SlideShare ist ein Scribd-Unternehmen logo
1 von 33
Downloaden Sie, um offline zu lesen
JE SUIS ARRIVE TROP TOT 
MAIS MOI JE FAIS 
DU PEAU A PEAU 
- Mars 2012- 
Travail de recherche réalisé pour le service de réanimation néonatale du CHU de St Etienne par : 
- 
BELMIRO Sylviane, IDE 
- 
DESCOMBRIS Julie, IDE 
- 
FAVIER Verane, PDE 
- 
GOUTAGNY Ludivine, IDE 
- 
ROUX Emilie, PDE 
- 
THOMAS Florence, PDE 
- 
MUNTIEL Solange, cadre de santé 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 1
SOMMAIRE 
1 INTRODUCTION : LE 1ER PEAU A PEAU CHEZ L’ENFANT PREMATURE 3 
2 LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 4 
2.1 HISTORIQUE ET PRESENTATION DE LA REANIMATION NEONATALE 4 
2.2 LE SERVICE DE REANIMATION NEONATALE DU CHU DE ST ETIENNE 5 
2.3 ORIGINE DU PEAU A PEAU 7 
2.4 LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE DE ST ETIENNE 8 
3 L’ANALYSE DE NOTRE PRATIQUE 10 
3.1 LES LIMITES DU PEAU A PEAU 10 
3.2 LES BIENFAITS DU PEAU A PEAU 12 
3.2.1 D’UN POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE : 12 
3.2.2 D’UN POINT DE VUE RELATIONNEL 14 
4 CONCLUSION : QUEL AVENIR DU PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 17 
5 ANNEXES 18 
5.1 QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES IDE/PDE : 19 
5.2 LE QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES MEDECINS 20 
5.3 ANALYSE DES QUESTIONNAIRES DES PROFESSIONNELS 21 
5.4 LE QUESTIONNAIRE DES PARENTS ET LE COURRIER ACCOMPAGNANT 24 
5.5 ANALYSE QUESTIONNAIRES PARENTS 27 
6 BIBLIOGRAPHIE 33 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 2
1 
INTRODUCTION : le 1er peau Ă  peau chez l’enfant prĂ©maturĂ© 
Catherine Druon (psychanalyste) dĂ©crit la naissance d’un enfant prĂ©maturĂ© ainsi : La grossesse brutalement interrompue, ce bĂ©bĂ© Ă©loignĂ© de la maternitĂ© par des soins nĂ©cessaires Ă  sa survie, font que ce n’est pas la “prĂ©occupation maternelle primaire” qui s’installe, mais une “prĂ©occupation mĂ©dicale primaire”. 
Deuil de la grossesse, deuil d’une naissance normale avec ses tensions puis sa joie, deuil d’un nouveau-nĂ© rose et joufflu dans son berceau, peur, inquiĂ©tude pour cet enfant parfois trop petit, trop fragile, devant dĂ©jĂ  se battre pour vivre, aidĂ© par toute une technique et un personnel qui serait compĂ©tent alors que les parents, eux, n’auraient pas su “terminer ” leur propre bĂ©bĂ©, jalousie par rapport Ă  ce personnel qui s’occupe de leur enfant, obstacle de l’incubateur et des diffĂ©rents “fils ” reliant le bĂ©bĂ© Ă  des machines... 
La charge Ă©motionnelle portĂ©e par les parents lors de la dĂ©couverte de leur bĂ©bĂ© et des jours qui suivent est Ă©norme. Les premiers instants sont donc primordiaux. La force des premiers investissements affectifs dĂ©termine pour longtemps la qualitĂ© des liens parentaux envers leur enfant hospitalisĂ©. Quant au bĂ©bĂ©, il quitte un nid douillet, un contenant rassurant aux sons filtrĂ©s et lumiĂšres tamisĂ©es (le ventre maternel) pour un environnement bruyant, lumineux ; parfois sans cocon pour le contenir ; sans la voix de ses parents et le contact de leurs mains, la chaleur de leur prĂ©sence. DĂ©tresse intense de ces nouveau-nĂ©s Ă  qui il faut absolument faire des soins douloureux : on les Ă©tend, les prĂ©lĂšve, les perfuse, on les morcelle dans leur petit corps avant mĂȘme qu’ils n’aient conscience de leur intĂ©gritĂ©. Le bĂ©bĂ©, Ă©ponge Ă©motionnelle, ne rencontre que le stress de cette Ă©quipe qui s’active autour de lui. 
Dans ce contexte le premier peau Ă  peau a pour objectif d’aider ces parents Ă  aller Ă  la rencontre de leur enfant, Ă  s’investir ; aider cette famille Ă  se crĂ©er, lutter contre cette douleur physique et psychique ; aider Ă  dĂ©velopper un lien de plus en plus grand. En effet dans les unitĂ©s de soin ; les parents qui font du peau Ă  peau avec leur enfant instaurent une relation privilĂ©giĂ©e physique (par l’odeur, les battements de coeur, la chaleur) et psychologique. Le peau Ă  peau, d’aprĂšs leurs dires, permettrait une “communication plus riche entre les parents et leur enfant”. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 3
De plus, seuls les parents peuvent faire du peau Ă  peau avec leur enfant : c’est une relation qui n’appartient qu’à eux, un contact que les soignants ne peuvent avoir ; une participation active des parents auprĂšs de cet enfant. C’est aussi une façon de terminer la grossesse pour certaines mamans. GrĂące au peau Ă  peau, les parents ne sont plus simplement spectateurs des soins donnĂ©s Ă  leur enfant mais deviennent acteurs dans la survie, dans l’éveil Ă  la vie de leur bĂ©bĂ© dans un climat de confiance parents/soignants. 
2 
LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 
2.1 
Historique et présentation de la réanimation néonatale 
Tout d’abord avant de commencer notre rĂ©flexion sur le peau Ă  peau, nous allons vous prĂ©senter succinctement l’historique de la rĂ©animation nĂ©onatale et de l’enfant prĂ©maturĂ©. 
Il faut savoir, qu’en France on dĂ©nombre actuellement environ 800 000 naissances par an dont environ 10 000 d’entre eux sont de grands prĂ©maturĂ©s c'est-Ă -dire nĂ©s avant 32 semaines d’amĂ©norrhĂ©e. Il existe plusieurs « catĂ©gories » d’enfants prĂ©maturĂ©s. 
Le taux de prĂ©maturitĂ© augmente chaque annĂ©e lĂ©gĂšrement (5% en 1980 et 10% en 2010). Plusieurs facteurs en sont les causes, en voici quelque uns : grossesses multiples, malformations foetales, hypertension artĂ©rielle, prĂ© Ă©clampsie, placenta prĂŠvia, pathologies infectieuses de la maman. Il est important de savoir que l’on considĂšre un accouchement prĂ©maturĂ© toute naissance survenant entre 28 et 37 semaines d’amĂ©norrhĂ©es rĂ©volues. Depuis les rĂ©cents progrĂšs de la rĂ©animation nĂ©onatale, cette barre est descendue plus bas : 24 semaines d’amĂ©norrhĂ©es. 
Pour pouvoir accueillir ces nouveaux nés, les services de réanimations néonatales ont été créés. Les réels premiers pas de la réanimation néonatale remontent à la fin du XIXÚme siÚcle. Ils se sont vraiment développés dans le milieu du XXÚme siÚcle : le premier centre est ouvert en 1931 par Mary GROSS en Angleterre (Birmingham). 
Voici quelques unes, des grandes Ă©tapes de son dĂ©veloppement : la premiĂšre intubation en salle de naissance date de 1969, les voies d’abords ombilicales datent de 1968. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 4
2.2 
Le service de réanimation néonatale du CHU de ST ETIENNE 
Nous allons maintenant, aprĂšs avoir parlĂ© de la rĂ©animation nĂ©onatale dans sa globalitĂ©, aborder notre service de rĂ©animation nĂ©onatale au CHU de Saint ETIENNE. Cette spĂ©cialitĂ© est classĂ©e selon trois niveaux. Ici, Ă  Saint Etienne, nous sommes au niveau III : c’est-Ă -dire que nous sommes un Ă©tablissement assurant la prise en charge des femmes enceintes et des nouveaux nĂ©s comprenant sur le mĂȘme site une unitĂ© obstĂ©trique, une unitĂ© de nĂ©onatalogie et des unitĂ©s de rĂ©animations nĂ©onatales et adultes. 
Nous sommes une unité en mouvement constant : de part notre travail en collaboration avec les services de soins intensifs (6 lits), de néonatologie (18lits), et la maternité. Nous accueillons des enfants des différentes maternités de la Loire mais aussi des régions voisines. 
Notre service a une capacitĂ© de 13 lits dont 10 lits de rĂ©animations (bĂ©bĂ©s intubĂ©s et/ou avec une voie veineuse centrale) et trois lits de soins intensifs (bĂ©bĂ© avec besoins d’aide respiratoires : CPAP, lunette oxygĂšne, et/ou avec une voie centrale). 
Il est organisé en 3 salles pouvant accueillir 4 enfants et une autre pouvant accueillir deux autres enfants. Notre service est ouvert 24h/24 aux parents. Les frÚres et 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 5
soeurs, la famille proche peuvent venir voir l’enfant par l’intermĂ©diaire d’une galerie entourant notre service. 
Nous sommes une équipe de soins de 40 infirmier(e)s/ puéricultrices et une cadre de santé. Notre effectif minimum est de 6 par poste. Notre roulement fonctionne avec une alternance jour/nuit. Nous travaillons en étroite collaboration avec les médecins, une kinésithérapeute, une infirmiÚre technique, une psychologue et une puéricultrice de liaison PMI. 
Nous accueillons en grande majorité des enfants : 
- 
Prématurés (de 32 SA à 37 SA) 
- 
grands prématurés (28 SA à 32 SA) 
- 
trÚs grands prématurés (24 SA à 28 SA donc né à partir de 6 mois de grossesse) 
- 
des enfants à terme avec une détresse vitale et ou avec un problÚme chirurgical 
Leur durée de séjour peut varier de quelques heures à plusieurs mois. 
Il nous semble donc trùs important de personnaliser, individualiser nos soins, nos prises en charges pendant ces premiers moments de la vie de ces enfants et des parents dans l’accueil et leur accompagnement. 
DĂšs le dĂ©but de sa crĂ©ation, la technique occupait une place trĂšs importante. Mais depuis quelques annĂ©es, outre le souci d’éviter ou de soulager la douleur, nous nous posons la question des consĂ©quences Ă  long terme des Ă©vĂ©nements douloureux et du stress subis durant une pĂ©riode clĂ© du dĂ©veloppement de l’enfant. PrĂ©venir ou traiter la douleur, rĂ©duire le stress dans nos unitĂ©s de rĂ©animations nĂ©onatales sont des objectifs Ă©lĂ©mentaires dans notre quotidien. Nous essayons de dĂ©velopper de plus en plus nos pratiques, en tentant de personnaliser nos soins Ă  chaque enfant, en fonction de son Ă©tat de santĂ©. Nous tentons aussi de mettre en place des stimulations positives visant Ă  amĂ©liorer l’évolution des prĂ©maturĂ©s Ă  l’instant mĂȘme, mais aussi Ă  long terme. A travers ces stimulations, nous avons aussi pour objectif de crĂ©er le lien mĂšre/pĂšre/enfant. Dans notre service de RĂ©animation de nombreuses barriĂšres inhibent ces liens. Et c’est pourquoi le peau Ă  peau occupe une place clĂ© dans notre quotidien. Nous essayons au maximum d’aider ces parents, souvent dĂ©munis, Ă  aller Ă  la rencontre de leur enfant, Ă  s’investir, aider la famille Ă  se crĂ©er pour pouvoir inhiber au maximum leur douleur physique et psychique. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 6
2.3 
Origine du peau Ă  peau 
C’est en Colombie, dans la MaternitĂ© de Bogota, en 1978 qu’est nĂ© la technique du peau Ă  peau. Dans le service de nĂ©onatalogie, oĂč le manque de moyens financiers, et donc de couveuses, est un problĂšme quotidien, les soignants ont pris l’habitude de regrouper les petits prĂ©maturĂ©s, beaucoup trop nombreux. Mais le risque de transmissions infectieuses est grand. C’est alors que l’idĂ©e vient au Docteur Edgar Rey Sanabria de dĂ©shabiller les nouveau-nĂ©s et de les lover contre le torse nu de leurs parents. 
L’objectif ? RĂ©chauffer ces bĂ©bĂ©s nĂ©s trop tĂŽt, incapables de rĂ©guler seuls leur tempĂ©rature, et dont la vie est en danger si l’hypothermie se prolonge. Le rĂ©sultat est Ă©difiant : de façon instantanĂ©e, un Ă©change thermique se produit. Par ce corps-Ă -corps, l’enfant retrouve les 37 degrĂ©s dans lesquels il baignait dans le ventre maternel et surtout, sa tempĂ©rature reste constante. C’est la naissance des unitĂ©s kangourou. Mais le succĂšs de cette mĂ©thode ne s’arrĂȘte pas lĂ . Car les mĂ©decins en sont convaincus, le peau Ă  peau a plus encore Ă  offrir. Pour Nathalie Charpak, pĂ©diatre française expatriĂ©e en Colombie, « le peau Ă  peau permet certes de combler le manque de structure mĂ©dicale dans les pays du Sud, mais aussi de pallier les carences affectives induites par la mise sous couveuse de ces bĂ©bĂ©s trop petits, trop faibles, trop fragiles. » Trente ans plus tard, cette mĂ©thode a fait ses preuves, chez les grands prĂ©maturĂ©s1. 
ArrĂȘtons-nous maintenant, quelques instants sur le mot « peau », selon la dĂ©finition : « c’est un organe composĂ© de plusieurs couches de tissus. Elle est la premiĂšre barriĂšre de protection de l’organisme. Chez l’Homme, elle est l’un des organes les plus importants du corps en regard de sa surface et de sa masse ».2 
1 http://www.psychologies.com/Famille/Maternite/Bebe/Articles-et-Dossiers/Naissance-le-peau-a-peau 
2 Définition de la « peau » selon le dictionnaire internet WIKIPEDIA 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 7
Nous trouvons intĂ©ressant de citer cette dĂ©finition dans le sens oĂč, nous pouvons mettre en lien notre pratique du peau Ă  peau : les parents et leur enfant se rassemblent et enlĂšvent toute barriĂšre pouvant inhiber leur lien. Ils Ă©changent entre eux un moment unique. C’est une relation qui n’appartient qu’à eux. Les parents ne se sont plus simplement que spectateurs mais acteurs et ont une participation active auprĂšs de leur enfant. 
Dans la suite de notre travail, nous allons donc essayer d’avoir une rĂ©flexion sur le peau Ă  peau en rĂ©animation nĂ©onatale Ă  SAINT ETIENNE en abordant ses diffĂ©rents aspects. 
2.4 
Le peau à peau en réanimation néonatale de St Etienne 
Pour traiter notre sujet, nous avons souhaité cibler une population particuliÚre : les enfants nés trÚs prématurément à moins de 28 SA. 
Nous avons rĂ©alisĂ© des questionnaires auprĂšs des professionnels du service et des parents dont les enfants ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s en rĂ©animation nĂ©onatale et qui sont maintenant sortis de l’hĂŽpital. Le peau Ă  peau fait partie intĂ©grante maintenant de notre pratique soignante pour 90 % des infirmiers. Les avis sont mitigĂ©s, certains considĂšrent le peau Ă  peau comme un soin d’autre non et parfois mĂȘme un acte maternel. 
Ce temps émotionnel parent / bébé parait ancré dans nos pratiques et est rarement prescrit. Un de nos médecins Dr Fichtner, référent en soin de soutien au développement nous incite fortement à le réaliser. Pour 40% des infirmiers cet acte est plutÎt fait par habitude alors que pour 73 % cet acte nécessite une réflexion en équipe pluridisciplinaire. De plus, 87 % le réalisent à la demande des parents. 
On note Ă©galement qu’en fonction du cursus professionnel, certains ont dĂ©jĂ  eu une initiation Ă  cette pratique ms aucun soignant n’a bĂ©nĂ©ficiĂ© de formation sur le peau Ă  peau. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 8
A présent, voyons comment se passe la pratique dans notre service : 
DĂšs les premiers jours d’hospitalisation, nous expliquons aux parents cette pratique et nous la mettons en place dĂšs que possible en moyenne dans les 15 premiers jours de vie et Ă  un rythme variable environ tous les 2 jours. Les parents ont bien compris que ce rythme n’est pas figĂ©, il dĂ©pend de l’état de santĂ© de leur enfant, de leur souhait et des possibilitĂ©s organisationnelles du service. 
Une installation est nécessaire : 
- 
un fauteuil 
- 
une couverture ou une couche tissu pour maintenir la tempĂ©rature de l’enfant 
- 
un oreiller ou le cache couveuse en guise de soutien pour poser le bras 
- 
le bandeau de maintien « Minilou » selon le souhait des parents 
Le déroulement du peau à peau : 
- 
Le parent se met torse nu, enlĂšve bijou, et enfile une surblouse 
- 
Il s’installe confortablement sur un fauteuil auprùs de la couveuse 
- 
L’infirmier, aidĂ© d’un collĂšgue si nĂ©cessaire : 
o 
Sort le bĂ©bĂ© de l’incubateur et le pose sur la poitrine du parent 
o 
Recouvre le bĂ©bĂ© d’une couche tissu et/ou d’une couverture 
o 
Installe les fils du scope et les tuyaux du respirateur de façon sécurisante avec des attaches 
o 
VĂ©rifie son installation et l’état clinique de l’enfant 
o 
Note les constantes hĂ©modynamiques de l’enfant 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 9
3 
L’analyse de notre pratique 
GrĂące Ă  l’analyse de nos diffĂ©rents questionnaires, nous allons confronter la pratique Ă  la thĂ©orie et mettre en Ă©vidence les limites et les bienfaits du peau Ă  peau. 
3.1 
Les limites du peau Ă  peau 
Lors des peau à peau plusieurs difficultés sont relatées : 
- La difficultĂ© d’installation par rapport au terme de l’enfant ou par rapport aux conditionnements du bĂ©bĂ© (VVC, sonde d’intubation, SNG
.). En effet, installer un enfant en peau Ă  peau engendre un risque potentiel d’extubation. De plus, un enfant de 24 SA est parfois difficile Ă  installer du fait de sa petite taille. En effet, 17 professionnels et 2 mĂ©decins abordent en premier cette difficultĂ© dans la pratique. 
- DifficultĂ© par rapport l’instabilitĂ© hĂ©modynamique de l’enfant : si l’enfant pris en charge est trĂšs instable sur le plan respiratoire, il est important de savoir se positionner en tant qu’infirmier. En effet, 9 professionnels soulignent que l’instabilitĂ© des bĂ©bĂ©s reprĂ©sente une barriĂšre importante pour un peau Ă  peau de qualitĂ©. Notons Ă©galement que 2 mĂ©decins sont sensibles Ă  cette problĂ©matique. Pour que cet instant reste unique, l’enfant doit ĂȘtre stable. Agir de façon « urgente » sur les bras des parents reste un 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 10
moment douloureux Ă  vivre pour tout le monde. MĂȘme en restant le plus calme possible du cĂŽtĂ© des soignants, les parents comprennent exactement ce qu’il se passe. Ces situations peuvent entrainer des apprĂ©hensions sur les prochains peau Ă  peau. 
