Presentation du Mémoire de Cleeford Pavilus et de Marc Alain Boucicault pour l'obtention de leur Diplome d'Etudes Supérieures
1. Centre de Techniques de Planification et
d’Économie Appliquée
(CTPEA)
DÉPARTEMENT D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE
Les déterminants de l’offre de monnaie centrale en
Haïti: Un regard sur le fonctionnement du système
bancaire de 1986 à 2010
Sur quelle base la Banque de République d’Haïti (BRH)
finance-t-elle l’économie haïtienne?
Mémoire de sortie préparé par
Marc Alain BOUCICAULT & Cleeford PAVILUS
Promotion : 2005 - 2009
Sous la direction du Professeur Fréderic Gérald CHERY, Ph.D
Avril 2012
2. Introduction
Justification de l’étude : Explorer un domaine aussi complexe
qu’important auquel, a date, très peu de travaux sont consacrés
en Haïti.
Il s’agit, en tenant compte des croyances existantes autour de la monnaie en
Haïti, de comprendre la base sur laquelle la BRH finance l’économie.
Pourquoi?
Dans les PED particulièrement en Haïti le secteur bancaire joue
un rôle important dans le financement de l’économie.
Le crédit privé = un canal important d’accès à la monnaie et qui favorise la
croissance.
En Haïti : crédit privé = 61% des investissements en 2010.
Système Bancaire et économie réelle:
Ancrage de la politique monétaire Fonctionnement système
bancaire Orientation financement de l’activité économique
Croissance économique???
3. Sommaire
Problématique
Objectifs et hypothèses
Démarche méthodologique et limites du travail
Cadre conceptuel et théorique
Le système bancaire haïtien
Les déterminants de l’offre de monnaie centrale
en Haïti de 1986 à 2010: Modélisation et résultats de
l’estimation
Conclusion: Ancrage monétaire et économie en Haïti
Recommandations
4. Problématique
Le ratio masse monétaire / base monétaire en Haïti est
faible comparativement à d’autres pays: 1.81 en
moyenne de 1986 à 2010 et une valeur maximale ne
dépassant pas 2.14 ≡ expression d’une politique plus
restrictive qu’ailleurs.
Le taux de croissance moyen du PIB de 1986 à 2010 est
de -0.4%
Il semble qu’en 25 ans l’offre de monnaie centrale n’aurait pas
garanti une création effective de richesse en Haïti
5. Le fonctionnement du système bancaire haïtien
explique t-il cette faiblesse de la production ?
Quelle lecture peut être faite de l’ancrage de la
politique monétaire en Haïti? Et dans quelle mesure
pourrait il être repensé ?
6. Hypothèses
Hypothèse 1 : L’offre de monnaie centrale est endogène en
Haïti.
Hypothèse 2 : L’accès au crédit privé bancaire est limité en
Haïti.
Hypothèse 3 : En Haïti, le crédit privé est orienté vers des
activités génératrices de peu de valeur
ajoutée.
7. Objectifs
Objectif Général :
Etablir les liens entre l’orientation de l’activité
de financement de l’économie par le secteur bancaire en Haïti
et les agrégats monétaires particulièrement la base monétaire
Afin de:
Montrer les failles de la politique monétaire de la BRH sur la période et,
Souligner l’importance de repenser l’ancrage de la politique monétaire en Haïti.
Objectifs Spécifiques :
Préciser, dans le cadre de l’économie haïtienne,
les facteurs qui conditionnent les relations existant
entre la monnaie de Banque centrale et la masse monétaire
Vérifier, en fonction des secteurs financés,
l’impact différentiel du crédit sur les agrégats monétaires
Faire des recommandations de manière à lancer des pistes
pour repenser l’ancrage de la politique monétaire en Haïti.
8. Démarche méthodologique
A) Approche descriptive:
- Présentation et analyse historique du secteur Bancaire
- Analyse descriptive des indicateurs clés du système Bancaire
et du cadre macroéconomique haïtien de 1986 à 2010:
(Les dépôts et leur composition; La structure et l’évolution de l’actif du système; La
structure et l’évolution du crédit; La Rentabilité et Les résultats macroéconomiques)
B) Approche Analytique:
- Modélisation linéaire de la relation entre la base monétaire et
les contreparties de la masse monétaire à partir du logiciel E-
Views et Interprétation des Résultats.
Recherche documentaire et Collecte de Données (BRH, IHSI)
9. Limites du travail
Problèmes de disponibilités des données descriptives d’avant 1994.
