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Revue de la Société des Écrivains de Vendée
et des amis de l’Historial de la Vendée
Lire en Vendée
Échos Musées
n° 28
É
Éruption
2014
La Bibliodiversité
vendéenne
2 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
La Bibliodiversité à la Vendéenne
Impossible aujourd’hui d’échapper à la «biodiversité». On ne sait pas toujours
ce que ça veut dire, mais enfin, en société, ça vous pose. Alors, je me risquerai à
célébrer ici la «bibliodiversité» à la Vendéenne, telle que vous la découvrez dans
ce nouveau numéro de notre revue
LES AMIS DE L’HISTORIAL
DE LA VENDÉE
LES ÉCRIVAINS
DE VENDÉE
L’écriture est un espace infini. On écrit en prose,
on brode des poèmes. Et voilà que naissent sous
des plumes vendéennes des romans, des essais, des
nouvelles, des récits, des biographies, des histoires
et des rêves, des éloges ou des pamphlets, des BD,
de la science-fiction et des polars, des revues et des
dictionnaires. Prolifiques et inlassables, les écrivains
vendéens parlent de leur région, de son histoire, de
son patrimoine, de ce qu’elle leur inspire. Ils écrivent
pour les gens d’ici – quelquefois dans la langue de
chez nous - et pour ceux d’ailleurs, pour les jeunes
et pour ceux qui le sont moins, pour ceux des villes
comme pour ceux des mers et des campagnes. Pour
les savants et pour ceux qui, n’ayant pas eu la chance
d’apprendre bien longtemps, en savent pourtant
beaucoup.
La rédaction de «Lire en Vendée» s’intéresse au-
tant qu’elle le peut à toutes ces formes et à tous ces
domaines de l’écriture. Les partenariats avec les Amis
de l’Historial et le Centre vendéen de recherches histo-
riques s’inscrivent dans la mission de notre Société
des écrivains de Vendée. Depuis plusieurs numéros,
le cinéma y a trouvé sa place. Trop longtemps ab-
sent, le théâtre occupe cette fois un espace impor-
tant où nous le retrouverons régulièrement.
Amis lecteurs, vous pouvez vous procurer gratui-
tement «Lire en Vendée» chez les libraires et dans les
grandes surfaces et commerces qui nous font l’ami-
tié de distribuer notre revue et qui sont d’ailleurs –
on nous le dit – très rapidement dévalisés...
Alors, chers lecteurs, demandez et lisez Lire en
Vendée, lisez les auteurs vendéens. Ils feront le reste.
				
					Gilles Bély
On nous fait part de la disparition de notre ami
Octave Fort, nous lui consacrerons un hommage
dans le prochain numéro et présentons nos condo-
léances les plus sincères à la famille.
3Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
S o m m a i r e
4	 les Prix
12	 Printemps du livre
14	 Éditions jeunesse
18	 Armel de Wismes
20	 Au Théâtre, au Cinéma
34	 le père Philibert
36	 des libraires...
40	 les sorties
44	 L’Historial, publications
48	 Archéologie
50 Activités et expositions du Musée
	 La nature, Clemenceau...
70	 Nos sélections
104	 Le coin du Centre Vendéen
	de Recherches Historiques
108	 Les pages des Écrivains de la mer
Revue de la Société des Écrivains de Vendée
et des amis de l’Historial de la Vendée
Lire en Vendée
Échos Musées
n° 28
É
Éruption
2014
La Bibliodiversité
vendéenne
Irène Devaux
L’été cuisant, l’été de braise
A brûlé l’or de mes printemps.
Toute l’ardeur de sa fournaise
En a consumé les instants.
Comme la Fleur qu’un soleil dore
Se fane au milieu du bouquet
Mon cœur s’est arrêté d’éclore
Sans une larme et sans un regret.
J’ai tant accroché de tendresses
Au fil du rêve de tes yeux
Qu’il me reste encor les caresses
D’un automne irisé de feux.
Alors je reprendrai ma plume
Dans un grand vent de liberté...
Près du brasier qui se consume
J’effeuillerai mon bel été.
Au mois de décembre dernier, notre société était
en deuil. Notre amie, Irène DEVAUX nous avait
quittés. Pendant de nombreuses années, elle a été
notre dévouée secrétaire. Personnellement, je lui suis
redevable du fait qu’elle m’a délivré de tout souci
financier pendant le septennat de ma présidence,
mais avant tout, elle a
dirigé l’Essor Poétique
auquel elle a consacré
tout son temps et son
talent. Cette association
lui doit sa vitalité actuelle
et son dévouement a
été récompensé par une
promotion dans l’ordre
des Palmes académiques.
Irène Devaux a brillé
dans toutes les matières
littéraires, en particulier dans le théâtre. Qui aurait
pensé que cette femme discrète était un poète délicat,
respectueux des règles classiques ? Son œuvre était
un mélange de sensibilité et d’humour. Elle aimait
la vie et formait avec son mari un couple fusionnel.
Dans le jeu des mots qu’elle maniait avec aisance,
elle savait réunir beauté et harmonie. Elle avait
donné cette belle définition de la poésie :
Au creux de nos jours gris, n’est-elle pas un rayon de
lumière, l’infinie transparence qui guide notre main. La
poésie est la passerelle qui nous ouvre une impalpable
liberté... Alors, écrire c’est pour que tout que ce qu’on
aime ne meure jamais !
				Michel Dillange
la revue des Gueux
4 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Prix desÉcrivainsdeVendée2013
Les lauréats des Prix de
la Société des écrivains de
Vendée ont été récompen-
sés le 11 décembre 2013 à
l’Hôtel du Département, à
La Roche-sur-Yon. En pré-
sence de François Bon, Pré-
sident de la Commission
des Affaires culturelles du Conseil général,
et de Joseph Vrignon, Président du Crédit
Mutuel Océan.
Frédérique Jaumouillé a obtenu le Prix de la SEV
pour son livre Peuple afghan, où es-tu?, paru aux édi-
tions des Chantuseries (voir Lire en Vendée n° 27).
Grand reporter à France 2, Jérôme Bony, qu’elle
avait rencontré lors de sa mission en Afghanistan en
1981, avait tenu à venir pour ce moment qui a ému
tous ceux qui ont assisté à cette cérémonie.
Le Prix des écrivains de Vendée – Crédit Mutuel
Océan a été remis à Henry-Pierre Troussicot pour
son livre de chroniques vendéennes Ceux des bords
de l’Auzance, paru aux éditions Hérault.
À l’issue de cette réception, les lauréats et leurs
éditeurs ont partagé un sympathique déjeuner avec
de nombreux auteurs, membres de la SEV.
					Gilles Bély
Les Prix des Écrivains de Vendée
remis à l’Hôtel du Département
Les lauréats 2013, Frédérique Jaumouillé et Henry-Pierre Trous-
sicot, en compagnie de Michel Dillange, François Bon, Joseph
Vrignon et Gilles Bely
5Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Catherine Girard-Augry
La Floride
Une conquête assassinée
Expéditions
du capitaine huguenot
René de Laudonnière
Durand-Peyrolles. 260 p., 20 €
Un bon ouvrage, une histoire véridique : l’épopée
des Huguenots en Floride et leurs tentatives succes-
sives (en 1562,1563, 1565) pour s’implanter dans
cette région. Et leur massacre à Fort Caroline (près
de l’actuelle ville de Jacksonville aux États-Unis) sur-
nommé par les Historiens « massacre de Matanzas ».
Prix desÉcrivainsdeVendée2014
C’est un livre sur la Vendée qui fera date. Il n’est pas
seulement (pas du tout) pour les nuls ! Il est écrit
par un historien qui est aussi journaliste (et vice ver-
sa). Il balaie large. Il va du temps des dinosaures au
Vendée Globe, en passant par la Réforme et le temps
des guerres. Il promène le lecteur comme personne
à travers « le seul département devenu province ».
Il donne à découvrir dix figures de l’Histoire, dix
artistes, dix recettes... Il analyse en profondeur le
« miracle vendéen ». Il est d’une richesse inouïe.
Il est d’une lecture facile, truffé d’anecdotes et plein
de clins d’œil humoristiques. On peut l’ouvrir n’im-
porte où et picorer au gré des envies. Il est l’œuvre
d’un amoureux de la Vendée, d’un écrivain habile,
car il est, mine de rien, très écrit. La simplicité est
l’apanage des grands. C’est, à sa manière, un chef
d’œuvre, d’une grande sensibilité. Il a sa place
dans toutes les bibliothèques de la Vendée. Et de
ceux d’ailleurs qui veulent la découvrir jusqu’à l’in-
time.	
				Yves Viollier
Michel Chamard
La Vendée pour les Nuls
First, 424 p., 22,95 €
On ne lâche rien !
Chacun a défendu son auteur,
sa conception du Prix
on s’est mis d’accord :
le Prix des Écrivains de Vendée à
La Vendée pour les nuls
et le Prix Crédit Mutuel Océan à
La Floride
Le Jury prend le café, les délibérations et les
échanges à la Chevillonnière sont déjà du passé, avec
un jury enrichi de deux nouveaux membres, Régine
Albert et Frédérique Mory qui connaissent bien la lit-
térature vendéenne, font partie d’autres jurys et ont
déjàtoutesdeuxétépriméesparnotreassociationavec
Je me souviens de Rose pour Régine en 2012 et
Vendée secrète, pour Frédérique avec Anne Cluzel en
2004.
Tout est dit, les recensions suivent sur cette page
et la suivante, mais vous aurez aussi votre mot à dire,
dès que vous les aurez lus, ceux qui ont gagné, et les
autres ; ils n’ont pas perdu, ils reviendront avec de
nouveaux ouvrages pour enrichir encore la littéra-
ture vendéenne.
Il est aussi beaucoup d’autres bons livres, que
vous retrouverez dans ce numéro et d’autres auteurs
qui promettent et tiendront leurs promesses. Il en
est forcément aussi qui nous ont échappé : à vous de
nous les signaler, à vous de nous envoyer vos livres.
Tout cela n’est qu’une timide tentative pour vous
introduire dans la « Bibliodiversité littéraire » évo-
quée dans l’éditorial de Gilles Bély.
			 	 Jean de Raigniac
6 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Stéphane Loiseau
Un siècle trop tard
Durand-Peyrolles, 238 p., 218 €
Attention, embarquement immé-
diat. Étonnante, cette histoire,
même si vous n’êtes pas vraiment
amateur de science fiction, vous al-
lez remonter le temps et vivre une
aventure peu ordinaire.
Étonnant aussi, la justesse du ton, on s’embarque
dans l’imaginaire mais on n’en rajoute pas, on se
contente d’évoluer dans une histoire d’aventures
avec une intrigue policière, un suspense grandissant,
un zeste de roman d’amour et un happy end ! Tous
les ingrédients d’une bonne croisière et d’un bon
livre.
Stéphane Loiseau confirme dans ce second roman
ses talents d’imagination mais surtout de romancier
à l’écriture sobre et efficace à un rythme très sou-
tenu, un talent à suivre, si vous restez dans notre
siècle !
					J. R.
France Duclos
Contre vents et marées
Geste, 379 p., 25 €
Enseignante, puis bibliothécaire,
France Duclos a entrepris d’écrire
la saga d’une famille originaire
des Olonnes, tout au long du XXe
siècle. Après «Aux portes des Olonnes» (2009), ce
deuxième roman s’étend de la Guerre froide à la
Guerre d’Algérie, une époque troublée donc. La
famille est souvent dispersée, le père étant en occu-
pation à Berlin d’abord, puis mobilisé en Algérie.
L’intrigue se noue autour d’Alice qui tisse les liens
familiaux, notamment avec sa mère et son frère ju-
meau. Une éducation stricte dans des les pension-
nats étouffants d’une religion punitive et repliée sur
elle-même, un amour fusionnel et orageux avec un
rebelle, l’apprentissage de l’émancipation féminine :
France Duclos s’est complètement immergée dans
cette famille particulière, avec un sens réel de l’in-
trigue et un souci, peut-être excessif, du détail. Ses
lecteurs attendront avec gourmandise la suite de la
saga.
					G. B.
Chloé Chamouton
Les mystères de Vendée
de Borée, 407 p., 26 €
Les auteurs vendéens qui se sont
imprégnés du mystère et du fan-
tastique sont nombreux. Qui ne se
souvient de L’enjomineur de Pierre
Bordage et de La nuit de la sorcière de Jean-Claude
Lumet, pour ne citer ques ces deux-là ? C’est assez
dire si la Vendée est une terre de mythes et de lé-
gendes, à commencer par l’incontournable Mélu-
sine. Spécialiste du genre, Chloé Chamouton a déjà
exploré les mystères de la Loire-Atlantique. Elle
fouille aujourd’hui ceux de la Vendée et ils sont lé-
gion. Les fées, les galipotes, les sources miraculeuses
et les saints guérisseurs, Belesbat et Mortevieille, les
mégalithes et les arbres sacrés, l’alchimie, jusqu’à
la potion miracle du Docteur Rouger et à la malle
sanglante du Puits d’Enfer : rien ne paraît échap-
per sa quête. Elle signe là un recueil à la fois savant
et savoureux, certes très éclectique, mais d’une rare
densité. Aussi est-on plutôt enclin à lui pardonner
quelques contre-vérités historiques: les chouans en
Vendée ou la «nature vierge» des marais... aménagés
dès le XIe
siècle.
					G. B.
Prix desÉcrivainsdeVendée2014
Pour l’authenticité : Il s’agit des mémoires manus-
crits du Capitaine René de Laudonnière (1530-
1574) qui a été chargé par l’Amiral de Coligny
d’implanter avec Jean Ribault, capitaine également,
une colonie française en Floride. Un manuscrit écrit
en latin et à la plume d’oie, retrouvé dans un tiroir
secret d’un magnifique secrétaire en bois d’ébène…
Écrit d’après des notes prises lors de ses expéditions
en Floride puisqu’il s’agissait de rédiger pour le roi
un rapport sur les avantages qu’il y aurait à fonder
une colonie dans cette région si prometteuse.
Pour la partie roman : Tamara, la princesse indienne
a-t-elle existé ? Mais des pages d’histoires féroces
nous ramènent vite à la réalité de l’Histoire. Nous
sommes au début des guerres de Religion et l’aven-
ture française va s’achever dans les massacres de co-
lons, tous Huguenots, qui refusent de renier leur foi.
Massacres ordonnés par les armées du roi Philippe II
d’Espagne qui convoitait lui aussi cette terre.
Pendant ce temps là, en France, des affrontements
tout aussi barbares sévissaient à travers le pays.
			Frédérique Mory
7Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
C’est la littérature
qui révéla Ménie Grégoire
Marie Laurentin, alias Ménie Grégoire,
nous a quittés le 16 août dernier, au lende-
main de ses 95 ans. Cette grande dame de
la radio (RTL) était aussi une Vendéenne de
Saint-Laurent-sur-Sèvre. C’est la littérature
qui lui avait mis le pied à l’étrier
C’est un de ses tout premiers livres, Le métier de
femme (Plon, 1964), qui lui ouvrira les portes de la
presse, puis des studios, notamment RTL, en 1967.
Sur Radio-Luxembourg, comme on disait encore à
cette époque, cette native de Cholet animera « Allô
Ménie », titre de cette émission « révolutionnaire »
où, en direct téléphonique avec des auditrices, elle
osait évoquer la sexualité, la souffrance des femmes
aussi. Ce, avec un franc-parler éducatif à une époque
où les femmes ne pouvaient guère s’exprimer libre-
ment.
Cholet ? Elle y était née, un 15 août, en 1919,
y vécut avec ses parents (place Travot), y fit ses
premières classes avant de poursuivre ses études
supérieures d’histoire et d’égyptologie à Paris. Ce-
pendant, jamais elle ne se définira Choletaise mais
toujours Vendéenne, ce que rappellent les premières
lignes de son autobiographie (Telle que je suis, Plon,
1976). D’ailleurs, elle venait très souvent dans la ré-
sidence secondaire familiale, le Moulin de Plassard,
sur les bords de la Sèvre nantaise, à Saint-Laurent-
sur-Sèvre.
La demeure sera, plus tard, habitée par le Doc-
teur Jean Laurentin, un des frères de Ménie, un autre
de ses frères étant devenu l’abbé Laurentin, théolo-
gien de renom, qui travailla longtemps au Vatican.
La Dame du
Puy-du-Fou
Maurice Lauren-
tin était son père. Ar-
chitecte, mais aussi
écrivain, érudit. Il
est la clé de voûte
de ce que deviendra
Ménie, qui est aussi
Marie en patois, ce
HommageàMénieGrégoire
qui lui est resté. C’est à sa mort, en 1959,
qu’elle comprit à quel point son père fut
« l’être humain », ce roi autour duquel s’organisait
l’espèce humaine. C’est aussi à sa mort qu’elle ne
pratiquera plus la religion telle que lui avait enseigné
son père. À sa mort qu’elle « se construira ».
Plus de 15 ans à RTL, un an à FR3, chroniqueuse
à Marie-Claire et France-Soir, Ménie Grégoire écri-
ra aussi plus de 25 livres. Elle vit à Paris mais aussi
sur les bords de Loire. Elle revient régulièrement en
Vendée. En 1990, elle reçoit, à l’Hôtel du Départe-
ment, le Prix des Écrivains de Vendée pour son roman
La Dame du Puy-du-Fou (De Fallois Éditions). En
2000, elle sort Ces
Dames de la Loire
(Plon) qui, sous
forme de roman,
conte l’histoire
d’une de ses aïeules.
En 2003, elle fut
la vedette du salon
du livre de Saint-
Gervais. Ménie ap-
proche alors de ses
84 ans La même
année, l’écrivain-
cinéaste Gilbert
Prouteau, qui lui
était proche, lui re-
met le Prix Agrippa
d’Aubigné à Maille-
zais. « Je ne viens
pas aussi souvent
que je le voudrais en Vendée, précisait-elle à cette
occasion. Mais j’assume mon surmoi vendéen, dans
mon âme comme dans mon corps ».
			Philippe Gilbert
8 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Conviviale et sérieuse
L’assemblée générale
à la Chevillonnière, 23 mai 2014
C’était une première :
l’assemblée générale de la SEV
sur les terres de son président
Jean de Raigniac a accueilli les auteurs ven-
déens à la Chevillonnière
Une assemblée générale, c’est d’abord du sé-
rieux. Elle s’est tenue en fin de matinée, en présence
d’une trentaine d’adhérents qui doivent être remer-
ciés pour leur fidélité à ce moment important de
la vie de toute association qui se respecte. Après la
lecture des statuts, qui mériteront d’être actualisés,
et la présentation des comptes de l’exercice et du bi-
lan financier, approuvés à l’unanimité, l’assemblée a
procédé à l’élection de son conseil d’administration.
Pour des raisons élémentaires de bon fonctionne-
ment de la SEV et de mise en oeuvre de la revue Lire
en Vendée, il correspond de fait au Comité de rédac-
tion de la revue qui se réunit plusieurs fois par an.
L’assemblée générale a élu, à l’unanimité des
voix, les administrateurs suivants :
Jean de Raigniac, président en exercice, Yves
Viollier et Jacques Bernard, vice-présidents, Gilles
Bély, secrétaire, Alain Perrocheau, responsable du
site internet de la Société, Philippe Gilbert, Michel
Dillange, président d’honneur, Evelyne Thomer,
Régine Albert, René Moniot-Beaumont, Michel
Chamard, Lydie Gaborit, Jean-Claude Lumet,
Frédérique Mory-Raulo.
Le conseil d’administration se réunira ultérieu-
rement pour élire le bureau de la Société.
Alain Perrocheau, responsable du site internet
de la SEV, a souligné la forte progression des consul-
tations qui dépassent les 10 000 pages lues par an.
Il a invité les membres de la SEV à poursuivre leurs
efforts pour enrichir le site de la Société.
À l’issue d’un déjeuner très amical, Joël Bonne-
maison a présenté sa comédie Mais où est donc passé
Darwin ?, une pièce inspirée d’un épisode de la vie
de Sarah Bernhardt.
En compagnie de trois autres comédiens, il a
joué cette pièce, très appréciée par le public.
					G. B.
Assemblée générale
9Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Prix Charette au Refuge de Grasla
Clemenceau... tout simplement
Claude Mercier,
Prix Charette 2014
Le Prix Charette 2014, décerné dans
la cadre du Refuge du Livre de Grasla, a
été remis lundi 15 septembre, à l’Hôtel du
Département, à Claude Mercier pour son
livre « Clemenceau... tout simplement »,
paru aux Éditions de l’Étrave
Yves Viollier, président du jury, lui a remis le tra-
ditionnel trophée, en présence de Bruno Retailleau,
Président du Conseil général, de Wilfrid Montas-
sier, Président du Refuge de Grasla, des membres
du jury et de nombreux auteurs de la Société des
Ecrivains de Vendée.
Claude Mercier qui a si souvent incarné sur
scène le Père la Victoire a fait «du Clemenceau» en
présentant son livre, avec beaucoup d’émotion et de
verve. Accessible à tous, cet ouvrage, servi par une
mise en pages remarquable et une très riche icono-
graphie, retrace au jour le jour, avec sincérité et pas-
sion, le parcours du Grand Vendéen.
Parfaitement inscrit dans l’es-
prit du Prix Charette, qui veut
mettre en lumière l’esprit d’indé-
pendance et de liberté, cette ré-
compense salue aussi toute l’œuvre
d’un écrivain aux multiples fa-
cettes, auteur, conteur, comédien,
poète, homme de radio et de télé, organisateur et
animateur de salons littéraires, à commencer par ce-
lui de Saint-Gervais, si cher à son cœur.
La cuvée 2014 du prix Charette s’illustre aussi
par les quatre autres ouvrages sélectionnés par le
jury:
L’île d’Yeu dans la Grande Guerre,
de Jean-François Henry (CVRH),
Qu’un sang impur...,
de Gildard Guillaume (Albin Michel),
Le printemps des massacres,
de Gilles Perraudeau (Durand-Peyrolles)
et Le vieil homme sur le toit,
de Peter Robert Scott (Les Chantuseries).
				Gilles Bély
10 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Les trois autres ouvrages nominés : Sorti de rien (Irène Frain), Le sang de la
trahison (Hervé Jourdain), De tempête et d’espoir (Marina Dédéyan).
11Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Cette maison atlantique n’est pas exactement
située, mais on l’imagine volontiers sur la côte
charentaise, peut-être du côté de l’île de Ré. Une
maison de vacances, entre la plage et les bistrots du
port, dans la langueur de juillet. La maison n’a pas
beaucoup d’importance en elle-même, mais elle est
le cadre d’une tragédie moderne où le lecteur retrou-
vera des accents raciniens. Parce que la vengeance
doit s’accomplir.
Au début, ce n’est qu’un marivaudage. Un tout
jeune homme qui a vu sa mère mourir de tristesse
et d’overdose de médicaments, alors qu’il avait seize
ans, un père brillant, volage et absent, un couple de
voisins qui vont, malgré eux, devenir les instruments
du drame. La mécanique infernale qui conduit au
meurtre se met en place, et s’emballe, implacable-
ment.
C’est un roman dur et exigeant. Un roman de
notre temps, porté par le talent d’un auteur inclas-
sable. «Je songeais que deux hommes étaient morts
et que je n’y étais pas pour rien», écrit le narrateur
dans les dernières pages du livre. Philippe Besson
nous donne un drame moderne. Davantage encore :
une tragédie éternelle dans la langue d’aujourd’hui.
C’est cette osmose rare et obsédante qui a immédia-
tement emporté l’adhésion du jury.
					G. B.
Printempsdulivre
Le jury du Prix Ouest a de la suite dans les
idées. Année après année, il construit un
palmarès qui allie l’exigence de l’écriture
à la profondeur du roman. Rien d’éton-
nant à ce qu’après Jean-Louis Trassard
et L’Homme des haies, il ait choisi, dès le
premier tour et à une forte majorité, le
roman de Philippe Besson, La Maison at-
lantique, paru aux éditions Julliard
PhilippeBesson
Lamaisonatlantique
12 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Le Printemps du Livre
de Montaigu :
un nouveau et éclatant succès
On croyait avoir atteint des sommets,
l’an passé. L’affluence a encore été plus
grande au Printemps du Livre, les 11,12 et
13 avril, cette année. La foule s’est pressée
le samedi 12 en particulier, pour rencon-
trer les auteurs.
Des chiffres à donner le tournis.
Voici, en quelques chiffres, une preuve,
s’il en était besoin du succès de Printemps
du Livre 2014.
40 000 visiteurs se sont bousculés dans
les allées pendant ces trois jours.
Plus de 10 000 livres ont été vendus.
Plus de 270 écrivains étaient présents
sur les stands.
480 spectateurs ont assisté à la lecture
publique de Lorant Deutsch, le samedi
soir.
Plus de 1 000 spectateurs ont suivi les
différentes conférences.
4 000 scolaires ont été accueillis le ven-
dredi.
Une organisation parfaite.