- La difficultĂ© concernant l’inquiĂ©tude et l’angoisse des parents : 
- Ă  l’idĂ©e d’avoir leur petit contre eux. Un professionnel note cette difficultĂ©. 
- peur qu’il soit mal, qu’il ait froid, qu’il glisse. 2 mĂ©decins craignent aussi ces problĂšmes. 
Globalement, de nombreux parents pensaient avant le premier peau Ă  peau que : « leur bĂ©bĂ© Ă©tait trop petit, que c’était trop tĂŽt et avaient donc peur de leur faire mal. » Si les parents sont stressĂ©s et n’ont pas forcĂ©ment l’envie, ce moment peut ĂȘtre mal vĂ©cu du cĂŽtĂ© des parents et de l’enfant. 
- La difficulté par rapport au moment « idéal » pour le peau à peau : 
-Du cĂŽtĂ© des parents : il est important que les parents soient libres, prĂȘts et aient envie. Nous avons remarquĂ© dans nos questionnaires que certains parents se sont sentis forcĂ©s de faire du peau Ă  peau. 
-Du cĂŽtĂ© des soignants : il est aussi nĂ©cessaire que les soignants soient disponibles pour pouvoir rĂ©pondre aux besoins des parents durant ce temps mais surtout surveiller et rĂ©pondre aux besoins du bĂ©bĂ©. Lorsque l’on sait que la charge du service est lourde, notre disponibilitĂ© est moindre. En effet, 4 soignants prennent en compte la charge de travail pour une mise en peau Ă  peau. Par exemple le moment de la relĂšve ou le temps des prĂ©parations de perfusions en stĂ©rile sont des pĂ©riodes qui sollicitent les soignants, ils semblent donc moins disponibles pour la surveillance des enfants en peau Ă  peau. Ces donnĂ©es sont corrĂ©lĂ©es avec celles des parents qui expliquent : « le manque de disponibilitĂ© de l’infirmier peut entrainer des durĂ©es de peau Ă  peau trop longues et stressantes. » Les mĂ©decins aussi soulignent l’importance de la disponibilitĂ© des soignants pendant ces moments-lĂ . 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 11
- Autres difficultés non relatées par la littérature : 
- l’impossibilitĂ© d’interaction visuel entre l’enfant et son parent est soulignĂ© par plusieurs d’entre eux. 
- le manque d’intimitĂ© pendant ce moment privilĂ©giĂ© enfant/parent. 2 soignants soulĂšvent ce problĂšme. Quant aux parents, ils vivent ce manque d’intimitĂ© et pour certains d’autant plus lorsqu’ils doivent se dĂ©vĂȘtirent et lors de l’installation : « J’avais enlevĂ© mon soutien-gorge pour l’avoir tout contre moi mais avec les visites
 et les autres parents ça a parasitĂ© ce moment. » 
- Difficulté liée à la technicité de la réanimation néonatale. Pour certains parents toute la technicité liée à la réanimation (alarmes, bruits, tuyaux, prise de sang, chaleur de la couveuse, etc
) peut représenter un frein pour un peau à peau de qualité. 
- Des difficultés matérielles ont également été soulevé par les parents : « siÚge non adapté et promiscuité des lieux ». 
3.2 
Les bienfaits du peau Ă  peau 
3.2.1 
D’un point de vue physiologique : 
3.2.1.1 
Peau à peau et stabilité des constantes 
La littĂ©rature dĂ©crit que les avantages du « peau Ă  peau » peuvent ĂȘtre ressentis trĂšs vite : les rythmes cardiaques et respiratoires du bĂ©bĂ© sont plus stables. Les tout petits prĂ©maturĂ©s (moins de 1,200 kg), sont mĂ©taboliquement plus stables et respirent mieux. D’ailleurs les professionnels et les parents l’observent et l’ont notĂ© largement dans les rĂ©ponses Ă  nos questionnaires. 
Lors de la naissance, le bĂ©bĂ© est sĂ©parĂ© de sa mĂšre. On observe alors une augmentation massive de la production d’hormones du stress. Or une fois que la mĂšre et le bĂ©bĂ© sont rĂ©unis, le rythme du bĂ©bĂ© remonte et les hormones du stress diminuent (des Ă©tudes ont montrĂ© que le contact peau Ă  peau entre la mĂšre et son bĂ©bĂ© rĂ©duit la production d’hormones du stress de 74 %.). Il semblerait en outre que le peau Ă  peau ait une influence bĂ©nĂ©fique sur le taux de sucre du bĂ©bĂ©. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 12
3.2.1.2 
Peau à peau et température 
Placer le bĂ©bĂ© en peau Ă  peau contre sa mĂšre permet une meilleure rĂ©gulation de sa tempĂ©rature. En effet, mĂȘme s'il fait chaud dans les services de nĂ©onatalogie, c'est encore trop peu pour le nouveau-nĂ© qui baignait, il y a quelques heures encore, dans le liquide amniotique Ă  la tempĂ©rature de sa mĂšre. De plus, l'hypothermie est un risque non nĂ©gligeable, d'autant plus si l’enfant est prĂ©maturĂ©. Donc posĂ© contre la poitrine de son parent, l’enfant bĂ©nĂ©ficie de sa chaleur. Cet item n’a pas Ă©tĂ© relevĂ© par les parents ni les professionnels. 
3.2.1.3 
Peau Ă  peau et allaitement 
En ce qui concerne l’allaitement, les vertus du « peau Ă  peau » ne sont plus Ă  dĂ©montrer. Lorsque le bĂ©bĂ© est mis en peau Ă  peau avec sa mĂšre juste aprĂšs l’accouchement, pendant au moins une heure, il prendra plus vite et mieux le sein de sa mĂšre. Tout le monde sera gagnant : tĂ©tĂ©es plus longues et plus frĂ©quentes, moins de douleurs pour la mĂšre... 
Des mamans nous ont expliquĂ© qu’au cours de certains peau Ă  peau elles ont eu une montĂ©e de lait. 5 professionnels ont Ă©voquĂ© les bienfaits du peau Ă  peau sur la stimulation de la lactation. 
3.2.1.4 
Le peau Ă  peau et le systĂšme immunitaire 
Un autre avantage important du « peau Ă  peau » est son effet sur le systĂšme immunitaire du nourrisson : lors du contact entre la peau du bĂ©bĂ© et la peau de la mĂšre, le bĂ©bĂ© est colonisĂ© par les mĂȘmes bactĂ©ries que celles prĂ©sentes sur la peau de sa mĂšre. CouplĂ© avec l’allaitement, cela permettrait notamment aux bĂ©bĂ©s de se constituer une dĂ©fense efficace contre les allergies. Cela serait trĂšs efficace pour renforcer le systĂšme immunitaire des nouveaux nĂ©s, particuliĂšrement faible chez les prĂ©maturĂ©s. Il est reconnu que le toucher stimule le systĂšme immunitaire. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 13
3.2.1.5 
Peau Ă  peau et douleur 
Un cĂąlin de 15 minutes rĂ©duirait la douleur des prĂ©maturĂ©s lors de prises de sang, d'aprĂšs une Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de l'UniversitĂ© McGill, Ă  MontrĂ©al. PubliĂ©s dans la revue BMC Pediatrics, les travaux dĂ©montrent l'efficacitĂ© de la mĂ©thode dite "mĂšre kangourou" sur les grands prĂ©maturĂ©s. L'expĂ©rience a Ă©tĂ© faite au moment oĂč les enfants devaient subir une prise de sang. Les bĂ©bĂ©s ont Ă©tĂ© mis en contact peau Ă  peau avec leur mĂšre pendant 15 minutes, avant et lors de l'intervention. A l'inverse, un autre procĂ©dĂ© a consistĂ© Ă  emmailloter les prĂ©maturĂ©s et les dĂ©poser Ă  plat ventre dans un incubateur avant et aprĂšs l'incision. La douleur a Ă©tĂ© mesurĂ©e avec une Ă©chelle de douleur des prĂ©maturĂ©s (Premature Infant Pain Profile), qui tient compte des expressions faciales, du rythme cardiaque et des niveaux d'oxygĂšne dans le sang. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que les bĂ©bĂ©s mis au contact de leur mĂšre souffraient deux fois moins que les bĂ©bĂ©s placĂ©s en incubateur. Ils ont Ă©galement rĂ©cupĂ©rĂ© plus rapidement de leur douleur aprĂšs la prise de sang. En conclusion, les auteurs de l'Ă©tude notent que le contact peau Ă  peau avec la mĂšre semble dĂ©clencher chez les grands prĂ©maturĂ©s un mĂ©canisme endogĂšne qui diminue la souffrance. Les parents et les professionnels n’ont pas citĂ© cet item. 
3.2.2 
D’un point de vue relationnel 
3.2.2.1 
Le peau à peau pour l’enfant 
Le contact en peau Ă  peau reproduit certaines sensations que l’enfant percevait lorsqu’il Ă©tait encore dans le ventre de sa maman. Il entend le battement du coeur de papa ou maman et il est bercĂ© comme il l’était par le liquide amniotique. Il se sent en sĂ©curitĂ©. Il reconnaĂźt la voix de ses parents. 
L’analyse des questionnaires et la littĂ©rature se rejoignent pour affirmer que le peau Ă  peau procure Ă  l’enfant des pĂ©riodes de calme, d’apaisement, il produit des stimulations sensorielles notamment tactiles positives. Il est aussi facile de remarquer que le bĂ©bĂ© pleure beaucoup moins lorsqu’il est placĂ© en « peau Ă  peau ». En fait, tout bonnement, il semble ĂȘtre plus heureux... 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 14
Ce contact en peau Ă  peau amĂ©liore les relations parents-enfant ainsi que l’état de l’enfant et il offre une chance supplĂ©mentaire au bĂ©bĂ© de sĂ©duire ses parents sans la barriĂšre de l’incubateur, « une rĂ©elle rencontre sans barriĂšre de la couveuse ». Le cocon familial est recrĂ©e pour le bĂ©bĂ©. 
3.2.2.2 
Le peau Ă  peau pour les parents 
Les parents bouleversĂ©s par la naissance prĂ©maturĂ©e de leur enfant se culpabilisent et se sentent dĂ©possĂ©dĂ©s de leur bĂ©bĂ© pris rapidement en charge par l’équipe de soins. Les parents nous disent que la premiĂšre rencontre fut trĂšs brĂšve, ce fut un choc liĂ© Ă  la rapiditĂ© de la naissance. La fonction premiĂšre du contact peau Ă  peau est donc Ă©motionnelle : c'est le premier contact avec l’enfant, les premiers regards, les premiĂšres perceptions (tactiles, olfactives
). C'est un moment de quiĂ©tude et d'intimitĂ© qui permet de compenser le lien charnel qui a Ă©tĂ© brisĂ© trop tĂŽt. Tenir son bĂ©bĂ© contre elle permet Ă  la mĂšre de se rassurer. 
Ce contact en peau Ă  peau permet d’établir une relation d’attachement prĂ©coce et significative entre le bĂ©bĂ© et ses parents et diminue leur stress lorsque leur enfant est hospitalisĂ©. 
Les professionnels constatent qu’il y a une crĂ©ation du lien parent/enfant lors du peau Ă  peau permettant un moment intime entre chaque membre de la famille. Par consĂ©quent, ils se sentent parents Ă  100%. 
Les parents ont employé des mots trÚs forts, trÚs révélateurs de leurs ressentis dans ce moment privilégié : 
- 
« plus rien autour n’avait d’importance » 
- 
« impression de pouvoir enfin la protéger » 
- 
« un vrai miracle » ; « c’était magique » ; « le plus beau jour de ma vie » 
- 
« maman comme les autres » 
- 
« ça effaçait les bips » 
- 
« enfin parents » « maman » 
- 
Une fiertĂ©, beaucoup d’émotions, un moment agrĂ©able de bien ĂȘtre total 
- 
« on prend conscience que le bĂ©bĂ© est lĂ  bien vivant, on le sent bouger et respirer contre nous, ça n’est pas une poupĂ©e au fond d’une couveuse » 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 15
- 
« nous nous sommes appropriés notre enfant, nous avons réalisé que nous étions parents » 
- 
« en peau Ă  peau on peut se transmettre des Ă©motions, ça a revitaminĂ© la maman, j’ai senti que c’était MON bĂ©bĂ© » 
- 
« j’ai pu sentir leurs mouvements leur odeur, les embrasser pour la premiĂšre fois » 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 16
4 
Conclusion : Quel avenir du peau à peau en réanimation néonatale 
Au terme de l’analyse de ce travail, nous pouvons Ă©laborer des axes d’amĂ©lioration suite aux diffĂ©rents constats. 
Axes matériels : 
- 
achat de fauteuils adaptés et confortables avec accoudoir et repose pieds 
- 
prĂ©voir des boxs individuels ou des paravents pour favoriser l’intimitĂ© 
- 
une salle dédiée aux parents pour se changer 
- 
une sonnette d’alarme pour que les parents puissent alerter en cas de problùme 
- 
achat de bandeau « Minilou » pour un meilleur maintien 
Axes organisationnels : 
- 
le rĂ©aliser quand l’infirmier est disponible 
- 
privilégier les temps plus calmes : le soir aprÚs 20H 
- 
effectuer une surveillance des constantes sur la feuille de réanimation avant, pendant et aprÚs le peau à peau 
RĂ©flexion et positionnement professionnel : 
- 
attention à ne pas trop insister pour que se soit un réel choix pour les parents 
- 
une formation autour de la pratique du peau Ă  peau pour les professionnels 
- 
information et sensibilisation auprĂšs de nos collĂšgues du service et du pĂŽle couple mĂšre et enfant 
- 
favoriser le travail en collaboration pluridisciplinaire avec psychologue, kinésithérapeute et médecins afin de développer des projets de soins individualisés 
- 
rĂ©flexion sur la nĂ©cessitĂ© d’une prescription mĂ©dicale 
Nous prĂ©fĂ©rons faire entrer le peau Ă  peau dans le projet individualisĂ© plutĂŽt que de le protocoliser. Nous pensons qu’un protocole serait enfermant et qu’il nous ferait perdre la dimension humaine pour les parents et les professionnels. 
Entre un monde comme en Colombie oĂč la technique fait cruellement dĂ©faut et un autre monde occidental oĂč la technique a peut ĂȘtre atteint ses limites, le peau Ă  peau c’est humanitĂ© qui dĂ©passe la technicitĂ© dans un cas comme dans l’autre. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 17
5 
Annexes 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 18
5.1 
Questionnaire a l’attention des IDE/PDE : 
Nom (facultatif) : 
Année D.E : IDE PDE 
AnnĂ©e d’entrĂ©e en NĂ©onat ou RĂ©a NĂ©o Nat : 
1 – Avez-vous dĂ©jĂ  eu une formation sur le peau Ă  peau ? 
Si oui, laquelle ? 
2 – Avez-vous dĂ©jĂ  pratiquĂ© la technique du peau Ă  peau ? 
Si oui, pour quelles raisons ? 
□ RĂ©flexion d’équipe pluridisciplinaire 
□ 
Prescription médicale 
□ 
Demande des parents 
□ 
Initiative personnelle 
□ 
Par habitude 
□ 
Autres 
Si non, pour quelles raisons ? 
3 – En tant qu’infirmier(e) quelle place trouvez-vous dans ce soin ? (par rapport aux parents, Ă  l’intimitĂ©, Ă  la surveillance rĂ©a 
) 
4 – Avez-vous des difficultĂ©s Ă  rĂ©aliser un peau Ă  peau ? 
Si oui, lesquelles ? 
5 – Pour vous, existe-t-il des bienfaits au peau à peau ? 
Si oui, lesquels ? 
6 – Quels sont vos moyens d’évaluation de ce soin ? 
7 – Depuis votre arrivĂ©e dans le service avez-vous modifiĂ© votre pratique concernant le peau Ă  peau ? (dans chaque cas expliquez votre rĂ©ponse) 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 19
5.2 
Le questionnaire Ă  l’attention des mĂ©decins 
Nom (facultatif) : 
AnnĂ©e d’entrĂ©e en NĂ©onat ou RĂ©a NĂ©o Nat : 
1 – Avez-vous dĂ©jĂ  eu une formation sur le peau Ă  peau ? 
Si oui, laquelle ? 
2 – Avez-vous dĂ©jĂ  prescrit du peau Ă  peau ? 
Dans les deux cas, expliquer pourquoi. 
3 – En tant que mĂ©decin quelle place trouvez-vous dans ce soin ? (par rapport aux parents, Ă  l’intimitĂ©, Ă  la surveillance rĂ©a 
) 
4 – Que pensez-vous de la pratique du peau à peau dans le service ? 
5 – Lors de cette pratique, quels sont les bienfaits ? 
6 - Lors de cette pratique, quels sont les risques encourus chez le grand prématuré ? 
6 – Comment Ă©valuez-vous cette pratique ? 
7 – Pendant vos annĂ©es d’exercice dans le service avez-vous remarquĂ© une Ă©volution dans la pratique du peau Ă  peau ? 
8 – Avez-vous des propositions Ă  nous faire pour faire Ă©voluer notre pratique ? (en regard d’autres Ă©tablissements par exemple) 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 20
5.3 
Analyse des questionnaires des professionnels 
Tout d’abord nous pouvons constater que ce questionnaire a suscitĂ© un certain intĂ©rĂȘt auprĂšs des professionnels du service car 30 professionnels sur 39 ont rĂ©pondus. 
Nous comptons 4 IDE /7 pour 26 IDE /32 
1-AnnĂ©e d’arrivĂ©e dans le service 
‐ 
2000 : 2 
‐ 
2001 : 1 
‐ 
2006 : 3 
‐ 
2007 : 1 
‐ 
2008 : 3 
‐ 
2009 : 5 
‐ 
2010 : 14 dont 8 jeunes diplÎmés 
‐ 
2011 : 1 diplÎmée de 2011 
2- Formation concernant le peau Ă  peau 
‐ 
Non : 26 
‐ 
Oui 4 par la formation sur les soins de dĂ©veloppement. Donc il n’est pas possible de considĂ©rer cette formation comme propre au peau Ă  peau. Nous pouvons donc dire que aucun professionnel n’a pu bĂ©nĂ©ficier d’une formation sur le peau Ă  peau. 
3- La pratique du peau Ă  peau 
Tous les professionnels disent pratiquer le peau à peau . Mais nous notons que cette pratique est motivée par différentes raisons. 
‐ 
Initiative personnelle : 27 
‐ 
A la demande des parents : 26 
‐ 
RĂ©flexion en Ă©quipe pluridisciplinaire : 22 
‐ 
Par habitude : 12. Cette notion est énoncée par les professionnels les plus anciens 
‐ 
Prescription médicale : 10 
Face Ă  toutes ces rĂ©ponses, nous pouvons dĂ©jĂ  noter que le peau Ă  peau semble reprĂ©senter une acte pour les professionnels qui se rĂ©flĂ©chit et qui s’adapte en fonction des situations. Il est possible d’envisager que les plus anciennes ont rĂ©pondu par habitude car pour elle cet actes sont rentrĂ©s dans les moeurs et que cet acte ne reprĂ©sente plus pour elles une rĂ©elle difficultĂ© qui pourrait freiner le rĂ©alisation de cet acte. 
4- La rĂŽle des soignants 
‐ 
Surveillance continue Ă©troite (installation, prĂ©vention du bruit et lumiĂšre tamisĂ©e) mais qui prĂ©serve l’intimitĂ© : 15 
‐ 
Place importante dans le lien parent-enfant, soutien Ă  le parentalitĂ©, permettre aux parents de trouver leur place de parent au sein des soins et du service, recrĂ©er l’osmose de la maternitĂ© pour la maman, trait d’union entre les parents et les enfants : 14 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 21
‐ 
Accompagnement : 6 
‐ 
Sensation d’intrusion dans l’intimitĂ© des parents-enfants lors de la surveillance : 6 
‐ 
Peau Ă  peau est un soin : 3 
‐ 
Peau à peau n’est pas un soin : 2 
‐ 
Rassurer les parents : 2 
‐ 
Expliquer : 2 
‐ 
Favoriser le contact et les sens : ouĂŻe, toucher, odorat :2 
‐ 
Inciter et convaincre à réaliser le peau à peau : 1 
‐ 
Acte maternel : 1 
Les rĂ©ponses Ă  cette question montrent Ă  quels points les professionnels souhaitent que les parents retrouvent leur place de parents. Nous nous rendons compte que prĂ©server le lien parent-enfant reste une prioritĂ© dans l’exercice des soignants dans le service. 