A cause de certaines caractéristiques propres à l’économie nationale,
Choix de la masse monétaire M3 au lieu de M2 comme stipulé par la théorie
Base monétaire au sens large utilisée pour faire le modèle
10. Cadre Conceptuel
et
Théorique
Relation entre base monétaire et masse
monétaire
11. Clarification des concepts clés Les Agents non financiers
Les Banques commerciales
La Création Monétaire La Banque Centrale
L’Etat
Masse monétaire M3 = Monnaie en circulation + dépôt à vue + Placements +
Dépôts en dollars
Le crédit privé
Contreparties de la Masse Monétaire Le crédit Public
Les devises
Base Monétaire Programme: Monnaie en circulation + Réserve des Banques
En Haïti, Base Monétaire (sens large) : Monnaie en circulation + Réserve effective des
Banques (Incluant les Bons BRH)
Expression de la politique monétaire de la BRH
12. Endogénéité et exogénéité de l’offre de la monnaie
Exogénéité de l’offre de la monnaie centrale - Théories néoclassiques
La Banque Centrale donne la pulsion monétaire à l’économie (l’offre
créant sa propre demande -Loi de Say)
Multiplicateur monétaire: M =k*M0
La critique de la théorie de l’exogénéité de l’offre de monnaie
centrale:
a) Risque d’inadéquation entre l’offre de monnaie et la demande
b) Les banques commerciales ne sont pas passives
Endogénéité de l’offre de monnaie centrale – Théories postkeynésiennes
Les banques commerciales donnent l’impulsion monétaire à la
Banque centrale : ΔCB = ΔM
Diviseur du crédit : M0 = (1/k)*M
13. Aspects empiriques: Burundi, EU, GB
Régime Normal = Base // Masse // PIB en valeur
Régime Anti – déflationniste => Réactions des
Banques:
Utilisation des réserves excédentaires pour augmenter le crédit.
Base monétaire = k Masse Monétaire
Rachat des actifs des entreprises, des ménages et de l’Etat
Évolution Base // Évolution Masse
Augmentation des réserves auprès de la BC
Base monétaire Masse monétaire.
Faiblesse du Crédit Ralentissement du PIB
BRH Quelles incitations????
15. Le paysage bancaire haïtien à travers l’histoire
Avant 1880: Les tentatives de création d’une banque nationale
De 1880 à 1910: Création de la BNH dirigée par une société
française
1910 à 1922: Création de la BNRH: concession en faveur d’un
consortium composé de Français (75%), d’Allemands (5%) et
d’Américains (20%)
1922 à 1947: Concession de la BNRH à une société américaine
1947 à 1979: l’« haïtianisation» du système bancaire
1979 à nos jours: Création de la BRH (loi): courant monétariste;
émergence de banques privées haïtiennes (loi, régulation);
dynamisation du système, années 90… 2012: nouvelle loi
régulation
17. La situation des dépôts et de
l’actif du système Evolution des dépôts du système bancaire haïtien de 1986 à 2010
(en millions de gourdes)
120,000.00
100,000.00
Dollarisation (Dépôt $ / M3)
80,000.00
continue de l’économie en Dépôts Dollars (équivalent
60,000.00
moyenne de l’ordre de 24% l’an gourdes)
40,000.00
depuis 1991. Dépôts Gourdes
20,000.00
Le système est en surliquidité: 0.00
Les liquidités représentent en
moyenne 46% de l’actif.
Les composantes de l'actif du système
bancaire Haïtien: 1986-2010
160000
Il y a une sous-utilisation des
140000
ressources provenant de la
120000
Autres actifs capacité de financement gourdes
100000
80000
Immobilisations nettes dans l’économie. Ceci, combinée,
60000
Prêts nets
au phénomène de dollarisation
Autres placements
40000 montre un manque de confiance
Bons BRH
20000 en la monnaie nationale
Disponibilités
0
18. La situation du crédit Evolution du crédit privé par secteur
30000
Evolution du crédit dans le
Services et autres
système bancaire Haïtien de
25000
1986 à 2010 Agriculture, Sylviculture
et Pêche
50,000.00
20000 Électricité, Gaz et Eau
40,000.00
30,000.00 Crédit Prives Bâtiments et travaux
(million de gdes) publics
20,000.00 15000
Crédit Public Transport, Entrepôt et
10,000.00 (million de gdes) Communication
0.00 Immobilier résidentiel et
10000 commercial
1986
1989
1992
1995
1998
2001
2004
2007
2010
-10,000.00 Prêts aux particuliers
5000 Industries
Evolution du nombre de crédits accordés par
manufacturières
tranche de 1986 à 2010
Commerce de Gros et
16000 Détail
0
14000 1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
12000 5 000 000 ou plus
10000 2 500 000 à 4 999 999
8000
1 000 000 à 2 499 999 Conclusion: Le crédit privé est
6000
500 000 à 999 999 relativement peu encouragé. Il est
4000
250 000 à 499 999 alloué en petite quantité et à des
2000
0
75 000 à 249 999 secteurs avec faible valeur ajoutée.
