Elise Maillart-Choquet, directrice de la communication interne au Conseil régional de
Picardie, répond à quelques questions pour le groupe LinkedIn sur "la communication
interne dans le secteur public".
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Fusion des régions : quelle communication interne mettre en oeuvre pour accompagner cette transformation ?
1. Groupe numérique sur la communication interne dans le secteur public
Itw #14
« Dans le cadre de la fusion des Régions, nous devons créer une
culture commune pour que chacun trouve sa place dans cette
nouvelle organisation »
Elise Maillart-Choquet, directrice de la communication interne au Conseil régional de
Picardie, répond à quelques questions pour le groupe LinkedIn sur "la communication
interne dans le secteur public".
Comment la communication interne est-elle perçue au sein du Conseil
régional de Picardie ?
Elise Maillart-Choquet (E.M-C) : Tout d’abord, elle ne dépend pas seulement de nous. Ce qui
dépend de nous, c'est la manière dont on met en œuvre les actions et l’organisation qu’on lui
donne. Je précise que ce ne sont pas les agents qui décident de la communication interne. Le
cap est fixé par le Président du Conseil régional et le Directeur général des services. Ce sont
eux qui instaurent les objectifs en fonction des attentes des agents et des encadrants.
Dans la collectivité, ce qui est attendue en matière de communication interne c’est de partager
le projet politique et le projet d’administration de la structure auprès de tous les agents. Il
s'agit avant tout de créer une seule et unique communauté d’agents. On a une logique
d’égalité. Chacun doit avoir les mêmes informations, la même connaissance de la collectivité
et des politiques publiques. C'est l'objectif principal de l’exécutif. Par ailleurs, le rattachement
de la communication interne à la Direction générale des services a permis de centraliser toutes
les actions de communication interne, quelles qu’elles soient.
La collectivité territoriale dispose-t-elle d’une stratégie de communication
interne ?
(E.M-C) : Oui, la collectivité dispose d’un plan de communication interne. Lorsque je suis
arrivée, il y a 5 ans, j’ai élaboré un plan de communication interne qui fixe les objectifs.
Comme je le disais précédemment, le pilier de notre stratégie est l’égalité. Quel que soit son
grade, sa fonction, son cadre d’emploi et ses missions, l’agent dispose des mêmes
informations que son collègue.
Ce qui est fondamental, c'est que chaque agent sache pour qui il travaille, pourquoi il le fait,
comment il le fait, dans quel but, etc. Il doit savoir, comprendre et partager les missions de la
collectivité. Il doit savoir comment elles sont portées et quelles sont les politiques publiques
mises en œuvre.
En Picardie, nous avons vraiment mis l’accent sur l’accès à des moments de cohésion interne
et à des moments de convivialité. Nous avons alors conçu plusieurs objectifs, qui consistent à
développer le sentiment d’appartenance, mettre en œuvre des actions de cohésion et de
convivialité, partager les valeurs et une culture commune, aider chaque agent dans son
quotidien professionnel et soutenir les managers dans leurs besoins d’actions opérationnelles
et collectives. On essaie également, au maximum, de valoriser chaque métier en mettant en
exergue l’idée que les agents font tous partie d’une même communauté et que chaque métier à
sa place et son importance au sein du Conseil régional de Picardie.
2. Quels sont les enjeux principaux qui émergent ces dernières années dans les
collectivités territoriales ?
(E.M-C) : Selon moi, si l’on regarde 10 ans en arrière, les Régions sont passées d’une fonction
stratégique à une fonction à la fois stratégique et opérationnelle. C’est-à-dire qu’aujourd’hui,
on s’ouvre sur des métiers plus techniques et plus opérationnels. Actuellement, le nouvel
enjeu est la fusion des Régions. On est sur un projet inédit, qui ne s’est jamais fait. Nous
devons alors accompagner le changement, donner une nouvelle fois les mêmes informations à
tous les agents, créer une nouvelle culture commune afin que chacun trouve sa place dans
cette nouvelle organisation. Par la suite, d’autres enjeux émergeront car ils sont liés aux
évolutions des collectivités territoriales et de la décentralisation.
Etes-vous en relation avec le service de communication interne de la Région
Nord-Pas-de-Calais avec laquelle fusionne la Picardie ? Est-ce que vous
avez évoqué ensemble une stratégie de communication ?
(E.M-C) : Oui bien sûr ! Nous avons fait un plan de communication interne commun. Je ne
pourrais pas vous en parler beaucoup, ni le détailler mais ce que je peux vous dire c’est que
nous avons déterminé trois cibles : les agents, les organisations syndicales et les managers. En
sachant que les organisations syndicales et les managers sont les cibles relais. Nous
rencontrons d’ailleurs, chaque mois, les organisations syndicales. Les objectifs de la stratégie
sont simples, nous sommes restés sur du pragmatisme : rassurer, faire adhérer et partager la
construction du projet. Le plan de communication interne est construit à la fois avec une
entrée par cibles, où nous reprenons chacun des objectifs, et sur les grands temps d’évolution
du projet.
Nous avons identifié les temps forts, qui pourraient être bloquants et où les agents auront
besoin d’informations. Nous avons donc un plan de communication lié à l’évolution du projet
qui est triple : par objectifs, par cibles et par temps.