En revanche, il apparaĂźt une ambivalence dans les rĂ©ponses. En effet, les soignants savent que les parents ont besoin de ce lien de ce moment privilĂ©giĂ© de maternage mais ils craignent pour certain d’ĂȘtre intrusif dans la vie intime des parents et des enfants. Nous sentons bien une petite difficultĂ© Ă  trouver la juste place. 
5- Les bienfaits 
Tous les professionnels s’accordent pour dire que le peau Ă  peau reprĂ©sente un rĂ©el bienfait. Voici leurs rĂ©ponses : 
‐ 
Relationnel : 28 
‱ 
Un bien-ĂȘtre parent-enfant du fait de la levĂ©e d’obstacle de la couveuse 
‱ 
Des parents qui prennent leur place de parent 
‱ 
Cocon familial recréé pour le bébé 
‱ 
Création et soutien au lien parent-enfant permet un moment intime entre chaque membre de la famille 
‱ 
Les parents se sentent parents Ă  100% 
‐ 
Au niveau des constantes : 18 
‱ 
Diminution des besoins en oxygĂšne 
‱ 
Diminution des bradycardies 
‱ 
Diminution des pauses respiratoires 
‐ 
Stimulation de la lactation : 5 
‐ 
Sollicitation olfactive : 3 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 22
6- Les difficultés 
‐ 
Non : 9 
‐ 
Oui : 21 
La raison des oui : 
‐ 
Installation grands prématurés : 15 
‐ 
Instabilité des bébés : 9 
‐ 
Charge de travail du service : 4 que des anciennes professionnelles 
‐ 
Bébés de petits poids ou de petit terme : 2 
‐ 
Intimité parents : 2 
‐ 
Angoisse des parents : 1 
Les rĂ©ponses Ă  la question mettent en Ă©vidence une certaine apprĂ©hension et inquiĂ©tude Ă  mettre un bĂ©bĂ© en peau Ă  peau lorsqu’il est de tout petit terme et avec un conditionnement important : VVC, sonde d’intubation
..Notons que ces difficultĂ©s sont davantage soulevĂ©es par les IDE /PDE les plus jeunes du service. 
7- Evaluation 
‐ 
Bien-ĂȘtre du bĂ©bĂ© : 16 
‱ 
Mimiques du bébé 
‱ 
Bébé qui a un visage détendu 
‱ 
Plus calme, apaisé serein, moins agité 
‐ 
Les constantes : 15 
‱ 
Amélioration de la saturation 
‐ 
Bien-ĂȘtre des parents : 16 
‱ 
DĂ©tendu 
‱ 
Certains parents disent de sentir bien 
‐ 
Une professionnelle ne sait pas comment Ă©voluer cet acte. 
8- Evolution et modification des pratiques sur le peau Ă  peau 
‐ 
22 soignants disent avoir modifié leur pratique 
‐ 
7 disent ne pas l’avoir modifiĂ© : ce sont les « jeunes IDE » 
‐ 
1 revient juste de son congĂ© maternitĂ© et explique qu’elle n’a pas assez de recul pour rĂ©pondre actuellement Ă  cette question. 
Les soignants qui disent ne pas avoir changé leur pratique sont arrivés depuis peu de temps dans le service 
En ce qui concerne les 22 autres professionnels ils expliquent que leur pratique a Ă©voluĂ© car ils se sentent plus Ă  l’aise avec les bĂ©bĂ©s, leur installation et connaissent l’intĂ©rĂȘt et les bienfaits du peau Ă  peau. Elles notent qu’elles pratiquent de plus en plus et avec de tous petits bĂ©bĂ©s. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 23
Il a Ă©galement Ă©tĂ© soulevĂ© Ă  3 reprises que l’investissement d’un mĂ©decin du service dans le domaine des soins de dĂ©veloppement a donnĂ© une plus grande impulsion et importance Ă  la pratique du peau Ă  peau. 
L’analyse de ce questionnaire auprĂšs des IDE /PDE du service montre Ă  quel point le peau Ă  peau fait partie intĂ©grante dans la prise en charge globale des bĂ©bĂ©s prĂ©maturĂ©s du service. En revanche, l’évaluation de cette pratique reste Ă  travailler afin qu’elle soit plus objective et significative. 
5.4 
Le questionnaire des parents et le courrier accompagnant 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 24
Bonjour, Dans le cadre du colloque infirmier, notre service a Ă©tĂ©sĂ©lectionnĂ© pour prĂ©senter notre travail effectuĂ© sur le peau Ă  peau. Vous qui ĂȘtes parents d’un enfant nĂ© prĂ©maturĂ©, pouvez vous nousaider ? Vos expĂ©riences peuvent nous enrichir et amĂ©liorer notre prise encharge auprĂšs des bĂ©bĂ©s et de leurs parents. Ce questionnaire, dont les rĂ©ponses peuvent ĂȘtre anonymes, estaussi bien adressĂ© aux papas qu’aux mamans. Plusieurs rĂ©ponses sont donc possibles. Nous vous invitons donc, Ă  remplir le questionnaire et nous lerenvoyer avec l’enveloppe ci-jointe. Merci de votre participation. L’équipe de rĂ©animation nĂ©onatale du CHU de Saint Etienne. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 25
Nom du (des) bébé(s):facultatif 
Prénom(s) du (des) bébé(s) : facultatif 
Terme Ă  la naissance : 
AnnĂ©e d’hospitalisation : 
DurĂ©e d’hospitalisation : 
Age actuel : 
‱ 
Comment s’est passĂ© la premiĂšre rencontre avec votre (vos) bĂ©bĂ©(s) ? 
- Qu’est-ce qui a pu vous aider ou au contraire vous freiner, voire vous mettre en difficultĂ© ? 
‱ 
Le peau Ă  peau est rĂ©guliĂšrement proposĂ© aux parents
 Certains nous ont dit avoir Ă©tĂ© « bousculĂ©s » par cette proposition, d’autres agrĂ©ablement surpris, et vous, qu’auriez-vous Ă  nous dire ? 
‱ 
Quand a-t-il été possible de mettre votre enfant en peau à peau ? 
‐ 
Qu’avez-vous ressenti ? 
‐ 
Comment votre bébé a réagi ? 
‱ 
Comment s’est passĂ© ce premier peau Ă  peau ? pour vous ? pour votre bĂ©bĂ© ? 
‱ 
Ce premier peau à peau vous a-t-il rapproché de votre bébé ? 
‱ 
A quelle fréquence avez-vous fait du peau à peau ensuite ? Est-ce que cela vous a convenu ? 
‱ 
Quelles critiques positives / négatives pouvez-vous nous faire sur le peau à peau ? 
‱ 
Que pensez-vous de la place des infirmier(e)s pendant vos peau Ă  peau ? 
‱ 
Qu’attendez-vous (ou qu’auriez-vous attendu) de la prĂ©sence infirmiĂšre pendant le temps du peau Ă  peau ? 
‱ 
Avez-vous des idées à nous proposer pour améliorer ou optimiser notre pratique ? 
‱ 
Par la suite avez-vous continué à pratiquer le peau à peau ? dans les autres services ? à la maison ? à ce jour ? 
Nous vous remercions de votre participation 
L’équipe de rĂ©animation nĂ©onatale 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 26
5.5 
Analyse questionnaires parents 
Nous avons obtenu 18 réponses sur 45 questionnaires envoyés soit 40% de réponses. 
6 questionnaires sont revenus pour adresse erronée. 
Les questionnaires analysés nous donnent les informations suivantes : 
AnnĂ©e d’hospitalisation : 2 enfants (des jumeaux) en 2009 ; 6 enfants en 2010 et 11 enfants en 2011 
Terme Ă  la naissance : 
terme Ă  la naissance 0123456724 SA25 SA26 SA27 SA28 SA29 SAnb 
DurĂ©e d’hospitalisation : 
nb enfants0246810122 mois3 mois4 mois5 moisduree hospitalisation nb enfants nb enfants 
On peut noter que l’on trouve 20 enfants alors que nous avons 18 retours de questionnaire mais il y a des jumeaux qui ne sont pas sortis en mĂȘme temps. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 27
Age actuel : 
age des enfants à la date de réponse du questionnaire00,511,522,5 4 mois5 mois6 mois7 mois8 mois9 mois10 mois11 mois12 mois13 mois14 mois15 mois16 mois17 mois18 mois19 mois20 mois21 mois22 mois36 mois age en mois nb enfants nb enfants 
Comment s’est passĂ© la premiĂšre rencontre avec votre vos bĂ©bĂ©s ? 
Pour la plupart des parents ils nous disent que cette premiĂšre rencontre a Ă©tĂ© difficile. Ils l’expliquent de diffĂ©rentes façons : 
- 
l’urgence, la rapiditĂ© de l’accouchement, un choc 
- 
le choc, la peur, le bouleversement, 
- 
l’image du bĂ©bĂ©, son poids, sa taille 
- 
la fragilité du bébé 
- 
une rencontre brĂšve 
Mais ils expriment aussi qu’il y a eu beaucoup d’émotions et de bonheur de pouvoir enfin toucher cet enfant, un moment assez irrĂ©el. 
Qu’est-ce qui a pu vous aider ou au contraire vous freiner, voire vous mettre en difficultĂ© ? 
Ce qui a freinĂ©, mis en difficultĂ©s les parents lors de la premiĂšre rencontre avec leur bĂ©bĂ© c’est : 
- 
l’urgence, la rapiditĂ© des Ă©vĂ©nements 
- 
la culpabilité 
- 
la fatigue de la maman 
- 
la peur de lui faire mal liée au faible poids et sa taille 
- 
la peur de le perdre 
- 
le manque d’informations sur l’avenir (les premiers jours) 
- 
le manque d’intimitĂ© 
- 
toute la technicité liée à la réanimation (alarmes, bruit, tuyaux, prise de sang, chaleur de la couveuse, etc 
) 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 28
En mĂȘme temps les parents disent que cet univers trĂšs mĂ©dicalisĂ©s les a aussi aidĂ©s et rassurĂ©s. 
Ce qui contribue Ă©galement Ă  les aider, c’est aussi en prioritĂ© : 
- 
l’équipe soignante qui donne beaucoup d’explications, qui rassure, qui est Ă  l’écoute et qui apporte beaucoup de soutien 
- 
les infirmiers parlent aux bébés et font participer les parents aux soins 
Le peau Ă  peau est rĂ©guliĂšrement proposer aux parents
 certains nous ont dit avoir Ă©tĂ© bousculĂ©s par cette proposition, d’autres agrĂ©ablement surpris, et vous, qu’auriez-vous Ă  nous dire ? 
Apres cette premiÚre rencontre, le peau à peau est proposé aux parents. 
Certains parents : 
- 
se sont sentis forcés de faire du peau à peau, 
- 
ont pensĂ© que c’était trop tĂŽt et que leur bĂ©bĂ© Ă©tait trop petit, 
- 
avaient peur de lui faire mal. 
- 
ont trouvĂ© que le peau Ă  peau Ă©tait parfois gĂȘnant ou stressant, 
- 
n’osaient pas demandĂ© lorsque celui-ci n’était pas proposĂ©. 
En mĂȘme temps le peau Ă  peau les a beaucoup aidĂ© pour une grande majoritĂ© ce fut : 
- 
un moment privilĂ©giĂ© avec beaucoup d’émotions, du plaisir, du bonheur. 
- 
cela leur a permis de se rapprocher de leur enfant, en le serrant 
- 
cela leur a permis de créer le lien, une réelle rencontre sans barriÚre de la couveuse 
- 
de les mettre en confiance 
- 
un moment attendu avec impatience 
- 
rassurant de savoir qu’il n’y avait pas d’obligation 
- 
indispensable 
Quand a –t-il Ă©tĂ© possible de mettre votre enfant en peau Ă  peau ? 
Qu’avez-vous ressenti ? 
Comment votre bébé a réagi ? 
Comment s’est passĂ© ce premier peau Ă  peau ? pour vous ? pour votre bĂ©bĂ© ? 
Le ressenti des parents se traduit par : 
- 
une fiertĂ©, beaucoup d’émotions, un moment agrĂ©able de bien ĂȘtre total, de l’amour, de la chaleur, du pur bonheur 
- 
certains ont vĂ©cu ce moment de maniĂšre trĂšs intense, inoubliable, ils disent : « un vrai miracle » ou encore « c’était magique », ils se sont sentis « enfin parents », « maman », « maman comme les autres », se sont appropriĂ© leur bĂ©bĂ©, oubli que c’est un grand prĂ©maturĂ©, dĂ©couverte de l’enfant 
- 
le temps passe plus vite 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 29
- 
le soulagement, apaisé 
- 
plus rien autour n’avait d’importance 
- 
ils ont été agréablement surpris que le peau à peau soit proposé et le déroulement de ce temps privilégié. 
- 
impression de pouvoir le protéger 
- 
manque d’intimitĂ© par rapport Ă  l’intimitĂ© et l’environnement du service 
Pour leur bébé, les parents ont pu observer : 
- 
que leur enfant était calme, détendu, apaisé 
- 
qu’il diminuait ses besoins en oxygùne 
- 
qu’il Ă©tait Ă©veillĂ©, dans le partage avec ses parents 
Ce premier peau à peau vous a-t-il rapproché de votre bébé ? 
Tous les parents assurent que ce peau à peau les a rapproché de leur bébé. 
Pour la premiĂšre fois : 
- ils ont senti son odeur 
- 
ils ont pu l’embrasser 
- 
ils ont pu lui faire des cĂąlins 
- 
ils ont créé les premiers liens 
Les parents disent : « il devient enfin notre bébé » 
C’est un moment inoubliable malgrĂ© la fragilitĂ© du bĂ©bĂ©. 
A quelle fréquence avez-vous fait du peau à peau ensuite ? Est-ce que cela vous a convenu ? 
Tous ont pu pratiquer le peau Ă  peau dans les quinze premiers jours de vie mĂȘme dĂšs le 2Ăšme ou 3Ăšme jour pour certains. Quant Ă  la frĂ©quence du peau Ă  peau les rĂ©ponses sont variables de tous les 2 jours Ă  selon l’état de notre enfant, et aussi pas assez souvent car ils ont envie de prendre leur bĂ©bĂ© Ă  chaque instant mais comprennent que ce n’est pas possible. 
Quelles critiques positives/négatives pouvez vous nous faire sur le peau à peau ? 
Plusieurs points négatifs ont été soulevés par les parents : 
- 
l’univers de la rĂ©animation, les alarmes, les bruits, les fils 
- 
le manque d’intimitĂ© liĂ© Ă  la promiscuitĂ© 
- 
le manque de disponibilitĂ©s de l’infirmier qui peut entrainer des durĂ©es de peau Ă  peau trop longues et stressantes. 
- 
des siÚges non adaptés et inconfortables 
- 
ne pas pouvoir les regarder 
- 
le peau a peau fait peur au début 
- 
l’instabilitĂ© respiratoire 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 30
Mais le peau à peau est beaucoup apprécié, les points positifs sont : 
- 
c‘est un moment agrĂ©able, un moment privilĂ©giĂ© qui apporte beaucoup de bonheur, tendresse 
- 
les parents le trouvent indispensable et trÚs utile pour créer un véritable contact et renforcer le lien, un réel besoin pour bébé et parents 
- 
une famille nous dit mĂȘme avoir pris conscience que le bĂ©bĂ© Ă©tait vivant 
- 
ils apprĂ©cient et ont besoin de la disponibilitĂ© et de l’écoute des professionnels, de leurs compĂ©tences pour une installation confortable et efficace 
- 
une bulle d’apaisement au milieu de l’angoisse de l’hospitalisation 
- 
tous les sens de l’enfant sont mis à contribution : odorat, toucher, vue 
Certains ont mĂȘme dit avoir crĂ©Ă© des liens forts avec l’IDE pendant ce moment. 
Que pensez vous de la place des infirmiers pendant vos peau Ă  peau ? 
Le retour des questionnaires a permis aux parents de remercier l’équipe et de tenir des propos trĂšs Ă©logieux. La place des infirmiers est pour eux primordiale. Ils sont indispensables, aidants, rassurants, veillant Ă  la sĂ©curitĂ© et au confort. Ils respectent l’intimitĂ© tout en surveillant le bĂ©bĂ©. 
Qu’attendez-vous ou qu’auriez vous attendu de la prĂ©sence infirmiĂšre pendant le temps du peau Ă  peau ? 
Les parents attendent des IDE : 
- 
qu’ils soient discrets 
- 
qu’ils respectent leur intimitĂ© 
- 
qu’ils soient prĂ©sents sans envahir c'est-Ă -dire pour eux : tout en exerçant une surveillance de leur enfant 
- 
qu’ils donnent beaucoup d’explications sur le peau à peau et ses bienfaits 
- 
qu’ils les Ă©coutent 
- 
qu’ils aient une attitude rassurante 
- 
qu’ils soient disponibles 
- 
qu’ils veillent au confort, Ă  l’installation et Ă  la dĂ©tente du parent 
- 
qu’ils arrĂȘtent les alarmes, les sonneries 
Avez-vous des idées à nous proposer pour améliorer ou optimiser notre pratique ? 
Les parents proposent : 
- 
avoir le choix de faire du peau Ă  peau, ne pas trop insister 
- 
faire la réinstallation avec les parents si possible 
- 
le proposer le plus souvent possible mais seulement lorsque les conditions sont réunies 
- 
des fauteuils plus adaptés avec accoudoirs 
- 
des paravents 
- 
un lieu isolé 
- 
un lieu dédié aux parents pour se changer 
- 
une sonnette d’alarme pour eux 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 31
- 
favoriser le peau Ă  peau le soir car le service est plus calme 
- 
l’achat de bandeau de portage MinilouÂź pour chaque parents, Ă  sa taille pour Ă©viter les problĂšmes d’installation et ĂȘtre sĂ»r d’en avoir un. 
Par la suite avez-vous continué à pratiquer le peau à peau ? dans les autres services, à la maison à ce jour 
Le peau Ă  peau a Ă©tĂ© pratiquĂ© dans les autres services, mais il n’est pas proposĂ© systĂ©matiquement et certains ne l’ont donc plus pratiquĂ© ou avec le bĂ©bĂ© habillĂ©. 
Certains ont continuĂ© Ă  rĂ©aliser le peau Ă  peau Ă  la maison au dĂ©but, d’autres ont arrĂȘtĂ© : 
- 
par manque de temps (les parents de jumeaux) 
- 
les parents en ressentent moins le besoin car ils peuvent prendre le bébé quand ils veulent 
- 
le bébé est plus éveillé et a besoin de regarder autour de lui. 
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 32
Réanimation néonatale, CHU de St Etienne 
Mars 2012 33 
6 
Bibliographie 
Sites internet : 
9 
www.psychologies.com/Famille/Maternite/Bebe/Articles-et-Dossiers/Naissance-le- peau-a-peau 
9 
fr.wikipédia.org 
9 
www.mamancherie.ca/fr/info/newman/01a-peau.htm : l’importance du contact peau à peau 
9 
pediadol.org/Le-peau-a-peau-des-bienfaits,385.html Le peau Ă  peau : des bienfaits attendus Ă  la pratique quotidienne ... 
9 
www.sparadrap.org 
9 
www.bien-naitre.fr 
9 
www.lllfrance.org â€ș L'importance du contact peau-Ă -peau | Feuillets du Dr Jack Newman 
Livres, revues : 
9 
Revue Spirale : PEAU À PEAU : UN CONTACT CRUCIAL POUR LE NOUVEAU- NÉ. JĂ©rome Pignol et al. 2008/2 - n° 46 pages 59 Ă  69. ISSN 1278-4699 
9 
A l'écoute du bébé prématuré, Catherine Druon, Ed. Aubier, 1996 
9 
The importance of skin to skin contact. Traduction du feuillet no 1a. Révisé en janvier 2005 par Jack Newman, MD, FRCPC. © 2005 ;Version française, mai 2005, par Stéphanie Dupras, IBCLC, RLC 
9 
Guide pratique : La méthode "mÚre kangourou", Auteurs: OMS, Département santé et recherche génésiques, 60 pages, 2004, 
9 
Contact peau à peau précoce des mÚres et de leur nouveau-né en bonne santé: BibliothÚque de Santé Génésique de l'OMS; GenÚve: Organisation mondiale de la Santé, 9 novembre 2007. Puig G, Sguassero Y. 
ThĂšse : 
ThĂšse prĂ©sentĂ©e pour le diplĂŽme de docteur en mĂ©decine – annĂ©e 2010 : La pratique du peau Ă  peau chez les grands prĂ©maturĂ©s. ExpĂ©rience dans un service de rĂ©animation nĂ©onatale au CHU de Strasbourg : Ă©tude prospective, par AurĂ©lie CARBASSE