1986
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2000
2002
2004
2006
2008
2010
19. Certains résultats 80.00 Evolution du taux d'Inflation (en déflateur du PIB) de 1987 à 2010
60.00
La politique 40.00
monétaire a réussi
20.00
à réduire l’inflation
en dessous de 15% 0.00
-20.00
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
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2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Evolution du ratio M3/M0 de 1986 à 2010
2.50
2.00 Le question du crédit
privé est délaissé.
1.50
Ratio crédit privé/PIB
1.00 réel continu de grossir:
0.50 118% en moyenne (pic
0.00 de 306% en 2010 )
1986
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1994
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2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Taux de croissance du PIB réel de 1987 à 2010
10.0
Le système bancaire 5.0
accuse des revenus 0.0
satisfaisant de
1987
1988
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1991
1992
1993
1994
1995
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2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
l’ordre de 10 -5.0
milliards de cumulés -10.0
gourdes
-15.0
20. Les déterminants de l’offre de
monnaie centrale en Haïti de
1986 à 2010: Modélisation et
résultats de l’estimation
21. Données
Les variables utilisées pour cette estimation sont :
1. La Base monétaire (M0)
2. Le crédit privé (CRDPV)
3. Le crédit public (CRDPC)
4. Les Avoirs extérieurs net (AEN)
22. Évolution des variables sous étude
100,000.00
80,000.00
60,000.00
40,000.00
20,000.00
0.00
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
-20,000.00
Base Monétaire (million de gdes) Avoir Exterieur Net (million de gdes)
Crédit Prives (million de gdes) Crédit Public (million de gdes)
24. Présentation théorique et signes attendus pour
les variables explicatives
Selon Keynes: la création monétaire est le canal principal pour
pouvoir répondre aux demandes de monnaie.
Le crédit privé et public ainsi que la conversion de devises en
monnaie locale sont les outils préférentiels des autorités monétaires
en vue d’assurer le financement de l’économie.
Le modèle linéaire multiple nous permettra de voir la participation
de chacune des variables dans le processus de création monétaire de
la BRH
Signes attendus:
(CRDPC) (+)
(AEN) (+)
(CRDPV): 2 régimes: (-) ou (+) (-)
25. Test de Stationnarité
Les variables ne sont pas toutes stationnaires à niveau. Mais on sait qu’il existe une
tendance au niveau de la série LMO .
Détection de retard sur la série LMO
Nous avons constaté
un pic en dehors du
premier intervalle .
Ainsi, il existe bien un
retard d’ordre 1.
Source : Calculs effectué sur Eviews
26. Estimation d’un modèle linéaire avec la tendance et le retard:
LMO = α0 + α1*@trend + α2*CRDPC + α3*CRDPV + α4*AEN +AR(1)+µt
0.996640
Source : Calculs effectués sur E-views
27. Test de Cointégration
Null Hypothesis: U has a unit root On calcule Û à partir de la
Exogenous: None régression faite
précédemment puis on fait
Lag Length: 1 (Automatic based on SIC, MAXLAG=4) un test de stationnarité sur Û
t-Statistic Prob.* à niveau sans tendance, sans
constante. La Cointégration
Augmented Dickey-Fuller test statistic -3.740907 0.0007 du modèle dépend de la
Test critical values: 1% level -2.674290 stationnarité de Û.
5% level -1.957204
10% level -1.608175
Û est stationnaire à niveau. On peut
donc conclure que le modèle est
cointégré.
Donc, on peut passer à la validation du modèle tel
que spécifié
28. Test de validations
TESTS RÉSULTATS
DW 1.510445
Prob(F-Statistic) 0.0000000
R-squared ajusté 0.9966
Sum squared resid 0.077752
F- Ramsey 2.786151
B.J. 0.628032
X2 – White - N*R-squared 13.19908
X2 – Breusch Godfrey – N*R-squared 5.783921
F-statistic 1365.264
Tableau tiré d’E-views
En conclusion, les tests de validation confirment que : l’erreur est
normale (Jarque Berra), tous les paramètres sont significatifs
(Student), les paramètres sont globalement bien spécifiés (Fisher), le
modèle est globalement bien spécifié (Ramsey), l’erreur est
homoscédastique (White), et il n’y a pas d’auto corrélation des
erreurs (Breusch-Godfrey),
29. Interprétation des résultats du modèle
Variables Coefficient T-Statistic Probabilité
explicatives
@trend 0.143050 10.95659 0.0000
CRDPC 2.10E-05 2.578962 0.0189
CRDPV -1.27E-05 -2.125775 0.0476
AEN 1.21E-05 3.263333 0.0043
C 7.378718 93.23063 0.0000
AR(1) 0.477387 2.303389 0.0334
Source: Tableau tiré d’E-views
Une augmentation de 10% Il existe un retard dans le
du crédit public entraine modèle. Le niveau de la
une hausse de 0.00021 %de base monétaire en l’an t
la base monétaire. influe sur la base
monétaire au temps t+1.
