SlideShare ist ein Scribd-Unternehmen logo
1 von 10
Downloaden Sie, um offline zu lesen
Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 49
Autisme : complexité et complémentarité des approches
I. LE CONTEXTE
Les Centres Aria ont été créés par des parents, fondateurs de l'associa-
tion « PRO AID AUTISME ». Leur but à l'origine était un accueil de
jour éducatif pour jeunes adultes autistes, adapté à leurs besoins spéci-
fiques, tenant compte de leurs possibilités d'apprentissage, de leur po-
tentiel, mais aussi de leurs difficultés liées au handicap de l'autisme.
Nous avons ouvert le premier centre sans appui et sans financement de
l'État en 89. Six adolescents y étaient accueillis. Encouragés par leur
bonne adaptation à leur nouvelle vie quotidienne, nous avons réussi à
maintenir cette mini structure en vie jusqu'à ce que l'État prenne la
relève en juin 92, date du premier agrément.
L'éducation structurée
selon la philosophie
TEACCH
Un outil dans le travail
auprès des adultes autistes
Brigitte
Nelles
Psychologue BrigitteNELLES,PsychologuedesCentreséducatifsdejour« ARIA »,Masdejourpour
adolescents et jeunes adultes autistes et psychotiques, 154, rue d'Alésia, 75014, Paris.
La philosophie du programme TEACCH dans l'approche
éducative des personnes autistes repose sur le principe
d'individualisation, sur la base d'objectifs fixés pour chacun.
Cette démarche a certes ses limites et n'a rien de magique
ni de révolutionnaire ; nous avons juste le sentiment d'avoir
trouvé là, un outil de travail qui guide efficacement notre
action et qui permet à la personne de mieux vivre son
autisme.
Dossier
Les Cahiers de l'Actif - N°280/28150
Aujourd'hui, trois centres existent : nous avons ouvert le deuxième
centreen94etledernierendécembre95,l'inaugurationofficielleayant
eu lieu en avril 96 par Madame Simone Veil, ancien Ministre d'État.
Les trois centres se situent dans les 14ème et 15ème arrondissements à
Paris. Par leur proximité, ils permettent une gestion commune, mais
aussi des échanges entre les personnes accueillies. Vingt et une person-
nes autistes âgées de 18 à 39 ans sont réparties dans les trois centres.
L'équipe éducative est constituée d'éducateurs et de psychomotriciens.
Le ratio d'encadrement est en moyenne de 1 pour 2 ou 3. L'infirmière, le
psychiatre et la psychologue partagent leur temps entre les trois centres.
Les 21 jeunes adultes accueillis viennent d'horizons divers : de leur
famille (avec pour certains de longues périodes sans prise en charge
extérieure, allant jusqu'à 15 ans), d'hôpitaux de jour ou d'hôpitaux psy-
chiatriques, d'internat, d'IME et d'IMPRO.
La particularité des centres Aria ne se situe pas uniquement dans leur
montage administratif, mais aussi dans le projet pédagogique : l'édu-
cation structurée du Programme TEACCH.
Pourquoi ce choix ?
Tout d'abord pour l'expérience que l'équipe de Caroline du Nord a ac-
quise dans l'éducation des personnes autistes, à tout âge, pour tout ni-
veau. Le Programme TEACCH est à la troisième génération de ses
services, et donc aussi de ses “clients”. Ce programme est un service
d'État, il n'y a pas de sélection au départ.
À quoi s'ajoute le souci de toujours mieux connaître pour mieux faire,
qui caractérise cette équipe, son esprit de recherche et son excellente
connaissance du fonctionnement cognitif des personnes autistes.
II. L'ÉTAT D'ESPRIT
Si l'on voulait schématiser la philosophie du Programme TEACCH
dans l'approche éducative des personnes autistes, on pourrait imaginer
un espace vide dans lequel on installe, en fonction de chaque personne,
les repères dont elle a besoin pour être mieux, moins angoissée, pour
qu'elle comprenne mieux ce qui se passe, et pour qu'elle puisse partici-
per de plus en plus à sa vie quotidienne.
Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 51
Autisme : complexité et complémentarité des approches
Il ne s'agit pas d'intégrer des personnes autistes dans un cadre (même
pas celui de notre vie de tous les jours et de nos valeurs), mais de créer
un cadre pour chacune d'elles et qui lui soit adapté.
Le soin dans l'autisme devient alors pour une part, et à la base, l'accep-
tation de la différence. Il s'agit d'accepter que les besoins de la per-
sonne autiste soient différents, ses plaisirs également.
L'éducationselonlaphilosophieTEACCHmetaucentredesespréoc-
cupations l'adaptation de l'outil à chaque personne, l'individualisation.
Il ne s'agit pas d'éduquer dans le simple but de faire
avancer, de “normaliser”. Il s'agit d'éduquer avec
comme objectif principal de donner à la personne
autiste telle qu'elle est les moyens pour comprendre,
pour pouvoir s'exprimer, pour mieux vivre.
C'est en ce sens que l'éducation peut être considérée
comme thérapeutique : elle prévient les crises, les
situations difficiles, frustrantes pour la personne
autiste, et elle permet de construire en même temps
un mieux-être de la personne.
III. LES PRINCIPES DE BASE
DE L'ÉDUCATION STRUCTURÉE
Tout d'abord le principe d'individualisation : il s'agit d'aborder la per-
sonne autiste à son niveau de fonctionnement, de communiquer avec
elle par le moyen qu'elle comprend, de mettre en place tous les repères
nécessaires pour qu'elle se sente rassurée, à l'aise. Il est essentiel que la
personne autiste comprenne ce qui se passe dans sa vie quotidienne,
pendant une activité, une sortie, tout le temps.
Ensuite il s'agit de fixer des objectifs dans le travail avec chaque adulte
autiste. Notre approche reste complètement centrée sur chaque indivi-
dualité. Pour les activités à plusieurs, nous nous basons sur les compé-
tences de chaque personne à participer et à supporter une situation de
groupe.
Les objectifs éducatifs sont liés aux domaines de la communication,
de la prise en charge personnelle, de la participation à la vie collective
et aux tâches domestiques, des loisirs, brefs, les domaines essentiels
d'une vie adulte.
“L’éducation selon
la philosophie
TEACCH privilégie
l’individualisation”
Dossier
Les Cahiers de l'Actif - N°280/28152
Il nous paraît important de fixer des objectifs à court terme et dont les
résultats soient mesurables dans le temps. Ceci permet de voir si l'ob-
jectif est adapté, si les moyens mis en place sont suffisants, mais cela
permetaussidecréerautourdechaquejeuneautiste(parentsetéquipe)
un environnement dynamique.
Il s'agit d'enseigner à la personne autiste de mener à bien une activité
du début à la fin, sans intervention de notre part.
Ceci se fait d'abord dans un cadre très structuré, pauvre en stimula-
tions. Puis l'apprentissage de l'autonomie peut être élargi à d'autres
contextes plus naturels, tout en maintenant les repères nécessaires à
une bonne compréhension de la situation.
Il s'agit de donner à la personne autiste un maximum d'occasions d'être
à l'extérieur, dans la communauté, de lui apprendre à apprécier les ac-
tivités sociales et à se comporter de façon adaptée.
Les moyens utilisés sont ceux de l'éducation structurée :
n lamiseenplaced'unmoyendecommunicationaccessibleàcette
personne,
n la mise en place de repères dans le temps et dans l'espace, en
fonction des besoins spécifiques de chaque personne,
