1. Le Progressiste
1 euro mercredi 13 avril 2011 - N° 2172
“La chance de la Martinique
c’est le travail des Martiniquais” Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire
- Aimé CESAIRE
Césaire au frontispice du Théâtre Municipal
POUR CESAIRE
(P.6,7,8)
Césaire au Panthéon (in Actustar.com)
« Le Progressiste » est disponible en librairies, grandes surfaces et stations-service. Réclamez-le.
Sur Radio EKLA, 102 FM tous les dimanches à midi, Serge LETCHIMY
AU SOMMAIRE
- MERCI, M. LETCHIMY (PP.2 et 3)
- FRANCE : FEU SUR LES ENSEIGNANTS (P.10)
« LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LES
MARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER)
2. EDITO
MERCI, MONSIEUR LETCHIMY
Cet enfant à lʼavenir pris en « marré rein ou » que Césaire
mains dans ces quartiers pétris lui avait lancé comme un défi, ce
de la main généreuse du poète soir de 2001 au Grand Carbet.
sait ce quʼest la survie, épouse
au quotidien les mêmes pro- Le Parti quant à lui, doit survivre.
blèmes mais jamais ne sʼage- Pour toiser les coups de « Jar-
nouille devant eux. Une solution nac », les traitres, les chapar-
Catherine CONCONNE
merveilleuse sort toujours de lʼair deurs, le patron lui réclame avec
rigoureusement sérieux qui une émotion non feinte…. dʼas-
u vu de sa grande timi- émane de ce visage au calme sumer la Maison de Trénelle.
A dité, il ne suppose certai-
nement pas en juin 2000
quand il est désigné candidat à
qui serait selon lui hérité de ses
ascendances indiennes.
Impossible de dire non à Mon-
sieur Césaire et il ne résistera
pas longtemps à son éloquent
la succession dʼAimé Césaire La victoire une fois obtenue au « je suis désormais sur votre
quʼun tel parcours lʼattend. bout de cette année dʼefforts, de compte » tellement plein de
mornes et de « fonds » ne chan- sens et dʼinterpellations.
La tâche semble insurmontable gera, ni nʼémoussera nulle-
à ce moment là. Il sʼagit dʼamor- ment cette inoxydable Au Réservoir, rien ne se fait
cer lʼarrivée dʼune nouvelle gé- volonté. Le quotidien de la ville sans douleur, sans déceptions
nération qui ne prétend pas devient un vrai bouillonnement mais le sens du devoir lʼemporte.
comme il se plaira à répéter, dʼactions et dʼidées. Pas un jour Il le vaut bien ce « Parti Patri-
« remplacer Aimé Césaire » qui ne passe sans quʼon ne moine ». Lʼexigence y est égale-
mais humblement lui succé- lʼaperçoive, limite courant au- ment de mise : il faut faire
der. près dʼun chantier, dans une réu- renaître lʼenthousiasme des mi-
nion, les enchainant avec litants, repartir au combat et
Les « pʼtits jeunes » que nous passion et détermination. donner encore plus pour rendre
étions à lʼépoque qui lʼaccompa- Remplir la mission, lʼassumer de l émotion à ce majestueux
gnent dans cette campagne fièrement et ne jamais baisser héritage. Les adhésions grim-
électorale déjà maculée des af- les bras telle est sa devise. On pent, les manifestations sʼen-
freux dégâts du populisme devinera sa fatigue à certains chainent avec une montée en
sʼaccrochent à son rythme. Et moments, sa faim, sa soif après puissance en audaces et en ini-
quel rythme ! Un rythme fait de 10 réunions et 50 audiences tiatives.
