1. 1 euro
Le Progressiste
mercredi 26 mai 2010 - N° 2132
“La chance de la Martinique
c’est le travail des Martiniquais” Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire
- Aimé CESAIRE
« CHAQUE GÉNÉRATION DOIT TROUVER LES CHAÎNES
QU’IL LUI FAUT BRISER. C’EST CELA LE SENS PROFOND
DE NOTRE 22 MAI D’AUJOURD’HUI »
AU SOMMAIRE
- 30 MAI : PROFESSION DE FOI DE MM. JABOL ET ROBIN (PP. 5 À 7)
- CARTON ROUGE : LA RÉCUPÉRATION DU 22 MAI (PP.8/9)
- A LA REGION : GOUVERNANCE ET COOPÉRATION (P.10)
« LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LES
MARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER)
2. DISCOURS
Discours de Serge LETCHIMY
bli douloureux. Cʼest en ce sens quʼil existe
Nous ne sommes plus dans le un « devoir de mémoire », et
silence de lʼembarras et de la cʼest pourquoi le PPM a tout
honte. fait pour que la Martinique as-
Nous ne sommes plus dans la sume ce devoir !
revanche et dans la haine.
Nous ne sommes pas non plus Mais associer la notion de « de-
dans la sacralisation idéologique voir » à celle de « mémoire »
ou dans une incessante victimi- était bien le signe que les
sation. choses nʼallaient pas de soi.
Cʼétait bien le signe quʼil fallait à
Nous sommes très simplement, la fois se battre contre la chape
très sereinement, dans la recon- de plomb coloniale, mais aussi
quête apaisée de nous-mêmes. contre cette souffrance inté-
Alors une question se pose. rieure qui nous amenait tous,
Elle est de savoir comment et collectivement, à oublier — ou
pourquoi un événement vieux de pire : à nier ou à renier — les
162 ans peut encore alimenter réalités insupportables de notre
les énergies individuelles et col- passé !
lectives alors que nous devons
Mes chers compatriotes, tout mettre en œuvre pour faire Mais nous devons bien être
Mes chers amis, face aux défis du monde conscients que lʼidée de « devoir
Madame la maire de Pétion ville contemporain ? de mémoire » ne peut être
Mes amis artistes de Martinique quʼune étape vers lʼinstauration
de Guinée et dʼHaïti Notre regretté Aimé Césaire, et en nous-mêmes et dans notre
avec lui le docteur Aliker, tout société dʼune dimension mémo-
Nous voilà donc une nouvelle comme Camile Darsières et tous rielle naturelle qui nʼa pas besoin
fois réunis autour de la commé- les dirigeants du PPM, ont tou- de se nommer, ni dʼêtre impo-
moration du 22 mai 1848 ! jours été présents quand il a fallu sée, et qui sʼinscrira naturelle-
Je tenais pour ma première cé- se battre contre lʼoubli colonial. ment dans la perception
lébration du 22 mai en tant que Ils ont toujours été en première confiante, responsable et volon-
président du conseil régional, a ligne quand il a fallu transformer taire que nous aurons de nous-
partager mon recueillement avec le travail mémoriel que nous mêmes !
ceux qui il y a une trentaine dʼan- avions à effectuer sur notre his-
née ont su symboliser dans lʼes- toire et sur nous-mêmes, en un Le devoir de mémoire sʼefface
pace et dans le temps une des véritable « devoir de mémoire ». quand la mémoire est assainie.
plus belles pages de notre his- Rappelez vous : ce nʼest quʼen Il sʼestompe quand lʼautorité in-
toire. Je veux parler de Césaire, 1983 par décret que la Répu- térieure apparaît et que lʼon de-
dʼAliker, de Darsières qui ont blique reconnaît les dates lo- vient pleinement responsable de
lutté pour que la date du 22 mai cales de lʼabolition de ce que lʼon est, et de ce lʼon fait !
soit reconnue et quʼune place et lʼesclavage dans les « DOM ». La relation absolument néces-
un monument symbolisent face Et ce nʼest quʼen 2001 que lʼes- saire entre passé, présent et
à nous, face au monde à travers clavage sera reconnu comme futur se fait naturellement
une œuvre de Khokho, lʼexpres- crime contre lʼhumanité grâce à quand un peuple se met en
sion à la fois dʼune souffrance et Christiane Taubira. devenir dans une perception
dʼune résistance. estimable, responsable et
Nos ainés avaient compris que souveraine de lui-même !