n la visualisation de la durée et de l'avancement dans une activité,
n la claire visualisation de son début et de sa fin,
n la visualisation des différentes étapes d'une tâche complexe,
n une organisation claire et personnalisée du matériel,
n un va et vient entre la situation d'apprentissage très structurée et
pauvre en stimulations et la situation “naturelle”,
n uneréévaluationetrestructurationcontinuespourpermettrel'ap-
prentissage dans des conditions optimales et encourageantes.
Je ne peux pas développer ici tous ces aspects qui sont mieux éclairés
lors d'une formation pratique. S'ils apparaissent souvent comme “de
bon sens” et faciles à mettre en place, notre expérience nous a montré
qu'il faut faire preuve de beaucoup de patience, d'imagination, d'un
travail sur soi-même et de rigueur pour y arriver.
Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 53
Autisme : complexité et complémentarité des approches
IV. LES MALENTENDUS
Il faut être très vigilant et ne pas se satisfaire de“la forme” dans l'édu-
cation structurée. J'évoque ici ce qui constitue la partie la plus vulgari-
séeduProgrammeTEACCH,commel'affichagedesemploisdutemps,
la préparation d'activités dans des paniers, la mise en place de cartes de
communication...
Ainsil'importantn'estpasd'afficherledéroulementdelajournée.L'im-
portantc'estquel'emploidutempsprennesenspourlapersonneautiste.
Cela suppose qu'il soit individualisé dans sa forme, sa longueur, son
utilisation. L'objectif est atteint quand la personne peut utiliser seule
son emploi du temps, sans aide, et qu'elle sait quoi faire en fonction de
cet emploi du temps.
Le travail sur table n'est pas un but en soi, c'est un
point de départ. L'important c'est d'arriver à concréti-
ser les apprentissages : apprendre à rester assis pen-
dant l'activité permettra plus tard de rester assis au
caféouaurestaurant.L'apprentissaged'unepremière
autonomie se fait à la table de travail puisque c'est le
lieu le plus structuré, c'est là que la routine de travail
est la plus claire. Ensuite nous enseignons des activi-
tés dans d'autres endroits qu'à la table de travail. La
personne autiste a appris à organiser son matériel, à
travailler et à ranger la “tâche” terminée. Mainte-
nant elle peut apprendre à le faire dans des contextes“plus naturels”et
doncmoinsstructurés.Ilestimportantdesavoirquelapersonneautiste
ne généralise pas spontanément ses acquis. La personne autiste a ap-
pris à trier les couverts à sa table de travail. Il faudra passer par un
nouvel enseignement pour réaliser le même tri à la cuisine. D'un con-
texte à un autre, nous installons le même système de travail et d'acti-
vité, les mêmes repères visuels que dans l'aire de travail. Nous conti-
nuons donc à passer par l'emploi du temps pour annoncer l'activité, la
routine de travail est maintenue (par exemple : travailler de gauche à
droite et ranger dans un bac de “fin”). La difficulté pour nous se situe
justementdanslatranspositiond'unsystèmederepèresversdesactivités
comme une promenade, un jeu de ballon, un trajet en bus, la peinture,...
“La personne
autiste
ne généralise pas
spontanément
ses acquis”
Dossier
Les Cahiers de l'Actif - N°280/28154
TEACCH, ce serait l'apprentissage des activités préparées
dans des paniers !
Quand on fait du modelage, du théâtre, quand on va au cinéma, quand
on fait de la relaxation, “on ne fait plus du TEACCH !”
C'est là une compréhension très superficielle de ce travail éducatif. Si
l'éducation structurée répond à des besoins spécifiques de la personne
autiste, dans le but de la rassurer et de la rendre plus indépendante de
nous, elle doit l'accompagner à tout moment de la journée. La per-
sonne autiste se pose tout le temps des questions comme “qu'est-ce
que je dois faire ?”, “pendant combien de temps ?”. Pour toute acti-
vité, ces questions doivent avoir une réponse visuelle.
L'éducation structurée devient alors une façon de penser chaque situa-
tion à travers les difficultés de la personne autiste, plus qu'un acte isolé
à une table de travail.
Tous ces repères mis en place rendraient la personne autiste
encore plus routinière !
Il y a du vrai et du faux dans cette affirmation.
Effectivement dans la pédagogie TEACCH nous nous appuyons sur
les forces de chaque personne, sur ce qu'elle aime. Une des forces de
beaucoup de personnes autistes, c'est de faire toujours de la même
façon. Cela les rassure, c'est souvent cela qu'elles ont compris d'une
situation. Apprendre à une personne autiste de toujours vérifier son
emploi du temps, de toujours effectuer une activité en allant de gauche
à droite, c'est lui apprendre des nouvelles routines.
Mais ces routines lui apportent un peu plus d'indépendance par rapport
à nous. Elles permettent d'envisager de pouvoir faire quelque chose
toute seule. Ces “routines” nous permettent paradoxalement de tra-
vailler sur la flexibilité, et d'enrichir ainsi le quotidien. Regarder l'em-
ploi du temps avant chaque activité est la constante, mais le contenu de
la journée peut changer d'un jour à l'autre, les activités peuvent se faire
dans un ordre très différent. C'est donc un moyen pour rendre le chan-
gement acceptable à la personne autiste. Sans ces moyens visuels, elle
mémorise le déroulement de la journée, de la semaine, et chaque chan-
gement sera vécu comme une catastrophe, puisqu'il n'était pas prévisi-
ble. Supprimer les repères d'une activité apprise, c'est se priver d'un
moyen de l'enrichir, de la changer...
Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 55
Autisme : complexité et complémentarité des approches
Les repères visuels c'est un peu pour la personne autiste ce qu'est la
canne blanche pour les aveugles. La canne rassure et rend autonome,
peu importe le trajet, l'activité. Mais tant qu'il sera non-voyant, l'aveu-
gle aura besoin de sa canne.
Visualiser les informations, c'est partager avec la personne autiste les
informations que nous avons sur sa vie de tous les jours. Il en est ainsi
de tous les repères visuels.
TEACCH, c'est du comportementalisme !
Certes l'éducation structurée, comme toute éducation, y compris de
l'enfant ordinaire, s'appuie sur certaines techniques de comportemen-
talisme. L'important est néanmoins que la compréhension par la per-
sonne autiste est au centre de toute évaluation, de tout acte éducatif. Ce
qui est enseigné doit pouvoir prendre sens pour cette
personne là.
L'autre aspect important, comme évoqué plus haut,
c'est que l'acceptation de la différence est à la base de
notre travail. Notre objectif n'est pas de rendre la per-
sonnemoinsautiste,maisdelarendreplusépanouie,
plus heureuse, de lui permettre de mieux vivre avec
son autisme. Il ne s'agit donc pas en premier lieu de
supprimer des comportements inadaptés.
Liéeàcetteinterrogation,ilfaudraaussiévoquerl'as-
pect affectif. Que fait-on “du relationnel” ? De mon expérience, je
dirais qu'il doit être le fondement, la base, le centre de notre travail.
L'ambiancedanslaquelleévoluentnospersonnesautistesdoitêtrecha-
leureuse et sereine, la relation doit être une relation de confiance, notre
attitude doit être empreinte de respect. Sans l'envie et le plaisir d'être
avec eux, aucun vrai travail éducatif ne sera jamais possible.
