2. “ Le secteur bancaire est pour son économie ce qu’est
le moulin à eau pour son champ ”
L'existence du moulin (du latin molinum issu de mola meule) à eau est attestée, peu avant l'ère chrétienne, en Illyrie. Sa roue à
palettes, en position horizontale dans le courant qui l'entraîne, est surmontée d'un axe vertical. Ce dernier, soumis à un mouvement
de rotation, traverse une meule inférieure gisante et fait tourner la meule supérieure dont il est solidaire. Les Romains adoptèrent
un moulin à eau dont le mécanisme disposé verticalement, tourne sur un arbre horizontal portant une roue à chevilles. Celles-ci, per-
pendiculaires au plan de la roue, s'engrènent sur la lanterne d'un axe vertical actionnant la meule extérieure. Le moulin hydraulique
aurait été connu en Chine dès le Ve siècle. Primitivement destiné au broyage du grain, le moulin à eau devient le générateur de force
motrice qui sera prédominant jusqu'à la mise au point de la machine à vapeur au XVIIIe siècle. Cette force sera utilisée pour d'innom-
brables applications : broyage du malt, des écorces, des olives, pour la défibration du papier et du chanvre, pour actionner les marti-
nets et les soufflets de forge, etc.
Encyclopédie Universalis
3. Secteur bancaire
Executive summary
« Une crise telle qu'il n'en arrive qu'une fois par siècle », tel est le propos tenu par Alan Greenspan pour décrire la
crise financière qui a débuté en 2007 et qui s’est caractérisée par une crise de liquidité interbancaire et une crise
du crédit, paralysant de ce fait le système financier international, et s’étendant à l’ensemble des places boursières
de la planète.
L’effondrement du secteur immobilier américain a donné naissance à une crise bancaire marquée par la faillite de
plusieurs établissements de crédit et par la paralysie du marché bancaire international. L’intervention du prêteur
en dernier ressort, à savoir l’État, a permis d’éviter une crise systémique et de redonner confiance au système
financier à travers l’injection massive de liquidités. La principale priorité des banques centrales consistait en la
résolution des problèmes de solvabilité et de liquidité des banques nationales. La recapitalisation et la nationali-
sation des établissements financiers des principaux pays européens et américains devenaient des nécessités abso-
lues pour éviter les banqueroutes en cascade.
Si l’intervention des banques centrales a permis d’éviter l’effondrement du système financier international, celles-
ci n’ont pu limiter la propagation de la crise à l’économie réelle, entraînant de ce fait l’entrée en récession du
monde développé et le ralentissement de la croissance des pays émergents.
Au Maroc, la forte régulation du secteur bancaire, sa politique de gestion du risque ainsi que son intégration limi-
tée au système financier mondial lui ont permis d’être épargné par la crise financière. La restructuration du sec-
teur à la fin des années 90 ainsi que le processus de modernisation du système financier ont permis d’améliorer la
qualité des actifs des établissements bancaires. Dans le même sens, les facilités de refinancement et la contribu-
tion croissante des dépôts à la clientèle dans les ressources globales ont participé également au renforcement de
la solidité financière des banques. Enfin, l’activité du secteur étant centrée principalement sur les métiers tradi-
tionnels de la banque, à savoir l’intermédiation bancaire et le crédit au marché domestique, principalement l’ac-
tivité Retail, a protégé le système des dérives de la finance internationale.
Sur le plan économique, la dynamique que connaît le pays durant ces cinq dernières années a permis au secteur
bancaire de renforcer son rôle de moteur de l’économie marocaine. Le financement bancaire s’est fortement déve-
loppé grâce à une conjoncture favorable marquée par la hausse de la consommation et de l’investissement de l’en-
semble des agents économiques. Ainsi, les performances enregistrées ces dernières années tant en termes de crois-
sance du PIB, de maîtrise de l’inflation et de hausse des investissements étrangers ont permis à l’économie maro-
caine d’être l’une des plus robustes et des plus compétitives de la région MENA.
Cependant, à l’instar de l’ensemble des pays émergents, la crise économique qui sévit en Occident a contaminé
notre pays en raison de la corrélation de son cycle économique avec celui de ses partenaires européens. Les contre-
performances enregistrées au niveau des principaux facteurs de contagion ainsi que leur récupération depuis le
début de l’année témoignent de la bonne résistance de l’économie à cette crise et laissent présager une reprise
durant le premier semestre 2011.
En effet, l’appréciation favorable de l’encours des crédits à l’économie et des dépôts à la clientèle en 2009 et au
premier semestre 2010 ainsi que l’amélioration du taux de contentieux montrent que le secteur bancaire marocain
a pu améliorer ses indicateurs d’activité malgré un contexte macro-économique moins euphorique.
Il faut dire que l’économie marocaine présente des leviers structurels de financement bancaire qui confortent le
développement de ce secteur même en temps de crise. Si le faible taux de bancarisation constitue à coup sûr un
Achraf Bernoussi +212 522 43 68 31 • a.bernoussi@attijari.ma
4. Executive summary
vecteur de croissance à long terme, la forte demande intérieure émanant de la consommation des ménages mais
également de l’investissement des entreprises publiques et privées représentent à court terme des viviers impor-
tants de croissance pour le secteur.
En effet, le développement de la consommation des ménages de 8 % ainsi que celui de l’investissement (FBCF) de
14 % sur la période 2005-2009 témoignent de la forte croissance de l’investissement tant privé que public durant
ce dernier quinquennat. Il faut dire que l’État est engagé dans plusieurs chantiers économiques et programmes
d’investissements structurels pour le pays, en témoigne l’enveloppe budgétaire de 160 MMDh consacrée pour l’an-
née 2010. Dans le même sillage, le déficit chronique en logement érigeant de ce fait le secteur de l’habitat en
priorité nationale pour le gouvernement ainsi que les différents fonds alloués à la PME à travers le plan Émergence
II et visant à apporter un soutien financier à ce segment de clientèle, représentent d’importants gisements de
développement pour le secteur bancaire dans les années à venir.
Si du point de vue macro-économique, le secteur bancaire est bien loti pour accompagner le développement de
l’économie marocaine, il est important de souligner que celui-ci dispose de fondamentaux solides, à même de lui
permettre d’être la principale source de financement du pays. Le poids important des dépôts non rémunérés, soit
plus de 61 % des dépôts à la clientèle en 2009, la baisse du taux de contentieux de plus de 8 points sur les cinq
dernières années ainsi que le faible coefficient d’exploitation du secteur bancaire comparativement aux pays en
développement confortent la solidité financière et la rentabilité du secteur. Aussi, la croissance bénéficiaire à
deux chiffres a permis de renforcer les fonds propres du secteur, qui demeure suffisamment capitalisé dans sa glo-
balité.
Cependant, la forte concentration des banques marocaines les pousse naturellement à rechercher des relais de
croissance. La tendance baissière de la marge d’intermédiation incite les établissements bancaires à rechercher
de nouvelles sources de revenus tant sur le marché local qu’international. Si la banque de financement et d’in-
vestissement ainsi que l’activité de bancassurance connaissent un développement croissant, les activités à l’in-
ternational des principaux groupes bancaires constituent de véritables relais de croissance en raison du potentiel
économique et financier des marchés ciblés.
Ce processus d’internationalisation exige des banques candidates d’une part, de disposer d’un modèle financier
rentable au niveau local et capable d’être exporté à l’international dans des pays réceptifs, et d’autre part de
renforcer leur solidité financière afin de pouvoir répondre tant à la croissance interne qu’externe. La dynamique
de croissance des crédits sur le plan local ainsi que le coût de déploiement à l’international nécessitent des res-
sources importantes, ce qui pourrait contraindre certaines banques à recourir à d’autres moyens de financement
que ceux généralement utilisés.
Ainsi, nous essaierons dans cette étude de répondre à l’ensemble de ces problématiques en montrant :
Comment le secteur bancaire résiste aux chocs exogènes et à leurs impacts sur l’économie marocaine ;
Quelle est la réelle physionomie du secteur bancaire marocain, d’apparence atomisée ;
Quels sont les principaux relais de croissance des banques marocaines sur le marché domestique ainsi
qu’à l’international ;
Quel poids du secteur bancaire dans le paysage boursier marocain pour quel niveau de valorisation.
3 Secteur bancaire
5. Sommaire
Comment le secteur bancaire a répondu présent à l’heure de l’épreuve ?..........................5
Un secteur bancaire évoluant dans un cadre réglementaire très régulé… ..........................9
Une économie qui a pu faire face aux chocs exogènes en raison d'une demande
intérieure résistante ........................................................................................11
Des opérateurs bancaires qui déploient les moyens pour assurer leur croissance ...............20
Des actifs bancaires de qualité et une assise financière solide .....................................24
D'apparence atomisée, quelle est la réelle physionomie du secteur bancaire marocain ? ......33
Banques universelles vs banques spécialisées : quels modèles dominent le secteur bancaire .35
Trois groupes bancaires constituent le noyau dur du secteur........................................40
Quels sont les relais de croissance de ces groupes bancaires sur les marchés domestique
et international ?.................................................................................................63
Une banque de détail au potentiel de développement quelque peu consommé .................67
Les activités de marchés et d’Investissement, la bancassurance :
des relais de croissance organique .......................................................................70
L’expansion internationale, une ambition commune ..................................................74
Appréciation des niveaux de valorisation .................................................................87
Un secteur incontournable du paysage boursier marocain ...........................................89
…dont l’indice superforme structurellement les comparables ......................................92
…affichant ainsi une prime amplement justifiée ......................................................93
Conclusion .................................................................................................97
Secteur bancaire 4
6. Partie 1
Comment le secteur bancaire a répondu
présent à l’heure de l’épreuve ?
7. Comment le secteur bancaire a répondu présent à l’heure de l’épreuve ? .......5
Un secteur bancaire évoluant dans un cadre réglementaire très régulé… ..........................9
Une économie qui a pu faire face aux chocs exogènes en raison d'une demande
intérieure résistante ........................................................................................11
Quelles ondes de contagion ont impacté l'économie marocaine ? .............................11
Une demande intérieure forte, pilier de la croissance économique ..........................15
La consommation des ménages, principale composante de la demande intérieure ...............15
L’investissement public et privé, leviers structurels de financement bancaire ....................16
Des opérateurs bancaires qui déploient les moyens pour assurer leur croissance ...............20
Une stratégie volontariste d'extension du réseau d’agences ...................................20
Un soutien permanent à l'investissement des entreprises ......................................22
Des actifs bancaires de qualité et une assise financière solide .....................................24
Une structure saine des ressources confortée par le poids des dépôts non rémunérés ....25
Des emplois dominés par l'activité de crédit à la clientèle.....................................26
Un secteur suffisamment capitalisé dans sa globalité ...........................................29
Des revenus d’activité et un couple risque/rendement en nette amélioration .............31
Secteur bancaire 6
8. Le secteur financier marocain a connu, durant ces deux dernières décennies, une profonde mutation marquée par
des opérations de restructuration et d’assainissement des ex-Organismes de Financement Spécialisés (BNDE, CIH,
CAM), la privatisation des banques publiques (BMCE, BCP) ainsi qu’une fusion majeure (BCM-Wafabank). Au-delà
de la refonte du cadre réglementaire et institutionnel, la mise à niveau avant-gardiste du secteur bancaire a per-
mis au secteur financier marocain d’être aujourd’hui l’un des plus organisés et des plus performants de la région
Sud-méditerranéenne. Cette réforme structurelle du système financier a valu au pays d’être reconnu par le FMI
comme disposant d’un « secteur bancaire stable, adéquatement capitalisé, rentable et résistant aux chocs » (IMF
Country report).
Les différentes réformes financières entamées au milieu des années 90, que ce soient celles visant à moderniser
le marché des capitaux, à libéraliser les changes ou à restructurer le secteur bancaire, ont eu les fruits escomp-
tés puisqu’elles ont permis au secteur bancaire de conforter son rôle de principale composante du système finan-
cier, avec un total actif de 112,4 % du PIB en 2009. Aussi, les marchés de capitaux ont également fortement contri-
bué au renforcement de la structure financière du pays avec une capitalisation boursière représentant 68,6 % du
PIB durant cette même année.
Évolution du total actif bancaire Évolution de la capitalisation boursière
en % du PIB en % du PIB
95,0%
110,8% 112,4% 77,2%
106,5% 72,3% 68,6%
93,6%
2006 2007 2008 2009 2006 2007 2008 2009
Source : Direction Analyse et Recherche
La politique monétaire rigoureuse de Bank Al Maghrib durant ces dernières années, marquée par une flexibilité du
taux directeur visant à préserver la stabilité des prix et atténuer les risques inflationnistes ainsi que la fluidité du
marché interbancaire ont permis à la banque centrale de jouer pleinement son rôle de régulateur de l’économie
marocaine. Ainsi, cette politique judicieuse a permis à l’autorité centrale marocaine de faire face aux chocs éco-
nomiques au moment où les banques centrales européennes et américaines ont failli à leurs missions.
En effet, la crise financière internationale, la pire depuis 1929, a mis à nu les politiques de régulation de la BCE
et de la FED qui ont échoué à atteindre leurs objectifs notamment le maintien de la croissance long terme et la
maîtrise de l’inflation. La volonté de l’État américain de relancer l’économie du pays au début de cette décennie
à travers une politique de taux d’intérêts bas visant à maintenir la croissance et accroître les liquidités, associée
à une mauvaise appréciation des risques, ont accru de manière significative les crédits non performants.
L’insolvabilité des emprunteurs à faibles revenus ainsi que le recouvrement des créances par les organismes de
crédit a accentué la baisse des cours des prix de l’immobilier, provoquant ainsi l’éclatement de la bulle spécula-
tive immobilière, initialement encouragée par la politique monétaire du pays.
Secteur bancaire 7
9. Cette crise internationale a eu le mérite de nous apprendre quelques enseignements et de tirer les leçons de la
dérégulation financière et de la mondialisation libérale. Il importe donc à la banque centrale d’œuvrer pour que
la conjonction de plusieurs instruments monétaires puisse permettre à l’économie marocaine de maintenir une
croissance saine dans les années à venir, à savoir :
un taux directeur qui favorise la croissance et qui vise une inflation cible ;
un interventionnisme remarqué sur le marché monétaire pour réguler, absorber ou injecter les flux de liqui-
dité nécessaires ;
un maintien d’un ratio de solvabilité à un niveau adéquat pour absorber des chocs externes, et une capa-
cité à lever des fonds en cas de crise de liquidité ;
une réflexion autour de l’instauration d’un ratio de levier ou « Leverage ratio » fixant un niveau d’endet-
tement maximum pour les banques (un total bilan ne dépassant pas 25 fois les fonds propres). Ce ratio,
déjà adopté aux Etats-Unis et qui était au centre des débats lors de la crise financière, mesure le bilan
des banques à l’aune de leurs fonds propres réglementaires, et viendrait s’ajouter à celui prévu dans les
accords de Bâle II. Il consiste pour la banque à disposer de fonds propres suffisants pour faire face aux
risques de pertes en cas de crise financière, mais aussi à adopter des activités moins risquées. La discus-
sion sur l’adoption de ce ratio à l’échelle internationale sera effective à partir de 2011.
Au Maroc, le secteur bancaire a réussi à se sortir indemne de la crise, et ce pour plusieurs raisons tant structu-
relles que conjoncturelles. En effet, la forte régulation du système financier ainsi que l’évolution macro-écono-
mique favorable du pays ont permis au pays d’amortir considérablement les effets de cette crise.