Weitere Àhnliche Inhalte

Ähnlich wie Peaupeau

Allaitement Bailleul.Ppt3
Allaitement Bailleul.Ppt3Allaitement Bailleul.Ppt3
Allaitement Bailleul.Ppt3
raymondteyrouz
 
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantileKccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
Patou Conrath
 
Ps bonjour1211
Ps bonjour1211Ps bonjour1211
Ps bonjour1211
Arthur Kremer
 
Infos Maternites Soins Parents Enfant
Infos Maternites Soins Parents EnfantInfos Maternites Soins Parents Enfant
Infos Maternites Soins Parents Enfant
Jerome Messinguiral
 
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La MaisonMicro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
Réseau Pro Santé
 
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
Réseau Pro Santé
 

Ähnlich wie Peaupeau (20)

Prema nreportage
Prema nreportagePrema nreportage
Prema nreportage
 
Les consultations pré natales
Les consultations pré natalesLes consultations pré natales
Les consultations pré natales
 
Allaitement Bailleul.Ppt3
Allaitement Bailleul.Ppt3Allaitement Bailleul.Ppt3
Allaitement Bailleul.Ppt3
 
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantileKccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
Kccanada faire face_a_la_leucemie_et_au_lymphome_infantile
 
Présentation naissanciel
Présentation naissancielPrésentation naissanciel
Présentation naissanciel
 
Présentation naissanciel
Présentation naissancielPrésentation naissanciel
Présentation naissanciel
 
Ps bonjour1211
Ps bonjour1211Ps bonjour1211
Ps bonjour1211
 
MESSAGES ESSENTIELS POUR L A SANTE DE LA MERE, DU NOUVEAU NE ET DE L'ENFANT
MESSAGES ESSENTIELS POUR L A SANTE DE LA MERE, DU NOUVEAU NE ET DE L'ENFANTMESSAGES ESSENTIELS POUR L A SANTE DE LA MERE, DU NOUVEAU NE ET DE L'ENFANT
MESSAGES ESSENTIELS POUR L A SANTE DE LA MERE, DU NOUVEAU NE ET DE L'ENFANT
 
Dugravier milliex
Dugravier milliexDugravier milliex
Dugravier milliex
 
Carenews Journal 8 La bonne alimentation et la jeunesse CNJ8
Carenews Journal 8 La bonne alimentation et la jeunesse CNJ8 Carenews Journal 8 La bonne alimentation et la jeunesse CNJ8
Carenews Journal 8 La bonne alimentation et la jeunesse CNJ8
 
Dugravier milliex
Dugravier milliexDugravier milliex
Dugravier milliex
 
Infos Maternites Soins Parents Enfant
Infos Maternites Soins Parents EnfantInfos Maternites Soins Parents Enfant
Infos Maternites Soins Parents Enfant
 
LES SOINS KANGOUROU POUR LES BEBES PREMATURES : CE QU’IL FAUT SAVOIR EN 10 P...
LES SOINS KANGOUROU POUR LES BEBES PREMATURES : CE QU’IL FAUT SAVOIR  EN 10 P...LES SOINS KANGOUROU POUR LES BEBES PREMATURES : CE QU’IL FAUT SAVOIR  EN 10 P...
LES SOINS KANGOUROU POUR LES BEBES PREMATURES : CE QU’IL FAUT SAVOIR EN 10 P...
 