Depuis qu’il s’est transporté dans le
cadre (splendide) du théâtre de Thalie,
l’avis des auteurs comme des visiteurs est
unanime : l’organisation du Printemps est
parfaite. C’est sans doute la cause de ce suc-
cès grandissant. Auteurs comme visiteurs
reconnaissent qu’il se passe là quelque
chose de rare dans les autres salons et fêtes
du livre. Il y a une proximité vraie entre
auteurs et lecteurs. L’ambiance est simple
et chaleureuse. On peut se parler. On fait
d’authentiques rencontres.
Tout est en place pour accueillir les uns
et les autres. Les visiteurs viennent « faire
leur marché ». Ils repartent avec des sacs
bourrés de livres. Et la fête est exception-
nelle.
Montaigu est bien devenu, le temps
d’un week-end, la capitale littéraire du
Grand Ouest. Le prochain Printemps du
Livre aura lieu les 27, 28, 29 mars. Retenez
déjà ces dates. On nous annonce encore de
belles surprises et de riches rencontres.
				Y. V.
13Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Printempsdulivre
14 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
L’édition jeunesse ? Bof !
Débarrassons-nous d’abord d’un préjugé qui
consiste à dire, pour mieux botter en touche : « Je
suis bien trop vieux pour m’intéresser à l’édition jeu-
nesse. » Trop vieux pour quoi ? Pour ne pas savoir
que, dans le monde de l’édition qui souffre de la
crise, le secteur jeunesse est celui qui tire le mieux
son épingle du jeu, toutes proportions gardées évi-
demment ? Pour ignorer que c’est la branche de
l’édition la plus florissante, la plus créative ? Qu’elle
connaît des tirages à faire pâlir d’envie les quatre
Les Minots, vous connais-
sez ? Si oui, lisez quand même
ce qui suit pour compléter vos
connaissances. Sinon, vous
avez beaucoup à apprendre…
Tout comme moi avant de ré-
diger mon article !
Les Minots, maison d’édi-
tion pour la jeunesse, « ça vous
parle ? » pour employer un de
ces irritants tics de langage à la
mode. Eh bien, je vais vous en
parler, de cette maison implan-
tée à Château-Guibert
Retrouvez Les Minots (renseignements, commandes) : www.editionslesminots.com
Contact : 26, rue du Puits, La Roussière, 85320 Château-Guibert
02 51 31 77 34 / 06 38 91 88 24 , editionslesminots@free.fr
ici, et en couverture, fragment d’un bloc à colorier créé par les Minots pour Montaigu
15Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Une maison d’édition pour la jeunesse
Les MINOTS,
une maison d’édition pour la jeunesse, 100 % vendéenne
cinquièmes de nos écrivains, y compris ceux de la
Société des Écrivains de Vendée ?
Tout cela en préambule pour resituer le livre
pour le jeune public a là sa vraie place. Beaucoup
sont restés sur des schémas obsolètes quand les Bi-
bliothèques multicolores, roses ou vertes, rouge et or
monopolisaient le marché. Feuilletez les catalogues
des petits et des grands éditeurs. Tous ont dû créer
un secteur jeunesse.
Mon ronchon de service qui n’est jamais à court
d’arguments a vite fait de me chanter le refrain bien
connu : « Et puis…, les jeunes ne lisent pas ou ne li-
sent plus. » Ah ! bon ? Donc, les Grasset, Gallimard,
Hachette, Seuil, Flammarion, etc. jusqu’aux Minots
vont engloutir des millions d’euros pour des jeunes
qui ne lisent plus. Bizarre, non ? Sont-ils donc tous
suicidaires à ce point ?
Tout le monde, chez ses enfants, petits-enfants,
arrière-petits-enfants a entendu parler des biblio-
thèques et de leur activité « bébés lecteurs ». C’est
sûr qu’on ne va pas leur refiler le dernier Prix Gon-
court à nos petits biberonnants. Il faut leur trouver
de la nourriture à mettre sous leur dent qui n’a pas
encore commencé à pointer. C’est donc qu’à partir
du berceau, il y a tout un marché qui se développe à
grande allure. Les collections se multiplient pour les
moins de deux ans, pour les plus de trois ans, pour
les 5-7 ans, pour les 7-9 ans, les 9-12 ans, etc. Et
comme on dit familièrement, ça cartonne !
Une nouvelle maison d’édition tout près
de chez vous
Ne cherchons pas ailleurs ce que nous avons chez
nous. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore,
je propose de vous présenter cette jeune maison
d’édition entièrement vendéenne, imaginée, lancée
et dirigée par une jeune éditrice qui n’a rien d’une
rêveuse mais qui accomplit son rêve tout en gar-
dant un solide sens des réalités. Le vieux Corneille
Angéline Chusseau sur le stand des Minots au salon de Montaigu (avril 2014)
16 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
a encore et toujours raison quand il affirmait que la
valeur n’attend pas, etc. Vous connaissez la fin.
« Les Minots ». Éditrice : Angéline Chusseau.
Adresse : 85320 Château-Guibert. Venue de la
Haute-Marne où elle est née et a grandi, Angéline
s’est solidement ancrée en Vendée où l’ont menée
les circonstances de la vie. Et la Vendée, elle y vit, y
travaille et entend bien y rester. Saluons donc notre
Vendéenne d’adoption, son imagination, sa ténacité,
ses belles réalisations que je mentionnerai plus loin.
En créant sa maison d’édition en octobre 2012,
elle cherchait dans son passé un mot à la fois court et
ludique. Dans sa pêche aux noms, elle a trouvé « les
Minots » , appellation affectueuse pour les enfants .
Pas mal !
En moins de deux ans, elle a publié 7 albums et
3 mini-romans et se fixe l’objectif de sortir 4 nou-
veaux albums et 2 mini-romans par an. Tranches
d’âges : de deux à douze ans mais il faut bien ad-
mettre que la plupart de ses publications passion-
nent autant les (tout-)jeunes, de 4 à 12 ans, que les
adultes. Laissez-la souffler un peu : elle croule sous
les manuscrits. En revanche, achetez-lui ses livres,
lisez-les, offrez-les !
Un parcours atypique
Quel est le parcours professionnel d’Angéline
Chusseau ? Le plus atypique qui soit ! Au premier
abord, il n’est pas évident que le milieu pharmaceu-
tique soit le plus court chemin qui mène à l’édition
quoique… en y réfléchissant bien… Le fait est que
l’ancienne préparatrice en pharmacie, après quelques
cours de peinture et d’histoire de l’art, est bel et bien
devenue une éditrice à part entière et à temps plus
que complet. Elle a vite appris à concocter des pré-
parations à base d’ingrédients dont elle a le secret.
Sans contre-indications particulières. Les mots et les
images s’assemblent, se complètent et ça s’appelle un
livre pour la jeunesse. N’empêche que ce n’est pas
évident, ça s’apprend, c’est tout un art et, en fin de
compte, un très bel art.
Angéline estime qu’après avoir franchi le pre-
mier pas, après avoir abandonné une certaine sécu-
rité financière et professionnelle, elle est « en accord
à 200 % » avec ce qu’elle voulait faire. Nul regret du
passé. Elle est obstinément, complètement tournée
vers le futur de ses petits minots, ses enfants de mots
et d’images qui l’occupe à 100%.
Son métier est un métier d’artisan, de passion,
de liberté, d’échanges. Très exigeante sur la présen-
tation, la qualité de ses histoires et de ses illustra-
tions, elle s’est entourée d’un maquettiste et d’un
correcteur qui viennent de références de l’édition
(Bayard jeunesse, Casterman). Elle a son propre co-
mité de lecture (libraires, enseignants, pédagogues).
Le temps de consolider les fondations de sa maison,
elle assure elle-même la promotion et la distribution
de ses livres et ses albums. Tout cela pour un petit
salaire qui n’est même pas régulier.
Elle entend rester la patronne des Minots car,
passé le temps de la concertation avec ceux qui l’en-
tourent et la conseillent, c’est elle seule qui choisit et
qui assume le risque de publier.
Le tirage de chaque titre est de 1500 exemplaires,
ce qui est loin d’être négligeable quand on sait que la
vente moyenne d’un livre en France est inférieure à
1000 exemplaires.
Made in China ? Ah ! non !
Faites le test : prenez un livre jeunesse et vérifiez
où il a été imprimé. Le nombre de livres imprimés
en Chine (puis vendus en France) est impression-
nant.
Tous les livres des Minots sont vendéens à 100 %,
tout chauvinisme mis à part. Ils sont imprimés par
Pollina, l’excellente imprimerie vendéenne de Chas-
nais près de Luçon. Pollina, pour ceux qui l’ignore-
raient encore, est l’un des principaux producteurs de
livres en… Europe (68 millions d’exemplaires par
an !). Ils publient livres, BD, magazines, catalogues,
dictionnaires, beaux livres. Eh oui ! Fallait le dire !
Pollina bénéficie du label imprimeur Imprim’ Vert
17Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
dont le papier porte le logo PEFC. Cela signifie que
le papier des livres imprimés est « issu de forêts gé-
rées durablement et de sources contrôlées. »
Les Minots se montrent de plus en plus dans les
manifestations autour du livre dans la région (Mon-
taigu, Luçon, Saint-Gervais, Jard-sur-Mer, Bulles de
Sèvre à Saint-Laurent-sur-Sèvre, Le Langon…) mais
ils commencent à essaimer plus large (Bretagne, Sa-
lons du livre de Paris, de Montreuil…)
Méthodiquement, patiemment, Angéline
consolide sa maison et se construit une crédibilité
auprès des libraires, ses premiers partenaires, des
médiathèques, bibliothèques mais aussi dans les sa-
lons en contact direct avec ses lecteurs, présents ou
à venir. Sans compter son temps, ses déplacements.
Avec le sourire.
Désormais, avant d’acheter un livre jeunesse,
ayez la curiosité d’aller faire un tour sur le site des
Minots. Dans une librairie, une bibliothèque, un
salon, arrêtez-vous un instant. Soyez curieux : feuil-
letez un livre de la collection et n’hésitez pas à offrir
un petit Minot. Vous ne mettrez pas en difficulté le
chiffre d’affaires des livres imprimés en Chine mais,
surtout, vous contribuerez à augmenter l’audience
et la crédibilité de cette jeune maison d’édition ven-
déenne. Si la revue Lire en Vendée a une raison d’être,
c’est bien de mettre en lumière les réalisations les
plus originales autour du livre comme les Minots.
D’un ancien éditeur à une jeune éditrice :
Louis Dubost (Le Dé bleu)
Angéline, marquise des Minots ! J’éprouve,
depuis que nous nous sommes rencontrés une pre-
mière fois au Salon du Livre de Jeunesse d’Aizenay,
une grande faiblesse (accentuée par une sénilité pré-
coce, sans doute) pour la jeune éditrice et son tra-
vail. D’une part, j’admire son audace raisonnée (on
s’en aperçoit très vite quand on discute avec elle)
pour se lancer dans l’aventure de l’édition dont je
connais pour les avoir vécus durant 35 ans les “joies”
du galérien, d’autre part je suis ébahi par la qualité
professionnelle de son travail d’édition acquise aussi
rapidement (j’ai bien mis 20 ans avant d’en arriver
là). Et puis, d’un point de vue plus personnel (et
affectif), il ne me déplaisait pas qu’au moment où je
cessais à Chaillé mon activité éditoriale une sorte de
relève et de relais se passait à 8 km, à Château-Gui-
bert. Elle sait bien que, si elle a besoin de conseils
ou d’aide, je suis à 10 mn en vélo. Je sais non moins
bien qu’elle n’en a guère besoin, qu’elle trace sa route
avec sûreté et en toute liberté. Les Minots sont deve-
nus en deux ans un lieu incontournable de l’édition
en Vendée et bien au-delà. Et c’est bien parti pour
durer !
				Louis Dubost
Le dernier né : « Le Loup Beauté »
Oubliez l’histoire du loup
qui dévore tout ce qui est
chair humaine ou animale de
Mère-grand aux trois petits
cochons. Le Loup Beauté est
d’une autre trempe. Sa pas-
sion des bottes et du cuir le
pousse à ouvrir une boutique
de mode à la plus grande sa-
tisfaction de sa clientèle ani-
male la plus huppée. Ce Loup
Beauté, soucieux de son apparence, est un Loup
botté avant tout ! Après tout, il y avait bien l’illustre
Chat botté de Perrault qui se sentait bien seul dans
sa catégorie.
Autant dire que dans la famille de ce loup peu
ordinaire, ça grince des dents : comment un loup,
digne de ce nom, peut-il se désintéresser de la char-
cuterie ancestrale ? Et pourtant, la vie et le bonheur
du Loup Beauté s’inscriront dans cette voie si éloi-
gnée des traditions familiales.
Le Loup Beauté est un superbe livre cartonné
dont l’histoire écrite par Angéline Chusseau est ma-
gnifiquement illustrée par Mélanie Desplanches. Il
s’adresse aux petits de 4 à 8 et même bien au-delà.
L’auteur aborde finement et avec humour le thème
de la différence.
							
			Jean-Claude Lumet
Une maison d’édition pour la jeunesse
18 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Armel de Wismes :
Les grandes heures
de la Vendée
Il était venu m’accueillir, à l’huis de son
immeuble, juste en face de la cathédrale
de Nantes. Il habitait au 3e
étage, qu’un
vieil escalier de pierre dur au mollet, des-
servait approximativement
Un vrai danger pour les citadins que cet esca-
lier, qui avait fait chuter mon hôte, je l’ai appris plus
tard, moult fois. Quand il ouvrit la porte j’aperçus
un homme frétillant en pyjama. Il était pourtant
près de cinq heures de l’après-midi.
« Comme je n’arrête pas de tomber dans ce fichu
escalier, et qu’après çà je dois m’aliter, autant rester
en pyjama le plus souvent... »
C’est à cette époque, que je fis physiquement la
connaissance d’Armel de Wismes, le plus pétillant,
le plus malicieux des auteurs nantais.
Nous gravîmes les pierres usées, érodées, dis-
jointes qui tenaient lieu de marches, jusqu’à son son
appartement.
Avec trente ans de plus que moi, il me prit bien
trois mètres d’avance et me priant d’entrer il me dit :
J’ai lu votre Charette, et je vous ai préparé une
post-face. J’espère qu’elle vous plaira !... »
Elle me plaisait d’avance, mais, je me retins de lui
dire. Publié aux Éditions du Rocher, je m’étais mis
sans vergogne dans la peau de François Athanase
Charette de la Contrie. D’autres l’ont fait depuis,
mais en ce temps là, c’était un peu présomptueux.
J’ai gardé cette post-face, écrite de sa main. D’un
seul trait, d’un seul jet, sans une rature sans même
un oubli de ponctuation. Bien sûr, je n’ai pas changé
une virgule, de peur que son « sang ne coagule ».
Nous sommes restés longtemps à deviser, dans cette
pièce que je revis souvent au cours d’autres visites.
Un désordre charmant que ce bureau en manière de
capharnaüm, où traînaient livres, tableaux, docu-
ments de toutes espèces.
- Pardonnez le désordre ... mais vous savez que je
suis célibataire.
Je savais ! Et comme je lui demandais pourquoi,
un peu bêtement, il eut cette réponse !
Pour ne pas, en prenant une épouse, que les autres
femmes soient jalouses.
Et puis les heures passèrent, à parler de Charette
et de ses confrères en rébellion. Je trouvais Bon-
champs magnifique, Stofllet irritant, La Rochejac-
quelain flamboyant, d’Elbée attachant, mais plus
que tous les autres : Charette indépendant !
J’ajoutais prudemment : « selon moi bien en-
tendu ». Le baron Armel de Wismes m’approuva
totalement. Inutile de décrire, le plaisir qu’il me fit.
Peu à peu, en le revoyant fréquemment, une com-
plicité s’établit entre nous, au point que nous mimes
sur pied un projet entre la farce et la dramaturgie.
Je crois à ce qu’il m’a dit qu’il m’aimait un peu...Je
crois que je l’aimais beaucoup.
Souventes fois, plus tard, je passais chercher Ar-
mel de Wismes, pour déjeuner dans une petite au-
berge qui donnait sur les remparts du château des
Ducs de Bretagne. Le « Pont Levis ».
Et si nous refaisions le procès de Charette ? Les
jurés ce seront les spectateurs. Qui fut dit, fut fait.
Le tribunal pour rire, mit sont siège au Centre de
Communication de l’Ouest (le CCO) de Nantes.
Sorte de petite tour Montparnasse... en raccourci,
animée par Jean Amyot d’Inville, qui appréciait fort,
lui aussi, le baron de Wismes. Mais qui Amyot d’In-
ville n’appréciait pas ? Il avait de quoi être content
19Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Armel de Wismes
car la grande salle du CCO était pleine, au moment
où il nous annonça, un rien fébrile :
« Le ministre Hervé de Charette, qui a appris
notre « procès » s’invite et veut être témoin de la
défense de son ancêtre... »
Au passage le chevalier Charette, n’avait pas eu
d’enfants et n’était donc l’ancêtre de personne ! Pas
même du ministre de l’époque. Ce qui n’empêchait
pas – nous sembla-t-il l’excitation de Jean Amyot
d’Inville, qui venait d’être prévenu par téléphone
de l’arrivée impromptue du membre du gouver-
nement. Les témoins au demeurant, qu’ils fussent
pour ou contre le Chevalier Charette, et que nous
avions choisis soigneusement se montrèrent fort pit-
toresques et le plus souvent talentueux. : Jean Joël
Brégeon écrivain, Jean Huguet éditeur, Jean Yves de
la Patellière le cousin du cinéaste Denis de la Patel-
lière, Hervé de Charette, et Armel de Wismes bien
entendu, emportèrent l’adhésion de la majorité des
deux centaines de spectateurs, et donc des jurés. Le
Chevalier Charette fut acquitté ce soir là et put re-
partir libre et réhabilité, auprès de ses amazones qui
l’attendaient à Fonteclose. Nous avions refait l’his-
toire. Mais quelle soirée !
Armel de Wismes a toujours aimé la Vendée et
la mer. Cet historien, qui était aussi peintre, et dans
une moindre mesure romancier (il n’a écrit que deux
romans) possédait un véritable trésor d’archives et
de documents sur Nantes, la Bretagne, et les Océans
qui grondent. Qui grondent de boucaniers, de cor-
saires et de pirates. Les livres d’Armel de Wismes
chantaient souvent le temps de la grande marine à
voile de la course au large et de ces officiers loyaux
ou flibustiers. Ces capitaines Michel, Montaubon,
De Graff et bien sûr, l’effroyable vendéen Jean David
Nau, dit L’Olonnois.
On retiendra pour nos amis écrivains de Vendée
« Pirates et Corsaires » (éditions France-Empire) ou
encore « Histoire de la Vendée » (du même éditeur)
parmi la trentaine d’ouvrages du baron.
Entre le souffle des grands espaces et des inou-
bliables présences que sont : Aliénor d’Aquitaine, Ri-
chard Cœur de Lion, Saint Louis, Louis XI, Henri IV,
Louis XIII et Richelieu, Rabelais, Calvin, Grignon de
Montfort, Charette « roi de la Vendée », mais aussi
Napoléon, Clemenceau, et de Lattre... La Vendée !
Armel de Wismes la ressuscite, vraie physionomie
de cette vieille terre, si longtemps convoitée, où se
mêlent toujours, l’histoire et la légende, le sens du
sacré et l’amour de la liberté.
Pour la confection de cet articulet à l’usage du
magazine Lire en Vendée, j’ai relu la post-face dont
m’avait gratifié Armel de Wismes. À côté de son
émouvant et très amical hommage, j’ai retrouvé
l’humour, l’ironie parfois, le sérieux de l’historien,
et le dilettante du convive des déjeuners du « Pont
Levis » façon Paul Guth, qui avait avec le baron
quelques traits en commun.
Artésien d’origine (mais non point Basset) nan-
tais d’adoption, Vendéen de cœur, écrivain d’his-
toires et de l’Histoire, toujours la malice d’Armel de
Wismes jaillira de son cœur, brillera dans ses yeux.
				Joël Bonnemaison
20 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Jean-Claude Martineau,
l’écrivain de théâtre
au million de spectateurs
Le théâtre a souvent été aux abonnés
absents dans la revue Lire en Vendée
Cela signifie-t-il que personne n’écrit
pour le théâtre dans le département ?
Le théâtre n’est plus ce qu’il était, mon
bon Monsieur !
Si cet art de la scène a tenu un rôle majeur pour
ne pas dire essentiel de l’Antiquité gréco-romaine à
nos grands auteurs classiques et romantiques, il a vu,
depuis le XIXe
siècle le roman dans tous ses états lui
voler la vedette. Oh ! bien sûr, le public va toujours
au théâtre pour applaudir un Feydeau, un Molière
ou un contemporain porté par des comédiennes ou
comédiens de renom. Et puis, les gens aiment aller
passer un bon moment avec la troupe locale pour le
spectacle annuel.
Les plus anciens¸ même ceux qui regardaient
peu… ou pas, se souviennent ou parlent avec nostal-
gie de l’émission Au théâtre ce soir. Depuis quelques
années, les retransmissions en direct de pièces à
succès assurent de belles audiences aux chaînes pu-
bliques.
Ainsi, si Molière avait été vendéen en ce début
de XXIe
siècle, ses nouveautés auraient-elles trouvé
un écho dans cette belle revue ? J’ose le croire. Le
fait est qu’à celui qui s’est plaint du peu de place ac-
cordée à la scène dans ces pages, on a confié la tâche
de matière à sujet. Résultat : j’ai gagné un travail
forcément bénévole. Avec plaisir, je dois le dire.
De quoi se plaint-on alors ? C’est vrai qu’on lit
peu de théâtre de nos jours. Je pourrais faire une en-
quête auprès de mes illustres collègues de la Société
des Écrivains de Vendée pour savoir quelle pièce ils
ont lue récemment, je suis à peu près sûr du résultat.
À leur décharge, je dois dire que les livrets de théâtre
ont une couverture et une présentation austères et
sont plus destinés à être photocopillés, au mépris
de la législation pour les besoins des troupes, qu’à
s’exposer dans un présentoir de librairie.
On lit peu et on connaît peu. D’un côté, le
théâtre est réputé élitiste ou difficile, destiné à la sé-
lection officielle du Festival d’Avignon. De l’autre,
on le qualifie de boulevard ou d’amateur avec un
brin de condescendance, voire de mépris, pour
avancer une excuse valable de ne pas en lire. Ou-
bliant que dans le Molière que nous vénérons tous,
il y a beaucoup de farce, de rire, de burlesque…, on
dirait aujourd’hui d’amateur. Trêve de condescen-
dance et arrêtez le mépris, s’il vous plaît !
Des talents nouveaux
Personnellement, j’ai découvert de grands ta-
lents chez nos jeunes auteurs francophones. J’insiste
sur le dernier adjectif car il faut tirer un grand coup
de chapeau à ces écrivains de théâtre nés à l’étran-
ger, ne parlant pas notre langue et qui, par choix, se
sont mis à écrire en français parce que notre langue
leur permet d’exprimer et de mettre en scène leurs
rêves, leurs peurs, leurs drames, etc. Je pense à Adel
Hakim à Wajdi Mouawad, édités par L’Avant-Scène.
Des textes forts, violents ou poétiques, écrits super-
bement. Mais pour vous faire rire ou vous émouvoir,
il y a le jeune et talentueux Florian Zeller la brillante
Yasmina Reza, les confirmés E-E Schmitt ou Ribes.
D’autres aussi font ou feront parler d’eux dans les
années à venir : Marin Ledun, etc.
Le théâtre en Vendée ? Ça existe ?
Après ce préambule pour parler du théâtre en
France, j’en viens au théâtre chez nous. La Vendée
se distingue tout d’abord à plus d’un titre : elle est
dans le trio de tête des départements qui comptent
le plus de troupes de théâtre amateur et cela depuis
fort longtemps. Particularité héritée de notre passé
bicéphale. Il y avait les troupes de patronage, avec
la bénédiction des autorités ecclésiastiques, et celles
des associations laïques, sans bénédiction surtout,
qui rivalisaient d’ardeur sur tous les plans. Certaines
des ces troupes sont centenaires ou presque : La Ge-
nétouze, Antigny…
Oui, le théâtre en Vendée se porte bien. Il y en
a désormais pour tous les goûts et tous les publics.
Avec des formations solides en lycées, des Printemps
théâtraux, des festivals divers (Souffleur d’Arundel),
des troupes professionnelles et un nombre consi-
dérable de troupes de théâtre amateur. Amateur ne
signifiant pas amateurisme mais plutôt au sens de
ceux qui aiment le théâtre et qui font tout pour évo-
luer dans le jeu scénique et pour plaire au public.
Et en Vendée,
qui écrit pour le théâtre ?
Ça doit bien exister une personne qui se donne
la peine d’imaginer un spectacle, de créer des per-
sonnages, de ciseler des dialogues, d’écrire des didas-
calies. Oui, oui, je vous assure, ça existe. Et même
21Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au théâtre, la Vendée
quelqu’un qui a un succès… incroyable pour ne pas
dire phénoménal ! Vous ne le connaissez pas ? D’où
la nécessité impérieuse de vous présenter ce phé-
nomène (qu’il me permette ce terme affectueux).