rigueur et dʼexigence envers soi- en 16 heures de présence me-
même, envers les autres et pour nées tambour battant mais… ja- Le « Parti » retrouve plus que
les autres. Rien nʼest laissé au mais une plainte, jamais une jamais son rôle de gardien du
hasard et à lʼà peu-près. Les complainte sur son sort à lui. temple, celui du peuple et de la
qualificatifs de « parfait » et « Fort-de-France est notre démocratie et ne laisse désor-
dʼ »extraordinaire » doivent être force, notre bastion, notre na- mais rien au hasard. Loi de la
au rendez-vous de tous les quo- vire-amiral, travaillez !!!! » ré- honte vantant la colonisation,
tidiens dʼune campagne. pète-t-il à qui lʼentendra… aventure fumeuse du 74…
Une campagne remplie de mil- forcément. NON… !!! sʼinsurge t-il « pas tant
liers de contacts humains et que nous sommes là ». Il exige
dʼinitiatives toutes aussi auda- Les projets sortent à des la réaction de tous, monte au
cieuses les unes que les autres. rythmes effrénés et même créneau face à lʼinfamie, à la dé-
Il y laissera quelques kilos, quand lʼargent manque… il faut magogie, souvent seul, lâché
ses chaussures mais jamais affronter cette misère financière, par une « certaine gauche »,
cette inépuisable énergie qui in- ces « purges », faire preuve mais lʼenfant de Trénelle a af-
terpelle et qui fait dire à tous dʼimagination et toujours se rap- fronté la misère des années
« comment il fait ? » peler symboliquement ce 60, alors……
Le Progressiste - Page 2 - mercredi 13 avril 2011
3. EDITO (SUITE)
Consciencieux à lʼextrême et re-
fusant de courir après tout, il dé-
cline poliment la pression des
législatives de 2002 et préfère
se consacrer exclusivement à
cette ville et cette Cacem envers
lesquelles il à pris des engage-
ments. « Nʼinsistez pas » dira t-il
pour décourager plus dʼun qui
voyait déjà en lui un destin qui
succéderait au Palais Bourbon à
lʼami Camille.
Car il sʼagit de tenir chaque pas
gagné et ces pas ont un prix :
humilité, sacrifice, vigilance… Le président sur le pont
Et les pas sont là, indélébiles,…
les combats sont honorables. nière plait, le dialogue nait, renait 10 années dʼune impénétrable
Refuser le populisme, lʼaffronter et « lʼoxygène naissant » semble pureté au service dʼune cause,
en 2010 au bout de semaines de parcourir projets, idées, objec- dʼun peuple.
questionnements où seule une tifs, et organisation. 10 années pour lesquelles on
salle surchauffée, un soir de fé- a tout simplement envie de lui
vrier à la Ferme Perrine eut Dans le silence de ses regards dire un simple mot qui ne doit
raison dans la douleur du di- épurés, la démarche séduit au- pas être réservé aux épi-
lemme de sa fidélité à lʼœuvre delà de tout fossé et les forte-
taphes.
Capitale. resses réputées imprenables ne
Merci MONSIEUR Let-
résisteront pas à ces armes mi-
chimy !!!! 10 années de plus,
Toujours ouvert à lʼautre, le ras- raculeuses au service dʼune se-
10 années encore… on est
semblement nait petit à petit, reine mission dʼélévation des
consciences. preneurs !!!!
désormais … mais pas autour
de sa personne. Il déteste le
MOI. Son moi, à lui, cʼest ce 10 années dʼun combat loin
pays, ce peuple quʼil a décidé de des moi haïssables, loin des moi Catherine Conconne
servir au mieux, coûte que je, loin des rancunes, loin des Avril 2011
coûte, vaille que vaille. Nouveau coups bas, loin des lèche-
défi, nouvelles audaces… la ma- chèques et des égos surélevés.
