La demande de déontologie s’étend. Elle touche toutes les professions. Mais, cette année, des questionnements se font jour sur les exigences éthiques propres à l’action des communicants publics. Les enseignements des élections municipales, européennes ou sénatoriales, la crise de confiance qui touche tous les élus, mêmes les maires, les difficultés du vivre ensemble, les attentes des citoyens qui veulent être écoutés : tous ces éléments font renaître un fort besoin d’éthique dans l’action publique. La professionnalisation du métier qui modifie son rapport au politique, les contraintes budgétaires qui font émerger des valeurs de rationalité et d’efficacité, les nouveaux outils de communication qui transforment les responsabilités ont relancé des débats sur la déontologie de la profession. Quelles valeurs de neutralité, de transparence, d’intérêt public et d’adaptation s’imposent à la fonction ? Quels principes éthiques régissent les missions de la communication publique ? Répondre à ces questions n’est que la première étape d’une ambition plus vaste. Car la déontologie ne peut reposer sur la seule conscience individuelle. Elle exige de la vigilance, du discernement, du conseil et doit s’inscrire dans une démarche collective. DÉBAT. La plénière du Forum sera le théâtre de ce travail commun. Prendre le temps de réfléchir ensemble aux principes éthiques de la communication publique et aux outils qui les porteront. Dans le réseau professionnel mais bien au-delà. Car ils contribueront sans doute à revaloriser un métier souvent mésestimé. Débat animé par Régis de Closets. GRAND TÉMOIN. Pour nous aider à décrypter ce qu’éthique veut dire, le philosophe, Pierre-Henri Tavoillot se prêtera au jeu des questions des communicants publics. Agrégé de philosophie, il est maître de conférences en philosophie politique à l’Université Paris-Sorbonne et y préside le Collège de Philosophie. Il est aussi chargé de conférences à Sciences Po Paris. Ses sujets d’étude principaux sont l’éthique et la philosophie politique contemporaine. Il estime qu’un intellectuel ne doit pas perdre de vue le principe d’action et veut faire de la philosophie un outil capable de répondre aux grandes questions que se pose la société. Ainsi, il a été membre du Conseil national des programmes de 1994 à 2004, conseiller au cabinet du Ministre de l’Éducation nationale de 200 à 2002, membre du Conseil d’analyse de la société, instance placée auprès du Premier Ministre, jusqu’en 2013. Il participe toujours au Comité d’éthique du CNRS. Pierre-Henri Tavoillot est l’auteur notamment de "Comprendre les hommes politiques" (PUF, 2002) et "Qui doit gouverner ? Une brève histoire de l’autorité" (Grasset, 2011).