Quand vous aurez pris connaissance des chiffres,
vous serez d’accord avec moi.
Encart publicitaire
Pas de spectacle sans suspense. J’ouvre une pa-
renthèse-pub comme à la télé. Je remercie la BDV
(la Bibliothèque départementale de la Vendée) d’avoir
lancé cette initiative originale qui s’appelle Les Voya-
geurs du Soir (http://voyageursdusoir.vendee.fr). De-
puis trois ans, chaque année, elle propose à ceux qui
fréquentent le réseau des bibliothèques des pistes
de découvertes et de lectures autour d’un thème.
En 2013-2014, il y en avait huit (Jazz way of life,
Incroyable fantasy, Jamais sans ma guitare, Detective
story : le polar anglais, Didascalies et Cie : du texte à
la scène, Talents en images : quand le récit s’anime,
Destination aventure : l’appel de l’inconnu, Vies d’ar-
tistes : un festival de beaux-arts). Le voyage Didasca-
lies et Cie fut une belle balade au cœur du monde
du théâtre qu’on m’a demandé de parrainer jusqu’en
juin. Allez vous promener sur le site. Que vous soyez
amateurs, professionnels, lecteurs assidus ou occa-
sionnels, éveillez votre curiosité ! Visitez les diffé-
rents blogs de ces voyages qui ont tous un parrain
animateur, empruntez un livre, une pièce, lisez les
billets qui sont postés chaque mois, réagissez ! Deve-
nez acteurs de votre lecture ! Bravo à la BDV qui sait
proposer des pistes originales et séduisantes avec des
choix qui méritent un coup de chapeau et profitez-
en pour pousser les portes de nos bibliothèques qui
ont presque toutes été dépoussiérées, rénovées. Fin
de cette parenthèse utile.
Un petit tour par la SACD
À ceux qui ne connaissent pas bien le milieu du
théâtre, la SACD est moins connue que la SACEM
et pourtant elle marche vers ses 250 ans d’existence.
Or la Société des auteurs et compositeurs dramatiques
(SACD), fondée en 1777 par Beaumarchais, est la
plus ancienne des sociétés françaises de gestion col-
lective des droits d’auteurs. Elle s’attache à percevoir
et répartir les droits des 48 000 auteurs membres
de la SACD représentant les répertoires du spectacle
vivant et de l’audiovisuel : auteurs de théâtre, cho-
régraphes, metteurs en scène, compositeurs, réali-
sateurs, scénaristes… Elle déclare se consacrer à la
défense des intérêts matériels et moraux de la pro-
fession tout entière. » (Wikipédia).
C’est cette vieille dame fort respectable qui enre-
gistre les représentations déclarées par les troupes de
théâtre et qui reverse leurs droits chaque mois aux
auteurs. Mais on sait que tous les spectacles ne font
pas forcément l’objet d’une déclaration et que les
troupes de théâtre ont souvent tendance à minorer
le nombre de spectateurs.
Pour les auteurs de théâtre qui en sont socié-
taires, la SACD est d’une aide précieuse aussi bien
dans la protection de leurs œuvres que pour la col-
lecte et la redistribution des droits d’auteur. Sans
compter tout le volet social d’aides ou le côté mu-
tuelle de santé.
Etmaintenant,MesdamesetMessieurs…,
le phénomène Martineau
« Phénomène » : le mot n’est pas trop fort. Même
si Jean-Claude Martineau. récuse ce terme par mo-
destie, je sais de quoi je parle, je viens de ce milieu
des planches. Je pense qu’après avoir lu les lignes qui
suivent vous serez convaincus que je n’enjolive pas.
Je m’en tiens tout simplement aux comptes de la
SACD qui sont souvent en-dessous de la réalité.
Jean-Claude Martineau, de Boufféré, a contracté
le virus du théâtre à l’âge de 26 ans. Quarante-deux
ans plus tard, il est irrécupérable. Il n’y a que ceux
qui n’ont jamais attrapé ce virus qui ne peuvent pas
comprendre les formes diverses sous lesquelles il se
manifeste. Il est résistant et le remède se trouve pré-
cisément dans la maladie elle-même. Mais loin de
tourner en rond ou d’être ballotté du côté cour au
côté jardin, cet univers apparemment clos ouvre les
22 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
plus vastes horizons et permet les modes d’expres-
sion les plus variés.
Pour lui, le meilleur des conservatoires a été
l’immersion totale dans la troupe locale de Boufféré.
Il a commencé à jouer dans La Cagnotte de Labiche
et, heureux veinard, il a gagné le gros lot. La passion
du théâtre et la passion tout court lui sont arrivées
en même temps. Et après avoir beaucoup joué, après
être passé par la case mise en scène, il s’est mis en re-
trait pour laisser la place aux plus jeunes. Est arrivée
alors la période écriture qui a commencé il y a dix
ans quand il quitté la carrière de … préparateur en
pharmacie. Pour les deux principaux articles qu’on
m’a demandé d’écrire, celui sur la maison d’éditions
Les Minots et celui sur le théâtre, les protagonistes
ont été tous les deux préparateurs en pharmacie, An-
géline Chusseau et Jean-Claude Martineau. Neau.
Bizarre, non ? Je n’y suis pour rien.
L’écriture et l’édition
La rage d’écrire pour la scène a saisi notre ancien
acteur à la retraite. Dans ces cas-là, on commence
modestement à échafauder une intrigue avec nulle
ambition de rivaliser avec les grands dramaturges.
Le titre de cette première pièce : Mauvaises pioches.
Il y a des titres qui, contrairement aux apparences,
portent bonheur. Deux mois après l’envoi à un édi-
teur de théâtre, la pièce est acceptée et entre, en avril
2005, au catalogue des Éditions théâtrales Art et Co-
médie, 3 rue de Marivaux 75002 Paris. Sans avoir
été jouée une seule fois !
La troupe vendéenne de Saint-Georges-de-Mon-
taigu va la créer quelques mois plus tard et ce sera
l’enclenchement de la spirale du succès, le début du
rire en cascade estampillé JCM que déclenchent au-
tomatiquement ses comédies. Tapez donc le nom de
Jean-Claude Martineau sur le site www.artcomedie.
com et faites connaissance avec l’univers théâtral de
notre Vendéen. Au total, six comédies seront pu-
bliées par Art et Comédie, entre autres Larguez les
amarres ! ou Trente kilomètres à pied, etc.
En peu d’années, le dramaturge a compris les
lois du genre et sait admirablement tirer les ficelles
de l’art de la comédie pour vous concocter du sur-
mesure entre 1 h 30 et 2 heures.
de la scène. Ses autres pièces, toutes déposées à la
SACD, n’ont pas été éditées mais on peut en retrou-
ver les références, le sujet et la distribution sur deux
autres sites que les passionnés du théâtre connais-
sent bien : Le Proscénium (www.leproscenium.com)
et La Théâtrothèque (www.theatroteque.com). Sur ces
sites-là, vous trouverez l’ensemble des seize pièces
écrites par Jean-Claude Martineau. Citons Tranches
de bluff ou Casting de rêve ou encore Vous mendierez
tant. Sans oublier une de ses préférées, Midi, dernier
délai.
Les troupes de théâtre amateur s’y précipitent
et viennent y faire leur « bonne pioche » pour leur
spectacle annuel. Elles ont rapidement plébiscité
l’écriture de Jean-Claude Martineau, à la fois drôle
et irrésistible, bien ficelée et redoutablement effi-
cace. Les acteurs y trouvent leur compte, les spec-
tateurs en ont pour leur argent, tout le monde en
redemande et les foules de fans enthousiastes gros-
sissent.
Le train Martineau. est lancé, sorte de TGV d’un
genre nouveau…, un Théâtre de Grande Variété.
Un succès aux dimensions de La France… mille
représentations par an et un million de spectateurs !
Cela peut sembler facile de faire rire les specta-
teurs du cru, ceux qui connaissent et côtoient au
quotidien les acteurs occasionnels ou habituels. Qui
ne l’a jamais fait s’y essaie !
Mais si le succès local essaime aux dimensions de
toute la France et de quelques pays francophones,
c’est qu’il y a un talent certain et reconnu. C’est fi-
nalement tout un art de conquérir presque tous les
départements français et de déborder sur la Suisse, la
Belgique, le Canada, au point de comptabiliser bon
an mal an entre 800 et 1000 représentations par an.
C’est le nombre attesté par la SACD des spectacles
officiellement déclarés. Quant aux autres, ceux joués
sous le manteau, sans publicité pour ne pas avoir
à payer de droits, on ne peut qu’extrapoler. Sans
risque de se tromper beaucoup, on pourrait majorer
le chiffre de 10%.
L’écriture sans édition
Notre auteur boufféréen ne s’est pas arrêté en si
bon chemin. Les Trente kilomètres à pied sont loin
déjà. Il est devenu un marathonien de l’écriture
23Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Faisons les comptes. 1000 représentations par
année multipliées par une moyenne de 150 à 200
spectateurs, ça fait entre 150 000 et 200 000 per-
sonnes qui vont applaudir les pièces de JCM. Et
comme le succès dure déjà depuis pas mal d’années
et que de nouvelles pièces vont venir s’ajouter aux
autres, le million de spectateurs est en vue sinon dé-
passé. Chapeau, M. Martineau ! Belle réussite !
Ce qui fait que notre auteur, méconnu de beau-
coup, fait désormais partie des 10 écrivains de
théâtre (professionnel et amateur) qui totalisent le
plus grand nombre de représentations par an en
France. Et pour le connaître, je vous assure qu’il n’a
pas la grosse tête.
Oui, c’est ce que se
dit Jean-Claude Marti-
neau quand, à vingt ou
trente reprises dans une
année, il va assister à
l’une de ses représenta-
tions. Ce sont ses salons
du livres à lui, la ren-
contre avec son public,
son plein de vitamines.
Le théâtre a cela de magique : il emporte dans
l’instant une salle entière vers l’émotion, le délire.
Des rires à gorges déployées par centaines, par di-
zaines, centaines de milliers.
Jean-Claude Martineau, continuez à distiller
cette potion magique pour le plus grand nombre.
Vous ne pensiez pas il y a dix ans atteindre ce pre-
mier million de spectateurs. Le deuxième est enta-
mé. Potion, ai-je dit. Oh oui ! De celle qui redonne
au spectateur ce qui est le propre de l’homme : le
RIRE ! Je ne sais pas si l’ancien préparateur en phar-
macie l’avait imaginée de longue date. Pour service
médical rendu à la lutte contre le stress et la moro-
sité, vous mériteriez bien plus qu’une médaille. En
fait, vous l’avez déjà, c’est la fidélité de votre public.
Chers lecteurs, vous qui ne connaissiez pas ce
dramaturge (qui n’aime pas ce mot), guettez les ar-
ticles de presse lors de la prochaine saison théâtre,
vous tomberez forcément sur un spectacle Mar-
tineau (476 représentations en Vendée, 522 en
Maine-et-Loire, 457 en Loire-Atlantique, 311 en
Ille-et-Vilaine). Allez en applaudir un au moins !
Quand on m’a demandé d’écrire un article sur
le théâtre, mes dix collègues présents autour de la
table ne vous connaissaient pas. J’avais promis un
petit article, ils m’en ont demandé un grand. Je leur
ai obéi, le voici. Je promets que le prochain sera net-
tement plus court. Il fallait bien frapper fort les trois
coups de la rentrée du théâtre sur la scène de Lire en
Vendée.
Jean-Claude Martineau, vous m’avez dit avoir
envie de vous lancer dans un autre genre d’écriture.
Pourquoi pas un roman ? Ou alors donnez-nous de
vos… nouvelles. Sur votre site, il y a déjà des poèmes
(pause-theatre.fr).
Les Écrivains de Vendée ne vous connaissaient
pas ou très peu, le public non plus. Je viens de faire
mon devoir de mémoire. Avec tout ce que vous avez
écrit, vous êtes bien un écrivain à part entière. Mais
aussi entièrement à part, du côté cour et du côté jar-
din où vous aimez bien jouer. Comme je vous com-
prends ! Il ne vous manque plus que le côté… salons
du livre. Ça viendra, Jean-Claude !
				 Jean-Claude Lumet
Au théâtre, la Vendée
Comparaison dramaturge écrivain
Quel écrivain, prenant conscience de ces chiffres
astronomiques au regard de ses 500, 1 000, 3 000
ou 5 000 exemplaires de livres vendus (ce qui est
déjà un beau succès de ce côté-ci de l’écriture) ne
rêverait de rencontrer semblable public et surtout
de connaître la recette du succès pour l’appliquer à
la vente de ses livres ? Il ne sied sans doute pas de
parler argent ici. Ce serait vulgaire dans notre beau
pays où on cherche souvent à en savoir un peu plus
sur ce que gagne le voisin. Pour établir un point de
comparaison entre le livre et le livret de théâtre, une
représentation équivaut environ à 100-200 livres
vendus et quelquefois bien plus. Faites vous-mêmes
le calcul. Celui qui écrit pour le théâtre a un but :
continuer à écrire pour ses futurs acteurs, pour son
public, pour les emmener dans son monde de fan-
taisie. Il ne pense pas en termes de séances de dédi-
caces et ne recherche nullement une place dans les
salons du livre. C’est un autre monde qui réserve
cependant des émotions très fortes.
Vous allez comprendre. L’auteur de théâtre qui
se glisse incognito dans une salle où l’on joue une de
ses pièces vit des sensations intenses bien difficiles
à décrire. C’est un véritable bonheur, un réconfort
qu’aucun médicament ne peut procurer quand on
entend une salle comble rire aux éclats, applaudir à
tout rompre et sortir de la salle avec un large sourire
sur le visage. La jouissance est secrète et forte.
Et quand dans sa vie, le doute, la fatigue effleu-
rent l’auteur, quel meilleur remède que de se remé-
morer le rire des spectateurs et de se dire alors : « J’ai
apporté des moments de détente à des centaines de
milliers de spectateurs qui ont peut-être dix fois plus
de raisons d’être déprimés que moi. L’écho de leurs
rires est le meilleur des dopants, mon carburant. »
24 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Une idée formidable de Joël Bonnemaison au-
teur, et organisateur des festivités, avec le soutien ef-
ficace et convivial de Monsieur Serge Kubrik maire
de La Tranche sur Mer, et de son conseil munici-
pal. Une manifestation qui prend de l’ampleur au fil
des ans puisque certaines troupes des départements
voisins concourent, Bretagne, Pays de Loire, Poitou-
Charentes ou Deux-Sèvres.
Quinze pièces de plus d’une heure sont jouées
dans la superbe salle des Floralies sous les yeux at-
tentifs des douze membres du jury, journalistes, écri-
vains, commerçants, retraités, homme de théâtre,
mais aussi devant le public tranchais, fidèle et assidu.
Salle comble assurée à chaque représentation,
celle du matin ou la quatrième pièce de la journée
qui débute tardivement : 23 heures.
Les Tranchais apportent leurs sandwichs ou de-
mandent un en-cas sur place pour ne pas louper
une séance. Au bar, entre les spectacles, ou dans les
longues queues jusque sur le parking, les commen-
taires fusent... Chacun se veut critique l’espace d’une
séance, chacun apprécie ces talents cachés qui œu-
vrent dans l’ombre pour nous ravir.
Pour cette édition 2013, deux pièces de haut ni-
veau retiennent d’emblée l’attention du jury mais
aussi du public enthousiaste qui salue debout et rap-
pelle les comédiens plusieurs fois :
La compagnie d’Aigrefeuille pour La
guerre des têtes écrite et mise en scène par Ni-
colas Brandicourt sur le thème revisité de Ro-
méo et Juliette, façon BD. Les familles des
« chapeaux ronds » et la famille des « chapeaux poin-
tus »... Hilarant ! Une pièce homogène avec des co-
médiens si bons qu’il était impossible de se décider
sur le meilleur. Leur revenait le Prix de la tulipe d’or
d’autant plus que le final était un bouquet d’artifices
sur un ralenti où chaque acteur «amateur» donne le
meilleur.
Et puis du grand théâtre pour Bleu orange, Phi-
lippe Péron, Prix du meilleur comédien, où il a été
cruel pour le jury de décerner ce trophée à un seul
tant les trois comédiens avaient un jeu d’égale in-
tensité, avec du souffle et un sacré talent pour une
pièce exigeante sur le milieu de la psychiatrie : Phi-
lippe Péron, Romain Bonnet étaient les médecins
Damien Robin le malade, Jean-François Chevret le
metteur en scène de La compagnie du Théâtr’Happé
de La Roche sur Yon et Grains de Sel.
Citons aussi Nathalie Guibert nommée meilleure
actrice pour la seconde fois et pour sa prestation
dans La soeur du Grec, Compagnie des Tréteaux de
la marelle de Mouilleron le Captif, troupe créative
et dynamique que tout le monde attend tous les ans
pour l’originalité et la drôlerie et l’originalité de ses
textes d’un talent vendéen et qui récoltent toujours
plusieurs trophées.
Amateurs ? Vous avez dit Amateurs ?
Certaines pièces, de talents vendéens «amateurs»
valent bien celles de «grands auteurs» et de grands
comédiens, jouées dans de «Grands théâtres», foi de
jurée, conquise !
La Vendée est un terreau riche de talents
d’écriture en tout genre, comme celle des
auteurs de pièces de théâtre
quelle ambiance ce festival du théâtre
amateur qui s’est déroulé du 4 au 9 début
novembre 2013 à La Tranche sur mer !
troupe hors concours pour la pièce de Bonnemaison :
Mais où est donc passé Darwin ?
comédiens : Philippe Peron, Damien Robin , Romain
Bonnet pour «Bleu orange»
25Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au théâtre, la Vendée
Enfin la remise des Prix : un moment fort qui
clôt le festival. Les jurés bien nourris, un peu fatigués
sont muets comme des carpes. Rien n’a filtré. Sus-
pense... Les troupes fébriles attendent les résultats.
Le public aussi. Beaucoup d’émotion.
Sept trophées sont prêts sur scène ainsi que des
chèques pour récompenser le meilleur metteur en
scène, le meilleur texte (quand il s’agit d’un texte
d’auteur amateur) costume, comédienne, comédien
et enfin la Tulipe d’or pour la meilleure pièce ou la
pièce coup de cœur.
Pour cette sixième édition 2013 ont été récom-
pensés en présence de personnalités, M. le maire
Serge Kubryk, Sylviane Bulteau, député de Vendée,
l’invité d’honneur, Christophe Bourseillé, Joël Bon-
nemaison, écrivains et journalistes :
Le Grand Prix de la Tulipe d’or : La compagnie
d’Aigrefeuille avec La guerre des têtes, écrite et mise
en scène Nicolas Brandicourt
Meilleure comédienne : Nathalie Guibert dans
La soeur du grec compagnie Les Tréteaux de la ma-
relle de Mouilleron le Captif.
Meilleur comédien : Philippe Peron dans Bleu
Orange Compagnie Théâtr’ Happé de la Roche sur
Yon et Grains de Sel.
Mise en scène : La soeur du Grec troupe de
Mouilleron le Captif
Costume : Les 5 dits du Prince compagnie l’En-
tracte de Grosbreuil.
Texte ou adaptation : Saynettes et sans bavures
compagnie les Alizés de Rezé.
Tous les ans une pièce de Joël Bonnemaison,
homme de lettres, de théâtre mais aussi initiateur et
maître d’œuvre du salon, est jouée avant la remise
officielle des Prix : Virgile et Salomon, Le Verger, Six
petit morts et puis s’en vont, La Part du Tigre, Le café
du Palais, Qui veut tuer l’Empereur ?, Landru ou la
femme au foyer, Nom de Zeus, Mais où est donc passé
Darwin ?, pour l’édition 2013.
Entrée libre et gratuite pour toutes les représenta-
tions pour les Tranchais et autres.
Bravo à tous les acteurs de cette belle manifesta-
tion qui suivent et qui œuvrent pour faire vivre et
reconnaître les talents vendéens.
				Eveline Thomer
remise des Prix de la Tulipe d’or Joël Bonnemaison initiateur et organisateur du festival
Compagnie Artémise, lauréats de la Tulipe d’or 2013
26 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Mylène Demongeot,
Virginie Massif
Joël Bonnemaison
vedettes du festival tranchais,
cuvée 2014
Quelle semaine que celle du 3 au 8 no-
vembre dernier à La Tranche-sur-Mer !
Les émotions n’ont pas manqué à cette
7e
édition du festival de théâtre amateur
Au théâtre, la Vendée
La Mouilleronnaise rayonne sur les
planches
La plus belle émotion du jury (4 femmes, 2
hommes) est venue de Virginie Massif, actrice
des Tréteaux de la Marelle, de Mouilleron-le-cap-
tif. Quand elle a joué dans le (trop) boulevardier
Panique au ministère, elle rayonnait, le mot n’est
pas trop fort, d’une intensité à brûler les planches, à
sauver n’importe quelle pièce ! Et sa Tulipe du prix
d’interprétation féminine fut follement applaudie à
l’heure du palmarès, par un public tranchais qui
s’est désormais habitué à cette manifestation, s’y est
même initié, comme un vrai moment culturel, de
plus hors saison estivale !
Enfin, rappelons que l’énoncé du palmarès, le
samedi 8 novembre, fut marqué par la présence de
Mylène Demongeot. Bien dans sa peau, elle a joué
le jeu avec simplicité et joie de vivre à la cérémonie
de ces « oscars ». Celle dont la carrière a rebondi
avec Camping, celle qui fut Milady de Winter, ver-
sion Mousquetaires 1961, celle qui était la com-
pagne de Marc Simenon, fut aussi une concurrente
directe de Brigitte Bardot, en 1958. Luis Bunuel
en personne, devait tourner La Femme et le pantin,
mais fut en butte aux producteurs quand il exigea
« la » Demongeot. Les producteurs voulaient Bar-
dot. Bunuel ne changea pas d’avis, se retira. C’est
Duvivier qui le remplaça. Avec Bardot.
L’anecdote fut rappelée sur scène, au grand bon-
heur de « la » Demongeot. Peut-être ce dont elle
aime à se rappeler le plus dans sa longue carrière :
que le grand Bunuel ne jura que par elle !
Quelle semaine, je vous dis !
					PhilG
D’abord, le créateur et concepteur de la manifes-
tation, Joël Bonnemaison, a apporté une présenta-
tion aussi subtile que soignée, avant et après chaque
pièce sélectionnée, chacune vue par une salle des
Floralies pleine de 350 personnes. Et cette empathie
du public avec l‘ami Bonnemaison, artiste-journa-
liste-anar, ce touche-à-tout dont le théâtre reste sa
passion le plus vive, fut une de ces émotions de cette
semaine tranchaise !
Le programme concocté en fut une deuxième.
Du boulevardier au méditatif, rien n’a manqué dans
les genres, soit dix pièces jouées.
Virginie Massif
27Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Il était né à Fontenay-le-Comte,
André Popp est mort en mai dernier à
Puteaux, en région parisienne
En 1967, la chanson Love is blue
lui apporta une notoriété internationale
Popp, au nom prédestiné, un « grand bon-
homme » de la musique française, nous a
quittés discrètement, en mai dernier,
à l’âge de 90 ans
Entre-temps, en 1956, il a cartonné avec son
disque « Piccolo Saxo et cie
», conte musical coréalisé
avec Jean Brussolle, le « Compagnon » charisma-
tique (1920-1980), touchant tout particulièrement
le public enfant. En 1960, le musicien-arrangeur
remporte le prix de l’Eurovision avec la chanson
Tom Pillibi, interprétée par Jacqueline Boyer.
La gloire internationale en 1967
Au cinéma, domaine où il se fera rare. En 1955,
il compose la bande originale de Tintin et le mystère
de la Toison d’or (1961), celui avec Georges Wilson
dans le rôle du capitaine Haddock, Jean-Pierre Tal-
bot étant Tintin.
Mais son plus gros succès, il l’obtient en 1967
avec Love is blue (L’amour est bleu), chanson nu-
méro 1 aux États-Unis, grâce à l’interprétation de
l’orchestre de Paul Mauriat. C’est la consécration
pour l’arrangeur dont le leitmotiv a toujours été de
« rendre la musique accessible au plus grand nombre
à tout âge ». Ce qui finira d’ailleurs par se réaliser
grâce au cinéma, avec la sortie en 2006 de Piccolo,
Saxo et compagnie en long-métrage d’animation,
d’Erici Gutierrez et Marco Villamizar, avec les voix
de Jean-Baptiste Maunier (Les Choristes) et d’Anaïs.
Arrangements : André Popp. Film visible à partir
de l’âge de 3 ans ! Le sud-Vendéen a su boucler la
boucle.
					PhilG
Le Sud-Vendéen André
Popp (1924-2014), au nom
prédestiné, aura traversé son
siècle avec l’aura d’un grand
monsieur de la musique
Au cinéma, la Vendée
Jeune, André Popp sera marqué par la pratique
de l’orgue à l’Institution Saint-Joseph. Dans sa ville
natale, il rencontre le jeune Jean Broussolle, futur
« Compagnon de la chanson » (un des 9 chanteurs
accompagnant notamment Edith Piaf au faîte de
leur gloire). Tous deux « montent » à Paris après la
guerre, font du cabaret, Popp joue, Brussolle chante.