A venir
• 12/04 – installation du CCEE
• 13/04 – le Président enregistre 1 émission à Zouk TV sur le thème de lʼEurope
• 14/04 – installation du CESR
• 14/04 - conférence de presse sur le premier bilan du Plan de Relance
• 14/04 – Visite de courtoisie du Président du TGI de Fort-de-France au Président de Région
Serge LETCHIMY
• 15/04 – Visite de courtoisie de Monsieur lʼAmbassadeur de lʼInde en France au Président
de Région
Le Progressiste - Page 3 - mercredi 13 avril 2011
4. REGION
« LA REGION MARTINIQUE : UN VRAI SOUFFLE »
12 mois après lʼavènement du fixation est devenue patholo- propriée aux étudiants ; pour
groupe « Ensemble pour une gique, nʼentamera pas la volonté une continuité territoriale repen-
Martinique nouvelle », cʼest de celles et ceux qui font souffler sée dans le, cadre dʼun partena-
bien un réel et vrai souffle socio- un vent dʼespérance sur le pays. riat avec LADOM (Loi sur
économique qui est impulsé à Car ces emplois sont dans les lʼOutre-mer) ; pour lʼélaboration
lʼinstitution qui ronronnait, activités que nous favorisons et dʼun schéma prévisionnel des
jusquʼalors, managée par un au- les initiatives que nous prenons formations initiales des lycées et
tocrate dont on peut dire quʼil nʼa par la « nouvelle organisation collèges…
point été visité durant ces 12 ans de la collectivité » en mettant les
par lʼaudace et la vision dʼun hommes et les femmes au cœur
quelconque développement. Au- du développement de la Marti- Alors, nous voulons dire que
jourdʼhui, le peuple souverain a nique en sʼappuyant sur une dé- lʼEmploi avec un grand E ne se
mis un terme à cet intermède et, marche participative ; par la comptabilise pas forcément en
comme le dit si bien Daniel mise en œuvre dʼun Plan de Re- faisant des comptes dʼapothi-
ROBIN « nos premiers mois à lance caractérisé par un mara- caire, tant il est visible, palpable,
la tête de la Région se caractéri- thon des communes, pour une évident, que cʼest lʼemploi qui
sent tout à la fois par un chan- action collaborative de 350 mil- porte la philosophie de notre po-
gement de méthode, mais lions dʼeuros ; par la Plan Am- litique. Soulignons encore quʼun
surtout un abandon de la pos- bition Jeunes qui crée les an de retard a été rattrapé pour
ture au profit dʼune dynamique conditions pour encourager ces le versement de la prime de vie
dʼactions. La mise en œuvre du jeunes à être les acteurs de leur chère : 28.724 bénéficiaires pour
Plan de Relance, dès le mois de avenir ; par la création dʼune un volume financier de
septembre [2010] a été à cet Agence Régionale de Déve- 5.778.587 €. Pour la seconde
égard exemplaire. Elle a permis loppement Culturel ; par la phase de référence, 4.381 bé-
dʼidentifier et de mettre en pro- transformation de lʼIRAVM en néficiaires ont été payés pour un
grammation avec lʼensemble Etablissement Public de Coopé- montant de 1.056.983 €.
des communes, EPCI, bailleurs ration Culturelle ; par le dévelop-
et autres opérateurs sociaux pement de projets dʼintérêt
régional des secteurs privés tels Rappelons le maintien de lʼaide
près de 300 projets pour les-
le Grand Saint-Pierre, le Leyritz de la Région à hauteur de 16,9
quels les cofinancements vont
et les zones dʼactivités. Par la re- M€ pour la reconstruction du
entraîner une meilleure irrigation
lance du chantier du haut débit plateau technique de La May-
de lʼéconomie martiniquaise par
après un an et dix mois de retard nard et lʼaccompagnement à
la commande publique ».
pris par la précédente gouver- titre exceptionnel du CHU
Et Daniel MARIE-SAINTE aura
nance ; par la création dʼun grou- (achat de médicaments et de
beau agiter le « boulier », cʼest
pement de commande pour une matériels, ravalement des fa-
une nouvelle réalité qui sʼimpose
plus grande efficacité du chan- çades, voiries et espaces verts,
à sa vue incrédule : oui, la roue
tier de Transport Collectif en Site amélioration des conditions de
a tourné et le pays sʼest résolu-
Propre (TCSP). Par le transfert travail dans les écoles paramé-
ment engagé, avec la volonté
scellée et partagée de tous les du Parc Régional ; par le vote dicales).
Martiniquais, dans une œuvre dʼune motion pour ne pas laisser
de réalisations et de construc- la politique énergétique au seul En 12 mois, nous ne pouvons
tion. secteur privé. certes pas « désenkayer » une
institution que 12 ans dʼinertie
Et puis : pour faire de lʼagricul- ont paralysée. Mais ça bouge !
Oh, certes ! Ce ne sera pas fa- ture un atout pour le développe- Le nouveau souffle se fait sentir.
cile ! Ils en sont bien conscients. ment en y injectant 5 millions €
Et brandir le hochet des 5.000 qui viennent sʼajouter au budget Scipion
emplois promis, sur lesquels sa régional 2011 ; pour une aide ap-
Le Progressiste - Page 4 - mercredi 13 avril 2011
6. POUR CESAIRE
Témoignage
Le 17 avril 2008 sʼéteignait son souffle volcanique, « péléen » dirait Christian Lapoussinière, président
du Centre césairien.
