2. L’oeuvre de Platon, toute entière, est sous-tendue par des préoccupations politiques. Platon développe sa réflexion sur la justice dans un dialogue intitulé La République.
3. Le cadre de la réflexion politique platonicienne
Les sophistes
Socrate
DÉVALORISATION DE LA LOI
PROTAGORAS : La loi est relative et conventionnelle. Néanmoins elle est nécessaire
HIPPIAS : La loi est hostile à la nature
ANTIPHON: On ne doit obéir à la loi que si l’on risque d’être puni.
RESPECT DE LA LOI
SOCRATE: La loi doit être respectée.
Mieux vaux mourir que de la transgresser!
4. Défense de la démocratie
PROTAGORAS
LYCOPHRON
Défense de la tyrannie
CALLICLÉS
THRASYMAQUE
5. Socrate ne s’intéressa pas à la réforme politique, mais plutôt à la réforme morale. Il dialoguait avec des individus dans les places publiques, mais ne faisait pas de discours à l’Assemblée. Il méprisait l’opinion du vulgaire. Il considérait que la multitude était incapable de faire grand bien ni grand mal. « Ce qu’elle fait est l’effet du hasard », disait-il. Lorsqu’il fut jugé, il affirma, selon Platon, qu’il considérait la voie politique sans issue, car Athènes s’était convertie dans une cité inique, où celui qui se mettait en tête d’empêcher l’injustice risquait sa vie.
6. Le contexte politique
Au IVe siècle, les guerres du Péloponnèse
viennent de terminer.
Mais Athènes reste une cité convulsée
de nombreux conflits internes, entre
les oligarques et les démocrates.
Le régime démocratique est interrompu
par deux coups d’État :
celui des Trente Tyrans
et celui des Quatre Cents.
La démocratie est toujours restaurée.
Mais elle condamne Socrate à la peine de mort.
7. Platon construit la fiction d’une cité en formation. Socrate et ses interlocuteurs décident de jeter par la pensée les fondements d’un État parfait, une cité idéale, l’Idée de Cité.
KALIPOLIS
8. C’est le besoin de l’entre-aide, dit Platon. Ce n’est donc pas la crainte d’être agressé, ainsi que le prétend Glaucon (et le fera Hobbes au XVIIe siècle).
Qu’est-ce qui donne naissance à une cité ?
9. Dans la Cité parfaite, pour le bien de la communauté, il faut faire régner la division du travail, la spécialisation des tâches.
« On fait plus et mieux et plus aisément,
lorsque chacun ne fait qu'une chose,
celle à laquelle il est propre. »
10. [donc] TROIS CLASSES SOCIALES
LES GOUVERNEURS PHILOSOPHES
LES GUERRIERS
LES LABOUREURS, LES ARTISANS ET LES COMERÇANTS
LES
GARDIENS
DE
LA
CITÉ
}
11. A chaque classe sa fonction !
Platon propose une structure sociale
strictement hiérarchique.
La division du travail est la base de l’organisation sociale.
Donc, il est indispensable que chaque classe sociale accomplisse sa fonction sans jamais s’ingérer dans les tâches des deux autres classes sociales.
12. La théorie du roi-philosophe
Ce sont les philosophes qui doivent gouverner.
13. Parce que ce sont ceux qui ont contemplé
l’idée de Justice,
ceux qui ont purifié leurs âmes des désirs sensibles
et de la soif du pouvoir,
donc ceux qui sont capables de gouverner
en vue du Bien commun,
et pas en vue de leurs propres intérêts
ou des intérêts de classe.
Pourquoi les philosophes doivent-ils gouverner?
14. UNE ARISTOCRATIE
DU SAVOIR ET DE LA VERTU
car seuls le savoir et la vertu
justifient l’exercice du pouvoir.
Platon propose donc le régime suivant:
15. Ni le peuple ni les guerriers ne doivent prétendre prendre des décisions politiques.
Que le peuple tienne les rênes de l’État, le système politique devient une piteuse ploutocratie (le gouvernement des riches).
Que les guerriers tiennent les rênes de l’État, le régime tourne à une déplorable dictature militaire, qui finit par dégénérer elle aussi dans une ploutocratie.
16. « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour. Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune. Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers. »
PLATON, République, livre V 472a
17. Les citoyens doivent se situer dans les classes sociales en fonction de leurs âmes
LES INDIVIDUS
EN FONCTION DE LEURS ÂMES
LES CLASSES SOCIALES
Les rationaux
les philosophes
gardiens - gouverneurs
Les irascibles
les guerriers
gardiens auxiliaires
Les concupiscibles
les laboureurs, les artisans
et les commerçants
18. Ainsi pourra naître une harmonie entre l’âme et la cité La cité a besoin d’individus adéquats à leurs postes et l’individu ne peut être heureux qu’à occuper un poste dans la cité en accord avec sa psychologie.
19. La mobilité sociale Ces trois classes sociales ne sont aucunement des « castes ». En fait, les gardiens auront tôt fait de découvrir des sujets supérieurs parmi les enfants de la troisième classe, qu’ils élèveront bien vite au rang de gardiens ; ou, au contraire, de découvrir une nature inférieure parmi les descendants de l’élite et de l’envoyer aux champs ou à l’atelier.
20. Pourra-t-on faire admettre par la classe de laboureurs, artisans et marchands, le pouvoir de l’ordre des gardiens ?
Platon estime qu’il suffit d’ apprendre
à tous les membres de la Cité
une notion correcte de la hiérarchie naturelle
et vraie des valeurs,
le respect des meilleurs
et surtout le respect du savoir.
21. Platon propose d’inculquer à tous les membres de la Cité un mythe selon lequel tous sont des enfants de la même terre de leur patrie ; que, par conséquent, ils sont tous frères. Toutefois, des métaux différents se trouvent avoir été employés dans la constitution de chacun d’eux
LES MÉTAUX
LES ÂMES
LES CLASSES SOCIALES
or
l’âme rationnelle
les philosophes - gouverneurs
argent
l’âme irascible
les guerriers - gardiens auxiliaires
airain
l’âme concupiscible
les laboureurs, les artisans
et les commerçants
22. L’ambition politique leur manque.
Ils préfèrent jouir du bonheur de la vie contemplative au lieu de s’engager dans les affaires publiques. Ils seront obligés à gouverner.
Le bon gouvernement est le gouvernement de ceux qui ne désirent pas gouverner.
L'homme qui s'est élevé jusqu'à la lumière du Bien ne doit pas s'évader dans la contemplation, mais doit accepter sa tâche terrestre. Dans la cité idéale le philosophe a l’obligation de redescendre dans la caverne pour organiser la conduite de l'individu et de la Cité.
24. La vie des gardiens
Les gardiens doivent être pris dans
l’élite intellectuelle, morale et physique
des adolescents
et ils doivent être soigneusement instruits.
1
25. La vie des gardiens
Les femmes ne sont pas exclues du gouvernement!
Platon prône l’égalité des sexes
dans la classe des gardiens
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26. La vie des gardiens
Les gardiens ne doivent avoir ni famille,
ni maison, aucune possession privée.
3
De peur qu’ils n’arrivent quand même à se corrompre, Platon leur interdit non seulement de posséder, mais même de toucher à l’or et à l’argent.
La Cité les nourrit, les habille, les arme.
Pour le reste ils ont tout en commun, même les femmes et les enfants.
27. La vie des gardiens
Les enfants seront élevés dans des crèches publiques.
Ils ne connaîtront ni leurs pères ni leur mères, ni leurs frères, afin que l’affection exclusive pour les « siens » n’affaiblisse pas l’attachement
que les gardiens doivent à la Cité.
Comme il n’y a plus de famille particulière,
la classe des gardiens devient une grande famille.
Chacun, dans tous les enfants d’un certain âge,
reconnaît ses propres enfants.
28. La vie des gardiens
Platon ne se prononce pas contre l’esclavage,
mais ne propose pas qu’il y ait d’esclaves
dans la Cité parfaite.
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29. La justice dans la cité ne consiste que
dans l’ordre hiérarchique de ses trois parties.
Or dans l’homme il en est exactement de même.
Le règne de la justice dans l’âme consiste aussi
dans l’ordre hiérarchique de ses trois parties.
L’âme humaine est une contrepartie
ou une image exacte de la Cité.
30. Le siège de la sagesse se trouve dans les gouvernants.
Le siège du courage se trouve chez les gardiens-auxiliaires.
Quant à la tempérance, elle est la vertu propre des classes productrices, mais elle embrasse tout le corps social.
La partie rationnelle de l’âme doit dominer chez lui les passions comme le philosophe gouverne la cité.
L’homme juste est
celui dont l’âme rationnelle est sage,
l’âme irascible est courageuse
et l’âme concupiscible est tempérante.
La justice est la somme de la sagesse, le courage et la tempérance
dans l’âme et dans la cité.
31. Il est clair que la Cité parfaite n’a jamais existé. Est-elle impossible ?
Platon ne croit pas qu’elle le soit.
Elle n’est pas contradictoire en elle-même ;
elle n’est pas non plus incompatible avec la nature humaine.
Il est très peu probable, sans doute, que
des philosophes soient jamais chefs d’État.
Pourtant il n’est pas impossible
qu’un philosophe
naisse un jour dans une famille royale.
32. Trois voyages en Sicile
Platon fit trois voyages en Sicile, pour essayer d’implanter ses idéaux politiques dans la cité de Syracuse.
Syracuse était une des cités les plus puissantes et les plus riches de la Méditerranée.
Il essaya de soumettre à son influence et convertir à la philosophie les tyrans Denys I et plus tard Denys II de Syracuse.
Bientôt Platon se rendit compte que ces tyrans et leur cour fastueuse étaient imperméables aux idéaux philosophiques.
33. Platon fut réduit en esclavage
Les trois voyages furent des échecs retentissants. L’aventure syracusaine tourna mal ; Platon fut embarqué un beau jour sur un navire et renvoyé chez lui. Mais à la suite d’une tempête ou d’instructions secrètes, le navire fit escale à Égine, alors en guerre contre Athènes, ce qui signifiait pour Platon la mort ou l’esclavage. Platon fut réduit en esclavage. Par bonheur il fut reconnu par un de ses disciples, Annicéris, et racheté par lui.
34. Les cités imparfaites
LA TIMOCRATIE
L’OLIGARCHIE
ou
LA PLOUTOCRATIE
LA DÉMOCRATIE
LA TYRANNIE
39. CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON
Platon a de bonnes intentions :
Il essaie d’éviter le gouvernement de politiciens egoïstes, immorales, qui ne cherchent pas le bien publique, mais qui ambitionnent le pouvoir pour s’enrichir.
Il rejette la tirannie du pouvoir économique, le gouvernement en fonction d’intérêts économiques.
Il rejette la dictature militaire.
40. CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON
Platon essaie d’éviter le chaos de la démocratie athénienne où le peuple manipulé par des démagogues prenait des décisions désastreuses (la mort de Socrate, l’impérialisme athénien).
Platon repousse l’esclavisme.
Platon croit en l’égalité des sexes.
41. CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE
POLITIQUE DE PLATON
La troisième classe est réduite presque à l’esclavage. Platon est antidémocratique! Il ravit la souveraineté au peuple. Il ne reconnaît pas le droit de chaque citoyen à participer des décisions politiques. Le système qu’il propose est une tyrannie affreuse. POPPER : Platon est le premier penseur du totalitarisme.
42. CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON
Platon est classiste et élitiste.
Platon ne laisse aucune liberté au citoyen. Il prétend placer chaque individu dans une classe. Chaque citoyen a le droit de choisir sa profession et chercher sa place dans la société.
Platon néglige l’éducation du peuple, car il le méprise.
43. CRITIQUE DE LA THÉORIE DU ROI-PHILOSOPHE
KANT : Le philosophe ne doit pas détenir le pouvoir, car l’exercice du pouvoir entrave la liberté d’esprit du philosophe.
KANT : Le roi ou (ou le gouverneur) ne doit pas devenir philosophe, car l’excès d’éthique affaiblit celui qui doit agir. Donc les gouverneurs doivent respecter la liberté des philosophes et s’en inspirer. Les philosophes doivent illuminer le chemin des gouverneurs grâce à leur flambeau éthique.
44. CRITIQUE DE LA THÉORIE DU ROI-PHILOSOPHE
Platon nourrit l’illusion qu’il existe un idéal absolu de Justice. Il se trompe. C’est une idée politique extrêmement dangeureuse, car elle peut mener à la dictature.
Il n’existe pas de “Vérité Politique” ni de “Justice Absolue”. Dans le terrain de la politique,
il n’y a que de positions politiques différentes.
Toutes (ou presque toutes) sont valables.
Il est nécessaire d’établir un débat, une négociation
autour des projets et des intérêts des uns et des autres.
45. Donc
L’État idéal de Platon ne nous semble pas très attirant.
Son élitisme, sa dictature qui prive le peuple de la prise de décisions quand c’est lui le premier concerné, nous semble néfaste.
Son rêve d’un divorce complet du pouvoir politique et du pouvoir économique nous paraît naïf.
Dans la société occidentale de nos jours, dans nos démocraties, nous exigeons que le peuple souverain se gouverne soi-même. Nous n’acceptons pas qu’il existe aucune classe “supérieure. Nous critiquons nos démocraties car elle ne nous paraît pas assez “démocratiques”…