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La MaisonMicro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
Micro-Trottoir. Au CALM, Comme A La Maison
 
Laura maurin
Laura maurinLaura maurin
Laura maurin
 
Journée "Ethique" Robert Debré Hospital, 2010, Paris/France
Journée "Ethique" Robert Debré Hospital, 2010, Paris/FranceJournée "Ethique" Robert Debré Hospital, 2010, Paris/France
Journée "Ethique" Robert Debré Hospital, 2010, Paris/France
 
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
Troubles neurocognitifs postopératoires en pédiatrie
 
SEL INFOS 136 MAI 2018
SEL INFOS 136 MAI 2018SEL INFOS 136 MAI 2018
SEL INFOS 136 MAI 2018
 
Le Guide de l'allaitement maternel
Le Guide de l'allaitement maternelLe Guide de l'allaitement maternel
Le Guide de l'allaitement maternel
 
Coliques le nourrisson est aussi en crise
Coliques   le nourrisson est aussi en crise  Coliques   le nourrisson est aussi en crise
Coliques le nourrisson est aussi en crise
 

Mehr von Elsa von Licy

Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
Elsa von Licy
 
Neuropsychophysiologie
NeuropsychophysiologieNeuropsychophysiologie
Neuropsychophysiologie
Elsa von Licy
 
L agressivite en psychanalyse (21 pages 184 ko)
L agressivite en psychanalyse (21 pages   184 ko)L agressivite en psychanalyse (21 pages   184 ko)
L agressivite en psychanalyse (21 pages 184 ko)
Elsa von Licy
 
C1 clef pour_la_neuro
C1 clef pour_la_neuroC1 clef pour_la_neuro
C1 clef pour_la_neuro
Elsa von Licy
 
Vuillez jean philippe_p01
Vuillez jean philippe_p01Vuillez jean philippe_p01
Vuillez jean philippe_p01
Elsa von Licy
 
Spr ue3.1 poly cours et exercices
Spr ue3.1   poly cours et exercicesSpr ue3.1   poly cours et exercices
Spr ue3.1 poly cours et exercices
Elsa von Licy
 
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 p
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 pPlan de cours all l1 l2l3m1m2 p
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 p
Elsa von Licy
 
M2 bmc2007 cours01
M2 bmc2007 cours01M2 bmc2007 cours01
M2 bmc2007 cours01
Elsa von Licy
 
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutionsBioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
Elsa von Licy
 
Poly histologie-et-embryologie-medicales
Poly histologie-et-embryologie-medicalesPoly histologie-et-embryologie-medicales
Poly histologie-et-embryologie-medicales
Elsa von Licy
 
Methodes travail etudiants
Methodes travail etudiantsMethodes travail etudiants
Methodes travail etudiants
Elsa von Licy
 
Atelier.etude.efficace
Atelier.etude.efficaceAtelier.etude.efficace
Atelier.etude.efficace
Elsa von Licy
 
There is no_such_thing_as_a_social_science_intro
There is no_such_thing_as_a_social_science_introThere is no_such_thing_as_a_social_science_intro
There is no_such_thing_as_a_social_science_intro
Elsa von Licy
 

Mehr von Elsa von Licy (20)

Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
Styles of Scientific Reasoning, Scientific Practices and Argument in Science ...
 
Strategie Decisions Incertitude Actes conference fnege xerfi
Strategie Decisions Incertitude Actes conference fnege xerfiStrategie Decisions Incertitude Actes conference fnege xerfi
Strategie Decisions Incertitude Actes conference fnege xerfi
 
Rainville pierre
Rainville pierreRainville pierre
Rainville pierre
 
Neuropsychophysiologie
NeuropsychophysiologieNeuropsychophysiologie
Neuropsychophysiologie
 
L agressivite en psychanalyse (21 pages 184 ko)
L agressivite en psychanalyse (21 pages   184 ko)L agressivite en psychanalyse (21 pages   184 ko)
L agressivite en psychanalyse (21 pages 184 ko)
 
C1 clef pour_la_neuro
C1 clef pour_la_neuroC1 clef pour_la_neuro
C1 clef pour_la_neuro
 
Hemostase polycop
Hemostase polycopHemostase polycop
Hemostase polycop
 
Antiphilos
AntiphilosAntiphilos
Antiphilos
 
Vuillez jean philippe_p01
Vuillez jean philippe_p01Vuillez jean philippe_p01
Vuillez jean philippe_p01
 
Spr ue3.1 poly cours et exercices
Spr ue3.1   poly cours et exercicesSpr ue3.1   poly cours et exercices
Spr ue3.1 poly cours et exercices
 
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 p
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 pPlan de cours all l1 l2l3m1m2 p
Plan de cours all l1 l2l3m1m2 p
 
M2 bmc2007 cours01
M2 bmc2007 cours01M2 bmc2007 cours01
M2 bmc2007 cours01
 
Feuilletage
FeuilletageFeuilletage
Feuilletage
 
Chapitre 1
Chapitre 1Chapitre 1
Chapitre 1
 
Biophy
BiophyBiophy
Biophy
 
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutionsBioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
Bioph pharm 1an-viscosit-des_liquides_et_des_solutions
 
Poly histologie-et-embryologie-medicales
Poly histologie-et-embryologie-medicalesPoly histologie-et-embryologie-medicales
Poly histologie-et-embryologie-medicales
 
Methodes travail etudiants
Methodes travail etudiantsMethodes travail etudiants
Methodes travail etudiants
 
Atelier.etude.efficace
Atelier.etude.efficaceAtelier.etude.efficace
Atelier.etude.efficace
 
There is no_such_thing_as_a_social_science_intro
There is no_such_thing_as_a_social_science_introThere is no_such_thing_as_a_social_science_intro
There is no_such_thing_as_a_social_science_intro
 