CESAIRE AU PANTHEON hommage, je décrochais et ma hommes lynchés, torturés en qui il
pensée partait à la rencontre de se sentait lui-même assassiné, hu-
notre désir dʼune meilleure consi- milié-
dération pour la pensée de AIME CESAIRE EST UN HOMME
lʼhomme, une soif de reconnais- FIDELE
sance y compris chez nous, de la Fidèle à lʼhomme – Fidèle à dʼau-
valeur de lʼhomme. tres conceptions de lʼhomme
Ses discours qui – à lʼépoque - fai- Lʼhomme, un être qui a des droits…
saient de lui un pestiféré, dʼabord à la vie, à lʼêtre… au bien-
un « mové sijé » a laissé place à un être.
bâtisseur, à un homme riche, ha-
bité par lʼamour de son pays, par Que dire de cette foule rassemblée
lʼamour de lʼHOMME. en vainqueur, sans bien savoir de
Ce nʼest plus discutable, Césaire quelle victoire, mais rassemblée en
était visionnaire et porteur dʼes- signe de reconnaissance ? Ceux
poir, non seulement pour nous, qui mʼont dit à la sortie : « fout sa
Légende photo: La rotonde du Panthéon, pour son peuple, mais aussi
le 6 avril bèl, mwen kontan bay. Enfin yo ka
pour tous les « Juifs errants du palé di misyé tala !
PANTHEON : Temple que les monde. »
GRECS et les ROMAINS, consa- Alors je me suis demandé si les
craient à tous leurs DIEUX Entendre parler de ce géant par un
PANTHEON : Ensemble de per- président qui lui est de droite, mʼa propos de certains de chez nous ne
sonnes qui se sont illustrées dans une fois de plus remis en présence faisaient pas plus de tort que ceux
un domaine. de notre député-maire- écrivain- dʼun président de la république à
poète, rencontrant les gens de mon qui a été remis le Discours sur le
A dire vrai, je suis allé parce que les quartier, prêtant une écoute sans Colonialisme.
contacts me laissaient entendre hypocrisie, et recherchant des solu-
que je devais dire tes textes de CE- tions pour aider et améliorer le sort Et si lʼentrée de la pensée de CE-
SAIRE, enfin bref … glissons ! de nos concitoyens rencontrant des SAIRE au PANTHEON pouvait
Dès lors comment apprécier lʼévé- difficultés. ouvrir lʼesprit de nos losers
nement sans interrogation, sans Malgré lui, il a été obligé de re- aigris et sʼy installer, ce serait à
chercher à donner du sens à cette connaître que lʼhomme noir est mon sens un pas important vers
action du PRESIDENT DE LA RE- dans lʼhistoire et ne la subit pas, une meilleure connaissance de
PUBLIQUE FRANCAISE. quʼil rayonne de par le monde et cet homme par les plus jeunes
Je nʼai plus 20 ans et mes nom- que sa pensée universelle contri- dʼentre nous, ou encore à nos
breuses années de présence sur bue à une construction pacifique frères et sœurs que diverses rai-
terre et dans la lutte mʼont aidé à et égalitaire de celui-ci. sons ont poussé à partir, et à se
mieux appréhender les faits, en tout Belle revanche et belle victoire couper de leur base culturelle.
cas à définir des objectifs et à éva- si lʼon fait le parallèle avec le dis-
luer les démarches entreprises. cours de Dakar !... Alors on dirait à ces jeunes comme
Comme dirait CESAIRE lui- le fait si bien STEPHANE HES-
même : «…A recueillir le sang du Une reconstitution de lʼhistoire du SEL :
son ». parcours de lʼhomme, une recons- « Regardez autour de vous, vous y
Que lʼhomme soit mis en terre dans truction de notre relation à la Répu- trouverez les thèmes qui justifient
son pays MARTINIQUE est très im- blique Française, le débat nʼest votre indignation- le traitement fait
portant. Que son nom soit inscrit certes pas clos, mais nous avons aux émigrés, aux sans papiers, aux
dans ce monument au côté de bien au Panthéon vécu un moment dʼin- roms. Vous trouverez des situations
dʼautres qui ont mené bataille, cʼest tense émotion. Demain, rien ne concrètes qui vous amènent à don-
aussi bien. nous empêche de poursuivre nos ner cours à une action citoyenne
Je me dis quʼil y a un temps pour combats, si sa pensée est dévoyée, forte. Cherchez et vous trouverez ».