Depuis hier soir, autour du tam- le passé, le présent et le futur
bour et du souvenir de cette jour- étaient indissociables ! Que dé-La traite, lʼesclavage et les luttes
née pas comme les autres, des serter son passé revenait à dé- de libération ont été des tragé-
dizaines de cérémonies vont se dies humaines terrifiantes. Mais
serter et le présent et le futur ! Et
tenir dans toute la Martinique. donc : que la mémoire ne servaitces tragédies ont été dans le
Cʼest bien le signe que quelque pas à sʼenfermer dans le passé, même temps porteuses dʼhé-
chose dans notre mémoire sʼest mais quʼelle permettait de mieuxroïsmes, de courages, dʼabné-
transformé. habiter le présent et par là- gations, de créativités, de
même dʼinventer le futur ! volonté et de projection vers le
Nous ne sommes plus dans lʼou- futur !
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3. DISCOURS
quʼil faut assumer. sur son tambour. Le tambour
Assumer, avec lʼexigence mo- était disponible parce que des
rale, politique et intellectuelle générations dʼesclaves ano-
pour lutter contre tous les oublis, nymes, oubliés, se sont battues
tous les silences. de manière ouverte ou détour-
Lʻabolition de lʼesclavage est née pour lʼintégrer dans les
lʼaboutissement de luttes, de ré- chants de travail. Elles ont rusé
voltes et de rebellions jalonnées pour que le tambour soit présent
dans le temps et dans le monde, de manière innocente dans
dʼhommes et de femmes qui ont toutes les fêtes dʼHabitation, et
su repousser les limites dʼune ils lui ont gardé sa dimension se-
des pires barbaries quʼa connu crète, sa dimension sacrée,
lʼhumanité. dans les cérémonies interdites,
Les résistants furent nombreux. dans les moments de vieux-nè-
Alain Anselin nous rappelle dans gres, et dans les bois profonds
Cette expérience est la nôtre. son ouvrage publié en 2009 auprès des « nègres marrons».
Elle est en nous, et elle doit nous quʼen Afrique, dès le départ, des
porter vers tous ces combats qui Africains ont lutté contre la traite, Quand on sait que pratiquement
nous attendent et qui vont ins- contre ceux qui se faisaient les toutes les Habitations du pays
crire notre pays dans le monde complices des négriers. La disposaient dʼun cachot. Quand
qui vient ! on sait que presque tous les sa-
medis, sur la place Bertin, à
Quand lʼesclave Romain a em- Saint-Pierre, des esclaves re-
poigné son tambour, quʼil lʼa fait belles ou indociles étaient châ-
résonner, il exprimait son refus tiés, voire exécutés de manière
des humiliations et des chaînes. spectaculaire. Quand les histo-
Et il invoquait ce quʼil y avait de riens nous décrivent la série de
plus précieux à lʼépoque : la Li- châtiments et dʼinstruments de
berté. torture qui existaient dans toutes
les périodes esclavagistes on
Les tambours que nous avons comprend quʼil y a eu durant
entendus hier soir nous invitent chaque heure de chaque jour, et
à nous souvenir de ce refus et chaque jour de ces trois siècles,
de cette invocation. Mais nous un esclave anonyme, une es-
ne devons pas oublier quʼune clave oubliée, qui a dit « Non ! ».
journée comme celle du 22 mai Durant chaque jour de ces trois
ne prend tout son sens que si siècles, il y a eu un esclave qui
elle engendre de nouveaux 22 sʼest rebellé, une esclave qui
mai : cʼest à dire si elle nous ins- sʼest fait tuer !