Celui qui pense éducation, pense souvent aussi travail sur des compor-
tements inadaptés. Des recherches ont montré l'inefficacité des straté-
gies qui utilisent des conséquences négatives, désagréables pour la
personne autiste ou souffrant d'un retard mental. En fait, la personne
ne fait pas le lien entre son comportement inadapté et la conséquence.
La philosophie du programme TEACCH nous encourage plutôt à :
n analyser et restructurer la situation qui pose problème en fonc-
tion des besoins spécifiques de la personne, pour que le compor-
tement n'ait pas lieu,
“L’objectif est
de permettre
à la personne
de mieux vivre
avec son autisme”
Dossier
Les Cahiers de l'Actif - N°280/28156
n rendre nos exigences accessibles pour la personne dans cette si-
tuation,
n enseigner les comportements adaptés.
V. LES LIMITES
Les limites de notre travail sont nombreuses.
Il y a un danger inhérent au travail quotidien avec des personnes autis-
tes : tomber nous-mêmes dans des routines, des routines pas toujours
positives. C'est s'installer dans des habitudes sans se poser la question
pourquoi on fait telle chose de telle façon. Pouvoir profiter d'un regard
extérieur,avoirlapossibilitédediscuterdesdifférentsproblèmes,pou-
voir chercher des solutions ensemble me paraît l'es-
sentiel. Dans notre travail, il n'y a pas une seule façon
detravailler,uneseulefaçonquiseraitlabonne.Pour
toute situation difficile, des solutions peuvent être
suggérées, essayées.
L'éducation structurée n'est pas du tout un outil ma-
gique. Les progrès existent mais ils sont le fruit d'un
travailconcerté,rigoureux,parfoisdelonguehaleine.
Et de toute façon redisons-le, nous ne guérissons pas
l'autisme.
Le travail avec des adultes autistes implique de fixer des priorités et
d'abandonner certains domaines. On ne peut pas travailler sur tous les
plans.
Analyser toute situation en fonction des difficultés et possibilités de
chaque personne, mettre en place toute structure nécessaire, toute in-
formation visuelle bénéfique, demande beaucoup de travail, d'énergie
et de rigueur. L'impression de faire un travail de fourmi peut parfois
décourager les plus enthousiastes. Le travail d'équipe paraît très im-
portant.
L'évolution des personnes autistes se fait souvent par phases harmo-
nieuses qui sont suivies de périodes difficiles. Des comportements dif-
ficiles, parfois dangereux peuvent apparaître sans que nous puissions
toujours trouver la raison. Dans un certain nombre de cas, l'angoisse
de la personne autiste est trop importante pour pouvoir être atténuée
“L’éducation
structurée n’est
pas du tout un
outil magique”
Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 57
Autisme : complexité et complémentarité des approches
pardesmoyenséducatifsseulement.L'éducationn'estsouventpassuf-
fisante pour pouvoir passer ces caps difficiles.
Combien de fois, des troubles du comportement importants sont néan-
moins liés à des problèmes physiques (maux de dents, problèmes de
digestion,oreillebouchée,...).Lesexplorationssonttrèsimportanteset
l'hypothèse de l'angoisse autistique est alors mauvaise conseillère.
Tous les moyens doivent alors être mis en œuvre pour aider la per-
sonneetsafamilledanscespériodes.Untravaildecollaborationétroite
entre les différents professionnels et la famille est très important.
VI. LES RÉSULTATS
Le fait de construire pour les personnes autistes leur vie quotidienne,
avec leur participation de plus en plus importante et spontanée, porte
ses fruits. Avoir des objectifs très précis et à court terme permet d'ap-
précier les progrès de chacun et dans les différents domaines de la vie.
La première fois que la personne prend l'initiative de demander un sac
en plastique (c'est son objet préféré) en tendant une photo, la première
fois qu'elle traverse le bassin de la piscine, la première fois qu'elle
réussit à boutonner son blouson, toutes ces premières fois sont des
moments magiques.
La prévisibilité de la journée, du déroulement de chaque activité, avoir
à sa disposition un moyen de communication, tout cela évite et pré-
vient beaucoup de crises d'angoisse, de comportements difficiles, vio-
lents. Nous arrivons ainsi à diminuer le nombre de situations frustran-
tes pour la personne. Et nous arrivons à augmenter le nombre de situa-
tions où elle réussit, où elle se sent valorisée, où elle est fière, (et donc
où elle s'assume mieux).
En partant des capacités de chacun, en enseignant des activités, petit à
petit la vie de groupe devient non seulement possible, mais agréable.
Ceci est dû au fait que chacun sait quoi faire, se sent à la hauteur de la
situation, la comprend.
Être “dehors”, dans la communauté, jour après jour, pour différentes
activités,avoirlàaussidesobjectifsprécispourchacunedespersonnes
autistes, cela porte ses fruits. On dit souvent que les personnes autistes
ont des comportements difficiles à l'extérieur (cris, se jeter par terre, se
mordre). Cela peut être parce qu'il y a trop de bruit dans la rue, trop
Dossier
Les Cahiers de l'Actif - N°280/28158
d'attente à la caisse, parce que la place habituelle dans le bus est prise.
L'apprentissage est possible à condition de“pratiquer”souvent!Cha-
que activité doit être régulière, prévisible, inscrite dans le programme
hebdomadaire. Certains gestes, certains aspects de l'activité extérieure
peuvent être enseignés à l'intérieur du centre, dans une situation plus
calme, puis retransposés dans la situation naturelle. Il est important
d'analyserchaquefoislasituationetd'essayerd'aiderlapersonneautiste
par les moyens suivants :
n rendre la situation plus claire,
n structurer mieux l'activité,
n mettre en place des moyens de communication accessible à la
personne autiste,
n éviterdessituationstropstressantesoulesfairedurerleminimum.
Sans être à l'abri des comportements difficiles, nous pouvons constater
une diminution de ceux-ci pour la plupart des jeunes adultes accueillis.
La prévention de ces troubles par des moyens éducatifs est le plus
souvent efficace.
Nos résultats ne sont pas vraiment “mesurés”, ils sont tangibles à tra-
vers le sourire, le bien-être visibles. Ils se voient aussi dans la prise
d'initiative, la communication de plus en plus spontanée. Ils se lisent
sur le visage de celui ou celle qui a bien réussi une activité et qui en est
fier. Ils se sentent dans l'ambiance joyeuse à l'intérieur des groupes. Ils
sont réels aussi dans l'écho que nous avons des parents qui nous con-
fientleursgrandsenfants.Lacollaborationaveceuxaprésidéàlamise
au point des stratégies éducatives et elle reste une constante du Pro-
gramme TEACCH.
Rien de magique, rien de révolutionnaire, mais nous avons le senti-
ment d'avoir trouvé un outil de travail qui guide efficacement notre
action. Cela ne veut pas dire qu'il soit le seul ou qu'à lui seul il suffise
pour approcher du mieux possible l'autisme. La modestie reste de ri-
gueur en attendant d'avoir une meilleure connaissance de ce handicap.
Au moins avons-nous conscience de progresser et de pouvoir être un
peu optimistes. Pour qui a été confronté à la difficulté que constitue
toute entreprise d'aide aux autistes, c'est déjà un résultat appréciable.