Cependant, si l’économie marocaine a été touchée depuis le premier trimestre 2009 par différents facteurs de
transmission de la crise économique internationale, il n’en demeure pas moins que l’évolution favorable de la
contre-performance de ces ondes de contagion, durant cette année, montre que le pays possède les boucliers
nécessaires pour résister à la détérioration de ses équilibres macro-économiques. En effet, la forte demande inté-
rieure, tant des ménages que des entreprises publiques et privées, a permis d’amortir ces chocs exogènes, soute-
nue par un secteur bancaire disposant d’actifs de qualité et une solidité financière lui permettant de remplir par-
faitement sa mission.
8 Secteur bancaire
10. Un secteur bancaire évoluant dans un marché financier très régulé
Alors que la plupart des pays industrialisés ont libéralisé leurs secteurs financiers à partir des années 60 afin de
permettre aux mécanismes du marché de réguler les systèmes financiers en lieu et place de l’État, la libéralisa-
tion financière au Maroc n’a débuté qu’à partir des années 90 de façon progressive, avec comme objectifs la
modernisation du secteur bancaire et le développement des activités de marché.
Si la réforme du secteur bancaire a permis de libéraliser les taux d’intérêts, de moderniser les instruments de la
politique monétaire et de renforcer la réglementation prudentielle, le système bancaire marocain dispose aujour-
d’hui de fortes barrières à l’entrée. En effet, la faible exposition des banques à l’international (3,1 % du total actif
des banques à fin 2009), la rigidité du marché des changes (restriction aux sorties de capitaux) ainsi que l’état
embryonnaire de la titrisation et des marchés dérivés rend le secteur bancaire assez hermétique.
Évolution de l’engagement des banques marocaines en devises et part en % du total actif
Engagement en devises (MMDh) Total actif
4,6%
4,1%
3,3% 3,1%
27,1 26,2
25,2 25,2
2006 2007 2008 2009
Source : Bank Al Maghrib
Aussi, la structure des actifs bancaires demeure peu risquée puisque les ressources du secteur sont constituées à
plus de 70 % de dépôts à la clientèle et que les emplois sont dominés par le crédit (73,2 % du total bilan). Les
concours bancaires demeurent le principal mode de financement des agents économiques, comme en témoigne
l’évolution croissante du taux de financement bancaire, qui s’établit à 77,2 % à fin 2009.
Évolution du taux de financement bancaire de l’économie*
76,9% 77,2%
69,7%
57,5%
2006 2007 2008 2009
Source : Direction Analyse et Recherche
* Part des crédits à l’économie rapporté au Produit Intérieur Brut
En effet, les crédits à l’économie accordés par les banques ont plus que doublé sur la période 2005-2009 portés
par un contexte macro-économique favorable. L’évolution de la demande intérieure et la forte progression de l’in-
vestissement ont été soutenues par des conditions de financement favorables tant au niveau des taux d’intérêts
que celui des volumes octroyés par les établissements bancaires.
Secteur bancaire 9
11. L’additionnel distribué en crédit bancaire ces deux dernières années s’établit en moyenne à 140 MMDh, avec une
contribution majoritaire pour le financement du secteur immobilier, soit plus de 65 MMDh. Le ratio Crédits à l’éco-
nomie / PIB est largement au-dessus de la moyenne de la région MENA qui s’établit à 62,0 %, mais demeure infé-
rieur à la moyenne européenne qui dépasse les 110 %.
Crédits à l’économie / PIB (%) et PIB par habitant (en milliers de $)
140%
UAE Moyenne région MENA
120%
100%
80% Maroc Liban Koweit
60% Tunisie Qatar
Arabie Saoudite
40% Egypte Oman
Algérie
20%
0%
0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000
Source : Banques Centrales, Bloomberg
Enfin, le marché des capitaux est peu exposé à l’international : la part de l’investissement étranger représente
28,5 % de la capitalisation boursière en 2009 et plus de 90 % de cette part relève des participations stratégiques
réputées stables. Ainsi, la part volatile des capitaux étrangers investis à la bourse de Casablanca est marginale et
ne représente que 2,5 % de la capitalisation boursière à fin 2009. Enfin, l’analyse de la répartition des investis-
seurs étrangers par nationalité (personnes physiques) montre la prédominance des Ressortissants Marocains à l’É-
tranger dont la part représente 71,0 % du nombre d’investisseurs en 2009.
Évolution de la part des investisseurs étrangers et RME (% capitalisation boursière)
29,8% 27,3% 29,1% 28,5%
2006 2007 2008 2009
Source : CDVM
10 Secteur bancaire
12. Une économie qui a pu faire face aux chocs exogènes en raison
d’une demande intérieure résistante
La récente crise mondiale a mis un terme à un cycle de conjoncture économique favorable, démarrant au début
de la décennie, et dans lequel la plupart des pays industrialisés et émergents ont réalisé des taux de croissance
significatifs et contribué au développement des échanges commerciaux internationaux.
Le Maroc, économie émergente, a été exposé naturellement aux méfaits de la crise économique en 2009, à savoir
la contraction des investissements étrangers, l’amenuisement des transferts RME, la baisse des échanges com-
merciaux mais aussi le recul des revenus provenant d’activités érigées en tant que secteurs prioritaires de déve-
loppement pour le gouvernement, à savoir le tourisme ainsi que l’Offshoring.
Quelles ondes de contagion ont impacté l’économie marocaine ?
L’économie marocaine, étant corrélée au cycle économique de ses partenaires européens, a dû faire face à plu-
sieurs facteurs de contagion :
• Les échanges commerciaux de biens : la baisse de la demande des pays étrangers a entraîné une baisse des
exportations marocaines à destination de ces marchés, ce qui a creusé le déficit de la balance commerciale.
Toutefois, la baisse prononcée des importations en 2009 a permis d’atténuer l’aggravation de ce déficit ;
• Les transferts des travailleurs marocains résidents à l’étranger : la baisse de l’activité des principaux secteurs
demandeurs d’emplois saisonniers ou de mains d’œuvre étrangère, notamment dans l’agriculture et le BTP a tou-
,
ché de plein fouet les revenus des MRE, ce qui a limité les transferts d’argent à destination du Maroc. Ceci s’est
négativement répercuté sur la consommation des ménages et le développement du marché immobilier et des biens
de consommation ;
• Les flux de capitaux étrangers : la crise a réduit l’attractivité de la région en terme de captation des capitaux
privés, en raison du ralentissement économique mondial mais aussi des opportunités d’arbitrage que peuvent
dorénavant offrir d’autres destinations dans le monde. Aussi, les lancements des différents projets d’investis-
sements ont été retardés ou abandonnés faute de financement ;
• Les recettes touristiques : la baisse des revenus des ménages dans les pays émetteurs de touristes limite le
potentiel de consommation et d’investissement de ces derniers. À cela s’ajoutent les différents arbitrages en
termes de prix et de qualité d’offre touristique de la part des ménages en temps de crise. En effet, la baisse des
prix immobiliers dans les zones touristiques européennes (Espagne, Grande-Bretagne) a réduit la compétitivité
des destinations marocaines.
Crise économique mondiale
Échanges commer- Facteurs de contagion
Transferts MRE
ciaux de biens de l’économie marocaine
Flux de capitaux Recettes touris-
étrangers tiques
Source : Direction Analyse et Recherche
Secteur bancaire 11
13. L’observation des différents facteurs de contagion de l’économie marocaine montre que le pays n’a pu échapper
à la dégradation de ses indicateurs économiques du fait de la corrélation de son économie avec celle de ses par-
tenaires européens. Néanmoins, l’évolution trimestrielle de ces différents indicateurs confirme la bonne résis-
tance de l’économie à cette crise et laisse présager une reprise durant le premier semestre 2011.
Transferts RME : un retour à la normale malgré la crise à l’international
Les transferts MRE ont baissé de 5,3 %, pour s’élever à 50,2 MMDh en 2009. Cette décélération est identique à celle
observée dans le monde, mais demeure meilleure que celle observée au niveau de certains pays comme le Mexique
(-17,9 %), l’Egypte (-23,5 %) ou la Jordanie (-7,0 %). Cependant, l’évolution positive de ces transferts au quatrième
trimestre de 9,5 % par rapport au T4 2008 ainsi que le maintien d’un encours des dépôts MRE au niveau des banques
de 20,9 % dans les dépôts globaux, en hausse de 100 pbs par rapport à 2008 témoigne de la bonne résistance de
cet agrégat à la crise. Aussi, la croissance des transferts MRE lors des trois trimestres de l’année 2010 de 7,7 % par
rapport à la même période de l’année dernière confirme le renversement de cette tendance.
Évolution trimestrielle des transferts RME (encours MDh, GA* en %)
18 000 15%
16 000 8,5% 10%
13,0% 4,3%
14 000 9,8%
5%
12 000
10 000 0%
8 000 -5,5%
-5,2% -5%
6 000 -10,0% -10%
4 000 -16,2% -14,6%
2 000 -15%
0 -20%
T3 2008 T4 2008 T1 2009 T2 2009 T3 2009 T4 2009 T1 2010 T2 2010 T3 2010
* Evolution calculée par rapport au même trimestre de l’année précédente Source : Office des Changes
Recettes voyage : le tourisme redécolle
La politique macro-économique du Maroc a érigé l’activité touristique en secteur prioritaire. Ce secteur repré-
sente 7,5 % du PIB, 14.7 % des recettes de la balance des paiements et 18,9 % des investissements directs étran-
gers à fin 2009. Cependant, la vision 2010 pensée par le gouvernement et visant à atteindre 10 millions de tou-
ristes, une capacité litière de 230 000 lits et la création de 600 000 emplois a eu des résultats mitigés. Sur les dix
millions de touristes, on compte 8,3 millions de clients à fin 2009 et les arrivées de touristes depuis le début de
cette année (+0,8 million) demeurent insuffisantes pour atteindre cet objectif à 100 %. Aussi, sur les six stations
prévues dans le cadre de ce plan, seules deux sont opérationnelles (Saidia, Mazagan) en raison du retrait des inves-
tisseurs étrangers, sous l’impact de la crise internationale.
Toutefois, le gouvernement appuyé par les opérateurs privés est sur le pied de guerre et demeure mobilisé pour
faire de ce secteur une priorité nationale. Ainsi, la multiplication des investissements et l’élaboration de la vision
2020 (objectif : 20 million de touristes) témoignent de la volonté manifeste de poursuivre le développement de ce
secteur. Cette politique d’investissement alimente l’activité de crédit des banques, étant naturellement parties
prenantes dans le financement de ces projets.
En 2009, les recettes voyages n’ont enregistré qu’une baisse modérée de 5,0 % en glissement annuel témoignant
de la capacité du royaume à faire valoir ses atouts de proximité et de rapport qualité/prix pour préserver sa com-
pétitivité, même en période de crise.
12 Secteur bancaire
14. En effet, l’observation de l’évolution des recettes lors des trois premiers trimestres de l’année 2010 (+6,6%)
montre une nette appréciation de ces revenus comparativement aux mêmes périodes des années précédentes. Dès
lors, nous estimons que ces revenus s’amélioreront à partir de 2011 en raison de la reprise économique des pays
émetteurs de touristes mais également en raison du soutien financier des pouvoirs publics pour consolider la valeur
ajoutée du secteur dans le PIB.
Évolution trimestrielle des recettes voyages (encours MDh, GA* en %)
25 000 20%
14,1% 12,9% 15%
20 000 6,1% 10%
3,3%
-2,4% 5%
15 000 0%
-8,3% -8,2% -5%
10 000 -10%
-17,1%
-15%
-23,3%
5 000 -20%
-25%
0 -30%
T3 2008 T4 2008 T1 2009 T2 2009 T3 2009 T4 2009 T1 2010 T2 2010 T3 2010
* Evolution calculée par rapport au même trimestre de l’année précédente Source : Office des Changes
Balance commerciale : la machine à exporter redémarre
Les exportations de biens et services ont baissé en 2009 de 27,4%, tirées principalement par la baisse des ventes
de phosphates et dérivés. En effet, l’OCP, acteur majeur dans l’exportation du phosphate et de ses dérivés a volon-
tairement suspendu ses exportations pour maîtriser l’évolution du prix de sa matière et par la même occasion opé-
rer des travaux d’entretien de son outil industriel. Hors phosphates, les exportations ont enregistré un recul de
9,0%. Cependant, la baisse du niveau des importations de 19,0%, en raison du repli des importations des produits
énergétiques et produits bruts a permis d’alléger le déficit de la balance commerciale puisque ce dernier s’est
amélioré de 11,4% en glissement annuel. Les dix premiers mois d’exportation de l’année 2010 enregistrent une
croissance de 27,0% par rapport à la même période de l’année précédente, tirés par la reprise de l’activité de
phosphates à l’international (+87,0%). Les importations ne sont pas en reste puisque depuis le début de cette
année, l’activité a enregistré une évolution de 13,5% par rapport à la même période de l’année précédente.
Si à l’heure actuelle, les principaux secteurs exportateurs hors phosphate (textile, sous-traitance etc.) demeurent
particulièrement impactés par le manque de visibilité et l’absence de signes de relance durables au niveau interna-
tional, nous demeurons très confiants quant à la reprise de l’activité de phosphate en 2011 (FMB reports). En effet,
l’évolution positive de la demande en phosphate et dérivés ainsi que la reprise économique en Europe devraient
impacter positivement l’évolution de la balance commerciale durant cette année.
Évolution des exportations de biens et services (encours MDh, GA* en %)
45 000 50%
41,0% 41,0% 40%
22,4% 30%
35 000 15,2% 20%
-4,6% 10%
25 000 -11,0% 0%
-10%
-27,7%
-37,4% -20%
15 000
-30%
-31,8%
-40%
0 -50%
T3 2008T4 2008T1 2009T2 2009T3 2009T4 2009T1 2010T2 2010T3 2010
* Evolution calculée par rapport au même trimestre de l’année précédente Source : Office des Changes
Secteur bancaire 13
15. Investissements directs étrangers : un niveau semestriel comparable à 2005-2006
Les recettes IDE ont baissé de 26,1 % pour s’établir à 26,1 MMDh à fin 2009. Le secteur d’activité le plus concerné
par cette baisse est le secteur du tourisme qui voit sa contribution passer de plus de 40 % du total IDE en 2007 à
moins de 10 % en 2009. Ceci s’explique principalement par la dynamique qu’a connue le pays en 2006 avec le lan-
cement des différents projets touristiques et dans lesquels les investisseurs des pays arabes ont pris part
(18,5 MMDh investis en 2006-2007).
Depuis le troisième trimestre 2010, nous observons une reprise des investissements puisque les recettes IDE enre-
gistrent une hausse de 82,2 % au T3 2010 contre -16,7 % à la même période de l’année précédente. Toutefois,
notons que le niveau de ces recettes demeure inférieur à la moyenne trimestrielle enregistrée durant la période
2005-2009, soit 8,7 MMDh. La reprise en Europe et aux USA durant le premier trimestre 2011 pourrait accélérer les
flux de capitaux étrangers à destination du Maroc, sachant que le pays érige le tourisme et l’immobilier comme
secteurs prioritaires de développement (ces deux secteurs contribuent à plus de 70 % du total des recettes IDE).
Notons que l’opération de cession de 40 % de Méditel à France Télécom (720 millions d’euros) va permettre au
pays d’enregistrer en 2010 un volume d’investissements directs étrangers similaire à celui enregistré en 2009.
