SlideShare ist ein Scribd-Unternehmen logo
1 von 155
Downloaden Sie, um offline zu lesen
Investir en Méditerranée

ETUDE N° 63 / Novembre 2012

Promotion de l’innovation en
Méditerranée
Etude sur les profils et attentes des incubateurs,
technopĂ´les et centres de valorisation
Promotion
de l’innovation
en Méditerranée
Profils et attentes des incubateurs,
technopĂ´les et centres de valorisation
E t u d e

N ° 6 3

Novembre 2012

ANIMA Investment Network
SĂ©bastien Dagault, Amina Ziane-Cherif,
Arturo Menendez
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Références
Ce rapport a été préparé par l’équipe ANIMA, en coordination avec MIRA,
dans le cadre du programme IT1.
Le programme IT1 est une initiative du Centre de Marseille pour
l’intégration en Méditerranée (CMI), coordonnée par la Banque Européenne
d’Investissement (BEI). Il porte sur l’accompagnement de la promotion et du
financement de l’innovation en Méditerranée. Son objectif est de contribuer à
l’augmentation du flux de projets innovants dans la région et de renforcer la
chaîne de l’innovation, dès la phase amont du cycle de vie d’un projet
jusqu’au stade final du financement. Plus d’informations sur
www.cmimarseille.org.
ANIMA Investment Network est une plateforme multi-pays de
développement économique de la Méditerranée. L’objectif d’ANIMA est de
contribuer à construire un meilleur environnement des affaires et à accroître
les flux d’investissement en Méditerranée. Plus d’information sur
www.anima.coop.
MIRA (Mediterranean Innovation and Research coordination Action) est un
projet mené par la DG Recherche de la Commission européenne dans le
cadre du 7ème Programme-cadre de recherche et de développement
(PCRD). Il vise à créer une plateforme de dialogue euro-méditerranéenne en
vue de promouvoir la coopération en science et technologie. Plus
d’information sur www.miraproject.eu.
ISBN 2-915719-39-X
© ANIMA 2012. Reproduction interdite sans autorisation expresse. Tous
droits réservés.

2
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Auteurs
Etude réalisée par Sébastien Dagault et Amina Ziane-Cherif, en
collaboration avec Arturo Menendez (FundaciĂłn Madri+D, partenaire du
projet MIRA), avec des contributions de Zoé Luçon (appui méthodologique),
Emmanuel Noutary (propositions et recommandations), Manal Tabet
(acteurs financiers et fonds d’investissement), Samir Abdelkrim (diasporas,
cas d’étude ASI). Traduction vers l'anglais de Sharon Benmussa
(Transitwrite).
Les personnes ayant participé aux entretiens et à l’enquête sur les acteurs de
l’innovation sont chaleureusement remerciées de leur temps et de leurs idées
qui ont permis d’enrichir les réflexions développées dans cette étude. Merci
également à toutes les personnes qui ont contribué à illustrer cette étude
d’exemples concrets.
ANIMA et tous les partenaires impliqués ne peuvent être tenus responsables
des données fournies. Toute erreur ou imprécision mérite d’être signalée à
info@anima.coop. ANIMA est intéressé par vos commentaires, compléments
d’information et mises à jour. Merci.

A qui s’adresse cette étude ?
Cette étude s’adresse en priorité aux acteurs clés de l’innovation en
Méditerranée et dans l’Union européenne :


entrepreneurs, responsables innovation au sein des PME ou grands
groupes, chercheurs porteurs de projets d’innovation, souhaitant
identifier des interfaces, partenaires et points d’ancrage ;



acteurs intermédiaires de la promotion de l’innovation en Méditerranée
(technopôles, incubateurs, pépinières, réseaux d’entrepreneurs),
souhaitant Ă©changer sur des bonnes pratiques et actions communes ;



organisations gouvernementales (Ministères, agences de l’innovation) et
non-gouvernementales qui soutiennent des actions de transfert
technologique et d’entrepreneuriat innovant et souhaitent une meilleure
synergie avec des programmes existants ;



institutions financières publiques (bailleurs de fonds) et privées (fonds
d’investissement, banques, capitaux-risqueurs) qui y sont associées.

3
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Acronymes


AFD : Agence Française de Développement




ANIMA : Réseau euro-méditerranéen d’acteurs du développement économique
ANIMA-MIPO : Observatoire des annonces d’investissement et de
partenariat en Méditerranée




API : Agence de Promotion de l’Investissement
BA : Business Angel




BEI : Banque européenne d’investissement
CMI : Centre pour l’intégration Méditerranéen (Marseille). Marseille
Center for Mediterranean Integration




CRM : Centres de recherches Méditerranéens
EBN : European Business & Innovation Centre Network




ERA : European Research Area
GIZ : entreprise de coopération internationale pour le développement
durable (Allemagne)
IDE : Investissement direct Ă©tranger







IT1 : Programme d’appui à l’innovation en Méditerranée développé dans
le cadre du Centre de Marseille pour l'Intégration en Méditerranée (CMI)
MED : Ensemble de 11 pays du voisinage européen, soit 9 pays
partenaires méditerranéens de l'UE, 1 pays avec le statut d’observateur
(Libye) et 1 pays en voie d’adhésion, la Turquie
MENA : Middle East - North Africa = MED + Mauritanie, Soudan, pays
du GCC + YĂ©men, Iran, Irak, Afghanistan, Pakistan




MIRA : Mediterranean Innovation and Research Coordination Action
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques




OCEMO : Office de Coopération Economique pour la Méditerranée et l'Orient
OTT : Office de transfert de technologie



PCRD : Programme cadre de Recherche et DĂ©veloppement, principal
outil de financement de projets de recherche et innovation de la
Commission européenne




PME : Petites et moyennes entreprises
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication




TPE : Très petites entreprises
UE : Union européenne



WIPO : The World Intellectual Property Organization

4
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Table des matières
Synthèse .............................................................................................. 11
Introduction et cadre de l’étude ......................................................... 21
Introduction ................................................................................................................ 21
Positionnement........................................................................................................... 22
Innovation technologique et non technologique…....................................................................22
… dans sa rencontre avec le marché...............................................................................................23
Structures, acteurs et pays ciblés ......................................................................................................24

MĂ©thodologie.............................................................................................................. 25
Moyens mis en Ĺ“uvre.........................................................................................................................25
Démarche et structure de l’étude.....................................................................................................26

Etat des lieux : acteurs et politiques de l’innovation en
Méditerranée ....................................................................................... 27
Une recherche et développement très majoritairement portée par le
secteur public .............................................................................................................. 27
Universités et centres de recherche .................................................................................................27
Faiblesse des moyens de recherche.................................................................................................28
Publications et brevets – quels résultats ?......................................................................................30

Le secteur privé encore peu engagé dans l’innovation ....................................... 31
Faiblesse des dépenses de R&D privées........................................................................................31
Pratiques d’innovation au sein des entreprises MED ...............................................................33
Le rôle clé des entreprises étrangères .............................................................................................34
Financement d'amorçage et de démarrage : capital risque et business angels ..................36

Le rĂ´le de catalyseur des politiques nationales et internationales .................... 38
Emergence de politiques d’appui à la promotion de l’innovation ........................................38
Le rôle clé de la Commission européenne ....................................................................................42
Autres acteurs clés internationaux ..................................................................................................46

Profil des structures d’appui à l’innovation : technopôles,
incubateurs et centres de valorisation ............................................... 49
Le développement des territoires innovants : les technopôles .......................... 49
Les technopôles, carrefours de l’innovation .................................................................................49
Panorama ................................................................................................................................................51
Positionnement sectoriel.....................................................................................................................55

5
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Gouvernance, mode de financement et choix budgétaires......................................................56
Services : une offre inégale .................................................................................................................59
Ecosystème .............................................................................................................................................61

La promotion de l’entrepreneuriat : les incubateurs ........................................... 64
Typologie : incubateurs, pépinières et accélérateurs d’innovation........................................64
Panorama ................................................................................................................................................65
Positionnement sectoriel.....................................................................................................................67
Gouvernance, autonomie budgétaire et moyens humains .....................................................68
Services ....................................................................................................................................................70

La valorisation de la recherche : les centres de transfert de
technologies au sein des universités et centres R&D........................................... 72
Le processus de valorisation de la recherche ...............................................................................72
Panorama ................................................................................................................................................74
Positionnement sectoriel.....................................................................................................................82
Gouvernance et services .....................................................................................................................82
Ecosystème : coopération avec le secteur privé ...........................................................................83

Dynamiques et partenariats d’innovation en Méditerranée :
quelles difficultés et opportunités ? ................................................... 85
Aspects culturels et humains : freins et opportunités ......................................... 87
Des freins culturels à la coopération ...............................................................................................87
Le manque de formation des managers de l’innovation..........................................................89
Révolutions et esprit d’entrepreneuriat .........................................................................................90

Un cadre administratif, réglementaire et financier peu incitatif mais
en Ă©volution ................................................................................................................ 96
Vers un meilleur accompagnement des chercheurs entrepreneurs ?...................................96
Une politique de propriété intellectuelle en construction ........................................................97
Faiblesse des outils de financement d’amorçage ........................................................................98

Aspects opérationnels : du lancement à la vente d’un projet
d’innovation................................................................................................................ 101
Conception d’un projet d’innovation .............................................................................................102
Mise en œuvre d’un projet d’innovation : des équipes trop techniques et
isolées .......................................................................................................................................................105
Promotion et vente d’un projet d’innovation...............................................................................106

Problématiques de coordination et de gouvernance ........................................... 109
A l’échelle des politiques nationales ...............................................................................................109
Vers des partenariats public-privé ? ...............................................................................................111
Au niveau euro-méditerranéen et international .........................................................................115
En résumé, analyse SWOT (forces, faiblesses, menaces et opportunités) ...........................118
6
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Recommandations............................................................................... 119
Mobiliser les communautés de l’innovation (2012-2013).................................... 120
MedIn 2.0 : une plateforme de promotion et de collaboration en ligne ...............................120
4 task forces sectorielles régionales..................................................................................................122

Mutualiser des actions à l’échelle transnationale (2013-2015)............................ 125
Des FormActions ..................................................................................................................................125
Des services de veille ...........................................................................................................................127
Des actions de promotion et de prospection ................................................................................128

Mettre en place une continuité euro-méditerranéenne des services
d’appui à l’innovation (2013-2020) ......................................................................... 130
Business développement à l’international ....................................................................................131
Parrainage et accompagnement managérial................................................................................132
Financement d’amorçage...................................................................................................................133
Prototypage de projets d’innovation ..............................................................................................134

Faire Ă©voluer la gouvernance pour appuyer des dynamiques
d’innovation à long terme (2013-2020) ................................................................... 136
DĂ©velopper une culture entrepreneuriale au sein des technopĂ´les,
incubateurs, centres de valorisation................................................................................................136
A l’échelle des pays : coordonner politiques d’attractivité, politiques
industrielles et d’innovation en lien avec le secteur privé........................................................137
A l’échelle transnationale : favoriser la mobilité des innovateurs..........................................138

Bibliographie ....................................................................................... 141
Annexes ............................................................................................... 145
Annexe 1 : liste des personnes interviewées ......................................................... 145
Annexe 2 : questionnaire distribué aux acteurs de l’innovation ....................... 150

7
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Liste des figures
Figure 1 : innovation provenant des entreprises étrangères- en nombre
de projets sur 545 projets d’innovation .............................................................. 35
Figure 2 : IDE et partenariats innovants par région d’origine et pays de
destination ............................................................................................................. 36
Figure 3 : cartographie des technopĂ´les dans les pays MED .......................... 51
Figure 4 : positionnement sectoriel des technopĂ´les dans les pays MED ..... 55
Figure 5 : processus et étapes d’incubation ....................................................... 64
Figure 6 : cartographie des incubateurs dans les pays MED .......................... 65
Figure 7 : positionnement sectoriel des incubateurs dans les pays MED...... 67
Figure 8 : processus de valorisation des résultats de la recherche ................. 73
Figure 9 : début des activités de valorisation .................................................... 74
Figure 10 : cartographie des centres de valorisation dans les pays MED ..... 75
Figure 11 : positionnement sectoriel des centres de valorisation de la
recherche ................................................................................................................ 82
Figure 12 : utilisateurs des services de valorisation ......................................... 83
Figure 13 : types de collaboration recherche-industrie dans le transfert de
technologie ............................................................................................................. 84
Figure 14 : facteurs à l’origine d’établissement de liens universitéindustrie ................................................................................................................. 84
Figure 15 : dynamique de l’innovation en réseau ............................................ 85
Figure 16 : étapes d’un projet d’innovation .................................................... 102
Figure 17 : l’innovation en Méditerranée, analyse SWOT ............................. 118

8
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Table des cas d’études
Cas d’étude n°1 : Technopole -BiotechPole Sidi Thabet (Tunisie).................. 57
Cas d’étude n°2 : Technopole HSC - El Hassan Business Park (Jordanie) .... 60
Cas d’étude n°3 : Berytech (Liban) ...................................................................... 68
Cas d’étude n°4 : T.I.E.C (Egypte) ...................................................................... 71
Cas d’étude n°5 : Unité de Développement de la Technologie du Silicium
-UDTS (Algérie) .................................................................................................... 76
Cas d’étude n°6 : Grants, Innovation & Technology Transfer Center –
GITTC (University of Alexandria, Egypte) ....................................................... 77
Cas d’étude n°7 : Intellectual Property Commercialization Office -IPCO
(Jordanie) ............................................................................................................... 79
Cas d’étude n°8 : Centre de Recherches et des Technologies des Eaux - CERTE
(Tunisie) .................................................................................................................. 81
Cas d’étude n°9 : Algerian Start-up Initiative –ASI (Algérie) ......................... 93
Cas d’étude n°10 : Technopark (Casablanca, Maroc) ..................................... 100
Cas d’étude n°11 : Soft Centre (Rabat, Maroc) ................................................ 104
Cas d’étude n°12 : Pôle de compétitivité Monastir-El Fejja - Mfcpole
(Tunisie) ............................................................................................................... 107
Cas d’étude n°13 : PICTI (Palestine)................................................................. 112

9
Synthèse
Le développement des économies de l’innovation est, plus que jamais en
période de crise, une course à la compétitivité engagée par quasiment tous
les pays, dans le but de créer de la valeur ajoutée et de générer des emplois à
long terme.
L’essor d’activités industrielles d’avenir dans des domaines d’excellence, le
pari sur l’entrepreneuriat et la création de futurs champions économiques,
l’attraction d’investissements étrangers sur des activités haut de gamme,
l’insertion dans les flux mondiaux d’échanges de connaissance par la
promotion de technopôles et de vitrines d’innovation sont autant de
priorités de développement pour tous, et pour les pays MED notamment.
Pourtant, face à ces enjeux, un décrochage des pays du bassin
méditerranéen se dessine à plusieurs niveaux : problèmes de masse
critique des investissements et équipements, manque de visibilité
internationale, faibles performances de la valorisation de la recherche et
difficulté à mettre en place des partenariats public-privé.
L’étude Promotion de l’innovation en Méditerranée s’appuie sur un travail
de terrain, un recensement des programmes existants, des ateliers avec les
« acteurs méditerranéens du changement » pour proposer un état des lieux
des écosystèmes de l’innovation qui se développent au sud de la
Méditerranée.
Trois types de structures d’appui à l’innovation sont ciblés : technopôles,
incubateurs et centres de valorisation. 7 pays MED sont concernés : Algérie,
Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie.
Au-delà des analyses macro-économiques, l’ambition de cette étude est de
proposer des éléments clés pour l’émergence de nouvelles dynamiques de
développement de l’innovation en Méditerranée : mise en valeur des bonnes
pratiques, identification et implication d’acteurs moteurs et mise en réseau
de communautés et pôles d’innovation à l’échelle régionale.
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Etat des lieux : acteurs et politiques de l’innovation en
Méditerranée
Les activités de recherche et développement (R&D) en Méditerranée sont
très largement concentrés dans les centres de recherche et universités
publiques (plus de 90%, contre 54% en moyenne dans l’Union européenne).
Les investissements en R&D représentent des montants faibles comparés aux
moyennes internationales : entre 0,2% et 0,7% du PIB dans les pays MED
(excepté la Tunisie avec environ 1%), contre près de 2% en Europe.
D’une manière générale, il existe un manque significatif de moyens
(chercheurs, équipements) et une faible efficacité des systèmes
d’innovation en Méditerranée, que ce soit en termes de vision stratégique,
d’excellence de la recherche, de visibilité internationale, de valorisation des
publications et des brevets, ou d’environnement de l’innovation. Les pays
MED sont par ailleurs tous affectés par un phénomène de fuite des cerveaux.
Il existe cependant des différences entre certains pays : les performances de
la Jordanie ou de la Tunisie sont proches ou supérieures à celles de l’Europe
du Sud (France ou Italie par exemple), tandis que l’Algérie est en retard sur
quasiment tous les tableaux.
Le secteur privé est encore relativement peu engagé dans l’innovation
mais traverse une phase de profonde mutation, avec notamment l’arrivée
d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et de PME innovantes, le
développement d’une industrie du capital risque, l’implication croissante de
grands groupes et la multiplication de programmes d’appui à la promotion
de l’innovation à l’échelle nationale et internationale.
Profils des acteurs clés de l’innovation en Méditerranée
Types
d’acteurs

Profil

Focus
innovation

Attentes

Interfaces/
international

TPE/PME
traditionnelles

Structures
informelles
Management
familial

Low tech
Services
Agro

Management
de l’innovation
Formalisation
d’offres

Chambres de
commerce
Fédérations
Clusters
locaux

12
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Types
d’acteurs

Profil

Focus
innovation

Attentes

Interfaces/
international

Start-ups/
nouvelles
PME

Forte
innovation
Equipes
internationales

Mid tech
Services
High tech

Coaching
Financement
d’amorçage
Accès aux
marchés
locaux et
mondiaux

Grands
groupes
locaux /
internationaux

Position
dominante
dans l’innovation
Faible
interaction
avec les
réseaux
locaux

Infrastructures
Energie
Banque
Telecoms

Sourcing de
talents
Promotion de
produits
Partenariats
R&D

High Tech
Environnement
Agro
Santé
TIC

Marketing
Meilleure
gouvernance
Cofinancement et
partenariats
public-privé

Programmes
d’appui
Internationaux
Centres de
valorisation

Biens de
consommation
Infrastructures
Services
High Tech

Sourcing de
projets
Baisse des
coûts de due
diligence
RĂ©seaux de
coaching

RĂ©seaux de
business
angels
Fonds de
capital risque
régionaux

Universités
et centres
R&D
publics

Acteurs
financiers

Faibles
moyens de
recherche
Manque de
visibilité sur
les domaines
d’excellence
Fuite des
cerveaux
Fort
développement du
capital risque
depuis 10 ans
Timide
Ă©mergence de
business angels

Clusters
innovants
Compétitions
de business
plans
Incubateurs,
technopĂ´les
Fédérations
professionnelles
Clusters
innovants
Agences
gouvernementales
et/ou de
promotion

13
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Profil des structures d’appui à l’innovation : technopôles,
incubateurs et centres de valorisation
L’étude de ces trois types de structures permet d’éclairer différents enjeux
liés à la promotion de l’innovation en Méditerranée :


les technopôles sont au cœur des politiques d’attractivité des
territoires en Méditerranée et de la question des synergies entre
acteurs publics et privés dans l’innovation ;



les incubateurs sont face Ă  la question de la place du financement
de l’innovation et de l’implication des grandes entreprises dans les
écosystèmes d’innovation ;



les centres de valorisation de la recherche posent la question de la
gouvernance publique et de l’adéquation entre recherche publique
et besoin du marché.

41 projets de technopôles, réalisés ou annoncés ont été recensés dans les 7
pays MED ciblés par l’étude. Près des 3/4 ont été créés après 2005,
majoritairement concentrés en Tunisie (12) et au Maroc (9). Souvent éloignés
des centres villes, ils pâtissent de la faiblesse des écosystèmes locaux et d’un
manque de taille critique (manque d’entreprises et centres de recherche). Les
technopôles sont positionnés majoritairement dans le secteur des TIC (36%).
Le secteur de l’agroalimentaire est également bien représenté (18%).
90 incubateurs ont été identifiés, dont la moitié au Maroc et en Tunisie. Ils
sont répartis en trois catégories : les incubateurs universitaires traditionnels
(peu actifs), les pépinières (axées sur des services d’accompagnement
administratif), et les accélérateurs d’innovation (durée d’accompagnement
réduite, proximité avec les réseaux financiers). Une majorité des incubateurs
(53%) est multisectorielle. Plus d’un tiers (37%) cible en priorité les TIC.
Plus de 50 centres de valorisation des résultats de la recherche ont été
répertoriés dans les pays MED. Ils sont aussi très récents (80% ont été créés
après 2008) et n’ont généralement pas de structure ou d’équipes dédiées à
plein temps. Ils se concentrent principalement en Egypte (14 centres
identifiés) et en Algérie (13). Les services fournis sont généralement destinés
à des équipes internes (chercheurs, étudiants) et peu tournés vers
l’entreprise et l’international. Un quart seulement des centres de valorisation
cible un secteur précis comme l’agronomie, les biotechnologies ou la santé.

14
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Dynamiques
et
partenariats
d’innovation
Méditerranée : quelles difficultés et opportunités ?

en

Dans un contexte où l’innovation se construit de plus en plus en réseau et à
l’échelle internationale, de manière ouverte et autour d’écosystèmes
d’innovation, le manque de proximité et de confiance entre acteurs privés
et publics, la rigidité des cadres administratifs, le manque de formation
des managers de l’innovation et les problèmes de gouvernance sont autant
d’obstacles majeurs au développement de dynamiques d’innovation dans les
pays MED.
Pourtant, de nouvelles dynamiques sont à l’œuvre, comme le
développement récent d’une culture de l’entrepreneuriat en Méditerranée,
ou encore la mise en œuvre de partenariats Sud-Sud entre acteurs clés de
l’innovation. Les pays MED disposent de leviers intéressants pour
dynamiser leurs systèmes d’innovation, comme le recours aux marchés
publics ou la mise à contribution de leurs talents expatriés ou issus de la
diaspora, et qui souhaitent s’impliquer pour leurs pays d’origine.
Forces

Faiblesses

 Secteurs innovants en forte croissance  Culture
de
l’innovation
peu
(TIC, Tourisme et services, agro- développée
industrie, Santé)
 Manque de confiance et de proximité
 Talents de la Diaspora en Europe, US entre acteurs publics et privés
et pays du Golfe
 Faible lisibilité et visibilité à l’échelle
 Success stories et modèles à suivre

internationale
 Cadre réglementaire rigide
 Peu de fonds d’amorçage

Menaces
 Décrochage par rapport aux flux 
mondiaux
de
connaissance
et 
d’investissement

 Sous-investissement et dispersion des
moyens

Opportunités
Envie d’entreprendre
Effet de levier des marchés publics
Nouveaux acteurs clés (grands
groupes, business angels) souhaitant
s’impliquer

 Crise et baisse des investissements  Nouvelles politiques d’innovation
directs Ă©trangers
 Vers des partenariats Sud-Sud ?

15
Promotion de l’innovation en Méditerranée

12 propositions d’actions à l’échelle régionale :
Plusieurs arguments jouent en faveur d’actions à l’échelle euroméditerranéenne : la mutualisation de moyens pour l’instant trop modestes
au nord comme au sud de la Méditerranée, la recherche de synergies autour
de problématiques et de domaines d’expertises communs (mobilité, gestion
de l’eau ou développement urbain par exemple) et la possibilité de
s’appuyer sur les nombreux talents souhaitant développer des projets
innovants entre Europe et Méditerranée.
Les propositions qui suivent répondent à des problématiques de terrain et
recherchent les synergies avec les politiques et programmes existants. Elles
associent les acteurs de l’innovation autour de 4 étapes de mise en œuvre
(voir tableau) :
A court terme, un plan de mobilisation à l’échelle régionale (priorités,
acteurs, moyens d’activation, leviers) ; propositions 1 et 2.
A moyen terme, des propositions d’outils à mutualiser pour créer des effets
de masse critique et des synergies entre acteurs de l’innovation en
Méditerranée ; propositions 3, 4 et 5.
A plus long terme, la coordination de dispositifs nationaux afin d’offrir aux
innovateurs évoluant dans la région euro-méditerranéenne une continuité
de service ; propositions 6, 7, 8 et 9.
En parallèle, un appui à la gouvernance de l’innovation est proposé à
différents niveaux pour mobiliser des acteurs clé autour de dynamiques
d’innovation à long terme ; propositions 10, 11 et 12.