Une augmentation de 10% du
crédit privé entraine une
baisse de 0.000127% de la
base monétaire
Une augmentation de de A chaque année de
10% des avoirs extérieurs plus, la base monétaire
nets entraine une hausse augmente. La tendance
de 0.000121% de la base à la hausse de la base
monétaire monétaire est liée au
temps.
31. Ancrage monétaire et économie en Haïti
Depuis les premières tentatives de conception de son système
financier, sous une forme ou une autre, deux éléments
récurrents dominent la pensée et l’action: l’instabilité politique
et la présence étrangère
L’instabilité politique : créant La présence étrangère
une divergence chronique ininterrompue: développant au
dans la vision de l’Etat sur fil des années une dépendance
l’économie. Elle a aussi généré qui a fait passer, au second rang,
la faiblesse de cette institution l’importance pour l’Etat de
à s’assurer du suivi dans les définir un projet collectif sur le
affaires publiques.
long terme avec sa société.
Les autorités monétaires ont choisi de prioriser la valeur de la
monnaie à court terme (en veillant sur l’inflation) et cette
politique a eu pour effet la pénalisation du crédit privé.
32. (Suite)
Le système est en surliquidité et la création monétaire est principalement
influencée par les AEN et le Crédit public. Cela montre que la promotion du
crédit privé est relayée au dernier plan.
Le signe négatif du coefficient du crédit privé montre que le système est en crise.
Crédit privé existant est alloué au commerce, à la consommation, et aux services
dans une économie en mal de production la monnaie n’est pas destinée à
financer la création de richesses .
La dollarisation accélérée de l’économie a réduit le champ d’action de la gourde
Le dollar est devenu une monnaie de refuge et de réserve de valeurs.
Les revenus du secteur bancaire et l’inflation à court terme = un mirage de
victoire pour les autorités monétaires car la précarité du système bancaire et de
l’économie en général qui est très vulnérable aux chocs extérieurs n’assure pas la
pérennité de cette stabilité.
La Banque centrale continue de répondre à la crise d’excès de liquidité par des
mesures monétaires classiques : l’ajustement des taux d'intérêt débiteurs et
créditeurs ainsi que la hausse des coefficients de réserves obligatoires pendant
que la grande vertu des Bons BRH s’essouffle.
Suivant la logique keynésienne adoptée dans ce travail, le succès de la politique
monétaire ne peut plus se mesurer dans le cadre limité de la sphère monétaire
mais plutôt au carrefour avec l’économie réelle
33. Recommandations
Mesures économiques:
•Mettre en place une politique de croissance dont la gourde est le vecteur,
• Encourager une dématérialisation réelle de la gourde,
•Mettre en place un système de commandes publiques,
•Mettre en place des politiques de développement de filières
de production spécifiques supportées par un protectionnisme ciblé,
•Mettre sur pied une politique de support au crédit privé
Mesures de finances publique:
•Changer l’approche d’élaboration du budget national,
•Coordonner le suivi de l’aide internationale
•Redéfinir le système politique et renforcer l’Etat Haïtien
Quelle que soit les instruments de politique monetaire qu’utilise la BC, les resultats vont se retrouver au niveau de sa base c a d au niveau de la quantite de monnaie qu’elle aura cree.La base etant le resultat de la combinaison des instruments de politique monetaire et la masse, la monnaie effectivement cree et accessible, le raprochement des deux permet de mesurer l’etendu de l’impact de la politique monetaire sur l’acces a la monnaie.
Monnaie
La politique monetaire a reussi a reduire l’inflation en dessous de 15%
Retards: Nous n’avons ete plus loin par manque de bagage mais de par les interview avec des cadre de la BRH nous avons compris que des mesures correctives sont souvent prises au niveau des instruments de politiques monetaire pour corriger les resultats de la base.Tendance: les observations courantes sont utlise implique une augmentation des valeurs courantes chaque annees.