Évolution des recettes IDE (En MDh, GA* en %)
14 000 Moyenne trimestrielle sur la période 2005-2009 100%
12 500 83,8%
80%
12 000 82,2% 60%
10 500 54,1%
9 000 40%
7 500 20%
6 000 -16,7% 0%
4 500 -33,0% -23,4%
-20%
3 000
1 500 -46,7% -40%
-40,2% -51,1%
0 -60%
T3 2008 T4 2008 T1 2009 T2 2009 T3 2009 T4 2009 T1 2010 T2 2010 T3 2010
* Evolution calculée par rapport au même trimestre de l’année précédente Source : Office des Changes
L’évolution positive de ces quatre facteurs de contagion depuis le début de l’année confirme bel et bien la résis-
tance salutaire de l’économie marocaine à la dégradation de la conjoncture internationale. En effet, la forte
demande intérieure des agents économiques constitue un véritable levier de développement pour le secteur ban-
caire. Aussi, l’évolution positive des transferts RME ainsi que la reprise de l’activité à l’export constituent de véri-
tables bouffées d’oxygène pour le secteur compte tenu du déficit structurel de liquidité sur le marché.
14 Secteur bancaire
16. Une demande intérieure forte, pilier de la croissance économique
Durant la période 2006-2009, le Produit Intérieur Brut a enregistré une croissance annuelle moyenne de 8,4 %.
Cette dynamique de croissance économique a été consolidée par le poids important de la demande intérieure,
principalement l’investissement et la consommation des ménages qui ont représenté à fin 2009 respectivement
30,7 % et 57,0 % du produit intérieur brut.
Demande intérieure en % du PIB nominal
66% 35%
64% 33%
33,1% 31%
62% 31,2%
30,7% 29%
60% 28,1% 27%
58% 25%
58,4% 58,2%
56% 57,5% 23%
57,0% 21%
54%
19%
52% Dépenses de consommation des ménages (G) FBCF (D)
17%
50% 15%
2006 2007 2008 2009
Source : Rapport annuel BAM
La consommation des ménages, principale composante de la demande intérieure
La consommation des ménages a réalisé un taux de croissance annuel moyen de 8,1 % sur la période 2006-2009
contre 4,4 % entre 2000-2004. Cette forte évolution s’explique par la consolidation du pouvoir d’achat des
ménages, favorisée par :
les allègements fiscaux à travers les trois réductions successives de l’impôt sur le revenu durant les années
2007 et 2009 de 44 % à 38 % qui ont permis d’injecter plus de 8 MMDh dans le circuit de consommation ;
la consolidation des transferts RME qui ont augmenté en moyenne de 15,5 % sur cette période, pour repré-
senter en 2009 un encours de 53,1 MMDh ;
la facilité d’accès au financement matérialisée par la tendance baissière des taux d’intérêts avec une
moyenne des taux débiteurs sur les crédits à la consommation aux particuliers de 7,3 % sur les trois der-
nières années contre plus de 9 % appliqué sur la période 2004-2006 et une simplification des conditions
d’octroi.
Dépenses de consommation des ménages Évolution des crédits à la consommation et des
(en MMDh) taux débiteurs appliqués
TCAM de 8,1% 80 Crédit à la consommation 15%
419 70 Taux d'intérêt débiteur moyen 69,2 13%
400
360 61,2
60 8,8% 11%
332 50,3
50 7,6% 9%
40,8 7,1% 7,3%
40 7%
30 5%
20 3%
10 1%
2006 2007 2008 2009 0 -1%
2006 2007 2008 2009
Source : LDF 10, GPBM, APSF
Secteur bancaire 15
17. Paradoxalement, l’observation de l’endettement des ménages témoigne du lien direct entre la demande de cré-
dit et l’augmentation du pouvoir d’achat. En effet, le rapport entre l’encours de crédits distribués et le revenu
national brut disponible croît de manière linéaire, pour s’établir selon nos estimations à 24,4 % en 2009, en hausse
de plus de 5,7 points par rapport à 2006. Ce ratio demeure largement inférieur à celui observé en Europe qui se
situe entre 60 et 100 %.
Évolution de l’endettement des ménages (MMDh)
900 RNBD Crédits aux ménages / RNBD 50%
800 779,7 45%
746,6
700 671,6 40%
624,7 35%
600
30%
500
25%
400 23,6% 24,4%
22,9% 20%
300 18,7% 15%
200 10%
100 5%
0 0%
2006 2007 2008 2009
Source : Bank Al Maghrib
Toutefois, en période de conjoncture économique moins favorable, un endettement excessif des ménages pourrait
se traduire par une hausse du contentieux, qui impacterait considérablement le niveau de risque encouru par les
organismes de financement. Si l’observation de la structure de l’endettement des ménages montre que la part du
crédit à la consommation croît de manière linéaire ces dernières années, particulièrement pour les tranches de
revenus les plus faibles (49 % en moyenne en 2009 pour les revenus 3 000 Dh contre 35 % en 2004), le principe de
quotité de financement de 50 % du salaire s’est avéré insuffisant pour maintenir la solvabilité des ménages. En effet,
le taux de créances en souffrance constaté au niveau de la tranche de revenus la plus faible demeure élevée pour
s’établir à 14 % et à une moyenne comprise entre 9 et 16% pour les autres tranches de revenus. C’est dans ce
contexte que plusieurs mesures ont été prises afin de réduire ce ratio, notamment l’octroi de crédit aux fonction-
naires sur la base du reliquat du salaire après déduction d’une somme de 1 500 Dh/mois et d’une dotation de 150 Dh
par enfant. Aussi, la mise en place du Crédit Bureau (Centrale des risques), courant 2009, intervient à point nommé,
traduisant la volonté de la banque centrale de doter le système bancaire d’un outil de prévention du risque de cré-
dit, permettant de déterminer la solvabilité d’un emprunteur préalablement à l’octroi d’un crédit.
L’investissement public et privé, leviers structurels de financement bancaire
L’économie marocaine a connu une ascension continue des investissements ces quatre dernières années. La Formation
Brute du Capital Fixe, agrégat mesurant l’investissement en capital fixe des différents agents économiques, a affiché
une progression moyenne de 11,6 % sur la période 2006-2009, contre 4,4 % entre 2000 et 2004. Ainsi, le FBCF a contri-
bué à hauteur de 30,7 % du Produit Intérieur Brut en 2009, en hausse de 5,5 points par rapport à 2005.
Évolution de la FBCF (en MMDh) Structure du FBCF (%, moy. 2005-2009)
TCAM de 11,6%
227,9 226,1
192,6 BTP
50,3%
162,5
Industrie
41,9%
Agriculture Services
et services annexes 5,8%
2006 2007 2008 2009 2,0%
Source : Bank Al Maghrib
16 Secteur bancaire
18. L’observation de l’encours du FBCF, agrégat de mesure de l’investissement par agent économique, démontre le
poids de l’investissement privé qui représente 55,8 % en moyenne sur la période 2004-2008, en évolution de 14 %
en moyenne par an, soit le double du rythme de croissance observé sur la période 1998-2003.
L’investissement des ménages, principalement dans le secteur du logement, représente quant à lui 34,2 % du FBCF
sur la période, en hausse de 80 pbs par rapport à la période précédente. Le dynamisme de ce secteur s’explique
par les conditions favorables mises en place par l’État et les banques pour faciliter l’accès des ménages au loge-
ment, à travers l’adéquation de l’offre, la mise en place de fonds de garantie ainsi que des taux d’intérêts acces-
sibles. Enfin, l’investissement des entreprises publiques, même s’il ne représente que 9,6 % du FBCF, continue de
jouer son rôle de catalyseur de l’investissement privé.
L’investissement des ménages : les beaux jours sont à venir
Les ménages constituent les seconds contributeurs à la Formation Brute du Capital Fixe. Avec une moyenne de
33,8 % depuis le début de la décennie, l’investissement des ménages, à travers l’acquisition de bien immobilier,
s’est développé en moyenne de 7,5 % par an, soutenu par la dynamique des autorités publiques visant à résorber
le problème de l’habitat en général, et l’habitat insalubre en particulier.