16
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Propositions

Une plateforme de
promotion et de
collaboration en
ligne (MedIn 2.0)

4 task forces
sectorielles
régionales

Quoi ?

Comment ?

-Annuaire acteurs
-BD 100 technologies
clés
-Chaînes de valeurs et
domaines d’innovations
prioritaires en
Méditerranée
-Outils promotionnels
(vidéos, success stories)
Economie verte
Agro-industrie
TIC
Tourisme durable et
services

S’appuyer sur les travaux
d’animation et mapping
du groupe IT1.
Décentraliser l’animation
de la plateforme.
Coordination avec
programmes d’innovation
nationaux, PCRD et
compétitions régionales
Task forces associant 5
types d’acteurs autour
d’objectifs et plan
d’actions régionaux

Programme de
formations

4 thèmes prioritaires :
financement, promotion
et transfert de
technologie,
communication, gestion
de la propriété
intellectuelle

Autour de cas d’études en
réunissant les acteurs de
l’accompagnement, de
l’environnement et du
marché. En synergie avec
ce qui existe déjà en
termes de formation au
niveau de chaque pays

Services de veille

Alertes et news
sectorielles sur des
opportunités de marché,
des innovations et
technologies et des
opportunités de
coopération

Partenariats avec des
médias spécialisés,
plateformes de veille
institutionnelle,
laboratoires publics ou
grands groupes

Actions de
promotion et de
prospection

Des « Pavillons
Méditerranée » dans des
foires internationales :
stands, ateliers de
promotion

Utiliser les talents de la
diaspora (communautés
d’ambassadeurs),
mobiliser des sponsors
privés sur des actions
récurrentes et long terme

17
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Propositions

Quoi ?

Comment ?

Business
développement
international

Des « comptoirs
Méditerranée » dans des
territoires cibles,
mobilisant des tĂŞtes de
réseau, des co-working
spaces et services
d’étude de marchés
low-cost

Cibler des territoires
spécifiques : capitales
européennes, pays du
Golfe et USA

Parrainage et
accompagnement
managérial

Des groupes de
mentoring sectoriels Ă 
dimension régionale

Donner une dimension
régionale à des
programmes existants.
Associer des grands
groupes

Financement
d’amorçage

Prototypage de
projets
d’innovation

DĂ©velopper une
culture
entrepreneuriale au
sein des pĂ´les
d’innovation

18

Une facilité pour le
financement de
l’amorçage en
Méditerranée: sourcing
de projets, appui au cofinancement, fonds
régional de coinvestissement
Une mise en réseau de
plateformes de
prototypage et preuve
de concept (living labs)
à l’échelle euroméditerranéenne.
Des outils d’appui à
l’émergence de projets
(prêt d’honneur et
accompagnement) et
une assistance aux
meilleurs projets
d’innovation

Mettre en place un comité
d’experts, comité
d’engagement et équipe
d’animation

Impliquer des grands
groupes dans le
sponsoring de ces
plateformes. Se connecter
aux réseaux de living labs
européens
Organiser des
compétitions de business
plans et créer une
Ă©mulation autour des
fonds proposés.
Mesurer l’impact de ces
fonds et intéresser le
personnel des structures
d’appui aux résultats
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Propositions
Coordonner les
politiques
d’attractivité,
politiques
industrielles et
d’innovation

A l’échelle
transnationale :
favoriser la mobilité
des innovateurs

Quoi ?
Structurer et mettre en
réseau au niveau
stratégique des comités
d’orientation de
politiques d’appui à
l’entreprise et au niveau
opérationnel des
guichets uniques de
l’innovation.
Des bourses Mobilité
Innovation
Méditerranée pour les
100 meilleurs projets
d’innovation au sud de
la Méditerranée

Comment ?
Utiliser les Points de
Contacts Nationaux
(PCN) mis en place dans
le cadre du 7eme PCRD.
Organiser une conférence
annuelle sur la
gouvernance de
l’innovation
S’appuyer sur le
programme Erasmus
Jeunes entrepreneurs de la
Commission européenne

19
Introduction et cadre de l’étude
Introduction
Le développement des économies de l’innovation est, plus que jamais en
période de crise, une course à la compétitivité engagée par quasiment tous
les pays, dans le but de créer de la valeur ajoutée et de générer des emplois à
long terme. L’essor d’activités industrielles d’avenir dans des domaines
d’excellence, le pari sur l’entrepreneuriat et la création de futurs champions
économiques, l’attraction d’investissements étrangers sur des activités haut
de gamme, l’insertion dans les flux mondiaux d’échanges de connaissance
par la promotion de technopôles et de vitrines d’innovation sont autant de
priorités de développement pour tous, et pour les pays MED notamment.
Pourtant, face à ces enjeux, un décrochage des pays du bassin
méditerranéen se dessine à plusieurs niveaux 1. Les pays MED sont non
seulement plutôt mal classés en matière de performance sur l’innovation,
mais ils subissent une érosion de leurs positions malgré la mise en place de
politiques volontaristes et d’infrastructures dans la plupart des pays.
Tableau 1 : performance des pays MED dans le domaine de l’innovation
Rang 2011
(sur 142)

Rang 2010
(sur 139)

Rang 2009
(sur 133)

Jordanie

77

68

59

Liban

115

112

Non classé

Tunisie

37

31

38

Egypte

103

83

74

Maroc

80

81

96

Algérie

132

107

114

Pays

Source: World Economic Forum. (2011, 2010, 2009). The Global Competitiveness Report

Global Competitiveness Report, Global innovation Index ou encore Classement de
ShangaĂŻ

1
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Sur le terrain, il n’existe pas, ou très peu, d’entreprises, de centres de
recherche ou d’universités reconnus mondialement, c'est-à-dire des
champions de l’innovation qui ont une visibilité à l’échelle internationale ou
constituent une force d’entraînement pour des dynamiques de promotion de
l’innovation. L’attractivité de la Méditerranée en matière d’innovation est
faible : les travaux réalisés dans le cadre de cette étude soulignent un
problème de lisibilité de l’offre méditerranéenne dans le domaine de
l’innovation (il est d’ailleurs difficile d’obtenir des indicateurs sur ce sujet) et
un questionnement sur sa qualité. Où sont les domaines d’excellence de
l’innovation en Méditerranée ?
L’étude Promotion de l’innovation en Méditerranée s’appuie sur un travail
de terrain avec les « acteurs du changement » méditerranéens afin de
proposer un état des lieux des écosystèmes de l’innovation qui se
développent au sud de la Méditerranée.
Au-delà des analyses macro-économiques, l’ambition de cette étude est de
proposer des éléments clés pour l’émergence de nouvelles dynamiques de
développement de l’innovation en Méditerranée : revue des programmes et
outils d’appui existants, mise en valeur des bonnes pratiques et
identification des acteurs moteurs Ă  associer dans la mise en Ĺ“uvre
d’actions.

Positionnement
Innovation technologique et non technologique…
L’innovation, comme processus de création de valeur, comme moyen de
mobilisation d’acteurs et d’énergies autour de l’élaboration de produits ou
services nouveaux, est une des priorités actuelles pour le développement
économique et la création d’emplois.
Cette étude envisage l’innovation sous toutes ses formes. L’innovation
technologique est bien sûr analysée, mais les champs de l’innovation sont
bien plus variés 2, en particulier pour les pays du sud de la Méditerranée.
L’étude opte ainsi pour une approche large de l’innovation et adopte la

2 Au niveau européen par exemple, seulement 4% des innovations sont construites sur
des sources scientifiques. Voir SITRA. (2008). Is Finnish innovation policy utilising 4% or
96% of Finnish innovation potential? www.sitra.fi/en

22
Promotion de l’innovation en Méditerranée
définition de l’OCDE, qui se fonde sur le Manuel d’Oslo et retient 4 grands
types d’innovation :
1. innovation de produit : amélioration technique d’un produit ;
2. innovation de procédé : amélioration de méthodes de production ou de
distribution ;
3. innovation en matière d’organisation : changements dans les pratiques,
l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de la firme
(par exemple : le travail en réseau) ;
4. innovation en matière de commercialisation : changement dans la
conception, le conditionnement, le placement, la promotion ou la
tarification d’un produit (nouvelles approches en termes de marketing
ou de design par exemple).
… dans sa rencontre avec le marché
Offre et demande
L’étude aborde de façon très synthétique les aspects amont, relatifs à la mise
en place d’un système d’innovation : définition de politique de recherche,
développement d’infrastructures technologiques, statut des chercheurs, etc.
Elle cible davantage l’innovation dans sa partie aval, de rencontre avec un
marché, autour de questions clés liées à la promotion de l’innovation :




quelle est l’offre d’innovation ? L’étude analyse la façon dont les projets
d’innovation (vente de brevets, création de startups, partenariats de
recherche, vente d’expertise, etc.) sont présentés, proposés, vendus à des
investisseurs, acheteurs, partenaires, sponsors, et d’une manière large à tout
acteur souhaitant s’impliquer autour de pôles d’innovation en Méditerranée.
où est la demande ? Il s’agit d’étudier comment est perçue l’innovation
par les acteurs du marché (grands groupes, investisseurs, entrepreneurs,
etc.) ; où se situe le potentiel de développement de l’innovation en
termes de secteurs et de zones géographiques à cibler ; et quels sont les
leviers et acteurs Ă  impliquer pour dynamiser la demande.

RĂ´le des interfaces et partenariats
Cette étude vise en priorité les points de rencontre entre offre et demande,
c'est-Ă -dire les interfaces et outils de coordination entre acteurs et
ressources, à différents niveaux : entre chercheurs et entrepreneurs, mais
aussi entre acteurs locaux et internationaux.
23
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Pour les entreprises, les universités et les centres de recherche publics,
l’« open innovation » est une nécessité, c'est-à-dire à l’ouverture et
l’interaction permanente vers d’autres marchés et d’autres acteurs, le
partage de ressources (échange d’informations, cofinancement de projets,
etc.) et de moyens (plateformes technologiques, « living labs », etc.).
Comment les acteurs méditerranéens s’insèrent-ils dans ces dynamiques de
partenariat dans le domaine de l’innovation ? Quels sont les leviers à utiliser
et les obstacles à surmonter ? Ces questions sont au cœur des analyses et
recommandations finales de l’étude.
Structures, acteurs et pays ciblés
L’étude cible trois types de structures d’appui à l’innovation :


les technopĂ´les, qui ont pour mission de constituer des vitrines de la
Méditerranée sur des domaines d’excellence et des catalyseurs des
dynamiques d’innovation sur un espace donné ;



les incubateurs et pépinières, qui sont des outils d’accompagnement et
de mise en réseau pour l’entrepreneuriat innovant ;



les centres de valorisation des résultats de la recherche, qui ont pour
mission de faire le lien entre le monde de la recherche et le marché.

A l’heure où l’innovation s’organise en réseaux, clusters et écosystèmes,
l’étude s’attache à mettre en lumière les dynamiques qui se construisent
autour de ces 3 types de structures qui fédèrent des acteurs diversifiés,
dont les profils, attentes et rôles possibles seront analysés :


acteurs de terrain au centre des projets d’innovation : universités et
centres de recherches, entrepreneurs ;



acteurs du marché, à la fois clients et producteurs d’innovation : PME,
grands groupes, investisseurs, etc ;



gouvernements et structures d’appui, dans un rôle attendu d’impulsion
et de facilitation ;



investisseurs étrangers et talents expatriés (Diaspora), apporteurs de
savoir faire et de débouchés.

24
Promotion de l’innovation en Méditerranée
7 pays 3 sont visés par cette étude : Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc,
Palestine et Tunisie. L’étude dresse un état des lieux de l’innovation et des
recommandations à l’échelle régionale. Le choix des 7 pays se base sur la
démarche de l’étude qui vise à dégager des besoins communs parmi les
acteurs des 7 pays MED, et ce dans le but d’alimenter la réflexion à l’échelle
régionale et de proposer des recommandations qui contribueront à
développer des solutions communes.

MĂ©thodologie
Moyens mis en Ĺ“uvre
La rédaction de cette étude s’est appuyée sur l’élaboration d’une base de
données des acteurs de l’innovation recensant et qualifiant plus de 200
structures (technopôles, incubateurs et centres de valorisation des résultats
de la recherche), dont certaines ont fait l’objet d’une analyse plus poussée
(13 cas d’études). Pour cela, ANIMA et la Fondation Madri+D/ MIRA ont
mis en Ĺ“uvre les moyens suivants :







revue bibliographique 4 ;
participation à des ateliers de travail et capitalisation des résultats de
plusieurs projets euro-méditerranéens : atelier Innovation du Groupe de
travail sur la coopération industrielle, Projet Medibtikar, ateliers et
initiatives liés à l’innovation menés dans le cadre du projet Invest in
Med ;
envoi d’un questionnaire 5 en français et en anglais à 150 contacts (25% de
taux de réponse) ;
missions de terrain en Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie et Algérie ;
réalisation de plus de 100 interviews d’acteurs clés de l’innovation en
Méditerranée 6 : directeurs de technopôles, d’incubateurs ou de centres
de valorisation, chercheurs, acteurs institutionnels de la promotion de
l’innovation, structures non gouvernementales d’appui à l’entrepreneuriat et à l’innovation, capitaux-risqueurs et réseaux de business angels.

3 Israël, dont la performance en matière d’innovation n’est plus à démontrer, n’a pas
été inclus pour des raisons de cohérence et d’homogénéité des problématiques
rencontrées.
4 Voir bibliographie page 141
5 Voir liste des personnes interrogées page 145
6 Voir questionnaire page 150

25
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Démarche et structure de l’étude
L’objectif de l’étude est double :


mettre en avant des bonnes pratiques, tendances, points de blocage et
dynamiques positives pour la promotion de l’innovation en
Méditerranée ;



identifier des besoins communs et proposer des pistes de coopération
précises à l’échelle régionale.

L’étude se structure ainsi en quatre parties :


le premier chapitre donne une photographie des acteurs situés au coeur de
l’innovation en Méditerranée (centres de recherche, universités, entreprises,
acteurs financiers) et des principales politiques d’appui en cours.



le deuxième chapitre est consacré aux 3 types de stuctures dédiées à
l’animation et la promotion de l’innovation en Méditerranée :
technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation. Quelles sont leurs
caractéristiques, positionnements, bonnes pratiques et attentes ?



le troisième chapitre analyse de façon non exhaustive les interfaces et
dynamiques de mise en relation et de coordination entre acteurs de
l’innovation. Il répertorie les principaux points de blocage et
opportunités aux niveaux culturel, organisationnel et opérationnel, ainsi
que les pistes de développement.



Ă  partir de ces constats et analyses, le dernier chapitre propose des
recommandations d’actions à mettre en place à court et moyen terme :
quels acteurs clés mobiliser ? Autour de quelles priorités ? Comment
développer des actions concertées au niveau régional ?

26
Etat des lieux : acteurs et
politiques de l’innovation en
Méditerranée
Ce premier chapitre présente les principaux indicateurs de performance des
pays MED, un panorama des acteurs de l’innovation : universités, centres de
recherche publics, grandes entreprises, acteurs financiers, et un tour
d’horizon des politiques associées.

Une recherche et développement très majoritairement
portée par le secteur public
Universités et centres de recherche
Il existe plus d’une centaine d’universités publiques dans la région MED 7
(la plupart créées après les années 1960), les plus importantes étant celles du
Caire et d’Alexandrie, qui dépassent les 150.000 étudiants (voir Tableau 2).
Tableau 2 : nombre d’universités publiques dans les 7 pays MED étudiés
Algérie

Universités
publiques

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

27

19

11

1

15

Palestine Tunisie
11

13

Source : MIRA. (2012)
Ces universités publiques se sont construites autour d’une priorité initiale
exclusive sur l’éducation : les missions de recherche et développement sur
des thématiques prioritaires, l’ouverture sur le monde privé et le
rayonnement à l’international n’ont été pris en compte que timidement, à
partir des années 1990. Ainsi en Jordanie, toutes les universités, publiques
ou privées, doivent depuis quelques années consacrer au moins 5% de leurs
budgets à la recherche et développement.

S’y ajoutent les universités privées, écoles techniques, écoles d’ingénieurs ou de
management, non comptabilisées ici.

7
Promotion de l’innovation en Méditerranée
En 2011, une seule université de la région, l’Université du Caire, figurait
dans la liste des 500 premières universités du monde, produite par
l'Université Jiao Tong de Shanghai (ARWU, 2011). Dans un autre classement
international reconnu (Webometrics, 2012), les universités des pays MED se
situent entre la 770ème et la 6002ème place à l’échelle mondiale.
Les centres de recherches sont quant Ă  eux Ă  plus de 90% publics. Seuls le
Maroc et la Tunisie ont développé une recherche privée légèrement plus
importante (en comparaison, la recherche privée représente en moyenne
plus de 54% de la recherche globale dans les Etats de l’Union européenne).
La plupart des centres de recherche ont été créés à partir des années 70,
essentiellement dans les domaines de l’agro-alimentaire, l'eau, l'énergie et la
santé, et plus récemment dans les biotechnologies, la microélectronique et
les nanotechnologies. Le chiffrage exact du nombre de centres de recherche
en Méditerranée est difficile, du fait d’une absence de données homogènes.
Les centres de recherche se sont développés selon un schéma de
planification intégrée faisant de l’Etat son principal client, en particulier
dans des domaines à marchés publics comme la santé, l’agriculture et
l’énergie. Quelques organismes jouent un rôle de coordinateur sectoriel de
politiques publiques de valorisation de l’innovation : c’est le cas du Centre
de Développement des Energies renouvelables (CDER) en Algérie, ou
encore de l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur
Agricoles (IRESA) en Tunisie. L’IRESA a pour missions la promotion de la
recherche, l’élaboration et le suivi des programmes de recherche agricole, et
veille à la complémentarité entre les établissements de recherche,
d'enseignement supérieur et les pôles régionaux.
De nouveaux modèles basés sur un partenariat public-privé apparaissent
depuis peu, avec par exemple la création de la fondation MAScIR au Maroc
ou celle de l’Egypt Nanotechnology Center, à l’initiative des pouvoirs
publics, de l’agence ITIDA (Information Technology Industry Development
Agency) et du groupe IBM.
Faiblesse des moyens de recherche
Les investissements en R&D représentent des montants faibles comparés aux
moyennes internationales : entre 0,2% et 0,7% du PIB dans les pays MED
(excepté en Tunisie avec 1,1% du PIB), contre près de 2% en Europe.
Cependant, la tendance est à l’augmentation, et les dépenses totales en R&D
dans les pays MED se rapprochent des niveaux (faibles) de certains pays de
28
Promotion de l’innovation en Méditerranée
la rive nord de le Méditerranée : le Maroc fait mieux que la Grèce, et la
Tunisie se situe quasiment au niveau de l’Espagne ou du Portugal (voir
Tableau 3 et Tableau 4).
Tableau 3 : DĂ©penses R&D dans les pays MED
Algérie
DĂ©penses totales en
R&D (%PIB et année
de référence)
Part des dépenses
privées dans les
dépenses totales R&D
(%, est.)

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Tunisie

0,40
(2010,
est.)

0.21
(2009)

0,42
(2008)

0,30
(2006)

0,64
(2006)

1,10
(2009)

<0,10

10

3

n.a.

22,7
(2006)

14,1
(2005)

Source : UNESCO. (2010)
Tableau 4 : Dépenses R&D dans certains pays méditerranéens de l’UE en 2007
Chypre France Grèce Italie Malte Portugal Espagne
DĂ©penses
totales en R&D
(%PIB)
Part des dépenses privées
dans les
dépenses totales
R&D (%, est.)

UE

0,45

2,08

0,57

1,14

0,60

1,18

1,27

1,83

15,9

52,4

31,1

40,4

45,4

36,3

47,1

54,5

Source : UNESCO. (2010)
Ce sous-investissement explique le manque de chercheurs dans certains
pays : moins de 200 chercheurs par million d’habitants en Algérie, un peu
plus de 600 en Egypte et au Maroc contre 3 500 en Allemagne et en France.
Mais la situation n’est pas uniforme : la Tunisie ou la Jordanie se comptent
respectivement 1 600 et près de 2 000 chercheurs par million d’habitants, soit
plus que certains pays d’Europe du Sud comme Malte ou la Grèce.
Les entretiens menés ont par ailleurs mis en lumière la faiblesse des moyens
techniques dédiés au développement des projets d’innovation :
vieillissement des Ă©quipements de recherche, manque de personnel
technique et rareté des instruments de financement.

29
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Publications et brevets – quels résultats ?
La croissance du nombre de publications durant la dernière décennie a été
très importante : +55% pour les pays MED entre 2002 et 2008. Cependant,
avec une moyenne de 53 articles par million d'habitants, la région se situe
loin derrière la moyenne mondiale, qui s’élève à 147 articles par million
d'habitants. Là encore, les disparités entre les pays MED sont importantes
(voir Tableau 5) : la Tunisie, la Jordanie et le Liban affichent des scores proches
des moyennes internationales, tandis que le Maroc, l’Algérie et l’Egypte sont
bien en dessous 8. Au sein des pays même, ces disparités persistent : les
publications scientifiques sont largement produites au sein de quelques
leaders régionaux comme l’AUC (American University in Cairo) ou
l’université Mohammed V - Agdal de Rabat.
Tableau 5 : publications scientifiques par million d’habitants
Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Tunisie

2002

15,4

35,2

101,4

80

36,3

76,4

2008

37,5

48,6

157,1

140,9

36,9

196,2

Source: UNESCO, Thomson Reuters Web of Science. (2010).
Au-delĂ  du nombre de publications se pose Ă©galement la question de la
qualité et du potentiel de valorisation. La plupart des pays MED, à
l’exception notable de la Tunisie, affichent de piètres performances en
termes de qualité des institutions de recherche, et par conséquent de
production scientifique (voir Tableau 6). Ces résultats peu encourageants
sont aggravés par le phénomène de fuite des cerveaux (brain-drain) : les
meilleurs chercheurs quittent leurs pays pour les Etats-Unis, le Canada et
dans une moindre mesure l’Europe, pour des raisons de faiblesse de moyens
(Ă©quipements, salaires) mais surtout de manque de reconnaissance et
d’autonomie.
Tableau 6 : qualité des institutions de recherche scientifique (rang, sur 142)
Pays

Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Tunisie

Rang

126

113

104

127

96

52

Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012

Les données relatives aux nombre de publication et de brevets déposés n’ont pas pu
être identifiées pour la Palestine.

8

30
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Le diagnostic est également sévère pour ce qui est de la publication de brevets :


le nombre de brevets déposés est faible par rapport à des pays européens
à tradition d’innovation technologique (8 900 brevets déposé en France
en 2009), mais comparable à celui des pays du sud de l’Europe (107
brevets au Portugal et 103 en Grèce) ;



très peu de ces brevets sont actifs ou sont déposés à l’international (entre
1 et 5 par pays et par an) 9 ;



ce sont surtout des étrangers qui brevettent pour protéger leurs droits de
propriété intellectuelle dans le pays, ce qui illustre le rôle prépondérant
des entreprises internationales dans l’innovation.

Tableau 7 : demande de dépôts de brevets à l’échelle nationale et internationale
Algérie Egypte

Jordanie Liban Maroc Tunisie

Demande de brevets
émanant de non-résidents

765
(2007)

1452
(2009)

446
(2009)

n.a.