pire, pour lʼépoque qui est la Mieux,
nôtre, les voies et les moyens On découvre encore de nos
dʼêtre plus libres, plus dignes, jours à Sainte-Marie, des ves-
plus responsables ! controverse de Valladolid ex- tiges dʼun cimetière dʼesclaves ;
prime au 16ème sièclea complicité les événements du Carbet en
Chaque génération doit trouver de lʼéglise dans la colonisation et 1822 et la répression qui a suivi
les chaînes quʼil lui faut briser. la traite, mais aussi les opposi- montre le niveau de barbarie des
Cʼest cela le sens profond de tions de religieux célèbres. châtiments.
notre 22 mai dʼaujourdʼhui ! Nous avons beaucoup focalisé
Nos historiens ont su arracher sur les grands résistants et sur
Mais ce matin, je voulais évo- lʼesclave Romain et son tambour les « nègres marrons», et cʼest
quer avec vous cette notion de dʼune épaisseur dʼoubli phéno- vrai quʼils étaient admirables.
lʼoubli. ménale. Mais ce que nous sa- Delgrès. Ignace. Boukman.
vons de lʼHistoire de notre pays, Toussaint. Fabulé. Makandal.
Contre lʼoubli, le travail de nos cʼest quʼelle est faite de dénis, Gabriel en Guyane. Quao et
historiens a été précieux, et je dʼoublis et de silences. Cʼest Cujoe de la Jamaïque… Mais
tiens à rendre hommage ici à pourquoi jʼaimerais avoir avec nʼoublions pas quʼau cœur
ceux qui nous ont permis de dis- vous tous une pensée particu- même de chaque Habitation,
poser dʼune meilleure connais- lière pour tous les oubliés. des dizaines et des dizaines
sance de cette période dʼhommes et de femmes résis-
fondatrice, certes avec des di- Quand Romain veut exprimer taient en silence.
vergences et des contradictions son refus et sa colère, il se jette Avortements !
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4. DISCOURS
TETE
hommes et de ces femmes ne
nous est pas parvenue parce
que nos ancêtres ne disposaient
pas de lʼécriture.
Lʼécriture était celle des maîtres.
Lʼécriture accompagnait le sys-
tème colonial.
Pourtant, si nous y réfléchissons
bien, on peut dire que nos ancê-
tres disposaient dʼune écriture
particulière, et je crois profondé-
ment quʼils ont tenu des archives
secrètes dans cette écriture par-
ticulière.
Mon sentiment cʼest que tous
Sabotages dʼoutils ! cun dans tous les projets struc-
Incendies des champs ou des turants, sont des valeurs qui per- nos héros oubliés sont là !
réserves ! mettent à lʼénergie collective de Ils sont là avec nous tous les
Ralentissement de toutes les circuler et de sʼélever. La Marti- jours !
tâches ! nique de nos ancêtres nous lʼa
Empoisonnement des eaux de enseigné ; la nouvelle Marti- Et que cʼest à nous quʼil ap-
sources ! nique saura conserver la partient de connaitre et de re-
Empoisonnements des ani- leçon ! connaitre notre patrimoine
maux !
Empoisonnement des maîtres ! Nos héros nʼont pas été réperto- mémoriel : le patrimoine des
Mille et mille formes de résis- riés par la chronique coloniale. oubliés.
tances et dʼhéroïsmes que nous Les registres de justice ne vont
nʼavons même pas commencé à évoquer que des prénoms, des
inventorier ! surnoms dérisoires, et une Nous le ressentons, et nous ex-
vague origine ethnique. Nous primons une inconsciente inti-
Ainsi, quand lʼesclave Romain sommes donc entourés de héros
se met à chevaucher son tam- invisibles. Notre mémoire est mité par des émotions diverses.
bour, ce sont des milliers de pleine de socles sans statues et Mais sommes-nous en mesure
nos ancêtres qui lʼont précédé de statues sans nom, sans corps dʼen faire des lieux et des
et qui sont avec lui ! et sans visages. Je pense à ces
Ce sont des milliers et des mil- millions dʼafricains qui nʼont pas moyens de la construction dʼune
liers de tambours qui ce jour survécu à la traversée des ba- lucide conscience dʼêtre ?