La chance tourne à leur avantage quand ils écrivent
une série de chansons pour Catherine Sauvage. Au
piano, Popp compose dès lors pour Bourvil et tra-
vaille aussi pour la télé naissante. On lui devra les
indicatifs d’émissions comme La tête et les jambes
ou Des chiffres et des lettres. Il devient chef d’or-
chestre chez Philips, aux côtés de Michel Legrand.
Il compose pour Henri Salvador, Jacques Brel, Ju-
liette Gréco, plus tard pour Marie Laforêt, Françoise
Hardy, Sheila…
André Popp,
arrangeur
hors-pair
de la musique
française
28 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Un centre de ressources et de promotion
pour la littérature jeunesse
Relancé en 2005, le Centre de recherches et d’in-
formation sur la littérature de jeunesse de la Vendée
(CRILJ) publie chaque année la brochure «Une an-
née de lecture» qui présente et analyse 150 ouvrages
destinés aux jeunes lecteurs, de la petite enfance aux
grands ados. Un outil incontournable pour éclairer
les propositions des libraires, des médiathèques et
bibliothèques, des centres de loisirs et des écoles.
Ce travail d’analyse et de sélection est le fruit
de la réflexion d’une vingtaine de bénévoles de l’as-
sociation qui se retrouvent une fois par mois. Elles
examinent entre 150 et 300 titres chaque année. La
littérature jeunesse est en effet foisonnante, mais sa
durée de vie est courte. Les sorties très nombreuses,
à la rentrée comme au printemps, appellent une at-
tention constante sur tout ce qui paraît. Enfin sur
presque tout...
Albums, romans, documentaires, contes, aven-
tures, histoire, BD, mangas, poésie, textes illustrés,
rééditions, sans oublier les livres CD, les angles de la
littérature jeunesse sont vraiment très divers. Pour fi-
gurer dans la brochure annuelle, les albums doivent
recueillir un avis positif de six membres du CRILJ,
les romans, les BD et les contes de trois ou quatre.
L’équipe du CRILJ s’attache particulièrement à
promouvoir les jeunes auteurs et les petites maisons
d’édition. Et naturellement les nombreux auteurs-
illustrateurs vendéens que l’on retrouvera dans les
pages BD de Lire en Vendée. La Direction départe-
mentale de la Cohésion sociale (DDCS) apporte son
appui aux bénévoles du CRILJ. La brochure Une an-
née de lecture est en effet très utilisée dans le cadre de
l’opération Lire et faire lire. La réforme des rythmes
scolaires ouvrira des temps de lecture plus larges : le
CRILJ aura donc certainement l’occasion d’y appor-
ter ses ressources et ses compétences.
					G. B.
Au tout début, il y a la BD d’Etienne Davodeau.
Né en 1965 dans le Maine-et-Loire, l’auteur venait
souvent passer ses vacances d’été sur la côte ven-
déenne où il situe sa bande dessinée parue en deux
tomes : le premier, en 2008, qui obtint de nom-
breux prix et le second en 2010 (parus aux éditions
Futuropolis). Du même auteur, je signale l’album
Les Mauvaises Gens sur la jeunesse militante de ses
parents et qui a raflé, en 2006, une moisson enviable
de prix : le Prix de la Critique, le Prix France Info,
le Prix du scénario, le Prix public du meilleur album
eu Festival d’Angoulême.
Ce film de Sólveig Anspach, avec Karin Viard,
Bouli Lanners, Claude Gensac, est sorti sur les
écrans le 22 janvier 2014.
Attention : la Lulu du film est différente de celle
de la BD. Et pourtant, les deux Lulu ne s’opposent
pas radicalement.
Le film a été tourné dans notre département,
terre de contraste par excellence, en grande partie
à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, aux Sables d’Olonne,
Lulu femme nue, une bande dessinée, a
été adaptée en images en 2013 pour le ci-
néma. Un tournage de plus sur notre dé-
partement, signé Solveig Anspach, avec
Karin Viard
Le CRILJ Vendée
29Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Lors de ce déjeuner
dans les locaux de la Ré-
daction d’Ouest-France,
à Rennes, j’ai le privi-
lège de pouvoir discuter
librement avec Karin
Viard. Ce fut une ren-
contre hors du temps,
inoubliable, chaleureuse
et tout en même temps
très détendue. Dès les
premières minutes, le
tutoiement s’est imposé
et jamais nous n’avons
senti une quelconque distance entre la comédienne
et nous. À vrai dire, Karin Viard est une vraie star, si
proche, si palpable et pourtant intouchable.
Mais d’emblée, j’étais en harmonie avec cette
actrice aux talents multiples, comédienne capable
de jouer avec un égal bonheur les comédies les plus
débridées comme les drames personnels les plus in-
tenses.
Au cours de ces deux heures, nous avons pu
aborder tous les sujets que nous souhaitions dans la
plus totale liberté : enfance, carrière, famille, projets.
Bien sûr, il fut question avec elle du tournage du
film en Vendée, de ses partenaires, Bouli Lanners,
un gros nounours, Claude Gensac, délicieuse (oui, la
fameuse Ma Biche de de Funès dans Le Gendarme de
Saint-Tropez, c’est elle !)
Mais j’avais l’antistar totale face à nous. Jamais
nous n’avons senti, y compris quand nous voulions
prendre des photos, que nous avions avec nous une
actrice que de nombreux réalisateurs s’arrachent. En
ce début d’année 2014, elle est à l’affiche de trois
films. Nous étions quatre et, dans ce quatuor im-
provisé, chacun pouvait se sentir la vedette à tour de
rôle selon les moments.
Ces quelques heures, dans un programme qu’on
sait surchargé, Karin Viard nous en a fait cadeau sans
précipitation, sans sms, sans coups de téléphone qui
viennent interrompre notre échange. Sans caprices
de star surtout. Un cadeau qui porte la marque de
cette grande actrice populaire : exceptionnel ! Oui,
foi de J-C L, même si je n’ai pas la certitude que Sid-
ney soit mon oncle, j’aime le 7e
art et j’ai rencontré
une vraie star du XXIe
siècle.
Dernière info : le magazine Première n’avait
d’ailleurs que ce qualificatif pour la prestation de
Karin Viard dans Lulu, femme nue.
Ex-cep-tion-nel !
			 Jean-Claude Lumet
St-Hilaire-de-Riez… après la saison estivale pour
une plus grande liberté de tournage.
C’est le second film que la réalisatrice tourne
avec Karin Viard. Pour le premier, Haut les cœurs !
Karin Viard a obtenu le César de la meilleure actrice.
Pour ceux qui ne connaissent ni le film ni l’actrice,
procurez-vous le DVD : c’est un film d’une rare in-
tensité avec une comédienne exceptionnelle et bou-
leversante. Un film qui vous marquera longtemps.
L’histoire ? À la suite d’un entretien d’embauche
qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez
elle et part en laissant son mari et ses trois enfants.
Elle n’a rien prémédité, ça se passe très simplement.
Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la
côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement
et sans culpabilité. En chemin, elle va croiser des
gens qui sont, eux aussi, au bord du monde : un
drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille qui
s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa
patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider
Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle
a perdu de vue : elle-même.
Une journée avec Karin Viard
J’ai eu la chance - Jean-Claude Lumet pour vous
servir - d’assister à la projection du film Lulu femme
nue en avant-avant-première lors d’une projection
privée au Gaumont de Rennes. Ce mardi 21 janvier
2014, en début de matinée, la veille de la sortie du
film en salles, nous étions une petite dizaine de spec-
tateurs à avoir le privilège de découvrir le film.
Privilège et chance également de déjeuner avec
Karin Viard pendant près de deux heures après une
séance photos avec la comédienne. Ouest-France,
pour la sortie du film, avait choisi une lectrice et
deux lecteurs du journal pour cette occasion unique.
J’en étais !
« Lulu, femme nue » de Vendée
30 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Marie-Hélène et Catherine Breillat,
elles ont fait carrière au cinéma,
elles ont d’incontestables attaches
dans le sud-Vendée
Nom : Breillat. Prénoms : Marie-Hélène et Ca-
therine. Ces deux soeurs reconnues, aux carrières
différentes dans le cinéma français, ont des attaches
vendéennes profondes, de vraies racines. La pre-
mière est née à Talence (en 1947) et la deuxième
à Bressuire (1948). Entre la Gironde et les Deux-
Sèvres, leur père, le Docteur Marcel Breillat. Il fit ses
premières études au collège François-Viète à Fonte-
nay-le-Comte. Et il vint ensuite souvent en Vendée,
dans le giron familial. Car la grand-mère, Claire
Breillat, habitait rue Gaston Guillemet, à Fontenay-
le-Comte. Et l’arrière-grand-mère était installée à
Auzay.
Rappelons que Marie-Hélène Breillat fut une
merveilleuse Claudine dans les années 70 pour le pe-
tit écran. On la vit aussi beaucoup au cinéma à une
époque : dans Mourir d’aimer (1971) avec Annie
Girardot ; La mandarine, avec à nouveau Annie Gi-
rardot et Jean Rochefort (1972) ; aux côté de Pierre
Clémenti dans L’ironie du sort (1974), d’Édouard
Molinaro qui adaptait un roman de Paul Guimard
(originaire de Loire-Atlantique) ; également aux cô-
tés de Christopher Lee et Bernard Menez dans Dra-
cula père et fils (1976). Incontestablement l’une des
ingénues les plus séduisantes du cinéma français.
Sa soeur Catherine est la réalisatrice du sulfureux
mais admirable Romance en 1999, long métrage où
l’héroïne, femme délaissée, entreprend une descente
vers les méandres de ses fantasmes, film cru cassant
les tabous sans jamais briser le filigrane du roman-
tisme de l’action. Catherine fut également scénariste
de La peau, de Liliana Cavani en 1981, mais aussi
pour Et vogue le navire de Fellini en 1983, et Police,
de Maurice Pialat en 1985. Excusez du peu !
					PhilG
Marie-Hélène Breillat
Les filles du docteur Breillat, un Fontenaisien
Catherine Breillat
31Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Notre chronique cinéma est parti-
culièrement nourrie, avec un clin
d’œil aux racines vendéennes des
sœurs Breillat, avec la sortie de films
tournés en Vendée (Lulu Femme
nue, Monstrum) mais aussi Le géné-
ral du Roy, tourné par Nina Com-
paneez l’année dernière en Vendée,
notamment en forêt de Grasla, à la
Rabatelière et à la Chabotterie
À cette occasion, nous diffusons
l’interview du conseiller général de
Saint-Fulgent (et maire de La Raba-
telière) Wilfried Montassier
Celui qui est aussi le président du
Refuge de Grasla a été le principal
interlocuteur vendéen de la met-
teur en scène de ce divertissement
historique tout a fait réussi
Nina Companeez imprime son talent sur les
Guerres de Vendée.
On ne pensait pas que cette grande dame du ci-
néma en avait « encore sous la semelle », tant elle
avait réussi, pour la télévision, À la recherche du
temps perdu, sans oublier le très populaire feuilleton
des Dames de la côte. La télévision a été son moyen
d’exprimer son art de la mise en scène, sa rigueur,
son sens du détail, sa finesse. Celle qui fut la fille
du scénariste Jacques Companeez a cependant dé-
buté au cinéma, en 1972, avec le magnifique Faus-
tine et le bel été, avec Muriel Catala, Isabelle Adjani,
Jacques Marchall… Et, en 1974, le beaucoup moins
réussi Colinot trousse-chemise, avec Brigitte Bardot
dans son dernier rôle et Francis Huster, qui sera
longtemps l’homme de sa vie.
Aussi, Le général du Roy, diffusé en avant-pre-
mière à La Roche-sur-Yon en décembre 2013, et à la
télévision quelques semaines plus tard, est une réus-
site confirmant le talent de cette femme de cinéma,
qui a adapté une œuvre de Daphné du Maurier se
déroulant durant la guerre civile en… Angleterre !
Et c’est peut-être la véritable originalité de ce film
durant les Guerres de Vendée. Car ce long-métrage
n’est pas un film de plus sur ce thème. Cette fille de
parents russes et juifs qui fuiront la Révolution bol-
chévique 1917, puis l’Allemagne d’Hitler en 1933,
a ajouté son raisonnement parallèle à cette guerre
Au cinéma, la Vendée
civile, qu’elle considère comme une ombre sur la
révolution. Tout en réalisant un divertissement in-
telligent, malgré des moyens modestes (la Région
Pays-de-Loire n’a pas participé à ce tournage). Avec
également une belle distribution, Samuel Le Bihan
en tête, et des rôles de femmes particulièrement
émouvants, interprétés par Louise Monot et Sarah
Biasini (la fille de Romy Schneider).
					PhilG
Scène de repos entre deux prises. Nina Companeez,
assise, refait le point avec Samuel Le Bihan
Nina, fille de russes juifs, au travail,
à La Rabatelière
32 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Vous avez apprécié l’adaptation d’un roman an-
glais sur cette guerre civile de Vendée ?
Transposer le roman de Daphné du Maurier
comme elle l’a fait m’a bluffé. Nous ne sommes pas
dans la caricature avec ce film, mais plutôt dans le
mouvement populaire, le mouvement de liberté, de
vivre aussi, et ça s’entend dans le film ! De toute
façon, j’ai été bluffé par ce petit bout de femme de
75 ans, d’une belle vitalité physique, de la verdeur
de son intelligence, de ses éclats plein de jeunesse, de
sa gourmandise du savoir et de la vie.
La Vendée l’a beaucoup aidée pour parvenir à ce
résultat ?
On s’est mis en quatre pour elle au conseil gé-
néral, notamment en lui mettant à disposition des
bâtiments à La Roche-sur-Yon, notamment pour la
gestion des costumes. D’ailleurs, elle était exigeante
sur la véracité des costumes. On lui a aussi mis, avec
la communauté de communes de Saint-Fulgent, des
locaux pour le casting. Beaucoup de bénévoles du
Refuge de Grasla ont été recrutés, ainsi que d’autres,
tous Vendéens. Là aussi, elle était exigeante, elle
savait quelles « gueules » elle cherchait. Quant au
tournage, le refuge de Grasla est un des lieux qui a
le plus servi pour ce tournage, ainsi que La Rabate-
lière, à la Chabotterie aussi, avec la scène d’initiation
amoureuse dans un arbre… Je peux vous dire que
tout l’argent de la production est à l’écran.
		Propos recueillis par PhilG
« Sa transposition du roman de
Daphné du Maurier m’a bluffé ! »
Interview :
Wilfried Montassier, conseiller général,
président du refuge de Grasla
Wilfried Montassier, avec-vous eu un contact pri-
vilégié avec Nina Companeez ?
Oui, car nous nous sommes beaucoup vu avant
le premier coup de manivelle en avril 2013, dans le
refuge de Grasla. Elle est venu à plusieurs reprises
chez moi et je la cornaquais en Vendéen sur les lieux
de tournage qu’elle envisageait. Nous avons eu de
longues conversations, surtout sur son projet de
film. Car elle restait extrêmement concentrée sur
l’écriture du scénario, le nourrissait sans cesse. Nous
avons évidemment beaucoup évoqué les Guerres de
Vendée. Je puis vous assurer qu’elle était très docu-
mentée. Elle avait un regard extérieur pertinent. Et
singulier, surtout pas distancié. Car c’est aussi le re-
gard d’une femme qui a connu les deux plus grandes
terreurs du XXe
siècle, en Union soviétique et en Al-
lemagne.
Nina Companeez tient le bras de Samuel Le Bihan
qui tient la canne
Wilfried Montassier tient la serviette !
Bruno Retailleau entre Sarah Biasini et Nina Compa-
neez, lors de l’avant-première à la Roche-sur-Yon
Louise Monot est à côté de Wilfried Montassier
33Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Aucinéma,laVendée
Monstrum, au coeur des ténèbres
Pas besoin d’un budget démesuré pour
faire un bon film
Avec 150 000 € et sans aide publique,
le réalisateur indépendant vendéen Éric
Dick signe son deuxième film
Monstrum est un véritable petit bijou,
sorti en janvier 2014, en première
au cinéma le Club, à Challans,
Monstrum raconte les derniers jours de
Gilles de Rais à partir des minutes du pro-
cès qui le conduira à la pendaison avec
ses sinistres compagnons
Accusé d’enlèvements, de meurtres d’enfants
(entre 140 et 800 victimes selon les historiens), de
pédophilie, de crimes divers et de commerce avec le
diable, le Maréchal de France, ancien compagnon
de Jeanne d’Arc, se livre à toutes les horreurs imagi-
nables au fond des culs de basse fosse de ses châteaux
de Machecoul, Champtocé, Pouzauges. On est loin
du Gilles de Rais de la lumière des grandes épopées
de la guerre de Cent ans. Dick explore avec sa camé-
ra la part sombre de ce personnage fascinant. Toute
la grandeur du film vient de ce huis-clos intime
avec l’âme tourmentée d’un monstre qui commet
les pires horreurs mais qui ne cesse jamais d’être un
homme, un croyant, qui demande pardon à Dieu,
conscient de ses crimes et incapables de se réfréner.
Servi par un Cédric Spinassou éblouissant, quasi
en état de grâce, le monstre touche en faisant horreur.
Doté d’un casting d’acteurs remarquables, éclairé
magnifiquement, porté par des choeurs de jeunes
Vendéens, Monstrum, qui frôle par instant le thriller
noir inspiré des romans noirs de MM Radcliffe et
de Sade, pose la question de la liberté : libre d’agir
sans frein, comme le fut Gilles, seigneur intouchable
du royaume de France en 1440, jusqu’où l’homme
peut-il aller dans l’horreur ? On touche l’indicible.
Même l’Inquisiteur frémit. Oui, mais Gilles, Pro-
méthée du mal, mystique fou, alcoolique pervers,
cherche aussi quelque part la lumière, la grâce.
Éric Dick, originaire de Challans, réussit ce tour
de force de nous faire entrer comme un scanner
dans le cerveau malade de Gilles. Il filme à ras les
visages, dans les châteaux de Sigournais, Saint-Mes-
min et Machecoul, dans une pénombre savante de
torches grésillantes et de souterrains lugubres (ceux
de Petosse), pour la confrontation ultime avec le
Créateur. Gilles avoue, se repent. La lumière trem-
blotante du salut éclaire comme une lune pâle l’in-
sondable noirceur de Barbe-Bleue.
				Marc Lambrechts
Tourné en 2013,
ce film est signé Érick Dick (à gauche), avec à ses côtés
Cédric Spinassou, qui joue Gilles
Éric Maillet, Carmelo Carpetino, Didier Brice,
Jacques Raveleau-Duparc et Christian Van Tomme
font aussi partie de la distribution
Monstrum frôle par instant le thriller le plus noir.
La force de ce long-métrage est son huis-clos intime
34 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Ragon,
« ma » conscience politique pour
0,20 €…
Un jour d’été de l’année dernière,
j’étais à Paris, boulevard Saint-Michel.
Boul’Mich, qu’on dit, là où de nombreux
libraires proposent, sur le trottoir, devant
leur vitrine, des livres d’occasion à des
prix imbattables : 0,20 euros
C’est fou, non !
Mais on a beau aimer lire, on ne peut tout lire
et les livres s’accumulent sur nos rayons, tapissant
les murs du domicile, sans parler de ceux qu’il faut
monter au grenier parce qu’on se refuse à les vendre
ou les donner. Comme si posséder un livre était
aussi précieux que de le lire (quand on le lit !), vaste
débat…
Aussi, ce jour-là, pour ne pas céder à la tentation,
je m’éloignai du trottoir et regardai ces rayonnages
de livres d’occase de plus loin, certain d’échapper à
ma drogue favorite.
Lorsque je le vis !
J’ai certes une bonne vue, mais distinguer un
livre parmi des milliers d’autres sur le Boul’Mich,
c’est l’étrange aventure qui m’est arrivée ce jour
d’été là. Ce livre dépassait le format de poche et
avait une couverture bleu pâle. Le visage de femme
qui l’illustre aussi. Oui, c’est bien La louve de Mer-
vent, de Michel Ragon, chez Albin Michel, qui me
rapproche de ce bac. Je m’en saisis, paye 0,20 euros
dans la boutique et… je lis ! Sur une terrasse enso-
leillée de ce boulevard, peut-être au même endroit
ou le poète bachique Raoul Ponchon, né à la Roche-
sur-Yon, venait régulièrement y boire autre chose
que du café, jusqu’à la fin des années trente.
J’ai toujours aimé lire Ragon. Ses trois meilleures
œuvres (L’accent de ma mère, les mouchoirs rouges de
Cholet, La mémoire des vaincus) devraient être lues
par tous les Vendéens ! Sans oublier les autres… Je
dois à l’auteur aux origines fontenaisiennes d’avoir
élaboré « ma » conscience politique, ni plus ni
moins, avec son histoire romancée de l’anarchie li-
bertaire dans La mémoire des vaincus. Ce livre (en
poche), que j’ai relu deux autres fois sur quinze ans,
fait partie de mon top 10 !
Mais je n’avais jamais pris le temps de m’attaquer
à La louve de Mervent. J’ai commencé boul’Mich.
Et j’ai terminé quelques jours plus tard cette épo-
pée de 1832, la dernière des Guerres de Vendée,
pas celle de la Duchesse de Berry, mais celle du fils
des Dôchagne (personnage emblématique dans Les
mouchoirs rouges de Cholet) et de Louison, impres-
sionnant portrait de femme (celle de la couverture)
et de toute une bande de gueux clandestins qui en
feront voir aux sbires de Louis-Philippe dans une
lutte oubliée des historiens, même vendéens.
Merveilleux Ragon ! Où la lecture qui dissipe
tout chagrin, vous réconcilie avec les paysages et l’air
que vous respirez, vous donne du grain à moudre
sans en avoir l’air, vous laisse une trace dans la ré-
flexion.
Ragon est le seul Vendéen que j’avais jusqu’à pré-
sent déniché dans les bacs du boul’Mich. Ce même
été, quand je suis arrivé à Toulouse, les bouquinistes
envahissaient la place du Capitole. Je cherchais du
Ragon, parmi des piles où l’ouvrage pouvait varier
de 1 à 5 euros. Pas de Ragon, pas d’autre Vendéen…
Mais en cherchant bien, je trouvais : Le Simenon ou
la condition humaine, du juge Gallot, et Le roman
35Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
LachroniquedupèrePhilibert
d’un rebelle, de Gilbert Prouteau. L’un et
l’autre avaient leur cote : 10 euros chacun !
J’ai poursuivi mes vacances, à Evau-
les-Bains, dans le plus grand hôtel du
département de la Creuse, là-même où
George Sand venait se prélasser. Dans leur
bibliothèque, encore un Vendéen : Viol-
lier, avec La Malvoisine, réédité chez Laf-
font. Un de mes préférés du gars de Châ-
teau-Fromage !
Enfin, quand je me suis retrouvé à
l’hôtel Ibis, à Lausanne, chez nos amis
suisses et francophones, la bibliothèque
de l’hôtel ne comportait aucun écrivain
vendéen, mais un Corrézien : Claude
Michelet ! Celui qui avait présidé le salon
de Grasla, quelques jours auparavant, en
juillet 2013. Ce livre était un de ses plus
récents : Ils attendaient l’aurore (Robert-
Laffont). Peut-être le meilleur livre du fils
du ministre résistant gaulliste, Edmond
Michelet, que Claude a vu se faire arrê-
ter par la Gestapo. En tout cas, son père
aurait été fier de cet ouvrage et de son fils,
plus encore que Des grives aux loups qui a
fait sa gloire.
Puis, je suis revenu à Paris et, mu par
l’instinct, je suis retourné Boul’Mich en
me disant que le jour où je trouverais un
de mes livres ici, à 0, 20 euros, je serais un
grand écrivain ! Je me contenterais même
de retrouver un de mes livres sur un vide-
grenier du pays maraîchin pour flatter ma
vanité !
Je suis retourné à hauteur du bac et de
la librairie où j’avais découvert La louve de Mervent.
À l’intérieur, au pre-
mier étage, j’ai alors dé-
couvert, une curiosité de
Ragon, Drôles de voyages,
qu’il avait écrit en 1953
(publié par Albin Mi-
chel), car l’autodidacte
vendéen (90 ans cette
année) qui fut bouqui-
niste, a écrit tôt et beau-
coup, dès les années cin-
quante. Et cette fois-ci,
moi qui ai tant voyagé
et m’en vante beaucoup,
suis à nouveau tombé en
extase. Ragon, par son style déjà fluide, est aussi un
routard avant l’heure. Il raconte, sac au dos, l’Alle-
magne après la guerre, le Danemark, l’Angleterre et
son exquise amie Penny, la Yougoslavie…
C’est fabuleux ! Oh,
le livre était un peu fati-
gué je ne l’ai pas payé
trop cher : 7 euros ! car
dans le magasin, il n’y
a plus de livres à 0,20
euro. Mais Drôles de
voyages est aussi rentré
dans mon top 10.