856
(2010)

n.a.

Demande de brevets
émanant de résidents

84
(2007)

490
(2009)

60
(2009)

n.a.

151
(2010)

n.a.

0,4

5,6

1,4

2,8

0,8

0,6

Taux moyen de demande
annuelle de dépôt de
brevets auprès de
l’USPTO 10 (2002-2006)

Source : UNESCO. (2010)

Le secteur privé encore peu engagé dans l’innovation
Faiblesse des dépenses de R&D privées
Plusieurs directeurs de technopĂ´les constatent que les entreprises locales
effectuent peu de R&D et préfèrent l’acquisition directe de technologies
prêtes à l'emploi. Cette tendance apparaît également dans les classements
internationaux sur les dépenses des entreprises en R&D (voir Tableau 8). A
l’exception de la Tunisie, tous les pays MED figurent parmi les derniers du
classement. A titre de comparaison, des pays émergents comme l’Indonésie
9 La mesure de la performance de l’innovation est un sujet délicat en Méditerranée, les
indicateurs sur le sujet des brevets notamment sont difficiles Ă  obtenir.
10 United States Patent and Trademark Office

31
Promotion de l’innovation en Méditerranée
et la Malaisie se classent respectivement 31ème et 13ème sur 142, tandis que
d’autres pays de la Méditerranée se situent aux rangs suivants : Italie : 34,
Espagne : 47, Turquie : 62, Israël : 8.
Tableau 8 : dépenses des entreprises MED en R&D (rang, sur 142)
Pays

Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Tunisie

Rang

139

106

108

113

104

42

Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012
Une étude de la Banque mondiale 11 démontre également que les pays les
plus performants de la région méditerranéenne exportent environ 1 500 types
de biens, dont la majorité à faible contenu technologique, lorsque des pays
comme la Pologne, la Malaisie ou la Turquie en exportent près de 4 000.
Activités de R&D au sein des entreprises : le cas de l’Egypte
En Egypte, une enquête réalisée par le Ministère de la recherche scientifique
en 2010 auprès 2 943 entreprises égyptiennes a montré que près de 20% des
entreprises interrogées mènent des activités de R&D 12. Ces activités se
divisent en innovation de produit (13,2%), innovation de procédé (17,9%) ou
les deux à la fois. La majorité des activités axées sur l’innovation sont
exécutées en interne. L’enquête démontre également que l’innovation se
concentre davantage dans le tertiaire, qui représente 25% de l’échantillon
des entreprises sondées (soit 152 entreprises issues du secteur financier et
253 entreprises actives dans la gastronomie et le tourisme).
En termes de profil d’entreprises, ce sont les grandes entreprises qui
s’engagent le plus dans la R&D (50%), particulièrement dans l’innovation
de procédé, tandis que les micro-entreprises (moins de 5 employés) et PME
sont moins actives. 40% des entreprises interrogées indiquent que les coûts
de l’innovation constituent le premier facteur dissuasif. Enfin, moins de 1%
des entreprises déclarent avoir obtenu un soutien financier de la part des
agences publiques.

Banque mondiale. (2009). From Privilege to Competition
Ministry of Scientific Research in association with Fraunhofer-Institute for
Production Systems and Design Technology (IPK). (2010). Executive summary.
Evaluation of the Egyptian Science, Research and Technology Landscape for the Design of the
Egyptian Innovation Policy and Strategy
11

12

32
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Pratiques d’innovation au sein des entreprises MED
Une majorité de TPE traditionnelles
Le tissu industriel des pays MED est formé majoritairement de petites, voire
très petites entreprises (TPE), opérant essentiellement dans les services,
l’agriculture ou encore le textile. La Banque mondiale estime ainsi que plus
de 90% des entreprises tunisiennes, Ă©gyptiennes, jordaniennes et marocaines
comptent moins de 100 salariés, et que plus de 80% sont des TPE composées
de 1 à 5 salariés. Ces TPE méditerranéennes sont encore très familiales et
traditionnelles, relativement fermées à un management innovant et à des
prises de risques ou projets d’innovation. La Banque mondiale 13 souligne
ainsi que « les entreprises de la région MENA sont, en moyenne, deux fois
plus anciennes (19 ans) qu’en Asie centrale (10,5), leurs dirigeants font partie
des plus âgés dans une région à population pourtant très jeune ». Des études
conduites dans le cadre du programme Medibtikar 14 démontrent qu’elles
connaissent mal leurs propres besoins en termes d’innovation, et ce par
manque de réflexion sur leur stratégie interne.
Certaines TPE participent néanmoins à des programmes de sensibilisation à
l’innovation et rejoignent des réseaux et clusters régionaux, comme les
micro-clusters agroalimentaires développés par l’ONUDI en Egypte. Leurs
principales attentes en matière d’accès à l’innovation se concentrent sur la
formalisation d’une offre (faire évoluer des produits et services existants), le
management de l’innovation et l’accès à des outils financiers.
Un récent développement de startups et PME innovantes
Un nouveau profil de PME et startups fortement innovantes se développe en
Méditerranée, à l’initiative de cadres souvent formés à l’international. Il peut
s’agir d’entreprises industrielles reprise en main par une nouvelle
génération de managers, de spin-offs au sein de grands groupes publics ou
de startups. D’après les travaux menés dans le cadre du programme
Medibtikar et de l’étude MedFunds 15, le sud de la Méditerranée dispose

Banque mondiale. (2009). From Privilege to Competition
2007-2009, voir www.medibtikar.eu
15 ANIMA. (2011). MedFunds 2011: panorama du capital investissement dans la region
MED. Cette étude se fonde sur une enquête menée auprès de plus de 300 fonds
d’investissement en Méditerranée.
13
14

33
Promotion de l’innovation en Méditerranée
d’un potentiel annuel de création de 1 500 à 2 000 startups à forte valeur
(dont 60% portées par des talents issus de la diaspora).
Les besoins de ces startups et PME à fort potentiel d’innovation sont
essentiellement centrés sur l’accès aux marchés, le coaching et le parrainage,
la constitution d’équipes internationales et le financement d’amorçage.
Les grands groupes nationaux relativement déconnectés
La présence de quelques grandes entreprises nationales bénéficiant de
positions dominantes dans leur marché local est habituelle dans les
économies MED. Ces grands groupes opèrent essentiellement dans des
secteurs traditionnels (énergie, pétrochimie, agriculture, immobilier,
tourisme) et quelques nouveaux secteurs comme les TIC ou l’offshoring, à
l’instar de l’OCP, Cevital, Sonatrach, Sonede, ou dans les TIC Maroc
Telecom, Meditel, Tunisie Telecom, Orascom, etc.
Rarement cités par les acteurs de l’innovation, les grands groupes nationaux
semblent peu engagés dans des partenariats avec des pôles d’innovation
locaux. Ils considèrent ces acteurs avant tout comme des plateforme de
promotion de leurs produits et de recrutement de talents. De nouvelles
dynamiques liées à des processus d’innovation plus ouverts (« open
innovation ») font timidement leur apparition, dans les TIC en particulier,
mais l’innovation reste avant tout portée par les grands groupes étrangers, à
l’instar d’IBM, Orange ou HP au pôle Smart Village en Egypte par exemple.
Le rôle clé des entreprises étrangères
Investissements directs étrangers et partenariats d’innovation
Les investisseurs Ă©trangers jouent un rĂ´le doublement essentiel car ils
sont Ă  la fois demandeurs de produits et services innovants et sources de
transfert des connaissances. A titre d’exemple, Powerex, joint-venture des
Américains General Electric (GE) et Westinghouse spécialisée dans les semiconducteurs et établie à Tanger depuis 2010, a été primée au Maroc en 2011,
dans la catégorie « investissement et transfert du savoir-faire
technologique ». Les investisseurs étrangers ont en effet un intérêt
stratégique à afficher leur ancrage territorial et leur proximité avec les
acteurs et pôles d’innovation locaux afin de promouvoir leurs produits et
d’obtenir une reconnaissance sur leur marché d’adoption.

34
Promotion de l’innovation en Méditerranée
L’observatoire ANIMA-MIPO 16 des annonces d’investissement et de
partenariat en Méditerranée a détecté 545 projets d’investissement étranger
et de partenariat 17 liés à l’innovation entre 2003 et 2010 dans les pays MED
(voir Figure 1). En dehors d’Israël et de la Turquie, qui se taillent la part du
lion, les projets d’innovation se concentrent en premier lieu au Maroc et en
Tunisie, avec respectivement 58 et 49 projets, puis en Egypte (31 projets).
Dans les 7 pays MED visés par l’étude, et notamment au Maroc et en
Tunisie, une part importante des projets se rapporte Ă  des secteurs hi-tech :
TIC, aéronautique, énergie solaire ou encore biotechnologies. Plusieurs
projets de création de centres R&D sont également enregistrés au Maroc et
en Egypte, ainsi qu’en Tunisie. La Jordanie et l’Egypte captent pour leur
part 75% des projets d’acquisition de startups locales. Enfin, les
investissements en lien avec des technopĂ´les ou des incubateurs sont
faiblement représentés, tout comme les investissements effectués par ou via
des fonds ciblés sur l’innovation.
Figure 1 : innovation provenant des entreprises étrangères- en nombre de projets sur
545 projets d’innovation
Acquisition start-up

Fonds technologique

Hi-tech joint venture

Investisst. hi-tech

R&D/ Innov. centre

Technoparc /incubateur

Maghreb

12 4

Machrek

16 5 12 14 19

43

51

Israël &
Turquie

27

2

2

172

0

50

100

14

150

Source : observatoire ANIMA-MIPO, 2003-2010

36

200

29

82

250

300

5

350

www.animaweb.org/mipo
Définis comme des projets permettant à une entreprise étrangère de se rapprocher
d’un marché domestique MED, à travers un partenaire identifié, ou en ouvrant une
représentation locale.
16
17

35
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Le rôle dominant des multinationales européennes et américaines
Les multinationales semblent s’installer durablement dans le
développement de l’innovation en Méditerranée : elles génèrent 45% des
projets d’investissement et de partenariat dans l’innovation, détectés par
l’observatoire ANIMA-MIPO, contre environ 25% pour les PME et 30% pour
les grandes entreprises (500 à 10 000 salariés).
Les entreprises européennes viennent largement en tête des
investissements liés à l’innovation dans la région (57% du nombre total des
projets, voir Figure 2), en particulier au Maroc et en Tunisie. Elles sont
suivies par les entreprises américaines et canadiennes, avec 27% des projets.
Les pays du Golfe sont moins présents avec seulement 6% des projets
détectés, essentiellement en Egypte et en Jordanie.
Figure 2 : IDE et partenariats innovants par région d’origine et pays de destination
50
40
Europe
30

USA/Canada
Golfe

20

Asie-Océanie
MED-11

10

Autres pays

0
Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Palestine

Tunisie

Source : observatoire ANIMA-MIPO, 2003-2010
Financement d'amorçage et de démarrage : capital risque et business
angels
L’industrie du capital risque s’est fortement développée depuis les années
2000, avec 534 fonds d’investissements recensés en 2011 dans les pays MED,
contre moins d’une cinquantaine il y a 10 ans. Ce développement est
confirmé par le classement international sur la disponibilité du capital risque
(voir Tableau 9), selon lequel seule l’Algérie accuse un retard significatif.

36
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Tableau 9 : disponibilité du capital-risque (rang, sur 142)
Pays

Algérie

Egypte

Jordanie

Liban

Maroc

Tunisie

Rang

110

41

62

60

30

35

Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012
Selon l’étude MedFunds d’ANIMA (2011), l’impact de ces fonds sur
l’économie est fort avec 330 000 emplois et 20 milliards de dollars de chiffres
d’affaires générés par ces acteurs depuis 2000. Une partie de ces fonds vise
des entreprises ou des secteurs innovants, à l’instar du fonds
d’investissement en capital risque Sadara, basé en Palestine, et qui a réuni 28
M$ (19 M€) pour investir dans douze startups palestiniennes. Ses
investisseurs comptent déjà Google, Cisco, George Soros et Steve Case qui
ont suivi la Banque européenne d'investissement (BEI).
Dans ce paysage du financement d’amorçage, un timide mais réel
développement des réseaux de business angels se profile également. Ces
acteurs, généralement proches des entrepreneurs, constituent des
interfaces entre le monde de la finance et les acteurs de l’innovation.
Les attentes des fonds d’investissement et business angels par rapport aux
projets d’innovation qui leurs sont présentés en Méditerranée peuvent être
résumées comme suit :
1. un appui au sourcing et à l’évaluation de projets d’innovation :
assistance de réseaux d’experts ou entrepreneurs spécialisés sur des
thématiques marchés ou technologiques pour l’analyse des sujets « trop »
innovants ;
2. de meilleurs managers de projets d’innovation : l’insuffisance de
compétences en Business Développement et en management des équipes
est une remarque constante des investisseurs ;
3. des partenaires internationaux pour créer de la valeur ajoutée autour de
projets d’investissements.

37
Promotion de l’innovation en Méditerranée

Le rĂ´le de catalyseur des politiques nationales et
internationales
Emergence de politiques d’appui à la promotion de l’innovation
L’OCDE retient plusieurs définitions du Système National d’Innovation,
dont celle de Metcalfe (1995) qui présente ce système comme étant « un
ensemble d'institutions distinctes qui conjointement et individuellement
contribuent Ă  l'Ă©laboration et la diffusion des nouvelles technologies, et qui
fournissent le cadre dans lequel les gouvernements développent et mettent
en œuvre des politiques visant à influencer le processus d'innovation » 18. Si
des politiques d’appui à l’innovation existent dans certains pays étudiés
depuis les années 90, elles se déploient aujourd’hui et se structurent autour
de systèmes d’innovation (au Maroc et Tunisie en particulier).
Maroc
Pour renforcer la chaîne de valeur de l’innovation et afin de la mettre au
service de la compétitivité des entreprises et des territoires, le
gouvernement marocain a lancé en 2009 la stratégie Maroc Innovation, qui
doit développer l’écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat à
travers la création d’ici 2014 de 1 000 brevets et plus de 200 startups
innovantes. Plusieurs initiatives ont été lancées, notamment :
la création du Centre Marocain de l’Innovation 19, premier guichet
unique d’orientation et de sensibilisation dédié à l’innovation et à
l’accompagnement des porteurs de projets innovants marocains ;
la mise en œuvre de « Cités de l’Innovation », créées au sein de 4
universités marocaines et chargées de piloter des projets de R&D et
d’incuber des startups innovantes ;
la création de 15 clusters sectoriels, opérationnels à la fin 2013 ;
de nouveaux outils de financement : Intilak (amorçage des jeunes
startups marocaines Ă  fort potentiel) et Tatwir (cofinancement des
dépenses de R&D engagées par une entreprise marocaine en phase de
développement) ;








18
19

OCDE. (1997). National Innovation Systems. www.oecd.org/dataoecd/35/56/2101733.pdf
www.cmi.net.ma

38
Promotion de l’innovation en Méditerranée


le Club Marocain de l’Innovation, réseau social d’échanges et de
rencontres destiné aux acteurs de l’innovation : étudiants, entrepreneurs,
chercheurs, universitaires, etc.

Tunisie
La nouvelle stratégie industrielle nationale à horizon 2016 20 jette les bases
d’une politique d’innovation à travers le plan stratégique « Tunisia, the
Euromed Valley for Industry & Technology ». Il s’articule autour de 3 axes
de développement : la capitalisation sur les atouts de la Tunisie en backoffice
et nearshore industriel, le positionnement dans les 5 premiers hubs euroméditerranéens, et enfin l’orientation vers l’économie du savoir, avec entre
autres l’introduction du label TunisiaIQ (Innovation Quotient).
L’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation a pour mission de
déployer les actions de ce plan stratégique, en coordination avec d’autres
acteurs comme l’Agence de Promotion des Investissements Extérieurs
(FIPA). Un Régime d'Incitation à la Créativité et à l'Innovation dans le
domaine des Technologies de l'Information et de la Communication
(RIICTIC) a été ainsi instauré, et des instruments de financement des
activités de R&D sont proposés, à savoir :





PIRD : Prime pour les Investissements de Recherche & DĂ©veloppement ;
VRR : Valorisation des RĂ©sultats de la Recherche ;
PNRI : Programme National de Recherche et d’Innovation ;
ITP : Investissements Technologiques Prioritaires.

L'Agence nationale de la promotion de la recherche scientifique (ANPR) et
l’Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI)
coordonnent par ailleurs leurs actions dans le cadre du projet PASRI 21. Ce
projet de 12 millions d’euros (M€) est financé par la Commission européenne
et contribue à soutenir le système de recherche et d’innovation en Tunisie.

Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation. (2008). Stratégie industrielle
nationale Ă  horizon 2016. www.tunisieindustrie.nat.tn/fr/download/CEPI/Synthese.pdf
21 www.pasri.tn
20

39
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Egypte
Une réflexion sur l’élaboration d’un système national d’innovation a été
menée par l’Egypte 22 en 2010, à travers les travaux du programme RDI
(« Research, Development and Innovation »), soutenu par la Commission
européenne, et relevant du Ministère de l'enseignement supérieur et de la
recherche scientifique. Les conclusions de cette réflexion soulignent la nécessité
de coordonner les actions des différents ministères en faveur de l’innovation, et
de créer des passerelles entre recherche et industrie. Plusieurs projets ont été
conduits dans ce sens par le RDI, pour lesquels le Ministère espère un retour
sur investissement de 40 M€ (contre un budget de 8,5M€). Une phase II du
programme RDI est en cours de préparation. Les projets menés jusqu’à
présent portent notamment sur :






la création d’un consortium de recherche appliquée, mêlant laboratoires
et acteurs privés égyptiens et européens, dans les domaines énergie,
santé, TIC et agriculture ;
la mise en place de bureaux de transfert de technologie (« Industry
liaison offices ») pour appuyer la valorisation des résultats de la
recherche des universités (Alexandria University, Helwan University,
Assiut University) ;
l’introduction de sessions de formation au management de l’innovation.

De son côté, le STDF (Science and Technological Development Fund)
propose des outils de financements pour les chercheurs et entreprises
(prototypage notamment), souvent en partenariat avec l’agence dédiée au
développement industriel : Industrial Modernization Center (IMC). Créé en
2007 sous la houlette du Ministère de l'enseignement supérieur et de la
recherche scientifique, le STDF a publié début 2012 une liste de
recommandations pour la mise en place d’un nouvel écosystème de
l’innovation en Egypte 23. Hormis ce dispositif, l’Egypte compte peu
d’acteurs institutionnels ciblant l’innovation au niveau transversal. En
revanche des démarches sectorielles existent, par exemple dans le secteur
TIC avec l’ITIDA (Information Technology Industry Development Agency),
dont l’une des missions porte sur la « recherche et innovation ».
Ministry of Scientific Research in association with Fraunhofer-Institute for
Production Systems and Design Technology (IPK). (2010). Executive summary.
Evaluation of the Egyptian Science, Research and Technology Landscape for the Design of the
Egyptian Innovation Policy and Strategy
23 STDF. (2012). Egypt’s innovation ecosystem
22

40
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Algérie
L’Algérie n’a pas encore développé de politique d’innovation proprement
dite. Le Programme quinquennal 2010-2014 mentionne bien des objectifs de
développement de l’économie de la connaissance et de soutien à la recherche
scientifique, mais les initiatives concrètes peinent à émerger. D’après le
Ministère de l’industrie algérien, « un système national d’innovation (SNI)
sera élaboré et mis en place pour soutenir une politique de promotion et de
développement du progrès technique » 24. Reste donc à passer à l’action. Le
pays compte ainsi créer des agences nationales et régionales d'innovation et
des centres techniques. Pour l’instant, le seul acteur institutionnel visible
dans le domaine de l’innovation est l’Agence nationale de promotion et de
développement des parcs technologiques (ANPT), mise en place en 2007.
Jordanie
La Jordanie ne dispose également pas de politique officielle en matière
d’appui à l’innovation, même si une prise de conscience existe. Là encore,
un manque de coordination entre les différents ministères est pointé par les
acteurs et les études conduites précédemment 25. Les initiatives
gouvernementales portent davantage sur la R&D, et concernent moins
l’activité des clusters.
Pourtant, les interviews menées dans le cadre de cette étude démontrent que
la société civile et le secteur privé sont très actifs sur le terrain de
l’innovation, ce qui permet l’émergence de « clusters naturels » et
l’apparition de réseaux de valorisation de la recherche. Pour ce qui touche
plus spécifiquement à l’entrepreneuriat innovant, l’organisation
gouvernementale JEDCO (Jordan Enterprise Development Corporation)
fait figure d’acteur majeur à travers son engagement auprès des
incubateurs, et des lignes de financement proposées aux startups.
Liban
Au Liban, l’innovation n’a pas trouvé sa place dans l’agenda politique, et
reste un concept nouveau selon les agents du terrain interviewés. Une

www.mipmepi.gov.dz
Voir VDI/VDE-IT. (2009). Study on the national innovation system in Jordan. Disponible
sur http://www.iit-berlin.de/Jordan.pdf

24

25

41
Promotion de l’innovation en Méditerranée
nouvelle politique des sciences, de la technologie et de l’innovation (STIP) 26
a été lancée en 2006, mais a subi des retards, notamment à cause des conflits
qui ont frappé le pays. Les seules structures pouvant jouer un rôle d’appui à
l’innovation, citées lors des entretiens, sont les Chambres de commerce et le
Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS). Ce dernier a pour
mission de guider le gouvernement et les entreprises dans le domaine de
l’application de la science et de la technologie, à travers ses centres de
recherches ou en collaboration avec d’autres institutions académiques et
scientifiques. Il fait office de point de contact national pour le 7ème
Programme Cadre de Recherche et Développement de la l’Union
européenne, et contribue à plusieurs projets dans le domaine de la gestion
de l’eau, des ressources marines ou des TIC notamment.
Palestine
La Palestine est un cas particulier. Les témoignages soulignent les difficultés
exacerbées par les conflits que connaît la région, et qui entravent toute
tentative de créer un cadre incitatif. Seule l’agence de promotion des
investissements, PIPA (Palestine Investment Promotion Agency), est
mentionnée parmi les acteurs d’appui aux actions des incubateurs et autres
associations dédiées à l’entrepreneuriat.
Le rôle clé de la Commission européenne
Innovation et politique de voisinage
La mise en place d’un Espace commun de la connaissance et de
l’innovation (Common Knowledge and Innovation Space, CKIS), est l’un
des objectifs de la nouvelle politique de voisinage adoptée par l’Union
européenne (UE) en mai 2011 et revue à la lumière des changements
intervenus dans les pays du sud de la Méditerranée.
Les Programmes Cadre de Recherche et DĂ©veloppement (PCRD) sont les
principaux instruments par l’intermédiaire desquels l’UE soutient la
recherche et le développement, avec plus de 40 millions d’euros accordés
aux pays partenaires méditerranéens lors du 7ème programme cadre. Si tous
les pays du voisinage sont impliqués dans des actions, certains pays
partenaires méditerranéens ont signé des accords de partenariat scientifique
Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. (2008).
Plan de la politique des sciences, de la technologie et de l’innovation (STIP) au Liban
26