Weitere ähnliche Inhalte

Was ist angesagt?

Structural Family Therapy
Structural Family TherapyStructural Family Therapy
Structural Family TherapyKimberly Alesna
 
Person-Centered Approach to Counseling
Person-Centered Approach to CounselingPerson-Centered Approach to Counseling
Person-Centered Approach to CounselingPamela Bianca Mas
 
Core concepts of feminist therapy
Core concepts of feminist therapyCore concepts of feminist therapy
Core concepts of feminist therapySnehal Jadav
 
Behavioral Addiction.pptx
Behavioral Addiction.pptxBehavioral Addiction.pptx
Behavioral Addiction.pptxMostafa Elsapan
 
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis AS
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis ASPsychodynamic treatments/Psychoanalysis AS
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis ASJill Jan
 
Gestalt Therapy: An Introduction
Gestalt Therapy: An IntroductionGestalt Therapy: An Introduction
Gestalt Therapy: An IntroductionGlenn Berger
 
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...James Tobin, Ph.D.
 
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINAL
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINALNARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINAL
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINALKim Talia Pillay
 
Psychodynamic Perspective
Psychodynamic PerspectivePsychodynamic Perspective
Psychodynamic PerspectiveDr. Neeta Gupta
 
Couples therapy
Couples therapyCouples therapy
Couples therapysharylbars
 
Person centered powerpoint ll
Person centered powerpoint llPerson centered powerpoint ll
Person centered powerpoint llargosy university
 
Family Therapy
Family TherapyFamily Therapy
Family TherapyClaudia L
 
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008psychologuk
 

Was ist angesagt? (18)

Behaviour approach to therapy
Behaviour approach to therapyBehaviour approach to therapy
Behaviour approach to therapy
 
Structural Family Therapy
Structural Family TherapyStructural Family Therapy
Structural Family Therapy
 
Person-Centered Approach to Counseling
Person-Centered Approach to CounselingPerson-Centered Approach to Counseling
Person-Centered Approach to Counseling
 
Core concepts of feminist therapy
Core concepts of feminist therapyCore concepts of feminist therapy
Core concepts of feminist therapy
 
Behavioral Addiction.pptx
Behavioral Addiction.pptxBehavioral Addiction.pptx
Behavioral Addiction.pptx
 
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis AS
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis ASPsychodynamic treatments/Psychoanalysis AS
Psychodynamic treatments/Psychoanalysis AS
 
Gestalt Therapy: An Introduction
Gestalt Therapy: An IntroductionGestalt Therapy: An Introduction
Gestalt Therapy: An Introduction
 
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...
Culture, Norms, and Process in Adult Sex Offender Groups: Getting Reacquaint...
 
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINAL
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINALNARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINAL
NARRATIVE THERAPY Edited by KIM-FINAL
 
Psychodynamic Perspective
Psychodynamic PerspectivePsychodynamic Perspective
Psychodynamic Perspective
 
An Overview Of Gestalt Therapy
An Overview Of Gestalt TherapyAn Overview Of Gestalt Therapy
An Overview Of Gestalt Therapy
 
Couples therapy
Couples therapyCouples therapy
Couples therapy
 
Feminist Family Therapy Seminar
Feminist Family Therapy SeminarFeminist Family Therapy Seminar
Feminist Family Therapy Seminar
 
Gestalt Therapy
Gestalt TherapyGestalt Therapy
Gestalt Therapy
 
Bsft
BsftBsft
Bsft
 
Person centered powerpoint ll
Person centered powerpoint llPerson centered powerpoint ll
Person centered powerpoint ll
 
Family Therapy
Family TherapyFamily Therapy
Family Therapy
 
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008
Family Constellation -Looking Systemically at the Life Script, Timisoara 2008
 

Andere mochten auch

Andere mochten auch (20)

Sitios de alojamiento virtual
Sitios de alojamiento virtualSitios de alojamiento virtual
Sitios de alojamiento virtual
 
Du trait au caractere
Du trait au caractereDu trait au caractere
Du trait au caractere
 
Papillons en papier
Papillons en papierPapillons en papier
Papillons en papier
 
Proyecto mal uso de las redes sociales informática
Proyecto mal uso de las redes sociales   informáticaProyecto mal uso de las redes sociales   informática
Proyecto mal uso de las redes sociales informática
 
Programas gráficos de computación
Programas gráficos de computación Programas gráficos de computación
Programas gráficos de computación
 
HYUNDAI line up(Spanish) 9192016
HYUNDAI line up(Spanish) 9192016HYUNDAI line up(Spanish) 9192016
HYUNDAI line up(Spanish) 9192016
 
Equipo de Lydia
Equipo de LydiaEquipo de Lydia
Equipo de Lydia
 
Estampas de colombia
Estampas de colombiaEstampas de colombia
Estampas de colombia
 
Porque ir a la Iglesia
Porque ir a la IglesiaPorque ir a la Iglesia
Porque ir a la Iglesia
 
TRES DESEOS
TRES DESEOSTRES DESEOS
TRES DESEOS
 
Metrología jhohan cabrera
Metrología   jhohan cabreraMetrología   jhohan cabrera
Metrología jhohan cabrera
 
regression test v2 post
 regression test v2 post regression test v2 post
regression test v2 post
 
proyecto PURA VIDA PUNTA CANA
proyecto PURA VIDA PUNTA CANAproyecto PURA VIDA PUNTA CANA
proyecto PURA VIDA PUNTA CANA
 
S4 tarea4 heflv
S4 tarea4 heflvS4 tarea4 heflv
S4 tarea4 heflv
 
Praga Smetana
Praga SmetanaPraga Smetana
Praga Smetana
 
et en plus elle peint !
et en plus elle peint !et en plus elle peint !
et en plus elle peint !
 
Patrimonio de-la-humanidad-polonia-y-republica-checa-
Patrimonio de-la-humanidad-polonia-y-republica-checa-Patrimonio de-la-humanidad-polonia-y-republica-checa-
Patrimonio de-la-humanidad-polonia-y-republica-checa-
 
Presentation site oenotourisme du Vaucluse
Presentation site oenotourisme du VauclusePresentation site oenotourisme du Vaucluse
Presentation site oenotourisme du Vaucluse
 
Le mille feuille
Le mille feuilleLe mille feuille
Le mille feuille
 
refleccion
refleccionrefleccion
refleccion
 

Ähnlich wie TEACCH adulte autiste

METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH
METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH  METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH
METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH ETIC-CAMEROUN
 
Projet educatif 2013 2014
Projet educatif 2013 2014Projet educatif 2013 2014
Projet educatif 2013 2014centresocial
 
Accompagnement vannes juin 2014
Accompagnement vannes juin 2014Accompagnement vannes juin 2014
Accompagnement vannes juin 2014Philippe Watrelot
 
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de Paix
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de PaixConférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de Paix
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de PaixUniversité de Paix Asbl
 
Evaluation de l’impact du Plan Autisme 2008-201
 Evaluation de l’impact du Plan  Autisme 2008-201 Evaluation de l’impact du Plan  Autisme 2008-201
Evaluation de l’impact du Plan Autisme 2008-201Christophe Lemesre
 
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiques
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiquesMethode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiques
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiquesETIC-CAMEROUN
 
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp enfant mystère
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp   enfant mystèreFiches pratiques par les étudiants de l’isrp   enfant mystère
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp enfant mystèreRéseau Pro Santé
 
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 Mandelieu
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 MandelieuStéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 Mandelieu
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 MandelieuStéphanie DISANT
 
Réformes de l'éducation, l'accompagnement
Réformes de l'éducation, l'accompagnementRéformes de l'éducation, l'accompagnement
Réformes de l'éducation, l'accompagnementrichard peirano
 
