1. Fédération de Vaucluse du POI
local GERS, 11 avenue de l'arrousaire. 84000 Avignon.
Tel/fax : 04 90 85 33 88. Courriel : poivaucluse@yahoo.fr
Site internet : poi84.fr
Le 11 septembre 2013.
À l’Union départementale des syndicats CGT de Vaucluse
1 rue Ledru Rollin
84000 Avignon.
Objet : réponse à une invitation.
Nous vous remercions de votre invitation à participer au débat : « le Front national : une « imposture
sociale » ou comment contrer la montée de l’extrême droite dans notre département. », organisé le 21
Septembre par l’U.D CGT 84, dans le cadre de sa fête militante.
Le comité départemental du POI a examiné avec attention cette proposition et décidé d’y apporter une
réponse, ouverte, explicitant les positions du Parti Ouvrier Indépendant, qui sera diffusée par nos soins et
communiquée à chacun des invités de ce débat.
Les adhérents du POI peuvent être membres de différentes organisations syndicales, combattant
toujours sur une ligne de lutte des classes, et dans ses textes fondateurs le POI affirme son attachement à
l’indépendance réciproque entre partis et syndicats. Comme vous le savez, les militants de la fédération de
Vaucluse du POI ne déploient pas de drapeaux dans les cortèges et rassemblements syndicaux.
Nous entendons ainsi respecter la place des différents types d’organisations ouvrières : solidarité
sociale par les mutuelles, combat de classe sur le terrain professionnel et interprofessionnel par les syndicats,
projet d’organisation de la société par les partis.
Nous avouons avoir été étonnés de votre choix de thème, très politique, mais conscients de l’importance
de cette question, en particulier dans notre département, nous avons décidé de vous répondre, de manière
fraternelle et ouverte.
Le Front National : « une autre voix » ?
Bien souvent les groupes et partis d’extrême-droite ne se prétendent ni de gauche, ni de droite : ils
prétendent constituer une « 3e voie », et des affiches du FN prétendent que Marine LePen porte « une autre
voix ». Mais il faut être clair : cette voix est celle de la confusion, du faux-semblant, et en aucun cas une
voie d’émancipation pour les travailleurs, pour l’immense majorité des citoyens français.
Prenons par exemple quelques positions politiques du FN : sur l’immigration, la laïcité, l’Ecole, la dette
de la France, l’Europe. Il suffit de lire et d’analyser les positions sur les tracts, les publications, le site internet.
Une chose est claire : les propositions du Front National sont celles d’un programme anti-ouvrier, antisocial, anti-républicain.
Les positions xénophobes, racistes exprimées parfois à droite et traditionnellement à l’extrême droite
visent à diviser les travailleurs entre-eux, désignant « l’étranger » comme responsable des maux de la
société … et épargnant ainsi les grands de ce monde, les banquiers, les grands patrons, les spéculateurs.
Le FN manipule les mots, jouant bien souvent sur la confusion entre nation, religion et culture. Le
terme de laïcité n’échappe pas à cette manipulation. Le FN n’est pas l’initiateur sur ce terrain : beaucoup, à
droite comme à gauche, ont prétendu défendre une « laïcité ouverte », pour mieux combattre la Loi de 1905 de
Séparation des Eglises et de l’Etat.
Aujourd’hui, à chaque fois que le FN met la laïcité en avant, c’est pour stigmatiser une partie de la
population, et tout particulièrement les musulmans, comme par exemple en menant une campagne « NON à
l'utilisation de nos impôts pour fêter le Ramadan ! ». C’est un fait que la laïcité est insuffisamment respectée
dans notre pays, mais le problème n’est-il pas que les lois anti-laïques, contournant la loi de 1905, se sont
accumulées sous les gouvernements successifs de la Ve République?
2. A aucun moment l’extrême-droite ne remet en question les lois anti-laïques, considérant de manière
réactionnaire, anti-républicaine, que la France doit être liée à l’Eglise catholique.
Pour le POI, l’abrogation de toutes les lois anti-laïques, à commencer par la loi Debré de 1959, est une
nécessité, pour que cesse le financement public des écoles privées, à 95% catholiques, et pour que l’Ecole de
la République ait les moyens de fonctionner !
A propos de l’Ecole, si le FN prétend vouloir « refonder l’école de la République » et restaurer l’autorité
des enseignants, « Il n’y aura cependant pas de créations de postes supplémentaires, dans un souci de
responsabilité budgétaire ». N’est-ce pas là un discours déjà entendu, à droite comme à « gauche » ?
La dette est dénoncée par le FN, avec une juste accusation de la loi de 1973 obligeant l’Etat à
emprunter auprès des banques privées, et des traités européens sur le même principe, expliquant en partie le
parasitisme bancaire, mais à aucun moment le FN ne propose de ne pas payer cette dette pourtant créée de
toute pièce ! Les discours du FN dénoncent l’endettement de la France dépassant aujourd’hui les 1800
milliards d’euros, mais il propose, comme les autres partis respectueux des Institutions, de
« rembourser ». C’est un faux-semblant.
Si l’Euro est dénoncé, tout en parlant d’ « Euro-Franc » parfois, il n’est pas expliqué que la perte de
souveraineté sur la monnaie permet en fait de faciliter l’ouverture des marchés à l’impérialisme US. L’Euro fort
est une monnaie moins compétitive que le Dollar sur le marché mondial … Et si une forme d’abandon de l’Euro
est proposée par le FN, c’est pour mieux payer la dette !
Si « l’Europe » est souvent dénoncée par le FN, en aucun cas il ne s’agit de rompre avec l’Union
Européenne. Pour le FN, l’Union Européenne est « totalement dévoyée de ses finalités », et il faudrait
seulement renégocier les traités. Pourtant, dès le départ, dès la CECA de 1951 et le Traité de Rome de 1957,
la « construction européenne », sous l’impulsion des démocrates-chrétiens, se fait dans la lignée du Plan
Marshall, comme relais de l’impérialisme américain en Europe, et fait de « l’économie de marché », du
capitalisme, une obligation, avec le respect de « la concurrence libre et non-faussée ».
Interviewée ce mardi 3 septembre au matin sur BFM-TV, Marine LePen, s’est très clairement prononcée
pour « l’économie de marché » …
Est-il possible de combattre une poussée de l’extrême droite
sans s’attaquer à la politique qui constitue son terreau ?
Les groupes et formations d’extrême-droite, tels que le Front National ou la Ligue du Sud, sont les
formations les plus à droite sur l’échiquier politique, et pour tout militant ouvrier conscient, ce sont des groupes
conservateurs ou réactionnaires, opposés aux changements démocratiques et sociaux auxquels aspirent
l’immense majorité des travailleurs et des jeunes.
Attachés à la démocratie et conscients que l’extrême-droite défend le système économique en
place, nous comprenons que des militants ouvriers s’interrogent sur la place prise par le FN, particulièrement
dans le Vaucluse, lors des élections politiques.
Signalons que le financement des partis politiques par l’Etat, en fonction des résultats électoraux,
aide considérablement le FN, comme les autres partis institutionnels. Ainsi le FN est lui aussi en partie financé
par les impôts prélevés sur l’ensemble des contribuables, opposés ou non à ses idées. Pour 2013 : 5.460.388
€. sont ainsi rentrés dans ses caisses ... Le POI est opposé au financement public des organisations politiques.
Rappelons quelques faits historiques. Le FN a été mis en avant dans les médias dans les années 1980,
à l’initiative du Président « socialiste » François Mitterrand, afin de diviser les rangs de la droite, dans un
contexte où la politique antisociale des gouvernements de « gauche » risquait fort de faire baisser les résultats
électoraux du PS et de ses alliés, après les grands espoirs de 1981.
Depuis ce jeu dangereux, le FN a souvent progressé, parfois plus en pourcentage qu’en nombre de voix
car l’abstention est souvent la première expression du rejet populaire. Il est néanmoins des endroits du pays où
une certaine implantation est indéniable.
Dans ce contexte, le FN est souvent une cible politique, sans être aux commandes du pays, ni d’une
région ou d’un département. Clairement, ce parti d’extrême-droite utilise la victimisation et le « tous pourris »
pour se mettre en avant, les médias bourgeois jouant leur partition dans ce terrible concert.
Ne faut-il pas voir dans les résultats du Front National l’expression d’une crise politique, dans les
formations de droite et du centre, qui sont des partis du Patronat, et aussi à gauche, dans des organisations
politiques se réclamant du mouvement ouvrier et démocratique ?
L'histoire nous l'enseigne : ne pas répondre aux aspirations des travailleurs, de la population dans son
ensemble, en maintenant et aggravant le système d'exploitation de l'homme par l'homme, en précipitant la jeune
génération dans la misère et le chômage, décevoir les espoirs de l’immense majorité, c'est frayer la voie à
l’extrême-droite.
3. Tous les gouvernements de la Ve République, de droite comme de « gauche »,
se sont attaqués aux acquis sociaux et démocratiques des travailleurs.
Quelles formations politiques participent aujourd’hui au pouvoir et ne répondent pas aux attentes des
jeunes, des travailleurs, des salariés, des paysans, des retraités ? Quelles formations politiques travaillent pour
le grand patronat, dans le cadre du respect des institutions de la Ve République et de l’Union Européenne ?
Hier les gouvernements Sarkozy-Fillon, aujourd’hui le gouvernement Hollande-Ayrault : c’est la
continuité de la politique anti-ouvrière, malheureusement bien illustrée par le dossier des retraites, ou encore
celui de l’Enseignement. Non seulement les contre-réformes précédentes ne sont pas remises en
question, mais les nouvelles mesures ou « réformes » vont dans le même sens : celui de la casse de
nos acquis sociaux et démocratiques.
Après la conférence sociale convoquée les 20 et 21 juin, prolongée par des « concertations », le
gouvernement a publié une « feuille de route sociale ». Dans quel but ? Il a décidé de tout faire pour
associer les organisations syndicales à une contre-réforme qui augmenterait le nombre de trimestres
cotisés nécessaires pour une retraite à taux plein.
Pour la troïka (FMI-Commission européenne-Banque centrale européenne), pour la classe capitaliste,
pour le gouvernement Hollande-Ayrault, « l’urgence », c’est d’aller toujours plus loin dans la destruction
des services publics, la réduction des salaires, la baisse du coût du travail, entrainant la remise en
cause de l’ensemble des régimes de protection sociale, la destruction des systèmes de retraite.
Pour eux, l’urgence, c’est d’associer les organisations syndicales à ces plans. Dans le prolongement de
la conférence sociale, le gouvernement Hollande-Ayrault n’a-t-il pas annoncé une réforme
constitutionnelle pour tenter d’intégrer les organisations syndicales aux institutions de l’Etat, jetant ainsi les
bases d’un régime corporatiste et antidémocratique ?
C’est un fait : après avoir fait ratifier le traité TSCG, le gouvernement Hollande-Ayrault a multiplié les
mesures conformes aux exigences de l’Union européenne, c’est-à-dire du capital financier laissant faire,
sans jamais s’y opposer, la destruction de centaines de milliers d’emplois dans tout le pays à Michelin,
Petroplus, Arcelor Mittal, PSA, Air-France …
Et si des travailleurs obtiennent parfois satisfaction sur leurs revendications, tout ou partie, c’est au prix
d’un combat acharné, comme les camarades de Continentale Nutrition à Vedène, sans appui du gouvernement,
sans nouvelles lois ni mesures en défense des ouvriers.
Le gouvernement, en transposant dans la loi l’accord national interprofessionnel (ANI) signé par la CFDT
et le MEDEF, rejeté par les confédérations CGT et FO, a remis profondément en cause le Code du travail et les
droits des salariés.
En instaurant, à tous les niveaux, les politiques d’austérité, coupant par milliards d’euros dans les
budgets des services publics, il poursuit l’œuvre de démolition de la République, entreprise par les précédents
gouvernements avec l’application de la réforme territoriale de 2010 de Sarkozy qui condamne les
communes à l’intercommunalité forcée, la RGPP qui disloque les services publics, et par l’adoption de la
réforme Peillon qui démantèle l’école de la République.
En s’inscrivant dans la politique agricole commune (PAC) qui pousse les paysans à la ruine et à la
disparition il accentue leurs difficultés alors que ceux-ci souhaitent vivre de leur travail, et devraient bénéficier de
prix garantis.
Tous savent que cette politique suscite dans la population la recherche des voies et des moyens de la
riposte. Pour les travailleurs des villes et des campagnes, pour leurs familles, pour les jeunes particulièrement
frappés, pour les retraités, pour les chômeurs, comme pour l’immense majorité de la population s’il y a bien
une urgence, c’est d’arrêter les licenciements et de bloquer les plans d’austérité, d’empêcher les contreréformes et de bloquer immédiatement la « réforme » des retraites, car aucun nouveau recul n’est
acceptable.
Défendre la démocratie et les acquis sociaux
nécessite une politique de rupture avec la Ve République, l’UE, le FMI.
Le Parti Ouvrier Indépendant a été créé en 2008, après la victoire du NON au Traité Constitutionnel
Européen en 2005, et après le vote du même texte, à peine réorganisé, par le Parlement en 2007. Militants de
différents courants du mouvement ouvrier (trotskystes, anarchistes, socialistes, communistes), ou ne se
retrouvant dans aucun de ces quatre courants historiques, mais estimant tous qu’un authentique parti de classe
manque dans notre pays, nous avons décidé d’œuvrer ensemble à la construction d’un tel parti.
4. Internationaliste, le POI est membre de l’Entente Internationale des Travailleurs, et combat pour l’Union libre
des peuples libres d’Europe.
C’est un fait que l’Union Européenne, construction politique au service des grands patrons et des
banquiers, est considérée comme un cadre obligé, respecté, par des partis dits de gauche. Des
travailleurs, des ouvriers, des paysans se rendent compte du rôle joué par l’UE contre l’immense majorité de la
population, en France et ailleurs. Le FN fait mine de critiquer « l’Europe », comme d’autres se disent
souverainistes, et ces groupes attirent des voix.
Un authentique parti ouvrier se doit quant à lui d’être clairement pour la rupture avec l’Union
Européenne, construction au service du Capital. N’est-ce pas là un important élément de réponse au problème
posé, dans le Vaucluse, dans le pays, et ailleurs sur le continent ?
Les dangers les plus immédiats qui pèsent sur les travailleurs, les jeunes, les retraités, ne viennent-ils
pas des décisions de l’Union Européenne, du FMI, de la Banque Centrale Européenne, et des gouvernements
supplétifs dans chaque pays ?
En un mot, l’urgence se concentre dans la réalisation des conditions de l’unité des travailleurs et
des organisations pour contraindre le gouvernement à renoncer à sa « réforme ».
A cet effet, le POI propose de poursuivre la libre discussion entre travailleurs et militants de toutes
tendances pour aider à ouvrir cette voie à la mobilisation unie qui — préservant l’indépendance des
organisations ouvrières — bloquera la politique du gouvernement Hollande-Ayrault, premier pas pour
s’opposer à la politique destructrice dictée par l’Union européenne, rompre avec la logique des traités
TSCG et Maastricht, logique d’austérité et de rigueur contre les travailleurs.
Le Parti ouvrier indépendant a décidé de s’adresser aux travailleurs actifs, retraités, chômeurs et aux
jeunes qui refusent la catastrophe dans laquelle le gouvernement soumis à la troïka veut les entraîner, à la suite
des peuples grec, espagnol, et portugais...
Le Parti ouvrier indépendant ne se considère pas comme détenteur d’une vérité révélée. Il entend aider
au regroupement des forces de tous ceux qui veulent résister aux diktats de la troïka, aider à ouvrir une
issue conforme aux besoins du peuple travailleur.
Face à la catastrophe qui menace, le POI réaffirme que le combat doit se mener pour la rupture avec
l’Union Européenne, pour l’union libre des peuples et des nations libres de toute l’Europe, pour en finir avec les
institutions antidémocratiques de la Ve République et de l’Union Européenne, pour une Assemblée
constituante souveraine à même de définir ce que doit être la démocratie et de mettre en place un
gouvernement de rupture au service de la classe ouvrière.
Telles sont les bases sur lesquelles le Parti Ouvrier Indépendant entend contribuer efficacement au
combat contre le Front National en s’attaquant sans hésitations à tous les faux semblants, toutes les confusions
qui ont permis, dans le passé, au fascisme, au nazisme, et aux dictatures de se développer.
Le terreau reste fertile qui pourrait, en France, mais aussi en Europe comme sur d’autres continents,
conduire à une montée de ces périls. Nous n’oublions pas que pour se mettre en place et se développer les
régimes totalitaires ont toujours puisé leurs racines dans le chômage, la misère, la paupérisation.
Gardons-nous de toute comparaison hâtive avec d’autres périodes passées, mais si l’histoire du
mouvement ouvrier nous invite à la prudence, elle nous rappelle aussi à nos obligations, celles d’assumer, en
toute indépendance, le mandat qui nous a été confié et que résume la devise du P.O.I. :
« Pour le SOCIALISME, la REPUBLIQUE, et la DEMOCRATIE » :
Pour le SOCIALISME, parce qu’il se fixe d’en finir avec le régime de la propriété privée des grands
moyens de production et d’échange et d’y substituer leur socialisation.
Pour la REPUBLIQUE une, indivisible et laïque, héritière de la Révolution française, fondée sur
l’existence de plus de 36750 communes et des départements et sur la séparation des Eglises et de l’Etat.
Pour la DEMOCRATIE parce que l’émancipation des travailleurs nécessite le droit à la libre organisation
syndicale et politique, fondement de la démocratie. Cette démocratie politique s’appuie sur les élus,
représentants du peuple, mandatés par lui et révocables à tout moment.
Recevez, camarades, nos salutations militantes les meilleures.
Le Comité Départemental du POI.