Quel été !	
		PhilG
36 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Agora, la Roche sur Yon
Va, cours, vole et prends ton livre !
Agora, incontournable en Vendée !
22 personnes animent cette librairie
phare de la Vendée
Des professionnels résolument tournés
vers tout ce qui bouge
et...
aux valeurs traditionnelles de la librairie
en attachant un intérêt tout particulier
aux auteurs vendéens :
le rayon Régionalisme, fer de lance de la
librairie, avec Étienne Froger et Marie-
Odile Perrocheau
Valeurs traditionnelles ?
Votre premier « stylo », vous le trouverez dans
le rayon papeterie au sous-sol avec des articles de
qualité, un domaine réservé aux mains habiles, des
cartes pour toutes occasions...
Papeterie, d’accord, cela ne se trouve pas partout
et vous avez le meilleur choix à Agora mais c’est sur-
tout la librairie qui nous intéresse et dans un ma-
gasin qui donne maintenant à la fois sur la rue des
Sables et la rue La Fayette, avec plus de 1200 m2
à
votre disposition vous devriez trouver tout ce que
vous voulez !
Vous le trouverez, bien sûr, mais vous auriez dû
le chercher d’abord sur le site internet www.librai-
rie-agora.com, parmi tous les ouvrages existants (plus
d’un million de références !), où vous auriez aussi pu
consulter les résumés des livres, donner votre avis
sur vos lectures, réserver ou commander avant de re-
tirer vos livres à Agora. N’oubliez pas non plus notre
page Facebook, http://fzcebook.com/agoralaroche.
Bravo ! facile le site internet !
et le libraire alors ? Pourquoi 22 per-
sonnes, des professionnels qualifiés ?
Pour livrer les livres ?
Bien sûr, ce que l’on recherche à Agora après son
premier stylo, c’est le conseil et la nouveauté parmi
les rayons où s’étalent à foison les derniers Prix lit-
téraires, les meilleurs romans, les livres d’art avec les
« Poche », le rayon Jeunesse, livres et albums pour
enfants, bandes dessinées, et une documentation
complète sur tous les pays du monde ! avec même
France-Loisirs ! ...mais un site internet, Facebook,
il faut aussi du monde pour s’en occuper, si vous
voulez vous y retrouver !
Les auteurs,
Le plus remarquable, le plus recherché et la fierté
d’Agora, c’est la rencontre avec les auteurs et surtout
les auteurs vendéens.
En effet, les Vendéens, mais pas que...
Les auteurs célèbres, les people, vous pouvez les
rencontrer à Agora en de nombreuses séances de
dédicace, mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont
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  • 1. Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée Lire en Vendée Échos Musées n° 28 É Éruption 2014 La Bibliodiversité vendéenne
  • 2. 2 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 La Bibliodiversité à la Vendéenne Impossible aujourd’hui d’échapper à la «biodiversité». On ne sait pas toujours ce que ça veut dire, mais enfin, en société, ça vous pose. Alors, je me risquerai à célébrer ici la «bibliodiversité» à la Vendéenne, telle que vous la découvrez dans ce nouveau numéro de notre revue LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE LES ÉCRIVAINS DE VENDÉE L’écriture est un espace infini. On écrit en prose, on brode des poèmes. Et voilà que naissent sous des plumes vendéennes des romans, des essais, des nouvelles, des récits, des biographies, des histoires et des rêves, des éloges ou des pamphlets, des BD, de la science-fiction et des polars, des revues et des dictionnaires. Prolifiques et inlassables, les écrivains vendéens parlent de leur région, de son histoire, de son patrimoine, de ce qu’elle leur inspire. Ils écrivent pour les gens d’ici – quelquefois dans la langue de chez nous - et pour ceux d’ailleurs, pour les jeunes et pour ceux qui le sont moins, pour ceux des villes comme pour ceux des mers et des campagnes. Pour les savants et pour ceux qui, n’ayant pas eu la chance d’apprendre bien longtemps, en savent pourtant beaucoup. La rédaction de «Lire en Vendée» s’intéresse au- tant qu’elle le peut à toutes ces formes et à tous ces domaines de l’écriture. Les partenariats avec les Amis de l’Historial et le Centre vendéen de recherches histo- riques s’inscrivent dans la mission de notre Société des écrivains de Vendée. Depuis plusieurs numéros, le cinéma y a trouvé sa place. Trop longtemps ab- sent, le théâtre occupe cette fois un espace impor- tant où nous le retrouverons régulièrement. Amis lecteurs, vous pouvez vous procurer gratui- tement «Lire en Vendée» chez les libraires et dans les grandes surfaces et commerces qui nous font l’ami- tié de distribuer notre revue et qui sont d’ailleurs – on nous le dit – très rapidement dévalisés... Alors, chers lecteurs, demandez et lisez Lire en Vendée, lisez les auteurs vendéens. Ils feront le reste. Gilles Bély On nous fait part de la disparition de notre ami Octave Fort, nous lui consacrerons un hommage dans le prochain numéro et présentons nos condo- léances les plus sincères à la famille.
  • 3. 3Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 S o m m a i r e 4 les Prix 12 Printemps du livre 14 Éditions jeunesse 18 Armel de Wismes 20 Au Théâtre, au Cinéma 34 le père Philibert 36 des libraires... 40 les sorties 44 L’Historial, publications 48 Archéologie 50 Activités et expositions du Musée La nature, Clemenceau... 70 Nos sélections 104 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques 108 Les pages des Écrivains de la mer Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée Lire en Vendée Échos Musées n° 28 É Éruption 2014 La Bibliodiversité vendéenne Irène Devaux L’été cuisant, l’été de braise A brûlé l’or de mes printemps. Toute l’ardeur de sa fournaise En a consumé les instants. Comme la Fleur qu’un soleil dore Se fane au milieu du bouquet Mon cœur s’est arrêté d’éclore Sans une larme et sans un regret. J’ai tant accroché de tendresses Au fil du rêve de tes yeux Qu’il me reste encor les caresses D’un automne irisé de feux. Alors je reprendrai ma plume Dans un grand vent de liberté... Près du brasier qui se consume J’effeuillerai mon bel été. Au mois de décembre dernier, notre société était en deuil. Notre amie, Irène DEVAUX nous avait quittés. Pendant de nombreuses années, elle a été notre dévouée secrétaire. Personnellement, je lui suis redevable du fait qu’elle m’a délivré de tout souci financier pendant le septennat de ma présidence, mais avant tout, elle a dirigé l’Essor Poétique auquel elle a consacré tout son temps et son talent. Cette association lui doit sa vitalité actuelle et son dévouement a été récompensé par une promotion dans l’ordre des Palmes académiques. Irène Devaux a brillé dans toutes les matières littéraires, en particulier dans le théâtre. Qui aurait pensé que cette femme discrète était un poète délicat, respectueux des règles classiques ? Son œuvre était un mélange de sensibilité et d’humour. Elle aimait la vie et formait avec son mari un couple fusionnel. Dans le jeu des mots qu’elle maniait avec aisance, elle savait réunir beauté et harmonie. Elle avait donné cette belle définition de la poésie : Au creux de nos jours gris, n’est-elle pas un rayon de lumière, l’infinie transparence qui guide notre main. La poésie est la passerelle qui nous ouvre une impalpable liberté... Alors, écrire c’est pour que tout que ce qu’on aime ne meure jamais ! Michel Dillange la revue des Gueux
  • 4. 4 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Prix desÉcrivainsdeVendée2013 Les lauréats des Prix de la Société des écrivains de Vendée ont été récompen- sés le 11 décembre 2013 à l’Hôtel du Département, à La Roche-sur-Yon. En pré- sence de François Bon, Pré- sident de la Commission des Affaires culturelles du Conseil général, et de Joseph Vrignon, Président du Crédit Mutuel Océan. Frédérique Jaumouillé a obtenu le Prix de la SEV pour son livre Peuple afghan, où es-tu?, paru aux édi- tions des Chantuseries (voir Lire en Vendée n° 27). Grand reporter à France 2, Jérôme Bony, qu’elle avait rencontré lors de sa mission en Afghanistan en 1981, avait tenu à venir pour ce moment qui a ému tous ceux qui ont assisté à cette cérémonie. Le Prix des écrivains de Vendée – Crédit Mutuel Océan a été remis à Henry-Pierre Troussicot pour son livre de chroniques vendéennes Ceux des bords de l’Auzance, paru aux éditions Hérault. À l’issue de cette réception, les lauréats et leurs éditeurs ont partagé un sympathique déjeuner avec de nombreux auteurs, membres de la SEV. Gilles Bély Les Prix des Écrivains de Vendée remis à l’Hôtel du Département Les lauréats 2013, Frédérique Jaumouillé et Henry-Pierre Trous- sicot, en compagnie de Michel Dillange, François Bon, Joseph Vrignon et Gilles Bely
  • 5. 5Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Catherine Girard-Augry La Floride Une conquête assassinée Expéditions du capitaine huguenot René de Laudonnière Durand-Peyrolles. 260 p., 20 € Un bon ouvrage, une histoire véridique : l’épopée des Huguenots en Floride et leurs tentatives succes- sives (en 1562,1563, 1565) pour s’implanter dans cette région. Et leur massacre à Fort Caroline (près de l’actuelle ville de Jacksonville aux États-Unis) sur- nommé par les Historiens « massacre de Matanzas ». Prix desÉcrivainsdeVendée2014 C’est un livre sur la Vendée qui fera date. Il n’est pas seulement (pas du tout) pour les nuls ! Il est écrit par un historien qui est aussi journaliste (et vice ver- sa). Il balaie large. Il va du temps des dinosaures au Vendée Globe, en passant par la Réforme et le temps des guerres. Il promène le lecteur comme personne à travers « le seul département devenu province ». Il donne à découvrir dix figures de l’Histoire, dix artistes, dix recettes... Il analyse en profondeur le « miracle vendéen ». Il est d’une richesse inouïe. Il est d’une lecture facile, truffé d’anecdotes et plein de clins d’œil humoristiques. On peut l’ouvrir n’im- porte où et picorer au gré des envies. Il est l’œuvre d’un amoureux de la Vendée, d’un écrivain habile, car il est, mine de rien, très écrit. La simplicité est l’apanage des grands. C’est, à sa manière, un chef d’œuvre, d’une grande sensibilité. Il a sa place dans toutes les bibliothèques de la Vendée. Et de ceux d’ailleurs qui veulent la découvrir jusqu’à l’in- time. Yves Viollier Michel Chamard La Vendée pour les Nuls First, 424 p., 22,95 € On ne lâche rien ! Chacun a défendu son auteur, sa conception du Prix on s’est mis d’accord : le Prix des Écrivains de Vendée à La Vendée pour les nuls et le Prix Crédit Mutuel Océan à La Floride Le Jury prend le café, les délibérations et les échanges à la Chevillonnière sont déjà du passé, avec un jury enrichi de deux nouveaux membres, Régine Albert et Frédérique Mory qui connaissent bien la lit- térature vendéenne, font partie d’autres jurys et ont déjàtoutesdeuxétépriméesparnotreassociationavec Je me souviens de Rose pour Régine en 2012 et Vendée secrète, pour Frédérique avec Anne Cluzel en 2004. Tout est dit, les recensions suivent sur cette page et la suivante, mais vous aurez aussi votre mot à dire, dès que vous les aurez lus, ceux qui ont gagné, et les autres ; ils n’ont pas perdu, ils reviendront avec de nouveaux ouvrages pour enrichir encore la littéra- ture vendéenne. Il est aussi beaucoup d’autres bons livres, que vous retrouverez dans ce numéro et d’autres auteurs qui promettent et tiendront leurs promesses. Il en est forcément aussi qui nous ont échappé : à vous de nous les signaler, à vous de nous envoyer vos livres. Tout cela n’est qu’une timide tentative pour vous introduire dans la « Bibliodiversité littéraire » évo- quée dans l’éditorial de Gilles Bély. Jean de Raigniac
  • 6. 6 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Stéphane Loiseau Un siècle trop tard Durand-Peyrolles, 238 p., 218 € Attention, embarquement immé- diat. Étonnante, cette histoire, même si vous n’êtes pas vraiment amateur de science fiction, vous al- lez remonter le temps et vivre une aventure peu ordinaire. Étonnant aussi, la justesse du ton, on s’embarque dans l’imaginaire mais on n’en rajoute pas, on se contente d’évoluer dans une histoire d’aventures avec une intrigue policière, un suspense grandissant, un zeste de roman d’amour et un happy end ! Tous les ingrédients d’une bonne croisière et d’un bon livre. Stéphane Loiseau confirme dans ce second roman ses talents d’imagination mais surtout de romancier à l’écriture sobre et efficace à un rythme très sou- tenu, un talent à suivre, si vous restez dans notre siècle ! J. R. France Duclos Contre vents et marées Geste, 379 p., 25 € Enseignante, puis bibliothécaire, France Duclos a entrepris d’écrire la saga d’une famille originaire des Olonnes, tout au long du XXe siècle. Après «Aux portes des Olonnes» (2009), ce deuxième roman s’étend de la Guerre froide à la Guerre d’Algérie, une époque troublée donc. La famille est souvent dispersée, le père étant en occu- pation à Berlin d’abord, puis mobilisé en Algérie. L’intrigue se noue autour d’Alice qui tisse les liens familiaux, notamment avec sa mère et son frère ju- meau. Une éducation stricte dans des les pension- nats étouffants d’une religion punitive et repliée sur elle-même, un amour fusionnel et orageux avec un rebelle, l’apprentissage de l’émancipation féminine : France Duclos s’est complètement immergée dans cette famille particulière, avec un sens réel de l’in- trigue et un souci, peut-être excessif, du détail. Ses lecteurs attendront avec gourmandise la suite de la saga. G. B. Chloé Chamouton Les mystères de Vendée de Borée, 407 p., 26 € Les auteurs vendéens qui se sont imprégnés du mystère et du fan- tastique sont nombreux. Qui ne se souvient de L’enjomineur de Pierre Bordage et de La nuit de la sorcière de Jean-Claude Lumet, pour ne citer ques ces deux-là ? C’est assez dire si la Vendée est une terre de mythes et de lé- gendes, à commencer par l’incontournable Mélu- sine. Spécialiste du genre, Chloé Chamouton a déjà exploré les mystères de la Loire-Atlantique. Elle fouille aujourd’hui ceux de la Vendée et ils sont lé- gion. Les fées, les galipotes, les sources miraculeuses et les saints guérisseurs, Belesbat et Mortevieille, les mégalithes et les arbres sacrés, l’alchimie, jusqu’à la potion miracle du Docteur Rouger et à la malle sanglante du Puits d’Enfer : rien ne paraît échap- per sa quête. Elle signe là un recueil à la fois savant et savoureux, certes très éclectique, mais d’une rare densité. Aussi est-on plutôt enclin à lui pardonner quelques contre-vérités historiques: les chouans en Vendée ou la «nature vierge» des marais... aménagés dès le XIe siècle. G. B. Prix desÉcrivainsdeVendée2014 Pour l’authenticité : Il s’agit des mémoires manus- crits du Capitaine René de Laudonnière (1530- 1574) qui a été chargé par l’Amiral de Coligny d’implanter avec Jean Ribault, capitaine également, une colonie française en Floride. Un manuscrit écrit en latin et à la plume d’oie, retrouvé dans un tiroir secret d’un magnifique secrétaire en bois d’ébène… Écrit d’après des notes prises lors de ses expéditions en Floride puisqu’il s’agissait de rédiger pour le roi un rapport sur les avantages qu’il y aurait à fonder une colonie dans cette région si prometteuse. Pour la partie roman : Tamara, la princesse indienne a-t-elle existé ? Mais des pages d’histoires féroces nous ramènent vite à la réalité de l’Histoire. Nous sommes au début des guerres de Religion et l’aven- ture française va s’achever dans les massacres de co- lons, tous Huguenots, qui refusent de renier leur foi. Massacres ordonnés par les armées du roi Philippe II d’Espagne qui convoitait lui aussi cette terre. Pendant ce temps là, en France, des affrontements tout aussi barbares sévissaient à travers le pays. Frédérique Mory
  • 7. 7Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 C’est la littérature qui révéla Ménie Grégoire Marie Laurentin, alias Ménie Grégoire, nous a quittés le 16 août dernier, au lende- main de ses 95 ans. Cette grande dame de la radio (RTL) était aussi une Vendéenne de Saint-Laurent-sur-Sèvre. C’est la littérature qui lui avait mis le pied à l’étrier C’est un de ses tout premiers livres, Le métier de femme (Plon, 1964), qui lui ouvrira les portes de la presse, puis des studios, notamment RTL, en 1967. Sur Radio-Luxembourg, comme on disait encore à cette époque, cette native de Cholet animera « Allô Ménie », titre de cette émission « révolutionnaire » où, en direct téléphonique avec des auditrices, elle osait évoquer la sexualité, la souffrance des femmes aussi. Ce, avec un franc-parler éducatif à une époque où les femmes ne pouvaient guère s’exprimer libre- ment. Cholet ? Elle y était née, un 15 août, en 1919, y vécut avec ses parents (place Travot), y fit ses premières classes avant de poursuivre ses études supérieures d’histoire et d’égyptologie à Paris. Ce- pendant, jamais elle ne se définira Choletaise mais toujours Vendéenne, ce que rappellent les premières lignes de son autobiographie (Telle que je suis, Plon, 1976). D’ailleurs, elle venait très souvent dans la ré- sidence secondaire familiale, le Moulin de Plassard, sur les bords de la Sèvre nantaise, à Saint-Laurent- sur-Sèvre. La demeure sera, plus tard, habitée par le Doc- teur Jean Laurentin, un des frères de Ménie, un autre de ses frères étant devenu l’abbé Laurentin, théolo- gien de renom, qui travailla longtemps au Vatican. La Dame du Puy-du-Fou Maurice Lauren- tin était son père. Ar- chitecte, mais aussi écrivain, érudit. Il est la clé de voûte de ce que deviendra Ménie, qui est aussi Marie en patois, ce HommageàMénieGrégoire qui lui est resté. C’est à sa mort, en 1959, qu’elle comprit à quel point son père fut « l’être humain », ce roi autour duquel s’organisait l’espèce humaine. C’est aussi à sa mort qu’elle ne pratiquera plus la religion telle que lui avait enseigné son père. À sa mort qu’elle « se construira ». Plus de 15 ans à RTL, un an à FR3, chroniqueuse à Marie-Claire et France-Soir, Ménie Grégoire écri- ra aussi plus de 25 livres. Elle vit à Paris mais aussi sur les bords de Loire. Elle revient régulièrement en Vendée. En 1990, elle reçoit, à l’Hôtel du Départe- ment, le Prix des Écrivains de Vendée pour son roman La Dame du Puy-du-Fou (De Fallois Éditions). En 2000, elle sort Ces Dames de la Loire (Plon) qui, sous forme de roman, conte l’histoire d’une de ses aïeules. En 2003, elle fut la vedette du salon du livre de Saint- Gervais. Ménie ap- proche alors de ses 84 ans La même année, l’écrivain- cinéaste Gilbert Prouteau, qui lui était proche, lui re- met le Prix Agrippa d’Aubigné à Maille- zais. « Je ne viens pas aussi souvent que je le voudrais en Vendée, précisait-elle à cette occasion. Mais j’assume mon surmoi vendéen, dans mon âme comme dans mon corps ». Philippe Gilbert
  • 8. 8 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Conviviale et sérieuse L’assemblée générale à la Chevillonnière, 23 mai 2014 C’était une première : l’assemblée générale de la SEV sur les terres de son président Jean de Raigniac a accueilli les auteurs ven- déens à la Chevillonnière Une assemblée générale, c’est d’abord du sé- rieux. Elle s’est tenue en fin de matinée, en présence d’une trentaine d’adhérents qui doivent être remer- ciés pour leur fidélité à ce moment important de la vie de toute association qui se respecte. Après la lecture des statuts, qui mériteront d’être actualisés, et la présentation des comptes de l’exercice et du bi- lan financier, approuvés à l’unanimité, l’assemblée a procédé à l’élection de son conseil d’administration. Pour des raisons élémentaires de bon fonctionne- ment de la SEV et de mise en oeuvre de la revue Lire en Vendée, il correspond de fait au Comité de rédac- tion de la revue qui se réunit plusieurs fois par an. L’assemblée générale a élu, à l’unanimité des voix, les administrateurs suivants : Jean de Raigniac, président en exercice, Yves Viollier et Jacques Bernard, vice-présidents, Gilles Bély, secrétaire, Alain Perrocheau, responsable du site internet de la Société, Philippe Gilbert, Michel Dillange, président d’honneur, Evelyne Thomer, Régine Albert, René Moniot-Beaumont, Michel Chamard, Lydie Gaborit, Jean-Claude Lumet, Frédérique Mory-Raulo. Le conseil d’administration se réunira ultérieu- rement pour élire le bureau de la Société. Alain Perrocheau, responsable du site internet de la SEV, a souligné la forte progression des consul- tations qui dépassent les 10 000 pages lues par an. Il a invité les membres de la SEV à poursuivre leurs efforts pour enrichir le site de la Société. À l’issue d’un déjeuner très amical, Joël Bonne- maison a présenté sa comédie Mais où est donc passé Darwin ?, une pièce inspirée d’un épisode de la vie de Sarah Bernhardt. En compagnie de trois autres comédiens, il a joué cette pièce, très appréciée par le public. G. B. Assemblée générale
  • 9. 9Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Prix Charette au Refuge de Grasla Clemenceau... tout simplement Claude Mercier, Prix Charette 2014 Le Prix Charette 2014, décerné dans la cadre du Refuge du Livre de Grasla, a été remis lundi 15 septembre, à l’Hôtel du Département, à Claude Mercier pour son livre « Clemenceau... tout simplement », paru aux Éditions de l’Étrave Yves Viollier, président du jury, lui a remis le tra- ditionnel trophée, en présence de Bruno Retailleau, Président du Conseil général, de Wilfrid Montas- sier, Président du Refuge de Grasla, des membres du jury et de nombreux auteurs de la Société des Ecrivains de Vendée. Claude Mercier qui a si souvent incarné sur scène le Père la Victoire a fait «du Clemenceau» en présentant son livre, avec beaucoup d’émotion et de verve. Accessible à tous, cet ouvrage, servi par une mise en pages remarquable et une très riche icono- graphie, retrace au jour le jour, avec sincérité et pas- sion, le parcours du Grand Vendéen. Parfaitement inscrit dans l’es- prit du Prix Charette, qui veut mettre en lumière l’esprit d’indé- pendance et de liberté, cette ré- compense salue aussi toute l’œuvre d’un écrivain aux multiples fa- cettes, auteur, conteur, comédien, poète, homme de radio et de télé, organisateur et animateur de salons littéraires, à commencer par ce- lui de Saint-Gervais, si cher à son cœur. La cuvée 2014 du prix Charette s’illustre aussi par les quatre autres ouvrages sélectionnés par le jury: L’île d’Yeu dans la Grande Guerre, de Jean-François Henry (CVRH), Qu’un sang impur..., de Gildard Guillaume (Albin Michel), Le printemps des massacres, de Gilles Perraudeau (Durand-Peyrolles) et Le vieil homme sur le toit, de Peter Robert Scott (Les Chantuseries). Gilles Bély
  • 10. 10 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Les trois autres ouvrages nominés : Sorti de rien (Irène Frain), Le sang de la trahison (Hervé Jourdain), De tempête et d’espoir (Marina Dédéyan).