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...Réseau Pro Santé
 
Annexe pédo guide de l'externe
Annexe pédo guide de l'externeAnnexe pédo guide de l'externe
Annexe pédo guide de l'externetfovet
 
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...MNH - Mutuelle Nationales des Hospitaliers
 
Dossier autisme participate
Dossier autisme participateDossier autisme participate
Dossier autisme participateMarta Montoro
 
Projet éduc et péda alsh noel 2011
Projet éduc et péda alsh noel 2011Projet éduc et péda alsh noel 2011
Projet éduc et péda alsh noel 2011centresocial
 
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdf
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdfActivités mercredis cycle 3 - año 2020.pdf
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdfLallaJamilaFtaich1
 
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017Véronique Miszewski
 

Ähnlich wie TEACCH adulte autiste (20)

METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH
METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH  METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH
METHODE DE PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES: Le TEACCH
 
Projet educatif
Projet educatifProjet educatif
Projet educatif
 
Projet educatif 2013 2014
Projet educatif 2013 2014Projet educatif 2013 2014
Projet educatif 2013 2014
 
Accompagnement vannes juin 2014
Accompagnement vannes juin 2014Accompagnement vannes juin 2014
Accompagnement vannes juin 2014
 
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de Paix
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de PaixConférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de Paix
Conférences et ateliers 2014-2015 à l'Université de Paix
 
Evaluation de l’impact du Plan Autisme 2008-201
 Evaluation de l’impact du Plan  Autisme 2008-201 Evaluation de l’impact du Plan  Autisme 2008-201
Evaluation de l’impact du Plan Autisme 2008-201
 
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiques
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiquesMethode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiques
Methode de prise en charge des Enfants à besoins spécifiques
 
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp enfant mystère
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp   enfant mystèreFiches pratiques par les étudiants de l’isrp   enfant mystère
Fiches pratiques par les étudiants de l’isrp enfant mystère
 
Ps bonjour1211
Ps bonjour1211Ps bonjour1211
Ps bonjour1211
 
B prot dossier
B prot dossierB prot dossier
B prot dossier
 
Diapo sanitaire et social
Diapo sanitaire et socialDiapo sanitaire et social
Diapo sanitaire et social
 
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 Mandelieu
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 MandelieuStéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 Mandelieu
Stéphanie Disant - Présidente du salon Petit 1 Mandelieu
 
Réformes de l'éducation, l'accompagnement
Réformes de l'éducation, l'accompagnementRéformes de l'éducation, l'accompagnement
Réformes de l'éducation, l'accompagnement
 
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...
Solidarité Internationale : présentation de l'Associations PSF ; Association ...
 
Annexe pédo guide de l'externe
Annexe pédo guide de l'externeAnnexe pédo guide de l'externe
Annexe pédo guide de l'externe
 
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...
[Concours MNH des étudiants 2015-16] Equipe 42 : Les petites attentions qui o...
 
Dossier autisme participate
Dossier autisme participateDossier autisme participate
Dossier autisme participate
 
Projet éduc et péda alsh noel 2011
Projet éduc et péda alsh noel 2011Projet éduc et péda alsh noel 2011
Projet éduc et péda alsh noel 2011
 
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdf
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdfActivités mercredis cycle 3 - año 2020.pdf
Activités mercredis cycle 3 - año 2020.pdf
 
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017
Association Cerep-Phymentin : rapport d'activité 2017
 

Mehr von elanoita

comorbidités et autisme
comorbidités et autisme comorbidités et autisme
comorbidités et autisme elanoita
 
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfant
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfantLe soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfant
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfantelanoita
 
handicap et maltraitance
handicap et maltraitancehandicap et maltraitance
handicap et maltraitanceelanoita
 
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicile
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicileSupports visuels pour aider l'enfant autiste à domicile
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicileelanoita
 
Les blondes sont elles plus susceptibles? recherche
Les blondes sont elles plus susceptibles? rechercheLes blondes sont elles plus susceptibles? recherche
Les blondes sont elles plus susceptibles? rechercheelanoita
 
TCC enfants et ado
TCC enfants et adoTCC enfants et ado
TCC enfants et adoelanoita
 
observation bb_watillon_mai2010
observation bb_watillon_mai2010 observation bb_watillon_mai2010
observation bb_watillon_mai2010 elanoita
 
petit livre sur le deni grossesse
petit livre sur le deni grossessepetit livre sur le deni grossesse
petit livre sur le deni grossesseelanoita
 
les médico-sociaux face au secret professionnel
les médico-sociaux face au secret professionnelles médico-sociaux face au secret professionnel
les médico-sociaux face au secret professionnelelanoita
 
Guide floortime
Guide floortimeGuide floortime
Guide floortimeelanoita
 
Document rehabilitation a_letroublebipolaire
Document rehabilitation a_letroublebipolaireDocument rehabilitation a_letroublebipolaire
Document rehabilitation a_letroublebipolaireelanoita
 
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitive
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitiveDeficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitive
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitiveelanoita
 
parentalite
parentaliteparentalite
parentaliteelanoita
 
la paternité et ses troubles
la paternité et ses troublesla paternité et ses troubles
la paternité et ses troubleselanoita
 
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)elanoita
 
Ta lattachement un_lien_vital_web
Ta lattachement un_lien_vital_webTa lattachement un_lien_vital_web
Ta lattachement un_lien_vital_webelanoita
 
Plan autisme2013
Plan autisme2013Plan autisme2013
Plan autisme2013elanoita
 
Placement de l'enfant maltraité
Placement de l'enfant maltraitéPlacement de l'enfant maltraité
Placement de l'enfant maltraitéelanoita
 
Resilience et-handicap-chez-l-enfant
Resilience et-handicap-chez-l-enfantResilience et-handicap-chez-l-enfant
Resilience et-handicap-chez-l-enfantelanoita
 
habiletés sociales chez l'enfant autiste
habiletés sociales chez l'enfant autistehabiletés sociales chez l'enfant autiste
habiletés sociales chez l'enfant autisteelanoita
 

Mehr von elanoita (20)

comorbidités et autisme
comorbidités et autisme comorbidités et autisme
comorbidités et autisme
 
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfant
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfantLe soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfant
Le soin à l'hopital : informer par le jeu pour l'enfant
 
handicap et maltraitance
handicap et maltraitancehandicap et maltraitance
handicap et maltraitance
 
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicile
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicileSupports visuels pour aider l'enfant autiste à domicile
Supports visuels pour aider l'enfant autiste à domicile
 
Les blondes sont elles plus susceptibles? recherche
Les blondes sont elles plus susceptibles? rechercheLes blondes sont elles plus susceptibles? recherche
Les blondes sont elles plus susceptibles? recherche
 
TCC enfants et ado
TCC enfants et adoTCC enfants et ado
TCC enfants et ado
 
observation bb_watillon_mai2010
observation bb_watillon_mai2010 observation bb_watillon_mai2010
observation bb_watillon_mai2010
 
petit livre sur le deni grossesse
petit livre sur le deni grossessepetit livre sur le deni grossesse
petit livre sur le deni grossesse
 
les médico-sociaux face au secret professionnel
les médico-sociaux face au secret professionnelles médico-sociaux face au secret professionnel
les médico-sociaux face au secret professionnel
 
Guide floortime
Guide floortimeGuide floortime
Guide floortime
 
Document rehabilitation a_letroublebipolaire
Document rehabilitation a_letroublebipolaireDocument rehabilitation a_letroublebipolaire
Document rehabilitation a_letroublebipolaire
 