Peaupeau

  • 1. JE SUIS ARRIVE TROP TOT MAIS MOI JE FAIS DU PEAU A PEAU - Mars 2012- Travail de recherche rĂ©alisĂ© pour le service de rĂ©animation nĂ©onatale du CHU de St Etienne par : - BELMIRO Sylviane, IDE - DESCOMBRIS Julie, IDE - FAVIER Verane, PDE - GOUTAGNY Ludivine, IDE - ROUX Emilie, PDE - THOMAS Florence, PDE - MUNTIEL Solange, cadre de santĂ© RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 1
  • 2. SOMMAIRE 1 INTRODUCTION : LE 1ER PEAU A PEAU CHEZ L’ENFANT PREMATURE 3 2 LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 4 2.1 HISTORIQUE ET PRESENTATION DE LA REANIMATION NEONATALE 4 2.2 LE SERVICE DE REANIMATION NEONATALE DU CHU DE ST ETIENNE 5 2.3 ORIGINE DU PEAU A PEAU 7 2.4 LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE DE ST ETIENNE 8 3 L’ANALYSE DE NOTRE PRATIQUE 10 3.1 LES LIMITES DU PEAU A PEAU 10 3.2 LES BIENFAITS DU PEAU A PEAU 12 3.2.1 D’UN POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE : 12 3.2.2 D’UN POINT DE VUE RELATIONNEL 14 4 CONCLUSION : QUEL AVENIR DU PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 17 5 ANNEXES 18 5.1 QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES IDE/PDE : 19 5.2 LE QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES MEDECINS 20 5.3 ANALYSE DES QUESTIONNAIRES DES PROFESSIONNELS 21 5.4 LE QUESTIONNAIRE DES PARENTS ET LE COURRIER ACCOMPAGNANT 24 5.5 ANALYSE QUESTIONNAIRES PARENTS 27 6 BIBLIOGRAPHIE 33 RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 2
  • 3. 1 INTRODUCTION : le 1er peau Ă  peau chez l’enfant prĂ©maturĂ© Catherine Druon (psychanalyste) dĂ©crit la naissance d’un enfant prĂ©maturĂ© ainsi : La grossesse brutalement interrompue, ce bĂ©bĂ© Ă©loignĂ© de la maternitĂ© par des soins nĂ©cessaires Ă  sa survie, font que ce n’est pas la “prĂ©occupation maternelle primaire” qui s’installe, mais une “prĂ©occupation mĂ©dicale primaire”. Deuil de la grossesse, deuil d’une naissance normale avec ses tensions puis sa joie, deuil d’un nouveau-nĂ© rose et joufflu dans son berceau, peur, inquiĂ©tude pour cet enfant parfois trop petit, trop fragile, devant dĂ©jĂ  se battre pour vivre, aidĂ© par toute une technique et un personnel qui serait compĂ©tent alors que les parents, eux, n’auraient pas su “terminer ” leur propre bĂ©bĂ©, jalousie par rapport Ă  ce personnel qui s’occupe de leur enfant, obstacle de l’incubateur et des diffĂ©rents “fils ” reliant le bĂ©bĂ© Ă  des machines... La charge Ă©motionnelle portĂ©e par les parents lors de la dĂ©couverte de leur bĂ©bĂ© et des jours qui suivent est Ă©norme. Les premiers instants sont donc primordiaux. La force des premiers investissements affectifs dĂ©termine pour longtemps la qualitĂ© des liens parentaux envers leur enfant hospitalisĂ©. Quant au bĂ©bĂ©, il quitte un nid douillet, un contenant rassurant aux sons filtrĂ©s et lumiĂšres tamisĂ©es (le ventre maternel) pour un environnement bruyant, lumineux ; parfois sans cocon pour le contenir ; sans la voix de ses parents et le contact de leurs mains, la chaleur de leur prĂ©sence. DĂ©tresse intense de ces nouveau-nĂ©s Ă  qui il faut absolument faire des soins douloureux : on les Ă©tend, les prĂ©lĂšve, les perfuse, on les morcelle dans leur petit corps avant mĂȘme qu’ils n’aient conscience de leur intĂ©gritĂ©. Le bĂ©bĂ©, Ă©ponge Ă©motionnelle, ne rencontre que le stress de cette Ă©quipe qui s’active autour de lui. Dans ce contexte le premier peau Ă  peau a pour objectif d’aider ces parents Ă  aller Ă  la rencontre de leur enfant, Ă  s’investir ; aider cette famille Ă  se crĂ©er, lutter contre cette douleur physique et psychique ; aider Ă  dĂ©velopper un lien de plus en plus grand. En effet dans les unitĂ©s de soin ; les parents qui font du peau Ă  peau avec leur enfant instaurent une relation privilĂ©giĂ©e physique (par l’odeur, les battements de coeur, la chaleur) et psychologique. Le peau Ă  peau, d’aprĂšs leurs dires, permettrait une “communication plus riche entre les parents et leur enfant”. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 3
  • 4. De plus, seuls les parents peuvent faire du peau Ă  peau avec leur enfant : c’est une relation qui n’appartient qu’à eux, un contact que les soignants ne peuvent avoir ; une participation active des parents auprĂšs de cet enfant. C’est aussi une façon de terminer la grossesse pour certaines mamans. GrĂące au peau Ă  peau, les parents ne sont plus simplement spectateurs des soins donnĂ©s Ă  leur enfant mais deviennent acteurs dans la survie, dans l’éveil Ă  la vie de leur bĂ©bĂ© dans un climat de confiance parents/soignants. 2 LE PEAU A PEAU EN REANIMATION NEONATALE 2.1 Historique et prĂ©sentation de la rĂ©animation nĂ©onatale Tout d’abord avant de commencer notre rĂ©flexion sur le peau Ă  peau, nous allons vous prĂ©senter succinctement l’historique de la rĂ©animation nĂ©onatale et de l’enfant prĂ©maturĂ©. Il faut savoir, qu’en France on dĂ©nombre actuellement environ 800 000 naissances par an dont environ 10 000 d’entre eux sont de grands prĂ©maturĂ©s c'est-Ă -dire nĂ©s avant 32 semaines d’amĂ©norrhĂ©e. Il existe plusieurs « catĂ©gories » d’enfants prĂ©maturĂ©s. Le taux de prĂ©maturitĂ© augmente chaque annĂ©e lĂ©gĂšrement (5% en 1980 et 10% en 2010). Plusieurs facteurs en sont les causes, en voici quelque uns : grossesses multiples, malformations foetales, hypertension artĂ©rielle, prĂ© Ă©clampsie, placenta prĂŠvia, pathologies infectieuses de la maman. Il est important de savoir que l’on considĂšre un accouchement prĂ©maturĂ© toute naissance survenant entre 28 et 37 semaines d’amĂ©norrhĂ©es rĂ©volues. Depuis les rĂ©cents progrĂšs de la rĂ©animation nĂ©onatale, cette barre est descendue plus bas : 24 semaines d’amĂ©norrhĂ©es. Pour pouvoir accueillir ces nouveaux nĂ©s, les services de rĂ©animations nĂ©onatales ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. Les rĂ©els premiers pas de la rĂ©animation nĂ©onatale remontent Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle. Ils se sont vraiment dĂ©veloppĂ©s dans le milieu du XXĂšme siĂšcle : le premier centre est ouvert en 1931 par Mary GROSS en Angleterre (Birmingham). Voici quelques unes, des grandes Ă©tapes de son dĂ©veloppement : la premiĂšre intubation en salle de naissance date de 1969, les voies d’abords ombilicales datent de 1968. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 4
  • 5. 2.2 Le service de rĂ©animation nĂ©onatale du CHU de ST ETIENNE Nous allons maintenant, aprĂšs avoir parlĂ© de la rĂ©animation nĂ©onatale dans sa globalitĂ©, aborder notre service de rĂ©animation nĂ©onatale au CHU de Saint ETIENNE. Cette spĂ©cialitĂ© est classĂ©e selon trois niveaux. Ici, Ă  Saint Etienne, nous sommes au niveau III : c’est-Ă -dire que nous sommes un Ă©tablissement assurant la prise en charge des femmes enceintes et des nouveaux nĂ©s comprenant sur le mĂȘme site une unitĂ© obstĂ©trique, une unitĂ© de nĂ©onatalogie et des unitĂ©s de rĂ©animations nĂ©onatales et adultes. Nous sommes une unitĂ© en mouvement constant : de part notre travail en collaboration avec les services de soins intensifs (6 lits), de nĂ©onatologie (18lits), et la maternitĂ©. Nous accueillons des enfants des diffĂ©rentes maternitĂ©s de la Loire mais aussi des rĂ©gions voisines. Notre service a une capacitĂ© de 13 lits dont 10 lits de rĂ©animations (bĂ©bĂ©s intubĂ©s et/ou avec une voie veineuse centrale) et trois lits de soins intensifs (bĂ©bĂ© avec besoins d’aide respiratoires : CPAP, lunette oxygĂšne, et/ou avec une voie centrale). Il est organisĂ© en 3 salles pouvant accueillir 4 enfants et une autre pouvant accueillir deux autres enfants. Notre service est ouvert 24h/24 aux parents. Les frĂšres et RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 5
  • 6. soeurs, la famille proche peuvent venir voir l’enfant par l’intermĂ©diaire d’une galerie entourant notre service. Nous sommes une Ă©quipe de soins de 40 infirmier(e)s/ puĂ©ricultrices et une cadre de santĂ©. Notre effectif minimum est de 6 par poste. Notre roulement fonctionne avec une alternance jour/nuit. Nous travaillons en Ă©troite collaboration avec les mĂ©decins, une kinĂ©sithĂ©rapeute, une infirmiĂšre technique, une psychologue et une puĂ©ricultrice de liaison PMI. Nous accueillons en grande majoritĂ© des enfants : - PrĂ©maturĂ©s (de 32 SA Ă  37 SA) - grands prĂ©maturĂ©s (28 SA Ă  32 SA) - trĂšs grands prĂ©maturĂ©s (24 SA Ă  28 SA donc nĂ© Ă  partir de 6 mois de grossesse) - des enfants Ă  terme avec une dĂ©tresse vitale et ou avec un problĂšme chirurgical Leur durĂ©e de sĂ©jour peut varier de quelques heures Ă  plusieurs mois. Il nous semble donc trĂšs important de personnaliser, individualiser nos soins, nos prises en charges pendant ces premiers moments de la vie de ces enfants et des parents dans l’accueil et leur accompagnement. DĂšs le dĂ©but de sa crĂ©ation, la technique occupait une place trĂšs importante. Mais depuis quelques annĂ©es, outre le souci d’éviter ou de soulager la douleur, nous nous posons la question des consĂ©quences Ă  long terme des Ă©vĂ©nements douloureux et du stress subis durant une pĂ©riode clĂ© du dĂ©veloppement de l’enfant. PrĂ©venir ou traiter la douleur, rĂ©duire le stress dans nos unitĂ©s de rĂ©animations nĂ©onatales sont des objectifs Ă©lĂ©mentaires dans notre quotidien. Nous essayons de dĂ©velopper de plus en plus nos pratiques, en tentant de personnaliser nos soins Ă  chaque enfant, en fonction de son Ă©tat de santĂ©. Nous tentons aussi de mettre en place des stimulations positives visant Ă  amĂ©liorer l’évolution des prĂ©maturĂ©s Ă  l’instant mĂȘme, mais aussi Ă  long terme. A travers ces stimulations, nous avons aussi pour objectif de crĂ©er le lien mĂšre/pĂšre/enfant. Dans notre service de RĂ©animation de nombreuses barriĂšres inhibent ces liens. Et c’est pourquoi le peau Ă  peau occupe une place clĂ© dans notre quotidien. Nous essayons au maximum d’aider ces parents, souvent dĂ©munis, Ă  aller Ă  la rencontre de leur enfant, Ă  s’investir, aider la famille Ă  se crĂ©er pour pouvoir inhiber au maximum leur douleur physique et psychique. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 6
  • 7. 2.3 Origine du peau Ă  peau C’est en Colombie, dans la MaternitĂ© de Bogota, en 1978 qu’est nĂ© la technique du peau Ă  peau. Dans le service de nĂ©onatalogie, oĂč le manque de moyens financiers, et donc de couveuses, est un problĂšme quotidien, les soignants ont pris l’habitude de regrouper les petits prĂ©maturĂ©s, beaucoup trop nombreux. Mais le risque de transmissions infectieuses est grand. C’est alors que l’idĂ©e vient au Docteur Edgar Rey Sanabria de dĂ©shabiller les nouveau-nĂ©s et de les lover contre le torse nu de leurs parents. L’objectif ? RĂ©chauffer ces bĂ©bĂ©s nĂ©s trop tĂŽt, incapables de rĂ©guler seuls leur tempĂ©rature, et dont la vie est en danger si l’hypothermie se prolonge. Le rĂ©sultat est Ă©difiant : de façon instantanĂ©e, un Ă©change thermique se produit. Par ce corps-Ă -corps, l’enfant retrouve les 37 degrĂ©s dans lesquels il baignait dans le ventre maternel et surtout, sa tempĂ©rature reste constante. C’est la naissance des unitĂ©s kangourou. Mais le succĂšs de cette mĂ©thode ne s’arrĂȘte pas lĂ . Car les mĂ©decins en sont convaincus, le peau Ă  peau a plus encore Ă  offrir. Pour Nathalie Charpak, pĂ©diatre française expatriĂ©e en Colombie, « le peau Ă  peau permet certes de combler le manque de structure mĂ©dicale dans les pays du Sud, mais aussi de pallier les carences affectives induites par la mise sous couveuse de ces bĂ©bĂ©s trop petits, trop faibles, trop fragiles. » Trente ans plus tard, cette mĂ©thode a fait ses preuves, chez les grands prĂ©maturĂ©s1. ArrĂȘtons-nous maintenant, quelques instants sur le mot « peau », selon la dĂ©finition : « c’est un organe composĂ© de plusieurs couches de tissus. Elle est la premiĂšre barriĂšre de protection de l’organisme. Chez l’Homme, elle est l’un des organes les plus importants du corps en regard de sa surface et de sa masse ».2 1 http://www.psychologies.com/Famille/Maternite/Bebe/Articles-et-Dossiers/Naissance-le-peau-a-peau 2 DĂ©finition de la « peau » selon le dictionnaire internet WIKIPEDIA RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 7
  • 8. Nous trouvons intĂ©ressant de citer cette dĂ©finition dans le sens oĂč, nous pouvons mettre en lien notre pratique du peau Ă  peau : les parents et leur enfant se rassemblent et enlĂšvent toute barriĂšre pouvant inhiber leur lien. Ils Ă©changent entre eux un moment unique. C’est une relation qui n’appartient qu’à eux. Les parents ne se sont plus simplement que spectateurs mais acteurs et ont une participation active auprĂšs de leur enfant. Dans la suite de notre travail, nous allons donc essayer d’avoir une rĂ©flexion sur le peau Ă  peau en rĂ©animation nĂ©onatale Ă  SAINT ETIENNE en abordant ses diffĂ©rents aspects. 2.4 Le peau Ă  peau en rĂ©animation nĂ©onatale de St Etienne Pour traiter notre sujet, nous avons souhaitĂ© cibler une population particuliĂšre : les enfants nĂ©s trĂšs prĂ©maturĂ©ment Ă  moins de 28 SA. Nous avons rĂ©alisĂ© des questionnaires auprĂšs des professionnels du service et des parents dont les enfants ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s en rĂ©animation nĂ©onatale et qui sont maintenant sortis de l’hĂŽpital. Le peau Ă  peau fait partie intĂ©grante maintenant de notre pratique soignante pour 90 % des infirmiers. Les avis sont mitigĂ©s, certains considĂšrent le peau Ă  peau comme un soin d’autre non et parfois mĂȘme un acte maternel. Ce temps Ă©motionnel parent / bĂ©bĂ© parait ancrĂ© dans nos pratiques et est rarement prescrit. Un de nos mĂ©decins Dr Fichtner, rĂ©fĂ©rent en soin de soutien au dĂ©veloppement nous incite fortement Ă  le rĂ©aliser. Pour 40% des infirmiers cet acte est plutĂŽt fait par habitude alors que pour 73 % cet acte nĂ©cessite une rĂ©flexion en Ă©quipe pluridisciplinaire. De plus, 87 % le rĂ©alisent Ă  la demande des parents. On note Ă©galement qu’en fonction du cursus professionnel, certains ont dĂ©jĂ  eu une initiation Ă  cette pratique ms aucun soignant n’a bĂ©nĂ©ficiĂ© de formation sur le peau Ă  peau. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 8
  • 9. A prĂ©sent, voyons comment se passe la pratique dans notre service : DĂšs les premiers jours d’hospitalisation, nous expliquons aux parents cette pratique et nous la mettons en place dĂšs que possible en moyenne dans les 15 premiers jours de vie et Ă  un rythme variable environ tous les 2 jours. Les parents ont bien compris que ce rythme n’est pas figĂ©, il dĂ©pend de l’état de santĂ© de leur enfant, de leur souhait et des possibilitĂ©s organisationnelles du service. Une installation est nĂ©cessaire : - un fauteuil - une couverture ou une couche tissu pour maintenir la tempĂ©rature de l’enfant - un oreiller ou le cache couveuse en guise de soutien pour poser le bras - le bandeau de maintien « Minilou » selon le souhait des parents Le dĂ©roulement du peau Ă  peau : - Le parent se met torse nu, enlĂšve bijou, et enfile une surblouse - Il s’installe confortablement sur un fauteuil auprĂšs de la couveuse - L’infirmier, aidĂ© d’un collĂšgue si nĂ©cessaire : o Sort le bĂ©bĂ© de l’incubateur et le pose sur la poitrine du parent o Recouvre le bĂ©bĂ© d’une couche tissu et/ou d’une couverture o Installe les fils du scope et les tuyaux du respirateur de façon sĂ©curisante avec des attaches o VĂ©rifie son installation et l’état clinique de l’enfant o Note les constantes hĂ©modynamiques de l’enfant RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 9
  • 10. 3 L’analyse de notre pratique GrĂące Ă  l’analyse de nos diffĂ©rents questionnaires, nous allons confronter la pratique Ă  la thĂ©orie et mettre en Ă©vidence les limites et les bienfaits du peau Ă  peau. 3.1 Les limites du peau Ă  peau Lors des peau Ă  peau plusieurs difficultĂ©s sont relatĂ©es : - La difficultĂ© d’installation par rapport au terme de l’enfant ou par rapport aux conditionnements du bĂ©bĂ© (VVC, sonde d’intubation, SNG
.). En effet, installer un enfant en peau Ă  peau engendre un risque potentiel d’extubation. De plus, un enfant de 24 SA est parfois difficile Ă  installer du fait de sa petite taille. En effet, 17 professionnels et 2 mĂ©decins abordent en premier cette difficultĂ© dans la pratique. - DifficultĂ© par rapport l’instabilitĂ© hĂ©modynamique de l’enfant : si l’enfant pris en charge est trĂšs instable sur le plan respiratoire, il est important de savoir se positionner en tant qu’infirmier. En effet, 9 professionnels soulignent que l’instabilitĂ© des bĂ©bĂ©s reprĂ©sente une barriĂšre importante pour un peau Ă  peau de qualitĂ©. Notons Ă©galement que 2 mĂ©decins sont sensibles Ă  cette problĂ©matique. Pour que cet instant reste unique, l’enfant doit ĂȘtre stable. Agir de façon « urgente » sur les bras des parents reste un RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 10