tout et que les combats justes ne usurpée.
sont jamais vains. Peu importent les raisons de ceux La vie bien que généreuse, sur-
Jʼy étais et bien content dʼy être ; qui étaient présents, sûrement il y prend toujours les rêveurs insatia-
cela mʼa rappelé aux bons souve- en avait qui se sentaient obligés : bles
nirs où nous étions regroupés dans sa sé pwoblem yo ! Yo té ka tanʼn De bout en bout, de part en part, de
la cour de la Mairie sous les gaz la- yo pas soud. Ce dont je suis cer- long en large, de jour et de nuit
crymogènes dénonçant et haran- tain, cʼest la présence sincère des Elle aveugle les arrogants qui se
guant un président qui nʼétait pas témoins de la valeur de lʼhomme vantent de tenir le bon bout
venu… le MAIRE était il un diable ? Je me suis demandé ce qui pourrait Ceux qui disent de chacun de leur
Lui faisait-il peur ? empêcher de comprendre que le
Alors le diable a rejoint les combat du Nègre Fondamental est pas souvent mal assurés, une ré-
DIEUX !!! dans le prolongement du cri de son volution.
De temps en temps, durant cet peuple, de la souffrance des JC DUVERGER
(NDLR : Les passages surlignés le sont par nous)
Le Progressiste - Page 6 - mercredi 13 avril 2011
7. POUR CESAIRE
POLEMIQUE
QUAND L’OMBRE DE CESAIRE ENTRE AU PANTHEON !
culation de ce quʼil y a de pour elles à tout bout de champ.
meilleur dans le mes- Où est le respect de Césaire dans
sage césairien. Quoi ! cela ?
Lʼévocation de la vie et Où est-il dans lʼobstination à ne pas
de la pensée de Césaire faire une réforme aussi banale que
ne serait quʼun jeu sans la « reconnaissance pleine et en-
conséquences sur les tière du fait syndical propre aux
valeurs professées par terres coloniales» ?
ceux qui font mine de le Où est-il dans le refus de procéder
donner en exemple? Ce à lʼélection démocratique dʼassem-
serait un simple lot de blées constituantes par lesquelles
consolation quʼon ferait ces peuples diraient les institutions
miroiter sous le regard qui leur conviennent au lieu être
l faut sans doute souligner pour
I les nouvelles générations le re-
tournement que constitue pour la
France officielle la décision de faire
de peuples à qui on continue de re-
fuser le droit à lʼinitiative historique
? Un simple hochet quand on nʼa
rien dʼautre à offrir ?
suspendus aux décisions unilaté-
rales dʼun gouvernement-parlement
français?
entrer au Panthéon le nom dʼAimé
Il y a du chemin à faire avant que
Césaire; elles nʼimaginent certaine-
Il est bien évident quʼon ne saurait Césaire entre vraiment dans leur
ment pas à quel point les Césaire, attendre dʼun gouvernement fran- Panthéon ! Il pourrait alors sans
les Damas, les Cartayée, les Glis- çais quel quʼil soit de résoudre les doute croiser le fer avec le rétablis-
sant et plus encore les Frantz problèmes qui relèvent de notre seur en chef de lʼesclavage, Napo-
Fanon ont été considérés comme propre initiative. Mais comment léon, et même avec le grand Hugo
lʼanti-France ! Des ingrats, des pes- pourrait-on supporter lʼhypocrisie à qui il dirait lʼhorreur que lui avait
tiférés, des ennemis quʼil fallait bien de lʼhommage à Césaire lorsquʼici, provoqué la lecture dʼun fameux
tolérer au Parlement, pour Césaire maintenant, dans la pratique, on fait discours non dénué de pur racisme
et Cartayée, mais dont il nʼétait pas injure de façon si évidente à ce à colonial sur lʼAfrique à aller conqué-
question de citer une phrase, un quoi il croyait le plus fort ? rir parce quʼelle nʼest à personne!
propos, voire dʼen faire étudier la . Mais laissons le passé .La révo-
moindre parcelle des œuvres dans La première décence ne serait-elle lution culturelle que la France doit
les structures scolaires ou universi- pas de reconnaître le point de dé- opérer pour se mettre à la hauteur
taires. part obstiné de sa pensée à savoir du dialogue avec Césaire ne
lʼexistence dʼun peuple appelé le concerne pas hélas que la droite.
