DAMIEN PILLER : «SEPT SERA SURPRENANT ET NOVATEUR»
«Le prochain défi à relever sur le plan fribourgeois est de ne pas faire perdre à Fribourg le train des médias électroniques, qui prend corps à une vitesse impressionnante.» Dans les colonnes du journal L’Objectif, en septembre dernier, Damien Piller avait déjà évoqué les mutations du secteur de la presse. «Il s’agit d’anticiper plutôt que de subir», avait ajouté l’avocat et homme d’affaires fribourgeois. Désormais, des paroles sont nées des actes. Damien Piller a racheté L’Objectif et souhaite apporter un souffle nouveau aux médias fribourgeois en investissant dans le lancement de Sept.ch. Entretien.
Pourquoi avoir acheté L’Objectif?
Damien Piller : Cette acquisition est d’abord la conséquence de la volonté de Jean-Marc Angeloz, fondateur et directeur...
Damien Piller - Changement à la direction de Migros Neuchâtel Fribourg
Damien piller sept sera surprenant et novateur Damien Piller
1. Damien Piller : «Sept sera surprenant et novateur» ‹ Objectif Sept
DA MI EN PI LLER : «S EPT S ER A S UR PR EN A N T ET N OVATEUR »
Posté par ObjectifSept le 06 déc 2013
«Le prochain défi à relever sur le plan fribourgeois
est de ne pas faire perdre à Fribourg le train des
médias électroniques, qui prend corps à une
vitesse impressionnante.» Dans les colonnes du
journal L’Objectif, en septembre dernier, Damien
Piller avait déjà évoqué les mutations du
secteur de la presse. «Il s’agit d’anticiper plutôt
que de subir», avait ajouté l’avocat et homme
d’affaires fribourgeois. Désormais, des paroles
sont nées des actes. Damien Piller a racheté
L’Objectif et souhaite apporter un souffle nouveau
aux médias fribourgeois en investissant dans le
lancement de Sept.ch. Entretien.
Pourquoi avoir acheté L’Objectif?
Cette acquisition est d’abord la conséquence de la volonté de Jean-Marc Angeloz, fondateur et
directeur de L’Objectif. Lui qui a porté ce projet pendant vingt ans m’a abordé il y a quelques mois
me confiant qu’il cherchait un investisseur. Il désirait remettre son bébé. Avant de me décider, je
voulais trouver une personnalité forte, professionnelle et crédible. J’ai alors abordé Patrick
Vallélian qui m’a demandé de lui donner une carte blanche pour développer un nouveau
média pour le canton de Fribourg et plus largement la Suisse romande.
Quel est le résultat de cette carte blanche?
Nous avons très rapidement convenu de repenser le journal papier et de créer un nouveau
2. média qui combinera le meilleur des technologies digitales et le meilleur de l’écrit. Notre
plateforme internet servira de moteur pour le journal papier qui changera son rythme de parution
pour mieux coller à l’air du temps. Le titre à venir ne sera plus bimensuel comme L’Objectif, mais
hebdomadaire. Et à la différence de la publication actuelle, publiée sur du papier journal, elle sera
imprimée sur du papier magazine. Le rachat de L’Objectif permet en outre d’entamer cette
aventure innovante avec une base solide. On ne part pas de zéro. Un tirage de 10000 exemplaires
existe déjà. Le titre est très attractif pour les publicitaires. En outre, nous comptons étoffer l’offre
des annonces grâce au mariage entre l’internet et le print.
Que va-t-il se passer pour les abonnés de l’Objectif?
Je tiens à les rassurer. Ils sont au coeur de notre projet. Nous souhaitons plus d’interactivité avec
eux. Et concrètement, ils seront automatiquement abonnés au nouveau média, sous sa forme
internet et papier. Nous voulons les remercier pour leur confiance et surtout leur fidélité.
Et pour les annonceurs de L’Objectif?
Les contrats actuels les liant à L’Objectif seront honorés comme il se doit. Nous avons besoin
d’eux pour aller de l’avant. J’espère également pouvoir compter sur l’esprit fribourgeois pour
appuyer cette initiative média novatrice.
Quel sera le contenu du nouveau média?
Patrick Vallélian, qui dirige une équipe d’une dizaine de personnes, travaille à fond pour
proposer un média attractif et précurseur dont la sortie est prévue au plus tard au printemps
2014. Il s’agira de proposer du journalisme de qualité, novateur, des enquêtes inédites, des
reportages multimédias. Je peux vous dire qu’il sera très surprenant. L’idée est de devenir
un laboratoire de l’information du futur. En outre, nous avons créé une société pour soutenir cette
initiative.