  • 11. moment douloureux Ă  vivre pour tout le monde. MĂȘme en restant le plus calme possible du cĂŽtĂ© des soignants, les parents comprennent exactement ce qu’il se passe. Ces situations peuvent entrainer des apprĂ©hensions sur les prochains peau Ă  peau. - La difficultĂ© concernant l’inquiĂ©tude et l’angoisse des parents : - Ă  l’idĂ©e d’avoir leur petit contre eux. Un professionnel note cette difficultĂ©. - peur qu’il soit mal, qu’il ait froid, qu’il glisse. 2 mĂ©decins craignent aussi ces problĂšmes. Globalement, de nombreux parents pensaient avant le premier peau Ă  peau que : « leur bĂ©bĂ© Ă©tait trop petit, que c’était trop tĂŽt et avaient donc peur de leur faire mal. » Si les parents sont stressĂ©s et n’ont pas forcĂ©ment l’envie, ce moment peut ĂȘtre mal vĂ©cu du cĂŽtĂ© des parents et de l’enfant. - La difficultĂ© par rapport au moment « idĂ©al » pour le peau Ă  peau : -Du cĂŽtĂ© des parents : il est important que les parents soient libres, prĂȘts et aient envie. Nous avons remarquĂ© dans nos questionnaires que certains parents se sont sentis forcĂ©s de faire du peau Ă  peau. -Du cĂŽtĂ© des soignants : il est aussi nĂ©cessaire que les soignants soient disponibles pour pouvoir rĂ©pondre aux besoins des parents durant ce temps mais surtout surveiller et rĂ©pondre aux besoins du bĂ©bĂ©. Lorsque l’on sait que la charge du service est lourde, notre disponibilitĂ© est moindre. En effet, 4 soignants prennent en compte la charge de travail pour une mise en peau Ă  peau. Par exemple le moment de la relĂšve ou le temps des prĂ©parations de perfusions en stĂ©rile sont des pĂ©riodes qui sollicitent les soignants, ils semblent donc moins disponibles pour la surveillance des enfants en peau Ă  peau. Ces donnĂ©es sont corrĂ©lĂ©es avec celles des parents qui expliquent : « le manque de disponibilitĂ© de l’infirmier peut entrainer des durĂ©es de peau Ă  peau trop longues et stressantes. » Les mĂ©decins aussi soulignent l’importance de la disponibilitĂ© des soignants pendant ces moments-lĂ . RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 11
  • 12. - Autres difficultĂ©s non relatĂ©es par la littĂ©rature : - l’impossibilitĂ© d’interaction visuel entre l’enfant et son parent est soulignĂ© par plusieurs d’entre eux. - le manque d’intimitĂ© pendant ce moment privilĂ©giĂ© enfant/parent. 2 soignants soulĂšvent ce problĂšme. Quant aux parents, ils vivent ce manque d’intimitĂ© et pour certains d’autant plus lorsqu’ils doivent se dĂ©vĂȘtirent et lors de l’installation : « J’avais enlevĂ© mon soutien-gorge pour l’avoir tout contre moi mais avec les visites
 et les autres parents ça a parasitĂ© ce moment. » - DifficultĂ© liĂ©e Ă  la technicitĂ© de la rĂ©animation nĂ©onatale. Pour certains parents toute la technicitĂ© liĂ©e Ă  la rĂ©animation (alarmes, bruits, tuyaux, prise de sang, chaleur de la couveuse, etc
) peut reprĂ©senter un frein pour un peau Ă  peau de qualitĂ©. - Des difficultĂ©s matĂ©rielles ont Ă©galement Ă©tĂ© soulevĂ© par les parents : « siĂšge non adaptĂ© et promiscuitĂ© des lieux ». 3.2 Les bienfaits du peau Ă  peau 3.2.1 D’un point de vue physiologique : 3.2.1.1 Peau Ă  peau et stabilitĂ© des constantes La littĂ©rature dĂ©crit que les avantages du « peau Ă  peau » peuvent ĂȘtre ressentis trĂšs vite : les rythmes cardiaques et respiratoires du bĂ©bĂ© sont plus stables. Les tout petits prĂ©maturĂ©s (moins de 1,200 kg), sont mĂ©taboliquement plus stables et respirent mieux. D’ailleurs les professionnels et les parents l’observent et l’ont notĂ© largement dans les rĂ©ponses Ă  nos questionnaires. Lors de la naissance, le bĂ©bĂ© est sĂ©parĂ© de sa mĂšre. On observe alors une augmentation massive de la production d’hormones du stress. Or une fois que la mĂšre et le bĂ©bĂ© sont rĂ©unis, le rythme du bĂ©bĂ© remonte et les hormones du stress diminuent (des Ă©tudes ont montrĂ© que le contact peau Ă  peau entre la mĂšre et son bĂ©bĂ© rĂ©duit la production d’hormones du stress de 74 %.). Il semblerait en outre que le peau Ă  peau ait une influence bĂ©nĂ©fique sur le taux de sucre du bĂ©bĂ©. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 12
  • 13. 3.2.1.2 Peau Ă  peau et tempĂ©rature Placer le bĂ©bĂ© en peau Ă  peau contre sa mĂšre permet une meilleure rĂ©gulation de sa tempĂ©rature. En effet, mĂȘme s'il fait chaud dans les services de nĂ©onatalogie, c'est encore trop peu pour le nouveau-nĂ© qui baignait, il y a quelques heures encore, dans le liquide amniotique Ă  la tempĂ©rature de sa mĂšre. De plus, l'hypothermie est un risque non nĂ©gligeable, d'autant plus si l’enfant est prĂ©maturĂ©. Donc posĂ© contre la poitrine de son parent, l’enfant bĂ©nĂ©ficie de sa chaleur. Cet item n’a pas Ă©tĂ© relevĂ© par les parents ni les professionnels. 3.2.1.3 Peau Ă  peau et allaitement En ce qui concerne l’allaitement, les vertus du « peau Ă  peau » ne sont plus Ă  dĂ©montrer. Lorsque le bĂ©bĂ© est mis en peau Ă  peau avec sa mĂšre juste aprĂšs l’accouchement, pendant au moins une heure, il prendra plus vite et mieux le sein de sa mĂšre. Tout le monde sera gagnant : tĂ©tĂ©es plus longues et plus frĂ©quentes, moins de douleurs pour la mĂšre... Des mamans nous ont expliquĂ© qu’au cours de certains peau Ă  peau elles ont eu une montĂ©e de lait. 5 professionnels ont Ă©voquĂ© les bienfaits du peau Ă  peau sur la stimulation de la lactation. 3.2.1.4 Le peau Ă  peau et le systĂšme immunitaire Un autre avantage important du « peau Ă  peau » est son effet sur le systĂšme immunitaire du nourrisson : lors du contact entre la peau du bĂ©bĂ© et la peau de la mĂšre, le bĂ©bĂ© est colonisĂ© par les mĂȘmes bactĂ©ries que celles prĂ©sentes sur la peau de sa mĂšre. CouplĂ© avec l’allaitement, cela permettrait notamment aux bĂ©bĂ©s de se constituer une dĂ©fense efficace contre les allergies. Cela serait trĂšs efficace pour renforcer le systĂšme immunitaire des nouveaux nĂ©s, particuliĂšrement faible chez les prĂ©maturĂ©s. Il est reconnu que le toucher stimule le systĂšme immunitaire. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 13
  • 14. 3.2.1.5 Peau Ă  peau et douleur Un cĂąlin de 15 minutes rĂ©duirait la douleur des prĂ©maturĂ©s lors de prises de sang, d'aprĂšs une Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de l'UniversitĂ© McGill, Ă  MontrĂ©al. PubliĂ©s dans la revue BMC Pediatrics, les travaux dĂ©montrent l'efficacitĂ© de la mĂ©thode dite "mĂšre kangourou" sur les grands prĂ©maturĂ©s. L'expĂ©rience a Ă©tĂ© faite au moment oĂč les enfants devaient subir une prise de sang. Les bĂ©bĂ©s ont Ă©tĂ© mis en contact peau Ă  peau avec leur mĂšre pendant 15 minutes, avant et lors de l'intervention. A l'inverse, un autre procĂ©dĂ© a consistĂ© Ă  emmailloter les prĂ©maturĂ©s et les dĂ©poser Ă  plat ventre dans un incubateur avant et aprĂšs l'incision. La douleur a Ă©tĂ© mesurĂ©e avec une Ă©chelle de douleur des prĂ©maturĂ©s (Premature Infant Pain Profile), qui tient compte des expressions faciales, du rythme cardiaque et des niveaux d'oxygĂšne dans le sang. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que les bĂ©bĂ©s mis au contact de leur mĂšre souffraient deux fois moins que les bĂ©bĂ©s placĂ©s en incubateur. Ils ont Ă©galement rĂ©cupĂ©rĂ© plus rapidement de leur douleur aprĂšs la prise de sang. En conclusion, les auteurs de l'Ă©tude notent que le contact peau Ă  peau avec la mĂšre semble dĂ©clencher chez les grands prĂ©maturĂ©s un mĂ©canisme endogĂšne qui diminue la souffrance. Les parents et les professionnels n’ont pas citĂ© cet item. 3.2.2 D’un point de vue relationnel 3.2.2.1 Le peau Ă  peau pour l’enfant Le contact en peau Ă  peau reproduit certaines sensations que l’enfant percevait lorsqu’il Ă©tait encore dans le ventre de sa maman. Il entend le battement du coeur de papa ou maman et il est bercĂ© comme il l’était par le liquide amniotique. Il se sent en sĂ©curitĂ©. Il reconnaĂźt la voix de ses parents. L’analyse des questionnaires et la littĂ©rature se rejoignent pour affirmer que le peau Ă  peau procure Ă  l’enfant des pĂ©riodes de calme, d’apaisement, il produit des stimulations sensorielles notamment tactiles positives. Il est aussi facile de remarquer que le bĂ©bĂ© pleure beaucoup moins lorsqu’il est placĂ© en « peau Ă  peau ». En fait, tout bonnement, il semble ĂȘtre plus heureux... RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 14
  • 15. Ce contact en peau Ă  peau amĂ©liore les relations parents-enfant ainsi que l’état de l’enfant et il offre une chance supplĂ©mentaire au bĂ©bĂ© de sĂ©duire ses parents sans la barriĂšre de l’incubateur, « une rĂ©elle rencontre sans barriĂšre de la couveuse ». Le cocon familial est recrĂ©e pour le bĂ©bĂ©. 3.2.2.2 Le peau Ă  peau pour les parents Les parents bouleversĂ©s par la naissance prĂ©maturĂ©e de leur enfant se culpabilisent et se sentent dĂ©possĂ©dĂ©s de leur bĂ©bĂ© pris rapidement en charge par l’équipe de soins. Les parents nous disent que la premiĂšre rencontre fut trĂšs brĂšve, ce fut un choc liĂ© Ă  la rapiditĂ© de la naissance. La fonction premiĂšre du contact peau Ă  peau est donc Ă©motionnelle : c'est le premier contact avec l’enfant, les premiers regards, les premiĂšres perceptions (tactiles, olfactives
). C'est un moment de quiĂ©tude et d'intimitĂ© qui permet de compenser le lien charnel qui a Ă©tĂ© brisĂ© trop tĂŽt. Tenir son bĂ©bĂ© contre elle permet Ă  la mĂšre de se rassurer. Ce contact en peau Ă  peau permet d’établir une relation d’attachement prĂ©coce et significative entre le bĂ©bĂ© et ses parents et diminue leur stress lorsque leur enfant est hospitalisĂ©. Les professionnels constatent qu’il y a une crĂ©ation du lien parent/enfant lors du peau Ă  peau permettant un moment intime entre chaque membre de la famille. Par consĂ©quent, ils se sentent parents Ă  100%. Les parents ont employĂ© des mots trĂšs forts, trĂšs rĂ©vĂ©lateurs de leurs ressentis dans ce moment privilĂ©giĂ© : - « plus rien autour n’avait d’importance » - « impression de pouvoir enfin la protĂ©ger » - « un vrai miracle » ; « c’était magique » ; « le plus beau jour de ma vie » - « maman comme les autres » - « ça effaçait les bips » - « enfin parents » « maman » - Une fiertĂ©, beaucoup d’émotions, un moment agrĂ©able de bien ĂȘtre total - « on prend conscience que le bĂ©bĂ© est lĂ  bien vivant, on le sent bouger et respirer contre nous, ça n’est pas une poupĂ©e au fond d’une couveuse » RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 15
  • 16. - « nous nous sommes appropriĂ©s notre enfant, nous avons rĂ©alisĂ© que nous Ă©tions parents » - « en peau Ă  peau on peut se transmettre des Ă©motions, ça a revitaminĂ© la maman, j’ai senti que c’était MON bĂ©bĂ© » - « j’ai pu sentir leurs mouvements leur odeur, les embrasser pour la premiĂšre fois » RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 16
  • 17. 4 Conclusion : Quel avenir du peau Ă  peau en rĂ©animation nĂ©onatale Au terme de l’analyse de ce travail, nous pouvons Ă©laborer des axes d’amĂ©lioration suite aux diffĂ©rents constats. Axes matĂ©riels : - achat de fauteuils adaptĂ©s et confortables avec accoudoir et repose pieds - prĂ©voir des boxs individuels ou des paravents pour favoriser l’intimitĂ© - une salle dĂ©diĂ©e aux parents pour se changer - une sonnette d’alarme pour que les parents puissent alerter en cas de problĂšme - achat de bandeau « Minilou » pour un meilleur maintien Axes organisationnels : - le rĂ©aliser quand l’infirmier est disponible - privilĂ©gier les temps plus calmes : le soir aprĂšs 20H - effectuer une surveillance des constantes sur la feuille de rĂ©animation avant, pendant et aprĂšs le peau Ă  peau RĂ©flexion et positionnement professionnel : - attention Ă  ne pas trop insister pour que se soit un rĂ©el choix pour les parents - une formation autour de la pratique du peau Ă  peau pour les professionnels - information et sensibilisation auprĂšs de nos collĂšgues du service et du pĂŽle couple mĂšre et enfant - favoriser le travail en collaboration pluridisciplinaire avec psychologue, kinĂ©sithĂ©rapeute et mĂ©decins afin de dĂ©velopper des projets de soins individualisĂ©s - rĂ©flexion sur la nĂ©cessitĂ© d’une prescription mĂ©dicale Nous prĂ©fĂ©rons faire entrer le peau Ă  peau dans le projet individualisĂ© plutĂŽt que de le protocoliser. Nous pensons qu’un protocole serait enfermant et qu’il nous ferait perdre la dimension humaine pour les parents et les professionnels. Entre un monde comme en Colombie oĂč la technique fait cruellement dĂ©faut et un autre monde occidental oĂč la technique a peut ĂȘtre atteint ses limites, le peau Ă  peau c’est humanitĂ© qui dĂ©passe la technicitĂ© dans un cas comme dans l’autre. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 17
  • 18. 5 Annexes RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 18
  • 19. 5.1 Questionnaire a l’attention des IDE/PDE : Nom (facultatif) : AnnĂ©e D.E : IDE PDE AnnĂ©e d’entrĂ©e en NĂ©onat ou RĂ©a NĂ©o Nat : 1 – Avez-vous dĂ©jĂ  eu une formation sur le peau Ă  peau ? Si oui, laquelle ? 2 – Avez-vous dĂ©jĂ  pratiquĂ© la technique du peau Ă  peau ? Si oui, pour quelles raisons ? □ RĂ©flexion d’équipe pluridisciplinaire □ Prescription mĂ©dicale □ Demande des parents □ Initiative personnelle □ Par habitude □ Autres Si non, pour quelles raisons ? 3 – En tant qu’infirmier(e) quelle place trouvez-vous dans ce soin ? (par rapport aux parents, Ă  l’intimitĂ©, Ă  la surveillance rĂ©a 
) 4 – Avez-vous des difficultĂ©s Ă  rĂ©aliser un peau Ă  peau ? Si oui, lesquelles ? 5 – Pour vous, existe-t-il des bienfaits au peau Ă  peau ? Si oui, lesquels ? 6 – Quels sont vos moyens d’évaluation de ce soin ? 7 – Depuis votre arrivĂ©e dans le service avez-vous modifiĂ© votre pratique concernant le peau Ă  peau ? (dans chaque cas expliquez votre rĂ©ponse) RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 19
  • 20. 5.2 Le questionnaire Ă  l’attention des mĂ©decins Nom (facultatif) : AnnĂ©e d’entrĂ©e en NĂ©onat ou RĂ©a NĂ©o Nat : 1 – Avez-vous dĂ©jĂ  eu une formation sur le peau Ă  peau ? Si oui, laquelle ? 2 – Avez-vous dĂ©jĂ  prescrit du peau Ă  peau ? Dans les deux cas, expliquer pourquoi. 3 – En tant que mĂ©decin quelle place trouvez-vous dans ce soin ? (par rapport aux parents, Ă  l’intimitĂ©, Ă  la surveillance rĂ©a 
) 4 – Que pensez-vous de la pratique du peau Ă  peau dans le service ? 5 – Lors de cette pratique, quels sont les bienfaits ? 6 - Lors de cette pratique, quels sont les risques encourus chez le grand prĂ©maturĂ© ? 6 – Comment Ă©valuez-vous cette pratique ? 7 – Pendant vos annĂ©es d’exercice dans le service avez-vous remarquĂ© une Ă©volution dans la pratique du peau Ă  peau ? 8 – Avez-vous des propositions Ă  nous faire pour faire Ă©voluer notre pratique ? (en regard d’autres Ă©tablissements par exemple) RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 20
  • 21. 5.3 Analyse des questionnaires des professionnels Tout d’abord nous pouvons constater que ce questionnaire a suscitĂ© un certain intĂ©rĂȘt auprĂšs des professionnels du service car 30 professionnels sur 39 ont rĂ©pondus. Nous comptons 4 IDE /7 pour 26 IDE /32 1-AnnĂ©e d’arrivĂ©e dans le service ‐ 2000 : 2 ‐ 2001 : 1 ‐ 2006 : 3 ‐ 2007 : 1 ‐ 2008 : 3 ‐ 2009 : 5 ‐ 2010 : 14 dont 8 jeunes diplĂŽmĂ©s ‐ 2011 : 1 diplĂŽmĂ©e de 2011 2- Formation concernant le peau Ă  peau ‐ Non : 26 ‐ Oui 4 par la formation sur les soins de dĂ©veloppement. Donc il n’est pas possible de considĂ©rer cette formation comme propre au peau Ă  peau. Nous pouvons donc dire que aucun professionnel n’a pu bĂ©nĂ©ficier d’une formation sur le peau Ă  peau. 3- La pratique du peau Ă  peau Tous les professionnels disent pratiquer le peau Ă  peau . Mais nous notons que cette pratique est motivĂ©e par diffĂ©rentes raisons. ‐ Initiative personnelle : 27 ‐ A la demande des parents : 26 ‐ RĂ©flexion en Ă©quipe pluridisciplinaire : 22 ‐ Par habitude : 12. Cette notion est Ă©noncĂ©e par les professionnels les plus anciens ‐ Prescription mĂ©dicale : 10 Face Ă  toutes ces rĂ©ponses, nous pouvons dĂ©jĂ  noter que le peau Ă  peau semble reprĂ©senter une acte pour les professionnels qui se rĂ©flĂ©chit et qui s’adapte en fonction des situations. Il est possible d’envisager que les plus anciennes ont rĂ©pondu par habitude car pour elle cet actes sont rentrĂ©s dans les moeurs et que cet acte ne reprĂ©sente plus pour elles une rĂ©elle difficultĂ© qui pourrait freiner le rĂ©alisation de cet acte. 4- La rĂŽle des soignants ‐ Surveillance continue Ă©troite (installation, prĂ©vention du bruit et lumiĂšre tamisĂ©e) mais qui prĂ©serve l’intimitĂ© : 15 ‐ Place importante dans le lien parent-enfant, soutien Ă  le parentalitĂ©, permettre aux parents de trouver leur place de parent au sein des soins et du service, recrĂ©er l’osmose de la maternitĂ© pour la maman, trait d’union entre les parents et les enfants : 14 RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 21