42
Promotion de l’innovation en Méditerranée
et technologique, notamment : Maroc, Tunisie, Jordanie, Egypte et Algérie.
Le prochain programme cadre, Horizon 2020, prévoit un montant au moins
égal affecté à la Méditerranée et ciblera en priorité des thématiques liées à
l’environnement (réduction de la pollution en Méditerranée, gestion de l’eau).
Les actions de coopérations sont principalement menées par 3 Directions
générales (DG) de la Commission européenne : DG Recherche et Innovation,
DG DevCo et DG Entreprise, à l’échelle régionale ou bilatérale.
Coopération régionale
La coopération régionale repose sur des instruments de dialogue et
coopération au plus haut niveau et la mise en œuvre de programmes de
mise en relation entre acteurs de terrain.
La coordination de l’innovation et de la recherche euro-méditerranéenne est
ainsi assurée via le MoCo, comité de suivi de la coopération euroméditerranéenne en matière de recherche et de développement
technologique, qui définit des priorités et axes de travail commun. Le MoCo
s’appuie sur le projet euro-méditerranéen MIRA (Mediterranean Innovation
and Research Cooperation Action - INCONET) qui associe des représentants
de ministères de la recherche et de grands laboratoires de recherche issus de
plus de 20 pays. MIRA contribue à la sélection des thématiques prioritaires
d’intérêt mutuel pour la région dans l’énergie, l’environnement, la santé,
l’agriculture et biotechnologies et les TIC : 55 actions spécifiques ont été
recommandées. Par ailleurs, le groupe de travail euro-méditerranéen sur la
coopération industrielle, alter égo du MoCo dans le domaine de l’industrie,
travaille sur plusieurs volets innovations, dont la politique de clustering.
Des recommandations d’actions dans le domaine, portant essentiellement
sur la formation essentiellement, ont ainsi été adoptées à la suite d’un atelier
innovation organisé en novembre 2011.
Sur le plan opérationnel, il existe plusieurs projets et initiatives de mise en
réseau de plateformes et acteurs de l’innovation à l’échelle régionale, dont :


Medibtikar (7,4 M€), déployé entre 2006 et 2010 pour appuyer les
incubateurs, technopôles et centres de valorisation en Méditerranée. Le
projet a permis de recenser des acteurs clés à mobiliser, d’identifier les
besoins dans ce domaine (internationalisation, management, création
d’un « deal flow » de projets, etc.) et de mettre en œuvre des actions pour
y répondre. Il n’existe pas de suite à Medibtikar à ce jour.
43
Promotion de l’innovation en Méditerranée




l’initiative ERAWIDE (plus de 15 M€ dans le cadre du 7ème PCRD) de
mise en réseau d’acteurs de la valorisation de la recherche européens et
méditerranéens dont le dernier appel d’offres a soutenu le lancement de
27 projets de valorisation de la recherche en Méditerranée. A titre
d’exemple, le projet BioProtech, mené par le parc biotechnologique de
Turin BiopMed et visant à développer de nouveaux processus
d’innovation, a permis de renforcer les compétences de l’unité de
valorisation créée au sein du centre de Biotechnologies de Sfax (CBS).
European Cluster Collaboration Platform (ECCP), une initiative de la
DG entreprise visant à développer une base de bonnes pratiques pour la
formation et la mise en relation entre clusters européens et
internationaux. Des accords ont déjà été signés avec des partenaires
internationaux (Brésil, Japon), et devraient l’être en 2012 avec 4 pays
méditerranéens : Maroc, Tunisie, Liban et Egypte ;



Invest in Med (2008-2011), un programme mis Ĺ“uvre par le consortium
MedAlliance dirigé par ANIMA, qui visait à renforcer les partenariats
entre PME euro-méditerranéennes. Plusieurs activités ont ciblé l’appui à
l’internationalisation de l’innovation et de l’entrepreneuriat, notamment
via la plateforme d’actions MedVentures qui a permis d’identifier 120
startups et de les valoriser ou accompagner à l’international ;



Enterprise Europe Network (EEN), un réseau paneuropéen rassemblant
une cinquantaine de pays au total, dont en Méditerranée l’Egypte, Israël,
la Syrie, la Tunisie, la Turquie ainsi que le Maroc qui vient de signer son
adhésion. EEN compte 600 structures de valorisation de l’innovation en
Europe et propose plusieurs outils d’intégration régionale de la
promotion de l’innovation : Bourses électroniques d’échanges de
technologies et de partenariats, centrale d’information réglementaire,
accompagnement au financement, rencontres d’affaires et salons ;



European Business and Innovation Centre Network (EBN) rassemble
plus de 200 acteurs de promotion de l’innovation en Europe
(incubateurs, pépinières et technopôles essentiellement). EBN a
développé un service de co-incubation (« softlanding ») permettant
d’accompagner des entrepreneurs entre plusieurs pays. Cette offre a été
testée en 2010 en Méditerranée dans le cadre de l’initiative MedVentures
avec des incubateurs palestiniens (PICTI) ou libanais (Berytech) ;

44
Promotion de l’innovation en Méditerranée


2 initiatives à l’échelle universitaire : l’Université euro-méditerranéenne
EMUNI, installée en Slovénie, mise en œuvre dans le cadre de l’Union
pour la Méditerranée, et le programme TEMPUS qui finance des
programmes d’appui à la valorisation de l’innovation ;



Le programme CBC MED qui mobilise des consortiums euroméditerranéens, en particulier sur l’innovation, qu’elle soit verticale (par
secteur) ou transversale (sur des thématiques « entrepreneuriat » par
exemple).

L’appui à la mise en place de politiques d’innovation à l’échelle bilatérale
Les programmes bilatéraux d’appui (BILAT) portent sur la mise en place de
politiques de recherche prioritaires communes et de points de contacts
nationaux : programmes SHERACA (Egypte) et EU-JordanNet par exemple.
Plus en aval et sur le terrain, l’UE appuie également la définition de
nouvelles politiques d’innovation. En Tunisie par exemple, le projet PASRI
vise à soutenir le système tunisien de recherche et d'innovation pour
apporter des solutions aux principaux problèmes identifiés dans la chaîne de
l’innovation, de l’entreprise à l’équipe de recherche. De même en Jordanie, le
projet SRTD, doté de 5 M€, a permis de soutenir la recherche, le
développement technologique et l'innovation et de renforcer les capacités
dans ces secteurs en vue de doper l’emploi et la croissance économique. En
Egypte, le programme RDI vise à moderniser le système de l’innovation, que
ce soit en termes de gouvernance ou d’ouverture à l’international.
Le jumelage institutionnel, initiative de la Commission européenne, a été
conçu comme un instrument de coopération destiné à renforcer les capacités
des pays partenaires. Par exemple une jumelage institutionnel Maroc &
France-Espagne se développe actuellement pour aider au développement
d’un Système National de la Recherche (SNR) au Maroc, et l’intégrer à
l’Espace européen de la recherche (EER).
D’autres outils européens tels que les programmes TAIEX ou European
Training Foundation (ETF) permettent enfin de financer des actions de terrain
dans les pays (formations, événements à dimension internationale, etc.).

45
Promotion de l’innovation en Méditerranée
Autres acteurs clés internationaux
La Banque européenne d’investissement
La Banque européenne d’investissement (BEI) intervient à 3 niveaux dans la
promotion de l’innovation en Méditerranée :






le développement de technopôles : un grand nombre de technopôles en
Méditerranée ont été soutenus par la BEI, comme dans le Technopôle de
Sousse (financement de l’infrastructure du centre de recherche spécialisé
en nanotechnologie et microélectronique, du bâtiment de l’école
d’ingénieurs et d’une assistance technique à la mise en œuvre) ;
l’appui aux acteurs financiers, notamment capital risque et réseaux de
business angels : la BEI intervient en tant que partenaire (Limited
Partner) dans plus de 10 fonds dans la région (dont Sadara) et fournit
une assistance technique ;
la mise en réseau d’acteurs de l’innovation : la BEI pilote le groupe de
travail IT1 du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée
(CMI) qui vise à rassembler des acteurs de l’innovation pour travailler à
l’échelle régionale pour renforcer le « deal flow » de projets d’innovation
et mettre en Ĺ“uvre des actions conjointes (financement notamment).

Les agences de coopération bilatérales
Les agences de coopération bilatérales des Etats européens (GIZ, AFD, UK
Aid, CIREM, etc.) jouent un rôle important pour développer dans la durée
des actions de fond liées à l’innovation. La GIZ dispose ainsi de près de 100
personnes à Tunis et dans la région, qui forment et appuient des managers
de l’innovation, startups ou programmes de recherche. La GIZ Tunisie a
fortement contribué à l’émergence d’une politique nationale d’innovation
dans le pays. Autre exemple, l’AFD soutient le développement du pôle de
compétitivité de Sousse (Tunisie), en appuyant l’émergence d’un cluster
mécatronique visant à développer des projets collaboratifs.
Le rĂ´le croissant des USA
Les USA jouent un rôle croissant dans l’appui à l’innovation,
particulièrement depuis 2011, avec une priorité donnée à l’accompagnement
de talents à fort potentiel, futurs leaders économiques de la région.
Plus d’une dizaine d’universités américaines sont présentes dans les
grandes métropoles méditerranéennes. L’Université Américaine du Caire
46
Promotion de l’innovation en Méditerranée
(AUC), fondée en 1919, forme ainsi plus de 5 000 étudiants chaque année en
s’appuyant sur des équipes de formation et de recherches mixtes. Ces
universités jouent un rôle d’impulsion primordial pour la mise en œuvre de
politiques de formation au transfert de technologie ou à l’accompagnement
de l’entrepreneuriat.
Le département d’Etat américain, via son unité dédiée au Moyen-Orient
(MEPI - Middle East Partnership Initiative), accorde une importance
particulière au soutien à l’innovation et l’entrepreneuriat, dans le cadre de sa
politique étrangère dans la région. L’initiative PNB – NAPEO (partner for a
new beginning- North Africa Partnership for Economic Opportunity),
pilotée par l’institut ASPEN, vise ainsi à mobiliser les leaders de l’innovation
dans les pays MED en associant multinationales (Intel notamment) et leaders
régionaux. Deux « Advisory Boards », groupes d’actions associant
entrepreneurs et chercheurs reconnus, ont été constitués en avril 2011 en
Algérie et Maroc. Les 17 et 18 janvier 2012, une conférence NAPEO Maghreb
s’est tenue en présence de leaders politiques tels que Madeleine Albright
pour définir un plan d’actions d’appui à l’innovation et à l’entrepreneuriat,
qui concerne notamment :






l’appui à des fonds d’investissement et à des réseaux de business angels
tels que Casbah Business angels en Algérie ;
le lancement de compétitions de business plan dans la région et la
mobilisation des diasporas arabes aux USA en faveur de leurs pays
d’origine (GIST – Maghreb Start-up Initiative, lancée fin 2011) ;
la mise en place de réseaux d’incubateurs transnationaux : « North Africa
Innovation and Technology Incubator » ;
la mise en place de formation au management de l’entrepreneuriat et
innovation : « North Africa Center for Excellence on entrepreneurship ».

Les institutions internationales
La Banque mondiale développe depuis plusieurs années un soutien aux
incubateurs régionaux via le programme InfoDev : assistance technique,
programmes de formations et actions de benchmarking.
L’ONUDI appuie les jeunes entrepreneurs par une présence locale et des
compétitions ou programmes d’appui aux incubateurs, en particulier via les
programmes EDIP.

47
Promotion de l’innovation en Méditerranée
L’OCDE a développé une compétition d’entrepreneurs à l’échelle de la région
MENA, MENA 100, et anime un groupe de travail associant institutionnels
et investisseurs sur l’innovation et l’entrepreneuriat en Méditerranée.
L’Union pour la Méditerranée (UpM) entend jouer un rôle dans le
développement d’actions régionales pour l’innovation, notamment dans la
mise en place d’outils financiers et le soutien aux startups.
Des politiques régionales d’innovation Sud-Sud ?
Les organisations arabes d’appui à l’innovation telles l’ISESCO
(Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture) ou
l’Arab Science and Technologie Foundation – ASTF, se sont longtemps
cantonnées à des actions institutionnelles : organisation de conférences et
séminaires de coordination entre acteurs de politiques d’innovation. Ces
acteurs sont peu mentionnés lors des entretiens.
En revanche, les pays du Golfe (DubaĂŻ et Qatar notamment), sont souvent
cités comme des pôles d’attraction majeurs pour les entrepreneurs des pays
arabes. S’il n’existe pas de politique de coopération affichée, des acteurs
majeurs tels qu’Al Maktoum Foundation ou le fonds Abraaj suivent de très
près la mise en place de politiques d’appui à l’innovation dans les pays MED.

48
Profil des structures d’appui à
l’innovation : technopôles,
incubateurs et centres de
valorisation
Ce chapitre étudie les profils, positionnements et écosystèmes de trois types
de structures d’appui à l’innovation en Méditerranée :




les technopôles, pôles d’innovation rassemblant acteurs privés et publics
qui sont au cœur des politiques d’attractivité sur l’innovation ;
les incubateurs et pépinières qui visent à appuyer le développement de
la création d’entreprise ;
les centres de valorisation des résultats de la recherche, au sein des
universités et centres de recherches, dont l’objectif est de mettre en
valeur les connaissances.

D’autres types de structures d’animation et de promotion de l’innovation
sont également mentionnés dans ce qui suit, et associés aux
recommandations de cette étude : clusters, centres techniques d’appui aux
entreprises, associations d’entrepreneurs, etc.

Le développement des territoires innovants : les
technopĂ´les
Les technopôles, carrefours de l’innovation
Un lieu de fertilisation et d’accélération de l’innovation
Un technopôle 27 est une concentration géographique d’entreprises et
d’institutions de recherche (universités, centres R&D) sur un lieu délimité
(en général quelques hectares, à la différence des clusters qui peuvent
s’étaler sur un territoire, une région). Les effets de proximité (physique,
organisationnelle, culturelle) visent Ă  promouvoir la collaboration et le
Cette étude privilégie le terme de technopôle. Les termes de « Parc Technologique et
Scientifique (PTS) », « technopark », « technopole » (étymologiquement, cité de l’innovation
-nom féminin) sont également utilisés fréquemment par les acteurs de l’innovation.

27
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012
Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012

Weitere ähnliche Inhalte

Andere mochten auch

Juego Diamantes de Colores
Juego Diamantes de ColoresJuego Diamantes de Colores
Juego Diamantes de ColoresJugar Con Juegos
 
Trabajo practico 1
Trabajo practico 1Trabajo practico 1
Trabajo practico 1nahuelkpogrosso
 
Proyecto educar en positivo
Proyecto educar en positivo Proyecto educar en positivo
Proyecto educar en positivo medd211
 
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre20153Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015Anabel Lee
 
Producto 5
Producto 5Producto 5
Producto 5manuel
 
Proyecto educativoo....
Proyecto educativoo....Proyecto educativoo....
Proyecto educativoo....jacknefta
 
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ sesiĂłn - 15.03.2011
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ  sesiĂłn - 15.03.2011Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ  sesiĂłn - 15.03.2011
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ sesiĂłn - 15.03.2011ConsejerĂ­a de EducaciĂłn
 
Una vida mas pura
Una vida mas puraUna vida mas pura
Una vida mas puraromainka
 
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing Page
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing PageTipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing Page
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing PageDafne Berman
 
Leonardo y kevin[1]
Leonardo y kevin[1]Leonardo y kevin[1]
Leonardo y kevin[1]isthe
 
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducation
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducationTwitter, les réseaux sociaux, et autres en éducation
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducationMarc Lijour, OCT, BSc, MBA
 
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finale
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finaleChip_Ninja____Rapport_soutenance_finale
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finaleChady Dimachkie
 
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02Nived bhoyrow
 
A lire: Article de Laetitia de Gaulle dans Decideurs: la résolution de confl...
A lire: Article de Laetitia de Gaulle  dans Decideurs: la résolution de confl...A lire: Article de Laetitia de Gaulle  dans Decideurs: la résolution de confl...
A lire: Article de Laetitia de Gaulle dans Decideurs: la résolution de confl...Laetitia de Gaulle
 
Trip to toledo
Trip to  toledoTrip to  toledo
Trip to toledopablojgd
 
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1juan carlos ashqui
 
PresentaciĂłn1
PresentaciĂłn1PresentaciĂłn1
PresentaciĂłn1Glendita Vera
 

Andere mochten auch (20)

Juego Diamantes de Colores
Juego Diamantes de ColoresJuego Diamantes de Colores
Juego Diamantes de Colores
 
Trabajo practico 1
Trabajo practico 1Trabajo practico 1
Trabajo practico 1
 
Proyecto educar en positivo
Proyecto educar en positivo Proyecto educar en positivo
Proyecto educar en positivo
 
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre20153Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015
3Âşeso prueba extraordinaria_septiembre2015
 
Producto 5
Producto 5Producto 5
Producto 5
 
Proyecto educativoo....
Proyecto educativoo....Proyecto educativoo....
Proyecto educativoo....
 
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ sesiĂłn - 15.03.2011
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ  sesiĂłn - 15.03.2011Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ  sesiĂłn - 15.03.2011
Parlamento andaluz comision educacion-5ÂŞ sesiĂłn - 15.03.2011
 
Una vida mas pura
Una vida mas puraUna vida mas pura
Una vida mas pura
 
Generacion de ideas1
Generacion de ideas1Generacion de ideas1
Generacion de ideas1
 
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing Page
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing PageTipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing Page
Tipos de comunicaciĂłn Email Marketing - Landing Page
 
Leonardo y kevin[1]
Leonardo y kevin[1]Leonardo y kevin[1]
Leonardo y kevin[1]
 
Paola Andrea Fonck
Paola Andrea FonckPaola Andrea Fonck
Paola Andrea Fonck
 
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducation
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducationTwitter, les réseaux sociaux, et autres en éducation
Twitter, les réseaux sociaux, et autres en éducation
 
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finale
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finaleChip_Ninja____Rapport_soutenance_finale
Chip_Ninja____Rapport_soutenance_finale
 
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02
Sugarmanufacturingprocess 140419093722-phpapp02
 
A lire: Article de Laetitia de Gaulle dans Decideurs: la résolution de confl...
A lire: Article de Laetitia de Gaulle  dans Decideurs: la résolution de confl...A lire: Article de Laetitia de Gaulle  dans Decideurs: la résolution de confl...
A lire: Article de Laetitia de Gaulle dans Decideurs: la résolution de confl...
 
Trip to toledo
Trip to  toledoTrip to  toledo
Trip to toledo
 
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1
IncorporaciĂłn de las nntt y sus u posibilidades1
 
PresentaciĂłn1
PresentaciĂłn1PresentaciĂłn1
PresentaciĂłn1
 
Rocamadour lot
Rocamadour   lotRocamadour   lot
Rocamadour lot
 

Ă„hnlich wie Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012

Diasporas : passerelles pour  l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...
Diasporas : passerelles pour   l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...Diasporas : passerelles pour   l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...
Diasporas : passerelles pour  l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...ENPI Info Centre
 
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...Samir Abdelkrim
 
Présentation sur les financements Europeens par Noria DP
Présentation sur les financements Europeens par Noria DPPrésentation sur les financements Europeens par Noria DP
Présentation sur les financements Europeens par Noria DPMarseille Innovation
 
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...polenumerique33
 
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020Mohamed Larbi BEN YOUNES
 
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014CRM Spectacle
 
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en Méditerranée
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en MéditerranéeOpportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en Méditerranée
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en MéditerranéeSamir Abdelkrim
 
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationLivre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationassmaaainani
 
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la crise
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la criseInvestissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la crise
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la criseSamir Abdelkrim
 
1437049773 ipemed les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014
1437049773 ipemed   les tic au maroc, en algerie et en tunisie-20141437049773 ipemed   les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014
1437049773 ipemed les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014Samir Kaid
 
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&D
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&DDĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&D
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&DAnna Guivarch
 
Flash inno : février 2020
Flash inno : février 2020Flash inno : février 2020
Flash inno : février 2020Bpifrance
 
Innover par la mobilisation des acteurs
Innover par la mobilisation des acteurs Innover par la mobilisation des acteurs
Innover par la mobilisation des acteurs Fatimata Kone
 
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021Marseille Innovation
 
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...Maghrenov
 
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017Mondher Khanfir
 
Guide de financement de la startup innovante
 Guide de financement de la startup innovante Guide de financement de la startup innovante
Guide de financement de la startup innovanteL'Economiste Maghrébin
 
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veisMarcos CAVALCANTI
 
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...Alban Jarry (Bibliothèque de Documents)
 
Guide financement ecoentreprises2014
Guide financement ecoentreprises2014Guide financement ecoentreprises2014
Guide financement ecoentreprises2014PEXE
 

Ă„hnlich wie Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012 (20)

Diasporas : passerelles pour  l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...
Diasporas : passerelles pour   l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...Diasporas : passerelles pour   l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...
Diasporas : passerelles pour  l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innov...
 
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...
Diasporas : passerelles pour l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovat...
 
Présentation sur les financements Europeens par Noria DP
Présentation sur les financements Europeens par Noria DPPrésentation sur les financements Europeens par Noria DP
Présentation sur les financements Europeens par Noria DP
 
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...
D2IE - recueil bonnes pratique Pôles de compétitivité et Intelligence économi...
 
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020
Le dispositif français d’accompagnement pour le programme Horizon 2020
 
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014
Dgmic guide entreprendre dans les industries culturelles 2014
 
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en Méditerranée
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en MéditerranéeOpportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en Méditerranée
Opportunités Med: 25 filières à développer aujourd'hui en Méditerranée
 
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovationLivre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
Livre blanc-ia-et-technologies-quantiques-finance-innovation
 
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la crise
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la criseInvestissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la crise
Investissement direct Ă©tranger vers les pays Med en 2008: Face Ă  la crise
 
1437049773 ipemed les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014
1437049773 ipemed   les tic au maroc, en algerie et en tunisie-20141437049773 ipemed   les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014
1437049773 ipemed les tic au maroc, en algerie et en tunisie-2014
 
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&D
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&DDĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&D
DĂ©couvrez les AIDES EUROPEENNES sur l'INNOVATION & la R&D
 
Flash inno : février 2020
Flash inno : février 2020Flash inno : février 2020
Flash inno : février 2020
 
Innover par la mobilisation des acteurs
Innover par la mobilisation des acteurs Innover par la mobilisation des acteurs
Innover par la mobilisation des acteurs
 
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021
La newsletter de l'innovation N°24 - Eté 2021
 
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...
MAGHRENOV Seminar on support to business creation: presentation of the incuba...
 
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017
Guide de financement de la startup innovante Ă©dition 2017
 
Guide de financement de la startup innovante
 Guide de financement de la startup innovante Guide de financement de la startup innovante
Guide de financement de la startup innovante
 
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis
3a ConferĂŞncia Internacional sobre Ativos IntangĂ­veis
 
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - POLE FINANCE I...
 
