui proclame, parce que j’en suis seul juge. 23
  • 9. La rançon et l’amitié Mais, la présidence de la FNUJA, c’est aussi quelquefois un poids qu’il faut supporter. J’ai rencontré, comme tout un chacun, de nombreuses difficultés parce que certains voulaient s’affranchir de moi ou tout au moins atteindre mes pouvoirs et mes initiatives. Bien entendu, lorsqu’on rencontre une difficulté, on a tendance à chercher un alibi. Nous devons savoir admettre que nous pouvons avoir -et c’est heureux- des ennemis, des adver- saires, du moins des personnes qui ne partagent pas notre opinion. Mais, parfois, l’opposition a pour origine des facteurs idéologiques et tel est bien le cas ici dans la mesure où je me suis rendu compte qu’à travers moi, même des années après, on en voulait encore à l’UJA d’avoir conduit son action. Nous avons assumé. C’est là que nous retrouvons toujours le sens de notre amitié. Je n’aime pas l’emploi de l’ad- jectif confraternel parce qu’il recouvre des devoirs hétérogènes et parfois imaginaires. Je n’apprécie pas davantage le terme solidarité, parce qu’il a été employé pour soutenir un zèle politique, connotation à laquelle je n’adhère pas toujours. Mais, ici, j’ai apprécié la présence et l’action de tous nos amis qui m’ont aidé à faire front. Ce soutien, nous le devons aujourd’hui, avec bonheur, à Jean-Luc MEDINA, objet de notre infinie confiance. 24