  • 11. 11Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Cette maison atlantique n’est pas exactement située, mais on l’imagine volontiers sur la côte charentaise, peut-être du côté de l’île de Ré. Une maison de vacances, entre la plage et les bistrots du port, dans la langueur de juillet. La maison n’a pas beaucoup d’importance en elle-même, mais elle est le cadre d’une tragédie moderne où le lecteur retrou- vera des accents raciniens. Parce que la vengeance doit s’accomplir. Au début, ce n’est qu’un marivaudage. Un tout jeune homme qui a vu sa mère mourir de tristesse et d’overdose de médicaments, alors qu’il avait seize ans, un père brillant, volage et absent, un couple de voisins qui vont, malgré eux, devenir les instruments du drame. La mécanique infernale qui conduit au meurtre se met en place, et s’emballe, implacable- ment. C’est un roman dur et exigeant. Un roman de notre temps, porté par le talent d’un auteur inclas- sable. «Je songeais que deux hommes étaient morts et que je n’y étais pas pour rien», écrit le narrateur dans les dernières pages du livre. Philippe Besson nous donne un drame moderne. Davantage encore : une tragédie éternelle dans la langue d’aujourd’hui. C’est cette osmose rare et obsédante qui a immédia- tement emporté l’adhésion du jury. G. B. Printempsdulivre Le jury du Prix Ouest a de la suite dans les idées. Année après année, il construit un palmarès qui allie l’exigence de l’écriture à la profondeur du roman. Rien d’éton- nant à ce qu’après Jean-Louis Trassard et L’Homme des haies, il ait choisi, dès le premier tour et à une forte majorité, le roman de Philippe Besson, La Maison at- lantique, paru aux éditions Julliard PhilippeBesson Lamaisonatlantique
  • 12. 12 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Le Printemps du Livre de Montaigu : un nouveau et éclatant succès On croyait avoir atteint des sommets, l’an passé. L’affluence a encore été plus grande au Printemps du Livre, les 11,12 et 13 avril, cette année. La foule s’est pressée le samedi 12 en particulier, pour rencon- trer les auteurs. Des chiffres à donner le tournis. Voici, en quelques chiffres, une preuve, s’il en était besoin du succès de Printemps du Livre 2014. 40 000 visiteurs se sont bousculés dans les allées pendant ces trois jours. Plus de 10 000 livres ont été vendus. Plus de 270 écrivains étaient présents sur les stands. 480 spectateurs ont assisté à la lecture publique de Lorant Deutsch, le samedi soir. Plus de 1 000 spectateurs ont suivi les différentes conférences. 4 000 scolaires ont été accueillis le ven- dredi. Une organisation parfaite. Depuis qu’il s’est transporté dans le cadre (splendide) du théâtre de Thalie, l’avis des auteurs comme des visiteurs est unanime : l’organisation du Printemps est parfaite. C’est sans doute la cause de ce suc- cès grandissant. Auteurs comme visiteurs reconnaissent qu’il se passe là quelque chose de rare dans les autres salons et fêtes du livre. Il y a une proximité vraie entre auteurs et lecteurs. L’ambiance est simple et chaleureuse. On peut se parler. On fait d’authentiques rencontres. Tout est en place pour accueillir les uns et les autres. Les visiteurs viennent « faire leur marché ». Ils repartent avec des sacs bourrés de livres. Et la fête est exception- nelle. Montaigu est bien devenu, le temps d’un week-end, la capitale littéraire du Grand Ouest. Le prochain Printemps du Livre aura lieu les 27, 28, 29 mars. Retenez déjà ces dates. On nous annonce encore de belles surprises et de riches rencontres. Y. V.
  • 13. 13Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Printempsdulivre
  • 14. 14 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 L’édition jeunesse ? Bof ! Débarrassons-nous d’abord d’un préjugé qui consiste à dire, pour mieux botter en touche : « Je suis bien trop vieux pour m’intéresser à l’édition jeu- nesse. » Trop vieux pour quoi ? Pour ne pas savoir que, dans le monde de l’édition qui souffre de la crise, le secteur jeunesse est celui qui tire le mieux son épingle du jeu, toutes proportions gardées évi- demment ? Pour ignorer que c’est la branche de l’édition la plus florissante, la plus créative ? Qu’elle connaît des tirages à faire pâlir d’envie les quatre Les Minots, vous connais- sez ? Si oui, lisez quand même ce qui suit pour compléter vos connaissances. Sinon, vous avez beaucoup à apprendre… Tout comme moi avant de ré- diger mon article ! Les Minots, maison d’édi- tion pour la jeunesse, « ça vous parle ? » pour employer un de ces irritants tics de langage à la mode. Eh bien, je vais vous en parler, de cette maison implan- tée à Château-Guibert Retrouvez Les Minots (renseignements, commandes) : www.editionslesminots.com Contact : 26, rue du Puits, La Roussière, 85320 Château-Guibert 02 51 31 77 34 / 06 38 91 88 24 , editionslesminots@free.fr ici, et en couverture, fragment d’un bloc à colorier créé par les Minots pour Montaigu
  • 15. 15Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Une maison d’édition pour la jeunesse Les MINOTS, une maison d’édition pour la jeunesse, 100 % vendéenne cinquièmes de nos écrivains, y compris ceux de la Société des Écrivains de Vendée ? Tout cela en préambule pour resituer le livre pour le jeune public a là sa vraie place. Beaucoup sont restés sur des schémas obsolètes quand les Bi- bliothèques multicolores, roses ou vertes, rouge et or monopolisaient le marché. Feuilletez les catalogues des petits et des grands éditeurs. Tous ont dû créer un secteur jeunesse. Mon ronchon de service qui n’est jamais à court d’arguments a vite fait de me chanter le refrain bien connu : « Et puis…, les jeunes ne lisent pas ou ne li- sent plus. » Ah ! bon ? Donc, les Grasset, Gallimard, Hachette, Seuil, Flammarion, etc. jusqu’aux Minots vont engloutir des millions d’euros pour des jeunes qui ne lisent plus. Bizarre, non ? Sont-ils donc tous suicidaires à ce point ? Tout le monde, chez ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants a entendu parler des biblio- thèques et de leur activité « bébés lecteurs ». C’est sûr qu’on ne va pas leur refiler le dernier Prix Gon- court à nos petits biberonnants. Il faut leur trouver de la nourriture à mettre sous leur dent qui n’a pas encore commencé à pointer. C’est donc qu’à partir du berceau, il y a tout un marché qui se développe à grande allure. Les collections se multiplient pour les moins de deux ans, pour les plus de trois ans, pour les 5-7 ans, pour les 7-9 ans, les 9-12 ans, etc. Et comme on dit familièrement, ça cartonne ! Une nouvelle maison d’édition tout près de chez vous Ne cherchons pas ailleurs ce que nous avons chez nous. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, je propose de vous présenter cette jeune maison d’édition entièrement vendéenne, imaginée, lancée et dirigée par une jeune éditrice qui n’a rien d’une rêveuse mais qui accomplit son rêve tout en gar- dant un solide sens des réalités. Le vieux Corneille Angéline Chusseau sur le stand des Minots au salon de Montaigu (avril 2014)
  • 16. 16 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 a encore et toujours raison quand il affirmait que la valeur n’attend pas, etc. Vous connaissez la fin. « Les Minots ». Éditrice : Angéline Chusseau. Adresse : 85320 Château-Guibert. Venue de la Haute-Marne où elle est née et a grandi, Angéline s’est solidement ancrée en Vendée où l’ont menée les circonstances de la vie. Et la Vendée, elle y vit, y travaille et entend bien y rester. Saluons donc notre Vendéenne d’adoption, son imagination, sa ténacité, ses belles réalisations que je mentionnerai plus loin. En créant sa maison d’édition en octobre 2012, elle cherchait dans son passé un mot à la fois court et ludique. Dans sa pêche aux noms, elle a trouvé « les Minots » , appellation affectueuse pour les enfants . Pas mal ! En moins de deux ans, elle a publié 7 albums et 3 mini-romans et se fixe l’objectif de sortir 4 nou- veaux albums et 2 mini-romans par an. Tranches d’âges : de deux à douze ans mais il faut bien ad- mettre que la plupart de ses publications passion- nent autant les (tout-)jeunes, de 4 à 12 ans, que les adultes. Laissez-la souffler un peu : elle croule sous les manuscrits. En revanche, achetez-lui ses livres, lisez-les, offrez-les ! Un parcours atypique Quel est le parcours professionnel d’Angéline Chusseau ? Le plus atypique qui soit ! Au premier abord, il n’est pas évident que le milieu pharmaceu- tique soit le plus court chemin qui mène à l’édition quoique… en y réfléchissant bien… Le fait est que l’ancienne préparatrice en pharmacie, après quelques cours de peinture et d’histoire de l’art, est bel et bien devenue une éditrice à part entière et à temps plus que complet. Elle a vite appris à concocter des pré- parations à base d’ingrédients dont elle a le secret. Sans contre-indications particulières. Les mots et les images s’assemblent, se complètent et ça s’appelle un livre pour la jeunesse. N’empêche que ce n’est pas évident, ça s’apprend, c’est tout un art et, en fin de compte, un très bel art. Angéline estime qu’après avoir franchi le pre- mier pas, après avoir abandonné une certaine sécu- rité financière et professionnelle, elle est « en accord à 200 % » avec ce qu’elle voulait faire. Nul regret du passé. Elle est obstinément, complètement tournée vers le futur de ses petits minots, ses enfants de mots et d’images qui l’occupe à 100%. Son métier est un métier d’artisan, de passion, de liberté, d’échanges. Très exigeante sur la présen- tation, la qualité de ses histoires et de ses illustra- tions, elle s’est entourée d’un maquettiste et d’un correcteur qui viennent de références de l’édition (Bayard jeunesse, Casterman). Elle a son propre co- mité de lecture (libraires, enseignants, pédagogues). Le temps de consolider les fondations de sa maison, elle assure elle-même la promotion et la distribution de ses livres et ses albums. Tout cela pour un petit salaire qui n’est même pas régulier. Elle entend rester la patronne des Minots car, passé le temps de la concertation avec ceux qui l’en- tourent et la conseillent, c’est elle seule qui choisit et qui assume le risque de publier. Le tirage de chaque titre est de 1500 exemplaires, ce qui est loin d’être négligeable quand on sait que la vente moyenne d’un livre en France est inférieure à 1000 exemplaires. Made in China ? Ah ! non ! Faites le test : prenez un livre jeunesse et vérifiez où il a été imprimé. Le nombre de livres imprimés en Chine (puis vendus en France) est impression- nant. Tous les livres des Minots sont vendéens à 100 %, tout chauvinisme mis à part. Ils sont imprimés par Pollina, l’excellente imprimerie vendéenne de Chas- nais près de Luçon. Pollina, pour ceux qui l’ignore- raient encore, est l’un des principaux producteurs de livres en… Europe (68 millions d’exemplaires par an !). Ils publient livres, BD, magazines, catalogues, dictionnaires, beaux livres. Eh oui ! Fallait le dire ! Pollina bénéficie du label imprimeur Imprim’ Vert
  • 17. 17Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 dont le papier porte le logo PEFC. Cela signifie que le papier des livres imprimés est « issu de forêts gé- rées durablement et de sources contrôlées. » Les Minots se montrent de plus en plus dans les manifestations autour du livre dans la région (Mon- taigu, Luçon, Saint-Gervais, Jard-sur-Mer, Bulles de Sèvre à Saint-Laurent-sur-Sèvre, Le Langon…) mais ils commencent à essaimer plus large (Bretagne, Sa- lons du livre de Paris, de Montreuil…) Méthodiquement, patiemment, Angéline consolide sa maison et se construit une crédibilité auprès des libraires, ses premiers partenaires, des médiathèques, bibliothèques mais aussi dans les sa- lons en contact direct avec ses lecteurs, présents ou à venir. Sans compter son temps, ses déplacements. Avec le sourire. Désormais, avant d’acheter un livre jeunesse, ayez la curiosité d’aller faire un tour sur le site des Minots. Dans une librairie, une bibliothèque, un salon, arrêtez-vous un instant. Soyez curieux : feuil- letez un livre de la collection et n’hésitez pas à offrir un petit Minot. Vous ne mettrez pas en difficulté le chiffre d’affaires des livres imprimés en Chine mais, surtout, vous contribuerez à augmenter l’audience et la crédibilité de cette jeune maison d’édition ven- déenne. Si la revue Lire en Vendée a une raison d’être, c’est bien de mettre en lumière les réalisations les plus originales autour du livre comme les Minots. D’un ancien éditeur à une jeune éditrice : Louis Dubost (Le Dé bleu) Angéline, marquise des Minots ! J’éprouve, depuis que nous nous sommes rencontrés une pre- mière fois au Salon du Livre de Jeunesse d’Aizenay, une grande faiblesse (accentuée par une sénilité pré- coce, sans doute) pour la jeune éditrice et son tra- vail. D’une part, j’admire son audace raisonnée (on s’en aperçoit très vite quand on discute avec elle) pour se lancer dans l’aventure de l’édition dont je connais pour les avoir vécus durant 35 ans les “joies” du galérien, d’autre part je suis ébahi par la qualité professionnelle de son travail d’édition acquise aussi rapidement (j’ai bien mis 20 ans avant d’en arriver là). Et puis, d’un point de vue plus personnel (et affectif), il ne me déplaisait pas qu’au moment où je cessais à Chaillé mon activité éditoriale une sorte de relève et de relais se passait à 8 km, à Château-Gui- bert. Elle sait bien que, si elle a besoin de conseils ou d’aide, je suis à 10 mn en vélo. Je sais non moins bien qu’elle n’en a guère besoin, qu’elle trace sa route avec sûreté et en toute liberté. Les Minots sont deve- nus en deux ans un lieu incontournable de l’édition en Vendée et bien au-delà. Et c’est bien parti pour durer ! Louis Dubost Le dernier né : « Le Loup Beauté » Oubliez l’histoire du loup qui dévore tout ce qui est chair humaine ou animale de Mère-grand aux trois petits cochons. Le Loup Beauté est d’une autre trempe. Sa pas- sion des bottes et du cuir le pousse à ouvrir une boutique de mode à la plus grande sa- tisfaction de sa clientèle ani- male la plus huppée. Ce Loup Beauté, soucieux de son apparence, est un Loup botté avant tout ! Après tout, il y avait bien l’illustre Chat botté de Perrault qui se sentait bien seul dans sa catégorie. Autant dire que dans la famille de ce loup peu ordinaire, ça grince des dents : comment un loup, digne de ce nom, peut-il se désintéresser de la char- cuterie ancestrale ? Et pourtant, la vie et le bonheur du Loup Beauté s’inscriront dans cette voie si éloi- gnée des traditions familiales. Le Loup Beauté est un superbe livre cartonné dont l’histoire écrite par Angéline Chusseau est ma- gnifiquement illustrée par Mélanie Desplanches. Il s’adresse aux petits de 4 à 8 et même bien au-delà. L’auteur aborde finement et avec humour le thème de la différence. Jean-Claude Lumet Une maison d’édition pour la jeunesse
  • 18. 18 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Armel de Wismes : Les grandes heures de la Vendée Il était venu m’accueillir, à l’huis de son immeuble, juste en face de la cathédrale de Nantes. Il habitait au 3e étage, qu’un vieil escalier de pierre dur au mollet, des- servait approximativement Un vrai danger pour les citadins que cet esca- lier, qui avait fait chuter mon hôte, je l’ai appris plus tard, moult fois. Quand il ouvrit la porte j’aperçus un homme frétillant en pyjama. Il était pourtant près de cinq heures de l’après-midi. « Comme je n’arrête pas de tomber dans ce fichu escalier, et qu’après çà je dois m’aliter, autant rester en pyjama le plus souvent... » C’est à cette époque, que je fis physiquement la connaissance d’Armel de Wismes, le plus pétillant, le plus malicieux des auteurs nantais. Nous gravîmes les pierres usées, érodées, dis- jointes qui tenaient lieu de marches, jusqu’à son son appartement. Avec trente ans de plus que moi, il me prit bien trois mètres d’avance et me priant d’entrer il me dit : J’ai lu votre Charette, et je vous ai préparé une post-face. J’espère qu’elle vous plaira !... » Elle me plaisait d’avance, mais, je me retins de lui dire. Publié aux Éditions du Rocher, je m’étais mis sans vergogne dans la peau de François Athanase Charette de la Contrie. D’autres l’ont fait depuis, mais en ce temps là, c’était un peu présomptueux. J’ai gardé cette post-face, écrite de sa main. D’un seul trait, d’un seul jet, sans une rature sans même un oubli de ponctuation. Bien sûr, je n’ai pas changé une virgule, de peur que son « sang ne coagule ». Nous sommes restés longtemps à deviser, dans cette pièce que je revis souvent au cours d’autres visites. Un désordre charmant que ce bureau en manière de capharnaüm, où traînaient livres, tableaux, docu- ments de toutes espèces. - Pardonnez le désordre ... mais vous savez que je suis célibataire. Je savais ! Et comme je lui demandais pourquoi, un peu bêtement, il eut cette réponse ! Pour ne pas, en prenant une épouse, que les autres femmes soient jalouses. Et puis les heures passèrent, à parler de Charette et de ses confrères en rébellion. Je trouvais Bon- champs magnifique, Stofllet irritant, La Rochejac- quelain flamboyant, d’Elbée attachant, mais plus que tous les autres : Charette indépendant ! J’ajoutais prudemment : « selon moi bien en- tendu ». Le baron Armel de Wismes m’approuva totalement. Inutile de décrire, le plaisir qu’il me fit. Peu à peu, en le revoyant fréquemment, une com- plicité s’établit entre nous, au point que nous mimes sur pied un projet entre la farce et la dramaturgie. Je crois à ce qu’il m’a dit qu’il m’aimait un peu...Je crois que je l’aimais beaucoup. Souventes fois, plus tard, je passais chercher Ar- mel de Wismes, pour déjeuner dans une petite au- berge qui donnait sur les remparts du château des Ducs de Bretagne. Le « Pont Levis ». Et si nous refaisions le procès de Charette ? Les jurés ce seront les spectateurs. Qui fut dit, fut fait. Le tribunal pour rire, mit sont siège au Centre de Communication de l’Ouest (le CCO) de Nantes. Sorte de petite tour Montparnasse... en raccourci, animée par Jean Amyot d’Inville, qui appréciait fort, lui aussi, le baron de Wismes. Mais qui Amyot d’In- ville n’appréciait pas ? Il avait de quoi être content
  • 19. 19Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Armel de Wismes car la grande salle du CCO était pleine, au moment où il nous annonça, un rien fébrile : « Le ministre Hervé de Charette, qui a appris notre « procès » s’invite et veut être témoin de la défense de son ancêtre... » Au passage le chevalier Charette, n’avait pas eu d’enfants et n’était donc l’ancêtre de personne ! Pas même du ministre de l’époque. Ce qui n’empêchait pas – nous sembla-t-il l’excitation de Jean Amyot d’Inville, qui venait d’être prévenu par téléphone de l’arrivée impromptue du membre du gouver- nement. Les témoins au demeurant, qu’ils fussent pour ou contre le Chevalier Charette, et que nous avions choisis soigneusement se montrèrent fort pit- toresques et le plus souvent talentueux. : Jean Joël Brégeon écrivain, Jean Huguet éditeur, Jean Yves de la Patellière le cousin du cinéaste Denis de la Patel- lière, Hervé de Charette, et Armel de Wismes bien entendu, emportèrent l’adhésion de la majorité des deux centaines de spectateurs, et donc des jurés. Le Chevalier Charette fut acquitté ce soir là et put re- partir libre et réhabilité, auprès de ses amazones qui l’attendaient à Fonteclose. Nous avions refait l’his- toire. Mais quelle soirée ! Armel de Wismes a toujours aimé la Vendée et la mer. Cet historien, qui était aussi peintre, et dans une moindre mesure romancier (il n’a écrit que deux romans) possédait un véritable trésor d’archives et de documents sur Nantes, la Bretagne, et les Océans qui grondent. Qui grondent de boucaniers, de cor- saires et de pirates. Les livres d’Armel de Wismes chantaient souvent le temps de la grande marine à voile de la course au large et de ces officiers loyaux ou flibustiers. Ces capitaines Michel, Montaubon, De Graff et bien sûr, l’effroyable vendéen Jean David Nau, dit L’Olonnois. On retiendra pour nos amis écrivains de Vendée « Pirates et Corsaires » (éditions France-Empire) ou encore « Histoire de la Vendée » (du même éditeur) parmi la trentaine d’ouvrages du baron. Entre le souffle des grands espaces et des inou- bliables présences que sont : Aliénor d’Aquitaine, Ri- chard Cœur de Lion, Saint Louis, Louis XI, Henri IV, Louis XIII et Richelieu, Rabelais, Calvin, Grignon de Montfort, Charette « roi de la Vendée », mais aussi Napoléon, Clemenceau, et de Lattre... La Vendée ! Armel de Wismes la ressuscite, vraie physionomie de cette vieille terre, si longtemps convoitée, où se mêlent toujours, l’histoire et la légende, le sens du sacré et l’amour de la liberté. Pour la confection de cet articulet à l’usage du magazine Lire en Vendée, j’ai relu la post-face dont m’avait gratifié Armel de Wismes. À côté de son émouvant et très amical hommage, j’ai retrouvé l’humour, l’ironie parfois, le sérieux de l’historien, et le dilettante du convive des déjeuners du « Pont Levis » façon Paul Guth, qui avait avec le baron quelques traits en commun. Artésien d’origine (mais non point Basset) nan- tais d’adoption, Vendéen de cœur, écrivain d’his- toires et de l’Histoire, toujours la malice d’Armel de Wismes jaillira de son cœur, brillera dans ses yeux. Joël Bonnemaison
  • 20. 20 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Jean-Claude Martineau, l’écrivain de théâtre au million de spectateurs Le théâtre a souvent été aux abonnés absents dans la revue Lire en Vendée Cela signifie-t-il que personne n’écrit pour le théâtre dans le département ? Le théâtre n’est plus ce qu’il était, mon bon Monsieur ! Si cet art de la scène a tenu un rôle majeur pour ne pas dire essentiel de l’Antiquité gréco-romaine à nos grands auteurs classiques et romantiques, il a vu, depuis le XIXe siècle le roman dans tous ses états lui voler la vedette. Oh ! bien sûr, le public va toujours au théâtre pour applaudir un Feydeau, un Molière ou un contemporain porté par des comédiennes ou comédiens de renom. Et puis, les gens aiment aller passer un bon moment avec la troupe locale pour le spectacle annuel. Les plus anciens¸ même ceux qui regardaient peu… ou pas, se souviennent ou parlent avec nostal- gie de l’émission Au théâtre ce soir. Depuis quelques années, les retransmissions en direct de pièces à succès assurent de belles audiences aux chaînes pu- bliques. Ainsi, si Molière avait été vendéen en ce début de XXIe siècle, ses nouveautés auraient-elles trouvé un écho dans cette belle revue ? J’ose le croire. Le fait est qu’à celui qui s’est plaint du peu de place ac- cordée à la scène dans ces pages, on a confié la tâche de matière à sujet. Résultat : j’ai gagné un travail forcément bénévole. Avec plaisir, je dois le dire. De quoi se plaint-on alors ? C’est vrai qu’on lit peu de théâtre de nos jours. Je pourrais faire une en- quête auprès de mes illustres collègues de la Société des Écrivains de Vendée pour savoir quelle pièce ils ont lue récemment, je suis à peu près sûr du résultat. À leur décharge, je dois dire que les livrets de théâtre ont une couverture et une présentation austères et sont plus destinés à être photocopillés, au mépris de la législation pour les besoins des troupes, qu’à s’exposer dans un présentoir de librairie. On lit peu et on connaît peu. D’un côté, le théâtre est réputé élitiste ou difficile, destiné à la sé- lection officielle du Festival d’Avignon. De l’autre, on le qualifie de boulevard ou d’amateur avec un brin de condescendance, voire de mépris, pour avancer une excuse valable de ne pas en lire. Ou- bliant que dans le Molière que nous vénérons tous, il y a beaucoup de farce, de rire, de burlesque…, on dirait aujourd’hui d’amateur. Trêve de condescen- dance et arrêtez le mépris, s’il vous plaît ! Des talents nouveaux Personnellement, j’ai découvert de grands ta- lents chez nos jeunes auteurs francophones. J’insiste sur le dernier adjectif car il faut tirer un grand coup de chapeau à ces écrivains de théâtre nés à l’étran- ger, ne parlant pas notre langue et qui, par choix, se sont mis à écrire en français parce que notre langue leur permet d’exprimer et de mettre en scène leurs rêves, leurs peurs, leurs drames, etc. Je pense à Adel Hakim à Wajdi Mouawad, édités par L’Avant-Scène. Des textes forts, violents ou poétiques, écrits super- bement. Mais pour vous faire rire ou vous émouvoir, il y a le jeune et talentueux Florian Zeller la brillante Yasmina Reza, les confirmés E-E Schmitt ou Ribes. D’autres aussi font ou feront parler d’eux dans les années à venir : Marin Ledun, etc. Le théâtre en Vendée ? Ça existe ? Après ce préambule pour parler du théâtre en France, j’en viens au théâtre chez nous. La Vendée se distingue tout d’abord à plus d’un titre : elle est dans le trio de tête des départements qui comptent le plus de troupes de théâtre amateur et cela depuis fort longtemps. Particularité héritée de notre passé bicéphale. Il y avait les troupes de patronage, avec la bénédiction des autorités ecclésiastiques, et celles des associations laïques, sans bénédiction surtout, qui rivalisaient d’ardeur sur tous les plans. Certaines des ces troupes sont centenaires ou presque : La Ge- nétouze, Antigny… Oui, le théâtre en Vendée se porte bien. Il y en a désormais pour tous les goûts et tous les publics. Avec des formations solides en lycées, des Printemps théâtraux, des festivals divers (Souffleur d’Arundel), des troupes professionnelles et un nombre consi- dérable de troupes de théâtre amateur. Amateur ne signifiant pas amateurisme mais plutôt au sens de ceux qui aiment le théâtre et qui font tout pour évo- luer dans le jeu scénique et pour plaire au public. Et en Vendée, qui écrit pour le théâtre ? Ça doit bien exister une personne qui se donne la peine d’imaginer un spectacle, de créer des per- sonnages, de ciseler des dialogues, d’écrire des didas- calies. Oui, oui, je vous assure, ça existe. Et même