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitive
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitiveDeficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitive
Deficience intellectuelle-deficits-et-remediation-cognitive
 
parentalite
parentaliteparentalite
parentalite
 
la paternité et ses troubles
la paternité et ses troublesla paternité et ses troubles
la paternité et ses troubles
 
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)
Code de déontologie des psychologues de mars 1996, actualisé en février 2012 (1)
 
Ta lattachement un_lien_vital_web
Ta lattachement un_lien_vital_webTa lattachement un_lien_vital_web
Ta lattachement un_lien_vital_web
 
Plan autisme2013
Plan autisme2013Plan autisme2013
Plan autisme2013
 
Placement de l'enfant maltraité
Placement de l'enfant maltraitéPlacement de l'enfant maltraité
Placement de l'enfant maltraité
 
Resilience et-handicap-chez-l-enfant
Resilience et-handicap-chez-l-enfantResilience et-handicap-chez-l-enfant
Resilience et-handicap-chez-l-enfant
 
habiletés sociales chez l'enfant autiste
habiletés sociales chez l'enfant autistehabiletés sociales chez l'enfant autiste
habiletés sociales chez l'enfant autiste
 

TEACCH adulte autiste

  • 1. Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 49 Autisme : complexité et complémentarité des approches I. LE CONTEXTE Les Centres Aria ont été créés par des parents, fondateurs de l'associa- tion « PRO AID AUTISME ». Leur but à l'origine était un accueil de jour éducatif pour jeunes adultes autistes, adapté à leurs besoins spéci- fiques, tenant compte de leurs possibilités d'apprentissage, de leur po- tentiel, mais aussi de leurs difficultés liées au handicap de l'autisme. Nous avons ouvert le premier centre sans appui et sans financement de l'État en 89. Six adolescents y étaient accueillis. Encouragés par leur bonne adaptation à leur nouvelle vie quotidienne, nous avons réussi à maintenir cette mini structure en vie jusqu'à ce que l'État prenne la relève en juin 92, date du premier agrément. L'éducation structurée selon la philosophie TEACCH Un outil dans le travail auprès des adultes autistes Brigitte Nelles Psychologue BrigitteNELLES,PsychologuedesCentreséducatifsdejour« ARIA »,Masdejourpour adolescents et jeunes adultes autistes et psychotiques, 154, rue d'Alésia, 75014, Paris. La philosophie du programme TEACCH dans l'approche éducative des personnes autistes repose sur le principe d'individualisation, sur la base d'objectifs fixés pour chacun. Cette démarche a certes ses limites et n'a rien de magique ni de révolutionnaire ; nous avons juste le sentiment d'avoir trouvé là, un outil de travail qui guide efficacement notre action et qui permet à la personne de mieux vivre son autisme.
  • 2. Dossier Les Cahiers de l'Actif - N°280/28150 Aujourd'hui, trois centres existent : nous avons ouvert le deuxième centreen94etledernierendécembre95,l'inaugurationofficielleayant eu lieu en avril 96 par Madame Simone Veil, ancien Ministre d'État. Les trois centres se situent dans les 14ème et 15ème arrondissements à Paris. Par leur proximité, ils permettent une gestion commune, mais aussi des échanges entre les personnes accueillies. Vingt et une person- nes autistes âgées de 18 à 39 ans sont réparties dans les trois centres. L'équipe éducative est constituée d'éducateurs et de psychomotriciens. Le ratio d'encadrement est en moyenne de 1 pour 2 ou 3. L'infirmière, le psychiatre et la psychologue partagent leur temps entre les trois centres. Les 21 jeunes adultes accueillis viennent d'horizons divers : de leur famille (avec pour certains de longues périodes sans prise en charge extérieure, allant jusqu'à 15 ans), d'hôpitaux de jour ou d'hôpitaux psy- chiatriques, d'internat, d'IME et d'IMPRO. La particularité des centres Aria ne se situe pas uniquement dans leur montage administratif, mais aussi dans le projet pédagogique : l'édu- cation structurée du Programme TEACCH. Pourquoi ce choix ? Tout d'abord pour l'expérience que l'équipe de Caroline du Nord a ac- quise dans l'éducation des personnes autistes, à tout âge, pour tout ni- veau. Le Programme TEACCH est à la troisième génération de ses services, et donc aussi de ses “clients”. Ce programme est un service d'État, il n'y a pas de sélection au départ. À quoi s'ajoute le souci de toujours mieux connaître pour mieux faire, qui caractérise cette équipe, son esprit de recherche et son excellente connaissance du fonctionnement cognitif des personnes autistes. II. L'ÉTAT D'ESPRIT Si l'on voulait schématiser la philosophie du Programme TEACCH dans l'approche éducative des personnes autistes, on pourrait imaginer un espace vide dans lequel on installe, en fonction de chaque personne, les repères dont elle a besoin pour être mieux, moins angoissée, pour qu'elle comprenne mieux ce qui se passe, et pour qu'elle puisse partici- per de plus en plus à sa vie quotidienne.
  • 3. Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 51 Autisme : complexité et complémentarité des approches Il ne s'agit pas d'intégrer des personnes autistes dans un cadre (même pas celui de notre vie de tous les jours et de nos valeurs), mais de créer un cadre pour chacune d'elles et qui lui soit adapté. Le soin dans l'autisme devient alors pour une part, et à la base, l'accep- tation de la différence. Il s'agit d'accepter que les besoins de la per- sonne autiste soient différents, ses plaisirs également. L'éducationselonlaphilosophieTEACCHmetaucentredesespréoc- cupations l'adaptation de l'outil à chaque personne, l'individualisation. Il ne s'agit pas d'éduquer dans le simple but de faire avancer, de “normaliser”. Il s'agit d'éduquer avec comme objectif principal de donner à la personne autiste telle qu'elle est les moyens pour comprendre, pour pouvoir s'exprimer, pour mieux vivre. C'est en ce sens que l'éducation peut être considérée comme thérapeutique : elle prévient les crises, les situations difficiles, frustrantes pour la personne autiste, et elle permet de construire en même temps un mieux-être de la personne. III. LES PRINCIPES DE BASE DE L'ÉDUCATION STRUCTURÉE Tout d'abord le principe d'individualisation : il s'agit d'aborder la per- sonne autiste à son niveau de fonctionnement, de communiquer avec elle par le moyen qu'elle comprend, de mettre en place tous les repères nécessaires pour qu'elle se sente rassurée, à l'aise. Il est essentiel que la personne autiste comprenne ce qui se passe dans sa vie quotidienne, pendant une activité, une sortie, tout le temps. Ensuite il s'agit de fixer des objectifs dans le travail avec chaque adulte autiste. Notre approche reste complètement centrée sur chaque indivi- dualité. Pour les activités à plusieurs, nous nous basons sur les compé- tences de chaque personne à participer et à supporter une situation de groupe. Les objectifs éducatifs sont liés aux domaines de la communication, de la prise en charge personnelle, de la participation à la vie collective et aux tâches domestiques, des loisirs, brefs, les domaines essentiels d'une vie adulte. “L’éducation selon la philosophie TEACCH privilégie l’individualisation”
