Les langues de spécialité comme politique linguistique en Europe
1. Les langues de spécialité comme
politique linguistique en Europe
Anne-Marie Barrault-Méthy
Université de Bordeaux EA 4140 LACES
2. Introduction
- Importance de connaître les politiques linguistiques européennes
- pour des raisons politiques, pratiques et théoriques
- Politique linguistique = champ théorique en plein essor
- Le lien entre politiques linguistiques et langues de spé = encore peu exploré
- Objet de cette présentation : faire le lien entre
– - travaux de l'APLIUT sur la démarche projet en langues
– - les politiques linguistiques universitaires européennes
– - partager mon expérience de chef de projets langues :
PEL, ePEL accrédité, LILAMA, etc.
Postulat : on peut parler d'une politique linguistique universitaire
européenne qui se structure
Les langues de spécialité = une politique linguistique en soi par défaut … ou
pas
3. I - Méthode
- Spolsky (Language Management, 2009) : « la politique linguistique
s’intéresse aux choix. Le but d’une théorie de la politique linguistique est
de rendre compte des choix opérés par les locuteurs individuels sur la
base de schémas établis selon des règles et reconnus par la ou les
communautés linguistiques dont ils sont membres »
- Théorie critique: Shohamy (2005), Pennycook
- Swales (1990), Blommaert (2011)
- Définition retenue de langue de spécialité : cf Commission
formation de la SAES (2011) « une langue de spécialité (LSP) est
l’expression d’un domaine spécialisé dans une langue »
- Définition de domaine spécialisé : cf Van Der Yeught (2012) « Un
domaine spécialisé est défini comme un ensemble de connaissances et/ou
de pratiques mis au service d’une même finalité. La spécificité des
connaissances et/ou des pratiques en question constitue la spécialité du
domaine. »
4. - Double aspect des langues de spé : national (Petit 2006) et
international (Shohamy 2006, Seidlhofer, Cogo & Dewey 2012,
Jenkins etc.) cf world Englishes, ELF, linguae francae ...
- corpus : documents programmatiques relatifs à des politiques linguistiques
universitaires européennes, par exemple recommandations, législation, etc.
- Thèmes : l’anglais, le bilinguisme, le CECRL, l’identité, le PEL,
l’intercompréhension, la mobilité, le plurilinguisme et le multilinguisme, la
traduction, etc.
- sources : compendia de l'UE de projets Leonardo et KA2, cf projet LILAMA
- Je vais analyser les politiques linguistiques relatives aux langues de spé par
type d’institution en suivant les catégories inspirées par la classification des
acteurs de politique linguistique de Spolsky appliquée à l’enseignement
supérieur
5. II - Résultats
1) Les organisations supranationales
a) Le Conseil de l'Europe
- forte implication
- s'adresse à une multiplicité d'acteurs
- thème majeur : le plurilinguisme
- finance des projets relatifs aux langues de spé
- ex : Maggic, Language Rich Europe
- partenaire de ces projets
- programme 2012-2015 de l’ECML intitulé « Le marché de l’emploi et les
langues »
- 4 projets en cours : LINCQ (qualité des langues dans l’entreprise), Language
for Work (migrants en entreprise), More DOTS (ressources) et PRO-Signs,
sur les langues des signes de spécialité.
6. b) L'UE
- Thème d'intervention = le multilinguisme
- Rhétorique de l’effort (Barrault-Méthy, 2012)
- Les langues de spécialité sont promues à travers divers sous-programmes :
EuroCatHos
Comenius (enseignement scolaire, IUFM), Erasmus (université), Grundtvig
(adultes), Leonardo (VET) + KA2 et Jean Monnet
- A paysage linguistique européen complexe, programmes et dispositifs
complexes
- La Commission européenne (EACEA) valorise le pragmatisme
- Après 2012, les langues seront à intégrer dans d'autres projets
- le financement des projets langues évolue
- les langues de spé promues bien au-delà d'Erasmus. Ex : Vinolingua, MarEng
EuroCatHos, Europass
7. - Les projets UE langues de spé lient souvent langue et culture
- Souvent, un partenaire universitaire + plusieurs partenaires
issus des milieux professionnels
- les projets financés ne se limitent pas à l'anglais
- les projets visent à résoudre un problème et à proposer des
étapes
- principe du cofinancement
- la posture du rédacteur du projet est très proche de celle du
chercheur :
- références à la « littérature »
- des chercheurs participent à des projets qui incluent de la recherche
documentaire (« deskresearch »)
- porosité des milieux des projets européens et de ceux de la recherche
- washback effect
8. - importance du réseau, de la veille
- importance des guides
- évaluation des projets au moyen de « cadres logiques » :
rhétorique de la raison
- succès (ou pas) de certaines thématiques
2) Les sociétés savantes
- A visée thématique/programmatique (Barrault-Méthy 2011)
- A audience plutôt nationale / internationale
- un cas à part : le CEL/ELC (mais aussi, dans une certaine
mesure, CercleS)
9. 4) L'Etat
- cf Petit 2004
- les langues mentionnées dans l'arrêté du 1/8/2011 au titre des
compétences
5) Les régions : elles financent plutôt des projets
- intégrés : métaprojets
- à envergure internationale
- orientés mobilité
- favorisant le développement de compétences professionnelles
- importance du CECRL, qui apporte de la lisibilité aux cursus donc pro-
mobilité
6) Etudiants et enseignants
- cf Vaillant-Sirdey (2008), Hascoët (2011), Vaillant-Sirdey & Terrier (2011),
Puren (2011), Taillefer (2004, 2007, 2008)
10. III – Discussion: la langue des
projets, une langue de spécialité?
- Fragmentation du paysage des LSP
- langue des projets = souvent l'anglais mais pas seulement
- caractéristique: terminologie spécifique, acronymes, noms d'autres projets,
utilisation du passif, tolérance à l'égard des fautes de langue
- PLUS tous les traits pragmatiques décrits par Cogo & Dewey (2011):
backchannelling, prise de parole simultanée, finir les phrases de
l'interlocuteur
- ELF, FLF, DLF, SLF
11. Conclusion
- Le développement de la recherche et des pratiques en langue
de spécialité fait partie des politiques linguistiques
universitaires européennes
- ces politiques sont largement financées sur projet
- les enseignants de LSP sont en position favorable pour
répondre aux appels à projet :
ils connaissent les LSP
ils sont capables de définir les besoins linguistiques de leurs
étudiants et d'y répondre
ils sont capables d'analyser et de pratiquer la langue des
projets
12. - Pour répondre aux appels à projets, combiner deux types de
discours :
• - politique, des différents acteurs
- scientifique, par thème
- La langue des projets en Europe possède des caractéristiques
discursives, linguistiques et culturelles qui fait d'elle une langue de
spécialité à l'intersection de la recherche et de la pratique
- montrer que le problème a été identifié et circonscrit, que ses
dimensions théoriques ont été perçues mais que l'existant ne
permet pas de le résoudre, qu'une démarche pragmatique et
réflexive est possible
- du modèle Creating A Research Space (Swales 1990) au modèle
Creating A Project Space ?