Ne serait-ce que pour cela, enten- peuple martiniquais ? Or quʼont-ils Cʼest la gauche aussi et jʼose dire
dre résonner dans le temple des fait les gouvernements dʼabord qui doit décoloniser sa pen-
temples de la grandeur française français dans le silence coupable sée pour ne pas faire de Césaire un
des fragments mécréants du de leurs oppositions ? Ils ont sup- chantre de «lʼunité nationale» fran-
«grand cri nègre» avait une saveur primé dans leur constitution toute çaise comme lʼa laissé échapper
réjouissante qui nʼexcluait pas référence aux « peuples» dont la François Hollande !
lʼémotion pure née de la poésie France «a la charge» et quʼelle de-
elle-même. vait «conduire à sʼadministrer eux- Il est vrai que quand on entend une
mêmes» pour remplacer ces Ségolène Royal incapable de rete-
Mais fondamentalement cette « re- notions par celle de «populations» nir par cœur cette phrase tant répé-
connaissance» tardive, commen- (par politesse on ne dit plus «peu- tée «ma bouche sera la bouche des
cée il est vrai cela fait quelques plades») pour désigner les peuples malheurs qui nʼont point de
années, est après tout une affaire de Martinique, Guadeloupe, bouche» on se dit que la vraie lec-
franco-française dont il nous faut, Guyane,...»Mal nommer les ture ne fait que commencer de lʼau-
en tant que Martiniquais-e-s, mesu- choses, disait Camus, ajoute à la tre côté de lʼocéan.
rer la portée réelle. Et à regarder la misère du monde». Mal nommer Il faut un début à tout.
question sans esprit critique, les les peuples des dernières colonies,
yeux embués par les paroles su- cʼest refuser de les considérer Philippe Pierre-Charles
crées à lʼédulcorant dʼun Sarkozy, comme des entités avec lesquelles
on risquerait de contribuer à lʼémas- on doit discuter au lieu de décider
Le Progressiste - Page 7 - mercredi 13 avril 2011
8. POUR CESAIRE : POÈME
ET LA BOUCHE S’EST TUE
Ce texte a été écrit en 2008, après le décès dʼAimé Césaire ; son auteure le conservait jusquʼà
lʼheure précieusement.
Au bout du petit matin, l’homme, ayant eu son compte de vie,
Son plein de vie, son poids de vie,
L’homme, ayant partagé avec tous, tout ce qu’il avait reçu,
L’homme, ayant donné tout ce qu’il pensait et savait devoir donner,
L’homme qui avait bâti la ville, qui avait agrandi la ville
En organisant les mornes avoisinants,
En assainissant la valleuse et ses alentours,
L’homme diversel, l’aimé des humbles et des autres,
Le père des généalogies tronquées,
L’homme qui s’était engouffré dans la bataille pour les sans-voix,
Pour les sans-bouches,
Le sauvage qui emmerdait ceux qui le méprisaient,
L’homme, nègre-fondamental, épouseur des continents,
L’homme-poète, l’homme-maire, l’homme-visionnaire,
Le nègre-laminaire, l’inconsolé,
L’homme quitta son pays natal, au bout de ce petit matin d’avril
Où l’heure de lui-même avait sonné.
Oh ! Je n’ai pas été béni-oui-oui
Pendant ces longues décennies.
Oh ! Non, je n’ai pas lu tous ces livres ni tous ces écrits,
Hé oui ! J’ai écouté certains de ses discours,
Et il m’est arrivé d’avoir peur, parfois,
De l’ambiance exaltée, que dis-je ?
De l’ambiance démesurément passionnée
De ses campagnes électorales.
Cependant, je sais que son passage dans cette ville-échouée,
Dans ce pays échoué, dans ce monde échoué,
Je sais que son passage
Laissera une empreinte large, profonde, bien appuyée,
Ouverte à tous, offerte à tous.