là ont résonné dans son teaux négriers, et qui tapissent
unique tambour ! aujourdʼhui le fond de lʼAtlan-
tique. Je pense à ces esclaves Alors, que les tambours chan-
Ce qui nous permet de com- enterrés à la va-vite sur les Ha- tent en toute sérénité !
prendre que toutes les grandes bitations et qui ont disparu corps Que les tambours chantent en
actions ne sont jamais des actes et âme. Je pense à ceux qui se
isolés qui émergent du mystère. sont desséchés dans les ca- pleine autorité !
Derrière les grandes résistances chots ou sous les instruments de Et que cette autorité nourrisse
et les grandes avancées, il y a tortures…
toujours des milliers dʼano- lʼautorité sereine de toute la Mar-
Ils sont là, anonymes, invisi-
nymes, des milliers dʼhommes et bles derrière la figure de Ro- tinique !
de femmes qui se battent pour main ou le visage de cet
des valeurs et des principes ! homme admirable quʼétait Vic-
Personne ne peut réussir seul, tor Schœlcher. Vive le 22 mai !
nous avons besoin de la parti- Vive la Martinique nouvelle !
cipation, du courage et de la Alors, jʼaimerais que vous pre-
créativité de tous! Lʼhumilité, le niez conscience dʼun phéno-
respect de lʼautre, lʼécoute de la mène qui me hante depuis Serge LETCHIMY
différence, lʼimplication de cha- longtemps. La mémoire de ces 22 mai 2010
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6. ELECTIONS CANTONALES
RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE SALÉEN
Une fois de plus, vous êtes conviés à vous rendre dans les bureaux de vote. Cette fois,
par la seule volonté du Conseiller général sortant, maire de la commune, tête de liste
aux dernières régionales.
Une fois élu à la Région, il a été obligé de démissionner du Conseil Général, en raison
de la règle de non cumul des mandats.
Il est clair que pour Rivière-Salée cette élection revêt un caractère inédit. En effet
pour la première fois depuis 20 ans, le Maire ne sera pas présent dans un scrutin local.
Cela nous projette inévitablement dans un scénario où, le candidat qui sera élu, se
positionnera comme investi de votre confiance pour les années à venir.
Il s’agit donc d’un enjeu local fort qui a conduit le RDS à se positionner en proposant
ma candidature et celle de Bettina Bonheur, ma remplaçante, à vos suffrages.
Pour la Martinique il s’agira, à l’occasion de ce renouvellement partiel, de poursuivre
l’œuvre engagée lors des élections régionales.
L’enjeu politique des années à venir est la mise en place de la collectivité unique que
les électeurs martiniquais ont voulu dans le cadre de l’article 73 de la constitution.
C’est à cette mission que je m’attellerai si vous me faites confiance.
En tant que membre de l’équipe du nouveau Président de Région, il me semble que je
suis le mieux placé des candidats pour mettre en œuvre de façon cohérente ce projet
de fusion de nos collectivités.
J’ai l’expérience d’une mandature en collectivité, j’ai participé aux travaux du Congrès
en défendant la position retenue au final par les martiniquais.
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38. =
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39. CARTON ROUGE
QUAND LE « CONVOI POUR LA REPARATION »
TENTE DE RECUPERER CESAIRE !
mettre en bon état ce qui a été arrière-grands-parents pourrait
endommagé ; cʼest rabibocher, être perçu comme une tenta-
replâtrer, rafistoler… » On peut tive ignoble de tirer profit de
donc réparer une voiture, un leurs souffrances, de leurs mal-
vieux mur, un vieux meuble, heurs, dans ce que ma
voire une personne malade ou grandʼmère appelait « lʼesclavi-
accidentée ; mais comment ré- tude ». Aussi, pour ne pas pas-
parer un cadavre, si crime ser pour des malotrus,
connote meurtre, assassinat ? malpropres, « sans senti-
ment », ont-ils préféré parler de
Il faut donc avoir le courage réparation plutôt que de dé-
dʼexprimer clairement sa re- dommagement.
vendication, appeler un chat un
chat, ne pas se perdre dans La société réprime le crime et
e « convoi » mené par le
C MODEMAS de Garcin
MALSA risque, à force
de démagogie, de sombrer
des circonlocutions subtiles
peut-être, mais ridicules, parce
que démagogiques et tout sim-
plement exiger un dédomma-
punit le criminel ; il est
condamné à purger une peine
de prison ; il paie sa dette. Or,
le seul fait de payer lʼexonère
dans le plus opaque des obs-
curantismes et de sʼenliser gement. de tout problème de
dans le plus abject des popu- conscience ; il recouvre la li-
lismes. Car « dédommagement » et berté ; cʼest le rachat par lʼex-
« réparation » nʼont pas la piation.
Pour ce qui est du crime contre même signification. Loin dʼêtre
lʼhumanité (je veux parler de la synonymes, ils peuvent être La réparation réclamée par nos
traite et de lʼesclavage des opposables. Et ce nʼest pas convoyeurs a-t-elle pour but de
Noirs), le mot « réparation » ne simplement une question de permettre à nos békés de se
me semble pas le mieux à sémantique, cʼest aussi et sur- racheter, de sʼexonérer de
même de faire saisir lʼampleur tout un problème dʼéthique, de leurs problèmes de conscience
de lʼhorreur de la transforma- morale. Ceux du convoi lʼont ou tout simplement de rafisto-
tion de lʼhomme noir en bête de bien compris ; réclamer un dé- ler leur conscience ? Cʼeût été
somme. Si on se réfère au dic- dommagement du crime, de un geste digne, honorable, une
tionnaire, « Réparer, cʼest re- lʼexploitation inhumaine de nos manière dʼouverture vers la ré-
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40. CARTON ROUGE
conciliation de la caste béké morable belya et quʼIL « habite MOIRE qui, tout en rappelant
avec notre réalité composite, [sa] blessure sacrée » , les plus les moments douloureux de
multiraciale, multiculturelle. virulents, vibrionnants de ses notre histoire, permet dʼhonorer
Mais ce nʼest pas, me semble- adversaires se réclament de les luttes de nos arrière-
t-il, le but recherché ni la ; LUI, se veulent fils aînés de
grands-parents, « leur résis-
préoccupation première et, ma- CESAIRE ! Il est donc de bon
jeure de nos convoyeurs ! ton de se donner pour césai- tance à la chicote » et à
ristes convaincus de la pre- lʼasservissement et dʼévacuer
Et où cette démagogie devient mière heure ! Ce nʼest toute arrière-pensée de tirer un
plus quʼinsupportable, plus certainement pas une chose profit malsain, ignoble, du mal-
quʼinacceptable et vraiment in- odieuse, à décourager, sʼil est heur de nos grands aînés…ré-
tolérable, cʼest quand elle tente vrai quʼAimé CESAIRE, père duits à lʼétat de bêtes. Ce qui,
de récupérer Aimé CESAIRE et de la nation martiniquaise, ne
aujourdʼhui, nous met en capa-
de lʼembarquer de force dans saurait être confisqué par le
cité de « regarder le présent
son convoi, dont la signification PPM dont la mission est préci-
demeure obscure, pour ne pas sément de diffuser sa pensée avec fermeté et toiser lʼavenir
dire viciée et cela, surtout, et ses options politiques. Mais avec insolence » (in « Notre 22
quand tout le monde sait quʼIL vouloir utiliser CESAIRE, lʼins- mai).
a dès le départ condamné cette trumentaliser dans la plus
démarche et a fermement dé- odieuse des « modemasca- Vonvon Nwè
claré « ce crime irréparable », rades » relève de lʼinconve-
au grand dam de nos nance, de lʼindécence, de la
convoyeurs, qui ne lʼont pas malhonnêteté intellectuelle, du
encore digéré ! plus misérable populisme !!!
Maintenant que voilà, le peuple Pour notre part, nous avons
martiniquais LUI a offert un mé- choisi le DEVOIR DE ME-
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41. A LA REGION
GOUVERNANCE ET COOPERATION : C’EST PARTI !
eux mois après lʼéclatante revanchard, une vulgaire descente LʼINITIATIVE PARTAGEE
D victoire du mouvement « En-
semble pour une Marti-
nique nouvelle » à lʼélection de la
de lit effilochée ! La situation de la
Région Martinique est celle nor-
male dʼune collectivité qui avait dé-
La Collectivité Unique que les Mar-
tiniquais par leur vote du 24 janvier
collectivité régionale que le peuple cidé dʼériger la frilosité et la gestion 2010 appellent de leurs vœux, a fait
souverain a décidée, lʼorganisation à vue en modus operandi. En at- lʼobjet dʼune première rencontre à
de lʼinstitution dans sa déclinaison tendant les audits qui seront rendus Fort-de-France entre les présidents
pratique, rationnelle et –pourquoi vraisemblablement en septembre, S. LETCHIMY et Victorin LUREL
ne pas le dire- « nouvelle », se met voilà ce que lʼon peut dire. Pas de (Guadeloupe), puis dʼune journée
en place. A partir dʼune méthodolo- quoi sauter au plafond ; pendant de travaux à Cayenne avec le pré-
gie éprouvée dans de nombreuses longtemps, la fameuse « disso- sident guyanais Rodolphe
sphères de responsabilités, lʼéquipe nance cognitive » a fait ses dégâts. ALEXANDRE. Ils ont longuement
« managée » par Serge LET- Il était temps de revenir à une réa- évoqué la mise en place des fu-
CHIMY, sans Désormais, sans lité qui concilie vérité économique tures collectivités, le mode de scru-
précipitation, sans affolement, mais et objectifs. tin, la gouvernance, le nombre
avec sérieux et rigueur, sʼest mise dʼélus ainsi que le calendrier. Les
au travail. Un Directeur des Res- présidents guyanais et martini-
sources Humaines ainsi quʼun Di- quais, concernés, ont souligné « les
recteur financier, si nécessaires contraintes juridiques susceptibles
dans toute administration qui pré- de faire obstacle à la réduction de
tend posséder des « curseurs » et la durée des mandats des élus ré-
une « lisibilité » dans sa gestion, gionaux en cours dʼexercice ». Ils
seront recrutés prochainement. semblent donc retenir lʼéchéance
Dans la gouvernance précédente, de 2014 comme la plus plausible,
pour dʼobscures raisons, ces présentant lʼavantage de « détermi-
postes nʼétaient pas pourvus, ces ner dans le respect du principe de
fonctions nʼétaient pas assurées. libre administration des collectivités
Une Directrice Générale des Ser- territoriales, les modalités organisa-
vices est nommée : Laure MOU- LA PAROLE LIBEREE tionnelles, financières et adminis-
TAMALLE (voir N° précédent). Les tratives devant permettre dʼaboutir
commissions sont en place et fonc- Le président LETCHIMY a reçu le à une optimisation de cette fusion ».
tionnent déjà ; lʼélection du prési- personnel mercredi dernier dans le
dent du Parc Régional a eu lieu cadre de la Ferme Perrine ; lʼocca- Mes trois présidents ont évoqué la
mercredi dernier : cʼest Daniel sion pour lui de présenter la Direc- problématique de lʼoctroi de mer
CHOMET. La Région Martinique est trice générale et dʼéchanger avec et du marché unique. Sʼagissant
en ordre de marche. Alors, hauts les agents : « Vous devez vous sen- du problème des carburants, ils re-
les cœurs et avançons ! tir libres et non point assujettis à un tiennent la nécessité de « réduire la
parti ou à un élu. Prenez des initia- structure des prix, ses modalités,
LʼETAT DES LIEUX tives et considérez-moi avant tout son administration ». Quant à la
comme un homme, certes avec des continuité territoriale, ils ont dé-
Lʼancien président de la Région glo- responsabilités, mais un homme cidé de faire une réponse com-
sait à qui mieux mieux et se répan- qui sera toujours à votre écoute et mune aux projets de décrets
dait sur tous les tons sur lʼétat de prompt au dialogue et à lʼéchange. soumis aux collectivités sur la ges-
santé insolent de « sa Région », Je compte sur vous, sur votre ca- tion de ces fonds. Là encore, ces
sur lʼexcédent que dégageait sa pacité à impulser la Région, votre échanges préfigurent les actions fu-
« gestion » et sur le « matelas » fi- capacité de travail et dʼinnovation. tures des trois Régions et les po-
nancier dont il disposait. Las !!! Au- Je compte sur votre énergie qui me sent dans une dynamique collective
jourdʼhui, la réalité est moins sera nécessaire ». Dans la foulée, qui ne pourra quʼêtre bénéfique
folichonne ! Le fameux matelas, en le président annonçait que le plan pour tous.