Le système bancaire marocain contribue modestement au développement du secteur à l’habitat. Si les crédits à
l’habitat représentent 29,4 % de l’encours des crédits à la clientèle, un niveau comparable à celui des pays indus-
trialisés, il n’en demeure que sa contribution dans le PIB demeure relativement faible pour s’élever à 14 %, contre
une moyenne de 39 % pour des pays de la zone euro-méditerranéenne.
Évolution des crédits à l’habitat (en MMDh) Crédits à l’habitat (en % PIB)
%
e 18,4
TCAM d 110,4 USA 87%
97,9
85,5 Espagne 62%
66,3
France 35%
Italie 20%
Maroc 15%
Tunisie 10%
2006 2007 2008 2009
Source : GPBM, Banques Centrales
La crise internationale a eu un impact relativement modéré sur la croissance des crédits à l’habitat puisque l’en-
cours a enregistré en 2009 une évolution positive de 11,7 % pour s’établir à 111,0 MMDh. S’il est certain que cette
performance demeure inférieure à celle enregistrée durant la période 2005-2008, soit une croissance moyenne de
22,7 %, nous pensons que cette évolution est salutaire dans un contexte de crise immobilière internationale.
Ainsi, l’évolution favorable des crédits à l’habitat cette année provient principalement du logement économique
et social qui connaît un fort engouement. Il faut dire que ces segments ont été érigés en priorité nationale par le
gouvernement compte tenu des besoins en logement dans le royaume : le déficit en logement au Maroc s’élève à
près de 984 000 unités auquel s’ajoute un besoin annuel de 120 000 unités en raison de l’accroissement démogra-
phique et la hausse du taux d’urbanisation. Dans ce cadre, différentes réformes ont été lancées par l’État, à savoir
Secteur bancaire 17
19. la mobilisation de fonds publics (FOGARIM, FOGA-LOGE) ainsi que l’aménagement et la cession du foncier public à
des conditions préférentielles. Dans le même sillage, la mise en place de fonds de garantie, la politique fiscale et
les conditions de financement favorables ont permis de consolider la dynamique de développement de ces deux
segments d’activité.
Le logement haut standing a, quant à lui, été frappé de plein fouet par la crise économique internationale cette
année en raison du repli de la demande extérieure et de la forte augmentation des prix. Les différents projets lan-
cés dans les villes touristiques n’ont pas trouvé acquéreur et les prix élevés pratiqués n’ont pas incité la clientèle
locale à y investir. Toutefois, nous pensons que ce segment a un potentiel de développement élevé dans les années
à venir dès lors que l’offre en logement se situe dans les villes à forte demande et qu’une révision des prix à la
baisse ait lieu.
Dans les années à venir, nous pensons que les différents segments immobiliers connaîtront un développement sou-
tenu en raison de la demande persistante en matière d’accès à l’habitat intermédiaire, du déficit chronique en
logement social et de la capacité du segment haut standing à se développer en dépit de la baisse de la demande
extérieure.
À cet effet, les nouvelles actions engagées par le gouvernement en 2010 en vue de soutenir le dynamisme du sec-
teur immobilier plaident pour un développement du crédit à l’habitat pour les années à venir. Ainsi, l’État a mis
en place différents leviers pour soutenir ce secteur dans les prochaines années :
La mobilisation d’une réserve foncière additionnelle de 3 853 hectares destinée à la réalisation de 200 000
unités d’habitation ;
Le développement de l’habitat économique avec la mise en chantier de 2 100 unités dans le cadre du pro-
gramme à 140 000 Dh, qui viendront s’ajouter aux 22 800 unités dont les travaux ont été lancés en 2008 ;
La production de 50 000 villas économiques par an destinées aux classes moyennes ainsi que la poursuite
du lancement de villes nouvelles, à l’exemple de Chrafat près de Tanger et Tagadirt à proximité d’Agadir,
sur une superficie totale de 2 100 hectares.
18 Secteur bancaire
20. L’investissement public, un stimulateur de la croissance économique
Le renforcement de la demande intérieure ne peut se faire sans une forte impulsion de l’investissement public,
gage de confiance d’un pays dans son potentiel de croissance économique. Dans ce contexte, les efforts de l’exé-
cutif en la matière se sont traduits par une croissance moyenne de l’investissement de 24,1 % sur la période 2006-
2009, pour atteindre 133,4 MMDh en 2009.
Les retombées de l’investissement public sur l’investissement privé sont considérables. Un défaut grave d’inves-
tissement public peut menacer la croissance du secteur marchand. À l’inverse, une politique volontariste d’inves-
tissement public stimule, voire encourage l’investissement privé.
Évolution de l’effort d’investissement public (en MMDh)
Administrations publiques Etat et administrations publiques
133,4
TCAM de 24,1% 109,9
90,2 84,9
69,8 66,4
49,4
40,9
2006 2007 2008 2009
Source : Ministère des Finances
Le pays est engagé depuis plusieurs années sur plusieurs réformes visant à rendre l’économie marocaine moins
dépendante de la volatilité du secteur agricole et plus compétitive (stratégie du Plan Vert). Les investissements
publics sont liés de près à l’amélioration de la capacité de production de l’économie. Ainsi, les différents pro-
grammes d’investissement retenus ces cinq dernières années visent la poursuite en 2011 de la politique des grands
chantiers d’infrastructure, à savoir :
Le programme d’extension des autoroutes avec un objectif de plus de 1200 km à l’horizon 2011, et une
réalisation annuelle de 160 km, ainsi que les participations aux différents projets du plan Azur ;
Le programme ferroviaire visant principalement la réalisation de la ligne grande vitesse, la rénovation des
gares existantes, ainsi que les lignes de tramway ;
Le programme portuaire avec le lancement du deuxième port à conteneurs à Tanger Med ainsi que la mise
à niveau des équipements des différents ports du royaume.
C’est ainsi que l’effort d’investissement global du secteur public prévu pour 2011, se chiffre à 167,3 MMDh, en
hausse de plus de 23 % par rapport à 2009. L’observation du budget d’investissement prévisionnel des établisse-
ments publics pour cette année montre que le gouvernement entend consolider la dynamique de croissance éco-
nomique du pays en 2011, à travers un soutien financier pour l’ensemble des secteurs (budget d’investissement de
107,6 MMDh, en hausse de +26,7 % par rapport à 2009).
Si le financement des investissements publics est assuré par l’impôt, les emprunts obligataires, mais aussi le
recours de l’État à des emprunts auprès de la Banque centrale et des organismes internationaux, il n’est nul doute
que le financement bancaire s’engagerait de même dans ces chantiers. La plupart des établissements publics ont
des lignes de crédit avec l’ensemble des banques de la place, ce qui signifie que l’évolution du budget d’investis-
sement de ces entreprises impactera directement l’évolution de l’encours de crédit dans les années à venir. Aussi,
le facteur de transmission de l’investissement public à l’investissement privé, permettra d’impacter positivement
la croissance de l’activité des entreprises privées, grandes consommatrices de crédit bancaire.
Secteur bancaire 19
21. Des opérateurs bancaires qui déploient les moyens pour assurer leur
croissance
Les banques marocaines ont joué un rôle majeur dans le développement du financement bancaire lors du dernier
quinquennat. Confortés par une conjoncture favorable, les opérateurs bancaires ont mené des investissements
importants en vue de bancariser la population, d’améliorer le taux d’équipement des ménages et d’assurer le
financement des entreprises.
