1. PIQUE
098SEL
COMME UN PHANTASME, LA SERIE «FANTASMAGORIK» PARAÎT IR-
RÉELLE, TROUBLANTE, LUMINEUSE ET DIABOLIQUE À LA FOIS, SEM-
BLANT DIRECTEMENT SURGIR DES SONGES OBSCURES DE SON CRÉA-
TEUR, NICOLAS OBERY.
Pour décrire le monde de Nicolas Obery, il y a
les synonymes ramollis du clapet: abracadabrant,
bizarre, extraordinaire, fabuleux, hallucinatoire,
magique, merveilleux, rocambolesque, thaumatur-
gique… et il y a LE nom qui claque, «Fantasmago-
rik». Pas de doutes, son créateur détient la verve
de son Paris natal et l’inspiration de l’artiste
abouti. Avec sa série composée d’une centaine de
visuels, à mi-chemin entre portraits et sculp-
tures numériques, il surfe sur la vague Steam-
Punk – courant de science-fiction rétro, pour les
non-intimes. Il innove néanmoins par l’originalité
de son style, en noir et blanc, flirtant avec le
psycho-dark, qui «fait ressortir le côté sombre
des personnes et de la nature», affirme-t-il. Qui
eut cru que Mickey et Donald Duck puissent à ce
point nous faire flipper?!
Text_ Claire Grange
Layout_ Kevin Roth
2.
3. Avec sa clope et son képi, le bébé «phantasma-
gorik» n’est pas en reste; il prend un air quasi
démoniaque, chevauchant une bécane imaginaire
qui pointe dans la direction du spectateur, les
yeux illuminés en guise de phares. D’autres images
jouent davantage sur la fibre mystique, quand il
s’agit de mettre en exergue l’aura légendaire
d’une Marylin ou d’un Jackson par exemple, quand
ce n’est pas celle d’un faim!
Figures humaines et fantastiques s’entremêlent
ainsi au gré du clic bichromique de Nicolas Obe-
ry. «Je compose mes visuels essentiellement sur
Photoshop, en dessinant et en sculptant des mor-
ceaux d’images, (terre, poils, fleurs, tubes, œil,
bouches, animaux, insectes, etc.) me constituant
une base de données importante pour créer au
final une composition centrale très détaillée.»
Combien même les explications techniques de
l’intéressé, le secret de ses créations ne semble
jamais totalement révélé, comme si celles-ci
s’accommodaient assez mal d’une lecture trop
terre-à-terre…. Pas étonnant pour ce digne dé-
positaire du surréalisme.
Et pourtant! Et pourtant, la pensée onirique
n’empêche pas d’avoir les pieds sur terre, bien
au contraire. Et quoi de plus terrien que les
agences de publicité? Après deux écoles d’Art
à Paris, c’est précisément dans ces murs plus-
mercantiles-tu-meurs que Nicolas Obery a fait
ses armes, jusqu’à devenir aujourd’hui directeur
artistique d’agence. «Je travaille depuis pas mal
d’années sur la création de visuels publicitaires
dans le luxe et la cosmétique, ce qui m’a permis
de garder une esthétique haut de gamme pour ma
série», assure-t-il. Inversement, l’imagination
figure comme le fer-de-lance de l’imagerie publi-
citaire, brimée par la visée commerciale certes,
mais imagination tout de même.
Alors, qui a dit qu’un monde en noir et blanc
manquait fatalement de nuances?