lʼespace de quelques mois, est de- de relance économique sera pré-
venu par la seule volonté dʼun diri- senté dans trois semaines. SDE
geant politique haineux et
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42. HISTOIRE
AUTOUR DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE
LES TROIS DIABLES DU POPULISME (I)
EDOUARD DE LÉPINE
été largement déterminés Martinique produit chaque année
par les circonstances de un flot de sottises et dʼélucubra-
lʼabolition dans notre pays, tions farfelues et, dans le meilleur
ni celle des relations entre des cas, dʼapproximations qui dé-
descendants des maîtres
et descendants des es- fient le bon sens.
claves.
Le bon sens ne protége pas de
e
Douze ans après le 150 tout, pas même de la connerie. À
anniversaire, nous la veille de la crise de février 2009
nʼavons guère progressé à la Martinique et à la Guadeloupe,
dans ce domaine. Cʼest
un béké martiniquais qui se flatte,
dʼailleurs peut-être à ce ni-
veau que se manifeste la non sans quelque raison, dʼêtre un
principale séquelle de lʼes- major de lʼEBS, qui nʼest pas lʼEu-
clavage : notre attache- ropean Business School comme
ment à notre on pourrait le croire, mais lʼEcole
irresponsabilité collective du Bon Sens, sʼest laissé piéger
au nom de notre droit à la dans le mauvais film de Bolzinger,
responsabilité. Cʼest tou-
jours les autres qui sont « les derniers maîtres de la Marti-
responsables de notre si- nique ». Il risque de payer cher
tuation, spécialement de une sottise quʼil a regrettée avant
e 150e anniversaire de lʼAboli- ce qui va mal. même quʼelle ne fût connue du
L tion avait donné lieu à de
grandioses manifestations,
aussi bien du côté des anciennes
Les manifestations du 162e anni-
versaire de lʼAbolition (mais sʼagit-
grand public. Combien de nègres
pas tous diplômés de lʼEBS, mais
plusieurs émoulus de lʼUniversité
colonies françaises quʼà lʼinitiative il encore de célébrer lʼAbolition ?)
du Parlement et du gouvernement donnent lieu à un déferlement de française, risqueraient dʼêtre pour-
socialiste de Lionel Jospin. Jʼai commentaires qui ont de moins en suivis devant les tribunaux pour
commis à cette occasion un petit moins de rapports avec lʼHistoire. des propos malheureux qui loin de
ouvrage de vulgarisation des contribuer à lʼunité nationale marti-
connaissances disponibles à Ce ne serait pas grave sʼil ne niquaise dont ils se veulent les
lʼépoque, Dix semaines qui sʼagissait que des inévitables sous- champions entretiennent la divi-
ébranlèrent la Martinique.1 produits de ce genre de manifesta-
tions. Des événements autrement sion, la rancune et la rancœur ?