Et je sais aussi que plus d’un y posera ses pas
Quand l’heure de lui-même sonnera
Et qu’il aura cessé
« D’être le jouet sombre au carnaval des autres »
Et « dans les champs d’autrui l’épouvantail désuet ».
L’arbre est tombé certes, mais regardez…
Ne les voyez-vous pas
Ces rejetons multiples qui, déjà, poussent
Tout le long de son tronc étendu ?
Suzy LAGUERRE MASSAL
Le Progressiste - Page 8 - mercredi 13 avril 2011
9. POUR CESAIRE
tour ». Voici donc venu le temps
de lʼhommage de la Nation Fran-
çaise à Aimé CESAIRE. Il y eut
le film dʼEuzhan PALCY, une
toile grandiose tentant de rendre
lʼépure dʼune vie à travers une
œuvre qui, est comme celle de
tout homme : inachevée. Il y eut
la flûte des mornes de Dédé
SAINT-PRIX, mélopée lanci-
nante, « berceuse « ourlée lan-
cée à lʼâme en déshérence dʼun
peuple orphelin. Il y eut les
« trouvères », les « trouba-
dours », les « bardes », les « dé-
clameurs sans voix », les, griots
enroués, qui parlèrent, déclamè-
rent, célébrèrent lʼinstant et le
moment, gravèrent lʼévènement
dans le marbre froid de lʼab-
surde.
Et puis il y eut le silence ; ce si-
lence assourdissant que seul
troublait lʼécho du tremblement
des hommages conventionnels
et autres discours aseptisés,
quand « lʼélu », allongé sur la
vérité de lʼéternité, peut se re-
mémorer ses mots prophé-
tiques : « Je tiens maintenant le
sens de lʼordalie ; mon pays est
la lance de nuit de mes ancêtres
bambaras. Elle se ratatine et sa
pointe fuit désespérément vers
le manche. Si cʼest du sang de
HOMMAGE A CESAIRE Je vous demande sans tarder, poulet quʼon lʼarrose, elle dit que
AU PANTHEON par la voix du tambour sans re-dʼest du sang dʼhomme, quʼil faut
tenue, dʼaccueillir le griot incan-
à son tempérament de la
Oyez, oyez, gens de toutes descent, de le descendre graisse, du cœur dʼhomme, non
races confondues, nègres ac- délicatement de lʼolympe de du sang de poulet ».
courus des mornes sans halte ni notre conscience, où les dieux et
répit, jaillis des cannaies assas- les loas lʼavaient placé, pour le Lʼhomme CESAIRE, jamais
sines sans regrets, émergés des poser en ce jour dans la crypte apaisé, de convulsions saisi, vi-
plaines buboniques aux plaies du temple où le temps figé sou- tupérant toujours « Jʼai remonté
impatientes, tombés des cales dain se prépare à émerveiller dans mon cœur lʼantique silex, le
étouffantes et suffocantes, allon- lʼéternité dʼun nouvel « élu ». vieil amadou déposé par
gés dans les plis des talwegs ac- « Il y a un temps pour lʼhom- lʼAfrique au fond de moi-
cueillants, nègres de tous temps, mage que lʼon rend à autrui, même ».
hommes de lʼuniverselle soif… comme il est un temps pour
lʼhommage que lʼon reçoit en re- Serge SOUFFLEUR
Le Progressiste - Page 9 - mercredi 13 avril 2011
10. ÉDUCATION
FERMETURES DE CLASSES ET SUPPRESSIONS DE POSTES
FEU SUR LES ENSEIGNANTS
par Gilles Balbastre
qui déposaient à la veille de l'été nal de mutations qui leur garan-
2010 leurs « fiches de recrute- tissait depuis des décennies une
ment » sur Internet n'étonnent indépendance d'action par rap-
guère. Plus inhabituelle, cepen- port à leur direction administra-
dant, est la catégorie profes-
tive.
sionnelle à laquelle ils
s'adressent : les enseignants.
Un bouleversement ? Pas vrai- Autre mesure essentielle du dis-
ment. positif : « Un préfet des études
est désigné pour chaque niveau.