Quel est son nom ?
L’entreprise s’appelle Sept.ch. Elle sera innovante et surprenante. En revanche, je ne peux pas
rentrer dans les détails. Le chantier avance à grands pas avec une équipe pleine d’enthousiasme
et de talent. Je préfère laisser l’effet de surprise. Mais une chose est certaine, Fribourg va jouer un
rôle majeur dans les nouveaux médias et les nouveaux modes de consommation de l’information.
Existe-t-il un délai pour mener à bien le projet?
Avec Patrick Vallélian, nous nous sommes donnés le temps nécessaire pour réussir. Cela
nécessite un effort financier conséquent. D’ailleurs, le projet est également ouvert à d’autres
investisseurs. Par contre, mon engagement s’inscrit dans le cadre d’une mission tendant à un
pluralisme au niveau des médias fribourgeois, qui ont prouvé leur importance en Suisse. Je crois
également aux nouveaux médias et aux technologies de l’information. Les écrans sont partout et
pour tout le monde. L’important est de montrer que Fribourg est un canton dynamique et tourné
vers l’avenir.
D’où vous vient une telle passion pour les médias, vous qui êtes président du conseil
d’administration de Radio Fribourg et membre de la télévision régionale la Télé?
Avant d’ouvrir mon étude d’avocat, en 1989, j’ai été Lieutenant de Préfet de la Sarine
pendant cinq ans. J’avais été chargé par le préfet de l’époque, Hubert Lauper, de traiter le dossier
de Radio Sarine. La radio locale avait obtenu sa concession, mais se retrouvait dans une situation
financière quasiment inextricable. Les gens qui s’en occupaient ont frappé à la porte de la
3. Damien Piller : «Sept sera surprenant et novateur» ‹ Objectif Sept
préfecture pour demander de l’aide. C’est alors que nous avions créé la société de Radio
Fribourg, avec l’aide prépondérante du groupe Saint-Paul. La concession avait été transférée,
un paiement de 100’000 francs avait été effectué à l’Association Radio Sarine, ce qui lui avait
permis d’éviter le dépôt de bilan. C’est dès ce moment que j’ai commencé à m’intéresser de près
au monde de la presse et de l’information.
Et aujourd’hui, quel regard portez-vous sur ce petit monde en mutation?
Je reste persuadé qu’il faut réinventer de nouveaux modes de fabrication et de diffusion de
l’information. Il ne faut pas avoir peur du profond remodelage que vit les médias. Les entreprises
de presse, confrontées à la baisse de la publicité, sont en crise et à la recherche de solutions. De
mon côté, je me dis qu’il vaut la peine de faire des expériences et de lancer un nouveau support.
Je me réjouis de voir l’impact de notre projet sur le public.
Mais vous parliez des difficultés du milieu, qui vous considérera très voire trop optimiste
de vous lancer à une telle époque, non?
Si on me dit qu’on déborde d’optimisme, que nous sommes utopiques Patrick Vallélian et
moi, alors je répondrai que ce n’est pas en ne faisant rien qu’on avance. Bien sûr, il est moins
compliqué d’attendre, d’observer les évolutions du marché, de regarder les autres se casser les
dents pour ensuite choisir la recette qui fonctionne le mieux. Notre démarche est différente. Elle
cherche à voir ce que nous pouvons apporter d’autre, à découvrir de nouveaux talents, explorer
de nouvelles technologies et ainsi montrer le dynamisme de Fribourg.
Avec quelle indépendance ?
J’attache une importance capitale à l’autonomie de la rédaction. Je n’ai jamais donné une
quelconque instruction dans le cadre de ma présidence à Radio Fribourg, voire dans ma fonction
d’administrateur de La Télé. Chacun doit rester à sa place. On n’utilise pas la presse comme outil
de propagande politique ou économique. La presse est primordiale dans sa mission
d’information, c’est un vecteur de connaissances intellectuelles, de savoir, de découvertes sur un
canton, une région, un pays. J’y reviens, le but est d’ajouter une corde à l’arc médiatique
fribourgeois qui bouillonne en termes de cultures, d’université, d’écoles, de projets. Il y a de belles
passerelles à bâtir.
Texte : SEPT
Photo : Custom Design