  • 21. 21Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Au théâtre, la Vendée quelqu’un qui a un succès… incroyable pour ne pas dire phénoménal ! Vous ne le connaissez pas ? D’où la nécessité impérieuse de vous présenter ce phé- nomène (qu’il me permette ce terme affectueux). Quand vous aurez pris connaissance des chiffres, vous serez d’accord avec moi. Encart publicitaire Pas de spectacle sans suspense. J’ouvre une pa- renthèse-pub comme à la télé. Je remercie la BDV (la Bibliothèque départementale de la Vendée) d’avoir lancé cette initiative originale qui s’appelle Les Voya- geurs du Soir (http://voyageursdusoir.vendee.fr). De- puis trois ans, chaque année, elle propose à ceux qui fréquentent le réseau des bibliothèques des pistes de découvertes et de lectures autour d’un thème. En 2013-2014, il y en avait huit (Jazz way of life, Incroyable fantasy, Jamais sans ma guitare, Detective story : le polar anglais, Didascalies et Cie : du texte à la scène, Talents en images : quand le récit s’anime, Destination aventure : l’appel de l’inconnu, Vies d’ar- tistes : un festival de beaux-arts). Le voyage Didasca- lies et Cie fut une belle balade au cœur du monde du théâtre qu’on m’a demandé de parrainer jusqu’en juin. Allez vous promener sur le site. Que vous soyez amateurs, professionnels, lecteurs assidus ou occa- sionnels, éveillez votre curiosité ! Visitez les diffé- rents blogs de ces voyages qui ont tous un parrain animateur, empruntez un livre, une pièce, lisez les billets qui sont postés chaque mois, réagissez ! Deve- nez acteurs de votre lecture ! Bravo à la BDV qui sait proposer des pistes originales et séduisantes avec des choix qui méritent un coup de chapeau et profitez- en pour pousser les portes de nos bibliothèques qui ont presque toutes été dépoussiérées, rénovées. Fin de cette parenthèse utile. Un petit tour par la SACD À ceux qui ne connaissent pas bien le milieu du théâtre, la SACD est moins connue que la SACEM et pourtant elle marche vers ses 250 ans d’existence. Or la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), fondée en 1777 par Beaumarchais, est la plus ancienne des sociétés françaises de gestion col- lective des droits d’auteurs. Elle s’attache à percevoir et répartir les droits des 48 000 auteurs membres de la SACD représentant les répertoires du spectacle vivant et de l’audiovisuel : auteurs de théâtre, cho- régraphes, metteurs en scène, compositeurs, réali- sateurs, scénaristes… Elle déclare se consacrer à la défense des intérêts matériels et moraux de la pro- fession tout entière. » (Wikipédia). C’est cette vieille dame fort respectable qui enre- gistre les représentations déclarées par les troupes de théâtre et qui reverse leurs droits chaque mois aux auteurs. Mais on sait que tous les spectacles ne font pas forcément l’objet d’une déclaration et que les troupes de théâtre ont souvent tendance à minorer le nombre de spectateurs. Pour les auteurs de théâtre qui en sont socié- taires, la SACD est d’une aide précieuse aussi bien dans la protection de leurs œuvres que pour la col- lecte et la redistribution des droits d’auteur. Sans compter tout le volet social d’aides ou le côté mu- tuelle de santé. Etmaintenant,MesdamesetMessieurs…, le phénomène Martineau « Phénomène » : le mot n’est pas trop fort. Même si Jean-Claude Martineau. récuse ce terme par mo- destie, je sais de quoi je parle, je viens de ce milieu des planches. Je pense qu’après avoir lu les lignes qui suivent vous serez convaincus que je n’enjolive pas. Je m’en tiens tout simplement aux comptes de la SACD qui sont souvent en-dessous de la réalité. Jean-Claude Martineau, de Boufféré, a contracté le virus du théâtre à l’âge de 26 ans. Quarante-deux ans plus tard, il est irrécupérable. Il n’y a que ceux qui n’ont jamais attrapé ce virus qui ne peuvent pas comprendre les formes diverses sous lesquelles il se manifeste. Il est résistant et le remède se trouve pré- cisément dans la maladie elle-même. Mais loin de tourner en rond ou d’être ballotté du côté cour au côté jardin, cet univers apparemment clos ouvre les
  • 22. 22 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 plus vastes horizons et permet les modes d’expres- sion les plus variés. Pour lui, le meilleur des conservatoires a été l’immersion totale dans la troupe locale de Boufféré. Il a commencé à jouer dans La Cagnotte de Labiche et, heureux veinard, il a gagné le gros lot. La passion du théâtre et la passion tout court lui sont arrivées en même temps. Et après avoir beaucoup joué, après être passé par la case mise en scène, il s’est mis en re- trait pour laisser la place aux plus jeunes. Est arrivée alors la période écriture qui a commencé il y a dix ans quand il quitté la carrière de … préparateur en pharmacie. Pour les deux principaux articles qu’on m’a demandé d’écrire, celui sur la maison d’éditions Les Minots et celui sur le théâtre, les protagonistes ont été tous les deux préparateurs en pharmacie, An- géline Chusseau et Jean-Claude Martineau. Neau. Bizarre, non ? Je n’y suis pour rien. L’écriture et l’édition La rage d’écrire pour la scène a saisi notre ancien acteur à la retraite. Dans ces cas-là, on commence modestement à échafauder une intrigue avec nulle ambition de rivaliser avec les grands dramaturges. Le titre de cette première pièce : Mauvaises pioches. Il y a des titres qui, contrairement aux apparences, portent bonheur. Deux mois après l’envoi à un édi- teur de théâtre, la pièce est acceptée et entre, en avril 2005, au catalogue des Éditions théâtrales Art et Co- médie, 3 rue de Marivaux 75002 Paris. Sans avoir été jouée une seule fois ! La troupe vendéenne de Saint-Georges-de-Mon- taigu va la créer quelques mois plus tard et ce sera l’enclenchement de la spirale du succès, le début du rire en cascade estampillé JCM que déclenchent au- tomatiquement ses comédies. Tapez donc le nom de Jean-Claude Martineau sur le site www.artcomedie. com et faites connaissance avec l’univers théâtral de notre Vendéen. Au total, six comédies seront pu- bliées par Art et Comédie, entre autres Larguez les amarres ! ou Trente kilomètres à pied, etc. En peu d’années, le dramaturge a compris les lois du genre et sait admirablement tirer les ficelles de l’art de la comédie pour vous concocter du sur- mesure entre 1 h 30 et 2 heures. de la scène. Ses autres pièces, toutes déposées à la SACD, n’ont pas été éditées mais on peut en retrou- ver les références, le sujet et la distribution sur deux autres sites que les passionnés du théâtre connais- sent bien : Le Proscénium (www.leproscenium.com) et La Théâtrothèque (www.theatroteque.com). Sur ces sites-là, vous trouverez l’ensemble des seize pièces écrites par Jean-Claude Martineau. Citons Tranches de bluff ou Casting de rêve ou encore Vous mendierez tant. Sans oublier une de ses préférées, Midi, dernier délai. Les troupes de théâtre amateur s’y précipitent et viennent y faire leur « bonne pioche » pour leur spectacle annuel. Elles ont rapidement plébiscité l’écriture de Jean-Claude Martineau, à la fois drôle et irrésistible, bien ficelée et redoutablement effi- cace. Les acteurs y trouvent leur compte, les spec- tateurs en ont pour leur argent, tout le monde en redemande et les foules de fans enthousiastes gros- sissent. Le train Martineau. est lancé, sorte de TGV d’un genre nouveau…, un Théâtre de Grande Variété. Un succès aux dimensions de La France… mille représentations par an et un million de spectateurs ! Cela peut sembler facile de faire rire les specta- teurs du cru, ceux qui connaissent et côtoient au quotidien les acteurs occasionnels ou habituels. Qui ne l’a jamais fait s’y essaie ! Mais si le succès local essaime aux dimensions de toute la France et de quelques pays francophones, c’est qu’il y a un talent certain et reconnu. C’est fi- nalement tout un art de conquérir presque tous les départements français et de déborder sur la Suisse, la Belgique, le Canada, au point de comptabiliser bon an mal an entre 800 et 1000 représentations par an. C’est le nombre attesté par la SACD des spectacles officiellement déclarés. Quant aux autres, ceux joués sous le manteau, sans publicité pour ne pas avoir à payer de droits, on ne peut qu’extrapoler. Sans risque de se tromper beaucoup, on pourrait majorer le chiffre de 10%. L’écriture sans édition Notre auteur boufféréen ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Les Trente kilomètres à pied sont loin déjà. Il est devenu un marathonien de l’écriture
  • 23. 23Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Faisons les comptes. 1000 représentations par année multipliées par une moyenne de 150 à 200 spectateurs, ça fait entre 150 000 et 200 000 per- sonnes qui vont applaudir les pièces de JCM. Et comme le succès dure déjà depuis pas mal d’années et que de nouvelles pièces vont venir s’ajouter aux autres, le million de spectateurs est en vue sinon dé- passé. Chapeau, M. Martineau ! Belle réussite ! Ce qui fait que notre auteur, méconnu de beau- coup, fait désormais partie des 10 écrivains de théâtre (professionnel et amateur) qui totalisent le plus grand nombre de représentations par an en France. Et pour le connaître, je vous assure qu’il n’a pas la grosse tête. Oui, c’est ce que se dit Jean-Claude Marti- neau quand, à vingt ou trente reprises dans une année, il va assister à l’une de ses représenta- tions. Ce sont ses salons du livres à lui, la ren- contre avec son public, son plein de vitamines. Le théâtre a cela de magique : il emporte dans l’instant une salle entière vers l’émotion, le délire. Des rires à gorges déployées par centaines, par di- zaines, centaines de milliers. Jean-Claude Martineau, continuez à distiller cette potion magique pour le plus grand nombre. Vous ne pensiez pas il y a dix ans atteindre ce pre- mier million de spectateurs. Le deuxième est enta- mé. Potion, ai-je dit. Oh oui ! De celle qui redonne au spectateur ce qui est le propre de l’homme : le RIRE ! Je ne sais pas si l’ancien préparateur en phar- macie l’avait imaginée de longue date. Pour service médical rendu à la lutte contre le stress et la moro- sité, vous mériteriez bien plus qu’une médaille. En fait, vous l’avez déjà, c’est la fidélité de votre public. Chers lecteurs, vous qui ne connaissiez pas ce dramaturge (qui n’aime pas ce mot), guettez les ar- ticles de presse lors de la prochaine saison théâtre, vous tomberez forcément sur un spectacle Mar- tineau (476 représentations en Vendée, 522 en Maine-et-Loire, 457 en Loire-Atlantique, 311 en Ille-et-Vilaine). Allez en applaudir un au moins ! Quand on m’a demandé d’écrire un article sur le théâtre, mes dix collègues présents autour de la table ne vous connaissaient pas. J’avais promis un petit article, ils m’en ont demandé un grand. Je leur ai obéi, le voici. Je promets que le prochain sera net- tement plus court. Il fallait bien frapper fort les trois coups de la rentrée du théâtre sur la scène de Lire en Vendée. Jean-Claude Martineau, vous m’avez dit avoir envie de vous lancer dans un autre genre d’écriture. Pourquoi pas un roman ? Ou alors donnez-nous de vos… nouvelles. Sur votre site, il y a déjà des poèmes (pause-theatre.fr). Les Écrivains de Vendée ne vous connaissaient pas ou très peu, le public non plus. Je viens de faire mon devoir de mémoire. Avec tout ce que vous avez écrit, vous êtes bien un écrivain à part entière. Mais aussi entièrement à part, du côté cour et du côté jar- din où vous aimez bien jouer. Comme je vous com- prends ! Il ne vous manque plus que le côté… salons du livre. Ça viendra, Jean-Claude ! Jean-Claude Lumet Au théâtre, la Vendée Comparaison dramaturge écrivain Quel écrivain, prenant conscience de ces chiffres astronomiques au regard de ses 500, 1 000, 3 000 ou 5 000 exemplaires de livres vendus (ce qui est déjà un beau succès de ce côté-ci de l’écriture) ne rêverait de rencontrer semblable public et surtout de connaître la recette du succès pour l’appliquer à la vente de ses livres ? Il ne sied sans doute pas de parler argent ici. Ce serait vulgaire dans notre beau pays où on cherche souvent à en savoir un peu plus sur ce que gagne le voisin. Pour établir un point de comparaison entre le livre et le livret de théâtre, une représentation équivaut environ à 100-200 livres vendus et quelquefois bien plus. Faites vous-mêmes le calcul. Celui qui écrit pour le théâtre a un but : continuer à écrire pour ses futurs acteurs, pour son public, pour les emmener dans son monde de fan- taisie. Il ne pense pas en termes de séances de dédi- caces et ne recherche nullement une place dans les salons du livre. C’est un autre monde qui réserve cependant des émotions très fortes. Vous allez comprendre. L’auteur de théâtre qui se glisse incognito dans une salle où l’on joue une de ses pièces vit des sensations intenses bien difficiles à décrire. C’est un véritable bonheur, un réconfort qu’aucun médicament ne peut procurer quand on entend une salle comble rire aux éclats, applaudir à tout rompre et sortir de la salle avec un large sourire sur le visage. La jouissance est secrète et forte. Et quand dans sa vie, le doute, la fatigue effleu- rent l’auteur, quel meilleur remède que de se remé- morer le rire des spectateurs et de se dire alors : « J’ai apporté des moments de détente à des centaines de milliers de spectateurs qui ont peut-être dix fois plus de raisons d’être déprimés que moi. L’écho de leurs rires est le meilleur des dopants, mon carburant. »
  • 24. 24 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Une idée formidable de Joël Bonnemaison au- teur, et organisateur des festivités, avec le soutien ef- ficace et convivial de Monsieur Serge Kubrik maire de La Tranche sur Mer, et de son conseil munici- pal. Une manifestation qui prend de l’ampleur au fil des ans puisque certaines troupes des départements voisins concourent, Bretagne, Pays de Loire, Poitou- Charentes ou Deux-Sèvres. Quinze pièces de plus d’une heure sont jouées dans la superbe salle des Floralies sous les yeux at- tentifs des douze membres du jury, journalistes, écri- vains, commerçants, retraités, homme de théâtre, mais aussi devant le public tranchais, fidèle et assidu. Salle comble assurée à chaque représentation, celle du matin ou la quatrième pièce de la journée qui débute tardivement : 23 heures. Les Tranchais apportent leurs sandwichs ou de- mandent un en-cas sur place pour ne pas louper une séance. Au bar, entre les spectacles, ou dans les longues queues jusque sur le parking, les commen- taires fusent... Chacun se veut critique l’espace d’une séance, chacun apprécie ces talents cachés qui œu- vrent dans l’ombre pour nous ravir. Pour cette édition 2013, deux pièces de haut ni- veau retiennent d’emblée l’attention du jury mais aussi du public enthousiaste qui salue debout et rap- pelle les comédiens plusieurs fois : La compagnie d’Aigrefeuille pour La guerre des têtes écrite et mise en scène par Ni- colas Brandicourt sur le thème revisité de Ro- méo et Juliette, façon BD. Les familles des « chapeaux ronds » et la famille des « chapeaux poin- tus »... Hilarant ! Une pièce homogène avec des co- médiens si bons qu’il était impossible de se décider sur le meilleur. Leur revenait le Prix de la tulipe d’or d’autant plus que le final était un bouquet d’artifices sur un ralenti où chaque acteur «amateur» donne le meilleur. Et puis du grand théâtre pour Bleu orange, Phi- lippe Péron, Prix du meilleur comédien, où il a été cruel pour le jury de décerner ce trophée à un seul tant les trois comédiens avaient un jeu d’égale in- tensité, avec du souffle et un sacré talent pour une pièce exigeante sur le milieu de la psychiatrie : Phi- lippe Péron, Romain Bonnet étaient les médecins Damien Robin le malade, Jean-François Chevret le metteur en scène de La compagnie du Théâtr’Happé de La Roche sur Yon et Grains de Sel. Citons aussi Nathalie Guibert nommée meilleure actrice pour la seconde fois et pour sa prestation dans La soeur du Grec, Compagnie des Tréteaux de la marelle de Mouilleron le Captif, troupe créative et dynamique que tout le monde attend tous les ans pour l’originalité et la drôlerie et l’originalité de ses textes d’un talent vendéen et qui récoltent toujours plusieurs trophées. Amateurs ? Vous avez dit Amateurs ? Certaines pièces, de talents vendéens «amateurs» valent bien celles de «grands auteurs» et de grands comédiens, jouées dans de «Grands théâtres», foi de jurée, conquise ! La Vendée est un terreau riche de talents d’écriture en tout genre, comme celle des auteurs de pièces de théâtre quelle ambiance ce festival du théâtre amateur qui s’est déroulé du 4 au 9 début novembre 2013 à La Tranche sur mer ! troupe hors concours pour la pièce de Bonnemaison : Mais où est donc passé Darwin ? comédiens : Philippe Peron, Damien Robin , Romain Bonnet pour «Bleu orange»
  • 25. 25Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Au théâtre, la Vendée Enfin la remise des Prix : un moment fort qui clôt le festival. Les jurés bien nourris, un peu fatigués sont muets comme des carpes. Rien n’a filtré. Sus- pense... Les troupes fébriles attendent les résultats. Le public aussi. Beaucoup d’émotion. Sept trophées sont prêts sur scène ainsi que des chèques pour récompenser le meilleur metteur en scène, le meilleur texte (quand il s’agit d’un texte d’auteur amateur) costume, comédienne, comédien et enfin la Tulipe d’or pour la meilleure pièce ou la pièce coup de cœur. Pour cette sixième édition 2013 ont été récom- pensés en présence de personnalités, M. le maire Serge Kubryk, Sylviane Bulteau, député de Vendée, l’invité d’honneur, Christophe Bourseillé, Joël Bon- nemaison, écrivains et journalistes : Le Grand Prix de la Tulipe d’or : La compagnie d’Aigrefeuille avec La guerre des têtes, écrite et mise en scène Nicolas Brandicourt Meilleure comédienne : Nathalie Guibert dans La soeur du grec compagnie Les Tréteaux de la ma- relle de Mouilleron le Captif. Meilleur comédien : Philippe Peron dans Bleu Orange Compagnie Théâtr’ Happé de la Roche sur Yon et Grains de Sel. Mise en scène : La soeur du Grec troupe de Mouilleron le Captif Costume : Les 5 dits du Prince compagnie l’En- tracte de Grosbreuil. Texte ou adaptation : Saynettes et sans bavures compagnie les Alizés de Rezé. Tous les ans une pièce de Joël Bonnemaison, homme de lettres, de théâtre mais aussi initiateur et maître d’œuvre du salon, est jouée avant la remise officielle des Prix : Virgile et Salomon, Le Verger, Six petit morts et puis s’en vont, La Part du Tigre, Le café du Palais, Qui veut tuer l’Empereur ?, Landru ou la femme au foyer, Nom de Zeus, Mais où est donc passé Darwin ?, pour l’édition 2013. Entrée libre et gratuite pour toutes les représenta- tions pour les Tranchais et autres. Bravo à tous les acteurs de cette belle manifesta- tion qui suivent et qui œuvrent pour faire vivre et reconnaître les talents vendéens. Eveline Thomer remise des Prix de la Tulipe d’or Joël Bonnemaison initiateur et organisateur du festival Compagnie Artémise, lauréats de la Tulipe d’or 2013
  • 26. 26 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Mylène Demongeot, Virginie Massif Joël Bonnemaison vedettes du festival tranchais, cuvée 2014 Quelle semaine que celle du 3 au 8 no- vembre dernier à La Tranche-sur-Mer ! Les émotions n’ont pas manqué à cette 7e édition du festival de théâtre amateur Au théâtre, la Vendée La Mouilleronnaise rayonne sur les planches La plus belle émotion du jury (4 femmes, 2 hommes) est venue de Virginie Massif, actrice des Tréteaux de la Marelle, de Mouilleron-le-cap- tif. Quand elle a joué dans le (trop) boulevardier Panique au ministère, elle rayonnait, le mot n’est pas trop fort, d’une intensité à brûler les planches, à sauver n’importe quelle pièce ! Et sa Tulipe du prix d’interprétation féminine fut follement applaudie à l’heure du palmarès, par un public tranchais qui s’est désormais habitué à cette manifestation, s’y est même initié, comme un vrai moment culturel, de plus hors saison estivale ! Enfin, rappelons que l’énoncé du palmarès, le samedi 8 novembre, fut marqué par la présence de Mylène Demongeot. Bien dans sa peau, elle a joué le jeu avec simplicité et joie de vivre à la cérémonie de ces « oscars ». Celle dont la carrière a rebondi avec Camping, celle qui fut Milady de Winter, ver- sion Mousquetaires 1961, celle qui était la com- pagne de Marc Simenon, fut aussi une concurrente directe de Brigitte Bardot, en 1958. Luis Bunuel en personne, devait tourner La Femme et le pantin, mais fut en butte aux producteurs quand il exigea « la » Demongeot. Les producteurs voulaient Bar- dot. Bunuel ne changea pas d’avis, se retira. C’est Duvivier qui le remplaça. Avec Bardot. L’anecdote fut rappelée sur scène, au grand bon- heur de « la » Demongeot. Peut-être ce dont elle aime à se rappeler le plus dans sa longue carrière : que le grand Bunuel ne jura que par elle ! Quelle semaine, je vous dis ! PhilG D’abord, le créateur et concepteur de la manifes- tation, Joël Bonnemaison, a apporté une présenta- tion aussi subtile que soignée, avant et après chaque pièce sélectionnée, chacune vue par une salle des Floralies pleine de 350 personnes. Et cette empathie du public avec l‘ami Bonnemaison, artiste-journa- liste-anar, ce touche-à-tout dont le théâtre reste sa passion le plus vive, fut une de ces émotions de cette semaine tranchaise ! Le programme concocté en fut une deuxième. Du boulevardier au méditatif, rien n’a manqué dans les genres, soit dix pièces jouées. Virginie Massif
  • 27. 27Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Il était né à Fontenay-le-Comte, André Popp est mort en mai dernier à Puteaux, en région parisienne En 1967, la chanson Love is blue lui apporta une notoriété internationale Popp, au nom prédestiné, un « grand bon- homme » de la musique française, nous a quittés discrètement, en mai dernier, à l’âge de 90 ans Entre-temps, en 1956, il a cartonné avec son disque « Piccolo Saxo et cie », conte musical coréalisé avec Jean Brussolle, le « Compagnon » charisma- tique (1920-1980), touchant tout particulièrement le public enfant. En 1960, le musicien-arrangeur remporte le prix de l’Eurovision avec la chanson Tom Pillibi, interprétée par Jacqueline Boyer. La gloire internationale en 1967 Au cinéma, domaine où il se fera rare. En 1955, il compose la bande originale de Tintin et le mystère de la Toison d’or (1961), celui avec Georges Wilson dans le rôle du capitaine Haddock, Jean-Pierre Tal- bot étant Tintin. Mais son plus gros succès, il l’obtient en 1967 avec Love is blue (L’amour est bleu), chanson nu- méro 1 aux États-Unis, grâce à l’interprétation de l’orchestre de Paul Mauriat. C’est la consécration pour l’arrangeur dont le leitmotiv a toujours été de « rendre la musique accessible au plus grand nombre à tout âge ». Ce qui finira d’ailleurs par se réaliser grâce au cinéma, avec la sortie en 2006 de Piccolo, Saxo et compagnie en long-métrage d’animation, d’Erici Gutierrez et Marco Villamizar, avec les voix de Jean-Baptiste Maunier (Les Choristes) et d’Anaïs. Arrangements : André Popp. Film visible à partir de l’âge de 3 ans ! Le sud-Vendéen a su boucler la boucle. PhilG Le Sud-Vendéen André Popp (1924-2014), au nom prédestiné, aura traversé son siècle avec l’aura d’un grand monsieur de la musique Au cinéma, la Vendée Jeune, André Popp sera marqué par la pratique de l’orgue à l’Institution Saint-Joseph. Dans sa ville natale, il rencontre le jeune Jean Broussolle, futur « Compagnon de la chanson » (un des 9 chanteurs accompagnant notamment Edith Piaf au faîte de leur gloire). Tous deux « montent » à Paris après la guerre, font du cabaret, Popp joue, Brussolle chante. La chance tourne à leur avantage quand ils écrivent une série de chansons pour Catherine Sauvage. Au piano, Popp compose dès lors pour Bourvil et tra- vaille aussi pour la télé naissante. On lui devra les indicatifs d’émissions comme La tête et les jambes ou Des chiffres et des lettres. Il devient chef d’or- chestre chez Philips, aux côtés de Michel Legrand. Il compose pour Henri Salvador, Jacques Brel, Ju- liette Gréco, plus tard pour Marie Laforêt, Françoise Hardy, Sheila… André Popp, arrangeur hors-pair de la musique française