Depuis une petite dizaine d'an- Elément central de la cohérence
nées, différents ministres se sont des pratiques, du respect des rè-
évertués à accommoder le ser- gles communes et de l'implica-
vice public de l'Education natio- tion des familles, il exerce une
nale aux principes du responsabilité sur le plan péda-
management « moderne ». Avec
gogique et éducatif.» Avec la
la volonté d'imiter le modèle de
relations sociales du secteur création de ces « préfets », sorte
privé, en transformant chaque de contremaîtres, une hiérarchie
Depuis qu'ont été dévoilés, intermédiaire voit ainsi le jour
établissement en petite entre-
département par département,
prise autonome. dans le corps des enseignants,
les arbitrages sur la carte sco-
jusqu'à présent relativement
laire pour la rentrée de sep-
Annoncé à bas bruit par le mi- égalitaire.
tembre 2011, parents d'élèves
nistre de l'éducation, M.Luc Cha-
et enseignants multiplient les tel, au cours des Etats généraux Derrière le prétexte d'une
manifestations, occupations de la sécurité à l'école, en avril,
d'écoles et pétitions. Ferme- consensuelle lutte contre la vio-
le programme Clair (Collèges et
tures de classes et suppres- lence scolaire, « les choses sont
lycées pour l'ambition, l'innova-
sions de postes soulèvent tion et la réussite) constitue le claires, si je peux me permettre
l'incompréhension et parfois dernier avatar de cette « révolu- ce jeu de mots,* grimace M.
la colère face à *« une logique tion ». Willy Leroux, professeur de tech-
purement comptable »*. Une Encore expérimental et restreint nologie depuis seize ans à
logique qui rejoint la stratégie à une centaine d'établissements Grande-Synthe, près de Dun-
« managériale » que déve- « concentrant le plus de difficul- kerque. Cette réforme est là
loppe depuis une dizaine d'an- tés pour remettre en cause notre
nées le gouvernement pour en matière de climat scolaire et
tenter d'affaiblir le statut des statut » un statut hérité des an-
de violence », ce dispositif
enseignants, un corps tradi- nées 1950 (...)
donne la possibilité aux chefs
tionnellement revendicatif. d'établissement de « recruter les
Lire la suite de cet article de Gilles Balbastre,
professeurs sur profil ». En d'au-
« Dynamique et réactif », « dis- tres termes, les enseignants, y publié dans *Le Monde diplomatique*
d'octobre 2010 : http://www.monde-diploma-
ponible », « grand sens de l'au- compris les détenteurs du certifi-
torité naturelle, alliant fermeté et cat d'aptitude au professorat de tique.fr/2010/10/BALBASTRE/19740
souplesse », « ouverture d'esprit l'enseignement du second degré
», « capacité à mener des pro- (Capes) ou de l'agrégation, se- Gilles Balbastre
jets », « capacité à innover ». ront désormais nommés sans
Les exigences des employeurs passer par le mouvement natio-
Le Progressiste - Page 10 - mercredi 13 avril 2011
12. HISTOIRE
L’INSURRECTION DE MARTINIQUE
Bètafé au Théâtre Municipal
Vous souhaitez adhérer au Parti Progressiste Martiniquais ?
1. Téléchargez le bulletin d’adhésion :
http://www.ppm-martinique.fr/wp-content/uploads/2009/09/Bulletin-dadhésion-2006.pdf
2. Complétez-le
3. Renvoyez-le à : PPM – Ancien réservoir de Trénelle – 97200 Fort-de-France
ou par Mail à contact@ppm-martinique.fr
Visitez le site du PPM :http://www.ppm-martinique.fr
COMITÉ DE RÉDACTION : Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocrates qui lui ont toujours
fait confiance.
Daniel COMPERE
imprimé par nos soins
« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle,
Jeannie DARSIERES intellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants. Nous les remercions d’envoyer leurs
dons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestions au siège du PPM :
Didier LAGUERRE - Ancien Réservoir de Trénelle - Fort-de-France.
Directeur de la Publication : Daniel COMPERE
Laurence LEBEAU d.compere@only.fr
Serge SOUFFLEUR Téléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01
Site Internet : www.ppm-martinique.fr
Victor TISSERAND N° de CPPAP : 0511 P 11495
Le Progressiste - Page 12 - mercredi 13 avril 2011