  • 4. Dossier Les Cahiers de l'Actif - N°280/28152 Il nous paraît important de fixer des objectifs à court terme et dont les résultats soient mesurables dans le temps. Ceci permet de voir si l'ob- jectif est adapté, si les moyens mis en place sont suffisants, mais cela permetaussidecréerautourdechaquejeuneautiste(parentsetéquipe) un environnement dynamique. Il s'agit d'enseigner à la personne autiste de mener à bien une activité du début à la fin, sans intervention de notre part. Ceci se fait d'abord dans un cadre très structuré, pauvre en stimula- tions. Puis l'apprentissage de l'autonomie peut être élargi à d'autres contextes plus naturels, tout en maintenant les repères nécessaires à une bonne compréhension de la situation. Il s'agit de donner à la personne autiste un maximum d'occasions d'être à l'extérieur, dans la communauté, de lui apprendre à apprécier les ac- tivités sociales et à se comporter de façon adaptée. Les moyens utilisés sont ceux de l'éducation structurée : n lamiseenplaced'unmoyendecommunicationaccessibleàcette personne, n la mise en place de repères dans le temps et dans l'espace, en fonction des besoins spécifiques de chaque personne, n la visualisation de la durée et de l'avancement dans une activité, n la claire visualisation de son début et de sa fin, n la visualisation des différentes étapes d'une tâche complexe, n une organisation claire et personnalisée du matériel, n un va et vient entre la situation d'apprentissage très structurée et pauvre en stimulations et la situation “naturelle”, n uneréévaluationetrestructurationcontinuespourpermettrel'ap- prentissage dans des conditions optimales et encourageantes. Je ne peux pas développer ici tous ces aspects qui sont mieux éclairés lors d'une formation pratique. S'ils apparaissent souvent comme “de bon sens” et faciles à mettre en place, notre expérience nous a montré qu'il faut faire preuve de beaucoup de patience, d'imagination, d'un travail sur soi-même et de rigueur pour y arriver.
  • 5. Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 53 Autisme : complexité et complémentarité des approches IV. LES MALENTENDUS Il faut être très vigilant et ne pas se satisfaire de“la forme” dans l'édu- cation structurée. J'évoque ici ce qui constitue la partie la plus vulgari- séeduProgrammeTEACCH,commel'affichagedesemploisdutemps, la préparation d'activités dans des paniers, la mise en place de cartes de communication... Ainsil'importantn'estpasd'afficherledéroulementdelajournée.L'im- portantc'estquel'emploidutempsprennesenspourlapersonneautiste. Cela suppose qu'il soit individualisé dans sa forme, sa longueur, son utilisation. L'objectif est atteint quand la personne peut utiliser seule son emploi du temps, sans aide, et qu'elle sait quoi faire en fonction de cet emploi du temps. Le travail sur table n'est pas un but en soi, c'est un point de départ. L'important c'est d'arriver à concréti- ser les apprentissages : apprendre à rester assis pen- dant l'activité permettra plus tard de rester assis au caféouaurestaurant.L'apprentissaged'unepremière autonomie se fait à la table de travail puisque c'est le lieu le plus structuré, c'est là que la routine de travail est la plus claire. Ensuite nous enseignons des activi- tés dans d'autres endroits qu'à la table de travail. La personne autiste a appris à organiser son matériel, à travailler et à ranger la “tâche” terminée. Mainte- nant elle peut apprendre à le faire dans des contextes“plus naturels”et doncmoinsstructurés.Ilestimportantdesavoirquelapersonneautiste ne généralise pas spontanément ses acquis. La personne autiste a ap- pris à trier les couverts à sa table de travail. Il faudra passer par un nouvel enseignement pour réaliser le même tri à la cuisine. D'un con- texte à un autre, nous installons le même système de travail et d'acti- vité, les mêmes repères visuels que dans l'aire de travail. Nous conti- nuons donc à passer par l'emploi du temps pour annoncer l'activité, la routine de travail est maintenue (par exemple : travailler de gauche à droite et ranger dans un bac de “fin”). La difficulté pour nous se situe justementdanslatranspositiond'unsystèmederepèresversdesactivités comme une promenade, un jeu de ballon, un trajet en bus, la peinture,... “La personne autiste ne généralise pas spontanément ses acquis”
  • 6. Dossier Les Cahiers de l'Actif - N°280/28154 TEACCH, ce serait l'apprentissage des activités préparées dans des paniers ! Quand on fait du modelage, du théâtre, quand on va au cinéma, quand on fait de la relaxation, “on ne fait plus du TEACCH !” C'est là une compréhension très superficielle de ce travail éducatif. Si l'éducation structurée répond à des besoins spécifiques de la personne autiste, dans le but de la rassurer et de la rendre plus indépendante de nous, elle doit l'accompagner à tout moment de la journée. La per- sonne autiste se pose tout le temps des questions comme “qu'est-ce que je dois faire ?”, “pendant combien de temps ?”. Pour toute acti- vité, ces questions doivent avoir une réponse visuelle. L'éducation structurée devient alors une façon de penser chaque situa- tion à travers les difficultés de la personne autiste, plus qu'un acte isolé à une table de travail. Tous ces repères mis en place rendraient la personne autiste encore plus routinière ! Il y a du vrai et du faux dans cette affirmation. Effectivement dans la pédagogie TEACCH nous nous appuyons sur les forces de chaque personne, sur ce qu'elle aime. Une des forces de beaucoup de personnes autistes, c'est de faire toujours de la même façon. Cela les rassure, c'est souvent cela qu'elles ont compris d'une situation. Apprendre à une personne autiste de toujours vérifier son emploi du temps, de toujours effectuer une activité en allant de gauche à droite, c'est lui apprendre des nouvelles routines. Mais ces routines lui apportent un peu plus d'indépendance par rapport à nous. Elles permettent d'envisager de pouvoir faire quelque chose toute seule. Ces “routines” nous permettent paradoxalement de tra- vailler sur la flexibilité, et d'enrichir ainsi le quotidien. Regarder l'em- ploi du temps avant chaque activité est la constante, mais le contenu de la journée peut changer d'un jour à l'autre, les activités peuvent se faire dans un ordre très différent. C'est donc un moyen pour rendre le chan- gement acceptable à la personne autiste. Sans ces moyens visuels, elle mémorise le déroulement de la journée, de la semaine, et chaque chan- gement sera vécu comme une catastrophe, puisqu'il n'était pas prévisi- ble. Supprimer les repères d'une activité apprise, c'est se priver d'un moyen de l'enrichir, de la changer...
  • 7. Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 55 Autisme : complexité et complémentarité des approches Les repères visuels c'est un peu pour la personne autiste ce qu'est la canne blanche pour les aveugles. La canne rassure et rend autonome, peu importe le trajet, l'activité. Mais tant qu'il sera non-voyant, l'aveu- gle aura besoin de sa canne. Visualiser les informations, c'est partager avec la personne autiste les informations que nous avons sur sa vie de tous les jours. Il en est ainsi de tous les repères visuels. TEACCH, c'est du comportementalisme ! Certes l'éducation structurée, comme toute éducation, y compris de l'enfant ordinaire, s'appuie sur certaines techniques de comportemen- talisme. L'important est néanmoins que la compréhension par la per- sonne autiste est au centre de toute évaluation, de tout acte éducatif. Ce qui est enseigné doit pouvoir prendre sens pour cette personne là. L'autre aspect important, comme évoqué plus haut, c'est que l'acceptation de la différence est à la base de notre travail. Notre objectif n'est pas de rendre la per- sonnemoinsautiste,maisdelarendreplusépanouie, plus heureuse, de lui permettre de mieux vivre avec son autisme. Il ne s'agit donc pas en premier lieu de supprimer des comportements inadaptés. Liéeàcetteinterrogation,ilfaudraaussiévoquerl'as- pect affectif. Que fait-on “du relationnel” ? De mon expérience, je dirais qu'il doit être le fondement, la base, le centre de notre travail. L'ambiancedanslaquelleévoluentnospersonnesautistesdoitêtrecha- leureuse et sereine, la relation doit être une relation de confiance, notre attitude doit être empreinte de respect. Sans l'envie et le plaisir d'être avec eux, aucun vrai travail éducatif ne sera jamais possible. Celui qui pense éducation, pense souvent aussi travail sur des compor- tements inadaptés. Des recherches ont montré l'inefficacité des straté- gies qui utilisent des conséquences négatives, désagréables pour la personne autiste ou souffrant d'un retard mental. En fait, la personne ne fait pas le lien entre son comportement inadapté et la conséquence. La philosophie du programme TEACCH nous encourage plutôt à : n analyser et restructurer la situation qui pose problème en fonc- tion des besoins spécifiques de la personne, pour que le compor- tement n'ait pas lieu, “L’objectif est de permettre à la personne de mieux vivre avec son autisme”