  • 28. 28 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Un centre de ressources et de promotion pour la littérature jeunesse Relancé en 2005, le Centre de recherches et d’in- formation sur la littérature de jeunesse de la Vendée (CRILJ) publie chaque année la brochure «Une an- née de lecture» qui présente et analyse 150 ouvrages destinés aux jeunes lecteurs, de la petite enfance aux grands ados. Un outil incontournable pour éclairer les propositions des libraires, des médiathèques et bibliothèques, des centres de loisirs et des écoles. Ce travail d’analyse et de sélection est le fruit de la réflexion d’une vingtaine de bénévoles de l’as- sociation qui se retrouvent une fois par mois. Elles examinent entre 150 et 300 titres chaque année. La littérature jeunesse est en effet foisonnante, mais sa durée de vie est courte. Les sorties très nombreuses, à la rentrée comme au printemps, appellent une at- tention constante sur tout ce qui paraît. Enfin sur presque tout... Albums, romans, documentaires, contes, aven- tures, histoire, BD, mangas, poésie, textes illustrés, rééditions, sans oublier les livres CD, les angles de la littérature jeunesse sont vraiment très divers. Pour fi- gurer dans la brochure annuelle, les albums doivent recueillir un avis positif de six membres du CRILJ, les romans, les BD et les contes de trois ou quatre. L’équipe du CRILJ s’attache particulièrement à promouvoir les jeunes auteurs et les petites maisons d’édition. Et naturellement les nombreux auteurs- illustrateurs vendéens que l’on retrouvera dans les pages BD de Lire en Vendée. La Direction départe- mentale de la Cohésion sociale (DDCS) apporte son appui aux bénévoles du CRILJ. La brochure Une an- née de lecture est en effet très utilisée dans le cadre de l’opération Lire et faire lire. La réforme des rythmes scolaires ouvrira des temps de lecture plus larges : le CRILJ aura donc certainement l’occasion d’y appor- ter ses ressources et ses compétences. G. B. Au tout début, il y a la BD d’Etienne Davodeau. Né en 1965 dans le Maine-et-Loire, l’auteur venait souvent passer ses vacances d’été sur la côte ven- déenne où il situe sa bande dessinée parue en deux tomes : le premier, en 2008, qui obtint de nom- breux prix et le second en 2010 (parus aux éditions Futuropolis). Du même auteur, je signale l’album Les Mauvaises Gens sur la jeunesse militante de ses parents et qui a raflé, en 2006, une moisson enviable de prix : le Prix de la Critique, le Prix France Info, le Prix du scénario, le Prix public du meilleur album eu Festival d’Angoulême. Ce film de Sólveig Anspach, avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, est sorti sur les écrans le 22 janvier 2014. Attention : la Lulu du film est différente de celle de la BD. Et pourtant, les deux Lulu ne s’opposent pas radicalement. Le film a été tourné dans notre département, terre de contraste par excellence, en grande partie à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, aux Sables d’Olonne, Lulu femme nue, une bande dessinée, a été adaptée en images en 2013 pour le ci- néma. Un tournage de plus sur notre dé- partement, signé Solveig Anspach, avec Karin Viard Le CRILJ Vendée
  • 29. 29Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Lors de ce déjeuner dans les locaux de la Ré- daction d’Ouest-France, à Rennes, j’ai le privi- lège de pouvoir discuter librement avec Karin Viard. Ce fut une ren- contre hors du temps, inoubliable, chaleureuse et tout en même temps très détendue. Dès les premières minutes, le tutoiement s’est imposé et jamais nous n’avons senti une quelconque distance entre la comédienne et nous. À vrai dire, Karin Viard est une vraie star, si proche, si palpable et pourtant intouchable. Mais d’emblée, j’étais en harmonie avec cette actrice aux talents multiples, comédienne capable de jouer avec un égal bonheur les comédies les plus débridées comme les drames personnels les plus in- tenses. Au cours de ces deux heures, nous avons pu aborder tous les sujets que nous souhaitions dans la plus totale liberté : enfance, carrière, famille, projets. Bien sûr, il fut question avec elle du tournage du film en Vendée, de ses partenaires, Bouli Lanners, un gros nounours, Claude Gensac, délicieuse (oui, la fameuse Ma Biche de de Funès dans Le Gendarme de Saint-Tropez, c’est elle !) Mais j’avais l’antistar totale face à nous. Jamais nous n’avons senti, y compris quand nous voulions prendre des photos, que nous avions avec nous une actrice que de nombreux réalisateurs s’arrachent. En ce début d’année 2014, elle est à l’affiche de trois films. Nous étions quatre et, dans ce quatuor im- provisé, chacun pouvait se sentir la vedette à tour de rôle selon les moments. Ces quelques heures, dans un programme qu’on sait surchargé, Karin Viard nous en a fait cadeau sans précipitation, sans sms, sans coups de téléphone qui viennent interrompre notre échange. Sans caprices de star surtout. Un cadeau qui porte la marque de cette grande actrice populaire : exceptionnel ! Oui, foi de J-C L, même si je n’ai pas la certitude que Sid- ney soit mon oncle, j’aime le 7e art et j’ai rencontré une vraie star du XXIe siècle. Dernière info : le magazine Première n’avait d’ailleurs que ce qualificatif pour la prestation de Karin Viard dans Lulu, femme nue. Ex-cep-tion-nel ! Jean-Claude Lumet St-Hilaire-de-Riez… après la saison estivale pour une plus grande liberté de tournage. C’est le second film que la réalisatrice tourne avec Karin Viard. Pour le premier, Haut les cœurs ! Karin Viard a obtenu le César de la meilleure actrice. Pour ceux qui ne connaissent ni le film ni l’actrice, procurez-vous le DVD : c’est un film d’une rare in- tensité avec une comédienne exceptionnelle et bou- leversante. Un film qui vous marquera longtemps. L’histoire ? À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle n’a rien prémédité, ça se passe très simplement. Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement et sans culpabilité. En chemin, elle va croiser des gens qui sont, eux aussi, au bord du monde : un drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille qui s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même. Une journée avec Karin Viard J’ai eu la chance - Jean-Claude Lumet pour vous servir - d’assister à la projection du film Lulu femme nue en avant-avant-première lors d’une projection privée au Gaumont de Rennes. Ce mardi 21 janvier 2014, en début de matinée, la veille de la sortie du film en salles, nous étions une petite dizaine de spec- tateurs à avoir le privilège de découvrir le film. Privilège et chance également de déjeuner avec Karin Viard pendant près de deux heures après une séance photos avec la comédienne. Ouest-France, pour la sortie du film, avait choisi une lectrice et deux lecteurs du journal pour cette occasion unique. J’en étais ! « Lulu, femme nue » de Vendée
  • 30. 30 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Marie-Hélène et Catherine Breillat, elles ont fait carrière au cinéma, elles ont d’incontestables attaches dans le sud-Vendée Nom : Breillat. Prénoms : Marie-Hélène et Ca- therine. Ces deux soeurs reconnues, aux carrières différentes dans le cinéma français, ont des attaches vendéennes profondes, de vraies racines. La pre- mière est née à Talence (en 1947) et la deuxième à Bressuire (1948). Entre la Gironde et les Deux- Sèvres, leur père, le Docteur Marcel Breillat. Il fit ses premières études au collège François-Viète à Fonte- nay-le-Comte. Et il vint ensuite souvent en Vendée, dans le giron familial. Car la grand-mère, Claire Breillat, habitait rue Gaston Guillemet, à Fontenay- le-Comte. Et l’arrière-grand-mère était installée à Auzay. Rappelons que Marie-Hélène Breillat fut une merveilleuse Claudine dans les années 70 pour le pe- tit écran. On la vit aussi beaucoup au cinéma à une époque : dans Mourir d’aimer (1971) avec Annie Girardot ; La mandarine, avec à nouveau Annie Gi- rardot et Jean Rochefort (1972) ; aux côté de Pierre Clémenti dans L’ironie du sort (1974), d’Édouard Molinaro qui adaptait un roman de Paul Guimard (originaire de Loire-Atlantique) ; également aux cô- tés de Christopher Lee et Bernard Menez dans Dra- cula père et fils (1976). Incontestablement l’une des ingénues les plus séduisantes du cinéma français. Sa soeur Catherine est la réalisatrice du sulfureux mais admirable Romance en 1999, long métrage où l’héroïne, femme délaissée, entreprend une descente vers les méandres de ses fantasmes, film cru cassant les tabous sans jamais briser le filigrane du roman- tisme de l’action. Catherine fut également scénariste de La peau, de Liliana Cavani en 1981, mais aussi pour Et vogue le navire de Fellini en 1983, et Police, de Maurice Pialat en 1985. Excusez du peu ! PhilG Marie-Hélène Breillat Les filles du docteur Breillat, un Fontenaisien Catherine Breillat
  • 31. 31Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Notre chronique cinéma est parti- culièrement nourrie, avec un clin d’œil aux racines vendéennes des sœurs Breillat, avec la sortie de films tournés en Vendée (Lulu Femme nue, Monstrum) mais aussi Le géné- ral du Roy, tourné par Nina Com- paneez l’année dernière en Vendée, notamment en forêt de Grasla, à la Rabatelière et à la Chabotterie À cette occasion, nous diffusons l’interview du conseiller général de Saint-Fulgent (et maire de La Raba- telière) Wilfried Montassier Celui qui est aussi le président du Refuge de Grasla a été le principal interlocuteur vendéen de la met- teur en scène de ce divertissement historique tout a fait réussi Nina Companeez imprime son talent sur les Guerres de Vendée. On ne pensait pas que cette grande dame du ci- néma en avait « encore sous la semelle », tant elle avait réussi, pour la télévision, À la recherche du temps perdu, sans oublier le très populaire feuilleton des Dames de la côte. La télévision a été son moyen d’exprimer son art de la mise en scène, sa rigueur, son sens du détail, sa finesse. Celle qui fut la fille du scénariste Jacques Companeez a cependant dé- buté au cinéma, en 1972, avec le magnifique Faus- tine et le bel été, avec Muriel Catala, Isabelle Adjani, Jacques Marchall… Et, en 1974, le beaucoup moins réussi Colinot trousse-chemise, avec Brigitte Bardot dans son dernier rôle et Francis Huster, qui sera longtemps l’homme de sa vie. Aussi, Le général du Roy, diffusé en avant-pre- mière à La Roche-sur-Yon en décembre 2013, et à la télévision quelques semaines plus tard, est une réus- site confirmant le talent de cette femme de cinéma, qui a adapté une œuvre de Daphné du Maurier se déroulant durant la guerre civile en… Angleterre ! Et c’est peut-être la véritable originalité de ce film durant les Guerres de Vendée. Car ce long-métrage n’est pas un film de plus sur ce thème. Cette fille de parents russes et juifs qui fuiront la Révolution bol- chévique 1917, puis l’Allemagne d’Hitler en 1933, a ajouté son raisonnement parallèle à cette guerre Au cinéma, la Vendée civile, qu’elle considère comme une ombre sur la révolution. Tout en réalisant un divertissement in- telligent, malgré des moyens modestes (la Région Pays-de-Loire n’a pas participé à ce tournage). Avec également une belle distribution, Samuel Le Bihan en tête, et des rôles de femmes particulièrement émouvants, interprétés par Louise Monot et Sarah Biasini (la fille de Romy Schneider). PhilG Scène de repos entre deux prises. Nina Companeez, assise, refait le point avec Samuel Le Bihan Nina, fille de russes juifs, au travail, à La Rabatelière
  • 32. 32 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Vous avez apprécié l’adaptation d’un roman an- glais sur cette guerre civile de Vendée ? Transposer le roman de Daphné du Maurier comme elle l’a fait m’a bluffé. Nous ne sommes pas dans la caricature avec ce film, mais plutôt dans le mouvement populaire, le mouvement de liberté, de vivre aussi, et ça s’entend dans le film ! De toute façon, j’ai été bluffé par ce petit bout de femme de 75 ans, d’une belle vitalité physique, de la verdeur de son intelligence, de ses éclats plein de jeunesse, de sa gourmandise du savoir et de la vie. La Vendée l’a beaucoup aidée pour parvenir à ce résultat ? On s’est mis en quatre pour elle au conseil gé- néral, notamment en lui mettant à disposition des bâtiments à La Roche-sur-Yon, notamment pour la gestion des costumes. D’ailleurs, elle était exigeante sur la véracité des costumes. On lui a aussi mis, avec la communauté de communes de Saint-Fulgent, des locaux pour le casting. Beaucoup de bénévoles du Refuge de Grasla ont été recrutés, ainsi que d’autres, tous Vendéens. Là aussi, elle était exigeante, elle savait quelles « gueules » elle cherchait. Quant au tournage, le refuge de Grasla est un des lieux qui a le plus servi pour ce tournage, ainsi que La Rabate- lière, à la Chabotterie aussi, avec la scène d’initiation amoureuse dans un arbre… Je peux vous dire que tout l’argent de la production est à l’écran. Propos recueillis par PhilG « Sa transposition du roman de Daphné du Maurier m’a bluffé ! » Interview : Wilfried Montassier, conseiller général, président du refuge de Grasla Wilfried Montassier, avec-vous eu un contact pri- vilégié avec Nina Companeez ? Oui, car nous nous sommes beaucoup vu avant le premier coup de manivelle en avril 2013, dans le refuge de Grasla. Elle est venu à plusieurs reprises chez moi et je la cornaquais en Vendéen sur les lieux de tournage qu’elle envisageait. Nous avons eu de longues conversations, surtout sur son projet de film. Car elle restait extrêmement concentrée sur l’écriture du scénario, le nourrissait sans cesse. Nous avons évidemment beaucoup évoqué les Guerres de Vendée. Je puis vous assurer qu’elle était très docu- mentée. Elle avait un regard extérieur pertinent. Et singulier, surtout pas distancié. Car c’est aussi le re- gard d’une femme qui a connu les deux plus grandes terreurs du XXe siècle, en Union soviétique et en Al- lemagne. Nina Companeez tient le bras de Samuel Le Bihan qui tient la canne Wilfried Montassier tient la serviette ! Bruno Retailleau entre Sarah Biasini et Nina Compa- neez, lors de l’avant-première à la Roche-sur-Yon Louise Monot est à côté de Wilfried Montassier
  • 33. 33Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Aucinéma,laVendée Monstrum, au coeur des ténèbres Pas besoin d’un budget démesuré pour faire un bon film Avec 150 000 € et sans aide publique, le réalisateur indépendant vendéen Éric Dick signe son deuxième film Monstrum est un véritable petit bijou, sorti en janvier 2014, en première au cinéma le Club, à Challans, Monstrum raconte les derniers jours de Gilles de Rais à partir des minutes du pro- cès qui le conduira à la pendaison avec ses sinistres compagnons Accusé d’enlèvements, de meurtres d’enfants (entre 140 et 800 victimes selon les historiens), de pédophilie, de crimes divers et de commerce avec le diable, le Maréchal de France, ancien compagnon de Jeanne d’Arc, se livre à toutes les horreurs imagi- nables au fond des culs de basse fosse de ses châteaux de Machecoul, Champtocé, Pouzauges. On est loin du Gilles de Rais de la lumière des grandes épopées de la guerre de Cent ans. Dick explore avec sa camé- ra la part sombre de ce personnage fascinant. Toute la grandeur du film vient de ce huis-clos intime avec l’âme tourmentée d’un monstre qui commet les pires horreurs mais qui ne cesse jamais d’être un homme, un croyant, qui demande pardon à Dieu, conscient de ses crimes et incapables de se réfréner. Servi par un Cédric Spinassou éblouissant, quasi en état de grâce, le monstre touche en faisant horreur. Doté d’un casting d’acteurs remarquables, éclairé magnifiquement, porté par des choeurs de jeunes Vendéens, Monstrum, qui frôle par instant le thriller noir inspiré des romans noirs de MM Radcliffe et de Sade, pose la question de la liberté : libre d’agir sans frein, comme le fut Gilles, seigneur intouchable du royaume de France en 1440, jusqu’où l’homme peut-il aller dans l’horreur ? On touche l’indicible. Même l’Inquisiteur frémit. Oui, mais Gilles, Pro- méthée du mal, mystique fou, alcoolique pervers, cherche aussi quelque part la lumière, la grâce. Éric Dick, originaire de Challans, réussit ce tour de force de nous faire entrer comme un scanner dans le cerveau malade de Gilles. Il filme à ras les visages, dans les châteaux de Sigournais, Saint-Mes- min et Machecoul, dans une pénombre savante de torches grésillantes et de souterrains lugubres (ceux de Petosse), pour la confrontation ultime avec le Créateur. Gilles avoue, se repent. La lumière trem- blotante du salut éclaire comme une lune pâle l’in- sondable noirceur de Barbe-Bleue. Marc Lambrechts Tourné en 2013, ce film est signé Érick Dick (à gauche), avec à ses côtés Cédric Spinassou, qui joue Gilles Éric Maillet, Carmelo Carpetino, Didier Brice, Jacques Raveleau-Duparc et Christian Van Tomme font aussi partie de la distribution Monstrum frôle par instant le thriller le plus noir. La force de ce long-métrage est son huis-clos intime
  • 34. 34 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Ragon, « ma » conscience politique pour 0,20 €… Un jour d’été de l’année dernière, j’étais à Paris, boulevard Saint-Michel. Boul’Mich, qu’on dit, là où de nombreux libraires proposent, sur le trottoir, devant leur vitrine, des livres d’occasion à des prix imbattables : 0,20 euros C’est fou, non ! Mais on a beau aimer lire, on ne peut tout lire et les livres s’accumulent sur nos rayons, tapissant les murs du domicile, sans parler de ceux qu’il faut monter au grenier parce qu’on se refuse à les vendre ou les donner. Comme si posséder un livre était aussi précieux que de le lire (quand on le lit !), vaste débat… Aussi, ce jour-là, pour ne pas céder à la tentation, je m’éloignai du trottoir et regardai ces rayonnages de livres d’occase de plus loin, certain d’échapper à ma drogue favorite. Lorsque je le vis ! J’ai certes une bonne vue, mais distinguer un livre parmi des milliers d’autres sur le Boul’Mich, c’est l’étrange aventure qui m’est arrivée ce jour d’été là. Ce livre dépassait le format de poche et avait une couverture bleu pâle. Le visage de femme qui l’illustre aussi. Oui, c’est bien La louve de Mer- vent, de Michel Ragon, chez Albin Michel, qui me rapproche de ce bac. Je m’en saisis, paye 0,20 euros dans la boutique et… je lis ! Sur une terrasse enso- leillée de ce boulevard, peut-être au même endroit ou le poète bachique Raoul Ponchon, né à la Roche- sur-Yon, venait régulièrement y boire autre chose que du café, jusqu’à la fin des années trente. J’ai toujours aimé lire Ragon. Ses trois meilleures œuvres (L’accent de ma mère, les mouchoirs rouges de Cholet, La mémoire des vaincus) devraient être lues par tous les Vendéens ! Sans oublier les autres… Je dois à l’auteur aux origines fontenaisiennes d’avoir élaboré « ma » conscience politique, ni plus ni moins, avec son histoire romancée de l’anarchie li- bertaire dans La mémoire des vaincus. Ce livre (en poche), que j’ai relu deux autres fois sur quinze ans, fait partie de mon top 10 ! Mais je n’avais jamais pris le temps de m’attaquer à La louve de Mervent. J’ai commencé boul’Mich. Et j’ai terminé quelques jours plus tard cette épo- pée de 1832, la dernière des Guerres de Vendée, pas celle de la Duchesse de Berry, mais celle du fils des Dôchagne (personnage emblématique dans Les mouchoirs rouges de Cholet) et de Louison, impres- sionnant portrait de femme (celle de la couverture) et de toute une bande de gueux clandestins qui en feront voir aux sbires de Louis-Philippe dans une lutte oubliée des historiens, même vendéens. Merveilleux Ragon ! Où la lecture qui dissipe tout chagrin, vous réconcilie avec les paysages et l’air que vous respirez, vous donne du grain à moudre sans en avoir l’air, vous laisse une trace dans la ré- flexion. Ragon est le seul Vendéen que j’avais jusqu’à pré- sent déniché dans les bacs du boul’Mich. Ce même été, quand je suis arrivé à Toulouse, les bouquinistes envahissaient la place du Capitole. Je cherchais du Ragon, parmi des piles où l’ouvrage pouvait varier de 1 à 5 euros. Pas de Ragon, pas d’autre Vendéen… Mais en cherchant bien, je trouvais : Le Simenon ou la condition humaine, du juge Gallot, et Le roman
  • 35. 35Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 LachroniquedupèrePhilibert d’un rebelle, de Gilbert Prouteau. L’un et l’autre avaient leur cote : 10 euros chacun ! J’ai poursuivi mes vacances, à Evau- les-Bains, dans le plus grand hôtel du département de la Creuse, là-même où George Sand venait se prélasser. Dans leur bibliothèque, encore un Vendéen : Viol- lier, avec La Malvoisine, réédité chez Laf- font. Un de mes préférés du gars de Châ- teau-Fromage ! Enfin, quand je me suis retrouvé à l’hôtel Ibis, à Lausanne, chez nos amis suisses et francophones, la bibliothèque de l’hôtel ne comportait aucun écrivain vendéen, mais un Corrézien : Claude Michelet ! Celui qui avait présidé le salon de Grasla, quelques jours auparavant, en juillet 2013. Ce livre était un de ses plus récents : Ils attendaient l’aurore (Robert- Laffont). Peut-être le meilleur livre du fils du ministre résistant gaulliste, Edmond Michelet, que Claude a vu se faire arrê- ter par la Gestapo. En tout cas, son père aurait été fier de cet ouvrage et de son fils, plus encore que Des grives aux loups qui a fait sa gloire. Puis, je suis revenu à Paris et, mu par l’instinct, je suis retourné Boul’Mich en me disant que le jour où je trouverais un de mes livres ici, à 0, 20 euros, je serais un grand écrivain ! Je me contenterais même de retrouver un de mes livres sur un vide- grenier du pays maraîchin pour flatter ma vanité ! Je suis retourné à hauteur du bac et de la librairie où j’avais découvert La louve de Mervent. À l’intérieur, au pre- mier étage, j’ai alors dé- couvert, une curiosité de Ragon, Drôles de voyages, qu’il avait écrit en 1953 (publié par Albin Mi- chel), car l’autodidacte vendéen (90 ans cette année) qui fut bouqui- niste, a écrit tôt et beau- coup, dès les années cin- quante. Et cette fois-ci, moi qui ai tant voyagé et m’en vante beaucoup, suis à nouveau tombé en extase. Ragon, par son style déjà fluide, est aussi un routard avant l’heure. Il raconte, sac au dos, l’Alle- magne après la guerre, le Danemark, l’Angleterre et son exquise amie Penny, la Yougoslavie… C’est fabuleux ! Oh, le livre était un peu fati- gué je ne l’ai pas payé trop cher : 7 euros ! car dans le magasin, il n’y a plus de livres à 0,20 euro. Mais Drôles de voyages est aussi rentré dans mon top 10. Quel été ! PhilG
  • 36. 36 Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015 Agora, la Roche sur Yon Va, cours, vole et prends ton livre ! Agora, incontournable en Vendée ! 22 personnes animent cette librairie phare de la Vendée Des professionnels résolument tournés vers tout ce qui bouge et... aux valeurs traditionnelles de la librairie en attachant un intérêt tout particulier aux auteurs vendéens : le rayon Régionalisme, fer de lance de la librairie, avec Étienne Froger et Marie- Odile Perrocheau Valeurs traditionnelles ? Votre premier « stylo », vous le trouverez dans le rayon papeterie au sous-sol avec des articles de qualité, un domaine réservé aux mains habiles, des cartes pour toutes occasions... Papeterie, d’accord, cela ne se trouve pas partout et vous avez le meilleur choix à Agora mais c’est sur- tout la librairie qui nous intéresse et dans un ma- gasin qui donne maintenant à la fois sur la rue des Sables et la rue La Fayette, avec plus de 1200 m2 à votre disposition vous devriez trouver tout ce que vous voulez ! Vous le trouverez, bien sûr, mais vous auriez dû le chercher d’abord sur le site internet www.librai- rie-agora.com, parmi tous les ouvrages existants (plus d’un million de références !), où vous auriez aussi pu consulter les résumés des livres, donner votre avis sur vos lectures, réserver ou commander avant de re- tirer vos livres à Agora. N’oubliez pas non plus notre page Facebook, http://fzcebook.com/agoralaroche. Bravo ! facile le site internet ! et le libraire alors ? Pourquoi 22 per- sonnes, des professionnels qualifiés ? Pour livrer les livres ? Bien sûr, ce que l’on recherche à Agora après son premier stylo, c’est le conseil et la nouveauté parmi les rayons où s’étalent à foison les derniers Prix lit- téraires, les meilleurs romans, les livres d’art avec les « Poche », le rayon Jeunesse, livres et albums pour enfants, bandes dessinées, et une documentation complète sur tous les pays du monde ! avec même France-Loisirs ! ...mais un site internet, Facebook, il faut aussi du monde pour s’en occuper, si vous voulez vous y retrouver ! Les auteurs, Le plus remarquable, le plus recherché et la fierté d’Agora, c’est la rencontre avec les auteurs et surtout les auteurs vendéens. En effet, les Vendéens, mais pas que... Les auteurs célèbres, les people, vous pouvez les rencontrer à Agora en de nombreuses séances de dédicace, mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont