2. LES PENSEURS PRÉSOCRATIQUES
SONT
LES INITIATEURS DE LA PHILOSOPHIE
MYTHOS
LOGOS
Ils délaissent les chemins traditionnels de la poésie et du mythe
et s’engagent dans la voie nouvelle de la recherche rationnelle,
celle de la science et de la philosophie
3. QUEL EST
LE PREMIER OBJET
DE LA RECHERCHE
PHILOSOPHIQUE ?
PHUSIS
LA NATURE
phusis phuesthai = naître, croître
natura nasci = naître
LA NATURE EST UNE RÉALITÉ
D’UNE IMMENSE DIVERSITÉ
ET D’UNE INCESSANTE MOBILITÉ
4. Ces premiers philosophes
se posent les questions suivantes :
D’où viennent les choses ?
Comment naissent-elles,
croissent-elles,
diffèrent-elles,
disparaissent-elles?
5. Les premiers philosophes pensent
qu’en dépit du chaos apparent,
de l’incessante mobilité et
de l’immense diversité des choses,
il doit exister une matière stable
qui donne l’unité au tout,
une substance sous-jacente
qui perdure
malgré les changements apparents
et qui explique ces changements
6. Il doit exister un arché
un principe de toutes les choses,
un élément premier
de la nature!
7. Quel est l’arché, le principe, l’élément premier de la nature?
Chaque philosophe désigne
un principe, un arché différent.
THALÈS de Milet l’eau
ANAXIMANDRE l’apeiron – l’indéterminé
ANAXIMÈNE l’air
HÉRACLITE le feu
PYTHAGORE le nombre
EMPÉDOCLE l’eau, l’air, le feu et la terre
ANAXAGORE les semences
LEUCIPPE ET DÉMOCRITE les atomes
8. HÉRACLITE
« Ce monde-ci, le même pour tous les êtres,
aucun des dieux ni des hommes ne l’a fait ; mais
il a toujours été, il est et il sera un feu toujours
vivant, s’allumant avec mesure et s’éteignant
avec mesure. »
9. HÉRACLITE LE
PHILOSOPHE DU DEVENIR
Tout s’écoule (panta rei), tout fuit, rien ne demeure
« On ne peut pas
descendre deux fois dans
le même fleuve. »
« Nous entrons et n'entrons
pas, nous sommes et ne
sommes pas, dans les
mêmes fleuves. »
10. HÉRACLITE
L’opposition des contraires
« La guerre (polemos) est le père de
toutes choses et le roi de toutes choses ;
de quelques uns elle fait des dieux, de
quelques uns des hommes ; des uns des
esclaves, des autres des hommes libres »
« Dieu est jour et nuit, hiver et été, guerre
et paix, surabondance et faim. »
« Ce qui est en nous est toujours un, et le même : vie et mort, veille et
sommeil, jeunesse et vieillesse ; car le changement de l’un donne l’autre et
réciproquement. »
« Le nom de la flèche est la vie, son oeuvre est la mort. »
11. HÉRACLITE
L’union et l’harmonie des contraires
« Le discordant s’accorde
avec soi-même ; accord de
tensions inverses, comme dans
l’arc ou la lyre .»
« De ce qui diffère naît la plus belle
harmonie, et c’est la discorde qui produit
toutes choses. (…)
Enfin de toutes choses une seule,
et d’une seule, toutes. »
12. PARMÉNIDE le
philosophe de l’être
« L’être est et le non-être n’est pas. »
L’Être, la vraie réalité, ne connait ni mouvement, ni changement, ni devenir, ni
non plus temps ni espace. Le changement ne peut être qu’une illusion des
sens.
Parménide se moque du perpétuel devenir et mobilisme absurde et illogique
d’Héraclite. Il n’existe qu’un seul être, et le changement est absurde.
La contradiction entre la réalité perçue par les sens et la réalité pensée par la raison
introduit la philosophie présocratique dans une crise, une voie sans issue, d’où elle ne
pourra sortir qu’à travers le pluralisme.
13. PYTHAGORE Pythagore de Samos
est le premier penseur
grec à s’être qualifié lui-même
de
« philosophe ».
« Un jour, Léon, roi des Phliasiens, entendit Pythagore discourir
sur certains points avec tant de savoir et d'éloquence, que ce prince,
saisi d'admiration, lui demanda quel était donc l'art dont il faisait
profession. À quoi Pythagore répondit, qu'il n'en savait aucun ; mais
qu'il était philosophe. Et sur ce, le roi, surpris de la nouveauté de ce
nom, le pria de lui dire qui étaient donc les philosophes, et en quoi ils
différaient des autres hommes. »
CICÉRON
14. PYTHAGORE
Il fonde son école à Crotone,
dans la Grande Grèce.
L’école devient une
communauté,
quasiment une secte
à la fois philosophique,
scientifique, politique
et religieuse,
de tendance orphique.
15. PYTHAGORE « Tout est nombre »
Les choses sont des nombres ou bien imitent les nombres.
C’est le nombre qui constitue la structure intelligible
des choses (l’arché).
Les pythagoriciens s’appliquent donc à l’arithmétique
et la géométrie, mais aussi à la cosmologie et la musique,
puisque l’harmonie découle de proportions mathématiques.
Leur influence sur la philosophie occidentale, et en particulier, sur
Platon est énorme. Sans le mathématisme pythagoricien, la
Renaissance n’aurait jamais trouvé le chemin de la méthode
scientifique. Pythagore a inspiré toute la civilisation occidentale.
16. LES MATHÉMATIQUES PYTHAGORICIENNES
L’école pythagoricienne développa une
mathématique démonstrative.
Ce qui fait la spécificité des
mathématiques pythagoriciennes c'est leur
caractère purement rationnel et spéculatif.
Par contre, les opérations arithmétiques
des Égyptiens et des Babyloniens étaient
tournées vers le commerce et leurs calculs
géométriques étaient destinés à
l'arpentage. Chez Pythagore la
démonstration est indépendante de toute
considération pratique.
17. PYTHAGORE L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME
Pour Pythagore, le corps (sôma) mortel
est un tombeau (sêma) pour l’âme
immortelle, un fardeau auquel elle a été
attelée en punition de certaines fautes.
Comme l’âme, d’origine divine, est
immortelle, Pythagore soutient la théorie
de la transmigration des âmes.
L’âme peut entrer dans un corps
animal ; c’est pourquoi Pythagore
défend le végétarisme.
18. LE VÉGÉTARISME
« Cessez, mortels, de vous souiller
de mets abominables ! Vous avez les
moissons ; vous avez les fruits dont le
poids incline les rameaux vers la terre,
les raisins suspendus à la vigne, les
plantes savoureuses, le miel parfumé
de thym; la terre vous prodigue ses
trésors, des mets innocents et purs qui
ne sont pas achetés par le meurtre et
le sang.
Chose horrible ! Des entrailles engloutir des entrailles, un corps s’engraisser d’un
autre corps, un être animé vivre de la mort d’un être animé comme lui ! Quoi ! Au milieu
des richesses que la terre, cette mère bienfaisante, produit pour nos besoins, tu n’aimes
qu’à déchirer d’une dent cruelle des chairs palpitantes ! Tu renouvelles les goûts
barbares du Cyclope, et sans la destruction d’un être tu ne peux assouvir les appétits
déréglés d’un estomac vorace ! »
OVIDE
19. PYTHAGORE LE GOUVERNEMENT D’UNE ÉLITE
Pythagore développe aussi une pensée politique.
Il défend le régime aristocratique, c’est-à-dire le
gouvernement d’une élite et prétend organiser la
cité de façon mathématique et rationnelle. Il pense
qu'il faut remplacer l'égalité démocratique de type
arithmétique et plébéienne, par une
proportionnalité de type géométrique et
aristocratique. À Crotone, il appuie un régime
oligarchique. Des émeutes anti-pythagoriciennes
se produisent, conduisant à la dispersion des
membres de l’école. Pythagore est tué lors de ces
persécutions.
20. DÉMOCRITE L’ATOMISME
La nature n’est faite que du mouvement des atomes, ces éléments
insécables, solides, pleins et éternels. L’accrochage d’atomes
congruents produit la génération d’un corps ; leur séparation produit la
corruption et la mort.
Les atomistes reconnaissent donc le
changement, le mouvement, la diversité
et la multiplicité naturelles, tout en
conservant l’exigence d’immutabilité et
de permanence qui caractérisent l’Être
parménidien, mais qu’ils appliquent
seulement aux atomes, « ces petits
êtres pleins ».
21. L’atomisme présocratique est
une théorie spéculative,
qu’on ne peut pas confondre
avec la science expérimentale
moderne.
Cela n’empêche qu’il s’agit là
d’un modèle théorique
quasi géométrique,
presque scientifique, ne
recourant ni au finalisme, ni
au mythologique, ni au
théologique, et qui, comme
tel, donne sa chance à la
raison.
22. La pensée présocratique
dégage le concept de nature
et fonde la pensée rationnelle.
Le foisonnement des explications spéculatives du cosmos va de pair avec des
préoccupations techniques et pratiques. Thalès, par exemple, énonce plusieurs
propositions géométriques simples, mais il prévoit aussi une éclipse solaire et mesure
la hauteur des pyramides égyptiennes. Anaxagore énonce que l’esprit ordonne la
matière, mais il voyage pour observer de près un météorite tombé en Thrace. Il arrive
à la conclusion que les astres sont des masses incandescentes : ce qui lui fait subir un
procès pour impiété. La naissance de la pensée rationnelle n’est donc pas exempte de
certains accrocs.