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Histoire de la Musique Gnawa
1. D’après le dvd, le bal des génies, un film de Pierre Guicheney.
L’origine des Gnawas, remonte au temps de l’esclavage lorsque les grandes
caravanes parties d’Afrique drainaient vers le Maroc des populations captives
originaires du Sahel.
Bien que métissés et islamisés, leurs descendants ont gardé la mémoire de leurs
racines africaines. Ils sont regroupés au sein d’une des confréries les plus
fascinantes du Maroc, les Gnawas. Leurs chants, leurs danses et leur
connaissance des génies qui troublent les hommes, leur ont donné une
réputation de guérisseurs.
Faire l’aumône au Gnawa en échange de leur bénédiction débonnaire est une
manière de s’attirer la bienveillance des génies.
Arts et folklores Gnawas
http://www.gnawa.eu/histoireindex.html
Histoire des Gnawas
Originaires de l’empire du Soudan Occidental (Mali, Guinée, Sénégal, Ghana,
Niger,) les Gnawa, nomades obligés des temps anciens, ont pris racine dans
plusieurs régions du Maroc : Marrakech, Essaouira, Casablanca, Rabat, Meknes,
Fez, Azila et Tanger, …
Depuis toujours, il y a une interpénétration entre l’Afrique noire et le Maroc. Dès
l’antiquité, un comptoir de pourpre fut établi par JUBA II, roi de Mauritanie sur l’île
située en face d’Essaouira et un commerce s’établit.
Plus tard, les Almoravides (souverains berbères du XI ème s.) tentèrent
d’introduire l’Islam dans l’empire du Ghana en Afrique Occidentale.
Au XIIème, la dynastie Almohade consolida l’empire Arabo Musulman. Ce
territoire englobait tout le Maghreb actuel, l’Andalousie et de vastes régions
subsahariennes regroupées à l’époque sous le nom de SOUDAN.
Des esclaves furet ramenés de ces pays et enrôlés dans l’armée. Les défilés
militaires (notamment ceux de la Garde Royale) se composaient souvent
d’esclaves noirs. Les rythmes des tambours évoquent ces marches.
Au XVIème, le sultan Ahmed El Mansour de la dynastie Saâdienne organisa une
expédition à Tombouctou. Il en revint victorieux et en rapporta une grande
quantité d’or, ce qui lui valut le surnom de El Dehbi. Le Maroc connut alors une
ère de prospérité. Le sultan développa des plantations de canne à sucre et fit
venir une main d’œuvre noire qui constitua la première vague de gnawas qui
2. s’installèrent dans le pays berbère des Haha.
On les appelle les gangas, du nom de leur tambour. On les trouve encore
aujourd’hui dans cette région. Ils sont adeptes de Lalla Mimouna. Leurs
instruments sont les tambours et les crotales (krakebs). Le rituel des gangas se
déroule en été, à la campagne, la journée. C’est un rite agraire.
Au XVIIème, le sultan Alaouite Moulay Ismaîl enrôle des centaines de Noirs en
provenance de Guinée dans sa garde personnelle. Ces soldats étaient appelés
Boukhari parce qu’ils prêtaient serment sur le livre d’El Boukhari, les hadiths ou
récits du prophète.
La mort du sultan entraîna la dispersion la troupe. Une partie se retrouva à
Essaouira. Ils participèrent aux travaux des murailles de la ville avec 500
ouvriers noirs venus du Soudan. Ces Noirs s’installèrent dans un quartier à côté
de la Kasba. Ils constituent la deuxième vague des Gnawas. Ceux ci se
réclament de Sidna Bilal, le premier muezzin de l’Islam appelant
les fidèles à la prière).
Leurs instruments sont les mêmes que ceux des Gangas, donc les tambours et
les crotales, plus le guembri.
Le rituel des gnawa est une Lila (nuit, veillée) qui a lieu dans une maison ou
dans la zaouïa (lieu saint) c’est un rite citadin.
Précisons que les gnawas ne sont pas tous descendants d’esclaves. Plusieurs
d’entre eux étaient des hommes libres et des fonctionnaires.
De plus, ils étaient de bon ton chez les musulmans d’accorder la liberté à un
esclave.
Les gnawas devinrent tous musulmans mais la pratique de leurs coutumes et
leur musique d’origine était tolérée. Les gnawas constituent des confréries
religieuses et non pas une ethnie, une tribu ou une communauté d’esclavages.
Les membres de ces confréries sont pour la plupart originaires d’Afrique noire
mais d’autres musulmans d’origine et de couleur différente en font partie. Les
relations entre les différentes confréries sont excellentes.
La cérémonie et déroulement d’une <> des Gnawa :
La Lila se développe dans l’espace d’une nuit. On la désigne par ce terme qui
veut dire nuit en arabe dialectal. Son rituel comporte quatre grandes phases :
la’ada (la coutume), Kûyû, Bambra et les m’louk.