  • 22. ‐ Accompagnement : 6 ‐ Sensation d’intrusion dans l’intimitĂ© des parents-enfants lors de la surveillance : 6 ‐ Peau Ă  peau est un soin : 3 ‐ Peau Ă  peau n’est pas un soin : 2 ‐ Rassurer les parents : 2 ‐ Expliquer : 2 ‐ Favoriser le contact et les sens : ouĂŻe, toucher, odorat :2 ‐ Inciter et convaincre Ă  rĂ©aliser le peau Ă  peau : 1 ‐ Acte maternel : 1 Les rĂ©ponses Ă  cette question montrent Ă  quels points les professionnels souhaitent que les parents retrouvent leur place de parents. Nous nous rendons compte que prĂ©server le lien parent-enfant reste une prioritĂ© dans l’exercice des soignants dans le service. En revanche, il apparaĂźt une ambivalence dans les rĂ©ponses. En effet, les soignants savent que les parents ont besoin de ce lien de ce moment privilĂ©giĂ© de maternage mais ils craignent pour certain d’ĂȘtre intrusif dans la vie intime des parents et des enfants. Nous sentons bien une petite difficultĂ© Ă  trouver la juste place. 5- Les bienfaits Tous les professionnels s’accordent pour dire que le peau Ă  peau reprĂ©sente un rĂ©el bienfait. Voici leurs rĂ©ponses : ‐ Relationnel : 28 ‱ Un bien-ĂȘtre parent-enfant du fait de la levĂ©e d’obstacle de la couveuse ‱ Des parents qui prennent leur place de parent ‱ Cocon familial recrĂ©Ă© pour le bĂ©bĂ© ‱ CrĂ©ation et soutien au lien parent-enfant permet un moment intime entre chaque membre de la famille ‱ Les parents se sentent parents Ă  100% ‐ Au niveau des constantes : 18 ‱ Diminution des besoins en oxygĂšne ‱ Diminution des bradycardies ‱ Diminution des pauses respiratoires ‐ Stimulation de la lactation : 5 ‐ Sollicitation olfactive : 3 RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 22
  • 23. 6- Les difficultĂ©s ‐ Non : 9 ‐ Oui : 21 La raison des oui : ‐ Installation grands prĂ©maturĂ©s : 15 ‐ InstabilitĂ© des bĂ©bĂ©s : 9 ‐ Charge de travail du service : 4 que des anciennes professionnelles ‐ BĂ©bĂ©s de petits poids ou de petit terme : 2 ‐ IntimitĂ© parents : 2 ‐ Angoisse des parents : 1 Les rĂ©ponses Ă  la question mettent en Ă©vidence une certaine apprĂ©hension et inquiĂ©tude Ă  mettre un bĂ©bĂ© en peau Ă  peau lorsqu’il est de tout petit terme et avec un conditionnement important : VVC, sonde d’intubation
..Notons que ces difficultĂ©s sont davantage soulevĂ©es par les IDE /PDE les plus jeunes du service. 7- Evaluation ‐ Bien-ĂȘtre du bĂ©bĂ© : 16 ‱ Mimiques du bĂ©bĂ© ‱ BĂ©bĂ© qui a un visage dĂ©tendu ‱ Plus calme, apaisĂ© serein, moins agitĂ© ‐ Les constantes : 15 ‱ AmĂ©lioration de la saturation ‐ Bien-ĂȘtre des parents : 16 ‱ DĂ©tendu ‱ Certains parents disent de sentir bien ‐ Une professionnelle ne sait pas comment Ă©voluer cet acte. 8- Evolution et modification des pratiques sur le peau Ă  peau ‐ 22 soignants disent avoir modifiĂ© leur pratique ‐ 7 disent ne pas l’avoir modifiĂ© : ce sont les « jeunes IDE » ‐ 1 revient juste de son congĂ© maternitĂ© et explique qu’elle n’a pas assez de recul pour rĂ©pondre actuellement Ă  cette question. Les soignants qui disent ne pas avoir changĂ© leur pratique sont arrivĂ©s depuis peu de temps dans le service En ce qui concerne les 22 autres professionnels ils expliquent que leur pratique a Ă©voluĂ© car ils se sentent plus Ă  l’aise avec les bĂ©bĂ©s, leur installation et connaissent l’intĂ©rĂȘt et les bienfaits du peau Ă  peau. Elles notent qu’elles pratiquent de plus en plus et avec de tous petits bĂ©bĂ©s. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 23
  • 24. Il a Ă©galement Ă©tĂ© soulevĂ© Ă  3 reprises que l’investissement d’un mĂ©decin du service dans le domaine des soins de dĂ©veloppement a donnĂ© une plus grande impulsion et importance Ă  la pratique du peau Ă  peau. L’analyse de ce questionnaire auprĂšs des IDE /PDE du service montre Ă  quel point le peau Ă  peau fait partie intĂ©grante dans la prise en charge globale des bĂ©bĂ©s prĂ©maturĂ©s du service. En revanche, l’évaluation de cette pratique reste Ă  travailler afin qu’elle soit plus objective et significative. 5.4 Le questionnaire des parents et le courrier accompagnant RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 24
  • 25. Bonjour, Dans le cadre du colloque infirmier, notre service a Ă©tĂ©sĂ©lectionnĂ© pour prĂ©senter notre travail effectuĂ© sur le peau Ă  peau. Vous qui ĂȘtes parents d’un enfant nĂ© prĂ©maturĂ©, pouvez vous nousaider ? Vos expĂ©riences peuvent nous enrichir et amĂ©liorer notre prise encharge auprĂšs des bĂ©bĂ©s et de leurs parents. Ce questionnaire, dont les rĂ©ponses peuvent ĂȘtre anonymes, estaussi bien adressĂ© aux papas qu’aux mamans. Plusieurs rĂ©ponses sont donc possibles. Nous vous invitons donc, Ă  remplir le questionnaire et nous lerenvoyer avec l’enveloppe ci-jointe. Merci de votre participation. L’équipe de rĂ©animation nĂ©onatale du CHU de Saint Etienne. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 25
  • 26. Nom du (des) bĂ©bĂ©(s):facultatif PrĂ©nom(s) du (des) bĂ©bĂ©(s) : facultatif Terme Ă  la naissance : AnnĂ©e d’hospitalisation : DurĂ©e d’hospitalisation : Age actuel : ‱ Comment s’est passĂ© la premiĂšre rencontre avec votre (vos) bĂ©bĂ©(s) ? - Qu’est-ce qui a pu vous aider ou au contraire vous freiner, voire vous mettre en difficultĂ© ? ‱ Le peau Ă  peau est rĂ©guliĂšrement proposĂ© aux parents
 Certains nous ont dit avoir Ă©tĂ© « bousculĂ©s » par cette proposition, d’autres agrĂ©ablement surpris, et vous, qu’auriez-vous Ă  nous dire ? ‱ Quand a-t-il Ă©tĂ© possible de mettre votre enfant en peau Ă  peau ? ‐ Qu’avez-vous ressenti ? ‐ Comment votre bĂ©bĂ© a rĂ©agi ? ‱ Comment s’est passĂ© ce premier peau Ă  peau ? pour vous ? pour votre bĂ©bĂ© ? ‱ Ce premier peau Ă  peau vous a-t-il rapprochĂ© de votre bĂ©bĂ© ? ‱ A quelle frĂ©quence avez-vous fait du peau Ă  peau ensuite ? Est-ce que cela vous a convenu ? ‱ Quelles critiques positives / nĂ©gatives pouvez-vous nous faire sur le peau Ă  peau ? ‱ Que pensez-vous de la place des infirmier(e)s pendant vos peau Ă  peau ? ‱ Qu’attendez-vous (ou qu’auriez-vous attendu) de la prĂ©sence infirmiĂšre pendant le temps du peau Ă  peau ? ‱ Avez-vous des idĂ©es Ă  nous proposer pour amĂ©liorer ou optimiser notre pratique ? ‱ Par la suite avez-vous continuĂ© Ă  pratiquer le peau Ă  peau ? dans les autres services ? Ă  la maison ? Ă  ce jour ? Nous vous remercions de votre participation L’équipe de rĂ©animation nĂ©onatale RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 26
  • 27. 5.5 Analyse questionnaires parents Nous avons obtenu 18 rĂ©ponses sur 45 questionnaires envoyĂ©s soit 40% de rĂ©ponses. 6 questionnaires sont revenus pour adresse erronĂ©e. Les questionnaires analysĂ©s nous donnent les informations suivantes : AnnĂ©e d’hospitalisation : 2 enfants (des jumeaux) en 2009 ; 6 enfants en 2010 et 11 enfants en 2011 Terme Ă  la naissance : terme Ă  la naissance 0123456724 SA25 SA26 SA27 SA28 SA29 SAnb DurĂ©e d’hospitalisation : nb enfants0246810122 mois3 mois4 mois5 moisduree hospitalisation nb enfants nb enfants On peut noter que l’on trouve 20 enfants alors que nous avons 18 retours de questionnaire mais il y a des jumeaux qui ne sont pas sortis en mĂȘme temps. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 27
  • 28. Age actuel : age des enfants Ă  la date de rĂ©ponse du questionnaire00,511,522,5 4 mois5 mois6 mois7 mois8 mois9 mois10 mois11 mois12 mois13 mois14 mois15 mois16 mois17 mois18 mois19 mois20 mois21 mois22 mois36 mois age en mois nb enfants nb enfants Comment s’est passĂ© la premiĂšre rencontre avec votre vos bĂ©bĂ©s ? Pour la plupart des parents ils nous disent que cette premiĂšre rencontre a Ă©tĂ© difficile. Ils l’expliquent de diffĂ©rentes façons : - l’urgence, la rapiditĂ© de l’accouchement, un choc - le choc, la peur, le bouleversement, - l’image du bĂ©bĂ©, son poids, sa taille - la fragilitĂ© du bĂ©bĂ© - une rencontre brĂšve Mais ils expriment aussi qu’il y a eu beaucoup d’émotions et de bonheur de pouvoir enfin toucher cet enfant, un moment assez irrĂ©el. Qu’est-ce qui a pu vous aider ou au contraire vous freiner, voire vous mettre en difficultĂ© ? Ce qui a freinĂ©, mis en difficultĂ©s les parents lors de la premiĂšre rencontre avec leur bĂ©bĂ© c’est : - l’urgence, la rapiditĂ© des Ă©vĂ©nements - la culpabilitĂ© - la fatigue de la maman - la peur de lui faire mal liĂ©e au faible poids et sa taille - la peur de le perdre - le manque d’informations sur l’avenir (les premiers jours) - le manque d’intimitĂ© - toute la technicitĂ© liĂ©e Ă  la rĂ©animation (alarmes, bruit, tuyaux, prise de sang, chaleur de la couveuse, etc 
) RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 28
  • 29. En mĂȘme temps les parents disent que cet univers trĂšs mĂ©dicalisĂ©s les a aussi aidĂ©s et rassurĂ©s. Ce qui contribue Ă©galement Ă  les aider, c’est aussi en prioritĂ© : - l’équipe soignante qui donne beaucoup d’explications, qui rassure, qui est Ă  l’écoute et qui apporte beaucoup de soutien - les infirmiers parlent aux bĂ©bĂ©s et font participer les parents aux soins Le peau Ă  peau est rĂ©guliĂšrement proposer aux parents
 certains nous ont dit avoir Ă©tĂ© bousculĂ©s par cette proposition, d’autres agrĂ©ablement surpris, et vous, qu’auriez-vous Ă  nous dire ? Apres cette premiĂšre rencontre, le peau Ă  peau est proposĂ© aux parents. Certains parents : - se sont sentis forcĂ©s de faire du peau Ă  peau, - ont pensĂ© que c’était trop tĂŽt et que leur bĂ©bĂ© Ă©tait trop petit, - avaient peur de lui faire mal. - ont trouvĂ© que le peau Ă  peau Ă©tait parfois gĂȘnant ou stressant, - n’osaient pas demandĂ© lorsque celui-ci n’était pas proposĂ©. En mĂȘme temps le peau Ă  peau les a beaucoup aidĂ© pour une grande majoritĂ© ce fut : - un moment privilĂ©giĂ© avec beaucoup d’émotions, du plaisir, du bonheur. - cela leur a permis de se rapprocher de leur enfant, en le serrant - cela leur a permis de crĂ©er le lien, une rĂ©elle rencontre sans barriĂšre de la couveuse - de les mettre en confiance - un moment attendu avec impatience - rassurant de savoir qu’il n’y avait pas d’obligation - indispensable Quand a –t-il Ă©tĂ© possible de mettre votre enfant en peau Ă  peau ? Qu’avez-vous ressenti ? Comment votre bĂ©bĂ© a rĂ©agi ? Comment s’est passĂ© ce premier peau Ă  peau ? pour vous ? pour votre bĂ©bĂ© ? Le ressenti des parents se traduit par : - une fiertĂ©, beaucoup d’émotions, un moment agrĂ©able de bien ĂȘtre total, de l’amour, de la chaleur, du pur bonheur - certains ont vĂ©cu ce moment de maniĂšre trĂšs intense, inoubliable, ils disent : « un vrai miracle » ou encore « c’était magique », ils se sont sentis « enfin parents », « maman », « maman comme les autres », se sont appropriĂ© leur bĂ©bĂ©, oubli que c’est un grand prĂ©maturĂ©, dĂ©couverte de l’enfant - le temps passe plus vite RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 29
  • 30. - le soulagement, apaisĂ© - plus rien autour n’avait d’importance - ils ont Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris que le peau Ă  peau soit proposĂ© et le dĂ©roulement de ce temps privilĂ©giĂ©. - impression de pouvoir le protĂ©ger - manque d’intimitĂ© par rapport Ă  l’intimitĂ© et l’environnement du service Pour leur bĂ©bĂ©, les parents ont pu observer : - que leur enfant Ă©tait calme, dĂ©tendu, apaisĂ© - qu’il diminuait ses besoins en oxygĂšne - qu’il Ă©tait Ă©veillĂ©, dans le partage avec ses parents Ce premier peau Ă  peau vous a-t-il rapprochĂ© de votre bĂ©bĂ© ? Tous les parents assurent que ce peau Ă  peau les a rapprochĂ© de leur bĂ©bĂ©. Pour la premiĂšre fois : - ils ont senti son odeur - ils ont pu l’embrasser - ils ont pu lui faire des cĂąlins - ils ont crĂ©Ă© les premiers liens Les parents disent : « il devient enfin notre bĂ©bĂ© » C’est un moment inoubliable malgrĂ© la fragilitĂ© du bĂ©bĂ©. A quelle frĂ©quence avez-vous fait du peau Ă  peau ensuite ? Est-ce que cela vous a convenu ? Tous ont pu pratiquer le peau Ă  peau dans les quinze premiers jours de vie mĂȘme dĂšs le 2Ăšme ou 3Ăšme jour pour certains. Quant Ă  la frĂ©quence du peau Ă  peau les rĂ©ponses sont variables de tous les 2 jours Ă  selon l’état de notre enfant, et aussi pas assez souvent car ils ont envie de prendre leur bĂ©bĂ© Ă  chaque instant mais comprennent que ce n’est pas possible. Quelles critiques positives/nĂ©gatives pouvez vous nous faire sur le peau Ă  peau ? Plusieurs points nĂ©gatifs ont Ă©tĂ© soulevĂ©s par les parents : - l’univers de la rĂ©animation, les alarmes, les bruits, les fils - le manque d’intimitĂ© liĂ© Ă  la promiscuitĂ© - le manque de disponibilitĂ©s de l’infirmier qui peut entrainer des durĂ©es de peau Ă  peau trop longues et stressantes. - des siĂšges non adaptĂ©s et inconfortables - ne pas pouvoir les regarder - le peau a peau fait peur au dĂ©but - l’instabilitĂ© respiratoire RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 30
  • 31. Mais le peau Ă  peau est beaucoup apprĂ©ciĂ©, les points positifs sont : - c‘est un moment agrĂ©able, un moment privilĂ©giĂ© qui apporte beaucoup de bonheur, tendresse - les parents le trouvent indispensable et trĂšs utile pour crĂ©er un vĂ©ritable contact et renforcer le lien, un rĂ©el besoin pour bĂ©bĂ© et parents - une famille nous dit mĂȘme avoir pris conscience que le bĂ©bĂ© Ă©tait vivant - ils apprĂ©cient et ont besoin de la disponibilitĂ© et de l’écoute des professionnels, de leurs compĂ©tences pour une installation confortable et efficace - une bulle d’apaisement au milieu de l’angoisse de l’hospitalisation - tous les sens de l’enfant sont mis Ă  contribution : odorat, toucher, vue Certains ont mĂȘme dit avoir crĂ©Ă© des liens forts avec l’IDE pendant ce moment. Que pensez vous de la place des infirmiers pendant vos peau Ă  peau ? Le retour des questionnaires a permis aux parents de remercier l’équipe et de tenir des propos trĂšs Ă©logieux. La place des infirmiers est pour eux primordiale. Ils sont indispensables, aidants, rassurants, veillant Ă  la sĂ©curitĂ© et au confort. Ils respectent l’intimitĂ© tout en surveillant le bĂ©bĂ©. Qu’attendez-vous ou qu’auriez vous attendu de la prĂ©sence infirmiĂšre pendant le temps du peau Ă  peau ? Les parents attendent des IDE : - qu’ils soient discrets - qu’ils respectent leur intimitĂ© - qu’ils soient prĂ©sents sans envahir c'est-Ă -dire pour eux : tout en exerçant une surveillance de leur enfant - qu’ils donnent beaucoup d’explications sur le peau Ă  peau et ses bienfaits - qu’ils les Ă©coutent - qu’ils aient une attitude rassurante - qu’ils soient disponibles - qu’ils veillent au confort, Ă  l’installation et Ă  la dĂ©tente du parent - qu’ils arrĂȘtent les alarmes, les sonneries Avez-vous des idĂ©es Ă  nous proposer pour amĂ©liorer ou optimiser notre pratique ? Les parents proposent : - avoir le choix de faire du peau Ă  peau, ne pas trop insister - faire la rĂ©installation avec les parents si possible - le proposer le plus souvent possible mais seulement lorsque les conditions sont rĂ©unies - des fauteuils plus adaptĂ©s avec accoudoirs - des paravents - un lieu isolĂ© - un lieu dĂ©diĂ© aux parents pour se changer - une sonnette d’alarme pour eux RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 31
  • 32. - favoriser le peau Ă  peau le soir car le service est plus calme - l’achat de bandeau de portage MinilouÂź pour chaque parents, Ă  sa taille pour Ă©viter les problĂšmes d’installation et ĂȘtre sĂ»r d’en avoir un. Par la suite avez-vous continuĂ© Ă  pratiquer le peau Ă  peau ? dans les autres services, Ă  la maison Ă  ce jour Le peau Ă  peau a Ă©tĂ© pratiquĂ© dans les autres services, mais il n’est pas proposĂ© systĂ©matiquement et certains ne l’ont donc plus pratiquĂ© ou avec le bĂ©bĂ© habillĂ©. Certains ont continuĂ© Ă  rĂ©aliser le peau Ă  peau Ă  la maison au dĂ©but, d’autres ont arrĂȘtĂ© : - par manque de temps (les parents de jumeaux) - les parents en ressentent moins le besoin car ils peuvent prendre le bĂ©bĂ© quand ils veulent - le bĂ©bĂ© est plus Ă©veillĂ© et a besoin de regarder autour de lui. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 32
  • 33. RĂ©animation nĂ©onatale, CHU de St Etienne Mars 2012 33 6 Bibliographie Sites internet : 9 www.psychologies.com/Famille/Maternite/Bebe/Articles-et-Dossiers/Naissance-le- peau-a-peau 9 fr.wikipĂ©dia.org 9 www.mamancherie.ca/fr/info/newman/01a-peau.htm : l’importance du contact peau Ă  peau 9 pediadol.org/Le-peau-a-peau-des-bienfaits,385.html Le peau Ă  peau : des bienfaits attendus Ă  la pratique quotidienne ... 9 www.sparadrap.org 9 www.bien-naitre.fr 9 www.lllfrance.org â€ș L'importance du contact peau-Ă -peau | Feuillets du Dr Jack Newman Livres, revues : 9 Revue Spirale : PEAU À PEAU : UN CONTACT CRUCIAL POUR LE NOUVEAU- NÉ. JĂ©rome Pignol et al. 2008/2 - n° 46 pages 59 Ă  69. ISSN 1278-4699 9 A l'Ă©coute du bĂ©bĂ© prĂ©maturĂ©, Catherine Druon, Ed. Aubier, 1996 9 The importance of skin to skin contact. Traduction du feuillet no 1a. RĂ©visĂ© en janvier 2005 par Jack Newman, MD, FRCPC. © 2005 ;Version française, mai 2005, par StĂ©phanie Dupras, IBCLC, RLC 9 Guide pratique : La mĂ©thode "mĂšre kangourou", Auteurs: OMS, DĂ©partement santĂ© et recherche gĂ©nĂ©siques, 60 pages, 2004, 9 Contact peau Ă  peau prĂ©coce des mĂšres et de leur nouveau-nĂ© en bonne santĂ©: BibliothĂšque de SantĂ© GĂ©nĂ©sique de l'OMS; GenĂšve: Organisation mondiale de la SantĂ©, 9 novembre 2007. Puig G, Sguassero Y. ThĂšse : ThĂšse prĂ©sentĂ©e pour le diplĂŽme de docteur en mĂ©decine – annĂ©e 2010 : La pratique du peau Ă  peau chez les grands prĂ©maturĂ©s. ExpĂ©rience dans un service de rĂ©animation nĂ©onatale au CHU de Strasbourg : Ă©tude prospective, par AurĂ©lie CARBASSE