Par ailleurs, nous avons également besoin de faire évoluer nos supports habituels afin d’avoir
des contenus uniques avec la Région Nord-Pas-de-Calais. Nous avons donc eu une réflexion
''phasée'', c'est-à-dire en fonction des phases. De plus, concernant les actions, nous avons mis
en place une foire aux questions pour les agents qui souhaitent avoir plus d’informations, une
rubrique ''Nouvelle Région'' sur l’intranet et, tous les deux mois, nous faisons un zoom sur la
nouvelle région dans le magazine interne ''Tertous''.
D’après votre expérience, quels sont les outils de communication interne
qui fonctionnent bien et ceux dont l’efficacité reste à prouver ?
(E.M-C) : Les outils de communication interne dépendent du type d’agents. Tout d’abord,
pour les agents administratifs, ce qui fonctionne le mieux c’est intranet. C’est un outil simple,
qui est à la fois un média et un espace de travail dans lequel chacun retrouve ses contenus.
Ensuite, pour les agents plus techniques, qui ne travaillent donc que rarement sur l’outil
informatique, le meilleur outil est le journal interne. Il faut avoir une communication ciblée où
l’information est disponible pour tous et donc la redire plusieurs fois sur différents supports.
Nous avons une newsletter, mais je ne suis pas persuadée de la pertinence de l’outil en
interne. Effectivement, l’information est déjà diffusée sur d’autres supports. Je pense que ce
n’est pas adapté aux attentes des agents.
Concernant les événements, le fait de les internaliser est un formidable vecteur de
communication. Il faut utiliser l’événementiel comme un outil de communication. Nous
pouvons faire passer de nombreux messages. Je pense que c’est un outil sur lequel s’appuient
3. encore trop peu de services de communication interne. Il ne faut pas se cantonner qu’à l’écrit,
au numérique ou au print. Néanmoins, les petits moments d’échange et de rencontre sur
l’actualité d’un service ou sur une politique en particulier ne fonctionnent plus. Cet outil de
communication fonctionnait il y a 15 ans mais depuis les 35 heures, les gens n’ont plus le
temps. Ce qui fonctionne ce sont les gros événements qui ont un attrait particulier pour les
agents.
Il faut alors avoir des outils qui soient à disposition des agents quand ils l’attendent, quand ils
en ont envie et quand ils ont du temps. Il faut diversifier l’offre.
Pourriez-vous donner un ou deux exemples d’action de communication
interne dont vous êtes particulièrement fière ?
(E.M-C) : Tout d’abord, je trouve que nous faisons un bon travail concernant la fusion des
Régions. Nous avons développé plusieurs outils et contenus, comme je le disais
précédemment. Nous nous mettons à la place de l’agent et de ce qu’il attend.
Ce dont je suis la plus fière, c’est ''Ram’Dam’''. Cette année, la neuvième édition aura lieu le 2
juillet 2015 à l’Abbaye royale de Saint-Riquier. C’est un centre culturel de rencontre à la
reconnaissance internationale. Les agents souhaitant participer à ''Ram’Dam’'' s’inscrivent et
pourront découvrir l’Abbaye royale sous la forme de divers ateliers. Ces activités ont été
préparées et déclinées sur sept thèmes : la culture, le patrimoine, la nature, l’environnement,
le sport, la gastronomie et la détente. Cet événement permet de faire passer beaucoup de
messages et de développer une culture et des valeurs communes. C’est un moyen de rendre
les agents fiers de leur collectivité et de leur Région. Ce qui me tient à cœur, ce sont les liens
solides créés lors de l’organisation de cette manifestation.
Quelles sont les actions de communication interne que vous souhaiteriez
mettre en œuvre au cours des prochains moins et des prochaines années ?
(E.M-C) : Nous n’avons pas encore testé les réseaux sociaux d’entreprise. Nous allons
élaborer cet outil car je pense que c’est le support adapté. Ce qui serait intéressant ce serait de
créer des communautés d’agents par métiers afin de développer à nouveau des liens et des
systèmes d’entraide, même si l’information serait accessible à tous de la même manière.
L’objectif serait de faciliter le travail au quotidien, faire des échanges de bonnes pratiques,
optimiser, être plus efficace et plus efficient. Comme nous avons constaté que les petites
réunions ne fonctionnaient plus, ce serait le moyen de recréer ces petites communautés par
centre d’intérêt. L’enjeu imminent, c'est que demain nous serons 9 000, nous voulons
absolument garder du lien et de l’humain, il faut donc que nous arrivions à recréer des petits
groupes.
Comment évaluez-vous vos actions de communication ?
(E.M-C) : Les gros événements comme Ram’Dam ‘ ou la cérémonie des vœux, on ne les
évalue pas. Le fait est que nous sommes très contraints. Pour ''Ram’Dam’'', nous avons une
demande du Président du Conseil régional de Picardie qui est très claire. Nous n’évaluons pas
ce qui ne pourrait pas, ou difficilement, être évalué.
Concernant le journal interne, nous avons fait des enquêtes de lectorat. Pour les petites
réunions, que nous faisons de moins en moins, nous les évaluons à la fin. C’est comme ça que
nous nous sommes rendus compte qu’elles s’essoufflaient.
4. Puis, pour intranet, au moment de la refonte il y a trois ans, nous avons fait un travail
d’analyse conséquent.
De façon générale, l’évaluation est un travail que nous devons développer au sein de notre
service car elle n’est pas suffisante.
Interview réalisée par Emeline LEFEBVRE dans le cadre du cours de "Communication
interne", dispensé par Damien ARNAUD, au sein de la licence professionnelle ''Gestion de la
communication publique'' – juillet 2015