La’ada est une procession haute en couleurs, un véritable spectacle musical. Ce
défilé bruyant qui incite à la danse et à la vibration n’est pas l’exclusivité des
gnawas : les autres confréries (Aïssaouas, Hamadchas, …) défilent de la même
manière, étendards et musique en tête, lorsqu’elles vont célébrer la lila.
Les kûyû (tambours, crotales) sont une série de danses effectuées par les
musiciens de la troupe. Ce n’est pas encore de la transe mais un jeu
préliminaire, un spectacle, une préparation à la phase sérieuse des m’louk. On y
3. évoque les anciens maîtres, les saints de l’Islam, des personnages et esprits aux
noms africains, la vie des esclaves.
C est pourquoi cette partie est également appelée wlad Bambara (les fils de
bambara).
Bambara cette série de danse est effectuée par les musiciens de la troupe.
C’est la préparation et le démarrage de la phase sérieuse (Ftouh) qui est suivie
des M’louk.
Les M’louk viennent à la fin des kûyû. Après une pause, on apporte sur un
plateau (tbîqa) de l’encens et des foulards de différentes couleurs. Ces foulards
servent de devises et de clés aux différents m’louk. Ceux-ci sont en effet
constitués en groupes distincts caractérisés par des couleurs différentes. Ainsi la
couleur blanche désigne les m’louk des jilala patronnés par Moulay Abdelkader
Jilali et composés de Bouderbala et des Bouhala. La couleur noire comporte
l’oghmami (le nuageux) et sidi Mimoun. Le bleu ciel désigne le moussaoui et les
m’louk de la mer : Moussa Barkyou, Bala maca ( la rien de la mer) et koubali
bala…
Se suivent ainsi sept couleurs avant d’aboutir au final des femmes. La transe
atteint alors son paroxysme.
Les instruments
Le guembri ou hajhouj est un luth à trois pincées de registre grave. Il a la forme
allongée, presque rectangulaire d’un demi tronc d’arbre coupé transversalement.
La table d’harmonie tendue sur le bois est faite en peau de chameau. Le manche
de l’instrument est une longue tige cylindrique fabriquée comme la caisse de
résonance dans du bois d’acajou. Les cordes en boyau de chèvre sont nouées à
l’extrémité du manche par des lacets.
La corde du milieu est toujours jouée à vide comme un bourdon. Pour accorder
l’instrument, puisqu’on ne dispose pas de chevilles, il faut tirer sur la corde et
déplacer le nœud des lacets. Le pouce et l’index de la main droite pincent les
cordes tandis que les trois autres doigts frappent la table d’harmonie. Un sistre
métallique s’encastre à l’extrémité du manche et est mis en résonance par les
vibrations des cordes.
Les qrâqeb sont des crotales que le percussionniste actionne dans chaque main
entre le pouce et le médius. Elles sont en forme de huit d’environ 30 cm et sont
attachées par paire au moyen de liens de cuir. En les entrechoquant, le
percussionniste produit tous les détails du rythme.
Le tbel est un grand tambour à deux têtes maintenu sur le côté gauche du
musicien par une bandoulière et joué avec deux baguettes de forme différente :
dans la main droite une baguette incurvée en bois de figuier qui percute le centre
de la peau tandis que la main gauche frappe les bords de la membrane avec une
baguette plus flexible en bois d’olivier.
4. La gamme
La musique gnawa est classée parmi les genres pentatoniques. Elle l’est en effet
dans son caractère mais l’une des notes de cette gamme est sujette à
substitution ou à mutation.
Pour conclure la gamme, la note ré est remplacée par le mi-bémol, ce qui
rappelle la gamme raçd de la musique andalouse qualifiée justement de gamme
soudanaise, utilisant six notes.
Le rythme
Dans le répertoire de la lila, le rythme joue un rôle prépondérant. Les rythme
typiques gnawa superposent et alignent des formules binaires et ternaires. Le
soubassement rythmique des crâqeb est rigoureusement régulier pour chaque
phase de la lila alors que le chant est fluctuant. Autant la ligne mélodique
chantée, est coulante, autant la percussion est détachée. Les différentes
interprétations du chanteur selon son état d’âme et sa façon de sentir le rythme,
font que les transcriptions musicales ne peuvent être qu’indicatives et non pas
strictes.
Le chant
Le répertoire de la lila comporte un ensemble de chants ponctués par des solos
de guembri. Tandis que les m’louk chantent, le guembri annonce la devise du
melk constituée d’une phase courte.
L’adepte reconnaît cette devise et lui répond immédiatement en rentrant en
transe.
Contrairement aux autres genres musicaux populaires marocains, la phrase
musicale gnawa peut être étendue et dépasse parfois l’octave. L’emploi des
arpèges en est aussi un aspect typique.