Guide financement ecoentreprises2014
Guide financement ecoentreprises2014Guide financement ecoentreprises2014
Guide financement ecoentreprises2014
 

Ain cmi it1_promotion_innovation_fr_2012

  • 1. Investir en MĂ©diterranĂ©e ETUDE N° 63 / Novembre 2012 Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Etude sur les profils et attentes des incubateurs, technopĂ´les et centres de valorisation
  • 2. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Profils et attentes des incubateurs, technopĂ´les et centres de valorisation E t u d e N ° 6 3 Novembre 2012 ANIMA Investment Network SĂ©bastien Dagault, Amina Ziane-Cherif, Arturo Menendez
  • 3. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e RĂ©fĂ©rences Ce rapport a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© par l’équipe ANIMA, en coordination avec MIRA, dans le cadre du programme IT1. Le programme IT1 est une initiative du Centre de Marseille pour l’intĂ©gration en MĂ©diterranĂ©e (CMI), coordonnĂ©e par la Banque EuropĂ©enne d’Investissement (BEI). Il porte sur l’accompagnement de la promotion et du financement de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e. Son objectif est de contribuer Ă  l’augmentation du flux de projets innovants dans la rĂ©gion et de renforcer la chaĂ®ne de l’innovation, dès la phase amont du cycle de vie d’un projet jusqu’au stade final du financement. Plus d’informations sur www.cmimarseille.org. ANIMA Investment Network est une plateforme multi-pays de dĂ©veloppement Ă©conomique de la MĂ©diterranĂ©e. L’objectif d’ANIMA est de contribuer Ă  construire un meilleur environnement des affaires et Ă  accroĂ®tre les flux d’investissement en MĂ©diterranĂ©e. Plus d’information sur www.anima.coop. MIRA (Mediterranean Innovation and Research coordination Action) est un projet menĂ© par la DG Recherche de la Commission europĂ©enne dans le cadre du 7ème Programme-cadre de recherche et de dĂ©veloppement (PCRD). Il vise Ă  crĂ©er une plateforme de dialogue euro-mĂ©diterranĂ©enne en vue de promouvoir la coopĂ©ration en science et technologie. Plus d’information sur www.miraproject.eu. ISBN 2-915719-39-X © ANIMA 2012. Reproduction interdite sans autorisation expresse. Tous droits rĂ©servĂ©s. 2
  • 4. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Auteurs Etude rĂ©alisĂ©e par SĂ©bastien Dagault et Amina Ziane-Cherif, en collaboration avec Arturo Menendez (FundaciĂłn Madri+D, partenaire du projet MIRA), avec des contributions de ZoĂ© Luçon (appui mĂ©thodologique), Emmanuel Noutary (propositions et recommandations), Manal Tabet (acteurs financiers et fonds d’investissement), Samir Abdelkrim (diasporas, cas d’étude ASI). Traduction vers l'anglais de Sharon Benmussa (Transitwrite). Les personnes ayant participĂ© aux entretiens et Ă  l’enquĂŞte sur les acteurs de l’innovation sont chaleureusement remerciĂ©es de leur temps et de leurs idĂ©es qui ont permis d’enrichir les rĂ©flexions dĂ©veloppĂ©es dans cette Ă©tude. Merci Ă©galement Ă  toutes les personnes qui ont contribuĂ© Ă  illustrer cette Ă©tude d’exemples concrets. ANIMA et tous les partenaires impliquĂ©s ne peuvent ĂŞtre tenus responsables des donnĂ©es fournies. Toute erreur ou imprĂ©cision mĂ©rite d’être signalĂ©e Ă  info@anima.coop. ANIMA est intĂ©ressĂ© par vos commentaires, complĂ©ments d’information et mises Ă  jour. Merci. A qui s’adresse cette Ă©tude ? Cette Ă©tude s’adresse en prioritĂ© aux acteurs clĂ©s de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e et dans l’Union europĂ©enne :  entrepreneurs, responsables innovation au sein des PME ou grands groupes, chercheurs porteurs de projets d’innovation, souhaitant identifier des interfaces, partenaires et points d’ancrage ;  acteurs intermĂ©diaires de la promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e (technopĂ´les, incubateurs, pĂ©pinières, rĂ©seaux d’entrepreneurs), souhaitant Ă©changer sur des bonnes pratiques et actions communes ;  organisations gouvernementales (Ministères, agences de l’innovation) et non-gouvernementales qui soutiennent des actions de transfert technologique et d’entrepreneuriat innovant et souhaitent une meilleure synergie avec des programmes existants ;  institutions financières publiques (bailleurs de fonds) et privĂ©es (fonds d’investissement, banques, capitaux-risqueurs) qui y sont associĂ©es. 3
  • 5. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Acronymes  AFD : Agence Française de DĂ©veloppement   ANIMA : RĂ©seau euro-mĂ©diterranĂ©en d’acteurs du dĂ©veloppement Ă©conomique ANIMA-MIPO : Observatoire des annonces d’investissement et de partenariat en MĂ©diterranĂ©e   API : Agence de Promotion de l’Investissement BA : Business Angel   BEI : Banque europĂ©enne d’investissement CMI : Centre pour l’intĂ©gration MĂ©diterranĂ©en (Marseille). Marseille Center for Mediterranean Integration   CRM : Centres de recherches MĂ©diterranĂ©ens EBN : European Business & Innovation Centre Network   ERA : European Research Area GIZ : entreprise de coopĂ©ration internationale pour le dĂ©veloppement durable (Allemagne) IDE : Investissement direct Ă©tranger     IT1 : Programme d’appui Ă  l’innovation en MĂ©diterranĂ©e dĂ©veloppĂ© dans le cadre du Centre de Marseille pour l'IntĂ©gration en MĂ©diterranĂ©e (CMI) MED : Ensemble de 11 pays du voisinage europĂ©en, soit 9 pays partenaires mĂ©diterranĂ©ens de l'UE, 1 pays avec le statut d’observateur (Libye) et 1 pays en voie d’adhĂ©sion, la Turquie MENA : Middle East - North Africa = MED + Mauritanie, Soudan, pays du GCC + YĂ©men, Iran, Irak, Afghanistan, Pakistan   MIRA : Mediterranean Innovation and Research Coordination Action OCDE : Organisation de CoopĂ©ration et de DĂ©veloppement Économiques   OCEMO : Office de CoopĂ©ration Economique pour la MĂ©diterranĂ©e et l'Orient OTT : Office de transfert de technologie  PCRD : Programme cadre de Recherche et DĂ©veloppement, principal outil de financement de projets de recherche et innovation de la Commission europĂ©enne   PME : Petites et moyennes entreprises TIC : Technologies de l’Information et de la Communication   TPE : Très petites entreprises UE : Union europĂ©enne  WIPO : The World Intellectual Property Organization 4
  • 6. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Table des matières Synthèse .............................................................................................. 11 Introduction et cadre de l’étude ......................................................... 21 Introduction ................................................................................................................ 21 Positionnement........................................................................................................... 22 Innovation technologique et non technologique…....................................................................22 … dans sa rencontre avec le marchĂ©...............................................................................................23 Structures, acteurs et pays ciblĂ©s ......................................................................................................24 MĂ©thodologie.............................................................................................................. 25 Moyens mis en Ĺ“uvre.........................................................................................................................25 DĂ©marche et structure de l’étude.....................................................................................................26 Etat des lieux : acteurs et politiques de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e ....................................................................................... 27 Une recherche et dĂ©veloppement très majoritairement portĂ©e par le secteur public .............................................................................................................. 27 UniversitĂ©s et centres de recherche .................................................................................................27 Faiblesse des moyens de recherche.................................................................................................28 Publications et brevets – quels rĂ©sultats ?......................................................................................30 Le secteur privĂ© encore peu engagĂ© dans l’innovation ....................................... 31 Faiblesse des dĂ©penses de R&D privĂ©es........................................................................................31 Pratiques d’innovation au sein des entreprises MED ...............................................................33 Le rĂ´le clĂ© des entreprises Ă©trangères .............................................................................................34 Financement d'amorçage et de dĂ©marrage : capital risque et business angels ..................36 Le rĂ´le de catalyseur des politiques nationales et internationales .................... 38 Emergence de politiques d’appui Ă  la promotion de l’innovation ........................................38 Le rĂ´le clĂ© de la Commission europĂ©enne ....................................................................................42 Autres acteurs clĂ©s internationaux ..................................................................................................46 Profil des structures d’appui Ă  l’innovation : technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation ............................................... 49 Le dĂ©veloppement des territoires innovants : les technopĂ´les .......................... 49 Les technopĂ´les, carrefours de l’innovation .................................................................................49 Panorama ................................................................................................................................................51 Positionnement sectoriel.....................................................................................................................55 5
  • 7. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Gouvernance, mode de financement et choix budgĂ©taires......................................................56 Services : une offre inĂ©gale .................................................................................................................59 Ecosystème .............................................................................................................................................61 La promotion de l’entrepreneuriat : les incubateurs ........................................... 64 Typologie : incubateurs, pĂ©pinières et accĂ©lĂ©rateurs d’innovation........................................64 Panorama ................................................................................................................................................65 Positionnement sectoriel.....................................................................................................................67 Gouvernance, autonomie budgĂ©taire et moyens humains .....................................................68 Services ....................................................................................................................................................70 La valorisation de la recherche : les centres de transfert de technologies au sein des universitĂ©s et centres R&D........................................... 72 Le processus de valorisation de la recherche ...............................................................................72 Panorama ................................................................................................................................................74 Positionnement sectoriel.....................................................................................................................82 Gouvernance et services .....................................................................................................................82 Ecosystème : coopĂ©ration avec le secteur privĂ© ...........................................................................83 Dynamiques et partenariats d’innovation en MĂ©diterranĂ©e : quelles difficultĂ©s et opportunitĂ©s ? ................................................... 85 Aspects culturels et humains : freins et opportunitĂ©s ......................................... 87 Des freins culturels Ă  la coopĂ©ration ...............................................................................................87 Le manque de formation des managers de l’innovation..........................................................89 RĂ©volutions et esprit d’entrepreneuriat .........................................................................................90 Un cadre administratif, rĂ©glementaire et financier peu incitatif mais en Ă©volution ................................................................................................................ 96 Vers un meilleur accompagnement des chercheurs entrepreneurs ?...................................96 Une politique de propriĂ©tĂ© intellectuelle en construction ........................................................97 Faiblesse des outils de financement d’amorçage ........................................................................98 Aspects opĂ©rationnels : du lancement Ă  la vente d’un projet d’innovation................................................................................................................ 101 Conception d’un projet d’innovation .............................................................................................102 Mise en Ĺ“uvre d’un projet d’innovation : des Ă©quipes trop techniques et isolĂ©es .......................................................................................................................................................105 Promotion et vente d’un projet d’innovation...............................................................................106 ProblĂ©matiques de coordination et de gouvernance ........................................... 109 A l’échelle des politiques nationales ...............................................................................................109 Vers des partenariats public-privĂ© ? ...............................................................................................111 Au niveau euro-mĂ©diterranĂ©en et international .........................................................................115 En rĂ©sumĂ©, analyse SWOT (forces, faiblesses, menaces et opportunitĂ©s) ...........................118 6
  • 8. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Recommandations............................................................................... 119 Mobiliser les communautĂ©s de l’innovation (2012-2013).................................... 120 MedIn 2.0 : une plateforme de promotion et de collaboration en ligne ...............................120 4 task forces sectorielles rĂ©gionales..................................................................................................122 Mutualiser des actions Ă  l’échelle transnationale (2013-2015)............................ 125 Des FormActions ..................................................................................................................................125 Des services de veille ...........................................................................................................................127 Des actions de promotion et de prospection ................................................................................128 Mettre en place une continuitĂ© euro-mĂ©diterranĂ©enne des services d’appui Ă  l’innovation (2013-2020) ......................................................................... 130 Business dĂ©veloppement Ă  l’international ....................................................................................131 Parrainage et accompagnement managĂ©rial................................................................................132 Financement d’amorçage...................................................................................................................133 Prototypage de projets d’innovation ..............................................................................................134 Faire Ă©voluer la gouvernance pour appuyer des dynamiques d’innovation Ă  long terme (2013-2020) ................................................................... 136 DĂ©velopper une culture entrepreneuriale au sein des technopĂ´les, incubateurs, centres de valorisation................................................................................................136 A l’échelle des pays : coordonner politiques d’attractivitĂ©, politiques industrielles et d’innovation en lien avec le secteur privĂ©........................................................137 A l’échelle transnationale : favoriser la mobilitĂ© des innovateurs..........................................138 Bibliographie ....................................................................................... 141 Annexes ............................................................................................... 145 Annexe 1 : liste des personnes interviewĂ©es ......................................................... 145 Annexe 2 : questionnaire distribuĂ© aux acteurs de l’innovation ....................... 150 7
  • 9. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Liste des figures Figure 1 : innovation provenant des entreprises Ă©trangères- en nombre de projets sur 545 projets d’innovation .............................................................. 35 Figure 2 : IDE et partenariats innovants par rĂ©gion d’origine et pays de destination ............................................................................................................. 36 Figure 3 : cartographie des technopĂ´les dans les pays MED .......................... 51 Figure 4 : positionnement sectoriel des technopĂ´les dans les pays MED ..... 55 Figure 5 : processus et Ă©tapes d’incubation ....................................................... 64 Figure 6 : cartographie des incubateurs dans les pays MED .......................... 65 Figure 7 : positionnement sectoriel des incubateurs dans les pays MED...... 67 Figure 8 : processus de valorisation des rĂ©sultats de la recherche ................. 73 Figure 9 : dĂ©but des activitĂ©s de valorisation .................................................... 74 Figure 10 : cartographie des centres de valorisation dans les pays MED ..... 75 Figure 11 : positionnement sectoriel des centres de valorisation de la recherche ................................................................................................................ 82 Figure 12 : utilisateurs des services de valorisation ......................................... 83 Figure 13 : types de collaboration recherche-industrie dans le transfert de technologie ............................................................................................................. 84 Figure 14 : facteurs Ă  l’origine d’établissement de liens universitĂ©industrie ................................................................................................................. 84 Figure 15 : dynamique de l’innovation en rĂ©seau ............................................ 85 Figure 16 : Ă©tapes d’un projet d’innovation .................................................... 102 Figure 17 : l’innovation en MĂ©diterranĂ©e, analyse SWOT ............................. 118 8
  • 10. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Table des cas d’études Cas d’étude n°1 : Technopole -BiotechPole Sidi Thabet (Tunisie).................. 57 Cas d’étude n°2 : Technopole HSC - El Hassan Business Park (Jordanie) .... 60 Cas d’étude n°3 : Berytech (Liban) ...................................................................... 68 Cas d’étude n°4 : T.I.E.C (Egypte) ...................................................................... 71 Cas d’étude n°5 : UnitĂ© de DĂ©veloppement de la Technologie du Silicium -UDTS (AlgĂ©rie) .................................................................................................... 76 Cas d’étude n°6 : Grants, Innovation & Technology Transfer Center – GITTC (University of Alexandria, Egypte) ....................................................... 77 Cas d’étude n°7 : Intellectual Property Commercialization Office -IPCO (Jordanie) ............................................................................................................... 79 Cas d’étude n°8 : Centre de Recherches et des Technologies des Eaux - CERTE (Tunisie) .................................................................................................................. 81 Cas d’étude n°9 : Algerian Start-up Initiative –ASI (AlgĂ©rie) ......................... 93 Cas d’étude n°10 : Technopark (Casablanca, Maroc) ..................................... 100 Cas d’étude n°11 : Soft Centre (Rabat, Maroc) ................................................ 104 Cas d’étude n°12 : PĂ´le de compĂ©titivitĂ© Monastir-El Fejja - Mfcpole (Tunisie) ............................................................................................................... 107 Cas d’étude n°13 : PICTI (Palestine)................................................................. 112 9
  • 11.
  • 12. Synthèse Le dĂ©veloppement des Ă©conomies de l’innovation est, plus que jamais en pĂ©riode de crise, une course Ă  la compĂ©titivitĂ© engagĂ©e par quasiment tous les pays, dans le but de crĂ©er de la valeur ajoutĂ©e et de gĂ©nĂ©rer des emplois Ă  long terme. L’essor d’activitĂ©s industrielles d’avenir dans des domaines d’excellence, le pari sur l’entrepreneuriat et la crĂ©ation de futurs champions Ă©conomiques, l’attraction d’investissements Ă©trangers sur des activitĂ©s haut de gamme, l’insertion dans les flux mondiaux d’échanges de connaissance par la promotion de technopĂ´les et de vitrines d’innovation sont autant de prioritĂ©s de dĂ©veloppement pour tous, et pour les pays MED notamment. Pourtant, face Ă  ces enjeux, un dĂ©crochage des pays du bassin mĂ©diterranĂ©en se dessine Ă  plusieurs niveaux : problèmes de masse critique des investissements et Ă©quipements, manque de visibilitĂ© internationale, faibles performances de la valorisation de la recherche et difficultĂ© Ă  mettre en place des partenariats public-privĂ©. L’étude Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e s’appuie sur un travail de terrain, un recensement des programmes existants, des ateliers avec les « acteurs mĂ©diterranĂ©ens du changement » pour proposer un Ă©tat des lieux des Ă©cosystèmes de l’innovation qui se dĂ©veloppent au sud de la MĂ©diterranĂ©e. Trois types de structures d’appui Ă  l’innovation sont ciblĂ©s : technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation. 7 pays MED sont concernĂ©s : AlgĂ©rie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie. Au-delĂ  des analyses macro-Ă©conomiques, l’ambition de cette Ă©tude est de proposer des Ă©lĂ©ments clĂ©s pour l’émergence de nouvelles dynamiques de dĂ©veloppement de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e : mise en valeur des bonnes pratiques, identification et implication d’acteurs moteurs et mise en rĂ©seau de communautĂ©s et pĂ´les d’innovation Ă  l’échelle rĂ©gionale.
  • 13. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Etat des lieux : acteurs et politiques de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Les activitĂ©s de recherche et dĂ©veloppement (R&D) en MĂ©diterranĂ©e sont très largement concentrĂ©s dans les centres de recherche et universitĂ©s publiques (plus de 90%, contre 54% en moyenne dans l’Union europĂ©enne). Les investissements en R&D reprĂ©sentent des montants faibles comparĂ©s aux moyennes internationales : entre 0,2% et 0,7% du PIB dans les pays MED (exceptĂ© la Tunisie avec environ 1%), contre près de 2% en Europe. D’une manière gĂ©nĂ©rale, il existe un manque significatif de moyens (chercheurs, Ă©quipements) et une faible efficacitĂ© des systèmes d’innovation en MĂ©diterranĂ©e, que ce soit en termes de vision stratĂ©gique, d’excellence de la recherche, de visibilitĂ© internationale, de valorisation des publications et des brevets, ou d’environnement de l’innovation. Les pays MED sont par ailleurs tous affectĂ©s par un phĂ©nomène de fuite des cerveaux. Il existe cependant des diffĂ©rences entre certains pays : les performances de la Jordanie ou de la Tunisie sont proches ou supĂ©rieures Ă  celles de l’Europe du Sud (France ou Italie par exemple), tandis que l’AlgĂ©rie est en retard sur quasiment tous les tableaux. Le secteur privĂ© est encore relativement peu engagĂ© dans l’innovation mais traverse une phase de profonde mutation, avec notamment l’arrivĂ©e d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’entrepreneurs et de PME innovantes, le dĂ©veloppement d’une industrie du capital risque, l’implication croissante de grands groupes et la multiplication de programmes d’appui Ă  la promotion de l’innovation Ă  l’échelle nationale et internationale. Profils des acteurs clĂ©s de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Types d’acteurs Profil Focus innovation Attentes Interfaces/ international TPE/PME traditionnelles Structures informelles Management familial Low tech Services Agro Management de l’innovation Formalisation d’offres Chambres de commerce FĂ©dĂ©rations Clusters locaux 12
  • 14. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Types d’acteurs Profil Focus innovation Attentes Interfaces/ international Start-ups/ nouvelles PME Forte innovation Equipes internationales Mid tech Services High tech Coaching Financement d’amorçage Accès aux marchĂ©s locaux et mondiaux Grands groupes locaux / internationaux Position dominante dans l’innovation Faible interaction avec les rĂ©seaux locaux Infrastructures Energie Banque Telecoms Sourcing de talents Promotion de produits Partenariats R&D High Tech Environnement Agro SantĂ© TIC Marketing Meilleure gouvernance Cofinancement et partenariats public-privĂ© Programmes d’appui Internationaux Centres de valorisation Biens de consommation Infrastructures Services High Tech Sourcing de projets Baisse des coĂ»ts de due diligence RĂ©seaux de coaching RĂ©seaux de business angels Fonds de capital risque rĂ©gionaux UniversitĂ©s et centres R&D publics Acteurs financiers Faibles moyens de recherche Manque de visibilitĂ© sur les domaines d’excellence Fuite des cerveaux Fort dĂ©veloppement du capital risque depuis 10 ans Timide Ă©mergence de business angels Clusters innovants CompĂ©titions de business plans Incubateurs, technopĂ´les FĂ©dĂ©rations professionnelles Clusters innovants Agences gouvernementales et/ou de promotion 13
  • 15. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Profil des structures d’appui Ă  l’innovation : technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation L’étude de ces trois types de structures permet d’éclairer diffĂ©rents enjeux liĂ©s Ă  la promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e :  les technopĂ´les sont au cĹ“ur des politiques d’attractivitĂ© des territoires en MĂ©diterranĂ©e et de la question des synergies entre acteurs publics et privĂ©s dans l’innovation ;  les incubateurs sont face Ă  la question de la place du financement de l’innovation et de l’implication des grandes entreprises dans les Ă©cosystèmes d’innovation ;  les centres de valorisation de la recherche posent la question de la gouvernance publique et de l’adĂ©quation entre recherche publique et besoin du marchĂ©. 41 projets de technopĂ´les, rĂ©alisĂ©s ou annoncĂ©s ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans les 7 pays MED ciblĂ©s par l’étude. Près des 3/4 ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s après 2005, majoritairement concentrĂ©s en Tunisie (12) et au Maroc (9). Souvent Ă©loignĂ©s des centres villes, ils pâtissent de la faiblesse des Ă©cosystèmes locaux et d’un manque de taille critique (manque d’entreprises et centres de recherche). Les technopĂ´les sont positionnĂ©s majoritairement dans le secteur des TIC (36%). Le secteur de l’agroalimentaire est Ă©galement bien reprĂ©sentĂ© (18%). 90 incubateurs ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, dont la moitiĂ© au Maroc et en Tunisie. Ils sont rĂ©partis en trois catĂ©gories : les incubateurs universitaires traditionnels (peu actifs), les pĂ©pinières (axĂ©es sur des services d’accompagnement administratif), et les accĂ©lĂ©rateurs d’innovation (durĂ©e d’accompagnement rĂ©duite, proximitĂ© avec les rĂ©seaux financiers). Une majoritĂ© des incubateurs (53%) est multisectorielle. Plus d’un tiers (37%) cible en prioritĂ© les TIC. Plus de 50 centres de valorisation des rĂ©sultats de la recherche ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s dans les pays MED. Ils sont aussi très rĂ©cents (80% ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s après 2008) et n’ont gĂ©nĂ©ralement pas de structure ou d’équipes dĂ©diĂ©es Ă  plein temps. Ils se concentrent principalement en Egypte (14 centres identifiĂ©s) et en AlgĂ©rie (13). Les services fournis sont gĂ©nĂ©ralement destinĂ©s Ă  des Ă©quipes internes (chercheurs, Ă©tudiants) et peu tournĂ©s vers l’entreprise et l’international. Un quart seulement des centres de valorisation cible un secteur prĂ©cis comme l’agronomie, les biotechnologies ou la santĂ©. 14
  • 16. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Dynamiques et partenariats d’innovation MĂ©diterranĂ©e : quelles difficultĂ©s et opportunitĂ©s ? en Dans un contexte oĂą l’innovation se construit de plus en plus en rĂ©seau et Ă  l’échelle internationale, de manière ouverte et autour d’écosystèmes d’innovation, le manque de proximitĂ© et de confiance entre acteurs privĂ©s et publics, la rigiditĂ© des cadres administratifs, le manque de formation des managers de l’innovation et les problèmes de gouvernance sont autant d’obstacles majeurs au dĂ©veloppement de dynamiques d’innovation dans les pays MED. Pourtant, de nouvelles dynamiques sont Ă  l’œuvre, comme le dĂ©veloppement rĂ©cent d’une culture de l’entrepreneuriat en MĂ©diterranĂ©e, ou encore la mise en Ĺ“uvre de partenariats Sud-Sud entre acteurs clĂ©s de l’innovation. Les pays MED disposent de leviers intĂ©ressants pour dynamiser leurs systèmes d’innovation, comme le recours aux marchĂ©s publics ou la mise Ă  contribution de leurs talents expatriĂ©s ou issus de la diaspora, et qui souhaitent s’impliquer pour leurs pays d’origine. Forces Faiblesses  Secteurs innovants en forte croissance  Culture de l’innovation peu (TIC, Tourisme et services, agro- dĂ©veloppĂ©e industrie, SantĂ©)  Manque de confiance et de proximitĂ©  Talents de la Diaspora en Europe, US entre acteurs publics et privĂ©s et pays du Golfe  Faible lisibilitĂ© et visibilitĂ© Ă  l’échelle  Success stories et modèles Ă  suivre internationale  Cadre rĂ©glementaire rigide  Peu de fonds d’amorçage Menaces  DĂ©crochage par rapport aux flux  mondiaux de connaissance et  d’investissement   Sous-investissement et dispersion des moyens OpportunitĂ©s Envie d’entreprendre Effet de levier des marchĂ©s publics Nouveaux acteurs clĂ©s (grands groupes, business angels) souhaitant s’impliquer  Crise et baisse des investissements  Nouvelles politiques d’innovation directs Ă©trangers  Vers des partenariats Sud-Sud ? 15
  • 17. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e 12 propositions d’actions Ă  l’échelle rĂ©gionale : Plusieurs arguments jouent en faveur d’actions Ă  l’échelle euromĂ©diterranĂ©enne : la mutualisation de moyens pour l’instant trop modestes au nord comme au sud de la MĂ©diterranĂ©e, la recherche de synergies autour de problĂ©matiques et de domaines d’expertises communs (mobilitĂ©, gestion de l’eau ou dĂ©veloppement urbain par exemple) et la possibilitĂ© de s’appuyer sur les nombreux talents souhaitant dĂ©velopper des projets innovants entre Europe et MĂ©diterranĂ©e. Les propositions qui suivent rĂ©pondent Ă  des problĂ©matiques de terrain et recherchent les synergies avec les politiques et programmes existants. Elles associent les acteurs de l’innovation autour de 4 Ă©tapes de mise en Ĺ“uvre (voir tableau) : A court terme, un plan de mobilisation Ă  l’échelle rĂ©gionale (prioritĂ©s, acteurs, moyens d’activation, leviers) ; propositions 1 et 2. A moyen terme, des propositions d’outils Ă  mutualiser pour crĂ©er des effets de masse critique et des synergies entre acteurs de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e ; propositions 3, 4 et 5. A plus long terme, la coordination de dispositifs nationaux afin d’offrir aux innovateurs Ă©voluant dans la rĂ©gion euro-mĂ©diterranĂ©enne une continuitĂ© de service ; propositions 6, 7, 8 et 9. En parallèle, un appui Ă  la gouvernance de l’innovation est proposĂ© Ă  diffĂ©rents niveaux pour mobiliser des acteurs clĂ© autour de dynamiques d’innovation Ă  long terme ; propositions 10, 11 et 12. 16
  • 18. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Propositions Une plateforme de promotion et de collaboration en ligne (MedIn 2.0) 4 task forces sectorielles rĂ©gionales Quoi ? Comment ? -Annuaire acteurs -BD 100 technologies clĂ©s -ChaĂ®nes de valeurs et domaines d’innovations prioritaires en MĂ©diterranĂ©e -Outils promotionnels (vidĂ©os, success stories) Economie verte Agro-industrie TIC Tourisme durable et services S’appuyer sur les travaux d’animation et mapping du groupe IT1. DĂ©centraliser l’animation de la plateforme. Coordination avec programmes d’innovation nationaux, PCRD et compĂ©titions rĂ©gionales Task forces associant 5 types d’acteurs autour d’objectifs et plan d’actions rĂ©gionaux Programme de formations 4 thèmes prioritaires : financement, promotion et transfert de technologie, communication, gestion de la propriĂ©tĂ© intellectuelle Autour de cas d’études en rĂ©unissant les acteurs de l’accompagnement, de l’environnement et du marchĂ©. En synergie avec ce qui existe dĂ©jĂ  en termes de formation au niveau de chaque pays Services de veille Alertes et news sectorielles sur des opportunitĂ©s de marchĂ©, des innovations et technologies et des opportunitĂ©s de coopĂ©ration Partenariats avec des mĂ©dias spĂ©cialisĂ©s, plateformes de veille institutionnelle, laboratoires publics ou grands groupes Actions de promotion et de prospection Des « Pavillons MĂ©diterranĂ©e » dans des foires internationales : stands, ateliers de promotion Utiliser les talents de la diaspora (communautĂ©s d’ambassadeurs), mobiliser des sponsors privĂ©s sur des actions rĂ©currentes et long terme 17
  • 19. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Propositions Quoi ? Comment ? Business dĂ©veloppement international Des « comptoirs MĂ©diterranĂ©e » dans des territoires cibles, mobilisant des tĂŞtes de rĂ©seau, des co-working spaces et services d’étude de marchĂ©s low-cost Cibler des territoires spĂ©cifiques : capitales europĂ©ennes, pays du Golfe et USA Parrainage et accompagnement managĂ©rial Des groupes de mentoring sectoriels Ă  dimension rĂ©gionale Donner une dimension rĂ©gionale Ă  des programmes existants. Associer des grands groupes Financement d’amorçage Prototypage de projets d’innovation DĂ©velopper une culture entrepreneuriale au sein des pĂ´les d’innovation 18 Une facilitĂ© pour le financement de l’amorçage en MĂ©diterranĂ©e: sourcing de projets, appui au cofinancement, fonds rĂ©gional de coinvestissement Une mise en rĂ©seau de plateformes de prototypage et preuve de concept (living labs) Ă  l’échelle euromĂ©diterranĂ©enne. Des outils d’appui Ă  l’émergence de projets (prĂŞt d’honneur et accompagnement) et une assistance aux meilleurs projets d’innovation Mettre en place un comitĂ© d’experts, comitĂ© d’engagement et Ă©quipe d’animation Impliquer des grands groupes dans le sponsoring de ces plateformes. Se connecter aux rĂ©seaux de living labs europĂ©ens Organiser des compĂ©titions de business plans et crĂ©er une Ă©mulation autour des fonds proposĂ©s. Mesurer l’impact de ces fonds et intĂ©resser le personnel des structures d’appui aux rĂ©sultats
  • 20. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Propositions Coordonner les politiques d’attractivitĂ©, politiques industrielles et d’innovation A l’échelle transnationale : favoriser la mobilitĂ© des innovateurs Quoi ? Structurer et mettre en rĂ©seau au niveau stratĂ©gique des comitĂ©s d’orientation de politiques d’appui Ă  l’entreprise et au niveau opĂ©rationnel des guichets uniques de l’innovation. Des bourses MobilitĂ© Innovation MĂ©diterranĂ©e pour les 100 meilleurs projets d’innovation au sud de la MĂ©diterranĂ©e Comment ? Utiliser les Points de Contacts Nationaux (PCN) mis en place dans le cadre du 7eme PCRD. Organiser une confĂ©rence annuelle sur la gouvernance de l’innovation S’appuyer sur le programme Erasmus Jeunes entrepreneurs de la Commission europĂ©enne 19
  • 21.
  • 22. Introduction et cadre de l’étude Introduction Le dĂ©veloppement des Ă©conomies de l’innovation est, plus que jamais en pĂ©riode de crise, une course Ă  la compĂ©titivitĂ© engagĂ©e par quasiment tous les pays, dans le but de crĂ©er de la valeur ajoutĂ©e et de gĂ©nĂ©rer des emplois Ă  long terme. L’essor d’activitĂ©s industrielles d’avenir dans des domaines d’excellence, le pari sur l’entrepreneuriat et la crĂ©ation de futurs champions Ă©conomiques, l’attraction d’investissements Ă©trangers sur des activitĂ©s haut de gamme, l’insertion dans les flux mondiaux d’échanges de connaissance par la promotion de technopĂ´les et de vitrines d’innovation sont autant de prioritĂ©s de dĂ©veloppement pour tous, et pour les pays MED notamment. Pourtant, face Ă  ces enjeux, un dĂ©crochage des pays du bassin mĂ©diterranĂ©en se dessine Ă  plusieurs niveaux 1. Les pays MED sont non seulement plutĂ´t mal classĂ©s en matière de performance sur l’innovation, mais ils subissent une Ă©rosion de leurs positions malgrĂ© la mise en place de politiques volontaristes et d’infrastructures dans la plupart des pays. Tableau 1 : performance des pays MED dans le domaine de l’innovation Rang 2011 (sur 142) Rang 2010 (sur 139) Rang 2009 (sur 133) Jordanie 77 68 59 Liban 115 112 Non classĂ© Tunisie 37 31 38 Egypte 103 83 74 Maroc 80 81 96 AlgĂ©rie 132 107 114 Pays Source: World Economic Forum. (2011, 2010, 2009). The Global Competitiveness Report Global Competitiveness Report, Global innovation Index ou encore Classement de ShangaĂŻ 1
  • 23. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Sur le terrain, il n’existe pas, ou très peu, d’entreprises, de centres de recherche ou d’universitĂ©s reconnus mondialement, c'est-Ă -dire des champions de l’innovation qui ont une visibilitĂ© Ă  l’échelle internationale ou constituent une force d’entraĂ®nement pour des dynamiques de promotion de l’innovation. L’attractivitĂ© de la MĂ©diterranĂ©e en matière d’innovation est faible : les travaux rĂ©alisĂ©s dans le cadre de cette Ă©tude soulignent un problème de lisibilitĂ© de l’offre mĂ©diterranĂ©enne dans le domaine de l’innovation (il est d’ailleurs difficile d’obtenir des indicateurs sur ce sujet) et un questionnement sur sa qualitĂ©. OĂą sont les domaines d’excellence de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e ? L’étude Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e s’appuie sur un travail de terrain avec les « acteurs du changement » mĂ©diterranĂ©ens afin de proposer un Ă©tat des lieux des Ă©cosystèmes de l’innovation qui se dĂ©veloppent au sud de la MĂ©diterranĂ©e. Au-delĂ  des analyses macro-Ă©conomiques, l’ambition de cette Ă©tude est de proposer des Ă©lĂ©ments clĂ©s pour l’émergence de nouvelles dynamiques de dĂ©veloppement de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e : revue des programmes et outils d’appui existants, mise en valeur des bonnes pratiques et identification des acteurs moteurs Ă  associer dans la mise en Ĺ“uvre d’actions. Positionnement Innovation technologique et non technologique… L’innovation, comme processus de crĂ©ation de valeur, comme moyen de mobilisation d’acteurs et d’énergies autour de l’élaboration de produits ou services nouveaux, est une des prioritĂ©s actuelles pour le dĂ©veloppement Ă©conomique et la crĂ©ation d’emplois. Cette Ă©tude envisage l’innovation sous toutes ses formes. L’innovation technologique est bien sĂ»r analysĂ©e, mais les champs de l’innovation sont bien plus variĂ©s 2, en particulier pour les pays du sud de la MĂ©diterranĂ©e. L’étude opte ainsi pour une approche large de l’innovation et adopte la 2 Au niveau europĂ©en par exemple, seulement 4% des innovations sont construites sur des sources scientifiques. Voir SITRA. (2008). Is Finnish innovation policy utilising 4% or 96% of Finnish innovation potential? www.sitra.fi/en 22
  • 24. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e dĂ©finition de l’OCDE, qui se fonde sur le Manuel d’Oslo et retient 4 grands types d’innovation : 1. innovation de produit : amĂ©lioration technique d’un produit ; 2. innovation de procĂ©dĂ© : amĂ©lioration de mĂ©thodes de production ou de distribution ; 3. innovation en matière d’organisation : changements dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations extĂ©rieures de la firme (par exemple : le travail en rĂ©seau) ; 4. innovation en matière de commercialisation : changement dans la conception, le conditionnement, le placement, la promotion ou la tarification d’un produit (nouvelles approches en termes de marketing ou de design par exemple). … dans sa rencontre avec le marchĂ© Offre et demande L’étude aborde de façon très synthĂ©tique les aspects amont, relatifs Ă  la mise en place d’un système d’innovation : dĂ©finition de politique de recherche, dĂ©veloppement d’infrastructures technologiques, statut des chercheurs, etc. Elle cible davantage l’innovation dans sa partie aval, de rencontre avec un marchĂ©, autour de questions clĂ©s liĂ©es Ă  la promotion de l’innovation :   quelle est l’offre d’innovation ? L’étude analyse la façon dont les projets d’innovation (vente de brevets, crĂ©ation de startups, partenariats de recherche, vente d’expertise, etc.) sont prĂ©sentĂ©s, proposĂ©s, vendus Ă  des investisseurs, acheteurs, partenaires, sponsors, et d’une manière large Ă  tout acteur souhaitant s’impliquer autour de pĂ´les d’innovation en MĂ©diterranĂ©e. oĂą est la demande ? Il s’agit d’étudier comment est perçue l’innovation par les acteurs du marchĂ© (grands groupes, investisseurs, entrepreneurs, etc.) ; oĂą se situe le potentiel de dĂ©veloppement de l’innovation en termes de secteurs et de zones gĂ©ographiques Ă  cibler ; et quels sont les leviers et acteurs Ă  impliquer pour dynamiser la demande. RĂ´le des interfaces et partenariats Cette Ă©tude vise en prioritĂ© les points de rencontre entre offre et demande, c'est-Ă -dire les interfaces et outils de coordination entre acteurs et ressources, Ă  diffĂ©rents niveaux : entre chercheurs et entrepreneurs, mais aussi entre acteurs locaux et internationaux. 23
  • 25. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Pour les entreprises, les universitĂ©s et les centres de recherche publics, l’« open innovation » est une nĂ©cessitĂ©, c'est-Ă -dire Ă  l’ouverture et l’interaction permanente vers d’autres marchĂ©s et d’autres acteurs, le partage de ressources (Ă©change d’informations, cofinancement de projets, etc.) et de moyens (plateformes technologiques, « living labs », etc.). Comment les acteurs mĂ©diterranĂ©ens s’insèrent-ils dans ces dynamiques de partenariat dans le domaine de l’innovation ? Quels sont les leviers Ă  utiliser et les obstacles Ă  surmonter ? Ces questions sont au cĹ“ur des analyses et recommandations finales de l’étude. Structures, acteurs et pays ciblĂ©s L’étude cible trois types de structures d’appui Ă  l’innovation :  les technopĂ´les, qui ont pour mission de constituer des vitrines de la MĂ©diterranĂ©e sur des domaines d’excellence et des catalyseurs des dynamiques d’innovation sur un espace donnĂ© ;  les incubateurs et pĂ©pinières, qui sont des outils d’accompagnement et de mise en rĂ©seau pour l’entrepreneuriat innovant ;  les centres de valorisation des rĂ©sultats de la recherche, qui ont pour mission de faire le lien entre le monde de la recherche et le marchĂ©. A l’heure oĂą l’innovation s’organise en rĂ©seaux, clusters et Ă©cosystèmes, l’étude s’attache Ă  mettre en lumière les dynamiques qui se construisent autour de ces 3 types de structures qui fĂ©dèrent des acteurs diversifiĂ©s, dont les profils, attentes et rĂ´les possibles seront analysĂ©s :  acteurs de terrain au centre des projets d’innovation : universitĂ©s et centres de recherches, entrepreneurs ;  acteurs du marchĂ©, Ă  la fois clients et producteurs d’innovation : PME, grands groupes, investisseurs, etc ;  gouvernements et structures d’appui, dans un rĂ´le attendu d’impulsion et de facilitation ;  investisseurs Ă©trangers et talents expatriĂ©s (Diaspora), apporteurs de savoir faire et de dĂ©bouchĂ©s. 24
  • 26. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e 7 pays 3 sont visĂ©s par cette Ă©tude : AlgĂ©rie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie. L’étude dresse un Ă©tat des lieux de l’innovation et des recommandations Ă  l’échelle rĂ©gionale. Le choix des 7 pays se base sur la dĂ©marche de l’étude qui vise Ă  dĂ©gager des besoins communs parmi les acteurs des 7 pays MED, et ce dans le but d’alimenter la rĂ©flexion Ă  l’échelle rĂ©gionale et de proposer des recommandations qui contribueront Ă  dĂ©velopper des solutions communes. MĂ©thodologie Moyens mis en Ĺ“uvre La rĂ©daction de cette Ă©tude s’est appuyĂ©e sur l’élaboration d’une base de donnĂ©es des acteurs de l’innovation recensant et qualifiant plus de 200 structures (technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation des rĂ©sultats de la recherche), dont certaines ont fait l’objet d’une analyse plus poussĂ©e (13 cas d’études). Pour cela, ANIMA et la Fondation Madri+D/ MIRA ont mis en Ĺ“uvre les moyens suivants :      revue bibliographique 4 ; participation Ă  des ateliers de travail et capitalisation des rĂ©sultats de plusieurs projets euro-mĂ©diterranĂ©ens : atelier Innovation du Groupe de travail sur la coopĂ©ration industrielle, Projet Medibtikar, ateliers et initiatives liĂ©s Ă  l’innovation menĂ©s dans le cadre du projet Invest in Med ; envoi d’un questionnaire 5 en français et en anglais Ă  150 contacts (25% de taux de rĂ©ponse) ; missions de terrain en Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie et AlgĂ©rie ; rĂ©alisation de plus de 100 interviews d’acteurs clĂ©s de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e 6 : directeurs de technopĂ´les, d’incubateurs ou de centres de valorisation, chercheurs, acteurs institutionnels de la promotion de l’innovation, structures non gouvernementales d’appui Ă  l’entrepreneuriat et Ă  l’innovation, capitaux-risqueurs et rĂ©seaux de business angels. 3 IsraĂ«l, dont la performance en matière d’innovation n’est plus Ă  dĂ©montrer, n’a pas Ă©tĂ© inclus pour des raisons de cohĂ©rence et d’homogĂ©nĂ©itĂ© des problĂ©matiques rencontrĂ©es. 4 Voir bibliographie page 141 5 Voir liste des personnes interrogĂ©es page 145 6 Voir questionnaire page 150 25
  • 27. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e DĂ©marche et structure de l’étude L’objectif de l’étude est double :  mettre en avant des bonnes pratiques, tendances, points de blocage et dynamiques positives pour la promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e ;  identifier des besoins communs et proposer des pistes de coopĂ©ration prĂ©cises Ă  l’échelle rĂ©gionale. L’étude se structure ainsi en quatre parties :  le premier chapitre donne une photographie des acteurs situĂ©s au coeur de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e (centres de recherche, universitĂ©s, entreprises, acteurs financiers) et des principales politiques d’appui en cours.  le deuxième chapitre est consacrĂ© aux 3 types de stuctures dĂ©diĂ©es Ă  l’animation et la promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e : technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation. Quelles sont leurs caractĂ©ristiques, positionnements, bonnes pratiques et attentes ?  le troisième chapitre analyse de façon non exhaustive les interfaces et dynamiques de mise en relation et de coordination entre acteurs de l’innovation. Il rĂ©pertorie les principaux points de blocage et opportunitĂ©s aux niveaux culturel, organisationnel et opĂ©rationnel, ainsi que les pistes de dĂ©veloppement.  Ă  partir de ces constats et analyses, le dernier chapitre propose des recommandations d’actions Ă  mettre en place Ă  court et moyen terme : quels acteurs clĂ©s mobiliser ? Autour de quelles prioritĂ©s ? Comment dĂ©velopper des actions concertĂ©es au niveau rĂ©gional ? 26
  • 28. Etat des lieux : acteurs et politiques de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Ce premier chapitre prĂ©sente les principaux indicateurs de performance des pays MED, un panorama des acteurs de l’innovation : universitĂ©s, centres de recherche publics, grandes entreprises, acteurs financiers, et un tour d’horizon des politiques associĂ©es. Une recherche et dĂ©veloppement très majoritairement portĂ©e par le secteur public UniversitĂ©s et centres de recherche Il existe plus d’une centaine d’universitĂ©s publiques dans la rĂ©gion MED 7 (la plupart crĂ©Ă©es après les annĂ©es 1960), les plus importantes Ă©tant celles du Caire et d’Alexandrie, qui dĂ©passent les 150.000 Ă©tudiants (voir Tableau 2). Tableau 2 : nombre d’universitĂ©s publiques dans les 7 pays MED Ă©tudiĂ©s AlgĂ©rie UniversitĂ©s publiques Egypte Jordanie Liban Maroc 27 19 11 1 15 Palestine Tunisie 11 13 Source : MIRA. (2012) Ces universitĂ©s publiques se sont construites autour d’une prioritĂ© initiale exclusive sur l’éducation : les missions de recherche et dĂ©veloppement sur des thĂ©matiques prioritaires, l’ouverture sur le monde privĂ© et le rayonnement Ă  l’international n’ont Ă©tĂ© pris en compte que timidement, Ă  partir des annĂ©es 1990. Ainsi en Jordanie, toutes les universitĂ©s, publiques ou privĂ©es, doivent depuis quelques annĂ©es consacrer au moins 5% de leurs budgets Ă  la recherche et dĂ©veloppement. S’y ajoutent les universitĂ©s privĂ©es, Ă©coles techniques, Ă©coles d’ingĂ©nieurs ou de management, non comptabilisĂ©es ici. 7
  • 29. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e En 2011, une seule universitĂ© de la rĂ©gion, l’UniversitĂ© du Caire, figurait dans la liste des 500 premières universitĂ©s du monde, produite par l'UniversitĂ© Jiao Tong de Shanghai (ARWU, 2011). Dans un autre classement international reconnu (Webometrics, 2012), les universitĂ©s des pays MED se situent entre la 770ème et la 6002ème place Ă  l’échelle mondiale. Les centres de recherches sont quant Ă  eux Ă  plus de 90% publics. Seuls le Maroc et la Tunisie ont dĂ©veloppĂ© une recherche privĂ©e lĂ©gèrement plus importante (en comparaison, la recherche privĂ©e reprĂ©sente en moyenne plus de 54% de la recherche globale dans les Etats de l’Union europĂ©enne). La plupart des centres de recherche ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă  partir des annĂ©es 70, essentiellement dans les domaines de l’agro-alimentaire, l'eau, l'Ă©nergie et la santĂ©, et plus rĂ©cemment dans les biotechnologies, la microĂ©lectronique et les nanotechnologies. Le chiffrage exact du nombre de centres de recherche en MĂ©diterranĂ©e est difficile, du fait d’une absence de donnĂ©es homogènes. Les centres de recherche se sont dĂ©veloppĂ©s selon un schĂ©ma de planification intĂ©grĂ©e faisant de l’Etat son principal client, en particulier dans des domaines Ă  marchĂ©s publics comme la santĂ©, l’agriculture et l’énergie. Quelques organismes jouent un rĂ´le de coordinateur sectoriel de politiques publiques de valorisation de l’innovation : c’est le cas du Centre de DĂ©veloppement des Energies renouvelables (CDER) en AlgĂ©rie, ou encore de l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement SupĂ©rieur Agricoles (IRESA) en Tunisie. L’IRESA a pour missions la promotion de la recherche, l’élaboration et le suivi des programmes de recherche agricole, et veille Ă  la complĂ©mentaritĂ© entre les Ă©tablissements de recherche, d'enseignement supĂ©rieur et les pĂ´les rĂ©gionaux. De nouveaux modèles basĂ©s sur un partenariat public-privĂ© apparaissent depuis peu, avec par exemple la crĂ©ation de la fondation MAScIR au Maroc ou celle de l’Egypt Nanotechnology Center, Ă  l’initiative des pouvoirs publics, de l’agence ITIDA (Information Technology Industry Development Agency) et du groupe IBM. Faiblesse des moyens de recherche Les investissements en R&D reprĂ©sentent des montants faibles comparĂ©s aux moyennes internationales : entre 0,2% et 0,7% du PIB dans les pays MED (exceptĂ© en Tunisie avec 1,1% du PIB), contre près de 2% en Europe. Cependant, la tendance est Ă  l’augmentation, et les dĂ©penses totales en R&D dans les pays MED se rapprochent des niveaux (faibles) de certains pays de 28
  • 30. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e la rive nord de le MĂ©diterranĂ©e : le Maroc fait mieux que la Grèce, et la Tunisie se situe quasiment au niveau de l’Espagne ou du Portugal (voir Tableau 3 et Tableau 4). Tableau 3 : DĂ©penses R&D dans les pays MED AlgĂ©rie DĂ©penses totales en R&D (%PIB et annĂ©e de rĂ©fĂ©rence) Part des dĂ©penses privĂ©es dans les dĂ©penses totales R&D (%, est.) Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie 0,40 (2010, est.) 0.21 (2009) 0,42 (2008) 0,30 (2006) 0,64 (2006) 1,10 (2009) <0,10 10 3 n.a. 22,7 (2006) 14,1 (2005) Source : UNESCO. (2010) Tableau 4 : DĂ©penses R&D dans certains pays mĂ©diterranĂ©ens de l’UE en 2007 Chypre France Grèce Italie Malte Portugal Espagne DĂ©penses totales en R&D (%PIB) Part des dĂ©penses privĂ©es dans les dĂ©penses totales R&D (%, est.) UE 0,45 2,08 0,57 1,14 0,60 1,18 1,27 1,83 15,9 52,4 31,1 40,4 45,4 36,3 47,1 54,5 Source : UNESCO. (2010) Ce sous-investissement explique le manque de chercheurs dans certains pays : moins de 200 chercheurs par million d’habitants en AlgĂ©rie, un peu plus de 600 en Egypte et au Maroc contre 3 500 en Allemagne et en France. Mais la situation n’est pas uniforme : la Tunisie ou la Jordanie se comptent respectivement 1 600 et près de 2 000 chercheurs par million d’habitants, soit plus que certains pays d’Europe du Sud comme Malte ou la Grèce. Les entretiens menĂ©s ont par ailleurs mis en lumière la faiblesse des moyens techniques dĂ©diĂ©s au dĂ©veloppement des projets d’innovation : vieillissement des Ă©quipements de recherche, manque de personnel technique et raretĂ© des instruments de financement. 29
  • 31. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Publications et brevets – quels rĂ©sultats ? La croissance du nombre de publications durant la dernière dĂ©cennie a Ă©tĂ© très importante : +55% pour les pays MED entre 2002 et 2008. Cependant, avec une moyenne de 53 articles par million d'habitants, la rĂ©gion se situe loin derrière la moyenne mondiale, qui s’élève Ă  147 articles par million d'habitants. LĂ  encore, les disparitĂ©s entre les pays MED sont importantes (voir Tableau 5) : la Tunisie, la Jordanie et le Liban affichent des scores proches des moyennes internationales, tandis que le Maroc, l’AlgĂ©rie et l’Egypte sont bien en dessous 8. Au sein des pays mĂŞme, ces disparitĂ©s persistent : les publications scientifiques sont largement produites au sein de quelques leaders rĂ©gionaux comme l’AUC (American University in Cairo) ou l’universitĂ© Mohammed V - Agdal de Rabat. Tableau 5 : publications scientifiques par million d’habitants AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie 2002 15,4 35,2 101,4 80 36,3 76,4 2008 37,5 48,6 157,1 140,9 36,9 196,2 Source: UNESCO, Thomson Reuters Web of Science. (2010). Au-delĂ  du nombre de publications se pose Ă©galement la question de la qualitĂ© et du potentiel de valorisation. La plupart des pays MED, Ă  l’exception notable de la Tunisie, affichent de piètres performances en termes de qualitĂ© des institutions de recherche, et par consĂ©quent de production scientifique (voir Tableau 6). Ces rĂ©sultats peu encourageants sont aggravĂ©s par le phĂ©nomène de fuite des cerveaux (brain-drain) : les meilleurs chercheurs quittent leurs pays pour les Etats-Unis, le Canada et dans une moindre mesure l’Europe, pour des raisons de faiblesse de moyens (Ă©quipements, salaires) mais surtout de manque de reconnaissance et d’autonomie. Tableau 6 : qualitĂ© des institutions de recherche scientifique (rang, sur 142) Pays AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie Rang 126 113 104 127 96 52 Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012 Les donnĂ©es relatives aux nombre de publication et de brevets dĂ©posĂ©s n’ont pas pu ĂŞtre identifiĂ©es pour la Palestine. 8 30
  • 32. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Le diagnostic est Ă©galement sĂ©vère pour ce qui est de la publication de brevets :  le nombre de brevets dĂ©posĂ©s est faible par rapport Ă  des pays europĂ©ens Ă  tradition d’innovation technologique (8 900 brevets dĂ©posĂ© en France en 2009), mais comparable Ă  celui des pays du sud de l’Europe (107 brevets au Portugal et 103 en Grèce) ;  très peu de ces brevets sont actifs ou sont dĂ©posĂ©s Ă  l’international (entre 1 et 5 par pays et par an) 9 ;  ce sont surtout des Ă©trangers qui brevettent pour protĂ©ger leurs droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle dans le pays, ce qui illustre le rĂ´le prĂ©pondĂ©rant des entreprises internationales dans l’innovation. Tableau 7 : demande de dĂ©pĂ´ts de brevets Ă  l’échelle nationale et internationale AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie Demande de brevets Ă©manant de non-rĂ©sidents 765 (2007) 1452 (2009) 446 (2009) n.a. 856 (2010) n.a. Demande de brevets Ă©manant de rĂ©sidents 84 (2007) 490 (2009) 60 (2009) n.a. 151 (2010) n.a. 0,4 5,6 1,4 2,8 0,8 0,6 Taux moyen de demande annuelle de dĂ©pĂ´t de brevets auprès de l’USPTO 10 (2002-2006) Source : UNESCO. (2010) Le secteur privĂ© encore peu engagĂ© dans l’innovation Faiblesse des dĂ©penses de R&D privĂ©es Plusieurs directeurs de technopĂ´les constatent que les entreprises locales effectuent peu de R&D et prĂ©fèrent l’acquisition directe de technologies prĂŞtes Ă  l'emploi. Cette tendance apparaĂ®t Ă©galement dans les classements internationaux sur les dĂ©penses des entreprises en R&D (voir Tableau 8). A l’exception de la Tunisie, tous les pays MED figurent parmi les derniers du classement. A titre de comparaison, des pays Ă©mergents comme l’IndonĂ©sie 9 La mesure de la performance de l’innovation est un sujet dĂ©licat en MĂ©diterranĂ©e, les indicateurs sur le sujet des brevets notamment sont difficiles Ă  obtenir. 10 United States Patent and Trademark Office 31
  • 33. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e et la Malaisie se classent respectivement 31ème et 13ème sur 142, tandis que d’autres pays de la MĂ©diterranĂ©e se situent aux rangs suivants : Italie : 34, Espagne : 47, Turquie : 62, IsraĂ«l : 8. Tableau 8 : dĂ©penses des entreprises MED en R&D (rang, sur 142) Pays AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie Rang 139 106 108 113 104 42 Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012 Une Ă©tude de la Banque mondiale 11 dĂ©montre Ă©galement que les pays les plus performants de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne exportent environ 1 500 types de biens, dont la majoritĂ© Ă  faible contenu technologique, lorsque des pays comme la Pologne, la Malaisie ou la Turquie en exportent près de 4 000. ActivitĂ©s de R&D au sein des entreprises : le cas de l’Egypte En Egypte, une enquĂŞte rĂ©alisĂ©e par le Ministère de la recherche scientifique en 2010 auprès 2 943 entreprises Ă©gyptiennes a montrĂ© que près de 20% des entreprises interrogĂ©es mènent des activitĂ©s de R&D 12. Ces activitĂ©s se divisent en innovation de produit (13,2%), innovation de procĂ©dĂ© (17,9%) ou les deux Ă  la fois. La majoritĂ© des activitĂ©s axĂ©es sur l’innovation sont exĂ©cutĂ©es en interne. L’enquĂŞte dĂ©montre Ă©galement que l’innovation se concentre davantage dans le tertiaire, qui reprĂ©sente 25% de l’échantillon des entreprises sondĂ©es (soit 152 entreprises issues du secteur financier et 253 entreprises actives dans la gastronomie et le tourisme). En termes de profil d’entreprises, ce sont les grandes entreprises qui s’engagent le plus dans la R&D (50%), particulièrement dans l’innovation de procĂ©dĂ©, tandis que les micro-entreprises (moins de 5 employĂ©s) et PME sont moins actives. 40% des entreprises interrogĂ©es indiquent que les coĂ»ts de l’innovation constituent le premier facteur dissuasif. Enfin, moins de 1% des entreprises dĂ©clarent avoir obtenu un soutien financier de la part des agences publiques. Banque mondiale. (2009). From Privilege to Competition Ministry of Scientific Research in association with Fraunhofer-Institute for Production Systems and Design Technology (IPK). (2010). Executive summary. Evaluation of the Egyptian Science, Research and Technology Landscape for the Design of the Egyptian Innovation Policy and Strategy 11 12 32
  • 34. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Pratiques d’innovation au sein des entreprises MED Une majoritĂ© de TPE traditionnelles Le tissu industriel des pays MED est formĂ© majoritairement de petites, voire très petites entreprises (TPE), opĂ©rant essentiellement dans les services, l’agriculture ou encore le textile. La Banque mondiale estime ainsi que plus de 90% des entreprises tunisiennes, Ă©gyptiennes, jordaniennes et marocaines comptent moins de 100 salariĂ©s, et que plus de 80% sont des TPE composĂ©es de 1 Ă  5 salariĂ©s. Ces TPE mĂ©diterranĂ©ennes sont encore très familiales et traditionnelles, relativement fermĂ©es Ă  un management innovant et Ă  des prises de risques ou projets d’innovation. La Banque mondiale 13 souligne ainsi que « les entreprises de la rĂ©gion MENA sont, en moyenne, deux fois plus anciennes (19 ans) qu’en Asie centrale (10,5), leurs dirigeants font partie des plus âgĂ©s dans une rĂ©gion Ă  population pourtant très jeune ». Des Ă©tudes conduites dans le cadre du programme Medibtikar 14 dĂ©montrent qu’elles connaissent mal leurs propres besoins en termes d’innovation, et ce par manque de rĂ©flexion sur leur stratĂ©gie interne. Certaines TPE participent nĂ©anmoins Ă  des programmes de sensibilisation Ă  l’innovation et rejoignent des rĂ©seaux et clusters rĂ©gionaux, comme les micro-clusters agroalimentaires dĂ©veloppĂ©s par l’ONUDI en Egypte. Leurs principales attentes en matière d’accès Ă  l’innovation se concentrent sur la formalisation d’une offre (faire Ă©voluer des produits et services existants), le management de l’innovation et l’accès Ă  des outils financiers. Un rĂ©cent dĂ©veloppement de startups et PME innovantes Un nouveau profil de PME et startups fortement innovantes se dĂ©veloppe en MĂ©diterranĂ©e, Ă  l’initiative de cadres souvent formĂ©s Ă  l’international. Il peut s’agir d’entreprises industrielles reprise en main par une nouvelle gĂ©nĂ©ration de managers, de spin-offs au sein de grands groupes publics ou de startups. D’après les travaux menĂ©s dans le cadre du programme Medibtikar et de l’étude MedFunds 15, le sud de la MĂ©diterranĂ©e dispose Banque mondiale. (2009). From Privilege to Competition 2007-2009, voir www.medibtikar.eu 15 ANIMA. (2011). MedFunds 2011: panorama du capital investissement dans la region MED. Cette Ă©tude se fonde sur une enquĂŞte menĂ©e auprès de plus de 300 fonds d’investissement en MĂ©diterranĂ©e. 13 14 33
  • 35. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e d’un potentiel annuel de crĂ©ation de 1 500 Ă  2 000 startups Ă  forte valeur (dont 60% portĂ©es par des talents issus de la diaspora). Les besoins de ces startups et PME Ă  fort potentiel d’innovation sont essentiellement centrĂ©s sur l’accès aux marchĂ©s, le coaching et le parrainage, la constitution d’équipes internationales et le financement d’amorçage. Les grands groupes nationaux relativement dĂ©connectĂ©s La prĂ©sence de quelques grandes entreprises nationales bĂ©nĂ©ficiant de positions dominantes dans leur marchĂ© local est habituelle dans les Ă©conomies MED. Ces grands groupes opèrent essentiellement dans des secteurs traditionnels (Ă©nergie, pĂ©trochimie, agriculture, immobilier, tourisme) et quelques nouveaux secteurs comme les TIC ou l’offshoring, Ă  l’instar de l’OCP, Cevital, Sonatrach, Sonede, ou dans les TIC Maroc Telecom, Meditel, Tunisie Telecom, Orascom, etc. Rarement citĂ©s par les acteurs de l’innovation, les grands groupes nationaux semblent peu engagĂ©s dans des partenariats avec des pĂ´les d’innovation locaux. Ils considèrent ces acteurs avant tout comme des plateforme de promotion de leurs produits et de recrutement de talents. De nouvelles dynamiques liĂ©es Ă  des processus d’innovation plus ouverts (« open innovation ») font timidement leur apparition, dans les TIC en particulier, mais l’innovation reste avant tout portĂ©e par les grands groupes Ă©trangers, Ă  l’instar d’IBM, Orange ou HP au pĂ´le Smart Village en Egypte par exemple. Le rĂ´le clĂ© des entreprises Ă©trangères Investissements directs Ă©trangers et partenariats d’innovation Les investisseurs Ă©trangers jouent un rĂ´le doublement essentiel car ils sont Ă  la fois demandeurs de produits et services innovants et sources de transfert des connaissances. A titre d’exemple, Powerex, joint-venture des AmĂ©ricains General Electric (GE) et Westinghouse spĂ©cialisĂ©e dans les semiconducteurs et Ă©tablie Ă  Tanger depuis 2010, a Ă©tĂ© primĂ©e au Maroc en 2011, dans la catĂ©gorie « investissement et transfert du savoir-faire technologique ». Les investisseurs Ă©trangers ont en effet un intĂ©rĂŞt stratĂ©gique Ă  afficher leur ancrage territorial et leur proximitĂ© avec les acteurs et pĂ´les d’innovation locaux afin de promouvoir leurs produits et d’obtenir une reconnaissance sur leur marchĂ© d’adoption. 34
  • 36. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e L’observatoire ANIMA-MIPO 16 des annonces d’investissement et de partenariat en MĂ©diterranĂ©e a dĂ©tectĂ© 545 projets d’investissement Ă©tranger et de partenariat 17 liĂ©s Ă  l’innovation entre 2003 et 2010 dans les pays MED (voir Figure 1). En dehors d’IsraĂ«l et de la Turquie, qui se taillent la part du lion, les projets d’innovation se concentrent en premier lieu au Maroc et en Tunisie, avec respectivement 58 et 49 projets, puis en Egypte (31 projets). Dans les 7 pays MED visĂ©s par l’étude, et notamment au Maroc et en Tunisie, une part importante des projets se rapporte Ă  des secteurs hi-tech : TIC, aĂ©ronautique, Ă©nergie solaire ou encore biotechnologies. Plusieurs projets de crĂ©ation de centres R&D sont Ă©galement enregistrĂ©s au Maroc et en Egypte, ainsi qu’en Tunisie. La Jordanie et l’Egypte captent pour leur part 75% des projets d’acquisition de startups locales. Enfin, les investissements en lien avec des technopĂ´les ou des incubateurs sont faiblement reprĂ©sentĂ©s, tout comme les investissements effectuĂ©s par ou via des fonds ciblĂ©s sur l’innovation. Figure 1 : innovation provenant des entreprises Ă©trangères- en nombre de projets sur 545 projets d’innovation Acquisition start-up Fonds technologique Hi-tech joint venture Investisst. hi-tech R&D/ Innov. centre Technoparc /incubateur Maghreb 12 4 Machrek 16 5 12 14 19 43 51 IsraĂ«l & Turquie 27 2 2 172 0 50 100 14 150 Source : observatoire ANIMA-MIPO, 2003-2010 36 200 29 82 250 300 5 350 www.animaweb.org/mipo DĂ©finis comme des projets permettant Ă  une entreprise Ă©trangère de se rapprocher d’un marchĂ© domestique MED, Ă  travers un partenaire identifiĂ©, ou en ouvrant une reprĂ©sentation locale. 16 17 35
  • 37. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Le rĂ´le dominant des multinationales europĂ©ennes et amĂ©ricaines Les multinationales semblent s’installer durablement dans le dĂ©veloppement de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e : elles gĂ©nèrent 45% des projets d’investissement et de partenariat dans l’innovation, dĂ©tectĂ©s par l’observatoire ANIMA-MIPO, contre environ 25% pour les PME et 30% pour les grandes entreprises (500 Ă  10 000 salariĂ©s). Les entreprises europĂ©ennes viennent largement en tĂŞte des investissements liĂ©s Ă  l’innovation dans la rĂ©gion (57% du nombre total des projets, voir Figure 2), en particulier au Maroc et en Tunisie. Elles sont suivies par les entreprises amĂ©ricaines et canadiennes, avec 27% des projets. Les pays du Golfe sont moins prĂ©sents avec seulement 6% des projets dĂ©tectĂ©s, essentiellement en Egypte et en Jordanie. Figure 2 : IDE et partenariats innovants par rĂ©gion d’origine et pays de destination 50 40 Europe 30 USA/Canada Golfe 20 Asie-OcĂ©anie MED-11 10 Autres pays 0 AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Tunisie Source : observatoire ANIMA-MIPO, 2003-2010 Financement d'amorçage et de dĂ©marrage : capital risque et business angels L’industrie du capital risque s’est fortement dĂ©veloppĂ©e depuis les annĂ©es 2000, avec 534 fonds d’investissements recensĂ©s en 2011 dans les pays MED, contre moins d’une cinquantaine il y a 10 ans. Ce dĂ©veloppement est confirmĂ© par le classement international sur la disponibilitĂ© du capital risque (voir Tableau 9), selon lequel seule l’AlgĂ©rie accuse un retard significatif. 36
  • 38. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Tableau 9 : disponibilitĂ© du capital-risque (rang, sur 142) Pays AlgĂ©rie Egypte Jordanie Liban Maroc Tunisie Rang 110 41 62 60 30 35 Source: World Economic Forum. (2011). Global Competitiveness Report 2011–2012 Selon l’étude MedFunds d’ANIMA (2011), l’impact de ces fonds sur l’économie est fort avec 330 000 emplois et 20 milliards de dollars de chiffres d’affaires gĂ©nĂ©rĂ©s par ces acteurs depuis 2000. Une partie de ces fonds vise des entreprises ou des secteurs innovants, Ă  l’instar du fonds d’investissement en capital risque Sadara, basĂ© en Palestine, et qui a rĂ©uni 28 M$ (19 M€) pour investir dans douze startups palestiniennes. Ses investisseurs comptent dĂ©jĂ  Google, Cisco, George Soros et Steve Case qui ont suivi la Banque europĂ©enne d'investissement (BEI). Dans ce paysage du financement d’amorçage, un timide mais rĂ©el dĂ©veloppement des rĂ©seaux de business angels se profile Ă©galement. Ces acteurs, gĂ©nĂ©ralement proches des entrepreneurs, constituent des interfaces entre le monde de la finance et les acteurs de l’innovation. Les attentes des fonds d’investissement et business angels par rapport aux projets d’innovation qui leurs sont prĂ©sentĂ©s en MĂ©diterranĂ©e peuvent ĂŞtre rĂ©sumĂ©es comme suit : 1. un appui au sourcing et Ă  l’évaluation de projets d’innovation : assistance de rĂ©seaux d’experts ou entrepreneurs spĂ©cialisĂ©s sur des thĂ©matiques marchĂ©s ou technologiques pour l’analyse des sujets « trop » innovants ; 2. de meilleurs managers de projets d’innovation : l’insuffisance de compĂ©tences en Business DĂ©veloppement et en management des Ă©quipes est une remarque constante des investisseurs ; 3. des partenaires internationaux pour crĂ©er de la valeur ajoutĂ©e autour de projets d’investissements. 37
  • 39. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Le rĂ´le de catalyseur des politiques nationales et internationales Emergence de politiques d’appui Ă  la promotion de l’innovation L’OCDE retient plusieurs dĂ©finitions du Système National d’Innovation, dont celle de Metcalfe (1995) qui prĂ©sente ce système comme Ă©tant « un ensemble d'institutions distinctes qui conjointement et individuellement contribuent Ă  l'Ă©laboration et la diffusion des nouvelles technologies, et qui fournissent le cadre dans lequel les gouvernements dĂ©veloppent et mettent en Ĺ“uvre des politiques visant Ă  influencer le processus d'innovation » 18. Si des politiques d’appui Ă  l’innovation existent dans certains pays Ă©tudiĂ©s depuis les annĂ©es 90, elles se dĂ©ploient aujourd’hui et se structurent autour de systèmes d’innovation (au Maroc et Tunisie en particulier). Maroc Pour renforcer la chaĂ®ne de valeur de l’innovation et afin de la mettre au service de la compĂ©titivitĂ© des entreprises et des territoires, le gouvernement marocain a lancĂ© en 2009 la stratĂ©gie Maroc Innovation, qui doit dĂ©velopper l’écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat Ă  travers la crĂ©ation d’ici 2014 de 1 000 brevets et plus de 200 startups innovantes. Plusieurs initiatives ont Ă©tĂ© lancĂ©es, notamment : la crĂ©ation du Centre Marocain de l’Innovation 19, premier guichet unique d’orientation et de sensibilisation dĂ©diĂ© Ă  l’innovation et Ă  l’accompagnement des porteurs de projets innovants marocains ; la mise en Ĺ“uvre de « CitĂ©s de l’Innovation », crĂ©Ă©es au sein de 4 universitĂ©s marocaines et chargĂ©es de piloter des projets de R&D et d’incuber des startups innovantes ; la crĂ©ation de 15 clusters sectoriels, opĂ©rationnels Ă  la fin 2013 ; de nouveaux outils de financement : Intilak (amorçage des jeunes startups marocaines Ă  fort potentiel) et Tatwir (cofinancement des dĂ©penses de R&D engagĂ©es par une entreprise marocaine en phase de dĂ©veloppement) ;     18 19 OCDE. (1997). National Innovation Systems. www.oecd.org/dataoecd/35/56/2101733.pdf www.cmi.net.ma 38