  • 8. Dossier Les Cahiers de l'Actif - N°280/28156 n rendre nos exigences accessibles pour la personne dans cette si- tuation, n enseigner les comportements adaptés. V. LES LIMITES Les limites de notre travail sont nombreuses. Il y a un danger inhérent au travail quotidien avec des personnes autis- tes : tomber nous-mêmes dans des routines, des routines pas toujours positives. C'est s'installer dans des habitudes sans se poser la question pourquoi on fait telle chose de telle façon. Pouvoir profiter d'un regard extérieur,avoirlapossibilitédediscuterdesdifférentsproblèmes,pou- voir chercher des solutions ensemble me paraît l'es- sentiel. Dans notre travail, il n'y a pas une seule façon detravailler,uneseulefaçonquiseraitlabonne.Pour toute situation difficile, des solutions peuvent être suggérées, essayées. L'éducation structurée n'est pas du tout un outil ma- gique. Les progrès existent mais ils sont le fruit d'un travailconcerté,rigoureux,parfoisdelonguehaleine. Et de toute façon redisons-le, nous ne guérissons pas l'autisme. Le travail avec des adultes autistes implique de fixer des priorités et d'abandonner certains domaines. On ne peut pas travailler sur tous les plans. Analyser toute situation en fonction des difficultés et possibilités de chaque personne, mettre en place toute structure nécessaire, toute in- formation visuelle bénéfique, demande beaucoup de travail, d'énergie et de rigueur. L'impression de faire un travail de fourmi peut parfois décourager les plus enthousiastes. Le travail d'équipe paraît très im- portant. L'évolution des personnes autistes se fait souvent par phases harmo- nieuses qui sont suivies de périodes difficiles. Des comportements dif- ficiles, parfois dangereux peuvent apparaître sans que nous puissions toujours trouver la raison. Dans un certain nombre de cas, l'angoisse de la personne autiste est trop importante pour pouvoir être atténuée “L’éducation structurée n’est pas du tout un outil magique”
  • 9. Les Cahiers de l'Actif - N°280/281 57 Autisme : complexité et complémentarité des approches pardesmoyenséducatifsseulement.L'éducationn'estsouventpassuf- fisante pour pouvoir passer ces caps difficiles. Combien de fois, des troubles du comportement importants sont néan- moins liés à des problèmes physiques (maux de dents, problèmes de digestion,oreillebouchée,...).Lesexplorationssonttrèsimportanteset l'hypothèse de l'angoisse autistique est alors mauvaise conseillère. Tous les moyens doivent alors être mis en œuvre pour aider la per- sonneetsafamilledanscespériodes.Untravaildecollaborationétroite entre les différents professionnels et la famille est très important. VI. LES RÉSULTATS Le fait de construire pour les personnes autistes leur vie quotidienne, avec leur participation de plus en plus importante et spontanée, porte ses fruits. Avoir des objectifs très précis et à court terme permet d'ap- précier les progrès de chacun et dans les différents domaines de la vie. La première fois que la personne prend l'initiative de demander un sac en plastique (c'est son objet préféré) en tendant une photo, la première fois qu'elle traverse le bassin de la piscine, la première fois qu'elle réussit à boutonner son blouson, toutes ces premières fois sont des moments magiques. La prévisibilité de la journée, du déroulement de chaque activité, avoir à sa disposition un moyen de communication, tout cela évite et pré- vient beaucoup de crises d'angoisse, de comportements difficiles, vio- lents. Nous arrivons ainsi à diminuer le nombre de situations frustran- tes pour la personne. Et nous arrivons à augmenter le nombre de situa- tions où elle réussit, où elle se sent valorisée, où elle est fière, (et donc où elle s'assume mieux). En partant des capacités de chacun, en enseignant des activités, petit à petit la vie de groupe devient non seulement possible, mais agréable. Ceci est dû au fait que chacun sait quoi faire, se sent à la hauteur de la situation, la comprend. Être “dehors”, dans la communauté, jour après jour, pour différentes activités,avoirlàaussidesobjectifsprécispourchacunedespersonnes autistes, cela porte ses fruits. On dit souvent que les personnes autistes ont des comportements difficiles à l'extérieur (cris, se jeter par terre, se mordre). Cela peut être parce qu'il y a trop de bruit dans la rue, trop
  • 10. Dossier Les Cahiers de l'Actif - N°280/28158 d'attente à la caisse, parce que la place habituelle dans le bus est prise. L'apprentissage est possible à condition de“pratiquer”souvent!Cha- que activité doit être régulière, prévisible, inscrite dans le programme hebdomadaire. Certains gestes, certains aspects de l'activité extérieure peuvent être enseignés à l'intérieur du centre, dans une situation plus calme, puis retransposés dans la situation naturelle. Il est important d'analyserchaquefoislasituationetd'essayerd'aiderlapersonneautiste par les moyens suivants : n rendre la situation plus claire, n structurer mieux l'activité, n mettre en place des moyens de communication accessible à la personne autiste, n éviterdessituationstropstressantesoulesfairedurerleminimum. Sans être à l'abri des comportements difficiles, nous pouvons constater une diminution de ceux-ci pour la plupart des jeunes adultes accueillis. La prévention de ces troubles par des moyens éducatifs est le plus souvent efficace. Nos résultats ne sont pas vraiment “mesurés”, ils sont tangibles à tra- vers le sourire, le bien-être visibles. Ils se voient aussi dans la prise d'initiative, la communication de plus en plus spontanée. Ils se lisent sur le visage de celui ou celle qui a bien réussi une activité et qui en est fier. Ils se sentent dans l'ambiance joyeuse à l'intérieur des groupes. Ils sont réels aussi dans l'écho que nous avons des parents qui nous con- fientleursgrandsenfants.Lacollaborationaveceuxaprésidéàlamise au point des stratégies éducatives et elle reste une constante du Pro- gramme TEACCH. Rien de magique, rien de révolutionnaire, mais nous avons le senti- ment d'avoir trouvé un outil de travail qui guide efficacement notre action. Cela ne veut pas dire qu'il soit le seul ou qu'à lui seul il suffise pour approcher du mieux possible l'autisme. La modestie reste de ri- gueur en attendant d'avoir une meilleure connaissance de ce handicap. Au moins avons-nous conscience de progresser et de pouvoir être un peu optimistes. Pour qui a été confronté à la difficulté que constitue toute entreprise d'aide aux autistes, c'est déjà un résultat appréciable.