Une stratégie volontariste d’extension du réseau d’agences
Durant ces dernières années, les banques se sont investies dans le développement du financement bancaire à travers:
L’industrialisation des process relatifs aux crédits à la consommation et aux crédits immobiliers, à travers
le raccourcissement des délais d’obtention du crédit, la simplification des procédures ainsi que le packa-
ging des produits ;
L’augmentation de la quotité de financement (jusqu’à 120 %) ainsi qu’un effort sur les prix, à travers la baisse
de la marge clientèle des banques et la réduction des frais annexes ;
l’effort d’extension du réseau d’agences afin d’améliorer le taux de bancarisation. À fin 2009, le réseau ban-
caire s’établit à 3 544 agences bancaires, en hausse de 55,2 % par rapport à 2005. Durant ces quatre dernières
années, nous assistons à une accélération de l’implantation bancaire avec une moyenne d’ouverture
d’agences de plus de 330 agences contre 105 agences sur la période 2002-2005. Si nous tenons compte du
réseau de la Poste (rappelons que cette dernière a créé une filiale bancaire en 2009), un additionnel de plus
de 800 agences est à inclure, portant ainsi à fin 2009 le réseau à plus de 5 200 guichets bancaires.
Évolution de la densité bancaire* et du réseau d’agences au Maroc
5 000 Densité bancaire Nombre de guichets de banque au Maroc 14 000
4 500
12 000
4 000 9 935 4 425
11 940 10 000
3 500 10 716
3 000 8 000
2 500 3 138
2 878 7 100 6 000
2 000 2 555
1 500 4 000
1 000
2 000
500
0 0
2006 2007 2008 2009
* Densité bancaire : rapport entre le nombre de la population dont l’âge est 15 ans au nombre de guichets bancaires Source : Bank Al Maghrib
À fin 2009, le taux de bancarisation de la population marocaine s’établit à 47 % (réseau de Al Barid Bank compris).
Ce taux est similaire à celui enregistré par les pays émergents mais demeure largement inférieur à celui de pays
développés tels l’Espagne ou la France, qui s’élève respectivement à 92 % et 99 %. La densité bancaire s’établit
de ce fait à 7 091 habitants. À terme, en prenant en compte l’ensemble du réseau de la Poste, le secteur bancaire
enregistre une agence bancaire pour près de 6 000 habitants.
Face à ce constat, il apparaît que l’amélioration du taux de pénétration bancaire représente un défi majeur pour
le système financier marocain. En effet, le secteur dispose du levier de bancarisation de la population, pour
accroître le développement de la consommation et de l’investissement des agents économiques. Il faut dire que
l’économie marocaine devient de plus en plus une économie d’endettement, où le financement bancaire occupe
une place centrale, ce qui présage d’une évolution favorable de la bancarisation dans le pays.
20 Secteur bancaire
22. Taux de bancarisation de pays émergents et développés (2008)
Sénégal 6%
Mauritanie 8%
Egypte 10%
Algérie 30%
Turquie 33%
Brésil 37%
Maroc* 47%
Italie 71%
Espagne 92%
France 99%
* fin 2009 Source : Banques Centrales
Si la course à l’extension du réseau d’agences par les banques, observée ces derniers années, permet d’améliorer
la bancarisation du pays, force est de constater que celle-ci répond également à une logique de concurrence achar-
née visant à acquérir une taille optimale et conquérir des parts de marché. Cette croissance extensive est liée au
modèle de réseau intégré des banques. Le circuit de distribution de chaque établissement est exclusif, la variable
distribution constitue le moteur de toute l’activité bancaire qui dépend de la collecte des dépôts.
Ainsi, les banques ont accru leurs objectifs d’ouverture d’agences pour pallier le ralentissement de la croissance
des dépôts clientèle en 2008 (+12,9 %) et 2009 (+4,4 %) mais également afin d’accompagner le développement à
deux chiffres de l’activité de crédit.
À l’horizon 2012, le réseau bancaire des principaux établissements de la place s’établirait à 4 400 agences, auquel
s’ajoute le réseau de la Poste (1 880 agences à fin 2012), ce qui porterait le taux de bancarisation à un niveau
supérieur à 55 %.
Objectifs d’extension du réseau bancaire des principales banques de la place
Nombre d'agences TCAM Coefficient d'exploitation Objectifs d'ouverture Réseau bancaire
en 2009 06-09 à fin 2009 d'agence par an à fin 2012
Attijariwafa bank 791 12,7 % 40,90 % 100 1 091
CPM 850 11,8 % 45,00 % 100 1 150
BMCE bank 555 17,6 % 61,90 % 70 765
Société Générale Maroc 317 11,0 % 46,60 % 50 467
CDM 266 16,1 % 49,90 % 35 371
BMCI 254 10,4 % 41,40 % 25 329
CIH 152 11,4 % 66,60 % 25 227
Total 3 185 12,8% 405 4 400
Source : Direction Analyse et Recherche
Les plans d’action des différentes banques de la place prévoient pour les prochaines années des objectifs d’ou-
verture de 400 agences en moyenne par an. Dans ce cadre, nous pensons que les principaux groupes bancaires
concernés, à savoir Attijariwafa bank, BMCE bank et le Crédit Populaire du Maroc, qui représentent 66,7 % du
réseau global, ont la capacité d’atteindre ces objectifs en raison de :
la taille de leurs assises financières et leurs maîtrises des process qui leur permet de mener à bien leur
politique d’extension du réseau, tout en veillant à rentabiliser les agences dans un court délai. La hausse
des prix de l’immobilier ces dernières années a impacté fortement la valeur marché des fonds de com-
merce, amenant les banques à faire des arbitrages entre l’acquisition et la location. Dans ce cadre, les
banques dont le coefficient d’exploitation est favorable et qui parviendront à réduire le « break even »
des agences disposeront de leviers intéressant pour accompagner le développement de leur réseau ;
Secteur bancaire 21
23. leur capacité à cibler les catégories sociales qui disposent de faibles revenus et qui se situent dans des
zones géographiques très éloignées. C’est ainsi que le « low income banking », projet pilote lancé par les
principales banques ces deux dernières années, constitue un véritable levier de développement puisqu’il
cible une population à faible revenus estimée à plus de 8 millions d’habitants. Cependant, le coût et la
rentabilité des produits commercialisés sont de vraies problématiques que les banques doivent anticiper
au plus tôt. Aussi, la réduction de la TVA sur les produits bancaires alternatifs pourrait permettre aux
banques de capter une population très sensible aux produits bancaires sans taux d’intérêt ;
leur maîtrise du processus industriel de prospection et d’acquisition du foncier ;
Si le développement des instruments financiers est un indicateur pertinent de la croissance du Produit Intérieur
Brut d’un pays, plusieurs recherches empiriques ont montré que l’amélioration de la bancarisation peut faire
gagner pour les pays en voie de développement jusqu’à 1 % de croissance par an (King Levine (1993)). Rappelons
que la crise financière a, au contraire, été en Europe un catalyseur de changement puisqu’elle a permis de posi-
tionner le retail au cœur de la stratégie de croissance des établissements bancaires pour les années à venir,
l’agence bancaire redevenant un enjeu central pour la banque de détail.
Un soutien permanent à l’investissement des entreprises
La croissance à deux chiffres de l’investissement privé national s’explique par l’environnement macro-économique
favorable, marqué par la faiblesse des taux d’intérêt et de l’inflation, qui constituent des facteurs importants dans
la prise de décision des investissements des agents économiques.
L’observation de l’évolution de l’encours des crédits à l’équipement de 16,7 % en moyenne sur la période 2006-
2009 témoigne du rôle grandissant des banques dans le financement de l’investissement privé (TCAM de 16,6 %),
encouragé par la tendance baissière des taux débiteurs appliqués sur ce type de crédit et la stratégie des grands
chantiers lancés dans le pays.
Évolution des crédits à l’équipement (en MMDh) Taux débiteurs moyens sur crédits à l’équipement
Crédits à l'équipement FBCF
140 227,9 226,1 250 12%
120 192,6 10%
125,1 200
162,4
100 8%
99,4 150
80 6%
83,7 100
60 78,8 4%
40 50 2%
0%
20 0
T2 - 2006
T3 - 2006
T4 - 2006
T1 - 2007
T2 - 2007
T3 - 2007
T4 - 2007
T1 - 2008
T2 - 2008
T3 - 2008
T4 - 2008
T1 - 2009
T2 - 2009
T3 - 2009
T4 - 2009
T1 - 2010
T2 - 2010
2006 2007 2008 2009
Source : Bank Al Maghrib, GPBM
La dynamique que connaît l’investissement privé, avec une évolution moyenne de 14 % par an, a permis de conso-
lider le développement économique du pays, améliorant de ce fait la contribution des principales composantes
telles la consommation des ménages, le niveau des exportations etc. à l’appréciation du taux de croissance du
pays.
22 Secteur bancaire
24. La promotion de l’investissement privé passe par plusieurs facteurs dont le plus important est le développement
des PME/PMI sachant que ces dernières représentent plus de 95 % des entreprises marocaines et réalisent plus de
50 % des investissements nationaux. Cependant, l’accès au financement bancaire par ces entreprises demeure très
limité, ce qui entrave leur développement.
La modernisation du secteur financier, à travers la consolidation du système bancaire et la dynamisation des mar-
chés financiers durant le début de la décennie, n’a pas permis d’améliorer le financement bancaire de ce type
d’entreprise. La mise en place de fonds de garantie, le développement du capital risque ainsi que l’appui des
lignes de crédit étrangères n’ont pas réussi à ancrer le financement des PME dans les plans d’actions stratégiques
des banques de la place.
Certes, le profil de risque, le manque de maturité ainsi que la faiblesse des garanties et des fonds propres péna-
lisent ce type d’entreprises, mais les marges sur ce segment sont élevées et les revenus découlant des activités
de mise à niveau, de conseil et de restructuration représentent un potentiel non négligeable qui vient s’addition-
ner à l’activité de crédit classique.
En l’absence de critères communs définissant une PME par les banques et de statistiques récentes concernant la
part du financement bancaire destiné à ce segment (les derniers chiffres datant de 2003), il nous paraît difficile
de connaître l’évolution des crédits alloués à ce type d’entreprise ainsi que la tendance qui s’est dessinée ces der-
nières années.
Par contre, il nous paraît clair que le financement bancaire des PME présente une attention particulière de la part
de l’exécutif. C’est ainsi que le plan Émergence II a placé la PME au cœur du dispositif d’aide lancé par le gou-
vernement, afin d’améliorer sa compétitivité et lui apporter un soutien financier :
Le fonds Moussanada consiste à accompagner les entreprises dans leur démarche de modernisation et
l’amélioration de leur productivité. Il cible 500 entreprises par an et consiste en un financement étatique
à hauteur de 60 % du coût global du projet, avec un plafond de 600 000 Dh ;
Le programme Imtiaz accorde une prime à l’investissement plafonnée à 5 MDh, au profit de 50 entreprises
par an. Cette mesure s’adresse aux PME désireux d’un appoint financier pour accéder au crédit bancaire.
Le secteur bancaire semble conscient du gisement d’opportunités que représente le secteur des PME/PMI. Le posi-
tionnement en amont des principales banques du royaume, dès le lancement de ce plan, témoigne de la niche de
croissance que représente le segment des PME/PMI. La mise en place d’une plateforme de rating dans le cadre du
programme Imtiaz, afin de distinguer les profils de PME risqués des moins risqués, l’engagement financier de l’É-
tat, sont autant de mesures qui allègent le risque supporté par les banques et les confortent dans leur décision de
financement.
Secteur bancaire 23
25. Des actifs bancaires de qualité et une assise financière solide
La stabilité macroéconomique et financière d’un pays ne peut être assurée sans un système financier solide et
réglementé. Les difficultés d’un système financier peuvent peser négativement sur la politique monétaire d’un
pays, entraîner une crise économique ou encore peser sur le budget de l’État en raison de son rôle de prêteur en
dernier ressort. La solidité du système financier d'un pays est donc importante pour son économie, ainsi que pour
ses partenaires commerciaux et les pays avec lesquels il maintient des liens financiers.
Notre analyse démontre que le système bancaire bénéficie d’un contexte macro-économique favorable, intéres-
sons-nous dès à présent à la structure bilantielle du secteur afin de détecter ses forces et faiblesses.
Dans un contexte plus général, quelles sont les principales mesures de fragilité et de vulnérabilité d’un système
bancaire :
Schématisation des indicateurs de vulnérabilité d’un système bancaire
Croissance exponentielle de Manque de provisionnement des
l’encours des crédits à l’économie créances douteuses
Appréciation négligée du risque
de crédit
Volatilité des taux d’intérêts
Hausse du taux de contentieux
Indicateurs de vulnérabilité
d’un système bancaire
Fonds propres insuffisants par Structure déséquilibrée
rapport à la taille des actifs des ressources
Une réglementation prudentielle
passive
Source : Direction Analyse et Recherche
24 Secteur bancaire
26. Une structure saine des ressources confortée par le poids des dépôts non rémunérés
Pour mener à bien leur activité de transformation, le principal défi pour les banques est de constituer une base
de ressources stable, de préférence peu coûteuse et qui soit en adéquation avec les emplois. Dans ce sens, la ges-
tion actif-passif (ALM) demeure au centre des préoccupations des directions des risques car elle permet de pilo-
ter la marge d’intérêt et de mesurer les risques de liquidité.
Le secteur bancaire marocain se caractérise par une relative stabilité de ses ressources globales, marquées par la
prédominance des ressources clientèle. Les établissements bancaires se financent majoritairement par des dépôts
à la clientèle, avec une moyenne de 76,5 % du total passif sur la période 2006-2009, alors qu’elles n’ont recours
au marché interbancaire qu’à hauteur de 6,8 % du total bilan.
Il y a lieu d’observer cependant, une hausse des emprunts obligataires, qui se multiplient par six durant cette
période pour s’élever à 55,9 MMDh en 2009, tirés par les dettes subordonnées qui enregistrent une croissance
annuelle moyenne de 130,0 % sur la période. Le recours aux emprunts obligataires s’est intensifié ces deux der-
nières années en raison du resserrement des liquidités des banques eu égard à la forte croissance des crédits et
aux exigences réglementaires en fonds propres. Ainsi, le ratio de solvabilité du secteur a vu son taux passer de 8 %
à 10 % en 2009.
Ressources bancaires (Base sociale), Évolution des ressources bancaires
% total passif (Moyenne 2006-2009) (%, GA)
Dettes envers les Ets 90%
de crédit et assimilés
Fonds propres 6,8% 70%
8,2% Emprunts obligataires
4,6% 50%
30%
10%
-10% 2006 2007 2008 2009
-30% Dettes envers les Ets de crédit et assimilés Emprunts obligataires
Dépôts de la clientèle
76,5% Dépôts de la clientèle Fonds propres
-50%
Sachant que les dépôts à la clientèle constituent les principales ressources du secteur bancaire, il est important
d’observer que les ressources non rémunérées représentent 61,6 % des ressources clientèle à fin 2009. Une année
auparavant, la forte hausse du coût des ressources rémunérées témoignait de la forte concurrence dans la collecte
de dépôts, ce qui s’est traduit inévitablement par un renchérissement du coût des ressources pour le secteur.
Structure des ressources clientèle Structure des ressources clientèle / agent éco-
(en %) nomique (Moyenne 2006-2009)
Ressources non rémunérées Ressources rémunérées
Dépôts des entreprises
39,0% 38,4% financières
41,8% 42,3% Dépôts RME 6,8%
20,8%
58,2% 61,0% 57,7% 61,6%
Dépôts particuliers
Dépôts des entreprises 44,2%
non financières
2006 2007 2008 2009 28,3%
Source : Bank Al Maghrib
Secteur bancaire 25