  • 40. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e  le Club Marocain de l’Innovation, rĂ©seau social d’échanges et de rencontres destinĂ© aux acteurs de l’innovation : Ă©tudiants, entrepreneurs, chercheurs, universitaires, etc. Tunisie La nouvelle stratĂ©gie industrielle nationale Ă  horizon 2016 20 jette les bases d’une politique d’innovation Ă  travers le plan stratĂ©gique « Tunisia, the Euromed Valley for Industry & Technology ». Il s’articule autour de 3 axes de dĂ©veloppement : la capitalisation sur les atouts de la Tunisie en backoffice et nearshore industriel, le positionnement dans les 5 premiers hubs euromĂ©diterranĂ©ens, et enfin l’orientation vers l’économie du savoir, avec entre autres l’introduction du label TunisiaIQ (Innovation Quotient). L’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation a pour mission de dĂ©ployer les actions de ce plan stratĂ©gique, en coordination avec d’autres acteurs comme l’Agence de Promotion des Investissements ExtĂ©rieurs (FIPA). Un RĂ©gime d'Incitation Ă  la CrĂ©ativitĂ© et Ă  l'Innovation dans le domaine des Technologies de l'Information et de la Communication (RIICTIC) a Ă©tĂ© ainsi instaurĂ©, et des instruments de financement des activitĂ©s de R&D sont proposĂ©s, Ă  savoir :     PIRD : Prime pour les Investissements de Recherche & DĂ©veloppement ; VRR : Valorisation des RĂ©sultats de la Recherche ; PNRI : Programme National de Recherche et d’Innovation ; ITP : Investissements Technologiques Prioritaires. L'Agence nationale de la promotion de la recherche scientifique (ANPR) et l’Institut National de la Normalisation et de la PropriĂ©tĂ© Industrielle (INNORPI) coordonnent par ailleurs leurs actions dans le cadre du projet PASRI 21. Ce projet de 12 millions d’euros (M€) est financĂ© par la Commission europĂ©enne et contribue Ă  soutenir le système de recherche et d’innovation en Tunisie. Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation. (2008). StratĂ©gie industrielle nationale Ă  horizon 2016. www.tunisieindustrie.nat.tn/fr/download/CEPI/Synthese.pdf 21 www.pasri.tn 20 39
  • 41. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Egypte Une rĂ©flexion sur l’élaboration d’un système national d’innovation a Ă©tĂ© menĂ©e par l’Egypte 22 en 2010, Ă  travers les travaux du programme RDI (« Research, Development and Innovation »), soutenu par la Commission europĂ©enne, et relevant du Ministère de l'enseignement supĂ©rieur et de la recherche scientifique. Les conclusions de cette rĂ©flexion soulignent la nĂ©cessitĂ© de coordonner les actions des diffĂ©rents ministères en faveur de l’innovation, et de crĂ©er des passerelles entre recherche et industrie. Plusieurs projets ont Ă©tĂ© conduits dans ce sens par le RDI, pour lesquels le Ministère espère un retour sur investissement de 40 M€ (contre un budget de 8,5M€). Une phase II du programme RDI est en cours de prĂ©paration. Les projets menĂ©s jusqu’à prĂ©sent portent notamment sur :    la crĂ©ation d’un consortium de recherche appliquĂ©e, mĂŞlant laboratoires et acteurs privĂ©s Ă©gyptiens et europĂ©ens, dans les domaines Ă©nergie, santĂ©, TIC et agriculture ; la mise en place de bureaux de transfert de technologie (« Industry liaison offices ») pour appuyer la valorisation des rĂ©sultats de la recherche des universitĂ©s (Alexandria University, Helwan University, Assiut University) ; l’introduction de sessions de formation au management de l’innovation. De son cĂ´tĂ©, le STDF (Science and Technological Development Fund) propose des outils de financements pour les chercheurs et entreprises (prototypage notamment), souvent en partenariat avec l’agence dĂ©diĂ©e au dĂ©veloppement industriel : Industrial Modernization Center (IMC). CrĂ©Ă© en 2007 sous la houlette du Ministère de l'enseignement supĂ©rieur et de la recherche scientifique, le STDF a publiĂ© dĂ©but 2012 une liste de recommandations pour la mise en place d’un nouvel Ă©cosystème de l’innovation en Egypte 23. Hormis ce dispositif, l’Egypte compte peu d’acteurs institutionnels ciblant l’innovation au niveau transversal. En revanche des dĂ©marches sectorielles existent, par exemple dans le secteur TIC avec l’ITIDA (Information Technology Industry Development Agency), dont l’une des missions porte sur la « recherche et innovation ». Ministry of Scientific Research in association with Fraunhofer-Institute for Production Systems and Design Technology (IPK). (2010). Executive summary. Evaluation of the Egyptian Science, Research and Technology Landscape for the Design of the Egyptian Innovation Policy and Strategy 23 STDF. (2012). Egypt’s innovation ecosystem 22 40
  • 42. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e AlgĂ©rie L’AlgĂ©rie n’a pas encore dĂ©veloppĂ© de politique d’innovation proprement dite. Le Programme quinquennal 2010-2014 mentionne bien des objectifs de dĂ©veloppement de l’économie de la connaissance et de soutien Ă  la recherche scientifique, mais les initiatives concrètes peinent Ă  Ă©merger. D’après le Ministère de l’industrie algĂ©rien, « un système national d’innovation (SNI) sera Ă©laborĂ© et mis en place pour soutenir une politique de promotion et de dĂ©veloppement du progrès technique » 24. Reste donc Ă  passer Ă  l’action. Le pays compte ainsi crĂ©er des agences nationales et rĂ©gionales d'innovation et des centres techniques. Pour l’instant, le seul acteur institutionnel visible dans le domaine de l’innovation est l’Agence nationale de promotion et de dĂ©veloppement des parcs technologiques (ANPT), mise en place en 2007. Jordanie La Jordanie ne dispose Ă©galement pas de politique officielle en matière d’appui Ă  l’innovation, mĂŞme si une prise de conscience existe. LĂ  encore, un manque de coordination entre les diffĂ©rents ministères est pointĂ© par les acteurs et les Ă©tudes conduites prĂ©cĂ©demment 25. Les initiatives gouvernementales portent davantage sur la R&D, et concernent moins l’activitĂ© des clusters. Pourtant, les interviews menĂ©es dans le cadre de cette Ă©tude dĂ©montrent que la sociĂ©tĂ© civile et le secteur privĂ© sont très actifs sur le terrain de l’innovation, ce qui permet l’émergence de « clusters naturels » et l’apparition de rĂ©seaux de valorisation de la recherche. Pour ce qui touche plus spĂ©cifiquement Ă  l’entrepreneuriat innovant, l’organisation gouvernementale JEDCO (Jordan Enterprise Development Corporation) fait figure d’acteur majeur Ă  travers son engagement auprès des incubateurs, et des lignes de financement proposĂ©es aux startups. Liban Au Liban, l’innovation n’a pas trouvĂ© sa place dans l’agenda politique, et reste un concept nouveau selon les agents du terrain interviewĂ©s. Une www.mipmepi.gov.dz Voir VDI/VDE-IT. (2009). Study on the national innovation system in Jordan. Disponible sur http://www.iit-berlin.de/Jordan.pdf 24 25 41
  • 43. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e nouvelle politique des sciences, de la technologie et de l’innovation (STIP) 26 a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2006, mais a subi des retards, notamment Ă  cause des conflits qui ont frappĂ© le pays. Les seules structures pouvant jouer un rĂ´le d’appui Ă  l’innovation, citĂ©es lors des entretiens, sont les Chambres de commerce et le Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS). Ce dernier a pour mission de guider le gouvernement et les entreprises dans le domaine de l’application de la science et de la technologie, Ă  travers ses centres de recherches ou en collaboration avec d’autres institutions acadĂ©miques et scientifiques. Il fait office de point de contact national pour le 7ème Programme Cadre de Recherche et DĂ©veloppement de la l’Union europĂ©enne, et contribue Ă  plusieurs projets dans le domaine de la gestion de l’eau, des ressources marines ou des TIC notamment. Palestine La Palestine est un cas particulier. Les tĂ©moignages soulignent les difficultĂ©s exacerbĂ©es par les conflits que connaĂ®t la rĂ©gion, et qui entravent toute tentative de crĂ©er un cadre incitatif. Seule l’agence de promotion des investissements, PIPA (Palestine Investment Promotion Agency), est mentionnĂ©e parmi les acteurs d’appui aux actions des incubateurs et autres associations dĂ©diĂ©es Ă  l’entrepreneuriat. Le rĂ´le clĂ© de la Commission europĂ©enne Innovation et politique de voisinage La mise en place d’un Espace commun de la connaissance et de l’innovation (Common Knowledge and Innovation Space, CKIS), est l’un des objectifs de la nouvelle politique de voisinage adoptĂ©e par l’Union europĂ©enne (UE) en mai 2011 et revue Ă  la lumière des changements intervenus dans les pays du sud de la MĂ©diterranĂ©e. Les Programmes Cadre de Recherche et DĂ©veloppement (PCRD) sont les principaux instruments par l’intermĂ©diaire desquels l’UE soutient la recherche et le dĂ©veloppement, avec plus de 40 millions d’euros accordĂ©s aux pays partenaires mĂ©diterranĂ©ens lors du 7ème programme cadre. Si tous les pays du voisinage sont impliquĂ©s dans des actions, certains pays partenaires mĂ©diterranĂ©ens ont signĂ© des accords de partenariat scientifique Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. (2008). Plan de la politique des sciences, de la technologie et de l’innovation (STIP) au Liban 26 42
  • 44. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e et technologique, notamment : Maroc, Tunisie, Jordanie, Egypte et AlgĂ©rie. Le prochain programme cadre, Horizon 2020, prĂ©voit un montant au moins Ă©gal affectĂ© Ă  la MĂ©diterranĂ©e et ciblera en prioritĂ© des thĂ©matiques liĂ©es Ă  l’environnement (rĂ©duction de la pollution en MĂ©diterranĂ©e, gestion de l’eau). Les actions de coopĂ©rations sont principalement menĂ©es par 3 Directions gĂ©nĂ©rales (DG) de la Commission europĂ©enne : DG Recherche et Innovation, DG DevCo et DG Entreprise, Ă  l’échelle rĂ©gionale ou bilatĂ©rale. CoopĂ©ration rĂ©gionale La coopĂ©ration rĂ©gionale repose sur des instruments de dialogue et coopĂ©ration au plus haut niveau et la mise en Ĺ“uvre de programmes de mise en relation entre acteurs de terrain. La coordination de l’innovation et de la recherche euro-mĂ©diterranĂ©enne est ainsi assurĂ©e via le MoCo, comitĂ© de suivi de la coopĂ©ration euromĂ©diterranĂ©enne en matière de recherche et de dĂ©veloppement technologique, qui dĂ©finit des prioritĂ©s et axes de travail commun. Le MoCo s’appuie sur le projet euro-mĂ©diterranĂ©en MIRA (Mediterranean Innovation and Research Cooperation Action - INCONET) qui associe des reprĂ©sentants de ministères de la recherche et de grands laboratoires de recherche issus de plus de 20 pays. MIRA contribue Ă  la sĂ©lection des thĂ©matiques prioritaires d’intĂ©rĂŞt mutuel pour la rĂ©gion dans l’énergie, l’environnement, la santĂ©, l’agriculture et biotechnologies et les TIC : 55 actions spĂ©cifiques ont Ă©tĂ© recommandĂ©es. Par ailleurs, le groupe de travail euro-mĂ©diterranĂ©en sur la coopĂ©ration industrielle, alter Ă©go du MoCo dans le domaine de l’industrie, travaille sur plusieurs volets innovations, dont la politique de clustering. Des recommandations d’actions dans le domaine, portant essentiellement sur la formation essentiellement, ont ainsi Ă©tĂ© adoptĂ©es Ă  la suite d’un atelier innovation organisĂ© en novembre 2011. Sur le plan opĂ©rationnel, il existe plusieurs projets et initiatives de mise en rĂ©seau de plateformes et acteurs de l’innovation Ă  l’échelle rĂ©gionale, dont :  Medibtikar (7,4 M€), dĂ©ployĂ© entre 2006 et 2010 pour appuyer les incubateurs, technopĂ´les et centres de valorisation en MĂ©diterranĂ©e. Le projet a permis de recenser des acteurs clĂ©s Ă  mobiliser, d’identifier les besoins dans ce domaine (internationalisation, management, crĂ©ation d’un « deal flow » de projets, etc.) et de mettre en Ĺ“uvre des actions pour y rĂ©pondre. Il n’existe pas de suite Ă  Medibtikar Ă  ce jour. 43
  • 45. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e   l’initiative ERAWIDE (plus de 15 M€ dans le cadre du 7ème PCRD) de mise en rĂ©seau d’acteurs de la valorisation de la recherche europĂ©ens et mĂ©diterranĂ©ens dont le dernier appel d’offres a soutenu le lancement de 27 projets de valorisation de la recherche en MĂ©diterranĂ©e. A titre d’exemple, le projet BioProtech, menĂ© par le parc biotechnologique de Turin BiopMed et visant Ă  dĂ©velopper de nouveaux processus d’innovation, a permis de renforcer les compĂ©tences de l’unitĂ© de valorisation crĂ©Ă©e au sein du centre de Biotechnologies de Sfax (CBS). European Cluster Collaboration Platform (ECCP), une initiative de la DG entreprise visant Ă  dĂ©velopper une base de bonnes pratiques pour la formation et la mise en relation entre clusters europĂ©ens et internationaux. Des accords ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© signĂ©s avec des partenaires internationaux (BrĂ©sil, Japon), et devraient l’être en 2012 avec 4 pays mĂ©diterranĂ©ens : Maroc, Tunisie, Liban et Egypte ;  Invest in Med (2008-2011), un programme mis Ĺ“uvre par le consortium MedAlliance dirigĂ© par ANIMA, qui visait Ă  renforcer les partenariats entre PME euro-mĂ©diterranĂ©ennes. Plusieurs activitĂ©s ont ciblĂ© l’appui Ă  l’internationalisation de l’innovation et de l’entrepreneuriat, notamment via la plateforme d’actions MedVentures qui a permis d’identifier 120 startups et de les valoriser ou accompagner Ă  l’international ;  Enterprise Europe Network (EEN), un rĂ©seau paneuropĂ©en rassemblant une cinquantaine de pays au total, dont en MĂ©diterranĂ©e l’Egypte, IsraĂ«l, la Syrie, la Tunisie, la Turquie ainsi que le Maroc qui vient de signer son adhĂ©sion. EEN compte 600 structures de valorisation de l’innovation en Europe et propose plusieurs outils d’intĂ©gration rĂ©gionale de la promotion de l’innovation : Bourses Ă©lectroniques d’échanges de technologies et de partenariats, centrale d’information rĂ©glementaire, accompagnement au financement, rencontres d’affaires et salons ;  European Business and Innovation Centre Network (EBN) rassemble plus de 200 acteurs de promotion de l’innovation en Europe (incubateurs, pĂ©pinières et technopĂ´les essentiellement). EBN a dĂ©veloppĂ© un service de co-incubation (« softlanding ») permettant d’accompagner des entrepreneurs entre plusieurs pays. Cette offre a Ă©tĂ© testĂ©e en 2010 en MĂ©diterranĂ©e dans le cadre de l’initiative MedVentures avec des incubateurs palestiniens (PICTI) ou libanais (Berytech) ; 44
  • 46. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e  2 initiatives Ă  l’échelle universitaire : l’UniversitĂ© euro-mĂ©diterranĂ©enne EMUNI, installĂ©e en SlovĂ©nie, mise en Ĺ“uvre dans le cadre de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e, et le programme TEMPUS qui finance des programmes d’appui Ă  la valorisation de l’innovation ;  Le programme CBC MED qui mobilise des consortiums euromĂ©diterranĂ©ens, en particulier sur l’innovation, qu’elle soit verticale (par secteur) ou transversale (sur des thĂ©matiques « entrepreneuriat » par exemple). L’appui Ă  la mise en place de politiques d’innovation Ă  l’échelle bilatĂ©rale Les programmes bilatĂ©raux d’appui (BILAT) portent sur la mise en place de politiques de recherche prioritaires communes et de points de contacts nationaux : programmes SHERACA (Egypte) et EU-JordanNet par exemple. Plus en aval et sur le terrain, l’UE appuie Ă©galement la dĂ©finition de nouvelles politiques d’innovation. En Tunisie par exemple, le projet PASRI vise Ă  soutenir le système tunisien de recherche et d'innovation pour apporter des solutions aux principaux problèmes identifiĂ©s dans la chaĂ®ne de l’innovation, de l’entreprise Ă  l’équipe de recherche. De mĂŞme en Jordanie, le projet SRTD, dotĂ© de 5 M€, a permis de soutenir la recherche, le dĂ©veloppement technologique et l'innovation et de renforcer les capacitĂ©s dans ces secteurs en vue de doper l’emploi et la croissance Ă©conomique. En Egypte, le programme RDI vise Ă  moderniser le système de l’innovation, que ce soit en termes de gouvernance ou d’ouverture Ă  l’international. Le jumelage institutionnel, initiative de la Commission europĂ©enne, a Ă©tĂ© conçu comme un instrument de coopĂ©ration destinĂ© Ă  renforcer les capacitĂ©s des pays partenaires. Par exemple une jumelage institutionnel Maroc & France-Espagne se dĂ©veloppe actuellement pour aider au dĂ©veloppement d’un Système National de la Recherche (SNR) au Maroc, et l’intĂ©grer Ă  l’Espace europĂ©en de la recherche (EER). D’autres outils europĂ©ens tels que les programmes TAIEX ou European Training Foundation (ETF) permettent enfin de financer des actions de terrain dans les pays (formations, Ă©vĂ©nements Ă  dimension internationale, etc.). 45
  • 47. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e Autres acteurs clĂ©s internationaux La Banque europĂ©enne d’investissement La Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) intervient Ă  3 niveaux dans la promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e :    le dĂ©veloppement de technopĂ´les : un grand nombre de technopĂ´les en MĂ©diterranĂ©e ont Ă©tĂ© soutenus par la BEI, comme dans le TechnopĂ´le de Sousse (financement de l’infrastructure du centre de recherche spĂ©cialisĂ© en nanotechnologie et microĂ©lectronique, du bâtiment de l’école d’ingĂ©nieurs et d’une assistance technique Ă  la mise en Ĺ“uvre) ; l’appui aux acteurs financiers, notamment capital risque et rĂ©seaux de business angels : la BEI intervient en tant que partenaire (Limited Partner) dans plus de 10 fonds dans la rĂ©gion (dont Sadara) et fournit une assistance technique ; la mise en rĂ©seau d’acteurs de l’innovation : la BEI pilote le groupe de travail IT1 du Centre de Marseille pour l’intĂ©gration en MĂ©diterranĂ©e (CMI) qui vise Ă  rassembler des acteurs de l’innovation pour travailler Ă  l’échelle rĂ©gionale pour renforcer le « deal flow » de projets d’innovation et mettre en Ĺ“uvre des actions conjointes (financement notamment). Les agences de coopĂ©ration bilatĂ©rales Les agences de coopĂ©ration bilatĂ©rales des Etats europĂ©ens (GIZ, AFD, UK Aid, CIREM, etc.) jouent un rĂ´le important pour dĂ©velopper dans la durĂ©e des actions de fond liĂ©es Ă  l’innovation. La GIZ dispose ainsi de près de 100 personnes Ă  Tunis et dans la rĂ©gion, qui forment et appuient des managers de l’innovation, startups ou programmes de recherche. La GIZ Tunisie a fortement contribuĂ© Ă  l’émergence d’une politique nationale d’innovation dans le pays. Autre exemple, l’AFD soutient le dĂ©veloppement du pĂ´le de compĂ©titivitĂ© de Sousse (Tunisie), en appuyant l’émergence d’un cluster mĂ©catronique visant Ă  dĂ©velopper des projets collaboratifs. Le rĂ´le croissant des USA Les USA jouent un rĂ´le croissant dans l’appui Ă  l’innovation, particulièrement depuis 2011, avec une prioritĂ© donnĂ©e Ă  l’accompagnement de talents Ă  fort potentiel, futurs leaders Ă©conomiques de la rĂ©gion. Plus d’une dizaine d’universitĂ©s amĂ©ricaines sont prĂ©sentes dans les grandes mĂ©tropoles mĂ©diterranĂ©ennes. L’UniversitĂ© AmĂ©ricaine du Caire 46
  • 48. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e (AUC), fondĂ©e en 1919, forme ainsi plus de 5 000 Ă©tudiants chaque annĂ©e en s’appuyant sur des Ă©quipes de formation et de recherches mixtes. Ces universitĂ©s jouent un rĂ´le d’impulsion primordial pour la mise en Ĺ“uvre de politiques de formation au transfert de technologie ou Ă  l’accompagnement de l’entrepreneuriat. Le dĂ©partement d’Etat amĂ©ricain, via son unitĂ© dĂ©diĂ©e au Moyen-Orient (MEPI - Middle East Partnership Initiative), accorde une importance particulière au soutien Ă  l’innovation et l’entrepreneuriat, dans le cadre de sa politique Ă©trangère dans la rĂ©gion. L’initiative PNB – NAPEO (partner for a new beginning- North Africa Partnership for Economic Opportunity), pilotĂ©e par l’institut ASPEN, vise ainsi Ă  mobiliser les leaders de l’innovation dans les pays MED en associant multinationales (Intel notamment) et leaders rĂ©gionaux. Deux « Advisory Boards », groupes d’actions associant entrepreneurs et chercheurs reconnus, ont Ă©tĂ© constituĂ©s en avril 2011 en AlgĂ©rie et Maroc. Les 17 et 18 janvier 2012, une confĂ©rence NAPEO Maghreb s’est tenue en prĂ©sence de leaders politiques tels que Madeleine Albright pour dĂ©finir un plan d’actions d’appui Ă  l’innovation et Ă  l’entrepreneuriat, qui concerne notamment :     l’appui Ă  des fonds d’investissement et Ă  des rĂ©seaux de business angels tels que Casbah Business angels en AlgĂ©rie ; le lancement de compĂ©titions de business plan dans la rĂ©gion et la mobilisation des diasporas arabes aux USA en faveur de leurs pays d’origine (GIST – Maghreb Start-up Initiative, lancĂ©e fin 2011) ; la mise en place de rĂ©seaux d’incubateurs transnationaux : « North Africa Innovation and Technology Incubator » ; la mise en place de formation au management de l’entrepreneuriat et innovation : « North Africa Center for Excellence on entrepreneurship ». Les institutions internationales La Banque mondiale dĂ©veloppe depuis plusieurs annĂ©es un soutien aux incubateurs rĂ©gionaux via le programme InfoDev : assistance technique, programmes de formations et actions de benchmarking. L’ONUDI appuie les jeunes entrepreneurs par une prĂ©sence locale et des compĂ©titions ou programmes d’appui aux incubateurs, en particulier via les programmes EDIP. 47
  • 49. Promotion de l’innovation en MĂ©diterranĂ©e L’OCDE a dĂ©veloppĂ© une compĂ©tition d’entrepreneurs Ă  l’échelle de la rĂ©gion MENA, MENA 100, et anime un groupe de travail associant institutionnels et investisseurs sur l’innovation et l’entrepreneuriat en MĂ©diterranĂ©e. L’Union pour la MĂ©diterranĂ©e (UpM) entend jouer un rĂ´le dans le dĂ©veloppement d’actions rĂ©gionales pour l’innovation, notamment dans la mise en place d’outils financiers et le soutien aux startups. Des politiques rĂ©gionales d’innovation Sud-Sud ? Les organisations arabes d’appui Ă  l’innovation telles l’ISESCO (Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture) ou l’Arab Science and Technologie Foundation – ASTF, se sont longtemps cantonnĂ©es Ă  des actions institutionnelles : organisation de confĂ©rences et sĂ©minaires de coordination entre acteurs de politiques d’innovation. Ces acteurs sont peu mentionnĂ©s lors des entretiens. En revanche, les pays du Golfe (DubaĂŻ et Qatar notamment), sont souvent citĂ©s comme des pĂ´les d’attraction majeurs pour les entrepreneurs des pays arabes. S’il n’existe pas de politique de coopĂ©ration affichĂ©e, des acteurs majeurs tels qu’Al Maktoum Foundation ou le fonds Abraaj suivent de très près la mise en place de politiques d’appui Ă  l’innovation dans les pays MED. 48
  • 50. Profil des structures d’appui Ă  l’innovation : technopĂ´les, incubateurs et centres de valorisation Ce chapitre Ă©tudie les profils, positionnements et Ă©cosystèmes de trois types de structures d’appui Ă  l’innovation en MĂ©diterranĂ©e :    les technopĂ´les, pĂ´les d’innovation rassemblant acteurs privĂ©s et publics qui sont au cĹ“ur des politiques d’attractivitĂ© sur l’innovation ; les incubateurs et pĂ©pinières qui visent Ă  appuyer le dĂ©veloppement de la crĂ©ation d’entreprise ; les centres de valorisation des rĂ©sultats de la recherche, au sein des universitĂ©s et centres de recherches, dont l’objectif est de mettre en valeur les connaissances. D’autres types de structures d’animation et de promotion de l’innovation sont Ă©galement mentionnĂ©s dans ce qui suit, et associĂ©s aux recommandations de cette Ă©tude : clusters, centres techniques d’appui aux entreprises, associations d’entrepreneurs, etc. Le dĂ©veloppement des territoires innovants : les technopĂ´les Les technopĂ´les, carrefours de l’innovation Un lieu de fertilisation et d’accĂ©lĂ©ration de l’innovation Un technopĂ´le 27 est une concentration gĂ©ographique d’entreprises et d’institutions de recherche (universitĂ©s, centres R&D) sur un lieu dĂ©limitĂ© (en gĂ©nĂ©ral quelques hectares, Ă  la diffĂ©rence des clusters qui peuvent s’étaler sur un territoire, une rĂ©gion). Les effets de proximitĂ© (physique, organisationnelle, culturelle) visent Ă  promouvoir la collaboration et le Cette Ă©tude privilĂ©gie le terme de technopĂ´le. Les termes de « Parc Technologique et Scientifique (PTS) », « technopark », « technopole » (Ă©tymologiquement, citĂ© de l’innovation -nom fĂ©minin) sont Ă©galement utilisĂ©s frĂ©quemment par les acteurs de l’innovation. 27