« Il reste à espérer, écrivais-je importants de lʼhistoire mondiale,
alors, que le cent cinquantième an- pour ne parler que de ce qui sʼen- Cʼest peut-être quʼil est plus difficile
niversaire aura suffisamment titillé seigne dans nos écoles et dans que nous ne lʼavons cru dʼexorciser
la curiosité intellectuelle de nos nos lycées, les grandes invasions les trois diables à tout faire de notre
chercheurs et de nos étudiants barbares, en Europe, la Réforme histoire, vue par les populistes,
pour donner un nouvel élan à la re- et les guerres de religion, lʼindé- toutes nuances confondues, en
cherche même limitée à la Marti- pendance des Etats-Unis ou la ré-
volution Haïtienne, la révolution train de récupérer le 22 mai, dans
nique. »
russe ou la révolution chinoise, la le silence des historiens et la pru-
1/ Le bon sens nʼest pas la Révolution française ou la Com- dence des responsables poli-
chose la mieux partagée dans mune de Paris, lʼexpansion colo- tiques : les colonialistes français,
notre société niale ou la révolution coloniale, ont les mulâtres et les békés.
donné lieu et donnent encore lieu
Sʼil est vrai que quelques ouvrages dans des milliers dʼouvrages, dans
Edouard de Lépine
ont paru depuis qui ont parfois re- les salles de cinéma, sur les
nouvelé notre approche de lʼescla- écrans de télévision des grandes
vage et de son abolition, il nʼest chaînes françaises, à des extrava-
pas sûr que nous ayons réussi à gances parfois surprenantes, mais 1
Edouard de Lépine, Dix semaines qui ébran-
clarifier autant quʼil est souhaitable avec un minimum de tenue. lèrent la Martinique – 25 mars - 4 juin 1848,
la question des rapports avec lʼan- Maisonneuve Larose-Servédit, Paris 1999
cienne puissance coloniale qui ont La commémoration du 22 mai à la
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43. NOTRE 22 MAI COMMEMORÉ PAR LE PARTI PROGRESSISTE
La gerbe du PPM Mme Liliane PARENT, maire Le griot haïtien
de Pétionville James GERMAIN
Cette année encore, le PPM, avec gravité, a commémoré en
ce samedi la date historique de lʼabolition de lʼesclavage.
Ce fut dʼabord une messe en lʼéglise des Terres Sainville ; un
défilé dans lequel prenaient place le président du parti Serge
LETCHIMY, le maire de la capitale Raymond ST LOUIS-AU-
GUSTIN, des membres du PPM, des élus, des militants, des
Martiniquais, emmenés par la « cora » de « Djimbé » et le
La gerbe des maires de FFce et « Sang bang » du groupe de tambours africains de la Guinée,
Pétionville Le défilé PPM invité par le SERMAC. Le cortège se rendait à la place du 22
mai à Trénelle ; là, Serge LETCHIMY prononçait son discours :
« Nous sommes ici aujourdʼhui pour rester dans la ligne fixée
par Aimé CESAIRE, appuyée par Camille DARSIERES et le Dr
ALIKER. Nous ne sommes pas dans lʼoubli douloureux mais
dans le rappel constructif ; déserter son passé revient à dé-
serter son présent ». Et plus de quinze minutes durant, le pré-
sident exhumait Boukman, Mackandal, Romain, toutes les
grandes figures du panthéon esclavagiste pour un nécessaire
rappel mémoriel. Et alors lʼartiste haïtien James GERMAIN,
griot albinos à la voix divine venu en Martinique pour une pres-
Le griot et les maires tation humanitaire avec le groupe « Arpège », lançait son in-
Le recueillement de Serge cantation : « Vivilo, fais an vèvè pou nous, ago, ago » aux dieux
du temple vaudou.
Dépôt de gerbe au pied de la statue de René-Corail, en pré-
sence du maire de Pétion ville, Mme Liliane PARENT.
« Vaillant 22 mé » que souhaitait le maire de Fort-de-France,
sous le regard blessé mais déterminé de cette mère projetée
vers un destin incertain. Le 22 mai, pour nous Martiniquais, est
la seule date qui vaille, estampillée sur lʼacte de naissance de
notre peuple. Gardons-nous de lʼoublier si nous ne voulons
nous oublier nous-mêmes !
R. St LOuis-Augustin Le spectacle du SERMAC
SDE
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Le Progressiste - Page 12 - mercredi 26 mai 2010